(Halloween) Silent Storm ||Ft. Anibal.

Les somnifères prescrits par le médecin étaient peut-être simplement trop efficaces - ou peut-être que doubler la dose parce que ceux-ci ne faisaient pas assez rapidement effet à son goût n'avait pas été une idée particulièrement brillante. Ses cauchemars liés à la mort de Tokyo avaient tout juste commencé à s'espacer avec le temps, en dépit du syndrome post-traumatique qui continuait de dicter bon nombre de ses actions, que ceux-ci ressurgissaient cette fois parce qu'il l'avait retrouvée. Désormais, ce n'était plus sous la forme d'un cadavre ou de poussière qu'elle lui apparaissait trop souvent dans ses songes mais plutôt sous celle d'un fantôme du passé, ce qu’il ne considérait pas réellement comme une meilleure alternative. Lorsqu'il était éveillé, Anibal réussissait à faire la part des choses. Aussi improbable que cela puisse paraître, celle qu'il devait désormais s'habituer à dénommer Silene était bel et bien vivante et de retour au sein de sa vie. Lorsqu'il fermait les yeux et que son esprit était supposé profiter d'une trêve pour se mettre au repos, en revanche... la réalité lui semblait être tout autre. Dans ces moments, chacun des démons qui semblaient perchés sur son épaule à attendre la moindre occasion de lui asséner un énième coup semblaient s'en donner à coeur joie, lui laissant ouvertement sous-entendre qu'il avait simplement complètement perdu les pédales. Là et là seulement, il lui était facile de croire qu'il n'avait fait qu'imaginer tout ça. Et même s'il lui suffisait de quelques minutes pour réussir à reprendre presque pleinement contact avec la réalité, réussir à fermer de nouveau l'œil sans l'intervention d'une quelconque molécule l'y aidant dans ces conditions était une perspective qu'il avait abandonnée depuis longtemps.

Pour une fois, ce ne fut pourtant pas un énième mauvais rêve qui le tira du sommeil mais l'impression que quelque chose venait de le frôler. Pas assez conscient que pour réaliser que cela n'était pas supposé se produire en étant quelqu'un vivant seul et sans la présence d'aucun animal de compagnie n'étant rationnellement capable d'établir un contact avec lui, ce fut lorsque son corps lui donna soudainement l'impression d'être déplacé qu'il parvint à s'échapper de cette douce torpeur qui l'enveloppait depuis probablement trop de temps. Une voix lui parvenait mais elle lui semblait si lointaine que réussir à se servir uniquement de celle-ci en guise de point d'ancrage ne lui était pas réellement possible. Progressivement, il sembla enfin retrouver ses sens - et parmi eux, le toucher fut probablement le premier à émerger pleinement, vite suivi par l'odorat. Désormais, l'espagnol pouvait aisément distinguer une légère pression contre son front ainsi qu'une étreinte bizarrement familière autour de son corps ainsi qu'un parfum qu'il ne tarda pas à identifier. Impossible. Avant de retrouver l'usage de la parole, la manière dont tout son être semblait inhabituellement courbaturé le fit légèrement grincer des dents et lorsque la parole lui parvint enfin pleinement, un simple grognement répondit d'abord à la voix féminine qui tentait désespérément de le ramener à la réalité qui était, hélas en cet instant, leur.

La première fois où le brun tenta d'ouvrir les yeux, l'éblouissement dont il fut victime le força à les refermer aussitôt avec une nouvelle grimace. Cependant, cette très brève œillade lui avait au moins permis de reconnaître avec certitude la personne présente à ses côtés et sans même qu'il ne s'en rende véritablement compte, tout son être semblait s'être détendu face à ce constat. Quoi qu'il advienne, il savait désormais qu'il ne pouvait pas se trouver plus en sécurité qu'il ne l'était en cet instant même : s'il y avait une personne à laquelle il n'hésiterait jamais à confier sa vie pour l'avoir déjà fait à plusieurs reprises, ce serait bien elle. « Tokyo ? » La bouche quelque peu pâteuse par la faute de la léthargie dont il peinait, sans surprise, à s'extirper, sa propre voix sonna momentanément si faux à ses oreilles qu'il ne fut même pas directement sûr qu'elle lui appartienne. Durant quelques courts instants supplémentaires, il profita de cette proximité à laquelle il n'était plus réellement supposé pouvoir toujours goûter depuis leur séparation. Séparation qu'il avait, à son grand dam, lui-même initiée. Probablement la plus grosse erreur de toute sa courte vie, bien que cela lui ait semblé être la meilleure des options à l’époque où il s'y était résolu. Pour lui, pour eux, pour l'ensemble de l'équipe et pour le plan qu'ils avaient déjà maintes fois bafoué en faveur de l'autre, ce qui avait même coûté la vie ou des blessures graves à certains. Il ne se pardonnerait définitivement jamais vraiment Moscou. « Qu'est-ce que... » Il avait évidemment des questions, probablement beaucoup trop. Comment s'étaient ils retrouvés là alors qu'il était à peu près certain de ne pas s'être assoupi dans ces conditions la veille ? Que s'était-il passé pour qu'elle se mette dans un état pareil, visiblement à son égard ? Aucune blessure ne semblait le faire souffrir, pourtant. Il ne se sentait pas particulièrement affaibli en dépit de l’effet des somnifères, encore moins mourant et en dépit de ça, sa partenaire lui avait semblé être littéralement morte d'inquiétude lorsqu'il avait finalement ouvert les yeux. Fidèle à lui-même, ce fut toutefois l'état de son ancienne compagne - il ne se ferait jamais à cette dénomination, qui l'inquiéta le plus. Sans se préoccuper de ce qu’ils étaient désormais supposés représenter l’un pour l’autre, il suivit son instinct en relevant une main afin de venir poser une main contre sa joue, laissant un instant ses doigts caresser cette peau dont il n’avait jamais oublié la douceur. « Hé... tout va bien. Je n'ai rien. » Bien que lui-même peu convaincu par ses propres mots, il tentait de se montrer aussi apaisant que possible bien qu'il n'ait aucune idée de ce qui les attendait — et qu’il ignorait qu’il était probablement celui qui paniquerait le plus une fois que son esprit accepterait de prendre pleinement conscience de la gravité de leur situation commune.

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Depuis le jour de leur rencontre, Tokyo avait été la personne qui lui avait permis de franchir tous les obstacles s’étant dressés sur son chemin. Lorsqu’il avait eu des doutes, ses mots avaient réussi à les apaiser. Lorsqu’il s’était senti mal, ses gestes avaient été là pour le réconforter. Lorsqu’il avait pensé à tout abandonner, surtout après avoir aperçu ses parents effondrés à la télé, sa présence l’avait fait rester. Peu importaient les hauts et les bas de leur relation et la façon dont certains qualifieraient leur relation de toxique, elle avait été son pilier. Les autres avaient évidemment eu l’occasion de mettre leur pierre à l’édifice, mais sans elle, il se serait écroulé comme un château de cartes, l’avait prouvée sa descente aux enfers depuis qu’elle avait été contrainte de l’abandonner. En fin de compte, elle avait été là dans chaque épreuve qu’il ait pu connaître et lui avait apprit énormément de choses sur l’amour et la vie d’une manière générale sauf peut-être la plus importante : comment vivre sans elle. Bien qu’ayant été agitées, leurs retrouvailles dans cet univers lui avaient une nouvelle fois apporté une sérénité sans égale. Ce n’était pas le type de choses dont il avait été se vanter auprès de sa petite copine, conscient que justifier un soudain regain d’énergie par le retour d’une ex ne pourrait qu’être (à juste titre) mal perçu, mais elle-même n’avait pas été dupe à ce sujet. Il s’était simplement dépatouillé en brodant quelque chose autour du retour d’une vieille connaissance, lui assurant qu’il lui en parlerait lorsqu’il serait prêt et ça avait été tout. La vérité était qu’il ignorait comment il pourrait rester loyal à une autre femme que celle qu’il avait toujours aimée plus que de raison et la manière dont il s’attarda bien plus longtemps que nécessaire dans cette étreinte tant remplie de soulagement que de sentiments lui prouvait une fois encore qu’il avait raison de douter de lui-même. « Está bien, estoy bien... todo está bien... » Répéta t-il dans leur langue natale face à son inquiétude, la voix plus rauque qu’à l’accoutumée tant à cause du sommeil que de l’émotion. Par réflexe, l’une de ses mains trouva sa joue où ses doigts s’affairèrent à essuyer ses larmes, s’attardant par ailleurs un peu trop longtemps sur cette peau dont il n’avait jamais pu oublier la douceur avant de se reprendre, loin d’imaginer qu’elle s’apprêtait à lui rendre cette attention.

Pour éviter de laisser son regard divaguer au niveau de ses lèvres auxquelles il n’avait plus droit, le plus jeune se força à se concentrer sur ses yeux. La tendresse qu’il y lut ne lui rendit pas la tâche plus aisée, que du contraire : comment avait-il pu tenter de se convaincre qu’il réussirait à passer à autre chose, ne serait-ce que quelques instants ici et là ? Ironiquement, il pouvait à la fois remercier et maudire son inquiétude pour ce moment : la remercier parce que ça lui prouvait que ce n’était pas le moment d’avoir une véritable crise existentielle, la maudire parce que s’ils ne s’étaient pas retrouvés tous les deux dans cet endroit sans savoir comment ils y avaient atterris, peut-être aurait-il réussi à se conforter dans son déni. À la place de ça, chacun de ses mots reflétait l’inquiétude qu’elle avait pu ressentir pour lui et ça ne faisait qu’empirer sa confusion. Tout aurait été tellement plus simple si elle lui avait donné l’impression de ne pas s’en soucier autant. « Je sais… je sais… » Mieux que personne, il était bien placé pour comprendre ce qu’elle avait pu ressentir. Lui n’avait eu aucune ombre de doute sur son état après avoir entendu l’explosion lui ayant ôté la vie dans la banque nationale d’Espagne et pourtant, son esprit avait refusé d’accepter qu’elle soit bel et bien partie durant plus de temps qu’il n’avait été rationnel de le faire. Cette impression de sentir son cœur être brutalement arraché de sa poitrine pour se faire déchirer en deux, d’étouffer soudainement avec chacune de ses propres respirations et cette abominable et écrasante culpabilité… il ne la connaissait que trop bien et ne pourrait certainement jamais pleinement l’oublier, aussi heureux soit-il de l’avoir désormais retrouvée.

Ne se doutant pas qu'ils se trouvaient autant sur la même longueur d’ondes qu’ils ne l’étaient en cet instant, il accueillit la fin de cette étreinte avec un mélange d’amertume et de soulagement. « Tu as probablement raison. » Loin de se douter pour l’instant du degré de gravité de leur situation, ce ne fut qu’une fois en pleine possession de ses moyens que les choses commencèrent à se gâter. Ses yeux parcourant la pièce avec une anormale frénésie de mouvements, ils ne tardèrent pas à repérer l’absence totale d’issue potentielle. Ils étaient complètement pris au piège. De la même manière qu’il l’avait été durant les deux plus longs mois de sa vie, ils se trouvaient prisonniers. Si cet épisode n’avait pas été aussi traumatisant pour lui, peut-être la présence de la personne la plus courageuse qu’il connaisse aurait-elle pu l’aider à lui éviter de sombrer dans une telle panique. À la place, ses propres sens décidèrent de cesser leur coopération traditionnelle avec son esprit. Sa vision à se brouiller, son ouïe refusant catégoriquement d’entendre le moindre des mots prononcés par la jeune femme qui perdait patience tout en tentant de lui faire reprendre contact avec la réalité. Lui-même ne s’était pas rendu compte des tremblements incontrôlés de ses membres, incapable pourtant d’esquisser le moindre mouvement pour tenter de se tirer de sa léthargie. Son propre corps ne lui répondait plus et son rythme cardiaque ne fit que de dérailler encore davantage à ce constat. « Non… non, non… » Balbutia t-il, dans un état second alors que les traits de Tokyo se muaient en ceux de la redoutable Alicia Sierra sous ses yeux impuissants — tout comme les murs blancs immaculés de leur prison s’étaient métamorphosés en ceux de la cellule où il avait moisi. En dépit de tous ses efforts pour éviter de se retrouver dans une situation susceptible de lui rappeler celle hantant continuellement ses cauchemars, celle-ci venait de s’imposer à lui avec une violence inouïe. L’utilisation de son prénom au cours de cet épisode de dissociation ne fit qu’accentuer sa détresse et, lorsqu’une main qu’il attribua à sa tortionnaire vint se poser sur son genou, il explosa. Soudainement, la pleine possession de ses moyens lui revint et, en un clin d’œil, l’une de ses mains vint serrer avec force son poignet pour la forcer à rompre le contact physique qu’elle avait initié entre eux. « ¡No vuelvas a tocarme nunca más, maldita puta! » S’écria t-il violemment en ayant un brusque mouvement de recul pour lui imposer une certaine distance alors que son regard reflétait bien davantage de terreur absolue que de véritable rage et ce en dépit de tous ses efforts.

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Le surnom dont celle lui apparaissant momentanément comme étant l'abominable femme de ses cauchemars l'affubla aurait dû le faire percuter ou, au minimum, tiquer. Ce n'était pas naturel. Pas venant d'elle, tout du moins. Désireuse de constamment lui rappeler l'avenir plausiblement brillant auquel il avait définitivement renoncé en rejoignant cette équipe de bras cassés transformés en professionnels grâce à des leçons données dans le grenier d'une habitation isolée, la rouquine avait toujours prit un malin plaisir à s'adresser à lui au moyen de son identité véritable. Un éternel rappel à cette ancienne vie et plus à ses parents, qu'il avait abandonnés sans un regard en arrière face à l'appât du gain lorsque l'opportunité s'était présentée. Personnes fières l'un comme l'autre, la surprise de les voir apparaître à la télévision au cours d'une interview donnée au beau milieu du premier braquage l'avait beaucoup remué. Certes, Alicia n'avait pas eu sa part de responsabilités dans cette tentative, n'ayant pas fait partie de l'équipe policière chargée de leur cas à cette époque. Toutefois, ils avaient réussi à cerner l'un de ses principaux point faibles : ceux lui ayant donné la vie. Toute réminiscence à ce couple dont il était le seul enfant, celui en lequel ils avaient placé tous leurs espoirs et qu'ils s'étaient efforcés d'éduquer du mieux qu'ils le purent en le couvant parfois un peu trop pour son propre bien, parviendrait probablement toujours à le faire souffrir. Même son père, en dépit de ses nombreux défauts et de son apparente froideur, avait énormément sacrifié de temps pour lui et il en avait toujours été conscient. Désormais, cela ne représentait qu'une honte supplémentaire. « Pourquoi est-ce que... » Les mots s'étouffèrent dans sa gorge avant qu'il n'ait le temps de formuler l'entièreté de sa question. À quoi bon essayer de comprendre ses desseins pervers ? Cela ne devait être qu'une stratégie supplémentaire qu'elle avait dû élaborer entre deux interrogatoires. Cette tactique, son esprit complètement déconnecté pensa la décrypter lorsque Tokyo fut évoquée. Et, aussitôt, le semblant de calme qu'il avait momentanément retrouvé après sa première esclandre s'évapora. Ses doigts se resserrèrent compulsivement au point où ses ongles s'enfoncèrent légèrement dans la chair de la malheureuse, le regard furibond. « ¡Ni siquiera te atrevas a mencionar Tokyo, tú perra ! » S'époumona t-il brusquement, refusant de voir cette garce se servir de la mémoire de sa compagne pour l'atteindre encore davantage. Si celle qu'il identifiait comme étant son ancienne tortionnaire souhaitait le faire souffrir cette fois encore, ce réflexe prouva qu'elle n'aurait aucun mal à y parvenir en appuyant simplement un peu trop là où il le fallait.

Aux aguets, sa respiration rapide et hachée combinée aux regards angoissés qu'il lançait continuellement autour de lui suffisait à prouver qu'en dépit de leurs positions et de la prise exercée autour de son poignet supposée prouver le contraire, le plus jeune ne pensait pas posséder une once de contrôle sur la situation. Le geste régulier et étrangement réconfortant de son pouce sur le dos de sa main lui fit réaliser à quel point cette dernière tremblait désormais, énième signe que sa présumée assurance n'était qu'une façade. En revanche, la suite de ses mots l'interloqua. Pourquoi décidait t-elle de se confier à lui, tout à coup ? Etait-ce là une ruse supplémentaire pour tenter de s'attirer sa sympathie comme elle l'avait jadis tenté et quelquefois réussi au moyen de sa grossesse ? « Yo... ¿que? » Commença t-il par balbutier, à bout de souffle et visiblement prit de court face à ce changement d'attitude qui avait, quoi qu'il advienne, toujours été le plus efficace face à lui : trop jeune, trop influençable ou simplement trop humain, tous l'avaient toujours considéré comme étant le maillon faible de toute l'équipe. À raison, de toute évidence.

Durant ses aveux, l'ancien braqueur garda le silence, médusé. Ses mots, sonnant tout d'abord presque faux à ses oreilles, parvinrent petit à petit par l'atteindre. Plutôt que de simplement laisser passer lui par-dessus la tête chacune de ces confessions sans réussir à lui faire entendre raison, ses yeux semblèrent presque s'écarquiller davantage à chaque phrase prononcée. Ce type de discours, de détails, la véritable inspectrice Sierra n'aurait jamais pu les connaître. Elle possédait d'innombrables dons l'aidant à exercer son travail mais la lecture de pensées ne pouvait pas en faire partie. Là où son affolement s'apaisait, son coeur, lui, se tordait. Sans qu'il ne s'en rende lui-même compte, ses yeux commencèrent à s'embuer, lui brouillant progressivement la vue. « Tokyo... » Sa voix, à peine plus haute qu'un murmure, trahissait toute l'émotion qui l'étreignait tandis que sa main permit enfin à sa prisonnière de libérer son articulation de l'étau dans lequel celle-ci s'était retrouvée maintenue. « Je suis désolé, Tokyo... Je suis tellement désolé... » Susurra t-il, sa conscience débattant désormais entre ce pourquoi elle était supposée culpabiliser davantage : sa façon d'agir au cours de ces dernières brèves minutes qui avaient dû sembler être une éternité aux yeux de la jeune femme ou les douloureux souvenirs que celle-ci avait fait remonter. N'écoutant que son instinct, l'un de ses bras vint s'entourer autour de sa nuque pour la rapprocher soudainement de lui dans une étreinte désormais aussi remplie de regrets que protectrice. Ironique en considérant que le seul danger s'étant manifesté jusqu'alors n'était autre que lui-même. Durant quelques courts instants, il se mua de nouveau dans le mutisme le temps de commencer à retrouver ses esprits et, par extension, la capacité à formuler des pensées correctes. « On va sortir d'ici, oui. » L'assurance n'était pas encore revenue mais au moins, l'intention y était et, compte tenu de la mini descente aux enfers qu'il venait de vivre, c'était déjà ça de gagné. « Ensembles... » Acquiesçant lentement, lui-même ignorait à cet instant si ces propos étaient davantage destinés à sa comparse ou à sa propre personne. Quoi qu'il en soit, cela ne l'empêcha pas de poursuivre. « Parce que peu importe ce que j'ai pu te laisser penser là-bas, tout ça n'a jamais été de ta faute. » Et je ne suis même pas sûr de savoir vivre autrement que sur tes montagnes russes, s'empêcha t-il de rajouter : leur spécialité était certes de s'adonner à de flamboyantes déclarations aux moments s'y prêtant le moins mais cette fois mais cette fois, l'anxiété du lieu parvint à lui faire conserver davantage de savoir-vivre. Ou d'instinct de survie, tout simplement.

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