(terminé) (Saint-Valentin) In love with another psycho [Eve & Will]

In love with another psycho.

feat. Will Graham

Eve commençait à avoir ses habitudes. Afin d'éviter les conversations trop longues et trop banales, elle veillait à prendre ses pauses lorsque la majorité de ses collègues n'étaient pas présents dans la salle de repos. Ce jour-là n'était pas une exception. Elle attendait impatiemment près de la machine que le café termine d'être filtré. Enfin, une fois la boisson prête, elle en servit deux tasses. Ses habitudes s'étendaient également à ses interactions avec ses collègues, et notamment avec celui qu'elle côtoyait le plus, par la force des choses. Will Graham et Eve Polastri ne travaillaient qu'à quelques mètres de distance, après tout. Et avec les points communs qu'ils s'étaient découverts dernièrement, une nouvelle forme de compréhension s'était imposée entre eux.

Alors, parce qu'elle était attentionnée, lorsqu'elle le voulait, Eve revint avec les deux tasses de café en main et en déposa une sur le bureau de Will. C'était un acharné, lui aussi, et elle avait constaté, au cours des dernières semaines, qu'il avait tendance à s'immerger dans le travail au point d'en oublier de prendre ses pauses. Alors, les quelques nécessaires tels que le café venaient le plus souvent à lui.

Elle s'installa à son bureau sans un mot, déjà concentrée sur sa nouvelle enquête. Quelques minutes passèrent avant qu'elle ne prenne une gorgée de son café. Ce fut à ce moment qu'elle commit l'ultime erreur : elle jeta un coup d'oeil à son collègue. Soudainement, elle le trouva... Infiniment plus intéressant. Oubliée, la bague de fiançailles à son annulaire. Evincée, son obsession constante pour sa fiancée.

Un sourire séducteur se dessinait déjà sur ses lèvres.

- Will...

Elle quitta son siège, emportant les photographies du crime sur lequel elle travaillait.

- Je voulais ton avis.

Elle déposa le dossier sur le bureau de son collègue. Puis, faisant mine de regarder par-dessus son épaule, elle posa la main sur son épaule... Et l'y laissa, allant jusqu'à presser doucement.

- Qu'en penses-tu ?

Elle ne regardait plus la photographie. Non, son regard était rivé sur le beau visage de Will, guettant la moindre de ses réactions. Elle le trouvait... Séduisant. C'était la première fois qu'elle le voyait ainsi, et elle se fustigea silencieusement de ne pas l'avoir remarqué plus tôt.

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feat. Eve

Un fin sourire vient se déposer sur les lèvres de Will en guise de remerciement silencieux à l’adresse d’Eve quand cette dernière vient déposer une tasse de café fumante sur son bureau, une attention dont il se ferait presque une habitude, et qu’il a le fâcheux réflexe de ne pas lui rendre pour sa part, plus par oubli que pour aucune autre raison. Car à la vérité, oui, plus le temps passe, plus Will est enclin de qualifier Eve non seulement comme une collègue, mais aussi et surtout que comme une amie. Il faut dire qu’il peut attendre de sa part une compréhension pleine et entière, qui est loin d’être de refus, et il est assez plaisant de parler sans détour de sa vie telle qu’elle est vraiment à quelqu’un qui est capable de l’entendre, sans aucune forme de jugement. Bon, ça ne fait pas soudainement de Will un grand bavard avide de confidence, mais tout du moins, oui, apprécie-t-il la compagnie d’Eve, qui passe par des gestes aussi simples et désintéressés que de lui proposer une tasse de café quand lui-même, trop absorbé par son travail, en oublierait même de prendre des pauses pourtant nécessaires.

Ce simple sourire, le pense-t-il d’abord, sera sa seule interaction pour l’heure avec sa collègue, car aussitôt, il retourne à son propre travail, sirotant distraitement son café un peu trop chaud… Puis Eve réclame son attention. Will lève alors les yeux et suit Eve du regard tandis qu’elle abandonne sa chaise pour se rejoindre. Tout à coup, il identifie avec certitude quelque chose qui, jusqu’alors, lui avait étonnamment échappé : Eve est une femme magnifique. Et voilà qu’il est incapable de détacher ses yeux d’elle. Est-ce qu’il avait été idiot à ce point ? Il a l’impression de la remarquer pour la toute première fois… Pourtant, tous les indices les plus évidents n’avaient-ils pas toujours pointé dans sa direction à elle depuis leur première rencontre… Ils étaient faits pour s’entendre, mais pas seulement. Oublié, Hannibal, Will n’a même pas une pensée pour lui tandis qu’il sent un agréable frisson lui parcourir l’échine au moment où Eve pose sa main sur son épaule.

Troublé par ce contact, la présence d’Eve, son parfum, son assurance, il a peine à se concentrer sur le dossier qu’elle lui demande d’examiner. En cet instant, rien ne lui semble plus insignifiant que son travail pourtant acharné. Il se retourne afin de s’offrir le loisir de contempler Eve comme il a trop longtemps oublié de l’admirer, elle qui ne méritait rien d’autre. Un instant, son regard tombe sur la bague de fiançailles à son doigt, et il sent son cœur se tordre d’une douleur désagréable, mâtiné de colère. Pour rien au monde il ne laissera Eve lui échapper ou appartenir à quelqu’un d’autre que lui. En cet instant, il est fermement décidé.

« J’en pense… Qu’on devrait prendre l’air, tous les deux. On travaille trop, tu ne crois pas ? »

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feat. Will Graham

Ce que ces boucles brunes étaient séduisantes. Ce qu’il était élégant. Lorsqu’il la regardait avec cette intensité, Eve avait le souffle coupé. En cet instant, elle aurait réalisé le moindre de ses désirs dans l’espoir de le voir sourire. Will avait un sourire magnifique. Rare, mais d’autant plus précieux grâce à cette rareté.

La proposition de Will la fit sourire à son tour. Non pas de ces sourires discrets qui s'accompagnaient toujours d'un certain désespoir face à la noirceur du monde. Face à sa propre noirceur. Mais de ce large sourire qui révélait ses dents blanches et atteignait son regard, ce sourire de femme heureuse et amoureuse qu'elle n'avait habituellement qu'en présence de sa fiancée lorsqu'elles étaient dans un cadre si intime qu'Eve ne craignait plus d'afficher la puissance de ses sentiments. Mais sa fiancée n'existait plus, en cet instant. Elle avait complètement déserté son esprit.

- Tu as raison. Sortons d’ici, j’étouffe.

Elle attendit qu'il se lève, sans le quitter des yeux une seule seconde. Comme si elle craignait de le voir disparaître si elle le lâchait du regard. Comme si elle craignait de ne jamais se souvenir de la noblesse de ses traits ou de la couleur de ses yeux.

Avec une audace impressionnante pour la femme réservée qu'elle était, Eve glissa la main sur l'avant-bras de Will pendant qu'ils prenaient la direction de la sortie. Elle ignora les regards interloqués de leurs collègues, elle ignora le vent frais qui caressa son visage lorsqu'ils furent dehors. Elle se surprit même à désirer que ce ne soit guère le vent qui effleure ainsi ses joues, mais les doigts de Will. La simple possibilité que ses sentiments ne soient pas réciproques lui fit monter les larmes aux yeux. Elle en mourrait, s'il n'était pas habité par cette même force dévorante qu'elle ressentait pour lui. C'était une certitude.

- C'est agréable. D'être enfin seule avec toi... Sans la possibilité d'être interrompus.

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feat. Eve

Quand Eve lui répond tout d’abord par un sourire rayonnant, Will sent son cœur manquer un battement. Il lui découvre une beauté plus unique encore en cet instant. L’enthousiasme pur qu’elle manifeste à l’idée de passer du temps avec lui le transporte de bonheur. Il ne l’invente pas, ce sourire, elle est heureuse de sa présence, comme lui-même se sent comblé de la sienne. Et pour cause, il prend la pleine conscience, en ce moment précis, du fait que chaque seconde qu’il passera encore à l’écart de sa collègue sera du temps perdu. Et ils en ont tellement gâché, déjà, à demeurer ainsi, si proches et pourtant si distants l’un de l’autre, comme si l’évidence de tout ce qui les rapproche ne leur avait pas hurlé, dès le départ, qu’ils étaient faits l’un pour l’autre.

Elle étouffe, lui aussi, il étouffe, cet endroit est oppressant, ce cadre n’est pas celui qui convient à l’expression nécessaire de leurs sentiments. Car oui, en cet instant, Will, tout à fait convaincu de ce qu’il ressent pour Eve, n’a rien l’intention de lui cacher. Bien au contraire… il sait que s’il doit trop attendre, il passera à coté de sa raison d’être. Et Hannibal ? Quoi Hannibal ? Tout le monde fait des erreurs, et sa relation avec lui n’a jamais été que complexe et alambiquée. Avec Eve, tout est logique, tout est fluide, tout est évident. Et on ne peut pas lutter contre l’évidence.

Quand il sent la main d’Eve glisser à son avant-bras, il ressent une vague de chaleur l’envahit tout entier. Will toise certains de leur colère avec ce qui ressemblerait à s’y méprendre à de l’arrogance. Ah, ils sont surpris ? Alors ils sont stupides, car au fond, ils auraient dû venir les voir de loin, de très loin, même. Deux âmes à ce point liée ne pouvaient tôt ou tard que se réunir… Et enfin, ils se sentiront complets comme ils ne l’avaient jamais été jusqu’alors. Bien sûr, il demeure une certaine hésitation. Certes, il veut croire que les signes ne trompent pas, il veut penser qu’Eve ne peut pas penser différemment de lui, mais il n’oublie pas qu’elle est fiancée malgré tout, et qu’avant de se projeter, avant de tout bouleverser, avant de changer le cours de leurs vies à tous les deux.

« Eve… » Une fois un peu à l’écart, et après que sa collègue lui a confié le plaisir qu’elle a de se retrouver seule avec lui, il estime que c’est le moment. Le moment ou jamais. « Pour être honnête avec toi, je voudrais pouvoir être avec toi à chaque instant… Quand je pense à l’idée que tu es fiancée, que tu vas te marier… » Il tourne vers elle un regard d’une intensité qui ne lui ressemble pas. « Je ne supporte pas cette idée. »

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feat. Will Graham

La déclaration de Will était émouvante. Terriblement émouvante. Lui qui était si peu bavard, si peu enclin à s'exprimer sur ses sentiments d'habitude... Eve en éprouva un pincement au coeur qui lui fit porter une main à sa poitrine, là où se situait son coeur. Son coeur qui battait la chamade en cet instant... Pour le simple fait de se retrouver enfin seule en sa présence. Elle était ridicule. Mais, curieusement, elle ne s'en inquiétait pas. Elle avait le pressentiment que Will comprendrait. Après tout, il la regardait avec une telle intensité... Qu'elle ne pouvait qu'être certaine qu'il ressentait pour elle des sentiments similaires aux siens. Aussi intenses, aussi brouillons.

Il ne supportait pas l'idée qu'elle soit fiancée... Cette information lui plaisait tout autant qu'elle lui brisait le cœur. Elle était directement responsable de la souffrance de cet homme pour lequel elle se découvrait pourtant des sentiments d'une telle ampleur en cet instant... Elle en eut un sanglot, qu'elle réprima en se couvrant la bouche. Mais ses yeux s'embuèrent.

- Que faudrait-il que je fasse, Will ? Que je quitte tout ce que j'ai construit, du jour au lendemain ?

Ses paroles lui firent froncer les sourcils. Il était là. C'était l'homme qu'elle aimait, qu'elle voulait chérir chaque jour, qu'elle voulait impressionner en permanence. Et elle se préoccupait pour des détails ? Pour des événements qui étaient au fond insignifiants, en comparaison de ce qu'ils pourrait vivre tous les deux ?

- Je ne devrais pas... Je ne devrais pas mais... Avec toi... J'ai l'impression que tout est possible. Bien sûr que je quitterai ma fiancée. Je ne veux pas être séparée de toi. Je ne veux plus l'être. A aucun instant.

Et, pour démontrer la sincérité de ses propos, elle franchit l'espace qui les séparait et colla ses lèvres aux siennes, sans aucune douceur.

- Je veux rester avec toi. Juste avec toi... On s'en fiche des autres. Il n'y a que toi et moi qui comptions, murmura-t-elle contre ses lèvres, avec un désespoir et une intensité qui ne lui ressemblaient pas.

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feat. Eve

Oui, c’est ce qu’il voudrait qu’elle fasse, qu’elle abandonne tout, ses fiançailles et tous ses projets pour rester avec lui et n’être qu’à lui. Jamais il ne le lui imposerait si elle ne le voulait pas, car rien ne lui briserait plus le cœur que de la rendre malheureuse, mais il veut croire, du plus profond de son être, qu’Eve ne veut pas plus de se mariage que lui-même ne peut vouloir d’une vie dont elle ne ferait pas partie. Ils ont perdu trop de temps, déjà, ils ne peuvent pas se permettre d’en perdre davantage… Ils doivent regarder la vérité en face : les indices étaient là, depuis le début, ils avaient simplement refusé de les voir, mais à présent, ils doivent se faire une raison : ils sont faits l’un pour l’autre, et se fuir encore, se complaire dans ces relations toxiques qui ne les rendront jamais vraiment heureux (désolée Hanni et Villa), ça ne peut pas durer… Il est prêt à tout lui promettre, tout ce qui sera susceptible de faire son bonheur, pour qu’elle ouvre les yeux sur combien saurait être belle leur relation s’ils décident seulement de se donner une chance.

Elle ne devrait pas, mais si elle le doit, et le sourire de Will, si rare d’ordinaire, mais qui lui vient si naturellement en présence d’Eve, presque béat de l’admiration sans borne qu’il se sait à présent lui porter, ne peut définitivement que s’agrandir encore quand elle lui assure qu’elle a la conviction que tout est possible avec lui. Oui, elle quittera sa fiancée pour lui, de même que Will ne s’inquiète pas un seul instant de la réaction terrible que serait celle d’Hannibal à cette nouvelle, qui avait déjà réagi bien plus pauvrement par jalousie sans lui donner cette raison de l’être. Non, Will s’en moque, parce qu’en cet instant, Eve compte plus que tout au monde, et le reste n’a plus la moindre importance. Et comment ne pas en être convaincu quand ses lèvres se déposent sur les siennes ? Bien sûr qu’elle est la femme de sa vie, et bien sûr qu’il se battra pour elle, quoi qu’il advienne.

« Je ferai tout pour toi, Eve, absolument tout », reprend-il, plus convaincu de cela qu’il ne l’a jamais été de quoi que ce soit au cours de sa vie. « Il faut qu’on disparaisse, toi et moi, à l’écart de tout, où personne ne pourra nous attendre, ou personne ne pourra nous faire du mal. En fait », ajoute-t-il, déterminé. « On devrait partir dès maintenant. »

Sa conviction est si grande qu’elle serait capable à elle seule de soulever des montagnes, et il ne peut s’empêcher, déjà, de rêver à une maison perdue dans les bois, à l’abri de tous les regards, où ils vivraient tous deux dans le bonheur le plus parfait, lui, elle et… allez, une bonne douzaine de chiens.

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feat. Will Graham

Ce baiser surpassait tout ce qu’elle avait pu connaître jusque-là. Même la barbe de Will, qui aurait dû lui causer un certain inconfort, ne parvenait pas à lui faire changer d’avis. Ses lèvres étaient faites pour embrasser les siennes. Si elle s’écoutait, elle aurait passé des heures entières à l’embrasser et à partager le même souffle que lui, quitte à rendre leurs poumons douloureux, quitte à suffoquer pour le simple plaisir malsain de ne faire qu’un. Elle voulait, très littéralement, que ses baisers deviennent son oxygène. Elle était certaine que ce serait le summum du bonheur que de continuer à l’embrasser et que de continuer à sentir son corps épouser le sien, sa chaleur corporelle influencer la sienne.

Tandis qu’il reprenait la parole, elle était certaine d’une chose : elle était prête à tout abandonner, à tout mettre de côté pour obtenir la certitude que, quoiqu’il arrive, elle le retrouverait toujours. Ils étaient inséparables, tous les deux. Partant de ce constat, elle se fichait bien de perdre travail, logement ou fiancée. Elle l’avait déjà fait par le passé, elle pouvait bien le refaire. Et, cette fois-ci, elle était convaincue que c’était la bonne. Ils étaient tous les deux si sûrs, si francs pour s’avouer leurs sentiments et leur besoin mutuel de l’autre qu’elle ne pouvait désormais plus concevoir un monde où il ne ferait pas partie de son quotidien. Un monde où chaque inspiration qu’elle prenait n’était pas destinée à lui permettre de profiter encore un peu de sa présence.

Elle était prête à tout abandonner pour lui. Mais elle était aussi prête à tuer. Et, plus morbidement, à mourir s’il le fallait.

Fort heureusement, les intentions énoncées par Will semblaient vouloir les préserver d’un tel sort. Il voulait qu’ils partent. Là où personne ne pourrait les atteindre. Oui. C’était un avenir qui lui plaisait.

- Alors partons, souffla-t-elle avec une douceur d’amante. Où que tu ailles, je te suivrai. Tu as toute ma confiance, Will.

Elle posa une main à plat sur le torse de son collègue, là où elle pouvait sentir les battements de son coeur.

- Quelle idée avais-tu à l’esprit ?

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feat. Eve

Le plus large des sourires étire les lèvres de Will quand Eve lui apprend qu’elle est prête à partir n’importe où du moment qu’ils partent ensemble. Enfin, ils peuvent tous deux savourer, une bonne fois pour toutes, cet amour qu’ils ont gardé sous clé pendant longtemps. Peu importe les menaces qui pèseront sur eux, ce qui importe, ce qui importe au-delà de tout le reste, c’est qu’ils soient ensemble. Mais Will ne veut plus de drame ou de souffrance. Il n’aspire qu’à une vie simple, celle qui n'avait pas su le satisfaire quand il était avec Molly.

Mais Molly n’était pas faite pour lui. Hannibal non plus, tout compte fait. Il n’y avait qu’elle et elle seule, et il le sait dorénavant, que chaque pensée, chaque décision, lui seront toujours dévouées. Découvrir qu’il peut aimer si sûrement, si simplement, et que cette émotion puisse être réciproque, sans nécessité de se battre, de se mettre à l’épreuve, de se faire du mal… C’est véritablement libérateur pour Will. Tout comme Eve lui assure qu’elle le suivra où qu’il aille, Will serait prêt à l’accompagner jusqu’au bout du monde si nécessaire. Même si ce monde est néanmoins restreint.

Où aller pour être tranquille ? C’est la question, et c’est un problème. Ce n’est pas vraiment comme s’il avait l’une ou l’autre solution de repli sous la main. Il ne peut pas prétendre avoir une idée arrêtée de la situation alors qu’il est pris de court autant qu’Eve. Il aurait aimé ouvrir les yeux plus tôt, prendre conscience avant de ce que Eve représente pour lui. Certes, ils pourraient prendre le temps de tout planifier, mais Will se sent mu par un sentiment d’urgence : non, ils ne peuvent pas perdre une seule minute, une seule seconde, il n’en est tout simplement pas question. Chaque instant qu’il peut passer en compagnie d’Eve est trop précieux pour être gâché.

« Tout d’abord, on va aller chez moi », décide-t-il. « Hannibal est à son cabinet, ça nous laisse le temps de récupérer des affaires, de chercher les chiens… » Parce qu’il n’est évidemment pas question pour lui de les laisser derrière, et encore moins avec Hannibal. Qui sait ce qu’il serait capable de leur faire en découvrant qu’il est parti pour de bon. « On pourra passer chez toi aussi si tu penses que nécessaire. » Il marque un temps de silence. Je n’ai pas d’autre pied à terre, mais on trouvera. En attendant… Tu aimes le camping ? »

Quoi ? Après tout, vivre sous une tente, si c’était vivre avec elle, ce n’est pas une perspective si terrible, et ce ne serait que temporaire, le temps de se trouver un havre à leur mesure, à la hauteur de leur amour. Ils s’aiment si fort, alors… vivre d’amour et d’eau fraîche, où est le problème ?

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feat. Will Graham

Passer chez Will, récupérer ses chiens et... Vivre dans la nature avec lui ? Eve aurait pensé être de nature à repousser de telles idées, mais découvrit finalement, à cet instant, que ces possibilités devenaient terriblement attirantes lorsqu'elles étaient énoncées par Will. Tant qu'elle auprès de ce dernier, elle avait le sentiment que tout était possible, même ce qu'elle aurait eu tendance à rejeter car trop éloigné de sa personnalité. Elle se serait maudite de refuser l'opportunité de l'accompagner où qu'il aille. C'était tout ce qu'elle désirait, et de plus, elle savait que Will était suffisamment compétent pour qu'elle puisse lui faire confiance. Il était décidé, elle l'était également, et c'était tout ce qui comptait. Et puis... Il était grand temps qu'elle connaisse les chiens de Will, après en avoir tant entendu parler.

Elle afficha soudainement un sourire enthousiaste, son regard pétillant de malice. Elle était rayonnante, d'excellente humeur tout simplement car elle venait d'obtenir la certitude qu'elle passerait le restant de ses jours avec l'amour de sa vie.

- Tu sais quoi ? Pourquoi pas. On rendra ça amusant. On fera du feu et... On peut passer prendre ce qu'il faut pour passer de bonnes soirées. Des guimauves à griller, ce genre de choses.

Son sourire s'adoucit. Elle reprit, plus doucement, avec une voix chaude d'amante :

- Tant que je passe ces moments avec toi, tout m'ira.

Soudainement motivée, elle l'embrassa une nouvelle fois, brièvement. Ensuite, mains dans les poches de sa veste, elle se redressa et désigna la route d'un signe du menton.

- Je te suis. On passe d'abord chez toi, et après on passe chez moi, il n'y aura personne.

Et en effet, sa fiancée était tout aussi soumise à ce curieux coup du sort qui s'était abattu sur la ville et était occupée à s'envoyer en l'air avec son agente. Aucune des deux ne remarquerait ni ne se préoccuperait de l'absence de l'autre.

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feat. Eve

Vivre en pleine nature, pour Will, ça fait sens. Il n’a jamais été un citadin quoi qu’il en soit, ni n’a jamais vraiment apprécié la vie urbaine. Ce n’est pas pour rien s’il vivait à Wolf Trap, où il avait toute la solitude et la distance nécessaire pour apprécier de ne pas avoir à subir le chaos de la ville. En acceptant de vivre avec Hannibal, il a renoncé à une partie de ses aspirations, n’est-ce pas la preuve qu’ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre, tout compte fait ? Si, sans doute, et il se raccroche à cette idée, et au fait que l’homme qu’il avait cru passionnément aimer n’aurait jamais accueilli avec un tel enthousiasme la perspective d’aller faire du camping dans les bois en s’éloignant de tout pour une durée indéterminée. A l’idée de voir ses chiens, aussi, elle semble euphorique : en bref, Eve est parfaite… pourquoi a-t-il mis tant de temps à prendre conscience de cette évidente perfection ?

Il est heureux de voir Eve réagir ainsi. Bien sûr, c’est une solution temporaire, mais il se dit qu’ils en ont autant besoin l’un que l’autre : partir à l’aventure et ne se concentrer plus que sur eux. Ils ont mis tant de temps à se trouver, ils ne peuvent pas attendre davantage avant de savourer leur relation toute neuve, et qui a le don de faire battre son cœur comme jamais il n’avait battu auparavant.

« Un feu de camp et des chamallows, quelle excellente idée ! » s’exclame Will avec un enthousiasme qui le surprendrait lui-même s’il était dans son état normal.

Mais oui, en cet instant, Will se sent motivé par la moindre initiative qui vient d’Eve. Elle pourrait tout lui suggérer qu’il réagirait sans doute avec la même euphorie, simplement parce que c’est ce que lui inspire le fait d’être avec elle… et la pensée de n’être plus jamais séparé d’elle.

« Je suis si heureux quand je suis avec toi », ne peut-il s’empêcher de lui déclarer en l’embrassant en retour.

Et finalement, il hoche la tête quand elle suggère de se rendre chez lui sans plus perdre de temps. Ce qu’ils font donc. Ils s’installent dans la voiture et Will n’attend pas pour démarrer le véhicule. Il est sur un petit nuage tout le long du trajet, et n’en est pas redescendu quand il se gare devant chez lui. Il invite Eve à le suivre à l’intérieur avec un large sourire. Aussitôt, les chiens leur réserve un accueil royal.

« Les chiens, je vous présente Eve, c’est votre nouvelle maîtresse », dit-il, ce qui tient du privilège le plus absolu. Il se tourne vers Eve et dépose un baiser sur sa joue. « Faites connaissance, et sens-toi libre de faire comme chez toi. Je fais le plus vite possible. »

Parce qu’il ne veut de toute façon pas rester loin d’elle trop longtemps, même quelques minutes.

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feat. Will Graham

Pour une raison particulièrement mystérieuse, l'idée d'un feu de camp agrémenté de chamallows et, pourquoi pas, d'anecdotes sur leur adolescence respective était soudainement ce qu'elle imaginait comme étant un rencard idéal. Elle aurait même accepté un vol en deltaplane, avec lui. Ou une soirée bowling, qu'elle aurait quand même réussi à considérer comme étant amusante pourvu qu'elle la passe avec lui. Et pourtant, Eve, habituellement, estimait que c'était le comble de l'horreur que de participer à ce type de soirées.

- Avant de te rencontrer, je ne pensais pas vouloir le bonheur. Ni être faite pour ça. Mais... Moi aussi, je suis heureuse avec toi. Bien trop heureuse. Et j'ai hâte qu'on puisse profiter de tout ça, ensemble.

Elle profita de la quiétude de l'instant pour réfléchir à leur avenir immédiat, ses pensées prenant naturellement un tournant plus... Malicieux.

- J'espère que tu as de bons sacs de couchage. Même si... Ca me gênerait pas de partager avec toi, gloussa Eve telle une adolescente qui découvrait les premiers émois amoureux.

Durant le trajet en voiture, elle se surprit à être prise de l'envie de fredonner toutes les chansons d'amour qu'elle connaissait. Elles étaient peu nombreuses, en vérité, mais en cet instant, elle ne souhaitait rien tant que s'époumoner en les chantant. Elle s'abstint cependant, consciente qu'ils aimaient tous deux le calme. Mais, trop obnubilée par la présence de l'homme qui conduisait, elle passa le plus clair de son temps à admirer son profil. A le fixer, d'une manière qui était sans doute déconcertante, d'ailleurs.

Elle le suivit hors de la voiture, toujours émerveillée par ces sentiments nouveaux mais intenses. Fort heureusement, son attention fut distraite par les chiens, qui achevèrent de faire fondre son coeur. Eve se pencha pour tous les caresser, riant avec légèreté face à leur enthousiasme, et paraissant ainsi rajeunir de quelques années.

- Oh, je vous adore, vous.

Elle se releva quand les chiens se furent calmés, et en attendant le retour de Will, inspecta d'un oeil curieux l'intérieur de cette demeure. Son regard attentif s'attarda sur le moindre détail avec obsession. C'était ainsi qu'elle comptait en apprendre encore davantage, et toujours plus, sur l'être qui savait tant charmer son cœur.

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feat. Eve

Ce n’est pas la première fois que Will constate les nombreuses ressemblances qu’il peut y avoir entre Eve et lui, mais c’est la première fois, en revanche, qu’il prend conscience de ce que ces ressemblances signifient… ce n’est pas une coïncidence si leurs chemins se sont croisés, si leurs histoires devaient se rencontrer : ils devaient se trouver sur le chemin l’un de l’autre. Il peut sans mal s’identifier à ce qu’elle affirme quand elle lui parle de ne pas vouloir le bonheur ou ne pas forcément être fait pour… Mais ils ne savaient pas, alors, ce qu’était le vrai bonheur, ils ne pouvaient pas deviner qu’ils devaient attendre de le trouver dans sa plus parfaite expression. Ce que Eve exprime en mots est exactement ce que Will pense de son côté. Ensemble, ils s’auront s’autoriser à s’aimer et à être heureux, comme ils ne se le seraient jamais autorisé avec qui que ce soit. Il lui adresse un sourire malicieux, quand elle suggère qu’elle ne serait pas dérangée par la perspective de partager son sac de couchage. Et lui aussi, il se sent comme un gamin découvrant l’amour dans son expression la plus stupide.

« Je ferai en sorte de te tenir chaud », répond-il d’un ton égal (et quand il reviendrait à lui-même, il mourrait certainement de honte en réalisant qu’il avait osé dire une chose pareille).

Ainsi donc, ils partent en route vers l’aventure, la plus belle des aventures, aux yeux de Will. Il ne sait pas de quoi demain sera fait, mais en cet instant, ça lui est complètement égal : tout ce qui lui importe, bien plus que tout le reste, est de savourer un maximum chaque seconde de sa présence, et tout se passera pour le mieux. Il ne perd pas son sourire tandis qu’il fixe la route sans savoir s’empêcher de tourner la tête dans sa direction, encore et encore. Difficile de se concentrer quand l’amour de sa vie est là, juste à côté d’elle. Il sent son regard le fixer, et si ça l’aurait incommodé en d’autres circonstances, il n’y prend que le plus réel des plaisirs en cet instant…

Une fois chez lui, il prend plaisir à contempler le spectacle des chiens, qui lui font la fête et l’accueillent comme leur nouvelle maîtresse. Quand il la regarde avec eux, si prévenante, si attentionnée, il songe que c’était encore plus évident. Hannibal, lui, acceptait ses chiens, il les tolérait… Mais Eve, elle, le dit elle-même : elle les adore, et ça change tout.

Il détache le regard de ce spectacle qui lui réchauffe le cœur et part cette fois en quête de tout le matériel nécessaire. Il fait plusieurs allers-retours jusqu’au coffre de la voiture, consciencieux, ne voulant surtout rien oublier, et finalement, il pense ne rien avoir oublié.

« On peut y aller », fait-il à l’attention d’Eve en l’invitant à le suivre et à l’aider à monter tous les chiens à l’arrière de la voiture pendant qu’eux-mêmes s’installent à l’avant de la voiture. Avant de démarrer une fois de plus, il ne sait s’empêcher de l’embrasser une fois de plus. « Je te laisse me guider jusque chez-toi. » Ils progressent sur la route quand Will reprend la parole. « Je sais que les circonstances sont particulières, que tu devais épouser Oksana… » Qu’il devait épouser Hannibal, tôt ou tard. « Mais quand on sera installé, tous les deux, quand on aura trouvé un endroit rien qu’à nous… je veux que tu deviennes ma femme, Eve. »

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feat. Will Graham

Son allusion, parmi les moins subtiles qu'elle ait pu énoncer - et pourtant, la subtilité n'était pas son fort -, lui obtint cependant la réaction escomptée. Will y répondait avec la même malice qu'elle, et soudainement, l'idée de se retrouver collée à lui dans le même sac de couchage... Lui donnait chaud, très chaud.

- Oh, vraiment ? Vivement, annonça-t-elle d'un ton séducteur.

Elle le détailla de haut en bas pour la forme, son regard s'attardant vicieusement juste en-dessous de la ceinture de Will. Comme si elle espérait voir à travers les vêtements et se faire une idée plus exacte de... Ce qui se trouvait dessous.

Consciente de s'émoustiller toute seule, elle battit des cils et détourna le regard, une chaleur aussi bien inconfortable que révélatrice colorant ses joues durant quelques instants. Ses pensées prenaient une tournure dangereuse. Et s'ils voulaient rester en vie tous les deux, il valait mieux pour eux qu'ils fuient avant de songer à s'engager dans les activités qui affolaient son imagination, aussi attirantes soient-elles.

Elle attendit patiemment qu'il finisse de déménager ses affaires, continuant de jouer avec les chiens. Puis, une fois de retour dans la voiture, elle lui donna ses instructions pour le guider jusqu'à chez elle. Concentrée sur la route, elle tourna vers lui des yeux ronds au moment de l'entendre énoncer, avec autant de naturel et de simplicité, qu'il souhaitait l'épouser.

- Will, c'est...

Trop tôt ? Inattendu ? Oui, sans doute. Mais plus encore que ça, c'était la meilleure nouvelle qui soit, pour elle. Elle découvrit, à cet instant, qu'elle ne désirait rien tant que de s'unir à lui. Comme une manière de s'assurer que les mariages qu'ils avaient déjà prévu avant leur révélation étaient bel et bien annulés. Comme une manière de se prouver qu'ils s'appartenaient bien, même s'ils avaient mis du temps à le découvrir.

- Moi aussi, je veux ça, admit-elle avec douceur.

Ayant atteint l'apogée du bonheur avec cette annonce, elle se pencha pour embrasser impulsivement sa joue, à défaut de pouvoir embrasser ses lèvres.

Puis elle termina de le guider jusqu'à chez elle. Une fois arrivés, Eve descendit du véhicule et souffla à Will de l'attendre, arguant qu'elle n'en aurait pas pour longtemps quoiqu'il en soit, et préférant qu'il continue de faire tourner le moteur. Villanelle n'était pas censée se trouver chez elles, mais si c'était le cas, Eve préférait avoir l'occasion de fuir le plus vite possible.

Mais pas de trace de sa fiancée lorsqu'elle pénétra dans l'appartement. Eve se hâta tout de même de rassembler ses affaires dans tous les sac à dos qu'elle trouvait, puis descendit quelques minutes plus tard avec ses trois sacs remplis de vêtements et du nécessaire, qu'elle déposa sur la banquette arrière dans son empressement.

- On peut y aller, déclara-t-elle joyeusement.

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feat. Eve

Il y a à peu près une heure, il n’avait même pas conscience de la force de ses sentiments pour Eve (qui lui paraissent à présent si évidents qu’il ne sait définitivement pas au nom de quoi il a pu passer à côté aussi longtemps – à croire qu’il avait été complètement aveuglé par sa relation pourtant vouée à l’échec avec Hannibal). Et voilà maintenant qu’il la demande en mariage. A l’évidence, il va trop vite en besogne, pourtant, il est convaincu de sa décision, et absolument certain de ne pas regretter d’avoir formulé une telle demande. Parce que c’est Eve.

Comment pourrait-il ne pas être totalement sûr de lui quand il s’agit d’Eve Polastri (Eve Graham, bientôt, il en est convaincu). Il n’a pas envie d’attendre, il a d’autant moins envie d’attendre qu’il a le sentiment de l’avoir fait toute sa vie, avant de se laisser finalement, une bonne fois pour toutes, séduire par la présence magnétique de sa collègue. Il se déteste d’avoir mis autant de temps à ouvrir les yeux, il n’en perdra pas davantage à vivre avec elle tout ce qu’il est terriblement important qu’ils vivent.

Le sourire de Will s’élargit à la réponse d’Eve. Au fond, il n’avait pas vraiment douté, mais il n’en est pas moins heureux d’entendre cette réponse de vive voix. Une fois de plus, ils se prouvent qu’ils veulent exactement la même chose, tous les deux : mais pourquoi en douter, en même temps ? Ce sont leurs si nombreuses similarités qui leur avaient permis de s’entendre, Will est dorénavant convaincu que ce sont ces mêmes similarités qui font d’eux des âmes sœurs. Savourant son bonheur, il les conduit jusque devant chez Eve. Une légère anxiété le traverse tandis qu’il l’attend dans la voiture : et si Villanelle était là ? Et si elle réussissait à convaincre Eve de rester avec elle ? Si un tel cas de figure devait se produire, Will sait précisément de quelle manière il réagirait. Et tandis que les secondes défilent dans cette voiture et qu’un silence seulement perturbé par le halètement des chiens envahit l’habitacle, le profiler songe aux mille manières dont il pourrait mettre fin aux jours d’Oksana Astankova si cette dernière devait le priver de la femme qu’il aime.

Mais finalement, Eve revient, un sac sur le dos, et l’air tout à fait déterminé. Son empressement à le rejoindre lui réchauffe le cœur, mais en même temps, pourquoi a-t-il seulement envisagé que les choses puissent être autrement.

« Pas tout de suite », fait Will avec un sourire malicieux, passant une main dans les cheveux d’Eve pour approcher son visage du sien et l’embrasser avec fougue. Alors, seulement, il daigne redémarrer le véhicule.

La voiture s’enfonce sur des routes de moins en moins praticables tandis que Will part en quête du meilleur spot où camper. A force de venir pêcher au bord de la rivière et de promener les chiens en forêt, il finit par connaître suffisamment les lieux. Il leur trouve un coin tranquille, et l’instant d’après, il s’applique à installer leur tente.

« Il est sans doute un peu tard, sans quoi je nous aurais pêché quelque chose pour le dîner. »

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feat. Will Graham

C'était désormais une certitude : Eve aurait pu consacrer l'entièreté de son temps libre à embrasser Will. Elle profita de son bref baiser, éprouva aussitôt une immense frustration lorsqu'il fut bien obligé de se séparer d'elle pour redémarrer la voiture. Elle se consola en passant la majeure partie du trajet à observer son profil. Elle le trouvait déjà séduisant auparavant. A présent, elle lui trouvait une beauté discrète mais véritable, à couper le souffle pour peu qu'on s'y attarde.

Elle lui faisait entièrement confiance pour trouver le meilleur endroit où installer le campement. Elle savait qu'il appréciait pécher, et se doutait qu'il emmenait régulièrement ses chiens en balade. C'était rassurant, au fond, de savoir qu'il maîtrisait si bien cet environnement qui, à elle, lui était si peu familier.

Séduite par la seule présence de Will, Eve passa quelques secondes à le contempler d'un air rêveur qui donnait à son regard une allure plus douce. Confirmant encore une fois qu'il maîtrisait véritablement la situation, il se mit à installer leur tente. Comme elle ne voulait pas risquer de l'encombrer si elle lui apportait son aide sans véritablement savoir ce qu'elle faisait, elle s'intéressa pour sa part à leurs affaires respectives, avant d'être distraite par la remarque de Will, qui l'amusa.

- Ne t'en fais pas. Tant que je suis avec toi, je peux survivre en me contentant de nourriture très mauvaise pour la santé et d'eau fraîche, répondit-elle avec un sourire malicieux.

Pour sa part, elle s'appliqua à libérer les chiens et à descendre du véhicule les affaires dont ils étaient susceptibles d'avoir besoin pour la nuit. Le soleil commençait déjà sa lente descente, ce qui donnait à l'endroit où ils se trouvaient une lumière plus douce, plus féérique tandis que les feuilles des arbres filtraient les rayons du soleil et projetaient des formes vert et orange sur le sol. C'était un spectacle d'une sérénité émouvante. Troublée, si heureuse que la sensation en devenait suffocante, Eve en eut les larmes aux yeux.

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feat. Eve

Vivre d’amour et d’eau fraîche, hein ? Leurs deux esprits, également pragmatiques, devraient vraiment trouver ce genre d’affirmations absurdes en même temps que dangereuses. Mais justement, leurs esprits pourtant si vifs, si intelligents en temps normal semblent avoir pris la tangente vers des contrées tout à fait inconnues, et voilà qu’ils espéraient maintenant survivre en pleine nature en se contentant très certainement de s’embrasser, s’enlacer et savourer leur amour naissant pour le restant de leurs jours…

Une part de Will était capable d’admettre qu’un tel comportement ne lui ressemble pas, que l’homme qu’il était il y a encore quelques heures de cela n’aurait rien trouvé de normal et de cohérent à cette situation, mais loin de s’en alarmer pour autant, Will considère plutôt que c’est un signe, le signe de combien leur relation est finalement profonde. En cet instant, Will arrive à se convaincre du fait qu’Eve le révèle à ce qui a toujours été sa véritable nature. S’il n’avait jamais adopté ce comportement auparavant, c’était uniquement parce que l’occasion ne lui en avait jamais été donnée, c’est tout… Bien sûr, raisonner ainsi, c’est balayer d’un geste la complexité de sa relation avec Hannibal et tous ceux par quoi il avait dû passer pour finalement se sentir lui-même en étant avec lui. Tout ça, ça lui paraît superficiel, tandis que cette situation, pourtant digne d’un mauvais feuilleton, lui paraît contradictoirement être ce qu’il a vécu de plus réel de toute sa vie.

Les chiens libérés, Will confie à Eve le loisir de s’en occuper tandis que lui-même met tout en place afin de leur profiter de ce moment totalement volé aux circonstances, et qui lui paraît, en cet instant, être le plus merveilleux qu’il vivra jamais (même si les suivants le seront forcément également puisqu’il sera en présence d’Eve pour les savourer). La nuit a commencé à tomber quand la tente est finalement installée, et que Will leur a préparé un feu de camp autour duquel s’installer et, tant qu’à faire, griller quelques chamallows (eh oui…).

Quand finalement, Will rejoint Eve, qu’il a l’impression d’avoir abandonnée trop longtemps quand bien même cela n’aura duré que quelques minutes, il constate qu’elle a les larmes aux yeux.

« Tout va bien ? » Lui demande-t-il avant de venir glisser une main sur sa joue. « Les larmes sont interdites ici, tu sais », la charrie-t-il avec douceur. « Tu n’as le droit que d’être heureuse. » Il vient serrer Eve contre lui aussi fort qu’il le peut avant d’embrasser passionnément ses lèvres. « Je t’aime, Eve. »

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feat. Will Graham

L'odeur et la chaleur du feu de camp étaient réconfortantes. La nuit qui s'installait progressivement commençait à répandre ses ombres qui pourraient être inquiétantes, mais qui en ces circonstances était tout simplement charmantes. Déjà, Eve s'impatientait et ne désirait rien tant que de s'asseoir auprès du feu et faire griller des sucreries. Mais l'émotion du moment était trop importante.

L'approche de Will la réconforta aussitôt. Elle se laissa aller contre lui, inspirant tout contre son haut pour s'imprégner de son odeur qui lui semblait déjà familière. Le baiser passionné dont il l'honora dissipa ses craintes, comme si elle venait d'être plongée dans un bain à la température parfaite et que chacun de ses muscles se détendait.

La séparation de leurs lèvres fut un véritable supplice. Elle releva vers lui un regard couvert d'émotion et de sentiments trop forts pour être contenus tout en lui adressant un sourire presque timide.

- Oui, tout va bien. Pardon... C'est ridicule mais je suis si heureuse... C'est étrange comme sensation.

Elle posa une main sur le torse de Will, juste au-dessus de son coeur. Les battements qu'elle sentit sous ses doigts eurent, eux aussi, le don de la réconforter.

- Moi aussi je t'aime, souffla-t-elle amoureusement.

Et en cet instant, elle eut envie de lui. Elle eut besoin de sentir sa peau nue contre la sienne, besoin de se nourrir de ses souffles et de le sentir en elle. Mais l'instant était également trop chargé de tendresse pour qu'elle s'abandonne à ses plus bas instincts. De plus, il s'était donné la peine de préparer un feu de camp pour eux... Sa luxure pouvait bien patienter.

Avec un sourire plus mutin, elle se sépara de lui, non sans avoir déposé un rapide baiser sur ses lèvres.

- Bon, on se les mange, ces chamallows ?

A peine avait-elle prononcé ces paroles qu'elle se dirigeait vers ses affaires et en extirpait le paquet acheté plus tôt. Elle le secoua comme s'il s'était agi du plus jouissif des trésors et prit place devant le feu, en tailleur, commençant à ouvrir le paquet.

- Si tu nous trouves de quoi les embrocher, tu seras définitivement le meilleur des hommes.

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feat. Eve

« Ce n’est pas ridicule du tout », la rassure doucement Will quand Eve s’excuse en justifiant les larmes versées par le bonheur pur qu’elle ressent, une sensation telle qu’il est difficile de savoir comment y réagir en fin de compte.

C’est une sensation étrange, en effet, et Will en sait quelque chose car il ressent précisément la même en cet instant. Il n’est pas certain d’avoir seulement su ce qu’était le bonheur avant de prendre conscience de ses sentiments et de s’aimer pleinement. Ça avait été si abrupt, si violent, si évident. Il est normal de ne pas savoir que faire de tant d’émotions. Elles se bousculent dans leurs pensées, leurs esprits, leurs cœurs… c’est plus fort que tout, et c’est plus fort qu’eux, à l’évidence…

Qu’elle le ressente si profondément et qu’elle le lui avoue si concrètement, sans détour, ça a le don de le bouleverser, mais pas autant que les mots qu’elle prononce alors, quand elle lui retourne ses sentiments. Ces mots sont précieux, ont une immense valeur pour lui. L’aimer comme il l’aime est une expérience agréable, émouvante, presque. Mais être aimé par celle qu’il aime à ce point, c’est au-delà de tout. Il n’y a pas de manière de le dire ou de l’exprimer. C’est si simple, c’est si évident, presque autant que ce qu’il lit dans son regard, ce désir puissant, partagé, qu’ils ne peuvent se dissimuler l’un à l’autre. Perdu dans ses yeux, il a oublié un instant où il se trouvait, ce qu’ils faisaient, et tout le reste… il revient à lui quand elle dépose furtivement ses lèvres sur les siennes avant de suggérer qu’il est temps de les manger, ces chamallows.

Il la suit du regard tandis qu’elle vient s’emparer du paquet de précieux chamallows avant de suggérer qu’il leur trouve de quoi les embrocher.

« Je suis déjà le meilleur des hommes », répond-il avant de glisser un baiser sur sa joue.

Il n’a besoin de s’éclipser que quelques instants avant de dénicher de longues branches pour embrocher les fameuses sucreries. Il affiche un grand sourire avant de s’installer à côté d’Eve, l’invitant à se blottir contre lui.

Un instant, il ne dit rien, il se contente de profiter de ce tableau qui lui semble idyllique. La chaleur d’Eve tout contre lui, les chiens, tranquillement affairés, et l’odeur du bois brûlé et des chamallows fondus… Pourquoi n’avait-il pas réalisé plus tôt que c’était exactement ce dont il avait besoin ? Mais les choses tardent parfois à arriver parce qu’elles doivent seulement arriver au bon moment.

« Dis-moi de quoi tu as envie, là, tout de suite. Peu importe ce que tu voudras, je te promets que je te l’offrirai », fait-il entre deux chamallows.

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feat. Will Graham

Eve, en cet instant, n'avait d'yeux que pour Will. Elle le suivit du regard pendant qu'il cherchait des branches, et eut un sourire rayonnant lorsqu'il en trouva avant de revenir vers elle. Elle se blottit contre lui, savourant sa chaleur et le tissu de ses vêtements sous ses doigts. Son regard fut irrésistiblement attiré par le feu. Il était si simple de se perdre dans la contemplation des flammes...

- Oui, tu es déjà le meilleur des hommes, souffla-t-elle après quelques instants de silence.

Encore une fois, une émotion qu'elle ne comprenait pas s'empara d'elle. C'était à peine si elle se reconnaissait. Un sentiment qui, en vérité, aurait dû l'alarmer. Mais à peine cette pensée s'était-elle formulée dans son esprit qu'elle fut évincée par la brutale certitude qu'elle était à sa place, là, dans les bois en compagnie de Will. Dès qu'elle posait les yeux sur lui, cette certitude prenait de l'ampleur.

Fort heureusement, son attention fut distraite par les sucreries qu'ils pouvaient désormais déguster. Tout en les faisant fondre en les maintenant au-dessus des flammes grâce aux branches, elle s'amusa quelques fois à enflammer le bout de ces mêmes branches, envoûtée par des élans pyromanes qu'elle arrivait cependant à maîtriser avant que les flammes ne s'en prennent aux friandises.

Elle aurait aisément pu se contenter de vivre cet instant durant des heures. Juste elle, Will, ses chiens, auprès du feu, à déguster des chamallows grillés... C'était idéal. C'étaient du moins des pensées qui traversaient son esprit pendant qu'elle savourait le goût du sucre et du feu de bois. Le silence confortable qui s'était installé entre eux, en plus de la chaleur des flammes commençaient à la bercer doucement, mais la question de Will la ramena à la réalité.

C'était une question qui méritait qu'elle s'y attarde. Une ébauche de sourire apparut au coin droit de ses lèvres pendant qu'elle réfléchissait à la question. C'était une promesse importante que celle qu'il venait de lui faire, après tout.

- Tout ce que je veux, ici et maintenant, c'est toi... De toutes les manières possibles et imaginables.

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feat. Eve

Will affiche un sourire simple, un rien satisfait, quand Eve lui confirme qu’il est déjà le meilleur des hommes. En cet instant, il se moquerait bien d’être considéré ainsi par qui que ce soit, mais par Eve… cela représente absolument tout pour elle. Il veut qu’elle le porte aux nues comme il la porte aux nues, et dans le même temps, il veut tout lui offrir. S’il peut en être capable – et en cet instant il s’en croit capable parce qu’il s’imagine pouvoir tout faire, réussir et obtenir avec elle à ses côtés –, il mettra le monde à ses pieds. Elle ne mérite rien de moins, après tout. Elle brille au firmament de son univers, et se sentir compter pour quelqu’un d’aussi exceptionnel qu’elle est une sensation au-delà de grisante… C’est même proche d’indescriptible en réalité. Il voudrait que ce moment dure pour toujours sans avoir conscience de combien il voudra s’efforcer de l’oublier dès l’instant où il se retrouvera dans son état naturel.

Il n’y a rien, pense-t-il en cet instant, qui serait capable de lui plaire et de le contenter davantage. Pourquoi devait-on donc se satisfaire de choses si complexes quand le bonheur ne résidait finalement que dans un agréable feu de camp, une compagnie aimante… Cette situation réussit encore à convaincre son esprit définitivement altéré par les circonstances qu’Eve est faite pour elle, en tout ce qu’elle a différent d’Hannibal. Jamais, ô grand jamais, ce dernier n’aurait accepté de sacrifier son sacrosaint confort au profit d’une nuit sous la tente, tout comme son palais délicat aurait certainement été scandalisé par le sucre qu’il laisse à présent fondre sous sa langue… Oh, comme il a pu être idiot. Et comme il se sent l’être le plus brillant en cet instant. Avec Eve à ses côtés, il a l’impression d’avoir saisi le sens le plus profond de l’existence. Bien sûr, c’est une pensée idiote, une parmi des dizaines qui le traversent à la seconde en cet instant.

Comme celles qui l’animent et lui réchauffent le cœur et le corps quand Eve ajoute que tout ce qu’elle veut, ici et maintenant, c’est lui. Lui aussi, en cet instant, est convaincu de ne rien désirer de différent, comme si rien au monde n’avait jamais compté plus que cela à ses yeux.

« C’est tout ce que je veux moi aussi », souffle-t-il contre ses lèvres avant de les embrasser plus avidement, moins sagement qu’il ne l’avait fait jusqu’alors. De toutes les manières possibles et imaginables, Will veut Eve, il ne peut que la désire autant spirituellement que charnellement. En cet instant, il est convaincu qu’elle saura le compléter de toutes les manières possibles.

Ses gestes se font plus empressés tandis que ses lèvres partent à l’exploration des siennes, alors que ses doigts se fraient un chemin sous le tissu de ses vêtements. Durant un tant plus rien n’existe, jusqu’à ce que… un jappement suraigu, au loin, l’interrompt dans ses gestes et l’arrête directement… Will jette un regard soucieux autour de lui.

« Winston n’est plus là… »

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feat. Will Graham

Comme c'était simple, de se laisser aller à la foule de sensations qui l'animaient, à la quantité astronomique de pensées amoureuses qui traversaient son esprit. Eve n'était pourtant pas une femme qui se laissait aller à la contemplation, encore moins en amour. Elle agissait ou elle répondait, mais jamais, ordinairement, n'était-elle passive. Et pourtant... En cet instant, elle ne pouvait faire autrement que de constater à quel point le visage de Will était mis en valeur par les ombres mouvantes nées des flammes. Ainsi uniquement éclairé par le feu de camp, les lèvres brillantes de sucre, il lui parut plus beau que jamais.

Et Eve se laissa aller tout contre lui, son corps partant en quête du moindre contact avec le sien, tandis qu'il l'embrassait. Ce baiser-là avait une saveur différente, elle le ressentait bien, et le lui rendait avec un plaisir sincère. Elle désirait tout autant l'esprit brillant de Will que son corps, et quelle meilleure expression de leurs sentiments que de consumer leur désir de la plus charnelle des manières ?

Chaque caresse, chaque contact de ses doigts contre sa peau, sous ses vêtements, était tout autant un supplice qu'un délice. Eve se laissait aller à ses envies de moins en moins sages, donnait plus de fougue et de passion à son baiser... Jusqu'à ce qu'ils soient interrompus.

Alertée par ce son, elle releva vivement la tête, et écarquilla les yeux lorsque Will l'informa que l'un de ses chiens était absent.

- Oh merde.

Soucieuse, et parce qu'elle savait à quel point Will tenait à ses chiens, elle se releva aussitôt et fouilla dans l'un de ses sacs pour en sortir deux lampes torches, dont l'une qu'elle tendit à Will. Les hypothèses étaient nombreuses, allant d'une simple envie d'exploration chez Winston à une altercation avec un animal sauvage ou, pire, une intervention humaine.

Elle était néanmoins décidée à partir à sa recherche. Pleine de bonne volonté, elle se tourna vers Will.

- Tu as repéré d'où ça venait ?

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feat. Eve

Will, en cet instant, ne saurait être accaparé par quoi que ce soit qui ne soit pas Eve. Elle monopolise la moindre de ses pensées, elle est au cœur de la moindre de ses préoccupations. Tout ce qui importe pour lui, en cet instant, c’est de la rendre heureuse, de la sentir s’abandonner sous ses caresses. Il veut que leurs cœurs battent à l’unisson, il veut tout savourer d’elle, ses lèvres, sa peau, son corps tout entier. Il la désire complètement, pour tout ce qu’elle représente à ses yeux. Quand les mots, dont il a toujours été si avare, ne suffisent pas, ils songent que les gestes pourront et sauront faire le reste du travail. Et ses gestes ne sont ni plus ni moins qu’une invitation, une invitation à l’aimer plus que tout, à l’aimer plus qu’il n’a jamais aimé qui que ce soit.

Il n’a eu que l’illusion d’aimer avant de la rencontrer, il ne savait pas vraiment ce que c’était, et il veut le lui prouver. Chacune de ses caresses, tandis que ses doigts glissent sous ses vêtements, sont autant la manifestation de son impatience que du désir brûlant qui l’habite à sa seule pensée. Elle le rend complètement fou. Fou d’elle. Et il ne peut tout simplement pas s’en cacher. Il n’en est définitivement pas capable.

Malheureusement, leur bulle de bonheur se retrouve transpercée beaucoup trop douloureusement par ce bruit qu’ils entendent tous deux au loin. A contrecoeur, Will se redresse. Il est partagé. Quand il regarde Eve, il ne songe qu’au fait qu’il est incapable de se passer de sa présence ne serait-ce que quelques minutes, et qu’après tout, Winston peut bien attendre – ce n’est pas comme s’il n’était pas dans ses habitudes de s’échapper à longueur de temps dans tous les cas. Oui, il peut se débrouiller, du moins il l’espère, mais quand bien même il est complètement perturbé en cet instant par les sentiments que lui inspire Eve, il garde le semblant de bon sens nécessaire qui le pousse à l’inquiétude.

« Je crois que c’était par là-bas », fait-il en fixant un point lointain. « Je vais aller voir », fait-il avec une moue déçue. « Je reviens vite. Tu surveilles le feu en attendant ? » fait-il en se penchant vers elle pour déposer un baiser au creux de son cou. « Je fais vite. » Avant d’ajouter la chose la plus mièvre qu’il ait jamais dite – et qu’il dira jamais – de toute son existence. « Tu vas me manquer. »

Et le pire, c’est que sur le moment, il le pense bel et bien. Sur ces mots, il décide de partir à la recherche de son chien, en espérant qu’il ne soit pas parti trop loin.

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feat. Will Graham

C'était une preuve plus complexe qu'elle ne l'avait pensé, cette nécessité de laisser partir Will. Eve, qui n'avait jamais été douée pour rester neutre quoiqu'il en soit, sentit chacun de ses sens s'affoler à l'idée qu'ils soient séparés. Pas maintenant. Pas alors qu'ils venaient à peine de se trouver, pas alors qu'ils savouraient, à leur manière, ces sentiments vertigineux qui avaient pris possession de leur corps et - surtout - de leur esprit. Mais elle savait combien les chiens de Will lui tenaient à coeur. Et elle savait, également, que c'était là un mystère qu'il fallait résoudre... Et ce en dépit de l'angoisse profonde dans laquelle la plongeait le simple fait d'être séparée de lui durant quelques minutes.

Elle voulut l'accompagner. Elle retint même son bras dans l'espoir de le convaincre de l'attendre, ou mieux encore, de le convaincre de rester avec elle. Mais elle le relâcha, vaincue par l'évidence : il fallait bien quelqu'un pour surveiller le feu, et garder leurs affaires... Ainsi que veiller sur les autres chiens.

- Je t'attends.

Elle s'efforça de faire preuve de bravoure et lui adressa un mince sourire, qui s'élargit quand elle le sentit déposer un baiser au creux de son cou. Tant qu'elle obtenait la promesse silencieuse d'obtenir davantage de ces baisers, elle était prête à accepter quelques instants d'agonie en l'absence de son bien-aimé.

Et là où les paroles de Will l'auraient habituellement fait lever les yeux au ciel ou l'auraient fait rire aux éclats, elle esquissa au contraire un sourire attendri.

- Tu vas me manquer aussi. Fais attention. Et pense bien à prendre ton portable, on ne sait jamais.

Elle le regarda s'éloigner en soupirant, avant de focaliser son attention sur le feu. Elle remua vaguement la base du bout d'une branche, regardant le spectacle des étincelles, qui fut distrayant pendant quelques secondes. Mais très vite, elle fut tourmentée par le manque. Ce qui aurait pu être un moment idéal pour reprendre ses esprits ne fit au contraire qu'accentuer son mal-être. Elle détacha son regard du feu et observa frénétiquement autour d'elle, en quête du moindre signe qui puisse indiquer le retour de Will, ou sa progression. Et s'il en avait profité pour partir ? Et s'il était parti rejoindre quelqu'un d'autre ? Et s'il lui était arrivé quelque chose ?

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feat. Eve

Will adresse un sourire attendri à Eve tandis qu’il ressent que cette dernière lutte contre le besoin de le retenir, un besoin qu’il ne comprend que trop bien car lui-même ne demande qu’à rester auprès d’elle, et ce peu importe les circonstances. C’est étrangement rassurant que de l’entendre lui affirmer qu’elle l’attend, et qu’elle ne va nulle part. Il sent qu’elle n’est pas rassurer, il ne l’est pas non plus, mais il espère tout de même réussir à l’apaiser d’un baiser posé au creux de son cou. Ce qui est pire que tout, c’est que quand il affirme qu’Eve va lui manquer, il n’y a nulle ironie dans son propos, Will le pense bel et bien.

Oui, ça n’a que peu de sens, pour ne pas dire que ça n’en a aucun, et pourtant, sur le moment, ça lui semble logique et évident : ce genre de mièvreries, qu’il s’épargnerait clairement en temps normal, lui viennent naturellement et presque instinctivement, comme une nécessité. Il a besoin de le lui dire et qu’elle l’entende, comme une nécessité constante de lui rappeler la puissance et l’intensité de ses sentiments – des sentiments que rien au monde ne serait susceptible d’altérer, certainement pas (oui, il est vraiment à côté de la plaque). Entendre Eve le rassurer et lui confirmer qu’il lui manquera en retour lui fait du bien. Il tire son portable de sa poche pour lui confirmer qu’il a bel et bien l’intention de l’appeler si quoi que ce soit devait lui arriver. Il est même tenté de lui envoyer un message complètement inutile et plus niais encore pour garder contact même à quelques mètres et minutes de distance.

Alors qu’il s’éloigne du feu de camp dans l’espoir de retrouver Winston, il ne peut s’empêcher de jeter des regards en arrière, comme s’il s’attendait à tout moment à ce qu’elle disparaisse à son regard, comme s’il ne pouvait pas vraiment croire qu’Eve soit avec lui et qu’il redoutait qu’à tout moment, elle disparaisse. Un instant, il se demande si tout ceci en vaut vraiment la peine. Pourquoi courir après son chien alors qu’il peut rester avec Eve (oui, il va vraiment pas bien, c’est définitif) ? Mais il pense qu’il ne tardera pas à le retrouver malgré tout. Seul avec lui-même, il devrait sans doute reprendre ses esprits, mais tout ce à quoi il pense, c’est à retrouver Eve, convaincu de perdre un temps précieux qu’il pourrait plutôt passer dans ses bras. Quand il retrouve finalement Winston il l’accueille sans enthousiasme et avec ce qui s’apparenterait presque à de la rancœur, comme s’il lui reprochait d’avoir gâché son parfait rendez-vous.

Quand il retrouve finalement Eve, il s’excuse plusieurs dizaines de fois (beaucoup trop) d’avoir été si lent à lui revenir. Il se précipite littéralement sur elle pour s’emparer de ses lèvres avant de suggérer, dans un souffle et d’un ton éloquent.

« Et si on allait se coucher, maintenant ? »

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feat. Will Graham

Elle avait beau tenter de rester calme, d'accueillir la situation posément et de faire confiance à Will pour lui revenir, entier et vivant, elle n'y arrivait pas. Pas totalement. L'angoisse la saisissait, plus importante que tout. Quelque chose, en elle, tenait à ce qu'elle retrouve celui qu'elle aimait aussi éperdument. Au plus vite. Comme si une séparation, même de quelques mètres, pouvait lui être fatale. Elle ne l'était peut-être pas, d'ailleurs, mais elle était en tout cas douloureuse. Extrêmement douloureuse, même.

Elle se faisait déjà des dizaines de films. Elle fixait le feu pour s'empêcher de fixer l'obscurité, à cet endroit précis où il s'était éloigné et avait fini par se fondre dans les ténèbres. Elle devinait sa présence, à quelques mètres. Elle entendait des bruits de pas, des craquements de branche et le bruissement des feuilles... Mais elle n'était pas rassurée. Confrontée à sa solitude et à toutes ces émotions qu'elle ne pouvait contrôler, puisque l'objet même de ces émotions n'était pas présent pour qu'elle puisse s'assurer de son état, Eve commençait à paniquer.

Fort heureusement, la séparation ne dura pas. Qui sait ce qu'elle aurait été capable de faire autrement. Abandonner le campement, hurler son nom jusqu'à s'en arracher les cordes vocales... Possiblement. Rien n'était impossible, avec une Eve dont l'esprit était gangréné par une substance qui avait eu l'extraordinaire capacité de lui faire oublier celle qui d'ordinaire, occupait chacune de ses pensées. Villanelle, bien sûr. Villanelle, dont elle avait même oublié le nom, en cet instant.

Le retour de Will l'extirpa de chacune de ses pensées sombres et paniquées. Elle lui rendit son baiser avec fougue, ses mains partant immédiatement en quête de sa peau, sous son haut. Sa suggestion tombait à pic.

- Oui, allons-nous coucher.

Elle se releva sans accepter, pas même pour un seul instant, de se séparer de lui de plus que quelques centimètres. Elle pressa sur son torse jusqu'à le faire reculer, avant de lui dérober un autre baiser, tout aussi passionné que le précédent. Ce fut finalement à regret qu'elle se détacha de lui, simplement pour ôter tout le superflu : chaussures, pantalon, haut. Et lorsqu'enfin ils se couchèrent, elle ne perdit pas un seul instant avant de se hisser au-dessus de lui et de se pencher pour l'embrasser, encore et encore, laissant librement ses boucles sombres les préserver du monde extérieur en couvrant leur champ de vision.