The quiet of the stream.L'amertume de Will n'échappa pas à Abigail, mais elle lui déplut. Du haut de sa vingtaine d'années, elle estimait qu'il avait perdu le droit de faire preuve d'une telle amertume en sa présence après qu'il se soit définitivement attaché à Hannibal. Malgré sa mort. Malgré tout le reste.
- Et alors ? répliqua-t-elle en arquant un sourcil.
Elle se tourna totalement vers lui tout en cherchant à croiser son regard. Son propre regard était dur, pourtant elle esquissait un sourire en coin et continua d'une voix doucereuse :
- Les raisons d'Hannibal rendent la chose plus simple à accepter, Will ?
Une question rhétorique, bien sûr. Mais la situation de Will et la sienne étaient différentes. Abigail avait dû apprendre à s'accommoder des pratiques de son père dans le but de survivre. Will, lui, s'était laissé entraîner vers le mode de vie d'Hannibal. Il l'avait accepté. Elle n'avait pas réellement eu d'autre choix que d'accepter. C'était ce qui faisait leur principale différence.
La dernière phrase de Will eut le don d'adoucir Abigail. Elle détendit sa posture, cessa de le dévisager d'un regard belliqueux. Elle comprenait ce qu'il voulait dire. Elle comprenait qu'ils avaient en commun cette cruauté qui consistait à se réjouir des prochaines victimes de son père. Elle ne pouvait pas en vouloir à Will de vouloir s'assurer de sa sûreté. Il était même le seul qui tienne autant à son bien-être, ce qui était une pensée aussi douloureuse que réconfortante.
Cette fois-ci, elle reprit la parole d'une voix plus sincère :
- Il ne le fera pas. Il a... Nous avons... Trouvé une autre fille.
Elle ne développa pas. Ce n'était pas nécessaire. Cette fille servirait d'exutoire à son père. Son ire et sa soif de sang et de possession seraient comblées. Et elle, elle serait presque en paix, pour quelques temps. Du moins, c'était ce qu'elle imaginait à cet instant, sans savoir que les prochains projets de son père seraient contrariés. Et qu'elle-même interviendrait pour se débarrasser de sa présence de façon plus que radicale. :copyright: 2981 12289 0
La réponse d’Abigail ne manque pas de cynisme, un cynisme dont elle a su s’armer plus encore qu’autrefois, encore qu’elle n’en manquait pas forcément à l’époque, déjà, une excellente parade, et qui a le mérite de parvenir à heurter Will plus facilement qu’il ne le voudrait. Les remarques de nombre d’autres le laisseraient sans doute indifférent, jamais celles d’Abigail, parce qu’il garde envers elle cette volonté impossible, celle d’être accepté complètement par elle, y compris dans sa part la plus horrifique, qu’il sache l’aimait inconditionnellement, comme un enfant sait aimer un parent, comme lui-même l’aime comme un père aime sa fille. Encore qu’aucun amour paternel ne se ressemblent, et que certains soient absolument redoutable, comme l’est celui que Garret Jacob Hobbs ressent à l’adresse d’Abigail.
« Pas vraiment », répond néanmoins Will, en songeant qu’il devrait peut-être, pourtant, ne pas répondre à sa question alors qu’elle lui demande si les raisons d’Hannibal rendent la chose plus simple à accepter. « Je crois que c’est pire, en réalité », observe-t-il simplement.
Les méthodes de Hobbs et d’Hannibal se valent en horreur, mais Will aura peut-être plus de respect envers l’intention dissimulée derrière les actions de Hobbs qu’envers le détachement violent dont Hannibal sait faire preuve à l’égard de ses victimes, auxquelles il ne sait accorder ne serait-ce qu’un semblant de respect. Pourtant, c’est Hannibal qu’il aime et qu’il soutient malgré lui. Tout en considérant ne pas être comme lui. Pas plus qu’il n’est comme Hobbs. Il est un tueur à part entière, qui suit sa propre nature… unique… et en même temps si semblable à ceux dont il veut se distinguer. Il ne développe pas, ça ne sert à rien. Il ne cherche pas à se justifier de quoi que ce soit, dans tous les cas. Avoir conscience de ce qu’il est ne le rend pas soudainement plus moral. Avoir conscience de sa propre monstruosité ne rend pas cette monstruosité plus acceptable pour autant.
Il hoche la tête, doucement, quand Abigail lui apprend qu’ils ont une autre fille, et que donc, pour un temps au moins, Hobbs ne s’en prendra pas à sa fille. Faut-il s’en réjouir ? Sans doute pas. Pour Will, cela ne fait que reculer l’inévitable échéance. Tôt ou tard, Abigail paiera le prix fort, du moins s’ils ne font rien…
« Et qu’est-ce que tu ressens… à ce sujet ? »
De la peur, de la résignation, de la colère, du dépit… de l’exaltation ? Aucune de ces réponses ne semble inenvisageable à Will, peut-être même est-ce le mélange de toutes ces émotions à la fois. Peut-être, aussi, Abigail ne voudra-t-elle pas répondre. Ce qu’il comprend. Mieux qu’il ne sait appréhender la réponse qu’il préférerait l’entendre lui adresser.
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Mer 12 Jan - 17:01
The quiet of the stream.Abigail apprécia la franchise de Will. Il était bien le seul à faire preuve d'autant d'honnêteté à son égard. Ce n'était ni son père, ni même Hannibal qui en ferait de même. Pour cette raison, elle avait le sentiment que Will était le seul à qui elle pouvait véritablement se confier, sans qu'il ne cherche à lui mentir ou à la manipuler pour autant. Mais sur ce point, elle se leurrait peut-être.
- Avant... Bien avant, dans notre ancienne vie, quand mon père était toujours en vie et qu'il n'y avait que lui et ma mère qui comptaient... J'étais écœurée. Curieuse. Effrayée, mais fascinée.
Il le savait déjà, sans doute. Elle se faisait parfois la réflexion qu'il la comprenait sans doute mieux qu'elle ne se comprenait elle-même.
- Depuis Nick Boyle... Tout a changé. En me retrouvant ici, en retrouvant mon père et ses pratiques, j'ai cru que tout redeviendrait comme avant. Mais... Plus ça va, moins je suis écoeurée par les actes de mon père. Il m'arrive même de rechercher le frisson de la chasse. Juste pour me sentir, pendant un court instant, puissante. Puissante comme lorsque j'ai tué Nick Boyle.
Ses mains tremblaient légèrement. Elle s'en aperçut, plongea l'une d'elles dans l'une des poches de son pantalon afin de dissimuler cet aveu physique de faiblesse. Non pas le dissimuler à Will, mais à son propre regard. Abigail releva les yeux vers son tuteur.
- C'est effrayant. Je lui en veux énormément, Will. Mais je crois que je suis aussi résignée, paradoxalement.
Elle expira un souffle qui ressemblait à un rire bref, sans joie. Son cynisme habituel se teintait de tristesse face aux constats déplaisants que lui imposaient de faire sa propre analyse.
- Cette fois, je suis peut-être véritablement plus monstre que victime, tu ne crois pas ? sourit-elle, quoique sans humour.
Le problème chez Abigail Hobbs était qu'elle aurait volontiers acceptait celle qu'elle devenait, celle qu'elle était, si seulement elle réussissait un jour à savoir qui elle était réellement.
Quand Abigail fait le choix de se confier à lui, Will veut se montrer digne de ces confidences. Estime-t-il en être digne ? Oui et non. La trahir ou l’utiliser est la dernière de ses intentions, mais cela n’arrivera-t-il pas tôt ou tard ? Peut-il vraiment estimer qu’ils peuvent échapper à cette dynamique quand leur relation s’est construite quoi qu’il en soit sur un jeu d’influence et de manipulation : certes, pas le leur, mais ils ne peuvent retirer ce qui fait partie de l’ADN de leur relation, et ce peu importe ce qu’ils doivent souhaiter ou espérer en faire.
Dans tous les cas, il l’écoute. Attentivement, presque religieusement. Sans l’interrompre un seul instant, attentif à tout ce qu’il pourrait dire ou croire. Elle lui parle de sa vie, sa vie d’avant, celle dont il ne faisait pas partie… Et il le sait, il sait exactement ce qu’elle a ressenti… Il a éprouvé la même chose, le même dégout, la même curiosité morbide, la même fascination envers le meurtre et quiconque les commettait… et tout comme pour Abigail, les choses ont changé au moment où elle a pris la vie de Nick Boyle, les choses ont changé pour Will au moment de prendre la vie de Garret Jacob Hobbs.
Il n’est pas davantage étonné de ce qu’elle ajoute, que l’écœurement l’a progressivement désertée, qu’elle peut même parfois éprouver une certaine exaltation à la perspective des meurtres à venir… Ce sentiment de puissance. C’est cruel, c’est intolérable… Mais là encore, ce sont les exactes émotions qui l’ont traversé autant qu’elle. Et c’est un fait, l’affection que Will a pour Abigail tient peut-être en partie de ce qu’il reconnaissait de Hobbs en lui-même, mais peut-être également de ce qu’il reconnaît d’Abigail en lui… Hannibal le savait forcément. Il avait vu un potentiel similaire en lui comme en elle, et alors qu’il s’était révélé incapable de lutter contre son potentiel, il avait précipité Abigail dans sa chute.
Dans toute sa contradiction, Will refuse d’accepter de voir en Abigail le monstre qu’elle devine être devenu, quand pourtant cette monstruosité commune est certainement tout ce qui les attache l’un à l’autre. Si Abigail n’était plus qu’horrifié des actes de son père et de sa complicité dans ce dernier, elle ne tolèrerait pas sa présence dans son sillage, elle choisirait de le fuir avec une légitime défiance, que Will ne pourrait en aucun cas lui reprocher. Il devrait encourager autant que possible cette monstruosité, et une part de lui se dit que c’est précisément ce qu’Hannibal attend de lui, et ce à quoi il s’est appliqué pour sa part alors qu’il la gardait séquestré chez lui en la faisant passer pour morte.
« Les vrais monstres ne s’inquiètent pas d’en être, Abigail », répond doucement Will, sans être totalement convaincu de ce qu’il avance. « Si ton père venait à disparaître. » Il se corrige, l’usage du conditionnel paraît bien hypocrite en ces circonstances. « Quand ton père viendra à disparaître… » Voilà qui est plus juste. Car d’une manière ou d’une autre, et peu importe de la main de qui, il est évident aux yeux de Will que c’est bel et bien là ce qui doit arriver. « … est-ce que tu penses que cette monstruosité pourrait disparaître avec lui ? »
C’est quelque part ce qu’il lui souhaite, bien qu’en toute conscience du fait que si tel devait être le cas, il la perdrait pour de bon. Ce qu’égoïstement il ne veut pas, même en sachant que ce serait définitivement, et objectivement le mieux pour elle.
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Ven 14 Jan - 11:17
The quiet of the stream.Les vrais monstres ne s'inquiètent pas d'en être. C'était plus compliqué que ça, non ? Les pires monstres, sans doute, se fichaient bien de la moindre notion d'empathie ou de compassion qui les aurait menés à éprouver des remords ou des regrets. Mais comme en toute autre chose, Abigail estimait qu'il devait il y avoir des degrés de monstruosité. Certes, elle n'était pas au niveau de son père. Ou d'Hannibal. Loin de là. Mais tout de même, elle avait frôlé par le passé et s'en rapprochait toujours plus à présent une noirceur indéniable.
Elle le sonda du regard, esquissa un sourire qui était éloquent sur son scepticisme au sujet de l'affirmation de Will. Elle avait l'impression que même lui n'y croyait pas totalement, même si elle n'était pas surprise par sa réponse. Il essayait. Et c'était déjà beaucoup.
Quand son père viendra à disparaître. C'était en effet davantage une question de temps que de conditionnel, à présent. La certitude de Will à ce sujet aurait sans doute dû l'inquiéter. Ou lui déplaire. Pourtant, elle comprenait son fil de réflexion, parce qu'elle avait le même. Et puisqu'elle le comprenait, elle ne pouvait pas lui en vouloir.
La question qui suivit lui fit émettre un ricanement froid et bref. C'était bien là le problème. Elle ne savait pas comment répondre à cette question qu'elle s'était déjà posé des centaines de fois, silencieusement, dans la solitude de sa chambre.
- Je ne suis pas sûre de savoir faire autrement. J'ai peur que ce soit trop tard. Pas trop tard pour changer, mais... Trop tard pour en avoir envie. Ou besoin.
C'était confortable, au fond, de savoir que l'on pouvait apaiser ses angoisses aussi facilement qu'en plantant une lame dans les entrailles d'un homme un peu trop agressif. Et c'était d'autant plus confortable de savoir que, ici et pour le moment, elle serait insoupçonnable si sa monstruosité venait à se révéler plus ouvertement qu'en assistant son père. :copyright: 2981 12289 0
Abigail n’a pas l’air le moins du monde convaincu par son discours, et difficile de le lui reprocher quand on sait que lui-même ne l’était pas… Difficile de convaincre de quelque chose dont on n’est pas certain soi-même. C’était plus simple autrefois, quand Will était encore certain de pouvoir occulter sa propre monstruosité, quand il était convaincu de pouvoir lutter contre l’obscurité, cette obscurité qui devait le happer, petit à petit. Aujourd’hui, il ne se fait plus aucune illusion se concernant. Aucun retour en arrière n’est possible, et par ailleurs, il n’a pas la moindre envie de revenir en arrière. Mais évidemment, un tel constat s’accompagne d’autres.
Quand la situation d’Abigail lui fait irrésistiblement penser à la sienne, il est difficile de ne pas croire qu’elle ne finira pas comme lui. Et ce n’est pas ce qu’il veut pour elle… ou pas tout à fait. S’il se fie au rêve qu’il caresse encore de former une véritable famille, Hannibal, Abigail et lui, il sait que ce dernier n’est possible que si Abigail apprend à embrasser sa propre monstruosité… Il ne peut nier, évidemment, que la chose soit tentante… Et il pourrait très probablement l’influencer dans ce sens, plus que n’en serait capable Hannibal. Pourtant, il ne peut se résigner à une telle chose. En cherchant à la sauver d’elle-même, peut-être Will tente-t-il de préserver une part de ce qu’il a lui-même définitivement perdu, mais c’est en partie peine perdu, et cela revient à exposer Abigail à plus d’un tourment qu’il aurait pourtant voulu être capable de lui épargner.
Au final, il ne se voit pas s’évertuer à la convaincre. Surtout parce que dans tous les cas, Abigail est évidemment bien trop intelligente pour se laisser avoir par aucun de ses arguments. Elle sait pertinemment ce qu’il en est… Ce n’est pas tant qu’elle ne sait pas où se situer, c’est qu’elle aurait sans doute besoin qu’on lui montre clairement la direction… et c’est un chemin où Will pourrait la guider sans doute plus facilement que n’importe qui d’autre. Et peut-être que ça vaudrait mieux. Sauf qu’il s’en sent incapable. Il ne peut pas agir de la sorte et prétendre vouloir la protéger. Et pourtant c’est ce qu’il veut, véritablement : la préserver, la protéger… Éviter que le moindre mal ne lui arrive. Comme s’il n’était pas déjà trop tard pour ça.
« C’est le point de non-retour que je ne voulais pas te voir atteindre. »
Il laisse passer un temps de silence. Il aura échoué à la protéger aussi dans cette vie. Mais à quoi s’attendait-il ?
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Ven 28 Jan - 20:09
The quiet of the stream.Le silence de Will était de ces silences qui restaient éloquents malgré tout. Abigail le connaissait suffisamment - ou l'avait suffisamment connu - pour deviner le contenu de ses pensées. Si elle-même choisissait cet instant pour faire de l'introspection, elle en conclurait qu'au fond, elle était bel et bien perdue. Tiraillée entre plusieurs envies, et surtout entre plusieurs instincts. D'un côté, son père biologique. De l'autre, celui qu'elle considérait comme étant son père adoptif. Et, si elle creusait encore, l'influence d'Hannibal, autre figure paternelle qu'elle avait du mal à qualifier autant qu'elle avait de mal à le cerner, qui rendait la situation encore plus confuse. Elle s'était habituée, durant de longs mois, à suivre ses directives. Cette habitude l'avait menée à la mort. Suivre les directives de son géniteur avait failli la mener à la mort, là aussi. Les conseils de Will seraient-ils plus avisés ? Par le passé, elle aurait sans doute déterminé que oui, écouter Will était une décision plus sage et plus prudente. Mais à présent qu'il avait lui-même succombé à la noirceur de son être, à présent qu'il vivait avec Hannibal et subissait quotidiennement son influence ? Rien n'était sûr. Et Abigail continuait d'être perdue.
Et finalement, Will s'exprima. Ses mots la font déglutir. Elle en éprouve une étonnante forme de culpabilité, comme si elle l'avait déçu. Elle ne s'était pas aperçue que son opinion comptait autant pour elle. C'était dangereux. Très dangereux.
Elle le fixa durant quelques instants, indécise. Elle ne savait pas comment réagir à ses propos. Fallait-il s'excuser ? Elle n'avait rien fait d'autre que de survivre, selon elle. Et suivre confortablement la voie tracée pour elle, celle qui lui garantissait le mieux d'être préservée de la cruauté et des envies extrêmement violentes de son père. Fallait-il en rire, l'humilier en affirmant que c'était inévitable et que Will avait été bien naïf de croire qu'elle pourrait réchapper à ce point de non-retour ? Ce n'était pas ce qu'elle pensait. Et elle ne voulait pas adopter envers lui la même agressivité qu'elle avait naturellement à l'égard de quiconque s'intéressait d'un peu trop près à son cas.
Finalement, elle opta pour un mince sourire.
- Ne fais pas cette tête. Rien n'est encore sûr, Will. Et puis... Ce ne serait peut-être pas si terrible. Je ne tiens pas à me retrouver dans l'assiette de mon père. Ou dans la vôtre. :copyright: 2981 12289 0
Voilà que la situation s’inverse, et quand c’est pourtant Will qui devrait trouver les mots pour rassurer et encourager Abigail, parce qu’il estime que c’est son rôle, envers et contre tout et en dpit de tout ce qui doit témoigner du contraire, de la protéger, c’est elle qui cherche à le rassurer et à l’encourager. Pour autant, il n’est guère capable d’entendre aucune de ses paroles et d’y croire complètement. Pas parce qu’elle estime qu’Abigail veut se jouer de lui, mais parce qu’il devine qu’elle n’est pas plus à même que lui de modifier quoi que ce soit à ce qui, au fond, est déjà acté de longue date.
Entre le moment d’atteindre le point de non-retour et celui d’admettre que ça a été le cas, il y a un océan… Si Will devait définir le sien propre, il parlerait sans doute du meurtre de Francis Dolarhyde et du sang noir sous une lune rouge, mais ce n’était pas ça, son réel point de non-retour, et s’il veut bien admettre d’être complètement honnête envers lui-même, il remontait à bien avant. Il en est de même pour Abigail, et il ne peut sans doute pas s’évertuer à sauver ce qui ne peut plus l’être quand lui-même n’a peut-être pas déployé tant d’énergie que cela à ce sauvetage impossible. Sauver Abigail était simple au fond, il aurait fallu la débarrasser de son père, d’Hannibal et de lui… ce serait peut-être encore techniquement possible, mais est-ce que ça suffirait, en revanche ? Peut-être bien que non. Est est-ce si terrible ? Difficile à dire… Ce qui inquiète Will avant tout, ce seront les éventuels regrets qu’elle pourra avoir, ou encore l’amertume qu’il finira par lui inspirer, et assez égoïstement, oui, c’est bien là une perspective qui l’insupporte profondément. Ce n’est peut-être pas si terrible… Mais ce n’est pas pour autant très juste… Mais qu’est-ce qui saurait l’être encore dans ces circonstances.
« Ça n’arrivera pas. Ça n’arrivera jamais », observe-t-il simplement quand elle suggère qu’elle refuserait de se trouver dans l’assiette de son père, ou dans la leur.
Pour ce qui est de son père, Garret Jacob Hobbs mourra avant que ne lui en soit donnée l’occasion, quant à lui et Hannibal, c’est bien une concession que Will ne lui accordera jamais. Abigail est, au fond, certainement la seule qu’il daigne encore préserver de la volonté d’Hannibal, de leur volonté. Elle est l’intouchable. S’il devait s’en prendre à elle, il n’y aurait pas de pardon, cette fois… il ne saurait pas le lui accorder encore, encore moins après lui avoir fait promettre de ne plus jamais s’en prendre à elle.
« Tu as sans doute de bonnes raisons de ne pas me croire, mais s’il y a bien une promesse que je peux te faire, c’est celle-ci. Je ne le laisserai jamais faire. Je ne le laisserai jamais recommencer. »
L’avoir perdue deux fois était déjà plus que ce qu’il était susceptible de supporter. Une troisième serait insoutenable, et ça, c’est une certitude.
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Dim 30 Jan - 15:27
The quiet of the stream.La certitude de Will était touchante. Egoïstement, Abigail apprécia la fermeté dont il semblait faire preuve quand il s'agissait de la protéger. Autrefois, les similitudes entre Will et son père l'avaient inquiétée. A présent, et en partie grâce à cette conversation, elle s'apercevait des différentes cruciales qui distinguaient pourtant les deux hommes. Son père avait des désirs de possession terribles la concernant. Il était prêt à tuer autrui pour les combler, à défaut de pouvoir la tuer elle. Will, lui, semblait vouloir qu'elle survive. Et elle devait admettre qu'en cet instant, la survie auprès de Will était bien plus attrayante qu'une expérience de mort imminente auprès de son père.
- J'aurais dû te faire confiance plus tôt, se fit-elle la remarque à voix haute.
Elle aurait dû lui faire confiance à lui plutôt qu'à Hannibal, c'était là sa véritable pensée. Mais celle-ci, elle n'osa pas l'exprimer. Comme si la simple mention du psychiatre lui faisait redouter sa présence à proximité. C'était une crainte semblable à celle qu'avaient les enfants bercés des contes qui mettaient en scène un croque-mitaine cauchemardesque et qui se tenaient soudainement sages dès que l'on prononçait ce nom synonyme de tant d'effroi.
Will lui faisait une promesse. C'était précieux. Abigail avait suffisamment passé de temps avec Hannibal pour savourer la valeur d'une promesse.
- Je te fais confiance, cette fois.
C'était à la fois un avertissement et une promesse qu'elle lui faisait à son tour. S'il y avait bien une personne qu'elle accepterait d'écouter, dans cette ville, ce serait Will. Le seul qui ait démontré qu'il tenait à ce qu'elle reste en vie. Mais s'il devait à son tour trahir sa confiance et attenter directement à ses jours... Abigail savait qu'elle n'en sortirait pas indemne, cette fois-ci. Physiquement, sans doute, mais aussi et surtout mentalement. Son équilibre psychique était déjà fragile, elle en sentait l'instabilité, chaque jour un peu plus. Une déception de plus, une blessure de plus de la part du seul homme en qui elle accepte désormais de placer sa confiance... Aurait eu de quoi la faire complètement vaciller du côté de ces monstres qui la fascinaient autant qu'ils l'écœuraient.
Aux propos d’Abigail, Will l’observe un instant, légèrement surpris… mais agréablement surpris, en réalité. Même si au fond, il n’est pas convaincu du fait qu’Abigail y aurait gagné à lui faire confiance plus tôt. En aucun cas il n’aurait voulu la trahir, certes, mais il estime que la défiance naturelle de la jeune femme est sans doute aussi ce qui fait sa force, et elle a eu les meilleures raisons du monde de se défier quoi qu’il en soit. Outre le fait que le Will qu’elle a autrefois connu, sensiblement différent de celui qu’il est aujourd’hui, était, il faut bien le reconnaître, plus instable encore qu’il ne l’est pourtant déjà, elle n’avait pas forcément gagné grand-chose à faire confiance par le passé. La confiance qu’elle avait accordée à Hannibal, notamment, lui avait été fatale… qu’elle ne dispense pas sa confiance à tort et à travers est sans doute une vertu…
Quand bien même les choses se seraient peut-être passé différemment, à l’époque, si c’était à lui qu’elle avait choisi de faire confiance plutôt qu’à Hannibal… mais ils ne peuvent pas refaire le cours des événements. Qu’une nouvelle chance, improbable s’il en est, leur soit offerte de recommencer… dans la mesure des acteurs de leurs vies respectives, qui demeurent sensiblement les mêmes, ne doit pas leur faire oublier d’où ils viennent, et une prudence qui, dans le cas d’Abigail, tient de la pure préservation.
« Je te remercie », répond Will, très sincèrement, en ayant bien conscience de la part d’avertissement que contient la parole que lui adresse Abigail.
C’est une promesse qu’il ne pourra en aucun cas trahir. Tromper cette confiance qu’elle accepte finalement de lui accorder, ce serait pour de bon la réduire à néant, et anéantir le lien que, petit à petit, doucement mais sûrement, ils parviennent à construire tous les deux. Mais Will n’appréhende pas de trahir cette confiance qu’il place en lui. S’il peut avoir encore de nombreux doutes et des réticences qui parfois entravent sa relation avec Hannibal, il n’a que des certitudes quand il est question d’Abigail. Avoir à porter, par deux fois, son deuil, l’a guéri plus que ne saurait le faire n’importe quoi d’autre de l’intention même fugace de revenir sur cette parole plus précieuse. La confiance d’Abigail lui importe plus que celle de n’importe qui d’autre, y compris que celle d’Hannibal.
« Tu veux peut-être y aller… ? Le soleil commence à décliner. » Pour la pêche, ce n’est définitivement pas l’idéal. « A moins que tu aies le temps de prendre un verre avec moi ? »
Il n’a pas vraiment envie de prendre congé d’elle, en réalité, encore moins pour la rendre à son père. Mais c’est une chose sur laquelle il ne dispose malheureusement que d’un bien maigre pouvoir de décision.
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Dim 30 Jan - 22:06
The quiet of the stream.Abigail ne savait pas comment réagir au remerciement de Will. Elle rejeta donc le problème en haussant les épaules, détournant le regard pour laisser passer l'instant sans avoir à y répondre. Elle appréciait l'importance que son ancien tuteur accordait à ses propos et à sa confiance, mais la complexité des sentiments que cette réaction lui inspirait était trop peu familière pour qu'elle parvienne à la gérer convenablement.
Le temps passait, leur conversation prenait de l'ampleur et les poissons étaient oubliés. Le soleil commençait en effet à décliner. Abigail observa le ciel un instant, admirant les nuances d'orange qui commençaient à teinter les nuages.
- Oui, on ferait mieux d'y aller.
Mais elle ne voulait pas retourner immédiatement chez elle. Son père trouverait sans doute cela trop inhabituel pour ne pas s'en préoccuper, mais peu importait. Elle saurait gérer sa méfiance et sa colère. La proposition de Will fut accueillie avec soulagement. De toute évidence, ni l'un ni l'autre n'avait envie que le jour se termine de sitôt.
- Je n'aurais jamais pensé que tu me proposerais de boire avec toi, plaisanta-t-elle en lui adressant un sourire fin.
C'était son anniversaire, après tout. Et celui de Will avait eu lieu quelques jours plus tôt. Ils devaient bien fêter cela, de manière un peu plus conventionnelle qu'avec une après-midi de pêche.
Elle commença à se détourner de la rivière. Son regard tomba sur le poisson pêché quelques instants plus tôt. Pas de chance pour cette pauvre bête qui avait eu le malheur de ne pas échapper à sa vigilance. Mais sa mort n'avait pas été vaine. Cela avait permis à la jeune femme de se rendre compte que la pêche était une activité qu'elle appréciait, plus précisément qu'elle appréciait faire grâce à la présence de Will qui avait le mérite d'être apaisante et plus chaleureuse que celle de son père.
- Mais oui, ce serait avec plaisir pour le verre. On l'a bien mérité non ? :copyright: 2981 12289 0
La prudence voudrait sans doute que Will rende Abigail à son père, à présent. Il sait qu’en « l’empruntant » trop longtemps, il la met potentiellement en danger, et c’est, bien évidemment, la dernière de ses intentions, mais dans le même temps, il n’a pas forcément envie de la laisser partir malgré tout. Partagé entre le souhait de passer plus de temps avec elle et de l’éloigner davantage de Garret Jacob Hobbs, et le souhait de la protéger malgré tout. Deux souhaits quelque part assez contradictoires, mais tout aussi importants l’un que l’autre à ses yeux.
C’est certain, leur conversation, au regard de ce qu’elle a de profonde et de sincère, n’est pas totalement sereine, ce n’est pas pour autant que Will veut s’y soustraire. Abigail est peut-être la seule, d’ailleurs – en dehors d’Hannibal, cela va sans dire – dont il serait susceptible d’apprécier la conversation et la compagnie aussi longtemps que possible, et sans jamais ressentir le besoin de s’y soustraire, et ce même si cette conversation devait prendre une tournure qui le mettrait en difficulté.
Oui, s’ils doivent s’en aller et qu’elle pense pouvoir encore lui consacrer du temps, alors c’est un temps qu’il sera ravi, pour sa part, de se consacrer l’un à l’autre… Peut-être à tort, Will pense même discerner une certaine forme de soulagement de la part de la jeune femme à l’idée qu’ils ne prennent pas encore congé l’un de l’autre, et lui-même sera certainement plus soulagé pour elle de la sorte.
« Tu fêtes tes vingt-deux ans aujourd’hui, je suppose qu’il faut que je me fasse une raison à ce sujet », répond Will avec une fine esquisse de sourire quand Abigail observe qu’elle n’aurait jamais pensé qu’il lui proposerait de boire un verre avec lui.
Elle n’a pas totalement tort. Ceci dit, à circonstances exceptionnelles… Il hoche seulement la tête quand elle ajoute qu’ils l’ont bien mérité. Il a envie de penser que oui, même si d’autres argueraient certainement que ce n’est pas le cas le moins du monde. Seulement, au moment de considérer le poisson qu’ils ont pêché, Will est légèrement rappelé à la réalité.
« Il va falloir que je le ramène avant qu’il ne perde en fraîcheur », observe-t-il en jaugeant le fond du seau.
Le ramener, c’est-à-dire chez lui, c’est-à-dire chez Hannibal. Il n’est pas forcément beaucoup plus sûr de se retrouver tous deux en terrain neutre, dans un café, un bar, ou où que ce soit, mais.
« Tu accepterais de m’accompagner ? » dit-il, hésitant. « Il travaille, il ne sera pas là. »
Et pour ce qui est de prendre tranquillement un verre et de discuter en toute tranquillité, ce ne sera sans doute pas plus mal. Il n’y aura pas d’oreilles indiscrètes pour s’étonner de leurs sujets de discussion, et ce n’est définitivement pas les bonnes bouteilles qui manquent chez eux.
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Dim 13 Fév - 22:12
The quiet of the stream.C'était une sensation étrange que de s'apercevoir, soudainement, que des années les séparaient de ceux qu'ils avaient été autrefois. Elle avait franchi les étapes de l'adolescence, à présent. Et elle était la première surprise de recevoir la chance d'atteindre l'étape des vingt-deux ans. Elle était cependant heureuse de les fêter en compagnie de Will plutôt qu'avec la présence oppressante de son père. Même si elle savait qu'elle n'y échapperait pas éternellement. Il l'attendrait certainement, insistant pour partager un gâteau avec elle, voire une coupe de champagne... Mais elle préférait mille fois prendre un verre avec Will, auprès duquel elle se sentait plus sereine qu'avec qui que ce soit d'autre.
Les implications qui se glissaient derrière la remarque de Will au sujet du poisson ne lui échappèrent pas. L'hésitation de son interlocuteur ne la surprit donc pas. Son expression était donc étonnamment sereine au moment pour elle de relever vers lui ses grands yeux émouvants. Le silence par lequel elle lui répondit d'abord n'était destiné qu'à se laisser le temps de la réflexion. En vérité, elle connaissait déjà la réponse qu'elle souhaitait lui apporter. Néanmoins, la précision quant à l'absence d'Hannibal acheva de la convaincre, et de la rassurer.
Elle reconnaissait que ce ne devait pas être une position facile, pour Will. Il tenait à elle, de ça elle était sûre. Mais il tenait aussi à Hannibal. Et il avait le respect et la décence de prendre en compte le fait qu'elle souhaite se tenir loin du psychiatre, pour le moment. Elle ressentit, pour cela, une profonde gratitude à son égard. Une gratitude qu'elle tenta de transmettre par son sourire.
- Bien sûr que j'accepte de t'accompagner.
Elle l'aida à ranger le matériel de pêche et à ramener tout cela à sa voiture, avant d'ajouter doucement :
- Et puis... Ce sera mieux pour boire et discuter. On sera vraiment tranquilles. Et en plus, ça me ferait plaisir de savoir où tu habites. Et comment tu vis. Enfin tout ce que je me suis contentée de deviner jusque-là. :copyright: 2981 12289 0
Abigail lui répond sur le ton de l’évidence, et cette réponse rassure sincèrement Will. Avec elle, il ne cesse de marcher sur des œufs. Il sait pertinemment que ce n’est pas ce qu’elle attend de lui, mais il lui est difficile de faire autrement. Trop de fois, bien trop de fois, il a cru la perdre, à présent, chaque éventualité de voir ce scénario cauchemardesque se reproduire l’inquiète, et il est vrai qu’il lui est difficile de la considérer sans être auprès d’elle dans un rapport de vigilance constante et de protection excessive. Quand elle accepte, sans réserve de l’accompagner chez lui, c’est donc une certaine forme de soulagement pour lui, quand bien même Will veut bien croire que c’est aussi une sorte de curiosité – peut-être un rien malsaine – qui la pousse à accepter, car c’est certainement une meilleure manière de se faire une idée de ce que peut être sa vie à présent.
Cela dit, ils sont en effet d’accord là-dessus, alors qu’elle ajoute, au moment de ranger le matériel de pêche, que le cadre sera plus confortable pour boire un verre et discuter. Et en effet. Loin d’oreilles trop indiscrètes, dans leurs cas, ce n’est pas forcément un moindre luxe. Qu’importe les sujets de conversations qu’ils peuvent bien choisir, rares sont ceux qui peuvent véritable être entendus par tout un chacun. Ainsi donc, leur choix est fait, et Will l’apprécie d’autant plus que c’est du temps supplémentaire qu’il peut passer en présence de sa fille de cœur, du temps supplémentaire aussi que la jeune femme passera éloigné de Garret Jacob Hobbs.
Une fois tout le matériel rangé, le véhicule démarre à nouveau, et c’est un sentiment étrange pour Will que de faire ce trajet, qui lui est maintenant habituel, avec la présence d’Abigail, elle inhabituelle, à son bord. Sentiment étrange mais pas déplaisant, même s’il garde un léger nœud à l’estomac, la crainte injustifiée que, pour une raison ou une autre, Hannibal soit finalement présent chez eux. Mais il n’en est rien. Quand Will ouvre la porte, ils sont accueillis en fanfare par ses chiens, qui font littéralement la fête à Abigail, mais aucune trace d’Hannibal. Will en éprouve un soulagement certain. Après avoir gratifié la compagnie des canidés de caresses affectueuses, il invite Abigail jusque dans la cuisine. Tout est décoré avec un goût certain, qui laisse absolument deviner la présence d’Hannibal où que l’on pose le regard, sans oublier bien sûr le piano ou la table à dessin, tout ce qui ne peut qu’émaner de lui, et Abigail, pour avoir vécu chez lui un long moment, ne peut qu’avoir conscience de cela.
« Une bière, ça te dit ? Ou mademoiselle préférera un verre de vin », propose-t-il alors.
Ce n’est clairement et définitivement pas le choix qui manque ici.
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Sam 26 Fév - 20:11
The quiet of the stream.La jeune femme paraissait plus sereine qu’elle ne l’était réellement. Le risque zéro n’existait pas, encore moins concernant Will et Hannibal. Et c’était un véritable risque qu’elle prenait en acceptant de boire un verre avec son père d’adoption, chez lui. Sans que son père génétique ne soit averti, et sans certitude que le cannibale qui avait également été une figure paternelle pour elle soit réellement absent. Mais ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait fêter son anniversaire, surtout pas lorsque l’on était censé être mort. Et Abigail avait bien envie de célébrer cette seconde chance, sans avoir à prétendre être une personne qu’elle n’était pas. Or, il n’y avait qu’en présence de Will qu’elle pouvait s’autoriser à ne pas jouer de rôle. Ses quelques amitiés ne tenaient que parce qu’elle s’assurait de ne rien leur révéler de conséquent à son sujet. Et elle se méfiait trop de son propre père pour oser lui montrer qui elle était réellement. Elle était condamnée aux secrets.
Sauf ce soir-là, où la simple possibilité de boire un peu d’alcool avec Will se révélait être la plus attrayante des activités d’anniversaires.
En arrivant chez lui, elle fut immédiatement accueillie par les chiens de Will. Elle passa un long moment à les caresser, accroupie pour être à leur hauteur, un grand sourire aux lèvres. C’était un plaisir simple que de passer du temps en compagnie de ces chiens, et Abigail comprenait parfaitement pourquoi Will tenait tant à leur présence. Elle supposa que cela faisait partie des concessions qui avaient dû être faites dans le couple qu’il formait avec Hannibal. Et la jeune femme constata avec soulagement que le psychiatre n’était véritablement pas présent, ce qui lui permit de se détendre réellement. Et ce, malgré les indices évidents qui ne laissaient aucun doute quant au fait qu’Hannibal habitait bel et bien dans cet endroit. Et qu’il était comme omniprésent.
Occupée à détailler les lieux de son regard curieux, elle reporta finalement son attention sur Will lorsque celui-ci l’interrogea sur la boisson qu’elle désirait. Elle hésita, tentée par le vin, mais changea finalement d’avis. C’était son anniversaire, il était temps de changer ses habitudes.
Tandis qu’Abigail prend soin de saluer ses chiens, pour qui elle est, à l’évidence, une attraction toute particulière qui le ferait presque passer pour invisible l’espace d’un instant, Will les observe et songe, pour ce qui n’est pas la première fois, qu’Abigail pourrait vraiment être heureuse, ici, sous son toit. Il veut très sincèrement qu’elle finisse par trouver sa place ici, auprès de lui, loin de son père, tout en sachant pertinemment que c’est un vœu égoïste… sachant aussi qu’il est simple de s’émouvoir d’un tel tableau quand on omet d’accepter qu’il est incomplet. Abigail paraît parfaitement à sa place ici parce qu’Hannibal est absent. Certes, tout dans ce qui les environne rappelle à sa présence, mais il est plus simple d’ignorer l’ampleur pourtant manifeste du problème dans ces circonstances.
Will hoche simplement la tête quand Abigail choisit de prendre une bière. Au moment de sortir une bouteille du frigo et de leur en servir deux verres, Will a la pensée fugace de ce que pourrait être la réaction de Garret Jacob Hobbs si sa fille lui revenait à la maison sous l’emprise de l’alcool. Certes, un verre de bière n’avait jamais fait de mal à personne, et il en fallait normalement plus pour en perdre ses moyens, mais l’espace d’un instant, il se sent gagné par un accès de prudence qu’il rejette finalement. Ce moment n’est pas celui d’Hannibal ou de Garret, ce moment est le leur, et boire un verre avec sa fille retrouvée, qu’importe qu’ils ne soient pas du même sang, pour célébrer ses vingt-deux ans, c’est non seulement normal, mais certainement nécessaire, aussi.
« Et voilà pour toi », fait-il en glissant le verre dans sa direction tandis qu’ils s’installent tous deux autour du comptoir séparant la cuisine de la salle à manger. « À toi », reprend-il en levant son verre pour inviter Abigail à trinquer. « Je te ferai visiter, si tu es intriguée », reprend-il en voyant le regard d’Abigail courir dans les différents recoins de la pièce.
Il ne peut certainement pas lui reprocher une telle curiosité, si les rôles devaient être inversés, sans doute n’afficherait-il pas une réaction différente. Il y a, dans chaque lieu de vie, plus d’indices sur l’existence et sur la personnalité d’un individu que dans tous les discours qu’il pourra jamais vous tenir. En de rares occasions, un intérieur peut mentir, mais même dans ce cas-là, le mensonge, observable ou non, est un autre indice de la personnalité de son habitant. Abigail est suffisamment attentive pour avoir conscience de ces infimes détails qui disent ce que Will, trop peu bavard, n’exprimera pas forcément.
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Jeu 3 Mar - 14:39
The quiet of the stream.C'était étonnamment simple de se laisser aller au fil des événements de la journée. Plus simple que ce qu'elle avait imaginé en acceptant de passer son après-midi avec Will. Elle avait redouté une tension qu'elle pensait nécessaire, et qui avait bien été présente, mais dont ils avaient réussi à faire omission pour s'intéresser à ce qui comptait réellement : le plaisir, sincère, de passer du temps ensemble. Pour Abigail, ces instants de sérénité passés en présence de Will étaient comme une bouffée d'air frais après plusieurs années d'enfermement.
- Merci, fit-elle en récupérant le verre et avant de trinquer avec Will.
Elle prit une première gorgée qui la fit légèrement grimacer. Elle n'était pas habituée au goût de la bière, mais malgré le côté amer de la boisson, elle fut immédiatement tentée d'en prendre une deuxième gorgée.
- Je veux bien, répondit-elle en souriant suite à sa proposition.
Il la connaissait trop bien pour qu'elle prétende ne pas être intéressée par une visite complète des lieux. Sa curiosité n'était sans doute pas ce qu'il y avait de plus sain, mais c'était plus fort qu'elle. Will, et par extension Hannibal, étaient les deux seules relations qui avaient encore de l'importance à ses yeux. Et il était tentant, en effet, d'obtenir un aperçu de ce que pouvait être leur quotidien. Et de s'imprégner de l'ambiance de cet endroit qui appartenait à ces deux hommes. L'équilibre qu'ils avaient trouvé la fascinait.
En reprenant une troisième gorgée de bière, elle songea que son père génétique n'aurait pas approuvé son choix de boisson. Il aurait même sans doute désapprouvé le fait qu'elle boive de l'alcool. Garrett tenait trop à ce qu'elle reste sa petite fille, craignait trop qu'elle s'éloigne de lui. Et, paradoxalement, de par le comportement oppressif qu'il avait avec elle, il la poussait à faire ce qu'il redoutait finalement le plus.
Abigail refoula ces pensées intrusives trop lugubres pour un anniversaire et s'intéressa plutôt à Will, qu'elle interrogea abruptement :
- Tu es heureux, ici ?
Ce n'était pas une question anodine, et ce n'était pas non plus une question dénuée d'égoïsme. Car si Will était effectivement heureux, alors il y avait peut-être un espoir pour qu'elle-même connaisse une sensation similaire, un jour. :copyright: 2981 12289 0
Sans surprise, Abigail accepte de visiter les lieux. Will n’en est pas surpris le moins du monde, il aurait été étonné du contraire. Il est normal qu’elle soit intriguée, et une part de lui ne peut s’empêcher d’espérer qu’elle sache être également… attirée par la perspective de voir cette demeure devenir aussi la sienne. Il sait bien qu’il ne peut pas se permettre d’exiger une telle chose de sa part, et que pour des dizaines de raisons – et une en particulier –, elle n’a sans doute pas sa place ici. Mais il continue de vouloir qu’elle l’ait, et en lui proposant de venir ici, outre le fait de leur épargner la compagnie d’oreilles indiscrètes, il est certain que ses intentions ne sont sans doute pas… complètement innocentes. Il boit une gorgée de sa bière, avant qu’Abigail lui pose une question. Il repose son verre avec prudence. Il ne compte pas lui répondre à la légère, d’autant qu’il pense comprendre ce que sous-entend cette question plus précisément.
« En fait, je ne m’étais jamais vraiment posé la question », observe-t-il avec un fin sourire.
Et c’est vrai, il ne s’est jamais réellement interrogé sur son propre bonheur, ou pas depuis très longtemps. Est-ce qu’il est complètement heureux ? Pas tout à fait, non, il reste tous ces éléments qui échappent constamment à son contrôlent et qui troublent toute éventuelle sérénité, mais a-t-il déjà été plus heureux qu’avant de se retrouver ici ? Il n’a pas vraiment à réfléchir à la question. La réponse est évidente…
« Je ne me suis jamais senti autant moi-même que depuis que je suis ici », répond-il alors, ce qui est bel et bien ce qui se rapproche le plus de sa conception du bonheur.
Être auprès d’Hannibal, assumer ses sentiments à son égard en même temps qu’il a appris à assumer cette nature profonde qu’il avait si longtemps refoulée sont autant de conditions nécessaires à une certaine forme… d’accomplissement, d’apaisement. Il n’avait jamais goûté au plaisir pur, manifeste, de n’être nul autre que lui-même… Il avait si longtemps été en lutte contre sa propre nature, contre ses propres aspirations, qu’il avait oublié quand cette lutte avait commencé. Il savait seulement que cette lutte l’avait épuisé, et qu’Hannibal l’avait entretenue jusqu’au bout, dans le seul but de l’obliger à considérer pour de bon son lui véritable.
En conclusion, oui, il est sans doute plus heureux ici qu’il ne saurait l’être où quoi que ce soit ailleurs. Et il l’est d’autant plus quand il songe à sa chance actuelle… Abigail est là, en face de lui, saine et sauve, sa vie n’a certainement jamais été aussi… certaine, découlant pourtant de ses choix les plus incertains.
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Jeu 17 Mar - 17:46
The quiet of the stream.Le silence s'installa, et se prolongea. Abigail attendit patiemment que Will ait pris le temps de la réflexion, préférant qu'il lui offre une réponse sincère et réfléchie.
Cette première information la fit sourire avec prudence. Elle trouvait cela immensément triste que Will ne se soit jamais réellement interrogé sur sa conception du bonheur. Ceci étant, elle n’était pas surprise. Elle lui avait toujours trouvé une tristesse touchante mais tragique. Mais, autrefois, cette tristesse s’accompagnait d’anxiété et de souffrance. A présent, Abigail le trouvait plus… Serein. C'était un constat qu'elle ne savait pas comment appréhender, mais l'affection qu'elle avait pour lui l'encourageait à suspendre son jugement et à le laisser s'exprimer sans chercher à l'interrompre ou à émettre des opinions hâtives.
Et elle fit bien. Car la réponse qu'il lui apporta finalement acheva de la convaincre que c'était bel et bien une vie que Will avait choisie et qui était celle dans laquelle il s'épanouirait le mieux. Il se sentait lui-même, enfin. C'était un phénomène qu'elle lui enviait secrètement. Abigail, elle, ne savait pas qui elle était. Ni qui elle voulait être.
- C'est une chance, commenta-t-elle après quelques secondes de réflexion.
Elle se redressa, reprit une gorgée de bière et esquissa un sourire. Elle semblait plus détendue, à présent qu'elle disposait de cette information. Elle se fiait au jugement de Will, presque aveuglément. Ce qui aurait dû l'alerter, mais elle en avait assez d'être constamment sur ses gardes. Ou peut-être n'était-ce qu'un effet de l'alcool, mais elle en doutait. Elle ne buvait pas souvent, mais ce n'étaient pas quelques gorgées de bière qui allaient avoir raison de son esprit, n'est-ce pas ?
Nécessairement, dangereusement, elle s'interrogea sur la possibilité qu'elle puisse trouver une telle forme de bonheur sous ce toit. C'était tentant, en dépit des multiples raisons qui l'exhortaient à renoncer immédiatement à cette idée. Agacée par ses pensées contradictoires et paradoxales, elle soupira et se redressa.
- Tu me fais visiter ? s'enthousiasma-t-elle soudainement dans un effort désespéré pour penser à autre chose.
Will se contente de hocher simplement la tête quand Abigail constate sa chance. Il ne peut pas dire le contraire. Ce qui est une chance pour lui ne l’est sans doute pas pour grand monde d’autre en dehors d’Hannibal, mais il ne saurait pas prétendre ignorer cette chance ou même ne pas la savourer… Cet état de sérénité n’est pas constant, bien sûr, les craintes et les questionnements demeurent nombreux, mais Will a tout de même pleinement conscience de ne jamais avoir ressenti cela auparavant… Cette sensation d’être entièrement lui-même. Cela ne l’empêche pas de constater l’horreur et la cruauté de ce que cette acceptation pleine et entière de soi implique, mais s’abandonner est définitivement plus satisfaisant que d’essayer, encore et encore, de lutter contre lui-même…
Il se demande si Abigail serait capable d’accéder à une émotion similaire, et si pour ce faire, il lui faudrait emprunter les mêmes chemins que lui. Probablement que oui. Contradictoirement, c’est autant ce qu’il veut pour elle que ce qu’il s’efforce de lui refuser. Dans les paroles d’Abigail, il devine une certaine envie, et elle lui serre le cœur. Il préfèrerait cent fois retrouver ses tourments d’antan (pour ceux qui ne sont pas toujours présents) s’ils pouvaient préserver Abigail des siens propres, mais les choses ne fonctionnent pas ainsi. Elle doit faire ses propres choix, prendre ses propres décisions… Et même s’il est impossible de ne pas l’influencer par sa seule présence, il espère qu’au moment où Abigail se sera parfaitement trouvée, tout aura été de sa propre initiative plutôt que dicté par une quelconque impulsion extérieure.
Il ne répond rien à cela, donc, se contente de boire une gorgée de sa bière, apprécie de découvrir une esquisse de sourire sur ses lèvres. Elle aime la savoir plus heureuse, plus détendue, même si tout ceci n’est peut-être qu’illusoire. Peut-être aussi n’est-ce que l’effet de la bière, qu’importe, il est d’autant plus simple et tentant, dans ce contexte, de s’imaginer qu’elle aurait parfaitement sa place ici. Avec lui. Avec eux.
Abigail le tire de ses pensées au moment de lui suggérer de lui faire visiter, il se redresse légèrement et approuve d’un signe de tête. Après tout, c’est normal qu’il étanche sa curiosité.
« Bien sûr », fait-il en abandonnant son verre sur la table pour l’inviter d’un geste à le suivre à travers les différentes pièces de la demeure.
Cet endroit ressemble beaucoup à la maison qu’avait longtemps habité Hannibal, et où, par conséquent, Abigail avait longtemps vécu, elle aussi. Will ne saurait dire ce que ce constat susciterait en elle. Il se contente de la faire progresser de pièce en pièce. Le bureau, la bibliothèque…
« La chambre d’amis. Si tu ne sais pas où aller, tu… pourras toujours venir ici », dit-il presque distraitement, pour ne pas dire plus spécifiquement que cette chambre pourrait être sa chambre.
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Mer 6 Avr - 18:31
The quiet of the stream.Abigail ne se fit pas prier lorsque Will l'invita à le suivre. Désireuse d'assouvir sa curiosité, encouragée par le calme et l'acceptation de Will, elle laissa son regard s'attarder minutieusement sur chaque détail. La décoration, les tons de couleur, tout ceci lui était familier. C'était impressionnant, pour elle. Même dans cette nouvelle existence, ces deux hommes avaient su retrouver une situation similaire à celle qu'ils avaient quittée.
Pendant qu'il lui faisait visiter, Abigail tentait d'imaginer Will et Hannibal peuplant ces pièces. Elle tentait d'imaginer leurs rituels, leurs occupations lorsqu'ils n'étaient pas plongés dans le travail. Elle supposa que c'était Hannibal qui cuisinait les repas. Elle supposa aussi que leurs conversations devaient être calmes, et que leurs soirées devaient être majoritairement silencieuses.
Au moment d'arriver à la chambre, elle eut d'abord un mouvement de recul. Puis, aux paroles de Will, elle eut un sourire fin.
- Parce que je suis une amie ? fit-elle avec malice.
Elle feignait de ne pas comprendre le sous-entendu, bien sûr, mais Abigail n'était pas dupe et savait que Will s'attardait sur cette pièce à dessein. Elle l'avait interrogé pour plaisanter, mais ayant retrouvé son sérieux, elle prit le temps de s'intéresser à cette chambre. Et, inévitablement, son imagination lui offrit des images d'une version alternative d'elle-même, qui aurait accepté de vivre sous ce toit. La maison ressemblait à celle qu'elle avait déjà connue en habitant chez Hannibal, Abigail ressentait donc déjà un sentiment de familiarité quant à cet endroit.
C'était tentant. Terriblement tentant. Mais tant que son père existait, tant qu'il exerçait sur elle cette emprise démoniaque, il n'était pas question pour la jeune femme de rêver à d'autres possibilités.
- C'est charmant, commenta-t-elle enfin avec plus de sincérité.
Elle se tourna vers lui, l'observa quelques instants d'un air songeur. Elle paraissait concentrée. Après quelques secondes de silence, elle détourna cependant les yeux et souffla ce qui n'était que le meilleur compliment qu'elle puisse lui faire :
A la question d’Abigail, qui bien sûr ne dissimule rien de ce qu’elle a entièrement compris, Will se contente de répondre par une esquisse de sourire, mais sans argumenter. Il est certain que son propos n’avait pas été particulièrement subtile. Non, bien sûr, Abigail n’est pas une amie, elle n’est pas une connaissance de passage qui avait le luxe d’être la bienvenue dans cette demeure où il ne faisait pas forcément bon d’être un invité privilégié. Abigail n’est pas une amie, Abigail est sa fille.
Qu’aucun lien du sang ne l’attache à elle, qu’une histoire terriblement sombre et violente soit le terreau même de leur relation, cela ne change rien à cet état de fait, et il voudrait que sa place soit avec lui, avec eux, parce que la laisser non seulement dans le sillage de Garret Jacob Hobbs mais surtout loin d’elle, c’est s’inquiéter constamment de la perdre pour de bon. La garder ici, en revanche, c’est pouvoir s’assurer, chaque jour, qu’elle est toujours en vie, et si cela peut sembler un rien malsain, un rien paranoïaque, c’est que ça l’est sans doute. Depuis qu’il l’a retrouvé, il doit lutter constamment contre son intention de lui envoyer un message, juste pour s’assurer qu’elle y répondra, pour s’assurer qu’elle est en vie faute d’être en sécurité. Il l’a perdue tant de fois… une fois de plus lui serait insupportable, il le sait très bien. Il n’a aucun doute quant au fait qu’il n’y parviendrait pas le moins du monde.
Il n’insiste pas, donc, le sous-entendu n’était pas bien subtile, mais il devait avoir le mérite d’être comprit. Et Will veut seulement qu’elle puisse garder cette pensée à l’esprit. Si Abigail devait se sentir perdue et désoeuvrée, su Abigail devait ne pas savoir où aller, Will veut qu’elle sache que sa place peut-être ici, et qu’une place, quoi qu’il en soit, lui sera toujours réservée dans sa vie. Ça n’a jamais cessé d’être le cas. Même après sa mort. La place qu’elle avait prise dans son existence avait même été plus importante encore à ce moment-là.
Abigail reprend la parole, lui confirme qu’il s’agit là de l’anniversaire le plus serein qu’elle ait vécu. Il apprécie de savoir être parvenu à cela. C’était exactement ce qu’il voulait. Il ne peut pas lui offrir grand-chose de plus à l’heure actuelle, mais s’il peut lui accorder ne serait-ce que cela, alors il aura le sentiment d’avoir réussi quelque chose. Pas assez, moins que ce qu’elle mérite, mais quelque chose malgré tout.
« C’est ce que je voulais pour toi », observe-t-il avec douceur. « Si tu veux qu’on remette ça, fais-moi signe avant ton prochain anniversaire », ajoute-t-il alors. Dans le même moment, son téléphone se met à vibrer. « Hannibal ne va pas tarder à rentrer. »
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Dim 17 Avr - 22:28
The quiet of the stream.La réflexion de Will l'amusa. Effectivement, il était peu subtil, mais elle préférait cela. Trop de mystères, trop de cachotteries avaient été impliquées dans son existence, si bien qu'un peu de transparence faisait le plus grand bien à Abigail, qui était bien plus détendue en présence de Will qu'elle ne l'était en présence de qui que ce soit d'autre.
- Bien sûr que je te ferai signe avant ça, assura-t-elle sereinement. Et toi, tu me diras si le poisson était bon, au moins.
Elle perdit son air insouciant au moment de comprendre l'origine du son de vibreur. La mention d'Hannibal suffit à lui faire perdre son sourire, mais curieusement, ce n'était pas de la peur qu'elle ressentait. C'était plutôt une forme... D'acceptation. La mélancolie qui accompagnait ce sentiment ressemblait à de la résignation, mais Abigail sut pourtant qu'il s'agissait bien d'acceptation, et la distinction était terriblement importante.
Elle hocha doucement la tête. Hannibal n'allait pas tarder à rentrer, et donc il était temps pour elle de partir. Légèrement troublée par la douceur qui émanait de Will, peu habituée à pareille douceur chez son père génétique, elle ne savait pas exactement comment y réagir. Et surtout, comment y réagir... Naturellement. Aussi naturellement que possible, du moins, la concernant. Les émotions avaient toujours été une notion particulièrement abstraite pour elle. Elle les comprenait suffisamment pour savoir quand et comment les employer pour servir ses intérêts, mais avait moins l'habitude de les exprimer gratuitement, d'offrir un aperçu de ce qu'elle était réellement sans craindre les représailles ou les conséquences.
Mains dans les poches, elle garda le silence légèrement trop longtemps, fixant le visage de son ancien tuteur, avant de finalement oser surpasser sa pudeur émotionnelle et se hisser sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue.
- Merci pour tout Will, sourit-elle maladroitement avant de prendre la direction de la sortie. :copyright: 2981 12289 0
S’il demeure une grande incertitude dans la vie de Will, sujet de doutes et d’anxiété pour lui, c’est définitivement Abigail. Il aurait bien mille raisons d’être soucieux, ne serait-ce qu’au regard de la vie qu’il a décidé de mener et des conséquences inévitables de celle-ci, mais en cet instant, il redoute bien plus la possibilité que sa fille de cœur lui tourne le dos et qu’il ne la revoie plus que la perspective de devenir la cible de ses collègues s’ils devaient prendre pleinement conscience de sa véritable nature. Chacune de ses hésitations est la preuve de son incertitude quant à l’avenir autant d’Abigail que de leur relation père-fille, qui n’est pas tant acquise que dérobée aux circonstances, née en partie de l’imaginaire de Will, qui lui a conféré une importance symbolique si forte qu’il redoute toujours terriblement que tout ceci prenne fin.
« Il le sera forcément », se contente-t-il de répondre quand Abigail lui suggère de lui dire si, au moins, le poisson était bon.
Il ne prend pas la peine de justifier pourquoi. Hannibal serait sans doute capable de rendre appétissant la prise la plus répugnante… en fait, il l’a déjà vu faire. A ce sujet, d’ailleurs, il sent bien que quelque chose change légèrement dans l’attitude d’Abigail au moment où Hannibal est évoqué. Son sourire s’efface, et l’empathie naturelle de Will ne lui suffit pas à décrypter ce qui peut bien lui traverser l’esprit. Il sait seulement qu’elle a compris. Elle ne peut pas rester. C’est préférable, pour son propre bien. Même si Will n’a aucune envie de la laisser, et encore moins de la remettre entre les mains de son père.
Ils le savent donc, il est temps pour eux de reprendre le cours de leurs vies respectives, dissociées en même temps qu’intrinsèquement liées. Will est légèrement pris de court quand, pour le saluer, Abigail dépose un baiser sur sa joue, mais il prend ce geste pour ce qu’il est. Une marque d’affection, et un effort sincère de la part d’Abigail de faire un nouveau peau vers lui, et ça, c’est une chose qu’il n’oublie pas.
Il ne répond rien après qu’Abigail l’ait remercié. Sans doute y aurait-il des choses à dire, c’est même certain, mais rien, c’est évident, qu’un classique « De rien » soit réellement en mesure de résumer. Alors il préfère la laisser partir, se retenant de suggérer à la jeune femme de lui envoyer un message quand elle serait rentrée, ce qui serait de toute manière une entreprise naturellement et inutilement risquée. Il la laisse donc simplement s’en aller, abandonné alors à une solitude qui ne l’a jamais vraiment dérangé, mais qui en cet instant lui paraîtrait presque oppressante.