« Ouais, ouais, ouais, tente de noyer le poisson », réplique Klaus avec un sourire amusé, absolument ravi d’enfoncer le clou alors que Diego cherche à se justifier du fait qu’il n’avait pas sympathisé avec ce Vladek uniquement à cause de leur ressemblance physique. En réalité, Klaus se doute bien que la situation est quand même bien plus compliquée que cela, mais ça l’amuse tout de même vraiment beaucoup, et plus encore s’il peut créer un léger embarras chez son frère au passage. « Je savais bien que c’était impossible de se passer de moi. » Il veut déposer une légère tape sur l’épaule de Diego avant de se remémorer l’état de son frère. « Si j’étais pas moi, je ferais la même, t’inquiète. »
Et ces âneries proférées, il daigne enfin reporter son attention sur ce type qui lui ressemble tant, à quelques détails près (Klaus estime avoir tout de même plus de style, mais ça, c’est un constat qu’il a pu faire avec l’intégralité de ses sosies)… Il se moque bien que Diego ait choisi pour nouvel ami un type qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, il est content de savoir que son frère n’a pas été complètement seul dans ce satané merdier et a pu compter sur la présence et le soutien de cette personne. Il n’aurait pas voulu savoir son frère seul, enfin… seul avec ses délire super-héroïques. L’absence totale de compagnie ne lui va pas bien au teint. L’absence de compagnie ne va bien au teint d’aucun d’entre eux.
« AH ! » Klaus tape bruyamment dans ses lèvres avec un grand sourire satisfait, comme s’il venait de remporter un marathon. « C’est bien ce que je disais ! » il dit fièrement alors que Vladek confirme qu’ils ont tous les deux plus en commun que leur apparence. Forcément, ça l’intrigue, et il se demande ce que peuvent être ces autres points communs exactement.
Vladek apprend à Diego qu’il est venu lui apporter quelque chose, et il se crispe quand il le voit dégainer une pilule et une bouteille d’eau. Des herbes, des herbes… ouais, il la connaît, celle-là ! Non mais le culot de faire son petit trafic au beau milieu d’un hôpital ! Franchement… Klaus admirerait l’audace, si ce n’était pas de son frère qu’il était question.
« Eh oh ! Tu crois faire quoi là ? » il demande avant d’intercepter la pilule de Vladek avant que Diego ne la récupère. « D’accord, quand tu me disais qu’on avait des points communs, je pensais pas à ça…. » Il regarde la pilule sous toutes les coutures, comme si cela lui permettrait de bien comprendre de quoi il retourne.
L’attitude et les propos aimables de Vladek ne lui feront absolument pas oublier la scène à laquelle il vient tout juste d’insister – ça, vraiment, certainement pas.
« You'll be alright, no one can hurt you now. You and I'll be safe and sound»
Qu’est-ce que vous voulez que je réponde à ça ? Klaus est pas assez con pour pas avoir compris la situation. Il le sait lui que le perdre serait à mes yeux une des pires choses qui pourraient m’arriver dans la vie. Et je crois lui avoir fait comprendre assez clairement à quel point il m’avait manqué, mon petit frère adoré. Vladek n’était qu’une preuve de plus que je n’aurais jamais pu envisager une vie entière passée sans lui à mes côtés. Et c’est cette confirmation qui le remplissait de joie. Même si, une fois de plus, tous les deux étaient très différents. Je m’amusais parfois à penser que Vladek était un Klaus qui avait bien tourné et avec une maturité correspondante à son âge. J’avais beau aimer profondément mon frangin, il fallait bien dire ce qu’il en était. D’ailleurs je suis certain qu’il aurait pu penser la même chose s’il y avait eu dans sa vie un sosie de moi. Ce que je n’avais encore jamais croisé d’ailleurs. S’il existait, il devait bien se planquer. Je ne pus m’empêcher de sourire aux pitreries de Klaus, je finis par hausser les épaules.
« Bon OK… admettons. Qu’est-ce que je deviendrais si tu ne faisais plus partie de ma vie ? »
Je m’arrêtais alors un instant, plantant mon regard dans le sien avec un air un peu plus sérieux.
« C’est ça que tu voulais entendre ? »
Je me tournais ensuite vers Vladek qui s’intéressa immédiatement à mon frangin. Il faut dire que je lui en avais tellement parlé. C’était donc normal qu’il soit curieux à son sujet. Et inversement. L’espace d’un instant, j’espérais qu’il lui ferait bonne impression. Aller savoir pourquoi ? Peut-être parce que de toutes mes connaissances, je les considérais comme mes deux meilleurs amis que j’avais au monde. Ca avait l’air de bien se profiler… jusqu’au moment où Vladek me tendit des herbes médicinales. Bien sûr, compte tenu du passé de junkie de Klaus, il fallait forcément qu’il s’emporte. Aurait-il été intéressé par la marchandise ? Si c’était le cas, il n’avait plus besoin de faire semblant d’être clean. Il venait de se trahir tout seul, Ne sachant pas très bien là où il voulait en venir, j’osais un trait d’humour.
« Désolé de te décevoir, Bro. Mais on fréquente pas vraiment les mêmes vendeurs. »
De quoi j’aurais eu l’air ? Passer des années (que dis-je des décennies) à faire la morale à mon frère pour de la consommation de drogue pour finir par devenir moi-même un junkie ? Non non ça n’aurait eu aucun sens. S’il y en avait bien un de nous deux qui devait montrer l’exemple à l’autre, c’était bien moi. Vladek avait plus l’air amusé qu’outré. Il reprit avec humour. « C’est vrai. Les pilules que toi tu recherches, je les vends uniquement sur le parking arrière de l’hôpital très tard le soir. »
Il rit légèrement, avec cet éclat de fausseté qui traduisait toujours son mal être profond qu’il ne dévoilait pas à tout le monde. Il reprit plus sérieusement.
« Ce que tu vois là ce sont des herbes médicinales. Je suis herboriste… il n’y a là-dedans que de l’Achillée millefeuille, de la bistorte et du houblon. Désolé de te décevoir. »
Je récupérais alors la pilule des mains examinatrice de mon frangin avant de l’avalé, sous les conseil du chaman.
« Tu vois qu’il n’y aucune raison de t’inquiéter. J’espère que tu n’y as pas glissé du muscimol là-dedans. » « Un millième de goutte, pour t’aider à te relaxer. Mais ne t’inquiète pas, tu ne le sentiras même pas. Il n’est dangereux qu’à des proportions plus importantes. »
Nous entendîmes alors une porte s’ouvrir derrière nous et une infirmière fit son entrée dans la pièce. Lisant le rapport, elle annonça.
« Monsieur De la Vega ? C’est à votre tour. »
Je soupirais alors un grand coup alors que Vladek rangeais la bouteille d’eau dans son sac et vient poser une main réconfortante sur mon avant-bras. « Ne t’inquiète pas, je suis certain que tout va bien se passer. Je peux compter sur vous pour veiller sur lui ? »
Il l’annonça en jetant un regard en direction de Klaus.
Un grand sourire satisfait s’est affiché sur les lèvres de Klaus au moment pour Diego de jouer le jeu et de demander ce qu’il deviendrait s’il ne faisait plus partie de sa vie. Oui, parfaitement, c’est ce qu’il avait voulu en dire, et il ne dissimule absolument rien de sa satisfaction après avoir obtenu gain de cause. Après tout, ça flatte l’ego… Et c’est la réalité. Klaus veut tout de même croire que Diego aurait bien du mal à imaginer la vie sans son frère… et réciproquement, même s’il avait dû se débrouiller toutes ces années sans lui, Klaus n’a pas envie de savoir ce qui se passerait si Diego disparaissait de sa vie pour de bon… Tant qu’à faire, il préfère ne pas réitérer l’expérience.
La réaction de Klaus est excessive au moment de sauter à la gorge de Vladek sous le prétexte qu’il avait refourgué une pilule à son frère, mais il se méfie quand même, parce que c’est facile de parler d’herbes médicinales, mais lui, ça le fait pas marrer. Ouais, ouais, le corps de Diego est un temps, tout ça tout ça, mais personne n’est à l’abri de faire des conneries pour autant. Et si ça a l’air de bien les faire marrer tous les deux, c’est pas le cas de Klaus. Ils sont littéralement à l’hôpital, quel est l’intérêt de se faire passer des gélules sous le manteau. C’est bien, les deux ont l’air de trouver ça hilarant, mais pas Klaus, qui se fiche bien des explications de Vladek quand il s’efforce de lui parler du contenu de la pilule en question. Il lui faut quelques secondes pour redescendre et reconnaître que, peut-être, il a mal interprété la situation. N’empêche, c’est pas pour autant que Diego en entendra pas parler pendant longtemps encore.
« Super, ça se fout de mes délires hippies et ça mange des pâquerettes au petit dej, tu files un mauvais coton, frangin. »
Il prononce ces mots avec humour, et sans réellement s’intéresser au contenu de leur dialogue. Ça lui plaît quand même pas de voir un type qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau faire littéralement avaler n’importe quoi à son frère. La parole de ce type vaut pas grand-chose aux yeux de Klaus – même si c’est vrai que c’est tentant d’écouter quelqu’un d’aussi sexy que lui, mais vous m’avez compris.
« J’t’ai pas attendu pour ça, t’es gentil », réplique Klaus quand, après que l’infirmière ait finalement appelé Diego, Vladek veut s’assurer qu’il prendra soin de son frère. Pas qu’il en ait eu souvent l’occasion, et c’est plus souvent Diego qui a pris soin de Klaus que l’inverse, mais… on se comprend. « J’peux l’accompagner à l’intérieur ? » il demande à l’infirmière. « Zorro a besoin de son Bernardo. »
« You'll be alright, no one can hurt you now. You and I'll be safe and sound»
Pour être honnête la situation était bizarre. Non pas parce que Vladek et Klaus se trouvaient dans la même pièce. Ca je m’y étais préparé et je les connaissais suffisamment bien aujourd’hui pour faire la distinction entre les deux. Mais entendre Klaus se poser en président du club d’abstinence, ça ça tenait carrément de la science-fiction. Dans quelle sorte d’univers parallèle on avait atterri là ? Ou alors c’était un signe. Une nouvelle apocalypse approchait et on allait tous y passer cette fois-ci. Il faudrait que je pense à avertir Five.
Je gardais pour le moment mes réflexions pour moi, regrettant que cette rencontre ne se passe pas aussi bien que je l’avais espéré. Klaus campait sur ses positions et Vladek aurait pu à l’instant argumenté comme il le voulait, il ne l’écouterait pas. C’est donc moi qui répondis à la remarque de Klaus, sur un ton semblable au sien.
« J’ai bien le droit de changer d’avis, non ? Et je vais te dire, entre les stéroïdes et les pâquerettes, mon choix est vite fait. Un même résultat pour une solution saine et indétectable aux contrôles antidopage. C’est le bonheur. »
Quelques minutes plus tard, l’infirmière sortit de la salle d’examen, appelant mon nom. Je sentis les battements de mon cœur s’accélérer et mon niveau de stress augmenter. J’espérais vraiment que le médicament de Vladek agirait rapidement et pourrait m’éviter une crise de panique. Il me confia aux bons soins de Klaus qui une fois de plus répliqua sèchement sans pour autant que mon ami en soit décontenancé. Je le vis alors fouille dans sa poche avant de sortir une carte et de la tendre à Klaus. Probablement de sa boutique d’herbologie et d’ésotérisme.
« Si d’aventure vous tenez vraiment à savoir ce que nous avons en commun, passez me voir à ma boutique. Je suis certain que ça pourrait vous intéresser. »
Il me salua alors d’un sourire chaleureux tout en se tournant vers l’infirmière.
« Bonne soirée, Camille. »
« Bonne soirée, Vladek. »
Elle le regarda alors s’éloigner avec un sourire, mélange d’admiration et de sympathie. Elle avait depuis longtemps l’habitude de côtoyer cet aide-soignant hors du commun. Elle lança à notre adresse alors que je le regardais également partir.
« Une bien étrange garçon, non ? Mais il a un réel talent pour soigner les gens. Il m’a remis en place mon épaule déboîtées l’autre jour. Et il a de ces mains. »
Je souris avec amusement avant d’approuver dans un mouvement de tête.
« Ah ça… »
Je me rappelais alors subitement que Klaus était à côté de moi. Littéralement à deux pas de moi. Quel idiot je pouvais faire… Je rebondis donc immédiatement avec plus de sérieux.
« Je vous en laisse seule juge. Bon on y va, mon brave Bernardo ? »
Elle finit par tourner son attention vers nous, et plaça sa main juste devant mon frère pour lui éviter d’avancer.
« Une seconde, mon mignon. Ou croyez-vous aller comme ça ? Je ne vous ai pas autorisé à entrer. »
A ce moment, j’eus un instant de panique. Je n’étais clairement pas en état d’affronter son aiguille taille XXL sans l’aide précieuse de mon frère. Je jetais un regard effrayé à l’adresse de Klaus. Cherchant son soutien comme à l’époque où notre père me convoquait dans le salon pour réciter du Shakespeare devant toute la famille. Je savais alors que si j’avais le malheur de crocher sur un seul mot… un seul, j’aurais été privé de dessert et de distraction pendant toute une semaine. Je finis par adresser un regard plus assuré en direction de l’infirmière.
« Je crois que vous avez mal compris la situation. Si vous ne laissez pas mon frère rentrer avec moi, je risque de faire une connerie et finir par tracer un joli Z au bistouri sur votre jolie blouse blanche. Croyez-moi si je dis ça c’est pour votre propre sécurité. »
Klaus jette un regard rapide à la carte de visite que lui tend Vladek alors que ce dernier évoque ce qu’ils pourraient bien avoir en commun en dehors de leur apparence similaire, et invoque une curiosité que le jeune homme prétend ne pas posséder pour le moment, mais qui le rattrapera tôt ou tard. Bien sûr que Klaus est curieux, en vérité, mais la surprise l’a emporté sur la moindre tentative de conversation raisonnée… Il continue de trouver toute cette situation particulièrement suspecte. Alors qu’il range distraitement la carte de visite dans la poche de son manteau long, il considère qu’il n’en reparlera jamais et qu’il n’ira jamais le voir. L’avenir lui donnera tort, l’avenir et une conversation à tête reposée avec Diego, mais pour le moment, ils ont quand même d’autres chats à fouetter tous les deux.
« Ouais ouais, c’est Jésus et il a séparé une flaque en deux ce matin », s’agace Klaus en levant les yeux au ciel alors que même l’infirmière se met a visiblement vouer un culte à ce Vladek. Il les a brainwashé ou quoi ? Bon, bref, dans tous les cas, l’essentiel reste quand même l’état de santé de son frère, et c’est ce sur quoi Bernardo – enfin Klaus – décide de se concentrer.
Mais alors que Klaus veut tout naturellement suivre son frère en salle d’examen, voilà que l’infirmière le retient, affirmant qu’il n’est pas autorisé à le suivre. Alors oui, c’est vrai qu’il est mignon, mais c’est pas une raison pour l’envoyer promener comme ça, pas vrai ? Justement, ça devrait être tout l’inverse. Klaus a dit qu’il accompagnerait Diego, et c’est bien ce qu’il a l’intention de faire… et une « chance » pour lui, Diego est exactement du même avis de son côté. La menace de Diego amuse très franchement Klaus, qui ne peut s’empêcher de se marrer alors que l’infirmière, de son côté, blanchit clairement… Pas dit que par la suite, on réserve un traitement de roi à Diego, mais quelque part, Klaus a envie de dire que le jeu en vaut la chandelle quand même.
« J’vous jure qu’il en est capable, je l’ai déjà vu faire », remarque Klaus dans le don de l’infirmière, d’un ton qui aurait potentiellement été convaincant s’il n’était pas à ce point goguenard.
L’infirmière veut protester encore un peu, mais finalement, et dans un soupir qui en dit long, elle accepte de faire cette concession et de laisser Klaus suivre son frère en salle d’examen, dans une pièce blanche et aseptisée aux trop forts relents d’hôpitaux pour que qui que ce soit au monde soit capable de s’y sentir à l’aise. Ils se permettent donc de rentrer dans la pièce, un duo de choc qu’aucun médecin ne voudrait avoir comme patients.
« Je savais que t’avais besoin que je te tienne la main », le charrie Klaus avec un large sourire.
« You'll be alright, no one can hurt you now. You and I'll be safe and sound»
A la remarque de Klaus, je tournais mon regard vers lui. Une attention étrange perdue entre la colère et l’amusement. Je ne savais pas vraiment comment réagir face à sa réaction. La surprise était grande pour lui, ça je pouvais totalement le concevoir. Je n’imaginais même pas ma réaction si nos situations avaient été inversées. Sans doute que j’aurais laissé ma paranoïa légendaire prendre le dessus, imaginant qu’il ne cherchait qu’à manipuler mon frangin en profitant de l’attachement qu’il avait pour moi. La situation était-elle la même dans ce cas ? Je ne pouvais pas l’affirmer avec certitude et ce n’était certainement pas Klaus qui pourrait me répondre. Pas tout de suite. Mon envie de rétorquer prenant quand même le dessus, je choisis l’ironie qui me semblait être un bon compromis.
« Qu’est-ce que tu disais sur Ben déjà ? Il va passer son temps à critiquer tes choix de vie en levant les yeux au ciel ? Et tu te trouves vraiment meilleur confident que lui ? »
Je laissais la conversation que lui, sachant très bien que la première de mes préoccupations était de sauver ce qui me restait de bras. Or de question que je finisse manchot ou cul-de-jatte. Je préfèrerais encore crever ! L’infirmière tenta de me convaincre d’affronter ça tout seul mais clairement j’en avais aucune envie. J’avais besoin de soutien et celui de Klaus peut-être encore plus. Pourquoi ? Sans doute parce que de tous mes proches c’est sans doute celui qui acceptait le mieux la personne que j’étais. Je n’avais jamais eu besoin de mentir ou de cacher la vérité en sa présence et ça m’avait toujours fait un bien fou. Je ne savais pas ce qui m’attendait mais clairement l’expérience n’allait pas être des plus agréables. Autant ne pas perdre d’énergie à en plus devoir faire semblant d’être un autre que moi.
C’est d’ailleurs la pensée qui me traverse l’esprit lorsque Klaus, présent seul à seul avec moi dans le cabinet actuellement, me lance que j’avais besoin de lui. Sûrement pour flatter une fois de plus son égo.
« Je me sentais pas vraiment de la jouer solo sur ce coup et comme t’étais le seul de mes proches disponible… »
Je me tournais alors vers lui en lui adressant un nouveau sourire ironique après m’être installé sur ma chaise de torture.
« Mais si tu y tiens, je peux peut-être encore aller rattraper Vlad. »
Non mais sérieux Diego t’étais obligé d’être si méchant ? C’était vraiment trop dur pour toi d’admettre que sa présence t’apaisait et que t’étais content qu’il soit là avec toi ? Plutôt que de devoir chercher des excuses à la con ? Me passant brièvement une main sur le visage, je finis par soupirer.
« En fait je te remercie, bro. Merci d’avoir insisté pour me suivre. »
Je lui adressais alors un sourire attendri espérant rattraper ce coup bas. L’infirmière rentra alors.
« Bien monsieur de la Vega. Je suis contente de voir que je n’aurais au moins pas à me battre avec vous pour vous faire asseoir dans ce fauteuil. Quant à vous… »
Ajouta-t-elle en jetant un regard presque dédaigneux à l’adresse de Klaus.
« Vous n’avez qu’à prendre cette chaise. Mettez-vous là et restez assis bien sagement. Que je ne vous prenne pas à gêner le médecin dans son opération sinon je vous fais sortir. »
Elle partit alors vers son plan de travail pour préparer le nécessaire pour l’intervention. Je tendis alors discrètement ma main à l’adresse de Klaus pour qu’il la saisisse.
« Tu me promets que t’iras pas la répéter aux autres ? Je tiens à conserver un peu de la virilité qu'il me reste. »
« Tu oses dire que Ben déteint sur moi ? » fait mine de s’offusquer Klaus en posant sa main sur son cœur en signe de fausse indignation. « Comment oses-tu ? »
En réalité, Ben avait déteint sur lui par bien des aspects, et surtout, Klaus aurait plus d’une fois voulu savoir prendre de la graine de ses réflexions, qui si elles étaient rabat-joie sur le moment s’avéraient bien souvent utiles ensuite… Mais bon, il ne serait jamais cet ange qui se caserait derrière sa propre épaule pour se juger très sévèrement, même s’il devait essayer très fort. Klaus ne peut reprocher à Diego sa boutade, mais ça change tout de même rien : il a bien l’intention de rester sur ses gardes en ce qui concerne ce Vladek, du moins tant qu’il aura pas plus mis le nez dans ses affaires… Eh quoi, ça arrive, parfois.
« Mais c’est qu’on essaierait de me rendre jaloux ? » réplique Klaus en essayant tout de même de détendre l’atmosphère après être entrés dans la salle d’examens et que Diego lui ait renvoyé sa propre flagornerie à la figure en suggérant qu’il pourrait toujours rappeler son sosie à la rescousse. Il n’a pas envie d’être en boucle là-dessus, pas alors qu’il vient tout juste de retrouver son frangin. Les petites piques, c’est sympa, mais il est hors de question qu’elles deviennent agressives pour rien, raison pour laquelle il affiche un sourire quand Diego se détend un peu et le remercie d’avoir insisté pour le suivre. « Mais de rien, franginou », il dit alors d’un ton lumineux alors que l’infirmière fait irruption dans la pièce.
Klaus affiche un grand sourire qui se veut poli mais paraîtrait presque impertinent (en même temps, il voit bien avec quel dédain cette femme s’adresse à lui – il n’est ni aveugle ni sourd), et s’installe sur la chaise qu’elle lui désigne.
« Oui madame, bien madame », singe-t-il avec nonchalance alors qu’elle lui demande de rester assis là et de ne surtout pas bouger en restant bien sage afin de ne pas déranger le médecin. S’il chantonne un petit air et pose des question embarrassante d’un ton sage, est-ce que ça compte ? Il évite de poser la question à voix haute, même si elle lui brûle les lèvres. Il va quand même faire un effort, surtout parce qu’il n’a pas envie que perturber l’intervention ait des séquelles dangereuses sur ce pauvre Diego. « T’inquiète donc pas, macho man, ta virilité est intacte », le charrie-t-il alors que Diego insiste pour qu’il ne répète rien au reste de la fratrie. « Ce sera dit, répété et amplifié », il ajoute entre ses dents, juste assez fort pour que son frère l’entende quand même.
« You'll be alright, no one can hurt you now. You and I'll be safe and sound»
Un fois l’évocation de la jalousie de Klaus faite, je tentais de rassurer mon frère sur notre relation. Je ne savais pas si j’avais raison ou tort. La situation n’est jamais très simple avec Klaus. S’inquiétait-il réellement de savoir que sa place à mes côtés était menacée depuis l’arrivée de Vladek ? Cela aurait pu justifier sa conduite peu engageante. Alors je le fis, sachant qu’une petite partie de moi avait sans doute aussi envie de se confier à lui sincèrement. Quand on sait à quel point on tombait facilement dans les ennuis avec notre famille, il valait mieux une déclaration sincère et improvisée qu’un silence qui aurait pu être éternel.
Je souris au moment où Klaus posa sa main sur ma joue, simplement heureux de savoir que ses mots avaient pu lui faire autant de bien. Et à moi aussi par la même occasion. Klaus prétendait que j’avais changé… peut-être un peu. Mais bon, si changer revenait uniquement à me montrer plus doux et sincère envers mon frangin préféré, je pouvais bien le supporter. Surtout que là on était seuls sans la famille autour. Et que si ma pipelette de frangin voulait leur répéter quelque chose, ce serait certainement plus ma crise à l’hosto que ces aveux déchirants. Il y a des jardins secrets qu’il valait mieux garder pour nous. Tout du moins, j’avais l’audace de l’espérer.
Malgré le sérieux de la situation, je ne pus m’empêcher de pouffer du nez au moment où Klaus sous-entendis que cela ne me dérangeait pas de me faire reluquer par les infirmières. Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, moi ses bouffonneries me faisaient beaucoup de bien. Surtout dans cette situation. Je n’interrompis le silence qu’au moment où Klaus me posa sa question.
« Oh t’inquiète pas, mec. J’ai pas changé à ce point-là durant ton absence. »
Le docteur rit alors de bon cœur, reprenant la parole.
« Votre frère à la réputation d’être un loup solitaire… c’est d’ailleurs le surnom qu’on lui donne The Lonely Wolf. Pas une rencontre avec son fan club et pourtant je peux vous assurer qu’il est bien présent. Si vous pouvez réussir à lui arracher un autographe, c’est la fortune assurée. »
« Docteur, ne lui donnez pas de mauvaises idées. »
Je ne préférais même pas imaginer ce que Klaus pourrait faire de cet argent. Si c’était une excuse pour qu’il rompe ses promesses d’abstinence c’était peut-être pas la peine. Un éclat de rire franc sortit de ma bouche lorsque Klaus voulu lui faire croire qu’il m’avait tout appris.
« N’écoutez pas un mot de ce qu’il raconte, Docteur. Il a toujours été mon meilleur supporter mais en matière de combat c’est un zéro pointé. Il est complément nul. »
C’était peut-être un peu méchant de ma part. Mais bon vu le nombre de fois où je devais le pousser au cul pour qu’il s’investisse plus dans les missions familiales c’était mérité. Le docteur ne put s’empêcher de sourire.
« Eh bien, au moins gardez votre bonne humeur vous en aurez besoin. Allez, regardons l’état de votre blessure, monsieur Hargreeves. »
Il s’assit alors et observa la plaie protégée jusque là par une partie du bandage.
« Elle n’est pas très jolie mais vous avez bien agit. Elle n’a pas l’air infectée et l'écoulement n'a pas été trop important. »
Il se tourna alors vers son infirmière et lui demanda un anesthésiant. Sentant une boule se former dans mon estomac.
« Docteur, j’ai déjà reçu ce qu’il fallait de monsieur Klimov. Peut-être qu’on pourrait… »
« Ne soyez pas ridicule. Nous n’avons pas le temps d’attendre et prier pour que sa poudre de perlimpinpin puisse faire effet. Nous devons agir tout de suite. »
C’est alors que je vis la seringue à l’énorme aiguille. Je me mis malgré moi à m’agiter sur ma chaise, tendant une main en direction de Klaus le suppliant du regard.
« Klaus… Klaus s’il te plait, viens. J’ai besoin de toi. »
J’espérais alors qu’il se relèverait pour me prendre la main. A ce moment-là j’avais vraiment besoin de lui pour que mon appréhension ne se transforme pas en crise d’angoisse.
(c) made by panic!attack
Dernière édition par Diego Hargreeves le Dim 7 Jan 2024 - 19:42, édité 1 fois
« Crois-moi, il a essayé », répond Klaus avec un sourire en coin, presque goguenard, quand Diego remarque, à juste titre, que ça ne lui aurait pas fait de mal si Ben devait être parvenu à lui mettre du plomb dans la cervelle. Par certains aspects, ça a effectivement été le cas… mais Klaus ne le dira évidemment pas… parce que ce serait trop simple, bien sûr, si c’était le cas. « Mais je suis indomptable », il reprend avec un air aussi flagorneur que peu convaincant.
Quand Klaus suggère que Diego pourrait essayer de le rendre jaloux, il ne s’attend pas vraiment à la réaction ô combien solennelle de son frère, mais elle n’est pas pour lui déplaire, bien au contraire. Ces élans d’affection ne sont pas si nombreux, et leur degré de solennité et sans importance tant que tout ceci est sincère. Par ailleurs, peut-être bien, oui, que Klaus avait tout de même eu besoin d’entendre de la part de son frère que ce dernier n’avait tout de même pas eu l’audace de le remplacer par son très exact sosie.
« Evidemment que je le sais », il répond avec un sourire alors que Diego lui affirme et répète que personne au monde ne pourrait ni ne saurait le remplacer, lui qui est son meilleur ami depuis leur plus tendre enfance. « Mais j’adore te l’entendre dire », il ajoute. « Tu t’attendris avec le temps. C’est mignon », il ajoute avant de saisir sa joue entre son pouce et son index.
Mais il est bientôt arrêté par l’infirmière qui reprend la situation en main. Elle découpe le tissu autour de la blessure, avant de s’excuser d’avoir abîmé son pull.
« Nan, il préfère rester torse nu pour permettre aux infirmières de reluquer », reprend Klaus à qui faire preuve de sérieux demande manifestement trop de concentration et d’effort.
Après quoi il se tait quand même. Il veut tout de même que son frère soit soigné dans les meilleures conditions possibles. Donc il reste dans son coin et il ne commente plus rien, dans l’attente du médecin qui se chargerait de recoudre son bras.
« Mais t’as fait copain-copain avec toute l’île ou quoi ? » s’étonne Klaus en découvrant que le médecin paraît le connaître lui aussi. « Si j’avais su que t’étais devenu une célébrité locale, je t’aurais demandé un autographe », le chambre-t-il, toujours souriant.
Quelque part, c’est pas mal que Diego ait copiné avec un toubib. Ça risque fort de lui servir à l’avenir… enfin, si les deux sont bel et bien potes, ce dont Klaus peut se permettre de douter. Possible aussi que Diego ait son petit abonnement à l’hosto, ce n’est évidemment pas à exclure.
« Un peu que je suis fier de lui. Mais vous savez, il a tout appris de moi », s’amuse Klaus quand le médecin, visiblement fan du parcours de Diego, interroge son frère à ce sujet.
« You'll be alright, no one can hurt you now. You and I'll be safe and sound»
Un fois l’évocation de la jalousie de Klaus faite, je tentais de rassurer mon frère sur notre relation. Je ne savais pas si j’avais raison ou tort. La situation n’est jamais très simple avec Klaus. S’inquiétait-il réellement de savoir que sa place à mes côtés était menacée depuis l’arrivée de Vladek ? Cela aurait pu justifier sa conduite peu engageante. Alors je le fis, sachant qu’une petite partie de moi avait sans doute aussi envie de se confier à lui sincèrement. Quand on sait à quel point on tombait facilement dans les ennuis avec notre famille, il valait mieux une déclaration sincère et improvisée qu’un silence qui aurait pu être éternel.
Je souris au moment où Klaus posa sa main sur ma joue, simplement heureux de savoir que ses mots avaient pu lui faire autant de bien. Et à moi aussi par la même occasion. Klaus prétendait que j’avais changé… peut-être un peu. Mais bon, si changer revenait uniquement à me montrer plus doux et sincère envers mon frangin préféré, je pouvais bien le supporter. Surtout que là on était seuls sans la famille autour. Et que si ma pipelette de frangin voulait leur répéter quelque chose, ce serait certainement plus ma crise à l’hosto que ces aveux déchirants. Il y a des jardins secrets qu’il valait mieux garder pour nous. Tout du moins, j’avais l’audace de l’espérer.
Malgré le sérieux de la situation, je ne pus m’empêcher de pouffer du nez au moment où Klaus sous-entendis que cela ne me dérangeait pas de me faire reluquer par les infirmières. Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, moi ses bouffonneries me faisaient beaucoup de bien. Surtout dans cette situation. Je n’interrompis le silence qu’au moment où Klaus me posa sa question.
« Oh t’inquiète pas, mec. J’ai pas changé à ce point-là durant ton absence. »
Le docteur rit alors de bon cœur, reprenant la parole.
« Votre frère à la réputation d’être un loup solitaire… c’est d’ailleurs le surnom qu’on lui donne The Lonely Wolf. Pas une rencontre avec son fan club et pourtant je peux vous assurer qu’il est bien présent. Si vous pouvez réussir à lui arracher un autographe, c’est la fortune assurée. »
« Docteur, ne lui donnez pas de mauvaises idées. »
Je ne préférais même pas imaginer ce que Klaus pourrait faire de cet argent. Si c’était une excuse pour qu’il rompe ses promesses d’abstinence c’était peut-être pas la peine. Un éclat de rire franc sortit de ma bouche lorsque Klaus voulu lui faire croire qu’il m’avait tout appris.
« N’écoutez pas un mot de ce qu’il raconte, Docteur. Il a toujours été mon meilleur supporter mais en matière de combat c’est un zéro pointé. Il est complément nul. »
C’était peut-être un peu méchant de ma part. Mais bon vu le nombre de fois où je devais le pousser au cul pour qu’il s’investisse plus dans les missions familiales c’était mérité. Le docteur ne put s’empêcher de sourire.
« Eh bien, au moins gardez votre bonne humeur vous en aurez besoin. Allez, regardons l’état de votre blessure, monsieur Hargreeves. »
Il s’assit alors et observa la plaie protégée jusque là par une partie du bandage.
« Elle n’est pas très jolie mais vous avez bien agit. Elle n’a pas l’air infectée et l'écoulement n'a pas été trop important. »
Il se tourna alors vers son infirmière et lui demanda un anesthésiant. Sentant une boule se former dans mon estomac.
« Docteur, j’ai déjà reçu ce qu’il fallait de monsieur Klimov. Peut-être qu’on pourrait… »
« Ne soyez pas ridicule. Nous n’avons pas le temps d’attendre et prier pour que sa poudre de perlimpinpin puisse faire effet. Nous devons agir tout de suite. »
C’est alors que je vis la seringue à l’énorme aiguille. Je me mis malgré moi à m’agiter sur ma chaise, tendant une main en direction de Klaus le suppliant du regard.
« Klaus… Klaus s’il te plait, viens. J’ai besoin de toi. »
J’espérais alors qu’il se relèverait pour me prendre la main. A ce moment-là j’avais vraiment besoin de lui pour que mon appréhension ne se transforme pas en crise d’angoisse.
« The Lonely Wolf, rien que ça. C’est classe, ça fait un peu nom de série pour ados prépubères… ou de sextape zoophile », il commente quand le docteur lui apprend le surnom de Diego.
En vérité, il n’est effectivement pas surpris. Cela l’aurait tout de même grandement étonné que soudainement, du jour au lendemain, Diego Hargreeves soit devenu la personne la plus sociable de toute la ville alors que ce n’est clairement pas ainsi que Klaus l’a connu, loin de là… En soi, y a pas de mal à ce qu’il se soit fait des amis, évidemment, et Klaus préfère savoir qu’il aura été entouré tout ce temps, mais quand même, ça l’aurait beaucoup perturbé de constater que sa personnalité aurait soudainement et drastiquement changé.
« Prépare-toi à avoir des crampes au poignet, parce que je vais te faire signer des autographes à la chaîne, Diego… Monsieur le loup solitaire sera ma poule aux œufs d’or », réplique Klaus alors que le médecin suggère qu’arracher un autographe à Diego serait signe de fortune assurée. « Ton fan club.. on aura tout entendu. »
Cette situation a au moins le don de le faire franchement beaucoup rire… et c’est tant mieux, car elle aurait pu être dramatique et déborder de pathos à un point que Klaus n’aurait pas été capable de gérer. Il préfère largement que les choses se passent de cette façon, au final. Klaus fait mine de grimacer, faussement blessé, quand Diego affirme qu’en matière de combat, il serait absolument nul… Non… c’est effectivement la vérité, et son gabarit de crevette ne tromperait personne, au passage… Mais pour lui, ça reste un vrai détail.
Klaus préfère cependant ne rien rétorquer – pour cette fois – même si ce n’est pas l’envie qui lui manque de le faire en vérité. Les répliques remarquablement déplacées (et franchement hilarantes selon lui) fusent dans son esprit, mais il prend le plus grand soin de ne rien en dire et de ne rien en montrer. Il estime que ça vaut mieux. On examine la blessure de Diego, et fort heureusement, ça n’a pas l’air bien grave. Klaus ne peut s’empêcher d’afficher un sourire ravie quand l’infirmière lui remet les pieds sur terre en ne comptant pas que sur les méthodes new age du chaman en chef… pas que Klaus ait quoi que ce soit contre en soi, en réalité, mais il tient à ce que son frère soit soigné au plus vite.
« Klausy à la rescousse », répond Klaus avec douceur quand Diego, face à l’énorme aiguille qu’on s’apprête à lui planter, perd ses moyens… Sur ce coup-là, il ne déconne pas.
Klaus n’hésite pas, il lui prend la main immédiatement. Trêve de plaisanterie – il ne se moque pas, à présent, il fait tout son possible pour rassurer son frère. Il serre sa main dans la sienne en le regardant dans les yeux.
« Regarde-moi. Je te promets que tout va bien se passer. »
« You'll be alright, no one can hurt you now. You and I'll be safe and sound»
Les échanges entre Klaus et mon médecin ne me plaisent pas vraiment. II faut dire que la reconnaissance du grand public c’est pas ce que je recherche avant tout. Ah si j’aime jouer les héros et je serais le dernier des hypocrites si je ne reconnaissais pas que cela faisait du bien d’être reconnu un peu. Mais je sais clairement pas gérer la foule de fans hystérique qui font partie de ce fameux fan club dont j’ai suivi les activités que de loin. Les encouragements à mon entrée en piste ou certaines lettres de fan étranges que je recevais parfois. Mais je me voyais clairement pas vendre mon image comme ça. Bon, au moins ça avait eu le mérite d’apaiser l’atmosphère qui accompagnait l’arrivée de cette infirmière sympathique comme une porte de prison. Je souriais aux remarques de Klaus sans pour autant y prendre parti. Vu mon état, la seule chose que j’espérais était de pouvoir en finir au plus vite.
Je sentais l’angoisse monter en moi, de plus en plus présente au moment où je vis le docteur revenir vers moi, avec une aiguille qui faisait la taille et l’épaisseur de mon avant-bras. Bon OK j’exagérais peut-être mais elle était clairement trop grande pour être honnête. C’était qui cette espèce de Frankenstein qui voulait apparemment me soigner… j’ai bien dit apparemment. C’est pourquoi je tendis ma mais vers Klaus, espérant pouvoir compter sur la présence et le soutien de mon frère.
Klaus ne me fit aucune remarque en s’approchant de moi. L’humour avait disparu quant il avait réalisé l’état de panique dans lequel je me trouvais actuellement. Je lui en étais reconnaissant et je savais que d’une manière ou d’une autre je lui en devais une. Ce qui s’était passé il y a une demi-heure auparavant ne suffirait clairement pas à compenser le soutien qu’il me témoignait alors. Enfin tant qu’il garderait fermée sa grande gueule et ne ferait pas bénéficier toute notre famille de mon non-exploit du moment. Laissant mon bras d’avantage exposé, je me tournais vers lui.
« Klaus, je te jure que si tu répètes ça à qui que se soit, je te le ferais payer. »
OK donc c’était clairement pas la chose à dire à ce moment précis. Mais bon j’avais jamais été très doué quand il s’agissait d’exprimer mes émotions ou de supporter une quelconque faiblesse de ma part. J’essayais de ne pas serrer sa main trop fort, je ne voulais pas non plus en arriver à lui faire du mal. C’était clairement pas le but recherché.
« Quand on en aura fini avec tout ce bordel, promets-moi qu’on se fera une soirée tacos et qu’on bouffera des glaces à s’en faire péter le bide. »
Et voilà que je virais dans le dramatique maintenant ? C’était sans doute due au froid de l’aiguille que je sentais caresser mon bras, me faisait serrer les dents. Il s’apprêtait à me piquer et à ce moment-là je me sentis encore plus paniquer.
« Je suis désolé, bro. Je peux pas. »
J’avais prononcé cette phrase en me relevant d’un geste brusque de mon fauteuil. Je me retrouvais debout, un scalpel à la main que j’avais choppé sur la table à côté de mon lit. Je me sentais affreusement mal et voyait tout tourné autour de moi. Ca pouvait pas être l’effet d’une simple piqure, oui ? D’où me venait ce terrible mouvement de panique ? Pointant le scalpel devant moi, je passais d’un visage à un autre, avant de porter mon attention vers le médecin. Le foudroyant du regard, je le menaçais toujours alors que lui tentait de me calmer sans succès.
« Vous ne me toucherez pas… et je vous défends de m’approcher. »
« Moi… répéter quoi que ce soit ? » réplique Klaus surtout dans l’intention de dérider son frère, comme en témoigne son fin sourire au coin des lèvres. « Comment tu peux seulement t’imaginer une chose pareille ? » ajoute-t-il,, sans se lasser le moins du monde d’en faire des caisses, bien au contraire… Il faut au moins ça, pense-t-il, pour faire passer à Diego l’état de panique dans lequel il se trouve. « Je serai une tombe, t’inquiète », ajoute-t-il d’un ton assuré et toujours avec le même sourire aux lèvres.
Il n’est pas question de dramatiser cette situation, bien au contraire, Klaus ne demande qu’à dérider Diego, et de lui laisser comprendre que rien de tout ceci n’est réellement si grave, au fond.
« Monsieur se lâche ? » s’amuse Klaus quand Diego suggère qu’une fois ce bordel fini, ils se gaveront tous les deux de tacos et de glaces.
Le corps-temple de Diego risque d’en prendre un coup, mais Klaus ne va certainement pas le retenir de céder aux sirènes de la malbouffe. D’autant que tout ça l’a mis en appétit lui aussi, et il meurt d’envie de remplir son estomac de tout le gras possible.
« Faut pas me le demander deux fois », affirme-t-il avec un sourire. « Et c’est toi qui régale, évidemment », ajoute-t-il, ravi d’avoir distrait l’attention de son frère…
Mais pas suffisamment, au final, car la panique rattrape bientôt Diego qui se relève brusquement et s’amuse à menacer le personnel hospitalier à l’aide de son scalpel… Eh merde… Bon, fallait s’y attendre, hein… Klaus connaît suffisamment son frère pour savoir qu’il ne parviendra pas à le raisonner maintenant, dans ces circonstances.
« Diego…. Frangin… » il lui attrape doucement le bras, avec lenteur et hésitation, conscient du fait que chaque geste de sa part pourrait éventuellement appeler une certaine réaction un peu trop épidermique. « On va… juste partir, d’accord, personne ne plantera rien dans personne. Qu’est-ce qu’on en dit, hein ? »
« You'll be alright, no one can hurt you now. You and I'll be safe and sound»
Je souris presque aux premiers propos de Klaus. Je me doutais bien qu’il faisait ça pour m’aider à me détendre. Une chance pour lui, c’était la seule personne qui pouvait se permettre ce genre de réflexion dans un moment pareil. Quoi que c’était aussi le plus grand cafteur de la famille. Bon peu importe ! Le plus important restait que contrairement à tous les autres, lui au moins il était là. Et j’avais besoin de personne d’autres pour m’aider à me calmer. Je haussais même les épaules lorsqu’il me fit une réflexion concernant mon brutal changement de régime alimentaire.
« Il y a pas de mal à se faire du bien de temps en temps… et pour une fois qu’on a pas un putain d’apocalypse qui risque de nous arriver sur la troncher autant de profiter maintenant. »
Passer une soirées entre bros rien que pour le plaisir de s’amuser. Ca remontait à une éternité et j’avais bien l’intention de rattraper toutes celles qui nous étaient passées sous le nez. Il en faudrait du boulot pour les rattraper et clairement cette ligne que je devais surveiller me le ferait très rapidement regretter. Mais je m’en contre foutait en vrai. Des entraînements j’en avait des tonnes chaque semaine, des soirées avec Klausy il m’en resterait combien ? Surtout sur mon frangin allait convoler en justes noces.
« On fait un marché ? Je te paie tout ce que tu veux à manger et en échange sur garde le secret sur cette opération ? Ca marche, bro ? »
Je me sentais de plus en plus nerveux et les propos de Klaus ne suffisaient plus à me calmer. Ca en venait même à être effrayant. Des aiguilles j’en avais vu plusieurs fois dans ma vie. Eh ouais clairement j’appréciais pas ça du tout. Mais là ça allait bien au-delà. A croire qu’il y avait vraiment quelque chose qui se produisait chez moi qui n’allait pas. Mais quoi ? Quelques minutes plus tard, je me retrouvais à nouveau lever, un scalpel dans la main et viser les uns après les autres tous les autres occupants de la pièce. Je le rabaissais un peu juste au moment où Klaus me parlait. Mais j’étais dans un état second à ce moment-là et j’avais de la peine à avois conscience de ce qui se passait autour de moi. Je commis alors l’impensable. Je me dégageais alors de l’emprise de Klaus et finit par braquer le scalpel dans sa direction. Et ce n’est qu’à ce moment-là que je me calmais. Quelques centimètres plus loin et j’aurais pu blesser mon frangin. Non sérieusement, j’aurais réellement pu lui faire du mal ? A Klausy ? Non non ça n’allait plus clairement.
« Klaus… »
J’avais lancé ça comme pour me rendre compte ce qui venait de se passer. Je passais une main sur mon visage.
« Klaus… bro… je suis… je suis désolé. Je voulais pas. »
Je gardais les yeux fermés encore quelque secondes avant de les rouvrir. Je lançais alors dans une voix plus claire.
« Je veux pas fuir comme un gros lâche. Je… je reste. »
Je m’assis alors lourdement sur le fauteuil du médecin, me plaçant difficilement dans la bonne position. Je n’osais plus regarder Klaus en face. A vrai dire, je n’osais plus rien faire d’autres. Mais qu’est-ce que j’avais fait ?
« Ouais, ça me fait penser qu’il est grand temps que je revoie Five, ça me manque de plus parler d’apocalypse imminente », se marre Klaus alors que Diego décide de considérer la situation sous un jour plus léger.
Ce n’est certainement pas Klaus qui va s’en plaindre. Le corps de Diego est un temple, certes, mais un esprit sain dans un corps sain exige de se péter le bide une fois de temps en temps, pas vrai ? Enfin… c’est pas exactement Klaus qui serait capable de donner un avis éclairé sur la question, cela dit. C’est bien connu qu’en matière de corps sain… on trouvera probablement mieux ailleurs. Même s’il s’est calmé, on pourra noter que c’est quand même miraculeux qu’il tienne debout avec ce qu’il a fait subir à son propre corps… Bon… le fait qu’il soit immortel a probablement pas mal aidé, au final.
« D’accord, promis je dirais rien », répond Klaus qui aurait tenu sa langue dans tous les cas, quand Diego lui propose de payer un marché : toute la junk food qu’il voudra en l’échange de son silence.
Ce n’est pas cher payé… et en effet, Klaus n’avait pas eu l’intention de répéter quoi que ce soit. Selon les circonstances, il est capable de jouer les balances pour pas grand-chose, mais en l’occurrence, il n’y verrait certainement pas d’intérêt.
La légèreté du moment sapée par l’angoisse irrépressible de Diego, Klaus fait ce qu’il peut pour calmer son frère du mieux possible, mais il sent bien que ses efforts sont à peine suffisant. Diego est comme dans un état second, et Klaus déteste vraiment le voir ainsi. Quand Diego paraît revenir à lui-même, il se confond en excuses. Clairement, Klaus ne lui en demande pas tant : Diego ne lui doit absolument rien…
« Ça c’est mon Diego », répond Klaus avec un sourire encourageant alors que son frère accepte finalement de rester. « Et t’es pas lâche, arrête, c’est mon rôle, ça », il ajoute dans un clin d’œil.
Sa légèreté de ton ne masque pas tout à fait l’inquiétude qui marque ses traits. Il reste inquiet pour son frère, et il le demeurera tant qu’ils n’auront pas quitté ce fichu hôpital. Diego installé, Klaus lui répète que ça va aller, même si dans le fond, il n’en sait rien. Il est surtout impatient qu’ils en aient enfin fini et puissent sortir d’ici.
« You'll be alright, no one can hurt you now. You and I'll be safe and sound»
Je souris en entendant Klaus parler de la sorte. Clairement, s’il était encore en train de penser à Five de cette manière, c’est qu’ils s’étaient plus revus depuis très très longtemps. Clairement notre frangin allait pas aussi bien que ce qu’il pouvait imaginer. A tel point que je me demandais si maintenant j’allais pas me retrouver en baby sitter de deux grands gamins, incapables de s’occuper d’eux-mêmes. Bon Klaus s’était apparemment trouvé quelqu’un pour veiller sur lui. Un illustre inconnu qui allait tout bientôt devenir mon beau-frère. Je savais pas ce que valait Moumoute dans la vie. Compte tenu que c’était une fréquentation de mon bro préféré, ça valait sûrement la peine que je m’en méfie, un peu. Suffisamment pas pour passer pour le frangin casse-couille, légèrement surprotecteur. C’était pas ce que je faisais tout le temps ? Si mais bon, c’était jamais trop tard pour changer, si ? En tout cas, je pouvais au moins me rassurer un peu en me disant que Klaus était pas tout seul… mais Five ? Bon vous allez me dire, Five était pas vraiment du genre à avoir besoin qu’on le surveille en permanence. Il avait survécu des décennies sans l’aide de personne. Mais n’empêche qu’il avait pas vraiment l’air dans son assiette et que je pouvais m’empêcher de m’inquiéter pour notre numéro 5 préféré.
« En même temps, si tu t’attends à ça, tu risques d’être sacrément déçu. De nous deux, j’ai l’impression que je suis le seul à prendre au sérieux tout ce merdier de lune rouge et cette ile mystérieuse à la con. »
Mais c’était pas le plus urgent pour le moment. Je devais déjà apprendre à affronter le démon de l’aiguille gigantesque qui s’apprêtait à transpercer mon bras… combien de fois déjà ? Ouais en fin de compte je m’en tapais. M’amuser à savoir combien de points de suture il me faudrait, ça me retournait littéralement l’estomac. Il y avait clairement des choses plus urgentes à penser pour le moment. Comme à cette méga crise que je sortais de Dieu sait où et qui m’avait poussé à me relever et à menacer toutes les personnes présentes dans la pièce. Mais quand est-ce que ça avait commencé à déconner exactement ? Qu’est-ce qui avait provoqué ma crise ? J’en savais rien et c’est sans doute pour cette raison que ça me faisait flipper. Surtout quand je tournais le scalpel en direction de Klaus. Putain ! J’aurais pu le blesser, moi ? Moi qui m’était juré à l’époque où on était hauts comme trois pépins de raisin qu’il aurait jamais rien à craindre tant que je serais là ? Je me sentais être une grosse, très grosse merde ! Et là clairement, ça me calma immédiatement. Revenu de cette espère de crise de panique à la con, je regardais Klaus navré, lui promettant que je me tiendrais à carreaux pour la suite des opérations.
Ma main dans la sienne, j’essayais de me concentrer sur tout sauf sur l’horreur de ce que j’étais en train d’expérimenter au même moment. Je gardais les yeux en l’air, visant la lumière, attendant qu’il ait enfin fini de me charcuter. Quand je fut libre… enfin libre… je me relevais de ma chaise, lâchant enfin la main de mon frangin que j’espérais avoir pas trop massacrée dans la mienne. Une fois le pensement posé et les instructions données, je me relevais de ma chaise et adressais un petit sourire rassuré à Klaus.
« Bon c’était quoi le programme déjà ? Soirée tacos que je devais te payer ? »
Klaus hausse les épaules alors que son frère lui fait remarquer qu’il paraît bien être le seul des deux à prendre toute cette histoire d’île et de lune rouge au sérieux. Il a probablement pas tort… D’un autre côté, tellement d’années se sont écoulées que Klaus a largement eu le temps d’intégrer cette bizarrerie à la longue liste de phénomènes inexplicables qui ont jalonné son existence.
Alors oui, c’est un gros merdier et c’est aussi gentiment absurde, mais en attendant, Klaus est vivant, il est amoureux, il vit la belle vie… et franchement, on pourrait faire pire, nan ? Il a fait pire, d’ailleurs. De toutes les fois où il s’est retrouvé promené sans avoir rien demandé à personne dans des situations dramatico-apocalyptico-barbantes, celle-ci est certainement la plus agréable. « Ça c’est parce que t’oublies de te détendre, Diego. Un ou deux exercices de respiration et hop, on en parlera plus, et ça fera un Diego tout neuf… Enfin… à moitié neuf », il ajoute en regardant le bras de son franginou, malmené par la vilaine infirmière.
Dans tous les cas, ce serait un peu le mantra de Klaus, ici : c’est que ça pourrait être pire. Et ils en savent quelque chose, parce que le pire, ils l’ont vécu, ils en ont été les témoins privilégiés, et ils ont pu l’observer en long, en large et en travers. Pas le genre de truc qui vous sort si facilement de la tête… Et puis, maintenant, ils se sont retrouvés, donc rien que pour ça, y a du progrès, pas vrai ? Vrai de vrai.
Bref, revenons à nos moutons noirs. Comme à cette crise de panique qui ne fait heureusement pas long feu et qui se calme assez rapidement. Klaus a un peu le sentiment que la main de son frère broie la sienne mais il laisse faire malgré tout, jusqu’à ce qu’enfin, ce soit derrière eux. « Et voilà, un Diego prêt à emporter ! » il se félicite, ravi de pouvoir enfin quitter ce fichu hôpital de malheur. « Après ce joyeux bordel, tu me dois au moins deux tacos et une glace », il lui fait remarquer en déposant sur son épaule une légère tape fraternelle, dans l’ambition de le dérider une bonne fois pour toutes après l’épreuve qu’il vient de traverser. « Allez, en route, mauvaise troupe ! »
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