(abandonné) Your sorrow will turn into euphoria | Orson

“We are following our lord through the evil dark. For the gift of being chosen. We feel you. Hold us. Closely. Have mercy on our souls. The hungry ox on the land lay slain, and the corn began to rot. So we spilled our blood and the devil came, and saved the blessed crops. We need you. Holy. Lord almighty. We love you. We’re listening and learning from our faults. We make an offering to end our suffering. We bow down willing on bended knee. For your almighty prophecy. Feel the sickness the pain inside you, and throw it on the fire. Collect your fears and the sins you hide. Burn them on the pyre.” (THE GIFT OF THE ROSE •• ISABELLA SUMMERS)


-13 BBY – BUREAU DE WILHUFF TARKIN

Galen Erso est mort. Mort dans un terrible incendie dans l’un des laboratoires impériaux. Pour lui. Pour satisfaire ses caprices. Pour réaliser un projet pour lequel il n’a jamais désiré s’impliquer. Mort par sa faute. Orson Krennic ne peut s’empêcher de sentir profondément coupable. C’est sa faute. Il a forcé Galen et sa famille à travailler sur son projet – sur le but ultime de sa vie, et a finalement perdu le seul être au monde qu’il n’a jamais cessé d’aimer. C’est sa faute, sa faute, sa faute. Orson Krennic ne cesse de se répéter cette phrase dans un coin de sa tête, elle aveugle tous les sons extérieurs, les commémorations, les échanges larmoyants, même celui de Lyra. Même le discours de Lyra Erso lui est égal. Krennic est ailleurs. Dépossédé de sa flamme, de sa source d’inspiration. De sa vie, tout simplement. Galen Erso incarne tout pour lui. Il est l’amour de sa vie. L’unique être au monde qui a de l’importance, qu’il a pourchassé dans toute la galaxie, qu’il a aidé jusqu’à la fin. Jusqu’à son dernier souffle. Lorsque Lyra termine, c’est à son tour de se lever de son banc en bois vernis. Krennic est entouré de quelques officiers, dont son fidèle bras droit, Brierly Ronan. Ce dernier dépose une caresse qui se veut amicale le long de son épaule pour l’encourager à se lever de son siège. Krennic essaie, mais ses jambes sont comme pétrifiées. Plus les secondes passent et plus un silence religieux, presque gênant s’installe autour d’eux. C’est à son tour de parler. Son discours, qu’il dicte avec les mains tremblantes, est un véritable déchirement. Une ode à l’homme merveilleux et brillant que fut Galen Erso avant ce tragique accident. Il s’exprime avec une expression sinistre et grave au visage, avec un ton amer et une absence de sourire ou de rictus quelconque. Il parle gravement, avec solennité et respect, de cet ami qui a tant compté pour lui. Qui a été bien plus qu’un ami pour lui. Son discours est légèrement, en certains aspects, ambiguë, mais peu de gens sont susceptibles de s’en rendre compte – seuls Lyra Erso ou Wilhuff Tarkin sauront lire habilement entre les lignes de ses mots choisis avec soin.

Wilhuff Tarkin. Le Grand Moff. Il se tient devant lui, et parfois, c’est dans son regard que Krennic recherche une quelconque approbation. Wilhuff n’est pas un ami, c’est son supérieur direct – mais c’est surtout le seul homme suffisamment froid émotionnellement et suffisant pour ne pas lui donner envie de fondre en larmes devant tout le monde. Il soutient son regard avec intensité, alors qu’une file pellicule d’humidité voile le bleu océan de ses orbes. Il pense alors que se confronter au regard glacé de Tarkin est la seule chose qui puisse lui faire garder sa superbe – après tout, il recherche depuis tant d’années à l’impressionner. Wilhuff Tarkin est son ticket d’entrée pour un poste plus prestigieux, comme celui de Moff ou même de conseiller direct de l’Empereur Palpatine. Il apprend de son supérieur, il se montre aussi dur et exigeant pour gagner ses faveurs politiques. Wilhuff Tarkin méprise toute forme de faiblesse ou de médiocrité. Orson Krennic ne doit donc être ni l’un ni l’autre. Il ne faiblira pas devant cet homme calculateur et puissant. Il résistera aux larmes naissantes dans le coin de ses yeux. Il s’accroche avec désespoir à l’expression faciale du Grand Moff comme à la perle de ses yeux, à son regard indéchiffrable comme à une bouée de sauvetage. Tarkin est comme la lumière d’un phare dans la nuit noire, une porte de sortie, un bouclier. Une fois son discours fait, avec brillo, sans baisser les yeux ou montrer le moindre signe de faiblesse devant une assemblée éplorée, et vêtue de noir ou de gris, l’impérial en cape blanche se retire sans un regard en arrière. Pas même pour Wilhuff Tarkin, qui a, durant au moins quinze minutes, représenté son univers tout entier, le seul capable de l’empêcher de sombrer publiquement. Malgré la brutalité de l’événement, le blanc est et restera sa couleur de prédilection. En tant que membre honorable du département de la sécurité intérieure, la couleur de son uniforme est le blanc. Il n’en portera aucune autre, même en période de deuil. Galen Erso n’aurait de toute manière pas voulu que les choses en soient autrement. Il aurait voulu que le dernier souvenir de son meilleur et plus vieil ami soit celui-ci. Orson Krennic en est persuadé.

Il ne l’oubliera jamais. Il ne le pourra jamais. Son cœur se verrouillera, à double tour, et personne n’en trouvera jamais plus la clé. (on verra ça) Orson ne peut envisager un « après » Galen Erso. Il ne le peut et ne le veut pas. Alors qu’il déambule le long d’une allée de bancs, ignorant tous les regards posés sur sa silhouette blanche, il ne peut s’empêcher de se torturer l’esprit avec des théories complotistes. Un incendie. Vraiment ? Krennic n’a d’abord pas voulu le croire, avant d’accepter la théorie de l’accident. Cela lui a pris des jours entiers. Il a fini par s’en convaincre, mais là, maintenant qu’il vient d’enterrer l’amour de sa vie, son seul et unique ami, le doute assiège de nouveau son esprit. Il a besoin de se retrouver seul, maintenant. La présence de toutes ces personnes l’oppresse, elles sont toutes à boire quelques flûtes de champagne et se gaver de petits fours dans l’immense demeure de Wilhuff Tarkin. Elles discutent entre elles, parfois en riant même. C’est d’une indécence qui le met littéralement hors de lui. Krennic déambule comme un lion en cage, désespéré et en colère. Il évite de parler à quiconque, n’étant pas de très bonne compagnie pour le moment. Ou même en général. Mais aujourd’hui, pire que tous les autres jours de l’année. Il a perdu une moitié de lui. La seule moitié qui a toujours eu une importance primordiale, viscérale dans sa vie. Depuis Brentaal IV. Depuis ses quinze ans. Le poids de la culpabilité et de n’avoir jamais pu lui confesser ses sentiments repose sur ses épaules comme un énorme rocher de plusieurs tonnes. Il garde un goût d’inachevé en bouche. Galen n’a jamais su. Orson n’a jamais eu le temps de lui dire… « Je t’aime. » Deux mots. Huit lettres. Je t’aime. Je t’aime, Galen. Je t’aime depuis Brentaal IV. Je t’aime depuis mes quinze ans. Je n’ai jamais cessé de t’aimer durant maintenant trente ans. Je t’aime et je t’ai perdu à tout jamais, sans avoir pu révéler mon fardeau. Sans avoir pu te dire ces mots, avant la fin. On lui a enlevé violemment le droit de parler, on l’a forcé au silence. Galen n’a jamais su, et maintenant c’est trop tard pour eux. Orson mourra avec ses remords. Ceux d’avoir gardé si longtemps le silence, persuadé de briser une amitié fusionnelle, alors que tout… tout est sa faute. Tout aurait pu être différent s’il avait eu le courage de parler avant.

Krennic soupire longuement en terminant d’une traite sa troisième, non, sa quatrième coupe d’alcool pétillant sans même prendre le temps de savourer le goût du champagne hors de prix en bouche. Il s’en moque, il veut simplement le descendre. L’engloutir jusqu’à l’écœurement, jusqu’à oublier… tout ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Orson Krennic désire tout oublier. Tout. Il espère ardemment se fondre dans l’alcool. On l’observe toutefois, et il ne le remarque pas immédiatement. Une paire d’yeux le dévore littéralement, avant que leur possesseur ne daigne faire son apparition dans son dos, en déposant une main sur son épaule dans ce qui s’apparente à un geste de… compassion. Compassion, venant de Wilhuff Tarkin ? L’impérial, dont le visage est déjà suffisamment livide, ne peut blanchir encore plus. La surprise se découvre toutefois dans le fond de ses prunelles. « Gouverneur. » répond-il à sa demande particulière d’entretien. « J’aimerais m’entretenir avec vous. Seul à seul. » poursuit Tarkin. Orson garde son masque d’impassibilité jusqu’au bout, mais son être tout entier tremble à cette idée. La démarche du Grand Moff Tarkin le prend de court, si bien qu’il ne trouve pas le temps pour lui répondre par la négative, avant que ce dernier ne l’encourage à le suivre. Orson reste silencieux, mais grommèle dans un coin de sa tête. A dire vrai, il préfère rester seul, compte tenu des circonstances tragiques qui le laissent dans un état de pure vulnérabilité, et loin d’avoir l’esprit de discuter de leur projet. « Je doute sincèrement que… » débute-t-il, avant de s’interrompre de lui-même, sous la force de la main ferme du Grand Moff, qui l’entraîne à travers la foule des convives jusqu’à son bureau personnel. « Gouverneur. » se plaint-il, en espérant lui faire changer d’avis. Mais Tarkin semble aveugle et sourd à ses protestations. Il abandonne alors, bien trop faible et déjà quelque peu alcoolisé, pour lui opposer la moindre résistance. Ses lèvres closent se forment une moue contrariée, alors qu’il prend le pas sur Tarkin pour pénétrer dans ses quartiers privés.

Là, le Grand Moff lui sert un verre d’un alcool qui lui est bien familier. Orson ne peut que reconnaître la couleur de la liqueur, particulièrement ambrée et à l’odeur iodée et forte. Une sorte de whisky puissant, de très bon goût. Une part de lui veut refuser ce verre, mais l’autre part… n’écoute pas ses avertissements. Oui, quelque chose sonne faux dans l’attitude du Grand Moff, qui ne lui a finalement jamais prêté plus d’attention sympathique que cela, en-dehors de rapports strictement professionnels au cours de leur carrière respective. Oui, Orson a cet étrange pressentiment malsain qui enserre son cœur comme dans un étau, comme si quelque chose de grave est sur le point de se passer juste sous ses yeux… Non, Orson ne s’enfuit pas, ne se défile pas. Puis, Orson obéit et prend place sur le fauteuil en face du grand bureau en bois massif. Une magnifique pièce. Il laisse même courir le bout de ses doigts gantés de cuir noir sur la surface vernis. Orson ne peut retenir une indiscrétion – l’alcool aveugle déjà sa décence. « Vous vous faites plaisir, Gouverneur. » Un léger rire s’échappe de ses lèvres. Un rire nerveux. Il est fasciné par le mobilier de son supérieur direct. Véritablement charmé par la finesse, l’élégance du bois sculpté, la richesse qui s’exprime à travers chaque détail. Lorsque Tarkin reprend la parole, c’est pour l’abreuver de compliments émouvants qui vraisemblablement le touchent plus que de raison. Il hausse les épaules, assez gêné. Orson ne pense avoir les esprits suffisamment clairs pour s’engager sur un terrain aussi personnel avec celui qui est supposé le faire grimper au sommet du pouvoir. (au rideau, au plafond, partout, surtout, tu connais l’expression ?) Il craint de commettre une erreur fatale. Avant d’ajouter une bêtise, il prend le verre qu’à déposé le Grand Moff sur la surface centrale de son magnifique bureau entre ses doigts épais et crispés. « Je vous remercie pour cette attention, Gouverneur. Il est vrai que… je commençais à trouver le goût de ce champagne assez redondant. » souffle-t-il, avant de reposer son verre de cristal sur le bureau de Tarkin. Orson a besoin de plus fort. Beaucoup plus fort. Tarkin est loin de faire fausse route, il semble même le connaître plus qu’il n’a connaissance de lui-même. Il n’attend pas à être resservi, mais une petite voix lui souffle que ce sera bien le cas, qu’il le veuille ou non. (c’est moi sa petite voix) Il ne pourra pas s’extirper de cet entretien de sitôt.

« Pour vous répondre que mon éloge funèbre… » Orson pèse ses mots consciencieusement durant quelques secondes. « Je n’ai dit que la stricte vérité sur Galen Erso. » répond-il gravement, en prenant fortement sur lui pour ne pas laisser sa gorge nouée ou le léger tremblement dans le son de sa voix lui faire perdre tous ses moyens devant Tarkin. Krennic marque une pause, avant d’observer intensément les iris d’acier de Tarkin durant quelques secondes, en cherchant à analyser son expression – en vain, le Grand Moff est imperturbable, avant de les dévier vers le fond de son verre qu’il englouti d’une traite, sans même étirer de grimace. « Galen Erso est… Je veux dire, était, quelqu’un d’admirable en tous points de vue. L’un de mes plus vieil amis, pour ne pas dire le seul. Un homme brillant, que j’ai connu dans ma jeunesse. Nous avons imaginé refaire le monde ensemble un nombre incalculable de fois, vous savez. » Il ignore pourquoi, mais une étrange pulsion le pousse à se confier à Tarkin. Peut-être est-ce le whisky qui commence à chauffer ses oreilles et lui monter à la tête, peut-être est-ce le chagrin qui le transforme, le déni de ne pas vouloir admettre avoir perdu un amour de jeunesse sans avoir pu lui dire ce qu’il a sur le cœur, à moins que ce ne soit l’intensité du regard bleu de Tarkin qui perce tous ses secrets d’un simple coup d’oeil, ou bien un mélange des trois. « Je n’ai… qu’un seul regret. Un remord, plus précisément. » confesse-t-il en baissant lentement les yeux vers un stylo en or non loin de là, qu’il se permet de saisir entre ses doigts pour le caresser distraitement, de façon circulaire, comme pour se donner le courage de poursuivre. « Celui d’avoir eu tant de choses à lui dire avant sa mort, et de ne pas avoir pu les lui confesser. » Cette fois, le tremblement omniprésent dans sa voix se fait plus puissant. « Je ne saurais jamais… Ce que nous aurions pu accomplir ensemble. » Est-ce que Galen l’aimait en retour ? Est-ce que s’il s’était déclaré, Galen aurait quitté Lyra et Jyn pour lui ? Tant de questions qui demeureront à jamais sans réponse. Orson réalise être allé un peu loin, et se rattrape aussitôt en se raclant la gorge, un peu nerveux : « Par rapport au projet, bien entendu. » Tarkin n’est pas dupe, mais Krennic croit être le seul à connaître son propre secret. « Nous avions des divergences d’opinion, mais nous aurions pu construire quelque chose de formidable pour l’Empire. » Et plus encore… Galen, je t’aime, tu le savais ? J’espère que tu le savais. J’espère que tu me regardes, à cet instant, que tu lis mon désespoir et la force de ma passion pour toi. Pour ce que nous aurions pu être ensemble. J’aimerais que tu me regardes maintenant. J’aimerais que tu sois avec moi. Par pitié, reviens-moi. Ne me laisse pas. Ne m’abandonne pas. Je ne pourrais jamais y arriver sans toi. Mon premier et véritable amour… (vaut mieux que Galen ne voit pas ce qui va se passer dans le bureau en fait)

Dans un soupir las, Orson laisse retomber son dos en arrière, s’enfonçant dans le dossier en cuir du fauteuil, tout en croisant les jambes. Il est clairement agité, ne pouvant tenir en place plus de deux minutes. Son visage observe le Grand Moff, puis les objets sur le bureau, puis un coin à droite et enfin à gauche, jusqu’à son verre en cristal. Vide. Désespérément vide. Comme lui à cet instant. Une lueur étrange traverse ses yeux, de pure mélancolie. Orson Krennic est aujourd’hui un homme brisé. Par la faute de Wilhuff Tarkin. « Je suis… navré, Gouverneur. Je vous ennuie avec mes histoires, tout l’Empire est déjà suffisamment endeuillé. Je ne vais pas en rajouter une couche. » se rattrape-t-il en agitant la main, avant de prendre son menton entre deux doigts et de caresser distraitement ses lèvres de son index ganté. Orson ignore encore tout du complot qui s’est tramé à son insu, de l’amour qu’éprouve Wilhuff Tarkin pour lui, de cette obsession funeste qui le conduira inévitablement vers quelque chose… de nouveau pour lui. Est-ce qu’il pourrait retomber amoureux ? Est-ce qu’il… peut trouver son égal, en-dehors de Galen ? Orson l’ignore, et ne préfère pas y penser, ne pas l’envisager. Pour lui, il n’y a que Galen Erso. Il n’y a toujours eu que Galen Erso et il n’y aura toujours que Galen Erso. Jusqu’à… maintenant ?

“We are following our lord through the evil dark. For the gift of being chosen. We feel you. Hold us. Closely. Have mercy on our souls. The hungry ox on the land lay slain, and the corn began to rot. So we spilled our blood and the devil came, and saved the blessed crops. We need you. Holy. Lord almighty. We love you. We’re listening and learning from our faults. We make an offering to end our suffering. We bow down willing on bended knee. For your almighty prophecy. Feel the sickness the pain inside you, and throw it on the fire. Collect your fears and the sins you hide. Burn them on the pyre.” (THE GIFT OF THE ROSE •• ISABELLA SUMMERS)


-13 BBY – BUREAU DE WILHUFF TARKIN

Orson Krennic se laisse aveuglé par la voix mielleuse de Wilhuff Tarkin. Il ne décèle pas les failles dans son argumentaire, ou le ton hypocrite de ses mots. Il ne se rend compte de rien, parce qu’il est désespéré. Si désespéré, qu’il a terriblement besoin de réconfort, là, maintenant. N’importe qui. N’importe quelle main prête à prendre soin de lui, de le rassurer, de le combler, de l’aimer. Galen Erso, son grand amour, est parti à tout jamais. Orson Krennic n’ose imaginer la vie sans Galen. Jusqu’à ce que Tarkin vienne s’ajouter à l’équation. Tarkin semble si… différent d’en temps normal. Il lui montre un tout autre visage qui le frappe en plein cœur. Ce Wilhuff Tarkin est différent, ce Wilhuff Tarkin lui apporte un semblant de sécurité et d’affection. Lui qui en a terriblement besoin, que ce soit maintenant ou même demain. Orson ne voit vraiment rien. Il se laisse leurrer, et peut-être bien qu’il en est plus ou moins conscient, mais que cela l’arrange bien de le croire. Il a besoin d’une main tendue. Lorsque Tarkin reprend, c’est pour couper net à ses éloges funèbres. « L’Empire le regrettera profondément. » Krennic se laisse duper par le ton faussement compatissant de Wilhuff Tarkin. Il veut que Wilhuff Tarkin se montre présent pour lui, il le veut si fort que s’en est indécent. Indécent parce qu’il vient de perdre l’amour de sa vie. Indécent parce qu’il s’en veut terriblement d’apprécier les attentions d’une autre homme, et même de… désirer insidieusement certaines choses de sa part. Alors, ce n’est que de la pure sympathie. Pour l’instant. Krennic ne voit pas clairement le mal dans le jeu de Tarkin. Alors, pourquoi une part de lui… le désire ? De plus en plus. On ne s’est jamais montré aussi attentionné et compréhensif à son égard – pas avant ou depuis Galen. Cela le trouble. Tarkin le trouble. Plus qu’il ne veut bien l’admettre. La douceur de ses gestes, la compassion dans le timbre de sa voix, l’affection qu’il prétend lui vouer sont autant de facteurs qui lui retournent l’estomac. Il se sent comme pris dans un étau. C’est douloureux – tout en étant agréable. Ses entrailles se serrent à chaque fois que la voix suave de Tarkin résonne dans ses oreilles, à chaque fois que sa main lui ressert un verre de ce très vieux whisky. Krennic s’en veut d’avoir de telles pensées, alors qu’il enterre tout juste Galen Erso. Peut-être que ce n’est pas lui, peut-être que c’est la faute de l’alcool. Il ne peut être aussi faible et naïf, croire en une affection plus profonde encore de la part de Wilhuff Tarkin, au simple prétexte qu’il daigne lui témoigner de la sollicitude.

Krennic semble ailleurs durant quelques secondes, mais pas longtemps – car la voix grave de Wilhuff Tarkin reprend. « Je ne peux me targuer, j’en ai peur, d’avoir jamais connu amitié aussi… fusionnelle que la vôtre. J’envie ce que vous avez perdu. » Krennic lève les yeux au ciel et secoue ses épaules, de mauvaise humeur. Tarkin ignore tout de sa relation avec Galen. Il envie des chimères, il envie quelque chose… qui n’a jamais vraiment existé. Orson n’a jamais considéré Galen comme un véritable ami – il l’a toujours considéré comme un prétendant. Il n’y a toujours eu que des frustrations entre eux. Tarkin ne le sait pas, alors il ne peut comprendre l’amertume qui traverse le cœur d’Orson Krennic à cet instant. C’est en tout cas ce qu’Orson croit. Que Tarkin ignore… Tarkin sait tout, en vérité. Il est au courant des sentiments qu’Orson n’a eu de cesse d’éprouver pour celui qu’il prétend prendre pour son « meilleur ami ». Après un instant de pause, il renchérit, malgré lui, sur un ton un peu glacé : « N’enviez pas cette relation. » Seule la vérité blesse. Krennic est blessé. Il repense à tous ces non-dits, à tous ces secrets, à toutes ces incertitudes…  « Vous ignorez tout de ma relation avec Galen Erso. » s'emporte-t-il un peu trop rapidement, un peu trop impulsivement. La douleur se lit de manière très claire sur les traits de son visage blafard. L’alcool délie sa langue relativement vite. Ou bien… est-ce le fait que ce soit Wilhuff Tarkin qui daigne envier une relation frustrante qui lui donne envie de confier ses plus noirs secrets, dans le but de lui enlever de l’esprit toute envie de les idolâtrer ? « Elle n’a rien d’enviable, si vous saviez ce que j’ai enduré… Vous n’en voudriez pas… » souffle-t-il gravement, les yeux vides et baissés vers le contenu de son verre de whisky pur. Orson a désiré Galen pendant trente ans. Une passion inachevée. Un amour non réciproque. Cela part d’une bonne intention. Orson rend Tarkin pour le protéger – aussi absurde cela puisse-t-il être. Après quelques secondes, le Grand Moff reprend la parole, et Orson se calme spontanément. Il l’observe attentivement de ses grands orbes bleu océan, scrutant avec une étrange fascination chaque émotion transperçant son regard envoûtant ou son visage. Wilhuff Tarkin est beau, terriblement beau, dans sa froideur et dans sa dureté. (et encore tu sais pas à quel point il est dur, là, maintenant) Il plonge la tête la première dans l’immensité de ses beaux yeux bleu, comparables à une vaste étendue d’eau turquoise. Il s’y noie, de son plein gré. Incapable de dévier le regard une seule seconde, incapable de confesser non plus les émotions étranges qui le traversent.

« Je connais le deuil, en revanche, et je sais à quel point il peut nous isoler de ceux qui ne veulent que notre bien. » Le deuil… Oui, bien entendu. Krennic a déjà entendu parler du terrible drame qui a secoué la famille Tarkin. « Votre fils… » marmonne-t-il, en trempant ses lèvres dans son alcool, hésitant quelques secondes, avant de l’engloutir une fois de plus. « Je n’en ai jamais eu l’occasion auparavant… Nous n’avons jamais été très proches pour que j’en ai le courage… » Non, pas vraiment. Tarkin et Krennic n’ont jamais été très proches – ce sont avant tout des officiers impériaux qui se côtoient parce que leurs responsabilités et obligations professionnelles le commande. « Toutes mes plus sincères condoléances. » Cela remonte au début de l’avènement de l’Empire, l’eau a bien coulé sous les ponts, mais Orson Krennic se sent d’humeur mélancolique, aujourd’hui. « Votre fils aurait eu beaucoup d’estime pour l’homme que vous êtes devenu… » Pas forcément, en sachant la vérité, ce qu’Orson ou Tarkin ignorent, bien entendu. Pour le mieux. Garoche Tarkin est un traître, sur la fin de sa fin, en tout cas. Il a déserté l’Empire. « Ou… pour ce que vous avez accompli depuis toutes ces années. » confesse-t-il d’une voix brisée, alternant entre silence et douleur. Krennic confesse là un aveu, beaucoup plus personnel. Il espère que Wilhuff Tarkin saura lire entre les lignes. Lui-même éprouve beaucoup d’estime et d’admiration pour le Grand Moff Tarkin. Une admiration viscérale, qu’il s’est efforcé de lui cacher pendant longtemps, mais qui s’échappe hors de lui, sous l’influence de l’alcool et le poids d’une immense chagrin inconsolable.

Krennic ignore encore à quel point son Grand Moff est prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut, lui, en somme. Il ignore l’affection sincère que lui porte Wilhuff Tarkin. Il l’ignore… Il ne peut pas même l’imaginer. Le fantasmer. Le pire, c’est que cela ne peut en aucun cas lui déplaire. Il a tant besoin d’une épaule sur laquelle se reposer. A l’instant même où cette pensée traverse son esprit, Tarkin verbalise les mots exactes qui peuplent ses pensées. « Je veux vous encourager à ne pas vous renfermer sur vous-même. Je voudrais que vous sachiez me considérer comme un ami. Une épaule sur laquelle vous pourrez vous reposer chaque fois que vous en éprouverez le besoin. » Son cœur fait un bond gigantesque dans sa poitrine. Orson se sent terriblement coupable. Coupable d’éprouver une certaine satisfaction à cela, coupable de vouloir considérer Wilhuff Tarkin comme un ami. Un ami dévoué. Un ami… Un ami comme Galen ? Les mots suivants ne font qu’amplifier son malaise : « J’ai pour vous une très grande estime, et une compassion plus grande encore. Laissez-moi devenir l’ami dont vous avez tant besoin. » Un sourire furtif, très discret, se dessine sur ses lèvres. Un sourire qu’il fait presque immédiatement disparaître. Son visage se tend mystérieusement, et une étrange pâleur vient le recouvrir. Krennic a mal, terriblement mal. Il a mal autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il n’est désormais plus que l’ombre de lui-même. Un pantin docile, vulnérable et fragile. Un pantin dont Wilhuff Tarkin peut faire tout ce qu’il veut à présent et pour tous les jours qui suivront après ce soir.

Tarkin ne comprend pas. C’est du moins ce qu’Orson se persuade. Il ouvre la bouche, pour laisser un blanc, avant de trouver le courage de former des mots, d’une voix tremblante et bien morne. « Galen n’a jamais vraiment été un ami, Gouverneur… Il était… Plus qu'un vulgaire ami… Notre relation était plus compliquée que vous ne l’imaginez. » Qu’est-ce qu’il lui prend ? Pourquoi lui dire cela ? Il réalise avoir déjà bien trop bu. Krennic repose brusquement son verre sur un coin du bureau. « Pardonnez mon arrogance, j’ai abusé de la boisson ce soir, je… » soupire-t-il, en s’interrompant de lui-même. « Je voulais juste vous dire… Merci. Je vous remercie, Grand Moff Tarkin. Je vous remercie pour votre sollicitude. » Grand Moff. Il lui doit le respect de part ce titre. Il ne peut se permettre des imprudences ou des arrogances. « Je vous écoute depuis plusieurs minutes me glorifier une relation qui m’a apporté autant de frustrations que… d’instants de bonheur. Vous ne connaissez pas… tous les détails, Gouverneur. Vous détesteriez être dans une pareille relation, alors, je vous en prie… » Je vous en prie… Il supplie, inconsciemment. Krennic est à point, désormais. Ses yeux le supplient également, en cherchant dans les siens un point d’ancrage.

Krennic ignore que Tarkin se trouve déjà dans une relation similaire, à quelques détails près. Il aime un homme qui en aime un autre, qui ne le regarde pas. Lui. Pas pour l’instant. Car lorsqu’il saura, lorsque les choses auront été amorcées entre eux, plus jamais Orson ne regardera Tarkin comme avant, plus jamais il ne pourra se détacher de ses yeux perçants qui le déshabillent d’un coup d’œil, de ses bras sécurisants, de ses chuchotements suaves dans le creux de son oreille, de son soutien indéfectible, de son amour. « Je vous en prie, Gouverneur, ne me demandez pas de revivre la même chose avec vous. Ne me demandez pas de développer… une relation comme la sienne. C’est bien trop complexe. Je ne recherche plus… cette forme de souffrance. » Non, il désire autre chose. Il désire une relation réciproque, où les sentiments sont enfin exprimés et partagés, une passion commune. Il ne veut plus vivre dans l’ombre, souffrir en silence, se caresser la nuit en pensant à quelqu’un qu’il ne pourra jamais avoir.

Après un court silence, il vient caresser les contours de son verre de whisky vide – mais pas pour longtemps. Distraitement, tout en dévisageant la bouteille qui se trouve non loin de là, sur la surface lisse de ce grand bureau. Ses yeux le dévisagent avec un étrange regard. Indéchiffrable. « J’ignorais que vous me portiez autant aux nues, Gouverneur. » dit-il d’une voix traînante, en prenant soin de détacher ses syllabes pour leur apporter plus d’impact. L’émoi qui le submerge est perceptible, autant dans l’expression de son visage, de son regard, ou dans les légers tremblements dans le son de sa voix. Un nouveau rictus se niche au coin de sa bouche. Malgré le chagrin, il ne peut dissimuler au Grand Moff sa joie d’être enfin reconnu à sa juste valeur. « Je suis profondément et intimement touché, soyez en sûr… Sachez également que l’estime est partagée de mon côté, Gouverneur, depuis longtemps. J’admire votre travail, tout comme votre personnalité. Vous voulez quelque chose, et vous l’obtenez sans vous excuser, sans demander la permission. J’admire votre détermination. Vos aspirations… J’aspire depuis longtemps à être comme vous. » Le sourire toujours présent, quoiqu’un peu triste, à présent, Orson reprend tout en continuant à caresser – probablement un peu trop sensuellement – les bordures de son verre, du bout de son index et de son pouce enveloppés dans ses précieux gants en cuir noir. « J’accepte votre proposition avec grand plaisir. Mais, promettez-moi de ne pas être lui. » Lui. Galen. Il refuse d’être de nouveau embarqué dans une amitié faite de mensonges et d’ambiguïtés. « Je me sens flatté… et probablement indigne de cette position, mais reconnaissant tout de même… que vous désiriez me prendre comme ami. J’en suis extrêmement reconnaissant. » Ami. Orson ne voit pas le mal dans cela – il se sent au contraire très flatté de recueillir autant d’intérêt auprès du plus proche ami et conseiller de l’Empereur. Cette amitié avec Wilhuff Tarkin risque bien de lui ouvrir les portes de la gloire. Tarkin parlera très certainement de lui en très bons termes. Orson serait un idiot de refuser une telle opportunité.

“We are following our lord through the evil dark. For the gift of being chosen. We feel you. Hold us. Closely. Have mercy on our souls. The hungry ox on the land lay slain, and the corn began to rot. So we spilled our blood and the devil came, and saved the blessed crops. We need you. Holy. Lord almighty. We love you. We’re listening and learning from our faults. We make an offering to end our suffering. We bow down willing on bended knee. For your almighty prophecy. Feel the sickness the pain inside you, and throw it on the fire. Collect your fears and the sins you hide. Burn them on the pyre.” (THE GIFT OF THE ROSE •• ISABELLA SUMMERS)


-13 BBY – BUREAU DE WILHUFF TARKIN

La situation lui échappe des mains, c’est le bon terme. Orson Krennic pleure encore maintenant le cadavre chaud de Galen Erso, – son plus vieil ami, son premier amour. Il le pleure tout juste, et voilà qu’un miracle se produit devant ses yeux voilés de tristesse et de quelque chose… d’autre. Wilhuff Tarkin lui donne de l’espoir.  Il lui donne l’impression de comprendre tous ses dilemmes, même les plus secrets. Il lui apporte réconfort et un semblant d’affection qui ne s’est pourtant jamais produite entre eux, même du temps de l’Ancienne République. « Gouverneur. » chuchote Krennic. « J’ai bien trop bu. » D’un geste, Krennic repousse le nouveau verre que Tarkin lui tend, désireux de le resservir inlassablement tout au long de la soirée. « Je crains devoir refuser. » Stop. Il commence à déraper. Il répète, les pensées embrouillées vers des choses qu’il refuse de visualiser, entre lui et le Grand Moff. Ce dernier doit savoir maintenant qu’il trop bu, il l’a déjà signalé. Orson ne sait plus ce qu’il fait. Tarkin l’a littéralement envoûté avec son très vieux whisky et ses discours émouvants, en lui promettant une belle et grande amitié entre eux. Comme Krennic en a envie. De son amitié, et de bien autre chose… Krennic a envie de tout oublier, de perdre la tête, d’être enfin débarrassé de cette souffrance sourde et grondante. Il craint toutefois que l’alcool lui fait avoir une lecture… obscène de la situation qu’elle ne l’est réellement. Le Grand Moff ne désire pas vraiment de lui. Pas en ce sens. C’est impossible. Le Grand Moff est… marié avec une femme. Que peut-il lui apporter de plus ? Orson n’est absolument pas… le genre du Grand Moff Wilhuff Tarkin. (si) « L’alcool me fait croire des choses de vous qui ne sont que le fruit de mon imagination. » grommèle-t-il, en s’enfonçant dans le dossier de son siège. « Je commence à développer une lecture déplacée de vos paroles sages. Vous êtes trop digne pour cela de ma part. Vous ne méritez pas que je… souille vos mots. » Il n’en dit pas plus. C’est beaucoup trop honteux. « Ce n'est pas ce que vous voulez. Ce n’est pas ce que vous insinuez… » Non… Krennic ne peut croire que Tarkin sous-entend clairement savoir ce que cela fait… de désirer quelqu’un que l’on ne peut avoir. Il marque une pause, se refusant de donner des détails, mais le souffle du Grand Moff dans ses oreilles achève ses scrupules. « Que savez-vous… exactement de ma relation avec Galen Erso… Vous me pensez ignorant des rumeurs infâmes qui circulent depuis des années ? Je n’y fais pas attention. J’ignorais qu’un homme tel que vous… les avaient entendu… » Il ferme les yeux, c’est douloureux, si douloureux. Krennic a le sentiment d’étouffer. Le sang court dans ses veines, brûlant. « Vous parlez de taire ses désirs… Enfouir tous ses secrets…  Toutes ses pulsions… » marmonne-t-il en détachant soigneusement ses mots, non dans un but de séduction, – bien que le son de sa voix soit désormais rauque, mais à cause des effets de l’alcool. « Vous parlez de quelque chose qui vous est comme familier... » Il déglutit au même moment, en réalisant l’atmosphère anormalement pesante entre eux. « Comment le pourriez-vous ? » lui reproche Krennic, les lèvres sèches pincées en une moue boudeuse. L’expression de son visage reflète maintenant une curiosité malsaine. Aussi dévorante qu’un feu de forêt. « Vous, qui avez tout. Vous êtes le deuxième homme le plus puissant de l’Empire galactique. Vous êtes marié depuis des années avec l’amour de votre vie. N’avez-vous pas déjà satisfait tous vos désirs ou toutes vos pulsions en sa compagnie, ou en celles de vos maîtresses ? N’êtes-vous pas en mesure… de posséder quiconque, au simple fait d’être… le Grand Moff ? » Il soupire. Une question brûle ses lèvres tremblantes. Krennic se persuade qu’il fait nécessairement fausse route et qu’il ne peut avoir suscité tant de passion dans le cœur du Grand Moff, toutefois, les mots soigneusement choisis par ce dernier pour exprimer ses pulsions tendent vers cette finalité. Tarkin parle de lui. Tarkin le veut. Krennic se raisonne en agitant la tête, se forçant à demeurer aveugle et sourd à tous les signaux qu’il décèle de manière plus ou moins claire, l’esprit complètement embrouillé par les effluves d’alcool. « Si je puis me permettre, Gouverneur… Qui est donc cette personne que vous désirez à ce point… ? »  se risque-t-il, en faisant le choix d’entendre l’inévitable, l’impossible, le plus terrible. La confession ultime. La confirmation de toutes ses craintes. Ou de ses désirs les plus enfouis. Krennic ne peut continuer à se bercer d’illusions et se complaire dans cette tiède hypocrisie. L’idée que Wilhuff Tarkin le désire lui fait plaisir. Bien trop plaisir, d’ailleurs. Il se raisonne, car le corps mort de Galen est encore chaud. Il ne peut convoiter qui que ce soit d’autre, pas le jour de son enterrement, pas maintenant… Cela frôle l’indécence. Krennic se déteste si profondément et se sent terriblement humilié même, de désirer ne pas se tromper sur les intentions cachées du Grand Moff. Il le désire mais s’efforce de réprimer sa force. « Qui désirez-vous… au point d’être persuadé que vous ne pourrez… jamais… l’avoir ? » Ce n’est donc pas Thalassa Tarkin. Wilhuff Tarkin n’est pas amoureux de Thalassa Tarkin.  Mais qui suscite à ce point un désir aussi urgent que puissant, qui éveille en lui tant de… frustrations.

Tarkin se faufile dans son dos en un clin d’œil, les paumes de ses mains désormais installées avec autorité de chaque côté de ses épaules. Krennic déglutit durement, en essayant de faire abstraction de cette proximité physique des plus insidieuses et… surprenantes dans le même temps. Que lui veut clairement Tarkin, là maintenant ? Il lui parle de sa relation avec Galen Erso, en évoquant le fait qu’il n’agira jamais comme Galen Erso s’est comporté avec lui. Jamais. « Qu’est-ce que vous sous-entendez, à la fin ? » s’énerve-t-il, en craquant sous le poids de ces insinuations de plus en plus scabreuses, douteuses. Ce qui l’énerve, c’est qu’il adore cela. Il adore imaginer, fantasmer même sur les potentiels désirs du Grand Moff le concernant. La voix d’Orson tremble, et se brise au beau milieu de sa phrase pour se fondre en un grognement. Tarkin le provoque, Tarkin lui fait miroiter quelque chose qui ne peut être vrai. Tarkin ne peut pas réellement vouloir de lui en ce sens. Krennic prend ses désirs indignes et impurs pour des réalités. « Prouvez-moi tout ce qui vous plaira, Gouverneur, mais n’imaginez pas… pouvoir me manipuler plus longtemps. » affirme Krennic en retrouvant pleine possession de ses moyens, du moins pour quelques secondes. Cela devient de plus en plus clair dans son esprit. Les mains du Grand Moff se détachent de ses épaules et se déplacent en une caresse d’une rare sensualité, ce qui est loin de le laisser indifférent. Il les déplace le long de ses bras désormais si fébriles, au point que ce simple effleurement lui procure l’effet de picotements brûlants et poignants dans le fond de son estomac. Il se contracte peu à peu, sous la forme de poussées chaotiques. Orson sent que ses entrailles se tordent d’une douleur assez familière, celle du battement douloureux de son entrejambe. Elle pulse de manière lancinante, comme le cœur d’un animal traqué et paralysé devant la cruauté de son chasseur. En réponse, Krennic positionne ses paumes sur chacune de ses cuisses, dépliant ses doigts, pour les resserrer autour de sa chair habillée d’un pantalon d’uniforme élégant de couleur noir. Sa virilité réagit au quart de tour, en gonflant doucement mais sûrement, sous son vêtement. Krennic grogne au même moment, en voulant faire disparaître cette réaction beaucoup trop spontanée pour être occultée rapidement. Chaque fibre de son corps désire Wilhuff Tarkin, même s’il ne le doit pas, même si les circonstances actuelles ne lui permettent pas de lui céder en quoi que ce soit. « Je vois clair dans votre jeu, Gouverneur. » marmonne Orson, d’une voix aussi éteinte que l’éclat qui se trouve dans ses yeux bleu océan si confiants, si fiers en temps normal. Non, il ne voit pas. Il pense lire dans le jeu de son supérieur, mais il se fourvoie sur beaucoup de points. Il ne devine pas une seule seconde la force du désir de Wilhuff Tarkin. « Vous voulez me pousser à vous confier certaines déviances sexuelles… Vous voulez accorder du crédit à ces infâmes rumeurs. Aujourd’hui, vraiment… Grand Moff… Comment pouvez-vous… Alors que je viens… de tout perdre. Me voulez-vous à ce point du mal ? Est-ce vraiment votre intention ? » Persuadé que c’est un piège, un jeu, Krennic se lance sur la mauvaise voie, peut-être parce que la part la plus rationnelle de son esprit refuse d’imaginer la possibilité d’un désir réciproque. « Ce n’est pas que mes désirs me poussent parfois à convoiter le corps des hommes, c’est bien plus compliqué que cela, Gouverneur. Je n’ai aimé qu’un seul homme et il est maintenant mort et enterré. » soupire Krennic, tremblant de honte et d’une gêne imperceptible. Tarkin lui impose quelque chose qui le dépasse. Il le met dans une situation infiniment compliquée. Ce souffle lentement déposé dans le creux de son oreille droite arrache au directeur de longs frissons extatiques, tout le long de sa colonne vertébrale, descendant même jusqu’au plus bas de ses reins, à la naissance de sa croupe ferme. C’est magique, c’est merveilleux. Le timbre chaud de sa voix grave, la sensualité de ses caresses, le ton suave qu’il prend tout près de lui le plonge dans tous ses états. Il en redemande encore et encore. Krennic garde les paupières closes et les sourcils froncés. Il lutte terriblement contre ces sensations nouvelles et vertigineuses qui l’assaillent. Tarkin cherche à le séduire, mais à quel dessein ? Son propos doit toutefois être nuancé, il a aimé Galen, mais il a désiré d’autres hommes. Wilhuff est l’illustration même des désirs profondément enfouis en lui, des désirs qu’il a toujours cherché à occulter, contrairement à ceux qu’il a constamment affiché pour les beaux yeux de Galen Erso.