Come here, Little One - Feat Maxime Lacroix

De nature un peu trouillard, il ne saurait expliquer la raison pour laquelle ça semblait s'intensifier la nuit tombée, mais Maxime n'aimait pas trop être dans les rues à cette heure-ci. C'était un peu comme dans les histoires où l'on pouvait raconter qu'une fois le soleil couché, alors de drôles de spécimens pouvaient sortir la nuit. Pas forcément des monstres, pas au sens propre du terme. Tout du moins ça, c'était ce qu'il pensait. Mais plutôt au sens humainement parlant. Il pouvait y avoir des personnes avec un très mauvais fond, qui pouvaient faire du mal à quelqu'un pour une raison qui pourrait échapper à d'autres. Qui pourrait lui échapper. D'ordinaire, il faisait attention à l'heure, ou alors il n'était jamais bien loin du quartier dans lequel il logeait. Une ou deux rues à traverser tout au plus, avant d'arriver dans son petit cocon réconfortant. Mais là, semblerait-il, il s'était laissé prendre par le temps. S'était-il écoulé plus rapidement car il avait déniché un livre et qu'il était tellement parti dedans qu'il n'avait rien remarqué ? Une possibilité parmi tant d'autres.

Errant un peu dans les rues, la luminosité lui échappant, le jeune étudiant semblait être en proie à une légère montée d'angoisse. Ou quelque chose qui s'en rapprocherait. Et sans aucune once d'hésitation, son regard s'était porté sur la devanture d'une boutique dont les lumières étaient toujours allumées. Une chance ? Peu importait, il ne chercha pas trop à comprendre et s'engouffra dans cette dernière en poussant la porte qui faisait tinter une petite clochette. Il referma la porte derrière et inspira profondément. Dans quoi avait-il mis les pieds ? Il n'en avait pas la moindre idée. Mais une voix féminine ne lui laissa guère le temps de se poser plus de questions. Tant mieux car il aurait pu avoir des tas de théories ou questionnements, en se demandant si par hasard, même dans une boutique quelqu'un pourrait lui faire du mal. Il fallait vraiment qu'il cesse de lire certains livres, ça commençait à peu à jouer sur son esprit. Secouant faiblement sa petite tête blonde bouclée, il porta son regard sur la jeune femme au visage angélique. Elle avait un petit côté rassurant.

« Bonsoir. Je... Désolé d'être entré ainsi. » Répondit-il dans un premier temps. Le fait d'être dans un endroit éclairé avait de quoi le rassurer et calmer un peu son angoisse du moment. Ce ne fut qu'au bout d'une petite minute ou deux que Maxime observa enfin les lieux. N'était-ce pas une sorte de boutique magique, ou quelque chose qui s'en rapprochait ? S'autorisant un peu à s'avancer dans cette dernière, il se rapprocha du comptoir sans être certain de quoi dire avec exactitude. « Vous alliez fermer ? » Si tel était le cas, le pauvre Maxime devrait se rendre à l'évidence et affronter son angoisse de rentrer seul chez lui dans la nuit.

Qu'était-ce la normalité pour Maxime ? Un peu perdu, comme quelqu'un qui commencerait à se noyer dans un grand océan, le jeune étudiant avait l'impression d'en apprendre toujours un peu plus sur ce monde. Sur cette île il y avait tant de choses à découvrir et parfois il se demanda si une vie entière suffirait à tout voir. Il n'était pas le genre d'étudiant à se rendre à une fête, dans une boîte de nuit, dans des bars pour adultes. Non, lui premièrement, il sortait qu'en journée, il opta toujours pour des sortes de coffee shop à boire des boissons chaudes et sucrées. La bibliothèque était aussi son petit lieu de prédilection, aimant beaucoup la mythologie, il aimait à passer son temps à feuilleter des tas de livres en tout genre. À la finalité, le fait qu'il puisse mettre un pied dans une boutique telle que celle-ci, pourrait presque paraître normal pour lui. À l'exception faite qu'il y était entré le soir, et comme s'il semblait plutôt apeuré que d'avoir ce réel désire de découvrir ce qu'il y avait à acheter ici. Par ailleurs, c'était ce à quoi avait répondu cette jeune femme. Que c'était normal, pas besoin de s'excuser. Si elle savait.

Demandant donc le plus simplement possible, bien qu'il avait l'impression que sa voix était comme un peu brouillée par le stress ou la peur, si elle allait fermer sous peu. Il secoua négativement la tête, ses petites boucles blondes ne restant pas en place, il en dégagea quelques-unes qui s'étaient mises devant ses yeux. « Non, non. Juste... Puis-je restais jusqu'à la fermeture ? » S'il pouvait se cacher dans un petit trou de souris, il le ferait assurément. Il ne voulait pas non plus être une gêne, et il ferait en sorte de ne pas traîner dans ses pattes, si toutefois elle acceptait qu'il puisse rester à l'intérieur de sa boutique jusqu'à sa fermeture. Il savait se faire tout petit, discret et pourrait rester silencieux comme pour se faire oublier.

« Maxime. » Répondit-il simplement, bien que le prénom de la vendeuse - et probablement patronne de cette boutique - ne lui échappa guère dans l'originalité. Il le trouvait sympa. Par ailleurs, il était soudainement fort curieux. « C'est de quelle origine Yennefer ? » Visiblement pas de ce monde là, ni du monde d'où pouvait provenir Maxime, et encore faudrait-il qu'il se souvienne de lui-même d'où il venait. Et ce n'était pas gagné du tout.