Tu es né pour être un grand Roi, pour mener les tiens vers le cycle de la vie et enseigner à tes descendants ce qu’ils devaient respecter pour être de bons souverains. Hélas l'histoire de ta vie sera plus courte que tu ne le pensais mais tu vas quand même la raconter parce que tu juges que chaque être qui passe dans ce monde marque son prochain et tu espères que ton existence, même courte, aura permis à celles et ceux sur lesquels tu veillais de faire perdurer tout ce que la nature vous a toujours offert.

Tu es le fils aîné et l'héritier du Roi Ahadi et de la Reine Uru. Il n’y a jamais eu aucun doute sur le fait que tu serais le futur Roi comme tu étais l'aîné et que tu avais le caractère sage et posé de tes parents. Ton frère cadet, Scar, était plus secret, plus difficile à cerner que toi. Contrairement à lui, tu n’as jamais eu aucune velléité contre lui, tu ne désirais qu’apprendre les enseignements de ton père pour devenir, à ton tour, un grand souverain. Peut être était-ce facile comme tu avais toute l’attention de tes parents mais tu n’as pourtant jamais eu l’impression qu’il était délaissé. Cependant tu n’es certainement pas le mieux placé pour décider de cela.

Tu as eu énormément d’enseignements, ton père ne te faisant aucune concession. Tu devais apprendre, écouter, diriger et cela te convenait. A aucun moment tu n’as même songé être autre chose que Roi même si l’amour te faisait parfois tourner la tête. Mais comment réagir autrement face à Sarabi, cette si belle lionne au caractère fière et piquant qui était bien la seule à te tenir tête quand elle voulait quelque chose. Elle a toujours été la seule capable de te faire remuer ciel et terre pour elle mais elle le méritait tellement.

Quand ton père mourrut, tu pris sa place comme le voulait la tradition, regardant avec tendresse cette femme désormais à tes côtés et avec tristesse ton frère qui s’enfermait de plus en plus dans ses secrets. Tu le pensais déçu mais tu te voilais la face. Tu ne voulais pas imaginer qu’il t’en veuille au point de s’en prendre à toi et tu étais bien naïf. C’est certainement ton plus gros défaut : la naïveté face à ta famille à qui tu confierais ton dos sans aucune inquiétude. Cette fois-ci tu n’aurais pas dû le faire et pourtant tu te dis que si t’avais agi autrement, tu n’aurais certainement pas été ce Roi si bienveillant.

Sarabi te donna le plus parfait des fils : Simba. Tu le vis grandir en lui transmettant ce que tous les rois avant toi avaient transmis à leur enfant. Il était jeune mais il saurait apprendre de ses erreurs tout comme toi et tu voyais déjà en lui l’avenir radieux de votre terre des lions. Cependant, le jour où il se retrouva piégé, tu ne cherchas rien d’autre que de le sauver car il était ton sang, ta chair. Tu te savais puissant pour lui venir en aide et au pire ce n’était pas grave, il était l’être le plus important à tes yeux. Tu sautas au milieu du troupeau, le mis en sécurité et arrivas à t’en sortir jusqu’à ce regard…

Les yeux de ton frère… Ses griffes dans les tiennes… Tu sus à ce moment-là ce qui allait se passer et pourtant t’y crus encore quelques instants avant qu’il fasse ce qu’il avait toujours prévu : te tuer… Tu tombas et le noir obscurcit sa vision avant que tu ne t’éteignis. Tu n'étais plus, tout reposait sur Simba qui était si jeune… Trop jeune…

Tu ne sus combien de temps tu restas dans les limbes. Tu avais parfois l'impression que tu étais si proche de ton fils, courant sur les nuages et le voyant, lui, la prunelle de tes yeux. Pouvait-il entendre ta voix, pouvait-il comprendre qu’il devait croire en lui ?

« Rafiki, fais qu’il m’entende je t’en prie. Veilles sur Sarabi et lui… »

Et puis t’ouvres de nouveau les yeux, des yeux humains sur un monde que tu ne connais pas. Tu t’observes sans comprendre. De la magie ? Est-ce possible ? Tu cherches ton vieil ami autour de toi mais tu es entouré d’humains que tu ne connais pas et qui semblent aussi perdus que toi. Est-ce de la sorcellerie ? Non tu n’y crois pas, tu n’es pas du genre à croire en cela. Tu crois au destin, à la seconde chance, au cycle de la vie. Pourrais-tu t’être alors réincarné ainsi ? Tu te mets en tête de tout apprendre, tout comprendre, tout découvrir. Tu te laisses guider au début car tu sais qu’il y a des gens mieux placés que toi pour t’enseigner cela, puis tu prends ta vie en main. Tu n’as plus ta famille mais tu es encore toi, même sous forme humaine. Assez rapidement, tu apprends à lire, à écrire, à comprendre des notions bien plus complexes que celles que tu connais, même si tu trouves que la loi de la nature reste, même en pleine ville.

Tes capacités d’analyse et surtout tes réflexions sur la vie te font remarquer et on te propose une place de professeur de psychologie à l’école Kadic. Tu acceptes sans hésitation, te disant que tu peux peut-être y retrouver ton fils, loin de réaliser que tu es mort il y a bien longtemps pour lui. Cependant tu ne perds pas espoir. Dans le professorat tu retrouves ce que tu vivais avec lui, tu pousses les nouvelles générations à se questionner, tu leur donnes les clés vers leur avenir et tu t’épanouis ainsi, même si tu ne vis que pour cela car tu es incapable de ne pas sentir un vide béant dans ta vie personnelle. Quand le poste de directeur se libère, tu le prends pour continuer ce que tu as entrepris, ne perdant pas espoir même si les années passent.