Rares sont les éléments de sa vie passée qui, à ce stade d’accomplissement, d’acceptation de son devenir qui n’en est plus tout à fait un, sont encore susceptibles de lui manquer, mais il en est quelques-uns tout de même. Winston et ses chiens d’alors lui manquent, même s’il a eu tôt fait de se recomposer un entourage canin qui n’a pas encore cessé de grandir encore. Sa maison de Wolf Trap lui manque, également. Faire le choix de vivre avec Hannibal a été une évidence, et vivre chez lui plutôt que dans l’appartement pitoyable qu’il occupait jusqu’alors était également d’une logique élémentaire, mais cela implique bien sûr chez Will une part de concession – concession partagée, car Hannibal aussi doit s’ajuster aux habitudes de son partenaire (les chiens pour commencer).
Dans l’intérieur parfaitement impeccable et élégant de leur demeure, où tout a été choisi avec le soin le plus minutieux, où rien ne tranche avec rien, c’est lui qui trancherait, éventuellement avec le reste. Il s’adapte certes, il évolue c’est certains, mais il ne se conforme qu’en partie au décor qui est le sien, il pousse ce même décor à changer, évoluer à son tour, lui aussi… et pour ce qu’il n’a rien à voir avec sa maison de Wolf Trap, Will a appris à apprécier cet endroit, pour l’improbable et réconfortante routine qu’il partage avec Hannibal, pour ce qu’elle symbolise d’étapes fondamentales dans leurs vies à tous deux. N’en reste pas moins certaines insatisfactions purement matérielles, et l’une d’entre elles et définitivement de devoir mener une vie complètement citadine.
Si, sur son temps libre, il profite de la forêt, ou encore de la rivière où il prend le temps de pêcher quand l’occasion s’y prête, la plupart de ses sorties doivent s’accommoder d’un simple aller-retour dans le parc le plus proche… juste ce qu’il faut à ses chiens pour se dégourdir les pattes. Ils n’en ont pas l’air mécontents certes, et ils ont pour eux un imposant jardin mis entièrement ou presque à leur disposition, Will n’estime pour autant pas la situation idéale, pour toutes les fois où ses obligations, qu’elles soient professionnelles ou d’un autre ordre, ne l’autorisent pas à consacrer à ses fidèles compagnons le temps qu’ils mériteraient pourtant.
C’est après une journée éreintante de travail qu’il a donc pris le chemin du parc, ses quatre chiens tenus en laisse, du moins jusqu’à ce que Ben, le plus vadrouilleur du lot, décide de n’en faire qu’à sa tête et de se libérer de sa laisse pour courir plus librement. Will, au fond, pourrait difficilement blâmer son irrévérence. « Ben ! »
Talonné de ses trois chiens, Will presse le pas pour retrouver le petit chien noir qui s’est visiblement fait une nouvelle amie. « Il ne vous a pas dérangée, j’espère ? »
Au vu de la manière dont la jeune femme à qui il s’adresse le couvre de caresses, c’est peu probable, mais il pose la question tout de même tandis qu’il se rapproche de Ben pour raccrocher sa laisse à son collier.
Depuis tout le temps que j’étais ici, ma famille me manquait énormément. Certes je pouvais voir ma mère tous les jours si je le voulais et c’était génial, mais ici elle ne savait même pas que j’existais. Non, je parle de ma demi-sœur Trixie, mon cousin Charlie...mon oncle Aménadiel….oui, toute ma famille restée à mon époque...enfin tout du moins je l’espère. Je ne me suis jamais vraiment posé la question de savoir si cette lune rouge que je n’ai fait qu’entrevoir avait modifié aussi le futur ou non ? Honnêtement, je préférais ne pas me prendre la tête à ce sujet. Aujourd’hui il faisait beau et en cette fin de journée, j’avais décidé d’emporter un de mes bouquins dans le parc municipal et d’aller lire. C’était un livre traitant de Zeus et de l’ensemble de sa famille. Un ouvrage plutôt conséquent donc, mais cela ne m’ennuyait pas, bien au contraire. Je me suis découvert une passion pour la mythologie grecque, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi ce cursus à l’université.
L’université, parlons-en...ça coûte cher d’étudier. J’allais devoir trouver une solution pour me faire un peu d’argent si je voulais pouvoir continuer mes études et obtenir ma Maîtrise en Histoire Ancienne. Je ne savais pas vraiment comment payer la prochaine facture, mais même si je n’avais plus mes pouvoirs et mes ailes, je comptais un peu sur la puissance de ma famille là-haut pour faire en sorte que la situation s’arrange. J’avais essayé de me faire embaucher comme serveuse, mais les horaires de travail étaient incompatibles avec mon emploi du temps et, pour être honnête, j’avais du mal à rester courtoise avec certains clients. Sans compter que les mains aux fesses, ce n’est pas forcément obligatoire. Enfin bref, il me faudrait un job d’appoint où on aurait besoin de moi seulement de temps en temps et où je n’aurais pas à subir de clients. Ce job idéal existe-t-il ? Allez savoir.
Je repris la lecture de mon bouquin après cet intermède en tête à tête avec moi-même. Cela faisait une bonne vingtaine de minutes que j’avais repris ma lecture lorsque soudain je senti que la jambe droite de mon pantalon était tirée, comme si on voulait attirer mon attention. Je baisse mon livre et...les yeux pour me retrouver nez à truffe avec un chien. Je referme alors mon livre, un grand sourire sur le visage. - Hey, salut toi….alors, tu es perdu ? Il est où ton maître, hein ? Ou ta maîtresse peut-être ?
Je commençais à le caresser pour son plus grand plaisir vu sa petite langue qui sortait de temps en temps pour me lécher la main. J’adorais les animaux, chiens et chats, aucune différence pour moi. La voix d’un homme se fit entendre, je relevais le visage tout en continuant de caresser son chien jusqu’à ce qu’il lui mette sa laisse. Je souris à l’homme.
- Oh non, ne vous inquiétez pas, il est vraiment adorable. Ben, donc. Et comment s’appellent vos autres chiens ?
On pouvait voir des étoiles dans le fond de mes yeux devant tous ces chiens. J’avais toujours voulu en avoir un quand j’étais plus jeune, mais maman n’a jamais voulu, allez savoir pourquoi.
- Je m’appelle Aurora et je vous avoue que je vous envie d’avoir autant de chiens.
Ben est bien tombé, c’est déjà ça, encore que si quelqu’un devrait être bien placé pour savoir qu’il faut se méfier par-dessus tout des amis des chiens, c’est bien Will Graham. Le chien noir, lui, ne se méfie en tout cas pas le moins du monde, il remue la queue de satisfaction tout en réclamant davantage de caresses de la part de l’inconnue, qui ne se fait pas prier pour lui en offrir. Un part de lui est simplement tentée de récupérer Ben et de s’en arrêter là, il n’a pas vraiment envie de converser plus longuement avec son interlocutrice et se satisferait tout à fait de retourner à ses occupations, quitte à manquer de civisme (ce ne serait pas inédit pour lui), mais il fait tout de même l’effort de se montrer plus sociable, du moins juste ce qu’il faut pour répondre tout de même aux questions de son interlocutrice.
« Clio », dit-il en désignant la chienne la plus grande du lot, un golden retriever au poil mordoré, « Chester », ajoute-t-il en désignant le chien bâtard blanc tacheté de noir, auquel il manque une patte. « Et Clyde », ajoute-t-il au sujet du berger australien couleur ébène.
Les présentations sont faites d’un ton relativement détaché, pas parce qu’il se moque de ses chiens, au contraire, il y tient certainement plus qu’il ne tiendra jamais à la grande majorité des humains qui croiseront sa route, mais il ne se montre jamais très expressif quoi qu’il en soit. Il énumère ainsi ces noms choisis au gré des circonstances, pas tant mûrement réfléchis que décidés dans l’impulsion du moment, quand un nom ne leur avait pas été attribué où il le cherchait. Et tandis qu’il présente chaque canidé un à un, il n’envisage pas de se présenter lui-même, norme sociale à laquelle la jeune femme n’oublie pas de le convier en se présentant pour sa part, sous le nom d’Aurora. « A vrai dire, j’estime ne pas en avoir assez », remarque-t-il en consentant à accrocher à ses lèvres un de ses rares sourires.
Ce qui n’est pas entièrement faux, même s’il est évidemment limité autant par les circonstances que par un partenaire de vie qui, semble-t-il, ne partage pas exactement sa vision sur la question, même s’il a bien fallu qu’il y consente malgré tout. Quoi qu’il en soit, ce n’est jamais qu’une simple observation, qui lui permet donc dans le même temps de constater que son interlocutrice est une grande amie des chiens ce qui, naturellement, lui vaut quelques points de sympathie.
« Will », finit-il par se présenter tout de même avant de reprendre. « Vous avez des chiens ? »
Et voilà qu’il engagerait presque naturellement la conversation. Mais il faut dire que le sujet est adapté. Peut-être qu’elle lui envie le nombre de ses chiens parce qu’elle en voudrait davantage, ou bien parce qu’elle n’en a pas. Vu son âge, ou du moins l’âge que son apparence laisse présager, elle est probablement encore étudiante, ou à peine entrée dans le milieu du travail, bref, dans une condition financière qui n’est pas forcément favorable à l’espace et au soin qu’exigent ces très chères bêtes à quatre pattes.
L’homme en face de moi n’avait pas l’air spécialement loquace, mais ce n’était pas très grave, cela ne me dérangeait pas parce que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, je n’étais pas vraiment bavarde moi non plus, simplement mettez-moi en présence de chiens ou de chats et je redeviens une gamine qui babille sans arrêt. Toujours occupée à caresser Ben, j’écoute l’homme présenter ses autres chiens. Les noms étaient sympas et avaient le mérite d’être original. Chester semble ne pas avoir eu une vie facile, mais il n’a pas l’air d’un chien malheureux, d’ailleurs, aucun ne l’est, cet homme en prend grand soin, assurément.
- Des noms originaux, j’aime beaucoup.
Un petit rire amusé secoue mes épaules quand il m’explique qu’il trouve ne pas avoir assez de chiens. Je ne savais pas, bien sûr, si les chiens qui étaient là étaient les seuls qu’il avait, mais même si c’était le cas, quatre chiens, c’était déjà très bien à mes yeux.
- C’est ça le problème, c’est que dès qu’un chien arrive dans notre vie, on en veut un autre, ne serait-ce que pour tenir compagnie au premier quand on doit s’absenter et puis encore un autre et encore….c’est très difficile de devoir choisir entre deux chiens quand on va en chercher un.
Allait-il se présenter un jour ou bien allais-je devoir deviner son prénom. Je lui adressais un franc sourire lorsqu’il me révéla enfin cette information. Un éclat de tristesse passa dans mon regard quand il me demanda si j’en avais.
- Malheureusement, non. Quand j’étais petite, je n’arrêtais pas de supplier ma mère pour avoir un chien, mais elle refusait toujours. Elle me disait que nous n’avions pas assez de place pour accueillir correctement un chien et qu’il serait malheureux dans un petit appartement comme celui que nous avions. Alors je n’insistais plus, mais j’enviais mes copines d’école qui en avaient. Aujourd’hui, je suis étudiante et bien que j’adorerai en avoir au moins un, je ne pourrais malheureusement pas subvenir à ses besoins. J’ai déjà du mal à payer mes études, alors….
Sur un ton amusé, je lui lançais quelques mots.
- D’ailleurs si vous connaissez un boulot où on aurait pas besoin de moi tous les jours et qui me permettrais de ne pas côtoyer trop de gens, évitant ainsi quelques...gestes déplacés….je suis preneuse.
Je ne savais même pas pourquoi je lui avais dit ça, il allait probablement me prendre pour une cinglée, mais je vous l'ai dit, dès qu'il y a des chiens ou des chats près de moi, je suis beaucoup plus...comment dire...expansive.
Pas de réaction particulière de la part de Will quand elle commente l’originalité du nom de ses chiens. Il n’a pas particulièrement cherché à l’être, original. Pour tout dire, il serait bien incapable de dire plus précisément ce qui a motivé tel ou tel choix en ce qui concerne le nom qu’il a décidé de donner à ses camarades à quatre pattes. Il était simplement plus simple qu’ils aient un nom afin de parvenir à les distinguer, à les appeler… ni plus ni moins. Ça s’arrêtait là, en fin de compte.
La jovialité apparente d’Aurora contraste clairement avec le tempérament naturellement taciturne de Will, et ce n’est pas plus mal. Quelques mots glissés là sans vraiment d’intention manifeste de faire la conversation suffisent à la jeune femme pour rebondir, et quelque part la lui rendre d’autant plus sympathique. Pas qu’il ait de grandes affinités avec les personnalités les plus exubérantes et les plus bavardes (ceux qui parlent trop sont souvent ceux qui ont le moins de choses intéressantes à dire, selon lui), mais elle a le mérite de s’épancher sur un sujet qui l’intéresse, et concernant lequel il est susceptible de se reconnaître, ce qui à l’évidence fait une différence. Il devrait sans doute présenter Aurora à Hannibal et lui laisser faire l’argumentaire quant au pourquoi quatre chiens, ce n’est définitivement rien, ou en tout cas pas assez. Mais il évite de présenter à Hannibal les personnes qui lui inspirent un semblant de sympathie… question de précaution. Il ne saurait garantir qu’ils ne finissent pas autrement, tôt ou tard et sous quelque forme que ce soit, dans son assiette.
Aurora lui apprend donc qu’elle n’a jamais assez de chien. Sa mère n’avait sans doute pas eu tort de suggérer que les chiens n’étaient pas faits pour vivre dans de petits espaces. Par ailleurs, elle lui confirme ce qu’il devinait d’ores et déjà. La miss est bel et bien étudiante, alors elle ne doit avoir ni l’espace, ni les moyens d’un tel investissement, celui souvent négligé que constitue le fait de devoir s’occuper d’un animal.
La jeune femme reprend ensuite avec un aplomb absolument remarquable, qu’elle recherche un emploi. C’est un trait d’esprit, et d’instinct, Will a seulement envie de répondre qu’il n’a rien de tel à lui proposer et qu’elle trouverait difficilement son compte dans le cadre de son propre travail. Mais il est intrigué. Un travail où elle n’aurait pas à côtoyer trop de gens, il comprend sans mal ce sentiment, lui-même s’épargnerait bien de s’accommoder de la présence de ses collègues. Même s’il s’entend relativement bien avec Eve, il se sent constamment… submergé. Ici, pas de Jack pour ordonner de lui laisser tout l’espace dont il a besoin (et si Jack était là, il lui réserverait un tout autre traitement à présent, à n’en pas douter), on empiète constamment sur son espace personnelle. Quant à cette histoire de gestes déplacés… Will se demande si Aurora parle d’expérience ? Il lui souhaite que non. S’il peut parfois manquer de tact, il ne lui pose pour autant pas la question.
« Est-ce que vous vous sentiriez capable de vous occuper occasionnellement de quatre chiens en même temps ? Peut-être davantage, à l’avenir ? » suggère-t-il presque trop spontanément pour lui.
Confier ses chiens à une inconnue… Mauvaise idée ? Elle semble avoir un bon contact avec eux, mais ça ne veut pas dire grand-chose. Il faudra certainement qu’il en apprenne plus sur elle avant ça. Ceci dit, l’idée est lancée… et quelque part… Pour lui, ce serait la solution idéale.
WWF, voilà comment on pouvait m’appeler quand j’étais gamine, même si maman refusait qu’on ait un chien à la maison elle acceptait néanmoins que je ramène certains animaux blessés que je pouvais trouver. On leur servait d’infirmerie et je les relâchais toujours dès qu’ils allaient mieux. Ainsi on a vu défiler des hamsters, des lapins, quelques chats, un chiot...enfin la liste est longue. Le plus difficile, c’était de ne pas les garder, mais maman avait accepté à la seule condition que j’accepte de les laisser repartir ensuite. Trixxie m’aidait beaucoup émotionnellement à accepter le départ de mes amis à quatre pattes.
J’adorais vraiment les études que je faisais, avant d’arriver ici, je ne m’intéressais pas plus que cela à la mythologie grecque, mais depuis que j’ai commencé le cursus universitaire, je trouve cela passionnant. J’aimerai vraiment aller jusqu’au bout, mais financièrement, cela risque vraiment de devenir compliqué. Les petits boulots sont assez facile à trouver pour peu qu’on ne soit pas trop regardant, mais même si je suis prête à bosser dans n’importe quel domaine, je n’ai pas non plus envie d’avoir des conditions de travail déplorables. De toute façon, c’est plus fort que moi, dès qu’on me manque de respect, il faut que j’agisse. Par exemple, le dernier boulot que j’ai eu et dont je me suis fait virer, c’était serveuse dans un boui-boui qui tenait debout parce que c’était la mode. Là-bas la clientèle était plutôt, comment dire...agité et les mains aux fesses étaient légion. Au début je ne disais trop rien, mais un soir, j’en ai eu assez et j’ai tapé le client en question sur la tête, avec mon plateau. Inutile de vous dire que cela n’a pas plu à mon boss qui avait assisté à toute la scène. J’ai été mise à la porte séance tenante.
Honnêtement, je m’étonnais moi-même d’avoir lancé cette demande à Will, je ne le connaissais pas, cela pouvait être un psychopathe déguisé en puppy, on est jamais sûr de rien quand on rencontre quelqu’un pour la première fois. Pourtant, à la réponse qu’il me fit, mes yeux s’illuminèrent. Si je m’en sentais capable ? Bien sûr que oui.
- Si je m’en sens capable ? Vous plaisantez ? J’adorerai ça. Ce serait le job idéal pour moi. Quand j’étais gamine, je ramenais des animaux blessé chez moi pour les soigner et les garder en convalescence le temps qu’ils reprennent des forces, ma mère avait accepté à condition que je les laisse repartir quand ils étaient guéris, alors il m’est arrivé de devoir gérer plusieurs animaux à la fois. Cela ne me dérange absolument pas, au contraire.
Je baissais le regard sur les chiens, leur souriant, puis je relevais les yeux vers Will.
- Et si on leur demandait leur avis ?
Je m’accroupis devant les chiens et caressais leurs têtes l’une après l’autre. Ils ne semblaient pas détester.
- Hey les gars, ça vous dirait que je m’occupe de vous de temps en temps ? Moi j’adorerai ça.
Est-ce qu’il vient bel et bien de suggérer à une parfaite étrangère qu’elle pourrait s’occuper de ses précieux chiens ? On dirait bien que oui. Ne devrait-il pas se méfier davantage ? Bien sûr que oui. Personne n’offre du travail aussi facilement, personne ne prend le risque de confier ce qu’il a de précieux à qui il ne connaît pas, et les personnes que l’on pense connaître ne sont pas toujours dignes de confiance malgré tout, il ne le sait que trop bien. Il a fait preuve de ce quelque chose dont il manque d’ordinaire spontanément : une certaine spontanéité.
Dans l’idée, Will continue de trouver l’idée bonne. Il ne sera jamais totalement serein à l’idée de confier ses chiens à qui que ce soit, mais il est moins serein encore à l’idée de les laisser seuls trop longtemps, alors en soi, engager quelqu’un pour s’en occuper, même ponctuellement, ce n’est pas une mauvaise idée. Sur le principe, Aurora semble toute désignée : elle semble avoir le chic avec leurs amis à quatre pattes, et ces derniers, à l’évidence, réclament sa compagnie. Sans oublier que les histoires qu’elle lui raconte, même s’il ne peut présumer en soi de leur véracité, semble confirmer le fait qu’elle a des affinités naturelles à des animaux. Ça ne veut pas dire grand-chose en soi, mais il ne veut pas non plus saper l’enthousiasme de son interlocutrice, il faut seulement creuser l’idée davantage. Car après tout, que sait-il de cette jeune femme pour le moment ? Trois fois rien, en réalité. Et elle n’en sait pas beaucoup plus pour sa part. Ce qui vaut sans doute mieux. « Croyez-le ou non, j’offre rarement du travail à des inconnus que je viens juste de rencontrer », observe-t-il tout de même après un instant (en même temps, qui fait ça ?). « On pourrait en discuter autour d’un café, par exemple, si vous avez du temps devant vous ? Encore qu’avec les chiens, ça risque d’être compliqué. »
L’un des avantages de Will (avantage qui la plupart du temps est aussi une malédiction), c’est qu’il ne lui est la plupart du temps pas difficile de cerner autrui, la faute (ou le mérite) à ses neurones miroirs en surnombre. Pas qu’il soit à l’abri d’erreurs monumentales pour autant, mais ce qu’il analyse pour l’heure du discours et des comportements de son interlocutrice lui laissent à penser, pour l’heure, qu’elle est à peu près digne de confiance, et que s’il en est un des deux pour ne pas l’être, ce serait plutôt lui.
« J’habite à deux pas, sinon », suggère-t-il, pas tant pour insister que par souci de praticité. « Mais en jeune femme avisée, vous ne suivrez sans doute pas un inconnu jusque chez lui. »
Oh Aurora n’a nul souci à se faire. Pas qu’il soit sans risque de pénétrer en sa demeure (ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas uniquement la sienne et abrite quelqu’un de plus dangereux encore), mais en l’occurrence, il est à mille lieues d’aucune des intentions qu’on pourrait éventuellement lui soupçonner d’un point de vue extérieur.
Se pourrait-il que mon souci financier commence à se résorber grâce à cet homme ? Ce serait vraiment formidable, être payé pour faire ce que je faisais gratuitement quand j'étais gamine, enfin en quelque sorte, voilà le job idéal pour moi. Bon bien sûr, il m'avait été proposé de manière incongrue, mais je n'ai jamais fait comme tout le monde, alors il est normal que j'obtienne un travail par des voies autres que celles du commun des mortels, non ?
J'eus un petit sourire amusé lorsque Will m'informa qu'il offrait rarement du travail à des gens qu'il venait de rencontrer. Oh oui, ça je voulais bien le croire, de mon côté j'étais rarement aussi expansive au point de demander un emploi au premier venu. Enfin je ne le lui avais pas demandé directement, j'avais juste demandé s'il connaissait quelqu'un qui offrait un travail, mais ça aussi c'était inédit pour moi.
- Oh oui, je vous crois volontiers, ce n'est pas quelque chose de courant, mais c'est ce qui est sympathique je trouve, j'ai toujours aimé me distinguer. Je hochais positivement la tête lorsqu'il me proposa de prendre un café. Un café ce serait parfait et pour vos chiens…si mon job est de m'occuper d'eux, pourquoi on les isolerait ? Je veux dire autant qu'ils s'habituent un peu à moi et puis s'ils nous voient prendre un café ensemble, ils seront encore plus enclins à me laisser m'occuper d'eux, vous ne pensez pas ?
Et oui, les toutous ici présents semblaient m'apprécier, mais leur maître était là, le chef de meute parlait avec moi, donc pour le moment tout allait bien, mais qui me dit que, une fois que Will ne sera plus là parce qu'il sera au travail ou que sais-je encore, qui me dit que nos amis à poils se montreraient toujours aussi amicaux envers moi. Il faut d'abord qu'ils voient que je ne suis pas une menace pour leur maître.
- En effet, dans d'autres circonstances, je ne vous aurais pas suivi chez vous, mais comme je vous le disais à l'instant, pour moi l'essentiel c'est que vos chiens ne me perçoivent pas comme une menace pour vous ou pour l'un des habitants de votre maison…si jamais il y en a d'autres, alors je pense que le fait de me voir chez vous, avec vous, pourrait les rassurer, parce que si là ils semblent m'apprécier, ce n'est pas dit qu'une fois que vous, leur chef de meute, n'êtes plus là qu'ils m'apprécient toujours autant. Alors oui, je veux bien prendre un café chez vous.
Sans compter que si Will était un maniaque et qu'il s'en prenait à moi, pas certaine qu'il s'en sorte indemne…oh pas forcément à cause de moi puisque même si je suis une Nephelim, je n'ai plus mes pouvoirs, donc je ne saurais pas résister très longtemps, mais la vengeance viendrait très certainement de plus haut. Certains membres célestes de ma famille ne seraient pas spécialement heureux de voir ce qu'il m'aurait fait, mais malgré tout, je ne sentais pas de mauvaises intentions émaner de sa personne.
D’une manière ou d’une autre, Aurora a bel et bien su se distinguer, comme elle semble aimer le faire. Will ne saurait dire par quels aspects exactement et pour quelle raison plus précisément il a décidé de lui adresser suffisamment de confiance pour lui faire une offre à ce point spontanée et éloignée de ses habitudes, mais quoi qu’il en soit, il l’a fait, et au point où il en est, ça ne lui coûte plus grand-chose d’aller au bout de cette initiative. Bien sûr, il s’assurera tout de même que ses chiens ne risquent rien en compagnie de la jeune femme, mais il veut se fier à sa première impression (même si, en dépit de ses talents d’empathie, les circonstances lui ont prouvé quelques fois qu’il pouvait largement se tromper au sujet de qui il pensait pourtant bien connaître).
Quoi qu’il en soit, elle accepte la proposition de prendre un café, ajoutant même que les chiens se sentiront peut-être plus en confiance s’ils voient que Will lui-même lui fait confiance (confiance encore relative mais au fond assez miraculeuse). Elle n’a peut-être pas tort en effet. Et oui, cela leur laissera l’occasion de se familiariser avec la jeune femme, si vraiment son travail doit devenir de s’occuper de ses amis à quatre pattes de façon régulière. « Je vois que j’ai affaire à une experte en psychologie canine », commente Will avec un fin sourire au coin des lèvres, alors qu’elle accepte la démarche qui pourrait sembler cavalière voire suspecte de venir chez lui.
C’est fait et dit absolument sans arrière-pensée, et même, il se garde le plus souvent d’inviter qui que ce soit chez lui – à plus forte raison que ce n’est pas totalement chez lui, mais Hannibal, qui de toute manière travaille à cette heure-ci, consentira sans doute sans mal à cette décision si elle lui épargne de s’occuper des chiens plus que les circonstances (et Will, oui) ne le contraignent d’ores et déjà à le faire. C’est une solution qui pourra leur être profitable, autant à l’un qu’à l’autre, ça en vaut donc très naturellement la peine. « Je vous laisse vous en occuper ? » suggère-t-il en lui tendant les laisses des chiens. Il ne leur faudra que quelques minutes pour rejoindre son domicile, mais cela lui permettra, durant ce temps, de voir comment elle s’y entend avec ces boules de poil.
Il aurait certainement pu se contenter de la regarder faire tout en la guidant jusque chez eux, imposant un silence potentiellement inconfortable mais qui lui avait toujours très bien convenu, bien plus que ces conversations qui exigeaient de sa part un effort social qu’il se sentait rarement capable de fournir, et encore moins sur le long terme. Mais les circonstances exceptionnelles exigent qu’il fasse un minimum d’effort, par ailleurs, il tient bel et bien à mieux connaître Aurora afin de se faire une idée de sa personnalité et du degré de confiance qu’il pourra placer en elle.
« Vous m’avez dit que vous êtes étudiante, qu’est-ce que vous étudiez ? »
Pourquoi n'ai-je pas fait d'études pour devenir vétérinaire puisque j'aimais tant que cela les animaux ? Il est vrai que c'est une question qu'on pourrait se poser, et la réponse est toute simple. J'ai horreur de voir un animal souffrir, alors faire un métier qui consisterait à les soigner serait beau en soit, mais être confronté à la souffrance animale tous les jours, je n'aurais jamais pu le supporter. On ne peut pas parler d'expérience dans le domaine si on prend en compte ce que j'ai fait quand j'étais gamine, mais si à l'époque voir un animal blessé me crevait le cœur, je ne vous raconte pas ce que cela pourrait donner si j'exerçais un métier comme celui-là.
J'eus un petit rire amusé aux paroles de Will. Experte je ne sais pas, mais c'est juste logique. Pour un bébé c'est pareil, si vous le mettez dans les bras d'un inconnu, son premier réflexe va être de chercher ses parents du regard, pour un animal c'est plutôt pour évaluer la dangerosité de l'individu en observant les réactions de son maître, mais l'idée est la même.
- Experte, je ne le sais pas, mais disons que c'est le simple bon sens.
Etre invité chez un type que je venais juste de croiser pour boire un café était quelque chose d'un peu particulier en soi, mais la situation était également particulière et puis, j'avais vraiment besoin d'argent, alors si Will pouvait m'en donner au moins un peu en échange d'un peu de temps passé à m'occuper de ses chiens, j'étais prête à prendre ce risque. Il me tendit alors les laisses. Un sourire se dessina sur mon visage. Je tendis la main et les pris.
- Avec plaisir puis, m'adressant aux chiens. Aller les gars, on va à la maison.
Je suivis donc Will, ne sachant pas du tout où "la maison" se situait. J'avais pensé que le chemin se serait fait dans le silence, mais le fait qu'il souhaite visiblement parler ne me dérangeait pas du tout.
- En effet. J'étudie la mythologie grecque. C'est vraiment passionnant. Je n'aurais jamais imaginé ressentir autant d'attraction pour cette discipline. Je prépare une Maîtrise en Histoire Ancienne et la mythologie y tient une place prépondérante.
Les chiens semblaient aimer ma présence, j'avais toujours eu un bon feeling avec les animaux. Certains venaient chercher des caresses que je me faisais une joie de leur donner puis repartaient.
- Et vous, Will….vous faites quoi dans la vie ?
Cette question n'était pas spécialement indiscrète, si lui voulait me sonder pour savoir si je pouvais convenir pour le job, j'avais bien le droit de savoir chez qui je mettais les pieds, non ?
Si Aurora fait peut-être preuve de bon sens en matière d’analyse de la psychologie canine, on pourrait éventuellement, en revanche, suggérer qu’elle n’est guère avisée au moment d’accepter l’invitation d’un inconnu à venir chez lui. Pas qu’elle ait de véritables raisons de se méfier, cela dit, quand bien même un mettre un pas chez lui, c’est faire aussi un pas dans sa vie, et c’est là une chose que Will ne devrait souhaiter à personne. Il ne fait jamais bon de faire partie de son cercle, qu’il soit proche ou éloigné, cela a de très fortes chances de mal finir pour vous. Mais ce n’est pas le profiler qui va pour autant la dissuader quand la jeune femme accepte donc de le suivre, en s’occupant au passage de garder les chiens en laisse, sans se faire prier, toujours avec cette attention sincère qu’elle semble naturellement prêter au moindre animal, et qui est toute à son honneur.
En chemin, elle lui apprend étudier la mythologie grecque. Voilà, songe-t-il, qui lui ferait sans doute gagner quelques points dans l’estime d’Hannibal s’il devait venir à la rencontrer (Will évitera au maximum que cela se produise – mais en vérité, il est déjà trop tard pour ça –, mais au vu des circonstances, c’est sans doute inévitable). Lui-même n’est pas autant passionné de ce domaine, mais il a cultivé, par la force des choses, une certaine connaissance en la matière. « Vous vous êtes choisi un sujet de prédilection passionnant. Bien qu’exigeant. Même si l’un va rarement sans l’autre », observe-t-il simplement tout en regardant davantage les chiens qu’il ne regardait directement son interlocutrice, évitant son regard comme il avait tendance à le faire avec la grande majorité de ses interlocuteurs – les chiens lui donnent en ce sens un bon prétexte à cette dérobade.
Les chiens qui, au demeurant, ont définitivement l’air de l’apprécier. Ils se comportent rarement à ce point docilement avec une inconnue. Sans parler forcément de don, elle semble définitivement avoir le chic avec les animaux. Aucun d’eux ne cherchent à prendre la tangente, et ils viennent même réclamer des caresses à leur promeneuse. Sa présence à proximité n’y est probablement pas pour rien, mais le constat est plutôt encourageant. « On me paye à pénétrer l’esprit de meurtrier », résume-t-il d’un ton terriblement neutre quand Aurora lui retourne sa question et lui demande ce qu’il fait dans la vie, tout en fouillant la poche de sa veste avant d’en extirper les clés. Ils sont presque arrivés. « Je suis profiler », résume-t-il plus clairement alors avant d’arrêter ses pas devant la demeure qu’il n’a pas encore totalement réussi à s’approprier comme la sienne, même si c’est à présent ici que ses pas le ramènent, peu importe où il doit décide de se rendre. Ses pas le ramèneront toujours à lui. « Nous sommes arrivés. » Il ouvre la porte en grand pour laisser Aurora passer. « Après vous. Vous pouvez les détacher. »
Maman disait toujours "ne suis pas des inconnus, ne monte pas dans leurs voitures", mais elle n'avait jamais parlé de ne pas aller chez eux. Quoi ? Bien sûr que je plaisante, elle n'avait pas besoin d'ajouter cette précision, cela tombait sous le sens. Pourtant, je voulais croire que ce Will était gentil, enfin tout du moins qu'il l'était avec une amie des animaux comme moi et puis comme je l'ai déjà précisé plus haut, j'avais confiance en ma famille céleste, elle ne laisserait pas quoi que ce soit m'arriver. Bon ce serait plus facile si j'avais mes ailes, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a ou, en l'occurrence, avec ce qu'on n'a pas. J'avais donc accepté son invitation à venir chez lui, j'aimais à croire que cela faisait partie de "l'entretien d'embauche". Quand on y pense, ce dernier était un peu particulier, alors une bizarrerie de plus ou de moins, cela n'avait pas d'importance. Nous nous étions donc mis en route.
Je m'attendais à ce que le chemin soit silencieux parce que Will ne semblait pas être quelqu'un de très bavard, aussi je fus agréablement surprise lorsqu'il engagea la conversation, me demandant ce que j'étudiais. Je lui ai donc répondu que j'étudiais la mythologie. Je hochais positivement la tête en souriant.
-C'est vrai, je ne sais pas ce qui est le plus difficile, retenir l'ensemble des liens de parentés des Dieux et Déesses ou bien retenir les événements qui se sont déroulés à cette période. Je crois que c'est un peu des deux en fait, mais cela en vaut la peine, vraiment. A terme j'aimerai bien travailler dans un musée au département de la Grèce Antique, même si je sais que pour être conservatrice de musée, j'aurais besoin d'autres études supplémentaires, mais j'ai le temps je suis encore jeune.
J'avais demandé à mon tour ce que Will faisait, par simple curiosité, tout simplement. J'ouvris de grands yeux. Lui ? Profiler. Ouah, je devais avouer que cela me surprenait.
-Profiler ? Vous m'impressionnez, je n'aurais jamais imaginé que vous puissiez faire un tel métier. Et ça va, enfin je veux dire….se glisser dans la tête de tels individus ça peut laisser des traces parfois….est-ce que ça vous en laisse ?
Je secouais la tête en ayant un petit sourire désolé.
-Désolé, c'était un peu indiscret comme question, j'ai toujours eu une curiosité très poussée et vous êtes le premier profiler que je rencontre alors….si vous ne voulez pas y répondre, vous n'avez pas à le faire.
Nous finissons par nous arrêter devant une demeure relativement grande. Je me perds dans sa contemplation quand la voix de Will me tire de mes songes.
-Hum ? Oh oui, bien sûr.
Je libère donc les chiens.
-Voilà, les gars, vous êtes arrivés.
J'entre à mon tour dans la maison.
-Ouah….c'est….elle est vraiment superbe cette maison.
Will écoute Aurora lui parler de ses études avec intérêt, mais sans beaucoup de réactions autres que quelques hochements de tête de temps à autre. Elle a l’air d’être une jeune femme passionnée, investie dans tout ce qu’elle fait, ce qui peut être, à l’évidence, à double tranchant. C’est sûrement ce qui fera d’elle une étudiante brillante et qui lui permettra de mener à bien ses projets, c’est sans doute aussi ce qui fait d’elle une personne qu’il reconnaît d’instinct comme fiable quand il est question de s’occuper de ses amis à quatre pattes, mais elle est sans doute aussi d’un naturel à ne s’investir que si une chose lui plaît, et à ne pas y aller par quatre chemins si quelque chose lui déplaît. Cette analyse qu’il fait silencieusement de sa personnalité, il ne la confie évidemment pas à son interlocutrice. C’est ce qu’il pourrait qualifier de déformation professionnelle s’il le décidait, c’est surtout un indissociable de ce don d’empathie qui a très souvent ressemblé à une malédiction pour lui.
Il ne réagit pas franchement davantage quand Aurora lui assure être impressionnée par son métier, avant d’ajouter qu’elle ne l’aurait pas imaginé occuper de telles fonctions. Il ne le prend pas mal, ni bien, il ne le prend pas particulièrement, en réalité, d’autant qu’il s’abstiendra de donner à son interlocutrice une réponse trop précise quand elle suggère que se glisser dans la tête de criminels, de psychopathes, peut laisser des traces.
« Quelques fois », se contente-t-il de répondre d’un ton empreint de neutralité quand elle lui demande si ça lui en a laissé, à lui, des traces.
Doux euphémisme que de répondre de la sorte, c’est évident, mais il ne va bien évidemment pas rentrer dans les détails de combien son intrusion dans des esprits pervers, violents et torturés a eu d’impact sur un esprit lui-même instable, capable de répondre un peu trop aisément à ces impulsions de violence qu’il a très longtemps tenté de museler, au mépris de sa propre raison.
« C’était un peu indiscret. Mais je n’ai pas grand-chose à dire à ce sujet », reprend-il une fois à l’intérieur. « Merci », reprend-il tandis qu’Aurora se perd dans l’admiration de la maison qui, à l’évidence, ne serait ni aussi spacieuse, ni aussi luxueusement décorée s’il en était le seul propriétaire. « Je n’y suis pas pour grand-chose. Mon… partenaire a toujours eu un goût plus sûr que le mien », reprend-il sans chercher, comme à son habitude, à s’épancher sur aucune sorte de détails.
De lui-même, de ce qui lui importe et de ce qui le définit, il ne peut plus dire grand-chose dorénavant. Sans doute ne l’a-t-il jamais complètement pu. Aurora sait certainement de lui la seule part de lui-même qu’il soit en mesure de partager sans aucune forme de réserve, à savoir son amour pour les canidés.
« Comment est-ce que vous aimez votre café ? » lui demande-t-il après l’avoir invitée à prendre place à l’intérieur et à s’installer où bon lui semblera.
Code by Laxy
«Adapt. Evolve. Become. This is my design.»
Contenu sponsorisé
Dog-sitting [Aurora]
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum