Erreur sur la personne || Kaeya

Après une mauvaise nuit, car alcoolisée comme toujours, Kaeya s'était réveillé du pied gauche. Ayant des nausées, il décida de ne pas prendre de petit-déjeuner. En soupirant il avait attrapé le flacon de cachets anti-migraine à moitié vide, il prit un comprimé avec un verre d'eau. Il se brossa les dents, coiffa sa longue tignasse de jais et les attacha comme il était de rigueur. Il enfila son uniforme. Attacha la ceinture avec son révolver, sa matraque, son talkie et sa lampe torche. Il fallait vraiment qu'il arrête de boire autant. Il frappa son reflet dans un miroir *T'es plus un gamin maintenant* s'intima-t-il en son fort intérieur. Mais l'ivresse était si douce, et ne manquait jamais d'emporter ses problèmes au loin, du moins temporairement. Son uniforme était propre, mais pas repassé. Pas de temps pour ces babioles. Il partit nourrir et caresser un peu ses chevaux, avant de parti pour le boulot. Une fois arrivé il assista au meeting avec les collègues, où le Major annonce les missions du jour. Ce matin il était assigné au service de patrouille en ville à cheval. L'après-midi il s'occuperait de paperasse.

Ce matin il devait patrouiller avec Charles et Lindsay. Il aimait bien cette équipe, Charles étant une bonne pâte, toujours prêt à rendre service, Kaeya n'hésitait jamais à lui déléguer certaines de ses charges. Lindsay elle était débrouillarde, caractérielle et travailleuse. Elle avait souvent un regard différent du sien sur les évènements, ce qui pouvait s'avérer très utile. D'un pas vif, il s'était dirigé vers l'écurie, dans le but de préparer Eris sa jument. Une fois prêts, ils quittèrent tous trois le commissariat. Kaeya en première ligne, puisqu'il était le plus gradé et chef de cette brigade mobile. Tout était calme ce matin dans la rue. Enfin jusqu'à ce que la voix du standardiste retentisse venant de son talkie, Kaeya mit les rênes dans une main, et se saisit du talkie de l'autre il dit d'une voix claire "Bien reçu, unité Navaro en route pour le lieu du braquage" il raccrocha, avant d'ordonner à Charles et Lindsay de le suivre au galop. Le lieu du braquage n'était vraiment pas loin. "Lindsay avec moi, Charles prends la déposition" ordonna-t-il. Après une manœuvre bien exécutée, les deux collègues maintenaient fermement le voleur par le col entre leurs deux juments. Kaeya descendit de cheval, lui passa les menottes, et avec l'aide de Lindsay aida le voleur à monter sur sa jument de trait. Lindsay elle s'occupa de ramener le butin volé. Une fois le voleur ramené au commissariat, jeté en prison, et la déposition finalisée, l'équipe repartit en patrouille. Le reste de la matinée serra tranquille, sans interpellation.

A midi ils prirent tous trois la route du commissariat pour la pause déjeuner. Kaeya dessella Eris, la pensa, lui donna une friandise avant de lui mettre sa couverture. Il lui dit en partant "A demain partenaire" Puis il alla manger avec tout un groupe de collègue. treize heure. Le service de l'après-midi commençait. Il commença par la rédaction du rapport de l'interpellation du matin. Mais il était quelque peu distrait par la silhouette
alléchante de Maddy, une de ses collègues. Il vit une bonne partie des effectifs partir en courant avec l'équipement d'intervention, par-balles, boucliers, casques. Il se dit qu'il était bien content d'être en administratif cette aprem. Un collègue rentra accompagné d'un homme aux longs cheveux rouges, qu'il pria de s'asseoir à son bureau. Kaeya le regarda un instant. bizarre son fasciés lui disait quelque chose. Le jeune agent s'excusa au près de l'homme, focus et pro, s'était levé pour aller voir son collègue. "Eh Antonio, pourquoi tu t'en occupe pas ? J'étais occupé à rédiger mon rapport"  "Bah j'ai cru que ça allait t'intéresser comme cas" Il était gonflé de lui refiler son interpellation. La colère était lisible sur le visage de Kaeya. "Te fous pas de ma.." Il croisa alors le regard réprobateur de son Major. Kaeya s'adoucit. "Tu m'en dois une Antonio" dit-il en râlant encore, sur un ton déterminé. Lorsqu'il rejoignit son bureau, il ne laissa rien paraître de son état émotionnel précédent. "Veuillez m'excuser pour ce désagrément. C'est moi qui vais prendre votre déposition. Je vous précise que vous avez le droit à un avocat, si vous le refusez, tout ce que vous direz pourra et serra retenu contre vous. Tout d'abord je vais prendre votre nom et prénom."

L'attitude de l'homme assis face à lui, lui rappelait quelqu'un. Mais bon il fallait dire qu'il n'était pas très physionomiste de nature. Mais là quand même ça aurait du lui sauter aux yeux. L'homme inconnu, enfin pas si inconnu que ça mais ça il ne le savait pas encore, était détendu. Il était bien habillé. Il avait le visage fermé et les yeux qui lancent des éclairs. Bien que dans son attitude il semblait détendu, son visage exprimait une toute autre expression. Il semblait las et un peu exaspéré. Le regard insistant du jeune policier borgne pouvait être certes quelque peu gênant, mais ça faisait partie du job d'analyser toute situation.  Il ouvrit dans le système informatique un document pour faire une nouvelle déposition. Il cocha quelques cases avant de lui demander son nom. Quand il l'entendit son cerveau ne tilta pas tout de suite, il commença à l'écrire au moyen du clavier. Puis releva les yeux vers son interlocuteur. Le visage  et le regard n'exprimant rien de plus, alors qu'à l'intérieur il bouillait.  C'était pour ça alors qu'il avait eu l'impression de le reconnaître. Il était bien son frère adoptif.

Frère adoptif qui était dans le pétrin apparemment. Kaeya se saisit de la feuille sur laquelle était écrite le rapport d'arrestation de Diluc par son collègue. Il avait également le mandat sous les yeux. Son frère finit de confirmer ses allégations en disant qu'il tenait ici aussi un vignoble et une taverne. Bizarre qu'il ne soit pas encore saouler là-bas d'ailleurs.  Même par hasard il aurait du tomber sur sa taverne. Kaeya plissa les yeux. D'après son collègue Diluc n'avait pour son affaire pas la bonne licence de vente d'alcool. "-Hé bien Monsieur Ragvindr, d'après mon collègue  vous n'avez pas la bonne licence pour servir de l'alcool. Donc en servir tout de même est un délit. Vous n'êtes pas un criminel. Juste quelqu'un ayant commis une infraction."

Kaeya lui lança un regard insistant à nouveau. Toute serrait plus simple si il comprenait qui il était. Mais il ne voulait pas non plus qu'on l'associe à quelqu'un ayant commis un délit. Etant donné qu'il était nouveau dans la brigade. Mais il ne voulait pas que Diluc ait des ennuis et un casier judiciaire. C'était le genre de merde qui vous suivait toute la vie. Kaeya devait prendre une décision, et vite. Et il choisit de  juste lui donner une amende à payer. Il lui dit d'une voix sérieuse. "-Bon vu que c'est votre première infraction, vous aurez juste une amende à payer pour cette fois. Et par contre je vous conseille de rapidement faire la formation nécessaire à l'obtention de la bonne licence."  il se leva et indiqua la porte à Diluc "Vous êtes libres, vous pouvez y aller. Vous recevrez l'amende par courrier."  Il clôtura rapidement son procès verbal. Et annonça qu'il prenait une pause clope. Il se rua dans la rue  et courut pour rattraper son frère. "-Diluc, c'est moi Kaeya. Je savais pas que tu étais ici toi aussi !" dit-il d'une voix  un peu essoufflée et basse.

Bien qu'il était profondément heureux de revoir son frère, il ne savait pas vraiment si ce sentiment était partagé. Il ne savait pas non plus si il avait pu faire correctement son deuil, et ce même s'il avait quitté le navire en route. Maintenant qu'il l'avait retrouvé, il aurait tout le temps de parler et renouer avec lui. Enfin si Diluc avait dépassé le colère qu'il lui portait à juste titre, et en avait envie. Kaeya ne voulait surtout pas le brusquer, la dernière fois qu'il avait essayé il avait perdu un oeil. Sa pose n'était pas super confortable, il se tenait droit comme un i, les bras dans le dos. Dire qu'il était tendu n'était pas un mince euphémisme.

Mais contre toute attente, Diluc parla le premier, et lui dit qu'il était surpris qu'il ne l'ai pas reconnu. Son ton était plutôt neutre. Il lui dit également qu'il ne s'attendait pas à ce qu'il occupe ce genre de post. Kaeya se détendit immédiatement. Il passa une main dans sa longue chevelure rebelle. Il était un peu gonflé quand même, lui qui ne l'avait pas reconnu, comme si un homme à la peau foncée et au cache oeil, ça courrait les rues. Bon certes il pouvait comprendre que l'uniforme soit confusant. Par contre des roux il y en a beaucoup. Il esquissa un petit sourire en coin. Il répondit d'un ton calme et détendu. "-Je savais pas trop quoi faire en arrivant ici. Et bon policier est le plus proche de mes anciennes activités.. Et moi je t'ai immédiatement reconnu. Pourquoi crois-tu que tu t'en tire à si bon compte." dit-il en haussant les épaules. Il était beaucoup de choses, un gars bizarre pour la plupart, mais c'était quelqu'un de dévoué et de consciencieux à son travail.

Diluc conclut même sur une notre plus chaleureuse lui disant qu'il était heureux de le revoir. Ca lui retira soudain un poids énorme des épaules. Mais il n'en montra rien. Comme à son habitude il préférait cacher ses émotions derrière un masque amusé. Et ça heureux il l'était. Peut-être qu'ils auraient enfin cette chance d'apprendre à se connaître à nouveau. Et qui sait peut-être que si Kaeya arrivait à s'ouvrir juste un peu, ils pourraient redevenir aussi proches qu'enfants. Il dit finalement d'une voix joyeuse. "-Moi aussi je suis content. Je.. [...Kaeya soupire et prends une inspiration en allant s'asseoir sur banc un peu plus loin..]..tu sais j'ai jamais eu l'occasion de m'excuser de.. ne pas avoir été là." Il redressa un regard sincèrement désolé vers Diluc. Il en avait encore aujourd'hui des remords. A cette pensée un frisson lui remonta le long de la colonne vertébrale. Il n'était toujours pas à l'aise de parle de son passé. En même temps il avait tout fait pour le noyer dans un océan d'alcool. *C'est Diluc. C'est ton frère..enfin..*  pensa-t-il. Manifestement un malaise s'était installé. Il faisait des efforts pourtant.

Comme à son habitude, Diluc parlait d'une voix mesurée qui ne trahissait presque aucune émotion. Gardant en chaque instant une droiture et une attitude irréprochable. Placé a côté, son frère cadet, l'étranger, ressemblait parfois à un pantin désarticulé et gesticulant. Et d'ailleurs ceux qui ne le connaissaient pas, l'imaginaient comme une personne réellement froide, à tort. Ils se trompaient. Ils ne le connaissaient pas comme son frère. Kaeya avait des souvenirs très clairs de leur enfance, le temps ne les avait que peu ternis. Cet enfant joyeux et tête-brûlée. Rien ne lui faisait peur. Il aimait partir à l'aventure avec ses amis. Depuis le décès prématuré de leur père Diluc s'était beaucoup refermé, et éloigné des autres. Alors que le cadet s'était contenté de fuir. Courir aussi vite et aussi loin que ses jambes le lui avait permis. Et après ça il s'était investi dans la vie à Mondstadt, en tant que chevalier, et en tant que "père" pour Klee, ça lui permettait de garder un minimum de santé mentale et d'équilibre. Cependant la lune rouge l'avait plongé à nouveau dans la tourmente. Le séparant à nouveau de tous ses repaires durement acquis. Repartir à zéro était incroyablement dur en étant si désespérément seul.  Surtout pour quelqu'un de flemmard et ayant assez peu de volonté.

Enfin apparemment, il n'était pas aussi seul qu'il se croyait sur cette île. C'était un miracle, ou une malédiction plutôt, qu'il n'ait pas croisé son frère plus tôt. Ce n'était pas si grand que ça ici pourtant. Bien plus petit que Teyvat. Cinq longues années, à ruminer sur sa solitude, sa douleur, ses regrets. Se demandant ce qu'il ferrait si il pouvait réécrire l'histoire, ce qu'il changerait. Parfois quand il buvait trop, il se disait qu'il choisirait de se supprimer de l'équation. Mais il n'avait pas ce pouvoir de toute façon. Alors que Kaeya lui expliquait qu'il ne savait pas quoi faire en arrivant ici, son frère lui répondit en disant que ce ne serrait plus jamais comme à Teyvat. Des flashs lui revinrent de cette vie qu'il s'était construite là-bas. Beaucoup de ses amis lui manquaient, c'était très dur à vivre. Cependant la personne qui lui manquait le plus était son petit rayon de soleil. Diluc lui confia qu'il avait beaucoup de mal avec les technologies, mais que par contre il avait beaucoup de projet pour la taverne qu'il avait construit ici. Ca lui ressemblait bien. Toujours tourné vers l'avenir, alors qu'en ce moment son frère regardait trop souvent dans le passé, noyant son désarroi au fond d'un verre. Kaeya lui fit un mince sourire en coin.

Kaeya sait très bien que parler de leur passé, de ce qui s'est passé ce terrible jour de pluie, ne plaira pas du tout à son frère. Mais il ne sont plus des ados aujourd'hui. Et en plus c'est le seul moyen que Kaeya a trouvé pour entrer à nouveau en contact avec son lui profond. Celui qu'il cache sous cette armure froide et distante. Et il fallait qu'ils en parlent calmement, pour aller de l'avant, enterrer ça, et pouvoir se retrouver comme avant, un jour peut-être. Même si rien qu'en parler le mettait plus mal que ce qu'il l'avait escompté. Kaeya alla s'asseoir sur un banc au milieu de sa phrase, sentant son dos ployer sous le poids de la culpabilité. Et Diluc l'y rejoint en disant. “Je suppose que je t’en veux pas… enfin plus maintenant, j’avais mes raisons de m’éloigner, il y a quelque années de cela, avant de reprendre l’entreprise familiale.” Kaeya lui avait lancé un regard surpris. Il s'était attendu à de la colère, mais il le sentait en fait plus irrité qu'autre chose. Assez heureux de voir que son frère s'était apaisé à ce sujet. Kaeya poussa un long soupir. Entendre ces simples mots de la bouche de Diluc "je ne t'en veux plus" était un grand soulagement. C'était ce qu'il avait toujours voulu. A partir d'aujourd'hui, il pourrait enfin essayer de se pardonner lui-même. La cadet arborait un grand sourire un peu idiot sur le visage, soulagé. Il dit d'une voix joyeuse. "-On avait jamais eu l'occasion d'en parler depuis" et très vite Kaeya enchaîna sur un autre sujet, pour faire passer le malaise s'étant installé alors que son oeil manquant lui faisait mal "- Maintenant,  je pourrai passer te voir à la taverne alors ?" dit-il sur un ton désinvolte en lui faisant un clin-d'oeil sur-joué.