Un nouveau ? Will & Claire (terminé)

Will ne pensait pas revenir de son plein gré dans un endroit comme celui-ci. De manière très évidente, sa réponse aux exigences de Jack Crawford à l'époque, son insistance à vouloir "emprunter son imagination", avait été le début de la fin... Mais c'était présumer qu'après cette fin, rien ne pouvait recommencer. Aujourd'hui, Will sait de manière très évidente qu'il n'en est rien. Chaque nouvelle scène à analyser, chaque nouveau profil à établir, chaque dessein à discerner usait un peu de cette intégrité morale derrière laquelle se dissimulait la bête. A tirer sur la corde, il fallait bien qu'elle cède. Mais aujourd'hui, il ne redoute plus ce qui l'a fait se détourner du FBI à l'époque au profit d'une vie qui ne lui a jamais réellement correspondu par ailleurs.

Il sait, il ne prétend pas, il ne redoute pas de limites qu'il ne possède plus. Il est de taille, car il n'est plus le même à présent. Il a retrouvé Hannibal, il s'est retrouvé, ou plutôt, il s'est définitivement trouvé. Il éprouve plus d'impatience, en vérité, à la perspective de pouvoir reprendre ses anciennes fonctions qu'il n'envisage d'avoir d'appréhensions. Ce travail qui le rongeait était aussi ce domaine dans lequel il excellait plus qu'aucun autre. Son empathie exacerbée à même de le glisser dans la peau de ceux qu'il doit traquer, il ne lui déplairait pas de reprendre du service. Sans oublier, bien sûr, ce que cette décision peut avoir de stratégique.

Se ranger du côté de l'ordre et de la justice, de ceux qui affirment les servir, c'est aussi garder une prise sur quelque enquête que ce soit qui pourrait d'une manière ou d'une autre concerner le duo de prédateurs. C'est aussi, s'il faut être plus pragmatique, une manière de gagner convenablement sa vie. Will a vivoté depuis sa sortie de l'hôpital, il n'a poursuivi qu'un seul objectif, qui n'avait rien de professionnel. Un objectif plus nécessaire qu'aucun autre, et qui a abouti. A présent, il faut que tout respecte un certain ordre, son dessein personnel.

Il a obtenu un entretien au département de police, armé d'un curriculum qu'il aurait tout à fait pu maquiller, comme ce doit être le cas d'absolument n'importe qui ici, dorénavant... On ne peut presque que se fier à la parole d'autrui dans cette ville aux codes encore obscurs, mais cela réussit à certains, Will songe que ce pourrait lui réussir également. Sur place, on lui apprend que l'homme qu'il doit rencontrer est occupé pour le moment. On le fait patienter dans ce qui doit être la salle de pause, on lui propose un café, qu'il accepte et sirote du bout des lèvres tout en scannant du regard les lieux où il se trouve. Jusqu'à ce qu'une jeune femme fasse son apparition dans la pièce. Au vu de sa tenue, elle est de la maison.

"J'ai rendez-vous avec votre supérieur, il m'a demandé d'attendre ici." Il tend sa main pour qu'elle la serre, consent à ne pas rester dans son coin comme il peut si facilement désirer le faire. Si cette femme doit devenir une collègue, autant examiner le terrain directement. "Will Graham, je travaillais pour le FBI, avant."

Pas besoin de préciser avant quoi. Cette femme aussi a dû avoir une autre vie avant de se retrouver ici, peu importe laquelle. Will n'a jusqu'ici rencontré personne pour qui ça n'a pas été le cas.

Will hoche seulement la tête quand son interlocutrice évoque la possibilité qu'il soit une nouvelle recrue. Rien n'est fait encore, mais c'est le but de la manoeuvre, en tout cas, reste à voir comment les choses vont se passer à présent. Même s'il veut avoir la pleine maîtrise de la situation, même s'il s'arrangera pour l'avoir autant que nécessaire, il reste à la merci des circonstances. Certaines peuvent être provoquées, d'autres exigent de jouer convenablement le jeu... Il a néanmoins confiance, il sait comment faire valoir sa position, et il se considère à la hauteur de la position qu'il brigue, confiance neuve acquise qu'il doit en partie à la bête. Mais lui et elle ne font plus qu'un, à présent.

"Oui, ce n'est sans doute pas plus mal", répond Will quand son interlocutrice lui fait remarquer qu'il n'y a pas grand rapport entre ce poste de police et le sacrosaint FBI.

En effet, mais il ne serait pas en odeur de sainteté au sein de cet organisme s'il devait encore exister, et de ce qu'il en sait, il n'y a rien de véritablement équivalent dans cette nouvelle dimension qu'il s'approprie à sa manière. L'échelle à laquelle il exerce ne le retient pas quoi qu'il en soit, ce qui lui importe, c'est de revenir à des fonctions si ce n'est identiques du moins similaires à celles qu'il a occupées jusqu'ici.

"J'ai été profiler." Ce n'est pas entièrement vrai, il n'était que consultant pour le compte du FBI, mais dans les faits, c'est bien en cela constituaient ses fonctions, établir un profil psychologique, déterminer le dessein des criminels sur lesquels l'équipe de Jack Crawford enquêtait à un moment T. "Je veux seulement mettre à profit mes compétences en criminologie où elles sauront être utiles."

Ses compétences. Son talent particulier qu'ils ne seront peut-être pas capables de comprendre comme Jack le faisait, même si ce dernier n'entrevoyait qu'une part infime de la réalité. Il ne cherche pas à concurrencer son interlocutrice ni à gravir de quelconques échelons. Il fera ce qu'il fait le mieux, et au mieux, et c'est ce qui lui importe. Ses motivations réelles, il ne compte ni les exprimer en présence de son interlocutrice, ni en compagnie de l'homme qu'il est venu rencontrer.

"Redfield... vous ne connaîtriez pas un certain Chris Redfield, par hasard ?" lui demande-t-il, songeant à sa rencontre avec cet homme croisé sur la plage. Peut-être un simple hasard, "Redfield" n'est pas le nom le moins commun que l'on puisse imaginer... Encore qu'aucun nom n'est plus vraiment commun dans les circonstances auxquelles ils font face et qui relèguent la norme à d'autres espaces que ceux attendus.

Impressionnant n'est pas vraiment l'adjectif que Will utiliserait pour définir le métier qui était le sien autrefois. Pas par fausse humilité, mais parce qu'il se voyait mal qualifier d'impressionnante une chose qui lui était au fond, naturelle. Il n'avait de mérite qu'une manière de penser, de réfléchir, d'imaginer différente. Quelque chose d'inné et qui faisait partie de lui. On pouvait décider de le trouver impressionnant si on le souhaitait, mais Will n'estime pas que sa part de travail le soit plus que celle que d'autres faisaient en parallèle, et dont Will était dans l'incapacité presque physique - psychologique (mais il gage que la chose serait bien différente aujourd'hui) d'accomplir. Raison pour laquelle il avait échoué aux tests d'aptitude du FBI à l'époque.

Quoi qu'il en soit, le discours de Claire Redfield est encourageant. Si un profil comme le sien n'est pas monnaie courante au sein du poste de police, cela signifie, par conséquent, qu'il pourra se distinguer dans ce domaine en particulier. L'idéal serait d'ailleurs d'en avoir le monopole, mais c'est une autre affaire, bien sûr. Il ne doit pas présumer de ce que son interlocutrice lui affirme, bien sûr, ce n'est pas elle qui décidera, au bout du compte, des fonctions qu'on l'autorisera à occuper ou non. Laisser son sort dépendre d'une autorité sur laquelle il n'a su mettre qu'un nom et à peine un visage lui déplaît fortement, d'ailleurs, mais cela fait partie du jeu, il faut bien qu'il consente à s'y plier, ne lui en déplaise.

Pour l'heure, il se renseigne, et semble-t-il que les coïncidences n'existent jamais réellement, sur cette île. Ce qui est bien la preuve que, d'une manière ou d'une autre, elles recèlent une logique intrinsèque, pas vrai. En tout cas, oui, Claire connaît son homonyme, puisqu'il s'agit ni plus ni moins que de son frère. Il ressent au fond de lui une légère frustration à se dire qu'il puisse être si simple de croiser un frère, puis sa sœur à si peu de temps d'écart quand il lui a été impossible pendant près de deux ans (moins si l'on compte son séjour à l'hôpital, mais qu'importe) de retrouver Hannibal, même en y consacrant la moindre minute de chaque heure, de chaque jour...

"Oui, j'ai appris l'existence des S.T.A.R.S. à cette occasion", reconnaît Will. "Nous avons parlé brièvement. J'avais beaucoup à apprendre de cet endroit alors." Sa rencontre avec Chris s'était résumé en une sorte de questionnement constant, en vain interrogatoire, puisqu'ici, tout le monde présume, mais en vérité, personne ne sait. "C'est toujours le cas.", ajoute-t-il sans plus de détail.

Passer pour ignorant n'est pas la meilleure façon de s'assurer la confiance d'un futur employeur, mais il reste relativement mesuré dans son propos.

Will ne prend pas la peine de répondre quoi que ce soit quand son interlocutrice affirme espérer que les choses se sont bien passées avec son frère. Parce qu'elle redoutait le contraire, peut-être ? Il est vrai que Chris Redfield ne lui a pas semblé d'un abord facile. D'un autre côté, Will ne l'est pas spécialement non plus, et ce n'est pas un défaut qu'il tend à corriger à moins d'y trouver un intérêt tout personnel. Donc il n'y a rien à répondre. La conversation aurait peut-être pu être plus cordiale, du côté de Will notamment, mais elle a eu le mérite d'être éclairante sur plusieurs aspects, ce qui est déjà beaucoup. Rien ne déplaît plus à Will que les conversations creuses, celles qu'il lui font penser qu'il aurait été préférable pour lui d'économiser sa salive plutôt que de perdre de longues minutes de son temps, mais ni le frère, ni la sœur, ne lui donnent le sentiment de perdre son temps. Encore moins quand son interlocutrice reprend la parole pour prononcer des paroles auxquelles Will ne s'attendait pas du tout.

Des passages secrets dans le commissariat, vraiment ? Et qui nécessitent des emblèmes pour les ouvrir ? Quel commissariat possède un tel système ? Et dans quel but ? Evidemment, à entendre ces mots, la curiosité de Will revient à la charge. Lui qui s'est tant évertué à lever le voile sur les trop nombreux secrets qui entourent cette île songe à présent que certaines réponses se trouvent peut-être précisément où ils se trouvent à l'heure actuelle.

"Je suppose que cette rumeur n'a jamais été confirmée ?" demande Will d'un ton qui peut laisser imaginer qu'il prend la chose à la plaisanterie, alors qu'en réalité, il veut bel et bien avoir confirmation ou infirmation de cela. Ou l'obtenir par lui-même si besoin... Ce sera évidemment plus simple s'il obtient le poste qu'il convoite. Il jette un oeil à sa montre quand son interlocutrice lui demande quand il a encore rendez-vous. "J'ai une bonne demi-heure devant moi, je dirais." Il est arrivé à l'heure, mais on l'a prévenu que l'homme qu'il venait rencontrer avait été retardé par un rendez-vous à l'extérieur, il a donc du temps à tuer.

La compagnie de Claire ne l'importune pas du tout, au contraire, elle lui permet d'en apprendre plus et de se familiariser avec cet endroit. Il n'apprécie pas spécialement qu'on lui tienne la jambe, mais quand cela peut être à des fins utiles, cela la dérange beaucoup moins.

"J'apprécierais de découvrir le commissariat plus en détails. Mais je ne veux pas vous retenir si vous avez du travail."

Il est curieux par ailleurs des affaires sur lesquelles son interlocutrice travaille, mais c'est une question qu'il s'abstient de poser malgré tout, en tout cas pour l'instant.

Will s'étonne d'entendre que personne n'a pris le soin de vérifier cette rumeur pour le moins intrigante quand sa curiosité à lui le pousserait à le faire presqu'immédiatement, surtout dans un poste de police, temple d'élucidation des mystères les plus alambiqués. Mais justement, les personnes qui travaillent ici ont certainement mieux à faire que de résoudre les énigmes qui entourent ce lieu, ils ont des affaires concrètes, tangibles à résoudre, de celles sur lesquelles Will travaillera bientôt s'il sait faire une suffisamment bonne impression à l'homme qu'il doit rencontrer sous peu. Il compte quand même s'intéresser à ce qu'il pourra de ses lieux. Même s'il a perdu son obstination à vouloir à tout prix déterminer le dessein de celui qui ordonnance cette île au moment de retrouver Hannibal, il n'a pas pour autant renoncé à cet objectif non plus, et faire partie intégrante de l'un des centres névralgiques de la ville pourra lui être utile, à ce titre.

Will avale d'un trait ce qu'il restait au fond de sa tasse de café et accompagne son interlocutrice quand cette dernière se propose de lui faire visiter le commissariat. Il demeure attentif à la moindre information qu'elle lui communique, mémorise mentalement l'emplacement des différentes pièces et couloirs. Will possède une mémoire photographique et un sens de l'orientation assez développés. Suffisamment, en tout cas pour penser retenir une partie de ce qu'il découvre pour peu qu'il doive finir par évoluer quotidiennement à cet endroit par la suite.

"Les locaux du FBI n'ont pas grand-chose à envier à cet endroit", constate Will presque pour lui-même. De l'extérieur, il ne s'était pas attendu à ce que les lieux soient aussi vastes. Mais compte tenu du fait qu'il s'agit, à sa connaissance, du seul lieu où doivent se concentrer les représentants de l'ordre sur toute l'île, ça fait très certainement sens. "Je vous remercie", reprend-il quand la visite touche à son terme.

Pile à temps semble-t-il, car à peine deux minutes plus tard, on appelle Will pour qu'il rejoigne le bureau de celui qui deviendrait peut-être son supérieur. Il adresse de rapides politesse à Claire et suit l'homme dans son bureau. L'entretien se déroule plus que convenablement. Et pour cause, Will se montre plus confiant qu'il ne l'aurait été quelques semaines plus tôt. Il a foi dans ce qui le motive à être ici, et surtout, il se sent parfaitement en phase avec lui-même, ce qui le concernant relèverait presque de l'exploit. Finalement, après ce qui doit être une bonne heure d'échanges, décision est prise de lui confier le poste tant convoité, et c'est donc fort de son nouveau statut qu'il s'apprête à quitter les lieux. Il croise alors de nouveau la route de Claire.

"Il semblerait que nous nous reverrons dès demain", lui apprend-il alors.

Will adresse à son interlocutrice un fin sourire de circonstance quand son interlocutrice lui adresse des félicitations qui sont elles aussi de circonstance. Pour le moment en tout cas. Elle finira peut-être par regretter de l'avoir pour collègue. Will ne connaît pas grand-monde qui ait sincèrement apprécié travailler avec lui. Même ceux qui, légitimement, l'appréciaient, à l'instar de Jack, devaient combiner avec un caractère moyennement accessible. Et même s'il sait où se situe son intérêt et sait quelle image de lui il lui faut renvoyer, chassez le naturel... Mais en attendant, elle est le premier vrai contact qu'il se fait au sein du commissariat, elle peut lui en ouvrir certaines portes, l'aider à mieux comprendre cet endroit, alors il sait qu'il a tout intérêt à jouer le jeu de la sociabilité. Et puis, elle ne lui est pas si désagréable par ailleurs.

Il va en effet pouvoir visiter cet endroit en toute légitimité dorénavant. Même s'il aurait sûrement du pain sur la planche, il est suffisamment intrigué par ce que son interlocutrice lui en a dit un peu plus tôt pour considérer digne d'intérêt l'exploration attentive des lieux, ce qu'il va à présent pouvoir faire en toute tranquillité, et en toute légitimité. Il est notamment intrigué par la bibliothèque à laquelle il fait référence, curieux de ce qui peut s'y trouver... Il n'aura sans doute pas un temps infini pour la lecture non plus, mais ne serait-ce qu'y jeter un oeil sera un début.

"Je pense que je vais profiter d'être ici pour découvrir mon nouveau bureau. J'ai ouï dire qu'il n'était pas loin de cette fameuse bibliothèque, justement. L'ancien bureau de... Colton ? On m'a informé qu'il était inoccupé."

Au FBI, il n'avait pas de bureau attitré, en sa qualité de consultant, et ça lui allait plutôt bien. Il préférait largement se déplacer à Quantico quand la situation l'exigeait, ou se déplacer sur les scènes de crime, et rester chez lui en compagnie de ses chiens le reste du temps. Mais qu'on lui confie d'office un bureau est bon signe, et il sait qu'à cette nouvelle vie, il doit également adapter un nouveau rythme, une autre manière de faire, qui s'épargne les habitudes du passé pour mettre en place un nouveau faisceau d'habitudes, d'une autre nature.

"Fin de journée ?" demande-t-il en constatant ensuite que Claire a l'air sur le départ, et ne va pas forcément vouloir, donc, qu'il lui tienne la jambe un temps infini.

En soi, ce n'est pas son intention non plus, mais il ne peut pas passer à côté de la possibilité d'abuser de sa générosité encore un moment si celle-ci peut lui permettre, le temps peut-être de poser quelques autres questions, et d'obtenir ses lanternes sur l'un ou l'autre élément qui lui serviront par la suite.

"Si ça ne vous ennuie pas. Je ne veux pas vous retenir."

Et par ailleurs, Will est assez tenté de découvrir de lui-même ce qui va être son bureau sans forcément de compagnie. Mais il n'a visité que très rapidement les locaux, il a beau avoir une mémoire quasi-éidétique et un sens de l'observation aiguisé, ce n'est pas pour autant qu'il serait capable de se repérer dans les dédales du commissariat, alors que la jeune femme a l'air de savoir précisément où le conduire. Et même s'il ne prend pas ses fonctions immédiatement, il est assez curieux de savoir où il a été installé. Un grand bureau, semble-t-il. Tant mieux.

Même s'il aurait été à même de se contenter d'un cagibi pour peu d'avoir un bureau pour lui seul, il ne va pas se plaindre s'il peut s'octroyer un peu plus de confort, en plus du calme qu'il recherchera naturellement par la suite. Si Claire Redfield est loin de lui faire une mauvaise impression, et qu'il s'arrangera pour être en bons termes avec elle, il s'épargnera s'il le peut de devenir trop familier avec aucun de ses nouveaux collègues. Ce pourrait plus tard lui porter préjudice. Autant qu'un trop grand isolement, cela dit, mais cela sied mieux aux limites qu'il pose à l'exercice de sociabilisation.

Will a envie d'interroger la jeune femme sur ses affaires en cours, il le peut sans doute plus aisément à présent qu'il est "de la maison", et il est assez curieux d'en apprendre plus sur les cas traités ici. Il lui a été difficile de jauger ici du taux de criminalité ambiant ni de la nature de ces actes criminels. Comme pour d'autres aspects, il évolue sur un terrain à la fois familier et inconnu. Il préfère ne pas poser trop de questions pour commencer et se contente de suivre la jeune femme tout en prenant soin de garder en mémoire chaque couloir traversé et chaque marche montée afin de retrouver plus facilement les lieux le moment venu.

Will prend le temps de considérer son bureau dans le détail. La porte est vitrée, ce qui est un détail qui lui déplaît, mais la pièce n'est pas voisine directe d'un autre bureau, ce qui l'arrange plutôt. En effet, la pièce est relativement spacieuse, il y trouve son compte. Il détache finalement son regard de l'endroit pour focaliser son attention sur la bibliothèque assez remarquable qui voisine son bureau.

"En effet, cette bibliothèque est très complète", observe Will en parcourant quelques tranches d'ouvrages du bout des doigt. "A première vue en tout cas", observe-t-il davantage pour lui-même. "Vous la consultez souvent ?"

Il se demande quelle en est l'utilité, tout comme il s'interroge sur les informations que ces ouvrages contiennent peut-être. Il faudra sans doute qu'il les épluche minutieusement pour en avoir le coeur net.

Will hoche la tête. Il ne sait pas encore à quel point son nouvel emploi se révélera accaparant ou non. Il travaillera dans des conditions très différentes de celles qui étaient ses conditions de travail à Quantico, ce qui d'ailleurs l'arrange, impossible par conséquent de se faire une idée précise de ce qui l'attend, et il est assez curieux de voir la suite. Mais en attendant, même si son temps doit être monopolisé, il pense qu'il saura en trouver tout de même pour explorer en détail les rayonnages de cette imposante bibliothèque.

Sur cette quantité d'ouvrages, il suffit qu'il y en ait un seul qui contienne, même entre ses lignes, les réponses aux questions qu'il se pose. Will se doute qu'il ne doit pas être le premier à raisonner ainsi, surtout que d'autres ont pris leurs fonctions deux longues années avant lui, ces années de latence gâchées et qu'il doit rattraper à présent. Mais peut-être qu'ils ne recherchaient pas exactement la même chose. Will ne raisonne pas comme les autres. C'est son don et sa malédiction. Ou juste son don, il n'y voit plus vraiment de malédiction à ce jour.

"J'y jetterai un oeil", confirme Will quand son interlocutrice lui apprend qu'il peut avoir accès aux archives d'anciennes affaires.

C'est une information qui l'intéresse, qui l'intéresse vraiment. Ce n'est pas seulement une bonne façon de s'immerger dans ses nouvelles fonctions, mais d'en apprendre toujours davantage sur ce qui l'entoure, et il a le sentiment que cet apprentissage sera constant. Pour cause, quand il pense avoir mis le doigt sur quelque chose, de nouveaux éléments d'informations viennent corrompre ce qu'il pensait avoir compris et acquis.

"Les archives remontent jusqu'à quelle année ?" demande-t-il du ton de celui qui ne se doute pas d'ores et déjà de la réponse.

Il pourrait caresser l'espoir de ne pas véritablement la connaître, mais il ne se leurre pas. Il en a trop entendu sur la question pour se faire la moindre illusion à ce sujet. Bien sûr, cela ne coûte rien de poser la question. D'une manière ou d'une autre, il a dû se passer quelque chose avant l'irruption simultanée de tant d'individus qui ne semblent rien avoir à voir les uns avec les autres. Il y a toujours une explication... elle peut aisément paraître irrationnelle, elle n'en est pas moins essentielle... Trouver une logique à l'illogique, c'est son intention, et il ne désespère pas d'y parvenir. Il a déjà trouvé une logique interne et personnelle à sa situation. Il doit seulement s'assurer, à présent, qu'elle s'inscrive dans un cadre qui garderait une certaine forme de cohérence. Il doit y avoir une trace, quelque part, de ce qui a forcément une origine, peu importe sa nature. Qui sait s'il ne la trouvera pas ici ?