Lexrul. Une planète qui se situe dans le secteur Trax, au niveau de la barrière médiane de la galaxie. Une planète connue pour sa forte tendance à l’industrialisation et à la fabrication d’armes. Elle est principalement composée d’êtres humains. Lexrul possède une histoire compliquée, s’illustrant par des décennies d’occupation et de raids de Hutts. Elle est morcelée en plusieurs cités-états pendant des années, avant que l’avènement de l’Empire ne vienne s’occuper d’uniformiser son organisation politique. Lexrul s’est montrée particulièrement loyale envers l’Empire Galactique tout au long de son régime dictatorial, notamment parce que c’est grâce aux interventions militaires de cette dernière que son système politique s’est apaisé. L’Empire a mis un terme à des années divisions et de heurts entre les différentes cités-états composant Lexrul. Cette unification fut accueillie avec la grande satisfaction de la population locale. Notre histoire prend toutefois forme avant l’unification des cités-états par les agents impériaux de Sheev Palpatine. Bien avant la consécration de l’Empire Galactique. Bien avant la guerre dans la galaxie. Orson Callan Krennic est né en -51 BBY entre les rues bondées et polluées de sa capitale, Sativran City, au sein d’une famille d’ouvriers humains. Une famille modeste composée de trois enfants : deux garçons et une fille. Orson est l’aîné, Markus et Myrrha le talonnent de quelques années. Ses relations avec les membres de sa famille sont compliquées, elles l’ont toujours été ; Orson est un garçon solitaire et intelligent, bien plus intelligent que les citoyens de cette planète. Il développe assez tôt des envies de voyage et ses ambitions grossissent au fur et à mesure que son éducation forge en lui les prémisses d’une aversion profonde pour ses origines. Loin des standards de l'élite de Coruscant City, de la République, et de plus tard, l'Empire Galactique. Bien loin des ambitions d'Orson Krennic. Orson aspire à être reconnu, quoi que ce puisse être, il brûle littéralement d'envie que son nom soit célèbre dans toute la galaxie. Personne ne le comprend au sein de sa famille. Personne ne comprend ses obsessions. Cette distance creuse au fil des années un fossé immense entre lui et le reste de sa famille au point de précipiter sa décision de s'embarquer dans une formation à l'autre bout de la galaxie à l'âge de quinze ans. Orson comprend que pour devenir quelqu'un, il lui fait laisser partir tout ce qui fait de lui un citoyen de la planète Lexrul. Il doit laisser partir sa famille.

« Orson. » s’exclame une voix féminine. « Tu viens ? » Cette voix appartient à la cadette de la famille. Myrrha est insistante, ce qui l’agace profondément. Elle a pris l’habitude de suivre ses moindres faits et gestes. Elle le colle parfois comme une sangsue. « Que lis-tu encore ? » Sans attendre de réponse, elle s’installe à ses côtés, sur le bord du toit de leur maison vétuste. « C’est encore tes traités de mathématiques ou de physique quantique ? » Myrrha prononce ces mots mais n'a finalement aucune idée de leur signification. Elle ne fait que répéter ce qu’il lui a déjà dit sans grande conviction. Orson hoche négativement la tête. Pas cette fois, Myrrha, pense-t-il. « C’est pour tes dessins, c’est ça ? Tu ne veux pas m’en faire un, comme la dernière fois ? Dessine-moi quelque chose, Orson. » Il émet automatiquement un soupir las. « S’il te plaît ! » Myrrha ne cesse de lui réclamer des choses, cela est certes flatteur, mais Orson considère que ce n’est pas favoriser son talent pour le dessin que de s’amuser avec sa petite sœur. « Je préfère les bâtiments aux humains. » rétorque-t-il un peu trop sèchement au goût de Myrrha. « Orson ! » peste-t-elle en lui arrachant son livre des mains. Cela risque de provoquer sa fureur, mais c’est exactement ce qu’elle désire. Myrrha essaie péniblement de déchiffrer les premières lignes du cinquième chapitre portant sur les divisions internes dans la politique de Coruscant City. Elle ne parvient qu’à assimiler un mot : Coruscant. Orson est littéralement obsédé par les autres planètes, et particulièrement par la belle et effervescente Coruscant. « Je ne comprends pas ce que tu trouves à cette ville… » Orson hausse les épaules en émettant un grognement. « Tu ne veux pas comprendre que la galaxie ne s’arrête pas à Lexrul. Il y a beaucoup plus pour nous, pour nous tous, en-dehors de cette foutue planète. Nous sommes tous pauvres ici alors qu’eux sont tellement riches. » Il se lève et récupère son livre en la bousculant légèrement. « Un jour, je partirai d’ici. » Myrrha s’esclaffe. « Qu’est-ce que tu espères ? » Personne ne peut le comprendre. Lexrul est une planète insipide, qui n’a pas vocation à s’illustrer au sein des prestigieuses cités galactiques. « Je deviendrai quelqu’un. Tu verras. Je deviendrai le plus grand architecte que la galaxie ait porté. Je deviendrai un scientifique ou bien un militaire très haut gradé au service de notre République. Et enfin… Nous sortirons de cette misère. Tu n’en as pas assez de vivre avec si peu, alors que nous pourrions tout avoir ? A Coruscant, nous aurions tout, Myrrha. Nous serions des notables. Je veux en être un, quel qu’en soit le prix. Je veux sortir d’ici. » N’importe qui assistant à cette déclaration en verserait même quelques larmes. « C’est ce que tu répètes depuis trois ans, Orson, mais c’est impossible…Papa et maman disent que notre vie est sur Lexrul. Nous ne sommes pas nés dans la bonne famille ou dans la bonne planète, tu te fais des illusions. Tu te fais du mal. Maman dit que tu dois arrêter avec tes rêves, tu lui fais du mal à chaque fois. » Elle essaie de le remettre sur le droit chemin, mais c’est peine perdue. Orson n’écoute que ses ambitions démesurées. « Je te promets d’y arriver. Et quand j’y serais... Tout le monde connaîtra mon nom. » Orson met beaucoup de force dans ses mots, il pense sincèrement chacun d’entre eux. « Il n’y aura pas d’officier plus loyal que je ne le suis. » Orson est encore jeune, âgé de seize ans, mais il est déjà plein d’aspirations et de rêves de grandeur. Il est doué d’une loyauté servile, presque aveugle, pour les officiers de la République. Il ignore encore que cette même loyauté causera sa perte en -0 BBY sur Scarif. « Tu sais ce que papa dit sur tes principes moraux ? Qu’ils te tueront un jour. On ne doit pas obéir à un gouvernement. Il dit qu’obéir c’est… » Krennic soupire une nouvelle fois et complete sa phrase. Il connaît cette éternelle rengaine par cœur. « Obéir c’est se vendre. » Orson demeure silencieux pendant quelques secondes, avant de prendre sa soeur par l’avant-bras pour la forcer à se lever. « Eh bien, je me vendrais aux plus offrants. On s’arrachera mes dessins et je créerais de grandes choses. » Myrrha observe le ciel quelques instants et pointe quelque chose au loin avec son doigt. « Quelque chose comme la lune ? » Orson fronce les sourcils, surpris par sa demande. Il éclate ensuite de rire. « Pourquoi pas. J’inventerais une lune rien que pour toi, Myrrha. » Myrrha s’enthousiasme facilement, ce n’est encore qu’une enfant âgée de douze ans. « Une lune avec des lasers ! » Ils partagent un dernier rire complice, avant de rentrer chez eux. Myrrha n’est pourtant pas si loin de la vérité. Orson Krennic achèvera la super-arme de l’Empire Galactique trente-quatre ans plus tard. Celle que l’on nommera l’Etoile de la Mort. La Death Star. L’amour de sa vie, le projet d’une vie entière. Celle qui l’emportera dans son ascension et le conduira aux portes de l’Enfer. C’est bien la seule chose qui guidera sa vie entière, une fois qu’il aura quitté Lexrul pour ne plus jamais remettre un pied sur cette planète. Sa vie sur Lexrul sera réduite aux lointains souvenirs, sa famille n’entendra jamais plus parler de lui autrement que sous l’appellation du célèbre Directeur Krennic.  Un sacrifice nécessaire. Krennic ne peut s’encombrer de ses origines sociales aux portes du pouvoir. Il est contraint de faire des sacrifices pour arriver à ses fins, même si cela implique de vendre son âme au plus offrant. Son génie n’attend que d’être enfin exposé au grand jour.


Lorsqu’il intègre le Programme Futurs de la République sur Brentaal IV alors qu'il est âgé de quinze ans, c’est enfin la consécration d’une vie de travail acharné et de mépris de ses origines. Orson rejoint ainsi le corps des ingénieurs, où il rencontre des personnalités qui détermineront ses choix futurs, comme le futur chercheur Galen Erso. Dans ses jeunes années, Orson se spécialise dans l’architecture. Il fantasme depuis toujours à devenir un architecte au service de la noble République Galactique. D’abord bâtisseur, puis directeur. Dans l’esprit d’Orson Krennic, tout est minutieusement calculé, de A à Z. Il ne laisse pas de place à des aspirations mesurées ou prises par défaut. Il aspire aux meilleurs postes, distinctions et gratifications. L’erreur n’est pas acceptable, elle est même impensable. Il aspire à un poste honorifique, son but ultime étant de s’élever socialement, afin de s’échapper d’une situation qui ne met pas suffisamment en valeur ses compétences intellectuelles. Ses origines sociales médiocres ne plaisent pas à Orson Krennic. Il méprise profondément le manque d’ambition de ses parents, notamment l’héritage qu’ils lui ont laissé, celui d’une enfance misérable sur la planète Lexrul. Lorsqu’il intègre le programme de formation consacrée aux étoiles scientifiques montantes, Orson s’illustre particulièrement pour sa capacité à servir d’intermédiaire entre les scientifiques et ceux capables de financer leurs recherches. Il se met très rapidement à travailler sur de multiples projets et démontre de réelles facultés en matière de leadership. On lui confie alors la direction de groupes d’études avant de le mettre progressivement dans la confidence de projets de plus grande envergure. Orson est envié pour ses facilités intellectuelles et oratoires, c’est un homme qui impose sa personnalité en tapant du poing sur la table. Les premiers aspects de sa personnalité se révèlent vers la fin de son cursus de formation sur Brentaal IV. Une personnalité forte et captivante aux ambitions démesurées et despotiques. Une personnalité impulsive qui s’impose aux autres de gré ou de force, qui se met personnellement en danger pour arriver à ses fins. Selon Krennic, le rôle d’un commandant est d’être sur le terrain et non derrière un tableau de bord, lâchement protégé par un vaisseau spatial. Orson est toutefois un homme sur qui on peut compter et qui récompense les personnes qui le suivent et qui méritent son amitié. Il s’illustre notamment par une détermination sans faille et une volonté surhumaine de déplacer des montagnes pour ses aspirations et celles de ses proches. Orson est endoctriné assez tôt, il est un fidèle serviteur de la République Galactique, et par la suite, de l’Empire. Sa loyauté est sans bornes, tout comme son aveuglement pour les causes ou les personnes qui lui sont chères. Galen Erso fait partie de ces personnes pendant au moins deux décennies.

Galen et Orson se sont rencontrés sur la planète Brentaal, où ils ont tous deux fait partie des jeunes étoiles montantes de la République Galactique. Galen et Orson se sont illustrés ensemble comme de jeunes esprits brillants, et ont rapidement noué une amitié sincère et solide. Galen Erso possède à cette époque un tempérament renfermé et vulnérable, ce qui ne facilite nullement l’intégration auprès de ses camarades. A contrario d’Orson Krennic, qui s’illustre dans sa jeunesse par une franche camaraderie et un talent inné pour se trouver dans toutes les fêtes étudiantes. Orson est réputé pour ses frasques, fêtes et virées nocturnes, alors que Galen préfère les nuits à la bibliothèque. Orson cumule les responsabilités et les beuveries interminables. Au point que cela fait jaser au sein des jeunes recrues, lorsqu'Orson sort diplômé avec les honneurs du programme de Brentaal IV. Aucun d'entre eux n'a parié sur ce fêtard invétéré et ses facilités intellectuelles suscitent convoitise et jalousie sur son passage. Un comportement radicalement opposé à celui de Galen,  qui a toujours soigneusement évité de se trouver dans des situations compromettantes. Galen possède une personnalité sérieuse et méthodique, loin des évènements sociaux. Galen et Orson sont comme deux opposés, comme le Ying et le Yang ou les deux faces d’une pièce. C’est l’intelligence et l’esprit de Galen qui ont séduits Orson, le poussant alors à veiller sur lui. Galen est un étudiant brillant, mais souvent victime de brimades de la part des autres pour sa personnalité introvertie et effacée. C’est alors presque naturellement qu’Orson Krennic s’est positionné comme son protecteur en espérant le dérider et lui faire gagner une certaine assurance. Leur amitié est une chose extrêmement précieuse pour Krennic. Si bien qu'une fois en capacité de le faire, Orson ne lésinera pas sur les moyens de récompenser les personnes qui l’entourent.

Ils travaillent ensemble quelques temps, mais le scientifique se retrouve bien vite dans l’ombre de la personnalité caractérielle et charismatique du futur directeur. Elle est presque étouffante et bien trop exubérante. Krennic captive partout où il passe, il travaille ardemment sur la construction de son réseau social et s’illustre, tout comme au cours de ses études, par une personnalité dynamique et charmante. Tout le contraire de Galen, qui reste obstinément toujours aussi introverti et sérieux, le nez dans ses recherches plutôt que dans les soirées mondaines et d’affaires. Orson et Galen se séparent peu de temps après, chacun prenant une route différente, bien qu’ils se promettent de garder un contact. Orson ne jure que par l’architecture comme domaine d’expertise, et il se montre incroyablement brillant en cela. Ses formateurs à Brentaal IV décèlent toutefois de grandes qualités en matière de manipulation et de management et l’encouragent à travailler sur ces dernières. On lui offre alors un poste dans le corps des ingénieurs de la République, lui permettant de superviser des projets de construction dans toute la galaxie. Il s’engage dans une carrière militaire à sa sortie de Brentaal IV, tout en supervisant et en participant à des projets de forte ampleur. Krennic rejoint ensuite la cellule du conseil stratégique de la République, tout en s’affichant publiquement comme membre du corps des ingénieurs. On le convie à des réunions de plus en plus secrètes, ce qui précipite une reprise d’études de sa part, en vue de se spécialiser dans les armes du temps de la Grande Armée par les républicains et les séparatistes. L’implication de Krennic est gardée secrète pendant quelques temps, seuls les membres de la cellule sont au courant de sa participation dans un tout autre groupe top-secret sur les armes avancées de la République, celui-ci même qui fera émerger dans quelques années le projet de la future Étoile de la Mort.

Orson n’oublie pas ses meilleurs amis. L’ancienneté est pour lui une valeur morale extrêmement importante, notamment en amitié. C’est pourquoi une fois avoir gravi des échelons et fort de son influence, Orson manœuvre pour favoriser l’accession de Galen Erso au poste de professeur au sein de l’Institut des sciences appliquées. Il s’arrange ensuite pour que de nouvelles responsabilités soient confiées à son ami, à l’époque même où celui-ci effectue des recherches sur les cristaux kyber. Pendant quelques années, Krennic participe activement aux négociations, ainsi qu’aux discussions top-secrètes portant sur les schémas de l’Étoile de la Mort que la République a obtenu au lendemain de la bataille de Geonosis. Alors que les débats font rage dans le groupe top-secret sur l’existence ou non d’un début d’Étoile de la Mort dans le camp adverse, Krennic encourage vivement la construction de cette arme avant leurs opposants. Il alerte contre les risques d’une guerre contre la montre qui se joue entre la République et les Séparatistes. Persuadé que les séparatistes travaillent efficacement sur la construction de la super-arme, Krennic est en revanche convaincu que la République possède les moyens de construire une telle arme avant eux, Obnubilé par le pouvoir dévastateur qu’une pareille station est susceptible de provoquer, Orson Krennic désire ardemment travailler sur ce projet. Afin de parvenir à ses fins, il se rapproche du vice-président Mas Amedda afin de l’encourager à utiliser les travaux de son ancien collègue et ami, Galen Erso. Krennic est fasciné par l’utilisation de l’énergie des cristaux kyber, mais seul Galen possède les compétences suffisantes pour rendre celle-ci exploitable au projet de leur super-arme de destruction massive. Malheureusement pour eux, Galen Erso est emprisonné par les séparatistes sur Vallt. Loin de s’avouer vaincu et avec l’envie de retrouver son ancien ami, Krennic prêche ardemment en faveur d’une libération du scientifique et de sa famille. Elle lui est accordée à la condition que le nom de la République ne soit pas impliqué dans la mission de sauvetage organisée par Krennic. Il est contraint de passer par d’autres moyens militaires pour venir en aide à la famille Erso. Grâce à l’aide de contrebandiers, comme Has Obitt, Krennic accède à la planète Merj où sont retenus captifs deux scientifiques séparatistes morseeriens. Ils parviennent ensuite à Vallt en se déguisant en employés de l’entreprise Zerpen Industries, celle pour laquelle Galen Erso travaille, afin de négocier un échange entre les trois membres de la famille Erso et les scientifiques séparatistes. En quittant la planète, ils se retrouvent attaqués par un navire de guerre séparatiste, mais ils parviennent à retourner sur la planète natale de Galen Erso sans encombre avec l’aide demandée par Krennic au commandant Prakas. Orson tente alors de persuader Galen Erso de rompre avec ses voies strictement pacifistes, mais le scientifique refuse de s’impliquer dans la Guerre des Clones. Bien que contrarié par ce choix, Krennic respecte la décision de son ancien collègue, par respect pour ses compétences et son amitié, en espérant secrètement qu’il puisse changer d’avis dans le futur. Loin d’être la seule chose qu’Orson accompli pour Galen, cet évènement marque pourtant le début de la fin de leur amitié. Quelques temps plus tard, Galen Erso vient le trouver avec les plans d’un projet d’installation énergétique en espérant pouvoir travailler avec avec Orson. Loin d’être intéressé par un projet aussi pacifiste et insignifiant en comparaison à son étoile mortelle, Krennic refuse toutes ses propositions. Une première fracture apparaît dans leur relation au moment où Galen Erso est accusé de se ranger du côté des séparatistes au cours d’une réunion entre scientifiques, on lui reproche de ne pas avoir activement participé à l’effort de guerre après sa libération. Orson approuve ces reproches, sans toutefois enfoncer le couteau dans la plaie. Après tout, il est en droit d’éprouver du ressentiment. Orson a risqué sa propre vie pour le délivrer des mains des séparatistes, en ne recevant finalement aucune considération de sa part. Orson ignore encore que Galen, son ami et confident depuis Brentaal IV, est sur le point de précipiter sa propre fin. Un meilleur ami, c’est pour la vie, mais à quel prix ? C’est pourquoi les évènements qui succèderont la fin de la Guerre des Clones et l’avènement de l’Empire bouleverseront leur amitié à tout jamais.


Quelques temps après la libération de la famille Erso, Orson organise une rencontre avec l’archiduc géonosien Poggle le Petit, à cette époque, prisonnier de la République, afin d’accélérer la réalisation du projet de l’Etoile de la Mort. Orson s’illustre avec une parfaite connaissance de la culture géonosienne, en raison de ses années d’études dans le cadre de la cellule de conseil stratégique de la République. Il fait appel à Poggle et au travail de sa ruche dans la construction de l’armée droïde, ainsi que de la future station de combat. Krennic est conscient que l’archiduc Poggle est contraint de permettre cette utilisation afin de conserver un équilibre dans le système politique de sa planète. C’est le début du projet de toute une vie, celui d’Orson Krennic, quoi qu’en dise ses détracteurs, c’est lui qui s’est le plus impliqué dans l’étude des plans et de la construction de la station de combat. L’Etoile de la Mort se bâtira sur la planète Géonosis. Ses efforts sont par la suite reconnus, lorsque le vice-président Mas Amedda décide de fermer les yeux sur l’attaque non autorisée contre Vallt et des suites de l’interrogatoire avec l’archiduc géonosien Poggle. Orson Krennic est comme expié de l’ensemble de ses fautes, ces excès de zèle sont cautionnés, même encouragés, par les dignitaires de la République. Ses progrès vers la création de l’Etoile de la mort lui valent les faveurs de Mas Amedda. Grâce à l’utilisation de drones dans la construction de la station de combat, la République se félicite de progrès significatifs dans la construction de l’Etoile de la Mort. Elle prend progressivement une forme gyroscopique, comme un anneau. Krennic est littéralement fasciné par elle. Il n’a jamais rien vu d’aussi beau de toute sa vie. Orson est toutefois obsessionnel, et le fait que Galen ne participe pas encore à son projet est un détail fâcheux. Il ne désespère pas à l’idée de s’attirer ses faveurs. Krennic s’arrange alors pour que les charges d’espionnage qui pèsent sur Erso soient abandonnées afin de rapprocher les deux hommes. Krennic espère que Galen se montrera plus enclin à participer au projet de l’Etoile de la Mort une fois qu’il sera autorisé à le mettre dans la confidence. Orson espère que la participation de Galen lui apporte un soutien supplémentaire, notamment une influence suffisamment importante pour ne pas avoir à rendre des comptes à Wilhuff Tarkin, son rival, au sein de la République (et plus tard, de l’Empire). Krennic encourage Galen à prendre un emploi dans une grande usine de production sur Lokori en espérant que la nature insatisfaite de ses conditions de travail permette « de préparer le terrain » à ses futures demandes. Orson profite du fait que l’installation médiocre sur Lokori s’illustre par des attaques régulières de la part des forces séparatistes. Une énergie créatrice s’insuffle en lui, Krennic sent que rien ne peut freiner son ascension dans les plus hautes sphères du pouvoir de la République. Il se trompe lourdement, puisque quelques temps plus tard, l’archiduc géonosien décide de trahir sa confiance en ordonnant à ses drones de se rebeller, avant de rejoindre le comte Dooku, détruisant trois mois de travaux intensifs. Krennic est dévasté par cette trahison nocturne, notamment par le fait que sa réputation vient d’en prendre un sacré coup.

L’Empire Galactique est proclamé à la fin de la Guerre des Clones. Orson Krennic ne tergiverse pas longtemps avant de rejoindre les rangs de l’Empereur Palpatine. Il espère pouvoir conserver la supervision du projet de toute sa vie, ce que l’Empereur confirme, avant de lui réitérer sa confiance. Krennic parvient par la suite à convaincre Galen de rejoindre le projet Stardust (« Puissance Céleste ») en lui laissant croire que l’objectif poursuivi est d’apporter de l’énergie aux planètes ravagées par la Guerre des Clones. Galen et Orson se retrouvent une fois encore à travailler en étroite collaboration sur la planète Coruscant, dans une nouvelle installation confiée par l’Empire. Pendant qu’Erso accentue ses recherches sur les cristaux kyber, Krennic essaie de convaincre Wilhuff Tarkin de la fiabilité de son projet. Krennic est comme un dévot devant l’Etoile de la Mort. Il affirme que la puissance potentielle de la super-arme est incommensurable, mais qu’il a besoin d’exploiter exclusivement les ressources de certains mondes pour ce faire. Tarkin tique sur le caractère « exclusif » mais concède à Krennic ce caprice en le mettant toutefois en garde. Alors qu’il autorisé à outrepasser son autorité, Krennic utilise des contrebandiers pour effectuer des opérations de contrebande dans certains mondes. Ces opérations favorisent une intervention immédiate de l’Empire et une prise de contrôle total des sociétés minières, ce qui lui permet d’exploiter les ressources nécessaires et de retourner les contrebandiers contre l’Empire. Un moyen de pression non négligeable envers quiconque susceptible de s’opposer à son avancée dans les marches du pouvoir. Les manigances de Krennic ne passent toutefois pas inaperçues et Lyra Erso, l’épouse de Galen, s’en méfie comme de la peste. Lyra soupçonne que les véritables intentions de Krennic vis-à-vis du projet Stardust soient loin d’être pacifiques. Elle en informe Galen, mais Krennic ayant accès aux enregistrements de surveillance les interceptent et dissipe aisément ce malentendu. Tout comme Lyra, le futur directeur est loin d’être dupe, lui-même se méfie de l’influence de Lyra sur Galen depuis des années. Dans le but de tirer profit des recherches de Galen Erso à des fins militaires, Krennic réalise des expériences au sein d’une installation de recherche située sur Malpaz. Celle-ci explose soudainement, ce qui entraîne des pertes humaines massives et un exode massif. Rien de bien alarmant pour Orson Krennic, ce ne sont que des dommages collatéraux. Orson est un militaire. En temps de guerre, les vies humaines perdent de leur qualité. C'est le prix à payer pour voir l’Étoile de la Mort s'épanouir un beau jour dans toute la galaxie. Krennic s'arrange pour que cet accident malheureux soit confondu avec une attaque rebelle. Il affirme que cette explosion est le fait de personnes désirant apporter l’instabilité en semant le chaos dans l’Empire. Suite à cela, l’impérial croise la route de Mas Amedda, celui-ci désapprouve ses agissements, mais Krennic négocie pour que son grade militaire prenne quelques galons. Orson estime qu’au vu des circonstances, il faut le promouvoir au rang de vice-amiral afin de donner l’impression que la conduite du projet se passe plus facilement qu’elle ne l’est réellement. Mas Amedda refuse cette demande et le promet toutefois au rang de commandant.

Orson Krennic manifeste depuis ses débuts un talent particulier pour la manipulation et la politique, ce qui lui permet de graviter au cœur du pouvoir en se démarquant des autres par ses excentricités et son franc-parler. Il profite aveuglément de l’ignorance de certains hauts-gradés en matière de jeu politique afin de les influencer. C’est alors avec une facilité déconcertante qu’Orson Krennic grimpe tous les échelons de la hiérarchie de l’Empire. Son patronyme reste toutefois sujet aux moqueries parmi ses collègues impériaux. Il lui brûle la peau comme le métal chauffé d’un fer rouge. Il est l’objet de tous les regards, on le méprise pour ne pas être « comme eux ». Un fils de quelqu’un. Un héritier d’une lignée aristocratique ou royale, comme la principale majorité de l’élite de l’Empire Galactique. C’est un poids que Krennic porte depuis son adolescence sur Brentaal IV. Un fardeau qu’Orson Krennic porte encore sur ses épaules, malgré son haut rang dans la hiérarchie de l’Empire Galactique. Ses origines sociales font de lui un « étranger » parmi les bien-nés de l’aristocratie impériale, et c’est principalement pour cette raison, en-dehors de son comportement beaucoup trop populiste, qu’il est détesté par l’ensemble des officiers impériaux haut gradés. Pour eux, Orson Krennic n’est qu’un nuisible, un petit ouvrier ayant gravi les échelons du pouvoir, alors que son sang est loin d’être aussi bleu et pur que le leur. Krennic souffre de ces préjugés de classe sociale, mais cette souffrance est devenue une force. Il joue et s’amuse de leurs claquements de langue dans leurs palets, de leurs rictus méprisants et de leurs sourires hypocrites en contemplant son cruel manque de manières et d’éducation. Par son comportement, Krennic fait l’écho de l’opinion publique au sein de l’Empire et de la mentalité de son équipe.

Il considère par ailleurs qu’une grande partie de la classe des officiers ne vaut pas réellement la peine. Ce ne sont que des enfants pourris gâtés qui n’ont jamais soufferts de toute leur misérable existence. Ils n’ont pas eu à se battre comme lui s’est battu pour en arriver au poste qu’il occupe aujourd’hui. Ils les envient tout en les méprisant plus que tout au monde. Il les déteste tout comme il déteste les Siths. Sa haine à leur égard est comparable à celle qu’il éprouve pour toutes les races de la galaxie, à l’exception des êtres humains, qu’il considère comme des êtres supérieurs. Orson Krennic partage finalement un point commun avec les autres impériaux : c’est un xénophobe qui ne cherche même pas à cacher ses préjugés. Un impérial aristocrate aurait cherché à dissimuler ses pensées, parce que son éducation l’exige, mais pas Orson Krennic. Orson Krennic tape du poing sur la table et balance les pires saloperies aux personnes qui lui font horreur. Ce n’est pas quelqu’un qui se dissimulera sous un masque d’hypocrisie. Quoiqu’une exception demeure pour les personnalités au-dessus de lui, celles qu’il aspire tant à impressionner tout en leur vouant une haine sans merci. Les Siths. Krennic ne les aiment pas. Il méprise l’Empereur Palpatine et son bras-droit, Dark Vador, pour cette raison précise. Il fut un temps où Krennic avait suivi l’Empereur avec fascination, avant de découvrir la véritable identité de ce dernier le fait qu’il soit un Sith. Les choses se sont alors bousculées en lui, cette admiration s’est finalement transformée en colère. Toutefois, il sait camoufler ses pensées négatives en leur présence, mais il ignore que les Siths ont la capacité de lire dans les esprits de leurs interlocuteurs. Les pensées horribles d’Orson Krennic ne sont pas un mystère pour eux. Ils le supportent en raison de son implication dans le projet de l’Etoile de la Mort. Son génie est exceptionnel, et c’est bien une chose que personne ne peut lui retirer.

Plus Orson gagne du galon et plus son égo surdimensionné se heurte à la liberté de ses collaborateurs. Rien ne semble susceptible de freiner son ascension. Il commet quelques erreurs, groggy par un statut social considérable et un choix de porter des signes vestimentaires distinctifs, comme le port d’une cape blanche. Il suscite l’envie et la jalousie, ce qui conduit à ce que certaines informations soient divulguées par ses subordonnés au cours de réceptions mondaines. L’intérêt obsessionnel d’Orson Krennic pour la lune sacrée de Jedha et pour les cristaux kyber fait rapidement le tour des mondes. Krennic se met également à dos certains alliés qu’il juge encombrants ou inutiles par ses actions, notamment à l'explosion ayant eu lieu sur Malpaz. Les contrebandiers décident ensuite de rejoindre la rébellion de Saw Gerrera contre l’occupation impériale. Erso est bien l’un des rares qui se soit laissé convaincre par les arguments de Krennic sur la soi-disant attaque rebelle. Orson justifie une implication plus intense de la part de Galen dans le projet, ce que le scientifique accepte volontiers en pensant que l’on désire détruire son travail dans le seul but de ruiner la vie des autres. Orson Krennic est un beau-parleur. Fier d’avoir manœuvré pour rallier Galen à sa cause, Krennic l’encourage à garder le secret de son implication, y compris celui de Lyra. Bien qu'ils soient liés par un pacte du secret, celui-ci se brisera violemment quelques temps plus tard. La rivalité entre Orson et Wilhuff Tarkin monte ensuite d’un cran, lorsque le Moff tente de s'accaparer le projet Stardust à plusieurs reprises. Tarkin n’accepte pas ce qu’il s’est passé à Malpaz, ce qu’il considère comme un excès de zèle. Krennic joue aveuglément avec les vies humaines et les installations impériales. Il lui reproche notamment son manque de discrétion. Orson est conscient de l'animosité grandissante entre eux, ils essaient l'un comme l'autre de s'évincer le plus discrètement possible. Loin de lésiner sur les moyens de détruire la réputation de l'autre, Krennic essaie de faire porter la responsabilité sur Tarkin au cours d'une visite du Seigneur Vador sur la planète Géonosis. Lors d'une explosion sur celle-ci, Krennic et Vador manquent finir leurs jours enterrés. Krennic tente vainement de convaincre le Sith que Tarkin est impliqué dans cette attaque. Cette piste est toutefois écartée avec l'enquête de Vador qui permit d'incriminer un groupe de Géonosiens renégats. Leur relation conflictuelle n'aura de cesse de faire jaser les impériaux et d'agacer les Siths. Krennic est heureusement bien trop focalisé sur les progrès de leur projet que du sort de Wilhuff Tarkin. Quelques temps plus tard, les plans de l’Etoile de la Mort se concrétisent partiellement avec l'aide des travaux de Galen Erso. Cette avancée conduisit à des essais sur des trous noirs afin d’éviter tout incident similaire à celui de Malpaz. Les essais sont couronnés de succès, mais Krennic admet à contrecœur à l’Empereur Palpatine que la station n’est pas encore totalement opérationnelle. Ce qui devait arriver arriva, et la vérité éclata au grand jour. Galen Erso découvre finalement les mensonges de son ami au sujet de la prétendue attaque des rebelles sur Malpaz. Les évènements s’enchaînent à une vitesse inquiétante, Krennic perd soudainement toute l’emprise exercée sur Galen et ses alliés, ces contrebandiers facilitent la fuite de la famille Erso avant qu’il ne puisse éliminer la femme et la fille de Galen en représailles. Cet échec laisse des traces indélébiles, puisqu’il est aussitôt rétrogradé au rang de lieutenant-commandant par Amedda. Il jure de retrouver la famille Erso et de concrétiser le projet d’une vie avec l’aide de Galen Erso, de gré ou de force. Cette humiliation est totale, puisqu’elle est suivie d’une surveillance et d’une observation accrue de la part de son rival de toujours, Wilhuff Tarkin, et du Seigneur Vador auxquels l’Empereur a confié la supervision partagée de la station de combat. Une sanction qui n'aura pas raison de son ascension, mais qui le forcera à collaborer étroitement avec ses ennemis de toujours.

Enfin, elle revient faire une entrée foudroyante dans un quotidien jonché de rivaux et de réussites. La Death Star. L’Etoile de la Mort a connu beaucoup d’impériaux qui l’ont supervisé, parmi lesquels, le Grand Moff Wilhuff Tarkin ou Dodd Rancit. Aucun d’eux ne parvint toutefois à produire l’impensable. Orson Krennic, ayant gravi les échelons de l’Empire à une vitesse foudroyante, reçu l’immense honneur de se voir confier par l’Empereur Palpatine la responsabilité de terminer son arme ultime. Son esprit ambitieux et intelligent fut maintes fois récompensé en haut lieu, ce qui lui permet d’accéder au cœur du pouvoir impérial et de graviter dans le cercle de l’Empereur pendant des années. L'Empereur Palpatine lui confie finalement la direction du département de recherche des armes avancées de l’Empire en espérant que accélère enfin la construction de l'arme. Orson Krennic passe du titre de lieutenant-commandant à celui de directeur. Un titre honorifique qui résonne en lui comme la consécration d’une vie jonchée de sacrifices et de de luttes internes. Orson se retrouva propulsé à un poste de premier plan, tous les regards désormais rivés sur l’avancée et la sécurité du projet. Aucune erreur n’est admissible, aucune faille ne doit se mettre en travers de sa route. Celui que l’on appelle maintenant « Directeur Krennic » est prêt à tous les sacrifices et à toutes les atrocités pour conserver son autorité et sa mainmise sur l’Etoile de la Mort. Les ambitions du directeur Krennic sont disproportionnées. Il essaie d'exploiter toutes les ressources et tous les moyens mis à la dispositions de l'Empire pour concrétiser son projet. Cela passe notamment par une volonté d'évincer tous les projets de ses collègues, comme les TIE Defender de l'Amiral Thrawn, en faveur de sa précieuse étoile mortelle. La confiance de l’Empereur Palpatine, malgré son aversion profonde pour la race des Siths, est ce qui lui est de plus cher. Orson est un serviteur loyal et fanatique. Un commandant discipliné et rigoureux. Il obtient par la suite un poste élevé dans les services secrets impériaux, ce qui lui permet de dégager des outils permettant de traquer la piste de Galen Erso sur la planète Lah’mu en -13 BBY. Lyra Erso meurt ce jour-là et sa fille, Jyn Erso, est portée disparue. Elle est tuée par les death troopers, membres de la garde rapprochée du directeur du bureau des armes avancées. Krennic se montre indifférent à l'assassinat de Lyra Erso, c'est une personne qu'il n'a jamais pu supporter. Nous sommes en temps de guerre, les pertes humaines sont inévitables selon lui. Il s'en réjouit presque. Tout ce qui l'importe, c’est de récupérer Galen Erso. Son génie et ses connaissances sur les cristaux kyber sont les clés permettant de terminer la construction de l’Etoile de la Mort. Orson n’échouera pas. Les années passent et Galen apporte la pierre finale à l’édifice de la super-arme de l’Empire. Elle est enfin prête. Elle est parfaite. Krennic fait une brillante démonstration de la puissance de feu de l’Etoile de la Mort devant le Grand Moff Tarkin et son équipe sur la capitale de Jedha. L’échec ne fait pas partie de son vocabulaire. L’Etoile de la Mort n’est pas née avec Orson Krennic, mais c’est entre ses mains que ce projet a abouti. C’est grâce à lui qu’elle existe et se trouve dans le camp des impériaux, c’est son accomplissement. Il ignore encore que c’est ce même accomplissement qui mettra un terme à son ascension en -0 BBY.

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A mesure que les bruits de pas des chercheurs de l’équipe scientifique se rapprochent, les battements cardiaques d’Orson Krennic s’accélèrent dangereusement. Il sent que ses veines manquent d’exploser au niveau de ses tempes, il est submergé par la violence de sentiments paradoxaux. Dans son dos, Krennic enserre ses poignets entre ses doigts gantés d’un très beau cuir noir. Il est impossible de transpercer la peau de ses gants, malgré tous ses efforts. C’est difficile de conserver son sang-froid lorsque l’on est habitué aux coups de théâtre et aux crises de colère. Orson Krennic est un homme réputé pour ses manières dramatiques, théâtrales et intempestives. On lui reproche de se comporter comme un enfant capricieux, tapant du poing sur la table lorsque quelque chose se met en travers de son chemin ou de sa ligne de pensée. Ce n’est pas quelqu’un de particulièrement ouvert sur les négociations lorsque celles-ci concernent quelque chose qui lui est cher. Orson regrette de ne pouvoir décharger toute sa frustration dans la chair de sa peau. Une tension est palpable dans l’air. Une tension singulière, annonciatrice d’un orage titanesque. C’est le calme avant la tempête. Celle d’Orson Krennic. Ils arrivent, mais surtout, il arrive. Galen Erso. Galen le nomme par son nom de famille. Krennic. Le lien entre les deux amis est rompu depuis longtemps aux yeux du scientifique. Orson continue de l'appeler par son prénom. Jusqu'à maintenant, l'impérial avait l'espoir de conserver leur amitié. Maintenant, c'est trop tard. Galen a épuisé toutes les chances que Krennic lui a laissé. Il ne peut plus l'épargner. Une vie doit être prise et ce doit être celle de Galen Erso. Krennic préfère que cela vienne de lui. Ils ont fait du chemin depuis les bancs de l’école. Brentaal IV. Programme Futurs de la République. Galen, son ami de l’époque, son meilleur ami. Orson conserve une certaine amertume, le goût de la trahison laisse des traces. Que ce soit Galen et non pas un autre qui trahisse sa confiance est bien la pire chose qu’on puisse lui faire de son vivant.

Krennic observe son ancien ami à une bonne distance. Pour l’une des premières fois dans l’histoire de leur relation, il décide de se dissimuler derrière une expression faciale neutre. Il méprise plus que tout l’hypocrisie, cela le contrarie même de devoir avoir recours à ce genre de stratagèmes en présences de certaines personnes comme l’Empereur ou d’autres Siths. Krennic n’a pourtant jamais révélé autre chose que son véritable visage en présence de Galen. Jusqu’à maintenant. Maintenant les choses sont radicalement différentes, les liens de leur amitié se sont rompus de la plus cruelle des manières. Galen va payer. Même dans l’adversité, Galen Erso conserve une certaine prestance, alors que sa chute se rapproche sous le rythme lancinant des gouttelettes d’eau de pluie qui tombent sur eux. Krennic imagine que son collègue est forcément conscient que les choses vont empirer d’un instant à l’autre. Après tout, il a débarqué comme une fusée sur la planète Eadu, le visage indéchiffrable et une étrange lueur dans ses yeux bleu océan. Galen Erso a forcément des soupçons, une voix souffle forcément en lui en disant que Krennic est au courant de sa trahison. Oui. Orson Krennic sait. Il connait tous les détails sordides de cette abominable vérité. Il est au courant pour les communications, les fuites concernant le projet et l’aide que lui a apportée l’un des pilotes impériaux qu’il a délibérément missionné dans le but de le trahir. Krennic sait, et ce n’est pas sans heurts que les explications se feront entre ces deux anciens camarades. Devant Galen Erso, mais surtout par respect pour leur amitié de longue date, Krennic s’est toujours bien comporté. Il s’est toujours comporté comme Orson Krennic et non pas comme le détestable et autoritaire Directeur Krennic de la division de recherche des armes technologiques de l’Empire. Cette fois-ci, tout bascule dans l’esprit de l’architecte de la Death Star. Ses yeux s’assombrissent à mesure que la pluie tombe sur eux. C’est terminé. Tous ces traitements de faveur, ces conversations amicales, ces complicités au nom du bon vieux temps sur Brentaal IV. Tout cela est désormais terminé. Galen Erso a suffisamment abusé de sa confiance et de sa patience. Il n’est plus cet ancien collègue et ami, il est maintenant un commandant de l’Empire. Un impérial fou de rage d’avoir été poignardé dans le dos par une personne en qui sa confiance est… totale.

Ces deux amis sont finalement devenus deux ennemis, même si Orson a toujours espéré pouvoir ramener Galen sur le droit chemin. Malgré leurs différences idéologiques, Orson a toujours gardé une pensée nostalgique pour Galen Erso. C’est pourquoi tout s’est littéralement effondré en lui en découvrant la trahison du scientifique. Une trahison qui coûte cher, horriblement cher, pour le directeur de la division de recherche des armes avancées qu’Orson Krennic est en -0 BBY. Galen Erso n’a eu aucune pitié envers lui, aucune reconnaissance envers leur amitié et encore moins pour tout ce qu’Orson a fait pour lui. Cette trahison coûte cher, parce qu’elle met inévitablement Orson dans une situation compliquée vis-à-vis de ses supérieurs hiérarchiques. Tarkin. L’Empereur. Vador. Satanée sainte trinité. Orson s’est retrouvé humilié et défait du projet de toute une vie, sa précieuse Death Star, et tout cela à cause de Galen Erso. Toutes ses chances de poursuivre son ascension dans la haute administration de l’Empire Galactique sont balayées par la volonté d’un seul homme. Celui qu’il a considéré comme son plus vieil ami. Ce sale traître. Cet infâme rebelle. Cet ennemi de l’Empire. Son ami. Son ennemi. Orson a eu le désagréable sentiment que Galen vient de lui marcher dessus, violemment, à plusieurs reprises. Galen s’est comporté en véritable égoïste. Il n’a fait que lui témoigner de l’ingratitude du début à la fin. Après tout ce qu’Orson a fait au nom des liens profonds qui les unissent. Jusqu’à ce qu’il entende ses aveux, Orson a fortement espéré que cela ne soit qu’un malentendu. Orson peut encore lui pardonner et lui trouver des excuses. Il veut être capable de lui pardonner. Leur amitié compte plus que tout à ses yeux, après tout, c’est grâce à lui que Galen est encore vivant à ce jour. C’est lui qui s’est démené pour le tirer des séparatistes. C’est lui qui s’est efforcé de l’incorporer aux meilleurs postes. C’est encore lui qui s’est personnellement mouillé auprès des hauts dignitaires de l’Empire en vantant ses mérites et sa loyauté. Orson considère avoir fait la carrière de Galen Erso. Et voilà comment Galen le remercie, après tous ses efforts et ses sacrifices ?

La gifle qu’il lui a asséné sur la planète Eadu en pleine tempête de pluie est bien au-delà de la simple sanction disciplinaire. Elle n’est pas professionnelle et elle ne l’a jamais été. Cette gifle est personnelle. C’est une gifle entre Orson et Galen, et non pas entre le directeur Krennic et l’ingénieur-scientifique Erso. Cette gifle est le symbole d’une amitié forte qui s’est heurtée aux divergences idéologiques de deux anciens camarades de promotion. Deux amis. Cette gifle est sa manière de lui faire comprendre sa tristesse. Son cœur s’est brisé à l’instant même où Galen a confessé sa trahison. Krennic est déjà au courant. Le pire dans tout cela, c’est que cela vient de Tarkin. C’est comme un double coup de poignard, son pire ennemi et rival est le messager de la trahison de son ami de longue date. Orson ne digère pas cette information. Il ne décolère pas. Rien ne peut calmer ses tourments, rien ne peut apaiser cette colère grondante, rien ne peut justifier la trahison de Galen. Est-ce qu’un ami fait ce genre de choses à un autre ami ? Pourquoi faut-il que Galen soit si pacifique ? C'est d'un ennui pour Orson. Pourquoi se soucie-t-il tant que cela des victimes collatérales de leurs expériences ? Pourquoi n'est-il pas juste comme lui ? Seul le résultat final compte, tout le reste ne sont que des dommages nécessaires en vue d'apporter la paix dans toute la galaxie. Toutes ces pertes humaines et matérielles ne sont rien en comparaison de la beauté cruelle de l'Etoile de la Mort. Orson estime s’être toujours bien comporté avec lui, et voilà comment Galen récompense ses efforts et ses exploits. Il le met cruellement en danger vis-à-vis du Grand Moff Tarkin et de l’Empereur Palpatine pour la seconde fois. Galen n’a eu aucun respect pour leur amitié, ni pour tout ce qu’Orson a fait pour lui dans sa vie. Orson s’est sacrifié tellement de fois, et toutes ces fois-là s’imposent dans son esprit comme des souvenirs douloureux et déchirants. C’est une déception immense qui se lit dans ses yeux bleu océan lorsque Galen s’avance vers lui sous la pluie en admettant à tous qu’il est bel et bien à l’origine de la fuite du projet top-secret de l'Empire. Ces confessions sonnent douloureusement dans l’esprit de Krennic, elles évoquent des trahisons sous-jacentes. Il admet droit dans les yeux à son ancien ami qu’il vient de lui planter un couteau dans le dos. Il admet qu’il vient de bazarder toutes ses aspirations et ses espérances au sein de l’Empire. Il admet qu’il vient de détruire toute sa crédibilité aux yeux de l’Empereur Palpatine. Il admet aussi qu’il vient de donner du grain à moudre au moulin de Wilhuff Tarkin, son pire ennemi dans l’Empire. Il admet enfin qu’il vient de détruire sa réputation et sa légitimité en tant que bâtisseur et superviseur du projet Death Star. Il vient de de pulvériser tout ce qu’Orson a mis des années à construire. Des décennies de travail acharné, de courbettes et de privation de sommeil. Sans l’ombre d’un état d’âme, sans l’once d’un regret. On lui a enlevé sa précieuse Death Star, le projet de toute une vie. Orson n’a toujours vécu que pour elle, et voilà qu’on la lui a arrachée par sa faute. A ses yeux, Galen a même pris un plaisir malsain à manœuvrer contre lui. C’est quelque chose qu’Orson Krennic est incapable de supporter venant de Galen Erso. Particulièrement parce que cela vient de lui et de personne d’autre. Sa confiance est définitivement brisée. Leur amitié n’existe plus. Elle n’existe de toute manière plus depuis bien des années. Ce coup de poignard, Krennic compte lui faire payer au centuple. Il a contribué à ce que Tarkin lui prenne sa Death Star, alors il va lui prendre tout ce qui lui est cher à son tour. Parce qu’entre eux, il n’y a rien de professionnel, ce n’est rien de plus qu’une affaire personnelle.


Et voilà que sa dernière heure vient de sonner en l’an -0 BBY sur la planète Scarif. Un éclair vert aveuglant, un bruit assourdissant et un tremblement de terre effroyable accompagnent les dernières secondes de vie d’Orson Krennic. Elles ont balayé des décennies d’existence d’un simple battement de cil. Orson Krennic assiste, impuissant, à la fin de sa vie. Une vie prometteuse, une ascension fulgurante dans la haute administration de l’Empire Galactique. L’ironie cruelle veut que ce soit sa précieuse Death Star, le projet de toute sa vie, qui lui porte le coup final. Il observe en rampant, profondément heurté et dévasté par les circonstances amères de sa mort future, le laser foudroyant de la Death Star venir exploser la planète, avant de recouvrir le centre de recherche d’une vague gigantesque faite de feu et de poussière de roche. Son dernier regard est pour sa Death Star, qui se tient fièrement dans le ciel clair et dégagé du périmètre de Scarif. Une gigantesque lune grise, époustouflante et effrayante. Krennic comprend assez vite en la voyant percer le ciel que Tarkin compte détruire Scarif, en l’emportant dans sa chute. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Alors qu’il a la capacité de protéger la base. Alors que tout est encore possible, il n’est pas fini. Il n’a pas encore échoué. Il n’a pas encore donné son dernier mot. Le directeur Krennic n’est pas encore mort. Pourquoi maintenant ? C’est personnel. C’est une leçon de vie, c’est une leçon amère que lui fait Wilhuff Tarkin. Le Grand Moff vient de dévoiler sa dernière carte, il a enfin les moyens de l’écarter définitivement de l’équation. Il en a les moyens et il a décidé de les employer maintenant. Krennic est forcé de se résigner. Ce n’est pas perdre une bataille, c’est perdre une guerre. Tout est fini. Entre lui et Tarkin, il ne peut en rester qu’un. Et c’est Tarkin qui remporte leur duel. Au lieu de passer les minutes qui lui restent à insulter de tous les noms le Grand Moff, Orson préfère mettre ce temps à profit. Ses dernières secondes sont pour elle, sa Death Star, son accomplissement et la seule finalité de sa vie. Krennic est heureux de contempler sa toute-puissance dévastatrice, elle est exactement telle qu’il a désiré la concevoir. Il ne peut que s'extasier devant la force de ses déflagrations, elle est de toute beauté. Elle est parfaite, mais elle n’est plus sienne.

Voilà qu’en un éclair, sa vie entière est ravagée. Ses dernières pensées sont pour le travail de toute une vie avant d’être annihilé de la surface de la galaxie. Krennic ignore que les bras de la grande faucheuse ne veulent pas encore de lui. Alors qu’il est persuadé d’être parti pour son ultime voyage, un évènement mystérieux le ramène sur le sol terrestre. Tous ses souvenirs s’évaporent au moment de son réveil dans la grande chambre d’un appartement cosy situé quelque part dans les beaux quartiers d’une mystérieuse ville. Son nouvel appartement, celui de sa nouvelle vie. Ici, Orson Krennic n’est plus le tant redouté directeur Krennic, ambitieux et intelligent impérial, architecte de l’Etoile de la Mort. Il est simplement Orson Krennic, écrivain à succès de romans de science-fiction. L’ironie du sort veut que sa maison d’édition appartienne à une famille qui est loin de lui être inconnue dans son véritable monde. Erso. Heuresement pour lui, ses souvenirs ne sont plus en place. Krennic ne se rend pas compte du ridicule de la situation et encore moins du fait que cette île n’est rien d’autre qu’une version édulcorée du purgatoire. Son purgatoire. Un endroit où tout ce qui fait la personne du directeur Krennic n’existe plus. Tout ce qui fait son prestige, son arrogance, son autorité s’est évaporé d’un coup de baguette magique. Le voilà dans une ville angoissante et étourdissante. Une ville qui n’entend nullement parler de ses prouesses comme commandant ou architecte, qui ne déroule pas le tapis rouge sous son passage et qui ne le connaît ni d’Eve ni d’Adam. Une hérésie. Cela est toutefois une hérésie à condition d’en avoir conscience, ce qui n’est pas le cas d’Orson Krennic. Il se trouve dans une situation compliquée, en proie à de violentes névroses et des cauchemars récurrents. Il rêve de son ancienne vie, ou plutôt de sa véritable vie, sans en avoir conscience. Krennic est persuadé que ses rêves ne sont que le fruit d’une imagination débordante, brillante même. Ces rêves nourrissent ses projets littéraires qui se couronnent tous de succès et d’honneurs. Malgré sa célébrité, Krennic vit comme un reclus. Bien qu’il soit réputé pour ses bouquins récompensés et primés, Orson préfère vivre dans l’ombre de ses aspirations. Ironique, n’est-ce-pas ? Dire que ses aspirations l’ont obsédé dans sa véritable vie, au point de lui avoir coûté sa propre vie. Seules ses œuvres tant chéries, ce qu’il nomme ses réalisations, ont de l’importance dans sa vie. Il préfère vivre comme un ermite afin de vivre son art du matin au soir. Krennic se définit comme un artiste maudit, un écrivain tourmenté par ses cauchemars, ses dilemmes, ainsi cette dualité qui le fait plonger dans les dérives de l’alcool. Krennic est littéralement possédé par son art. C’est sa nouvelle Death Star.