Comme bien souvent, Anna avait quitté le refuge, où elle avait rendu visite à sa soeur, bien tard. Beaucoup trop tard. La nuit était déjà tombée depuis un long moment, maintenant. Le temps avait été plutôt agréable. Enfin, jusqu'à présent. Brutalement, le vent était monté. Anna, qui n'avait rien d'autre qu'une veste pour se protéger, commençait à frissonner. Sans hésitation, la jeune femme avait donc décidé d'accélérer un peu le pas. Il était préférable de rentrer au plus vite. Mais cela ne suffisait pas. En effet, en quelques secondes à peine, le ciel s'était couvert d'épais nuages et la pluie s'était mise à tomber. Au départ, Anna s'était contentée de soupirer. Elle n'avait pas le choix, elle allait faire avec, mais rentrer trempée, ce n'était pas ce dont elle avait rêvé pour la soirée. Mais, pire encore, la première goutte de pluie qui avait touché sa peau l'avait fait hurler. C'était quoi, cette plaisanterie ? La pluie brûlait ! Ce n'était ni une impression, ni une hallucination. C'était réel. La deuxième goutte le lui avait confirmé presque aussitôt.

La jeune femme tentait tant bien que mal de se protéger de cette maudite pluie, mais c'était mission impossible. La pluie se glissait à travers les couches de vêtements pour finir leur course sur sa peau. Heureusement pour elle, assez rapidement, elle avait aperçu une sorte de vieille cabane de bois. Ce n'était pas l'endroit idéal pour s'abriter, mais cela ferait l'affaire. Anna n'allait pas faire la difficile, ce n'était pas le moment. Sans même penser à fermer la porte, la jeune femme s'était avancée à l'intérieur pour observer l'état de ses mains et de ses bras, brûlés par ce qui tombait à l'extérieur. Que se passait-il ? D'où venait cette pluie ? Comment pouvait-elle brûler ? Si Anna n'avait aucune réponse à ses trop nombreuses questions, elle espérait, au moins, que la situation ne durerait pas des heures et qu'elle pourrait vite rentrer chez elle pour se soigner et se mettre à l'abri.

Abritée dans une sorte de cabane, Anna tentait de penser à autre chose pour calmer les brûlures. Heureusement, elle s'était rapidement mise à l'abri et elle n'était que peu touchée, mais qu'était-ce que cette pluie qui brûlait lorsqu'elle entrait en contact avec la peau ? Alors qu'elle pensait se trouver seule dans cette nouvelle aventure envoyée par la ville, un homme entra dans la cabane à son tour - faisant sursauter la jeune femme au passage, parce qu'elle ne s'y attendait pas. A peine entré, et après l'avoir saluée, il s'était inquiété des brûlures d'Anna. Si, ça faisait mal, néanmoins, s'en plaindre ne changerait rien. Alors, Anna, qui se voulait rassurante, lui avait souri, dans un premier temps, avant de souffler, en observant les brûlures de l'homme, également touché. « ça va, je crois. Merci. » Ses mains, ses bras et son visage étaient les plus touchés, mais elle supportait la douleur, pour le moment, parce qu'elle était en alerte et qu'elle savait qu'il y avait plus urgent à gérer. « Et vous ? » Après tout, elle n'était pas la seule. S'il s'était inquiété pour elle, elle pouvait bien s'inquiéter pour lui.

Leurs brûlures actuelles devenaient bien vite un sujet secondaire. En effet, ils s'étaient abrités de la pluie, ce qui était une bonne chose évidemment, mais cette cabane prenait l'eau de toute part. Ils finiraient par être autant touchés ici qu'à l'extérieur s'ils ne faisaient rien. Tout comme lui, Anna s'activait. Il n'y avait pas grand-chose dans cette vieille cabane, ce qui rendait la tâche plus difficile, encore, mais il y avait forcément quelque chose qui pourrait les aider, au moins un minimum. Dans une sorte de vieux meuble, elle avait découvert une vieille caisse à outils, qui n'avait certainement pas servi depuis une éternité ou deux. Sans perdre de temps, elle l'avait ouverte pour y découvrir de vieux outils en sale état, mais c'était toujours mieux que rien. « Il y a des clous, on peut peut-être tenter de casser la table ou la chaise et s'en servir pour reboucher les trous les plus importants, déjà ? » Peut-être que ce n'était pas une bonne idée, peut-être que ça n'avait aucune chance de fonctionner, mais Anna proposait ce qui lui passait par la tête, n'étant pas habituée à devoir affronter ce genre d'événements régulièrement - et heureusement.

« Tout va bien, je vous l'assure. » Souffla Anna, en souriant, alors que l'homme insistait, en lui disant que si ses brûlures devaient devenir trop douloureuses, elle devait le dire. « Je vous remercie. » Il était rare de tomber sur quelqu'un d'aussi gentil et prévenant. Généralement, les gens s'inquiétaient pour leur petite personne, et c'était tout. Alors, à son tour, Anna s'inquiétait de la santé de son compagnon d'aventure. Peut-être était-il plus sévèrement touché, lui ? Il semblerait que non, ou plutôt qu'il se sentait capable de supporter ses blessures puisqu'il lui assura, à son tour, qu'il allait bien.

Maintenant qu'ils s'étaient inquiétés de la santé de l'un et de l'autre, il fallait se préoccuper d'un problème plus important s'ils ne voulaient pas brûler davantage : les fissures et les trous dans les murs. Anna proposa alors de les reboucher à l'aide des meubles qui se trouvaient dans la cabane. Il leur fallait bien une solution, après tout et une chaise se cassait plutôt facilement. L'homme semblait approuver son idée, tant mieux. Anna fouillait davantage la caisse, à la recherche d'autres choses que les quelques clous qu'elle avait trouvés. « Un marteau, des tournevis, des pinces et un tas de choses dont j'ignore le nom... Une scie aurait été bien pratique, dommage. » Souffla-t-elle en les déposant un à un par terre. « J'ai peur que l'on casse le marteau plus qu'autre chose. » Ajouta-t-elle, en souriant, amusée - il fallait bien essayer de détendre l'atmosphère non ? « On peut essayer de détruire la chaise en la claquant suffisamment fort sur le sol ? » Plutôt que de risquer d'abîmer leur seul et unique marteau - priant que cela suffise, Anna n'avait jamais tenté de détruire une chaise d'une quelconque façon.

« Enchantée. Je m'appelle Anna d'Arendelle. » Se présenta-t-elle, en se relevant, tout sourire et en lui tendant la main. Puis, sans perdre davantage de temps, elle avait attrapé la chaise. « Je vous laisse l'honneur de la détruire ou je m'en occupe ? » Demanda-t-elle, ne souhaitant pas perdre davantage de temps en remarquant à quel point l'eau s’infiltrait rapidement dans leur seul abri.

Ils avaient l'air aussi doués l'un que l'autre pour ce qui était du bricolage. Heureusement, on ne leur demandait pas de réparer quelque chose ou de faire quelque chose de particulièrement difficile. D'ailleurs, on ne leur demandait même rien du tout. Ils s'étaient donnés cette mission tout seul, par nécessité. Il fallait protéger cette cabane, leur seul abri contre la pluie acide pour le moment. Avant de briser le seul marteau qu'ils avaient à leur disposition, Anna proposait d'opter pour une autre technique pour briser la chaise. Simple et efficace, normalement. Il suffisait d'y mettre suffisamment de force et de frapper au bon endroit. Enfin, elle le supposait du moins. Il était plutôt évident qu'elle ne s'amusait pas à détruire des chaises tous les jours.

« Faites attention à vous. » Souffla Anna en soulevant la chaise. Elle se connaissait et elle connaissait particulièrement bien la maladresse dont elle pouvait faire preuve - et si elle pouvait éviter de blesser son compagnon d'aventure, ce serait bien. De toutes ses forces, Anna avait frappé le dos de la chaise contre le sol, en essayant, néanmoins, de ne pas récupérer que des miettes. Le dossier s'était brisé en deux. Une partie gisait sur le sol tandis qu'une autre était toujours solidement attaché à la chaise. « C'est... Mieux que rien, je suppose ? » Dit-elle en ramassant le morceau. « A votre tour d'essayer. » Peut-être aurait-il un résultat plus concluant ? Et si ce n'était pas le cas, Anna recommencerait en y mettant davantage de force - il suffisait d'oublier sa peur de briser la chaise en minuscules morceaux inutilisables pour ça parce qu'elle était persuadée d'avoir bien plus de force que ça. « Et la table ? » Demanda-t-elle en la désignant puisqu'elle l'avait vu l'observer un instant plus tôt. Peut-être pourront-ils en tirer quelque chose d'intéressant également ? Entre la chaise et la table, ils trouveraient bien de quoi reboucher ces trous avant que la pluie ne détruise leur abri de fortune, mais il fallait se presser, à l'extérieur, la pluie semblait tomber de plus en plus à chaque instant.

La chaise était en partie détruite. Désormais, Anna proposait à William de tenter sa chance. A deux, ils parviendraient bien à un résultat satisfaisant, non ? A son tour, donc, la jeune femme s'était éloignée tant que possible pour se protéger des éventuels éclats qu'il ferait en détruisant cette chaise. Il serait stupide de se blesser aussi bêtement quand l'extérieur et la pluie essayaient déjà de s'occuper de vous.

William avait réussi à détacher les pieds du reste de la chaise, ce qui était déjà une bonne chose. Anna s'interrogeait désormais sur la table puisqu'elle l'avait vu l'observer un instant plus tôt. Il lui expliqua donc la situation et elle hocha la tête. Sans hésitation, et pour ne pas perdre de temps, la jeune femme s'était donc approchée pour soulever un côté de la table et aider son compagnon d'infortune à la retourner. Désormais, ils pouvaient voir de quoi la table était faite et déterminer la meilleure façon possible de récupérer son bois. Il faudrait forcément se servir du marteau. Il était donc préférable d'utiliser ce dernier pour clouer le bois qu'ils avaient déjà dans un premier temps. « Très bien, allons-y. » Souffla-t-elle alors en abandonnant la table retournée pour se concentrer sur la première étape : reboucher des trous avec les morceaux de la chaise. Anna s'armait donc du marteau, de quelques clous et d'un morceau de bois pour commencer à s'occuper de ceux qui étaient à sa portée. S'approcher de ces ouvertures n'avait rien d'agréable puisque la pluie vous attaquait directement, mais il n'y avait pas d'autres solutions. « Tenez-moi ça, s'il vous plaît. » Demanda-t-elle à William pour qu'il maintienne la planche en place, le temps qu'elle frappe sur le clou - et sur ses doigts. « Oh, non ! Je suis désolée, pardon ! » Ce n'était vraiment pas le moment idéal pour que sa maladresse le blesse. « Vous avez mal ? » Sans doute, mais à quel point ? C'était ça, sa vraie question parce qu'elle avait besoin de lui et de ses mains pour espérer pouvoir reboucher les ouvertures les plus hautes.

Anna ne voulait pas perdre de temps. Elle voulait se montrer active, utile et efficace. La pluie acide commençait à s'infiltrer dangereusement par les trous présents dans les murs de cette cabane. Pour ne pas finir brûlés, ils devaient les reboucher au plus vite, William avait raison. Pour ce faire, Anna avait attrapé les morceaux de bois, des clous et le marteau. A l'aide de William, elle rebouchait donc les plus gros trous, malgré la pluie qui lui attaquait les mains.

Après un énième coup de marteau, sa maladresse avait parlé pour elle. Elle avait mis un mauvais coup sur la main de son compagnon d'infortune. La jeune femme se confondit en excuses. Ce n'était vraiment pas le moment pour le blesser, elle avait besoin de lui - et fonctionnel, de préférence. Heureusement pour elle, il ne lui en voulait pas. Au contraire, même, il lui trouvait des excuses. « Certainement oui, et je suis tellement maladroite... J'ai voulu aller trop vite, j'aurais dû me montrer plus prudente... » Comme à chaque fois qu'elle était gênée ou qu'elle avait peur, Anna parlait trop. Il continuait alors de la rassurer en lui assurant que tout allait bien et qu'il fallait continuer de se mettre à l'abri. « Vous avez raison, oui. Faites attention à vos doigts. » Lui dit-elle alors qu'elle se décalait pour attaquer une autre ouverture, sans perdre plus de temps, mais en le mettant tout de même en garde.

« Je vais à l'université. » Répondit-elle à sa question tout en se concentrant un maximum pour éviter de lui détruire tous les doigts. « Je suis étudiante. En histoire. » Précisa-t-elle, pour faire la conversation et oublier la douleur des quelques gouttes de pluie qui lui touchaient les mains. « Et vous ? Vous avez une activité en dehors de vous protéger de la pluie acide ? » Demanda-t-elle à son tour, curieuse, tout en reprenant ses mots.