Who run the world? Girls!

feat. Oksa

Pour Nala, les choses avaient été graduelles et précipitées en même temps. Elle ne saurait dire exactement à quel moment elle avait mis un doigt dans l’engrenage, mais à partir du moment où ça avait été le cas, elle n’avait tout bonnement plus été capable d’en ressortir. D’abord naturellement touchée par la cause des animaux, surtout ces animaux sauvages placés en captivités dans des cages ridicules au zoo (la première fois qu’elle avait assisté à ce spectacle, vu ces animaux qu’elle avait connu, elle, libres comme l’air au milieu de la savane africaine, elle avait fondu en larmes sans être capable de s’arrêter ou de se contenir). A partir de là, elle s’était rapproché d’autres mouvements activités, et dorénavant, une grande majorité de ses cercles sociaux avaient trait à ces considérations sociales et humaines.

Le fait de devenir un être humain du jour au lendemain, d’être précipitée bien malgré elle dans une société si différente de celle qu’elle avait connue, l’avait poussé à s’adapter, bien sûr, mais aussi à accuser plus cruellement, de plein fouet, toutes les inégalités communément acceptés par la race humaine, sans sorte de reconsidération, ou à peine. Son amie, Eloise, qui venait d’une autre époque, lui avait fait comprendre que les conditions de vie des personnes de couleur et des femmes avait été bien plus terrible, ignoble, à une époque. Et pourtant… Pourtant, Nala ne peut que considérer qu’il y a encore beaucoup de travail à faire.

C’est en se rapprochant d’une association féministe que Nala a fait la connaissance d’Oksa : une fille sympa, franchement intelligente, le genre passionnée et qui vus donne envie de lui faire confiance en quelques minutes de conversation : pas parce qu’elle serait une fine manipulatrice mais parce qu’elle a de la suite dans les idées. Elle dit ce qu’elle pense, elle pense ce qu’elle dit, elle fait ce qu’elle dit… Bref ! Chaque fois qu’elle a l’occasion de passer du temps avec elle, Nala ne le regrette pas, et elle est convaincue que cette fois non plus ne fera en rien exception à la règle. Il y a peu de chances, en tout cas, selon elle. Arrivée dans la pièce, le regard de l’ancienne lionne ne tarde pas à croiser celui de la lionne, et c’est avec le plus sincère des sourires qu’elle ne manque pas de venir la saluer.

« Salut Oksa, ça va très bien, et toi ? »

Elle pourrait même dire qu’elle va mieux que bien, à présent qu’elle a retrouvé Simba. Mais étant donné que ces retrouvailles ne se sont pas faites sans complications, elle a consciente de ne pouvoir trop en dire non plus, sous le prétexte d’accabler son amie d’histoire qu’elle a très probablement mieux à faire que d’entendre dans tous les cas… du moins c’est définitivement ce qu’elle imagine.

« Je te dérange pas au moins ? Tu travailles sur quoi ? »

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Il y a des questions, malheureusement, qui sont vouées à ne trouver qu’une réponse mitigée, et pour cause… difficile d’aller complètement bien, par exemple, quand les personnes qu’on aime plus que tout au monde sont loin de nous et que l’on redoute de ne plus jamais les revoir. Sur ce point, Nala ne peut que s’identifier à Oksa, elle traverse la même chose. Certes, elle a retrouvé Simba, mais ce dernier semble ne se souvenir ni de leur mariage, ni de leur fille… Quant à leur fille, justement… Les recherches de Nala sont toujours aussi infructueuse : nulle trace de Kiara où que ce soit, et c’est un constat qui devient de plus en plus douloureux à vivre pour l’ancienne lionne… Qui souvent, oui, est aussi nostalgique de sa vie d’avant, dans la savane africaine, quand elle ne s’embarrassait pas du corps humain qui est le sien aujourd’hui. Certes, par la force des choses, elle a fini par s’y faire, mais ça reste une douleur pour elle.

Nala décide de ne pas insister malgré tout. Elle n’ose pas parler de ses retrouvailles avec Simba à Oksa. Ce n’est pas qu’elle a envie de lui faire des cachoteries, mais elle a peur de l’enfoncer plus bas que terre en lui apprenant ce genre de nouvelle. Peut-être que ça lui ajouterait de l’espoir de revoir ses amis et sa famille, mais Nala n’ose pas le moins du monde parier là-dessus, alors, de préférence, elle décide de ne pas aborder le sujet, ou bien de le garder pour plus tard en tout cas.

« Tu finiras par les retrouver, j’en suis certaine », se permet-elle tout de même d’affirmer avec ce qui veut ressembler à de la confiance, toute la confiance qu’elle tente du mieux qu’elle peut de communiquer à son amie sans trop savoir si cela peut suffire. Nala est d’un naturel volontaire et optimiste, il le faut si l’on veut aller loin dans la vie. Mais elle sait aussi qu’il peut suffire d’un rien pour que l’espoir s’amenuise, jusqu’à devenir insupportable.

« Bien sûr », fait-elle très sérieusement quand Oksa lui parle du cas sur lequel elle travaille. Une grimace affligée se dépose sur son visage. Elle est malheureuse d’apprendre ce qui est arrivée à cette femme. Et malheureusement, cela arrive si souvent… Des choses inadmissibles arrivent constamment, c’est la grande leçon de cette vie. Et elle est amère. « Dis-moi ce que je peux faire exactement pour t’aider. »

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feat. Oksa

Nala est toujours prête à mettre la main à la pâte quand elle le peut. Rien ne l’incommode plus que de se sentir inutile. Pour cette raison, elle fait toujours tout ce qui est en son pouvoir pour se montrer aussi volontaire est présente que possible, et plus encore quand il est question de sujets qui la touchent. Les agressions du genre, elle en a connu même quand elle était encore une lionne, alors que Scar voulait de force faire d’elle sa reine, chose qu’elle avait obstinément refusé. Dans le règne humain comme animal, les hommes veulent asseoir leur supériorité, et malheureusement, le sexe est leur arme privilégiée pour cela. Heureusement, il y aura toujours de bonnes âmes pour se battre au nom de ce qui est juste et ne pas laisser de telles injustices se produire.

Quand elle écoute Oksa dérouler ses explications, elle sent son estomac se nouer et un sentiment de profonde injustice la saisir immédiatement à la gorge. Que l’on puisse se comporter de manière à ce point… inhumaine ? La dépasse. Vraiment, les humains se targuent d’une supériorité naturelle sur les animaux qu’ils parquent dans des zoos comme des phénomènes de foire, mais quand on voit la manière dont ils se comportent les uns vis-à-vis des autres, il y a définitivement de quoi se poser de très sérieuses questions. Enfin, le monde ne changera pas du jour au lendemain. Mais elles, elles peuvent tout mettre en œuvre pour qu’il change le plus vite possible.

« D’accord, faisons ça. »

Nala dépose son sac au sol et s’installe confortablement afin de commencer à examiner le dossier qu’Oksa avait ouvert sous ses yeux. Dans un premier temps, elle ne dit rien et se contente d’observer le tout dans le détail. Ce n’est qu’après avoir commencé à se faire une idée plus complète du dossier qu’elle se redresse.

« Je vais nous préparer du café, ça te dit ? Je pense que ce sera pas de trop. »

Nala n’attend pas la réponse de son amie pour se lever et se bouger afin de mettre la machine à café en marche et de leur servir deux tasses brûlantes de sa boisson préférée, quand elle se réinstalle, elle reprend la parole, et décide d’aborder un sujet plus personnel.

« Tu sais… j’ai retrouvé Simba », lui confesse-t-elle, dans ses petits souliers, mais ravie de pouvoir partager la nouvelle malgré tout – elle avait eu besoin de le dire.

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Le faible sourire qui se dépose sur les lèvres d’Oksa serre légèrement le cœur de Nala. L’ancienne lionne connaît son amie, elle sait que quand elle affirme être heureuse pour elle, elle ne prétend pas l’être, c’est une chose qu’elle pense sincèrement. Mais il est difficile de se réjouir d’un bonheur que l’on recherche désespérément de son côté et que l’on se découvre incapable de trouver. Nala souhaite de tout cœur qu’Oksa connaisse le même bonheur qu’elle… mais en attendant, elle doit supporter les circonstances telles qu’elles sont, et dans toute leur complexité, elle n’a malheureusement pas le choix. Et même si Nala a retrouvé son époux, elle veut qu’Oksa ne doute pas un seul instant du fait qu’elle serait là pour l’aider et la soutenir quoi qu’il puisse advenir, et peu importe les circonstances.

« C’était… étrange ? » répond Nala d’un ton hésitant quand Oksa lui demande comment les choses se sont passées.

Ce n’est pas de cette manière qu’elle se serait vu décrire ses retrouvailles avec son époux avant de le retrouver, mais force lui est de constater que, oui, ça a été particulièrement étrange, et pas le moins du monde tel qu’elle l’aurait souhaité. Etrange parce qu’ils n’étaient plus tout à fait eux-mêmes, étrange parce qu’ils n’ont pas gardé les mêmes souvenirs de leur vie passée.

« Je veux dire.. je ne l’ai pas reconnu tout de suite et lui non plus, forcément. On était très différent, avant… Mais quand on s’est vus, j’ai tout de suite eu le sentiment que je le connaissais. Et lui aussi a eu ce sentiment. »

Cette partie-là, Nala ne peut s’empêcher de la trouver belle. Ils se reconnaissent peu importe les circonstances. Symboliquement, cette pensée est forte pour elle, même si elle devrait peut-être envisager d’y donner moins d’importance qu’elle ne lui en accorde.

« Il y a… plein de choses dont il n’a pas souvenir… ou qu’il n’a peut-être jamais vécu, j’en sais rien. Du coup… je ne sais pas vraiment où on en est, je crois. »

Son sourire se fige légèrement, mais elle fait de son mieux pour ne pas plomber l’ambiance pour autant. C’est bien là la dernière de ses intentions.

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feat. Oksa

L’histoire que Nala apprend à Oksa est de nature douce-amère. Parce que Nala est une battante, parce qu’elle ne se laisse jamais abattre et veut toujours trouver de l’espoir dans n’importe quelle circonstance, elle refuse d’observer sa situation sous un jour trop sombre et préfère largement en parlant en tentant de garder ne serait-ce qu’un fin sourire, mais le fait est que oui, le bonheur, puissant, qu’elle a d’avoir enfin retrouvé son époux se conjugue tout naturellement à la douleur qu’elle ressent à l’idée qu’il ait retenu si peu de choses, pour ne pas dire rien du tout, de leur vie passée.

Simba ne se souvient pas de leurs retrouvailles, du moment où tous les deux sont tombés réellement amoureux l’un de l’autre, il ne se souvient pas de tous les efforts qu’il a dû fournir, des épreuves qu’ils ont traversées, de combien ces épreuves lui ont permis de changer, d’évoluer, de mûrir… Il ne se souvient pas de la naissance de leur fille et de ce que cette dernière a représenté pour eux : il ne se souvient pas du fait que Kiara a tout changé à leur vie. Dans son dernier souvenir d’elle, ils étaient tous les deux enfants : forcément, les choses ont grandement changé entre-temps, et il n’y a rien que la jeune femme puisse faire pour lui rendre ce souvenir si ce n’est afficher toute la patience dont elle apprend à être capable à son contact.

« C’est ça, tu as bien résumé les choses. Beau et étrange. » Elle pousse un soupir. « Mais l’important c’est qu’il soit là et qu’il soit en bonne santé, après tout, pas vrai. » Elle tente d’avoir l’air le moins soucieuse possible quand elle reprend la parole. « J’espère qu’il en est de même pour Kiara… »

Elle laisse passer un temps de pause, tout est toujours si délicat, et elle ne veut pas inquiéter Oksa quand cette dernière s’imagine que les garçons qui ont compté pour elle pourraient la confronter à des situations relativement similaires. C’est bien la dernière chose que Nala puisse souhaiter à son amie.

« Je suis sûre que les choses se passeront différemment pour toi, ne t’en fais pas. »

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Oksa laisse Nala tergiverser sans rebondir sur ses inquiétudes, ce que l’ancienne lionne comprend sans mal de son côté, et pour cause, elle a assez à faire avec ses propres inquiétudes sans forcément avoir besoin d’être le réceptacle des états d’âme de son amie. Nala ne cherche pas à être plainte quoi qu’il en soit, ce n’est ni son envie, ni son intention, elle sait d’ailleurs qu’elle doit s’estimer chanceuse d’avoir au moins retrouvé Simba, même si elle aurait voulu que les circonstances soient différentes, et même si leurs retrouvailles envisagées cent fois n’avaient jamais ô grand jamais ressemblé à cela. Elle doit faire avec, et elle ne doit surtout pas s’appesantir.

D’ailleurs, s’il y a bien une chose que ne révèlent que trop les situations du genre, c’est le fait que d’autres méritent davantage cette considération qu’on aurait parfois tendance à n’adresser qu’à soi. Quand Nala songe à tous les dossiers qu’elles doivent traiter et au sort de ces pauvres femmes, elle n’a que d’autant plus conscience du fait qu’elle n’est définitivement pas à plaindre. Ce qui ne l’empêchera jamais d’avoir une pensée empathique pour son amie malgré tout, empathie que son amie mérite définitivement.

Quand Oksa parle de ses proches, d’à quel point ils comptaient pour elles, et qu’ils étaient sa famille, non seulement Nala s’identifie mais elle est aussi, bien sûr, émue. Terriblement émue, même. Elle comprend combien c’est difficile pour son amie, et elle comprend également que cette dernière est dans la tourmente à force de les chercher sans résultat. Et que faire alors. Nala voit mal quoi suggérer à quoi Oksa n’ait pas d’ores et déjà pensé de son côté quoi qu’il en soit.

« Et si tu me parlais un peu d’eux ? Peut-être que ça te ferait du bien ? »

Pas qu’elle ne l’ait pas déjà fait par le passé, mais après tout, si cela pouvait l’aider à se sentir un peu mieux…

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Proposer à Oksa de lui parler de ses proches peut être quitte ou double, Nala en a tout à fait conscience. Il se peut tout à fait que cela fasse plus de mal que de bien à la jeune femme, qui préférerait bien davantage ne pas avoir à repenser aux grands absents de son existence, qui lui manquent tous les jours, mais elle est convaincue aussi que cela peut, a contrario, la soulager. Nala, de son côté, n’avait jamais cessé de mentionner l’existence de Simba et de Kiara, même si son mari et sa fille étaient loin d’elle. Elle en avait fait, quelque part, une nécessité presque absolue. Parler d’eux, c’était garder leur souvenir intact, quelque part, et aux yeux de Nala, c’était terriblement important.

Elle ne se permettrait pas de partager cette impression à son amie, de crainte de l’inquiéter et de lui faire plus de mal qu’elle n’en éprouve déjà, alors qu’il est plus qu’évident que la jeune femme est en souffrance, mais Nala avait terriblement peur, si elle ne parlait pas de ses proches, de les voir s’effacer de sa mémoire. L’idée de ne plus savoir vraiment à quoi ils pouvaient bien ressembler, de ne plus connaître le ton de sa voix… tout ça l’angoissait terriblement, ce n’est rien de le dire. Ceci dit, en vérité, tout était naturellement biaisé par le fait qu’elle convoquait les souvenirs de ses proches sous leur forme animale, et en retrouvant Simba, elle a bien compris que s’ils étaient ici, ils étaient humains tout comme elle, ce qui rendait encore plus compliqué le fait de les retrouver.

C’est avec la plus grande attention que Nala écoute son ami lui parler de ses proches, elle note mentalement chaque information. Si d’une manière ou d’une autre, elle peut aider Oksa à retrouver ses proches, elle n’hésitera bien évidemment pas, c’est même hors de question. Non, elle estime, au contraire, avoir tout intérêt à faire le nécessaire afin d’aider Oksa de toutes les manières possibles. Son amie est une jeune femme exceptionnelle, et elle a le cœur sur la main : elle mérite plus que personne de trouver le bonheur, c’est une évidence.

Il y a donc ce Gus, ce meilleur ami pour lequel elle avait nourri des sentiments amoureux, Tug aussi, pour qui elle éprouvait une affection grandissante, sans parler de ses parents. Elle espère vraiment qu’elle les retrouvera tous. Le cœur a ses raisons que la raison ignore, Nala ne sait pas si elle sera capable de se décider entre ces deux garçons, mais en tout cas, Oksa mérite de les retrouver. Et sa famille, évidemment, cela va sans dire.

« Tu ne m’as jamais trop parlé de tes pouvoirs. Qu’est-ce que tu étais capable de faire ? »

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Oksa n’est pas la première personne que Nala rencontre et qui possède des pouvoirs surnaturels, et la jeune femme a assisté à plus d’un phénomène étrange depuis son arrivée dans cette ville (le simple fait qu’elle soit une jeune femme, déjà, est un phénomène particulièrement étrange en lui-même, il faut bien le dire), et pourtant, elle reste toujours fascinée chaque fois qu’elle en apprend davantage au sujet des capacités exceptionnelles qu’elle découvre chez les uns et chez les autres. Quand on sait qu’elle-même était une lionne avant son arrivée ici, on pourrait pourtant partir du principe qu’elle a gagné du terrain sur la plupart des personnes qu’elle croise, mais ce n’est pas le cas : cela n’ôte rien, du moins, à la profonde curiosité qui ne cesse de l’animer chaque fois qu’elle s’adresse à des personnes telles que son interlocutrice.

Elle est donc très curieuse de savoir l’ensemble de ses aptitudes de l’époque. Elle lui apprend qu’elle était capable de voler, mais pas de la même manière que Zazou ou n’importe quel oiseau, elle pouvait seulement s’élever un peu au-dessus du sol. Nala fronce les sourcils, elle a du mal à savoir en quoi ce pouvoir peut être utile, mais est-ce qu’un pouvoir doit forcément être utile, après tout ? Et puis, flotter au-dessus du sol, ça permet de se déplacer discrètement, et c’est vrai que vu comme ça, ce n’est probablement pas un mal. Pour ce qui est des boules de feu et des coups de poing à distance, c’est autre chose, et en effet, la chasseuse qu’a longtemps été Nala n’a aucun mal à comprendre en quoi ces aptitudes pouvaient avoir une réelle utilité et un véritable intérêt.

« J’imagine, oui… Je sais ce que ça fait d’être dépaysé comme tu dois l’être aussi. » Nala sourit. « J’espère que tu retrouveras certains de tes pouvoirs, j’ai envie de les voir en action », remarque-t-elle, ce qui est la vérité. Elle serait très impressionnée si Oksa devait lancer des boules de feu devant ses yeux. « Les créatures qui vous accompagnaient, elles étaient comment ? » demande Nala, qui est bien incapable de s’arrêter en si bon chemin, mais se rend tout de même compte qu’elle se montre peut-être excessivement insistante, au point de peut-être déranger son interlocutrice. « Désolée, je pose peut-être trop de questions ? Je suis trop curieuse, c’est dans ma nature. »

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L’avantage avec Oksa, c’est qu’elle n’est pas du genre à reprocher la curiosité d’autrui, elle n’est pas quelqu’un de fermé ou de secret. Elle s’est toujours montrée très ouverte à la conversation avec Nala, en tout cas, et il n’y a par conséquent rien d’étonnant au fait que toutes les deux soient rapidement devenues de très bonnes amies. Ça avait même été tout naturel entre elles en fin de compte. Au-delà du fait également, bien sûr, qu’elles avaient un grand nombre de centres d’intérêt en commun toutes les deux, ce qui avait bien entendu facilité la tâche.

Ainsi, Oksa la rassure et lui assure qu’elle comprend sa curiosité. En même temps, Nala sait que son amie est quelqu’un de curieux elle aussi, donc quelque part, c’est donnant-donnant. Alors Oksa lui présente le « bestiaire » des différentes créatures qu’elle a côtoyées dans son ancien monde, des créatures très différentes de tout ce que Nala a pu connaître de son côté. Des Foldingots géniaux, des Gracieuses souveraines, des Culbu-Gueulards qui avaient pour fonction d’alerter tout un chacun, de Curbita-Peto… un… bracelet vivant ? Vraiment ? Cette pensée fait froncer les sourcils de Nala.

Tous les univers qu’on lui décrit semblent toujours très, très différents du sien car ils impliquent tout de même une condition humaine à laquelle elle essaie encore et toujours de se familiariser… Mais là, tout de même, ça dépasse tout ce qu’elle avait été capable d’entendre jusqu’ici. Mais ça a ceci dit clairement le mérite de la faire sourire quand Oksa évoque les flatulences desdits bracelets, elle ne peut s’empêcher d’imaginer les situations gênantes que cela peut engendrer… Ceci dit, pour avoir partagé son quotidien avec Pumba, passé maître dans l’art des flatulences, il n’y a pas grand-chose qui soit susceptible de la choquer sur ce point.

« En tout cas, on peut dire que les créatures chez toi avaient des noms qui ne prêtaient à aucune équivoque. » Elle marque une pause. « En ce qui me concerne, j’ai surtout connu celle de la Savane mais… » Elle pousse un léger soupir. « Je pense qu’il faut qu’on apprenne à faire le deuil de ce que nous avons connu, et accepter que nous retrouveront ceux que nous avons connus dans un cadre qui ne sera plus jamais le nôtre. »

Oui, après trois années, Nala a renoncé à l’idée de regagner la terre des Lions. Ce n’est pas une chose simple, loin de là, car elle aimerait vraiment retrouver sa condition de lionne, et sa vie telle qu’elle était. Mais elle doit se faire une raison.

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Nala n’est pas quelqu’un de naturellement défaitiste. C’est même tout l’inverse, en réalité. On pourrait plutôt la qualifier, en réalité, de jeune femme (puisqu’elle n’est plus une lionne) positive et optimiste, il faut l’être quand on veut avancer dans la vie, il le faut si l’on veut ne pas perdre tout espoir. Mais il est des sujets concernant lesquels il est tout de même plus difficile de se montrer sûr de soi que pour d’autre. Ce serait mentir que de prétendre qu’elle serait vraiment capable de croire dans un retour à sa vie d’avant. Petit à petit, à mesure que les semaines, les mois, les années ont passé, elle a définitivement mis ça de côté, sans retour en arrière. Non, la vie qu’ils ont connue ne leur reviendra pas telle qu’elle fut : c’est ainsi, et il est nécessaire de se faire une raison sur ce point, même si ce n’est pas forcément la chose la plus simple au monde.

Nala ne veut pas plomber l’ambiance en affirmant cela, mais elle ne dit rien qu’Oksa ne sache déjà en réalité, chose que cette dernière lui confirmant en admettant dans un soupir qu’elle a bel et bien raison. Oui, peut-être qu’ils finiront par retrouver tous leurs proches, mais si ça doit être le cas, ce ne sera jamais ailleurs qu’ici, dans ce monde. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Nala serait bien en mal de le dire. Sa vie d’avant manquera toujours à la jeune femme, elle aura toujours le sentiment de ne pas être complètement elle-même, elle aspirera toujours à redevenir la lionne qu’elle se sent toujours être, mais elle reconnaît aussi que ce monde a ses attraits et ses avantages. Elle y a fait des rencontres remarquables, importantes, impactantes, elle a changé, quelque part, et évolué, d’une certaine manière, et c’est trop important pour être ignoré ou négligé.

« Uniquement Simba », répond doucement Nala, quand Oksa lui demande s’il est le seul qu’il a retrouvé de son monde. « Mais mon cas est… particulier. Je croiserais ma mère dans la rue que je ne serais pas capable de la reconnaître. » Son sourire se change en légère grimace. « Quoique… quand j’ai revu Simba… c’est difficile à expliquer, tu sais, mais je l’ai presque immédiatement reconnu. Il était très différent, c’est vrai, mais je sentais que c’était lui – c’est difficile à expliquer… »

C’est de l’ordre du ressenti le plus pur, mais c’est une certitude qui l’a frappée en même temps que Simba, et c’est un constat qui la rassure.

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Si naïve cette supposition puisse-t-elle être en apparence, Nala est tentée de penser qu’Oksa est effectivement raison. Elle est loin de sous-estimer la force de l’amour, comme auraient tendance à le faire ceux qui se complaisent dans le cynisme et l’ironie. Elle sait que c’est l’apanage de beaucoup d’être humains que de dénigrer les sentiments les plus nobles, et de les tourner en dérision. Elle pense comprendre pourquoi, en réalité… ce n’est pas qu’ils sont véritablement à ce point cyniques, c’est qu’ils ont peur de la force de sentiments qu’ils ne sont pas capables de contrôler et qui peuvent vous faire souffrir en même temps qu’ils peuvent vous rendre terriblement heureux, aussi.

Oui, elle a envie de croire que l’amour a fait beaucoup dans la façon dont Simba et elle se sont reconnus presque malgré elles. Certes, Simba n’a aucun souvenir de leur histoire. Il ne sait pas qu’ils se sont terriblement aimés, et que de leur idylle est née une fille qu’ils ont à son tour aimée plus que tout, il ne sait pas qu’elle porte son nom et qu’elle voudrait le considérer comme son époux encore maintenant sans le pouvoir réellement. Il y avait d’autres choses, bien sûr, comme quelque chose dans sa démarche, mais surtout dans son regard, son regard qui avait hameçonné le sien presque immédiatement… mais on ne peut pas particulièrement dire que ce soit assez, évidemment.

« C’est pas faux, évite de répéter ça autour de nous, du coup », répond Nala en partageant le rire de son amie quand elle lui fait remarquer qu’accorder tant de pouvoir à l’amour d’un homme ne ferait probablement pas d’elle la féministe de l’année… Bon, pour sa défense, elle était une femelle certes, mais pas une femme humaine avant il n’y a pas si longtemps. Parfois, elle se dit que ce qui s’applique à certaine ne la touche pas forcément elle, par conséquent. « Mais… entre nous… oui, j’ai pas d’autre explication, et quelque part, ça me rassure, tu vois… Il ne sait pas qu’on est mariés, il ne sait pas tout ce qu’on a vécu et partagé, mais quand je pense au fait qu’il m’a reconnue quand même, je me dis… je ne sais pas… que ce qu’il y a entre nous est inné, tu vois ? »

Qu’ils seraient destinés l’un à l’autre, en somme. Sa soi enfant en grimacerait probablement tant elle avait refusé de penser à l’idée même de pouvoir un jour se marier avec celui qu’elle considérait comme son meilleur ami, mais bien des choses ont changé, depuis. Trop de choses, en réalité.

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Est-ce que l’amour est une chose innée ou non ? Nala ne saurait le dire. Enfant, elle n’estimait pas être amoureuse de Simba. Est-ce que la lionçonne qu’elle était alors se leurrait au sujet des sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de celui qui plus tard deviendrait son mari ? Elle ne saurait le dire. Elle se souvient parfaitement s’être agacée du discours de tous ceux qui prétendaient qu’ils étaient destinés à finir ensemble, ça lui semblait improbable alors… mais en réalité… ce n’est peut-être pas tant que c’était improbable… mais plutôt qu’elle était trop petite pour s’intéresser aux choses de l’amour. Car quand, plus tard, son chemin avait retrouvé celui de Simba, l’évidence l’avait frappée presque immédiatement.

Oui, peut-être que l’amour est inné, et si c’est le cas, alors l’espoir reste permis, car cela signifie que Simba finira par se souvenir, si ce n’est de leur vie commune, du moins de ces sentiments qui ne sont ni plus ni moins qu’inscrits en eux. C’est quelque chose qui fait définitivement parmi d’eux, une chose contre laquelle il leur et tout bonnement impossible de lutter. Nala veut croire en cette évidence. Elle a découvert, au moment de fréquenter assidûment les humains, le concept d’âmes sœurs, et elle aime à penser que c’est un concept qui peut s’appliquer à ce qu’elle vit avec Simba. Cela justifierait aussi le fait qu’après l’avoir tant et tant cherché, c’est finalement le hasard qui les a réunis tous les deux. Oui, cette pensée plus que les autres lui plaît vraiment beaucoup, c’est un fait.

« Je l’espère », répond Nala quand Oksa lui souhaite que leur relation fonctionne pour eux aussi dans ce monde. Dans ce monde plutôt que chez eux, ce ne sera définitivement pas la même chose, mais elle a envie d’y croire malgré tout.

Elle a besoin d’y croire, même, parce qu’elle n’imagine pas sa vie avec un autre que Simba. Ce lui semblerait absolument improbable que de nourrir de tels sentiments pour n’importe qui d’autre. Pas seulement improbable, d’ailleurs, mais tout bonnement impossible.

« Je ferai tout pour en tout cas. »

Elle marque une pause.

« Et je ne sais pas trop », ajoute-t-elle. « Si l’amour est inné ou non, je veux dire. Quand j’étais petite, je trouvais absurde l’idée de tomber amoureuse de Simba. »

Et elle a entendu parler de toutes ces personnes qui s’étaient détestées pour commencer avant de tomber dans les bras les uns des autres.

« Enfin… j’en sais trop rien, en fait. »