(Halloween) La créature des Ténèbres ▿ Octavia

Elizabeth était en train de ranger les derniers dossiers qui traînaient sur son bureau, avant de rentrer chez elle. Sa journée se terminait plus tôt que d’habitude et avait été plutôt calme, mais elle était impatiente d’en finir. Un dossier en main, la jeune femme s’était retournée pour le poser sur son étagère quand le décor, autour d’elle, avait complètement changé. Elle n’était plus dans son bureau, le dossier qu’elle tenait dans les mains avait disparu. A la place, elle se retrouvait à l’extérieur, dans une ville qui ressemblait à celle-ci, mais des décennies dans le futur. La ville était complètement à l’abandon. Elizabeth avait fait un tour sur elle-même, ses yeux observant chaque détail de ce décor post-apocalyptique. Son esprit logique lui soufflait qu’elle s’était peut-être endormie et qu’elle rêvait. L’esprit qu’elle avait développé depuis son arrivée ici lui soufflait qu’il se passait – encore – quelque chose d’anormal. Ces derniers temps, Elizabeth était soumise à toutes les horreurs et à tous les mystères possibles. Elle n’était plus jamais tranquille.

Alors qu’elle se passait une main sur le visage, ses yeux rencontrèrent une forme étrange et humanoïde. Une ombre, légère, qui flottait au-dessus du sol. Ou peut-être n’était-ce qu’une hallucination due au brouillard épais qui se dressait devant elle ? Non, cette ombre flottait et portait une sorte de cape qui protégeait son visage. Elizabeth ne voyait rien d’elle, mais c’était une ombre, elle en était certaine. Cette chose ne bougeait pas. Elle attendait là, immobile. Elizabeth ne bougeait pas, elle restait tout aussi immobile. Devait-elle la fuir ? La suivre ? Son questionnement fut rapidement interrompu quand un bruit de respiration se fit entendre à côté d’elle. La jeune femme avait sursauté puis s’était tournée brutalement. Aussitôt, à un mètre à peine, alors qu’elle n’était pas là une seconde plus tôt, elle voyait un autre humain, qui ne ressemblait en rien à ce fantôme. Mieux encore, ce visage, elle le connaissait, même si elle ne l’avait pas vu depuis longtemps. « Octavia ? » N’avait-elle pas pu s’empêcher de lâcher, surprise, oubliant presque l’ombre inquiétante qui ne bougeait toujours pas, incapable de savoir si elle devait se sentir rassurée à la vue de son ancienne patiente ou non.

La journée d’Octavia ressemblait à toutes les autres. Elle avait passé le plus clair de son temps dans son canapé, à penser devant un film qu’elle n’écoutait même pas. La brune ne s’était relevé qu quand les fourmillements présents dans ses jambes s’étaient fait trop long et désagréable. Alors elle s’était relevée, avait fait quelques pas pour atteindre la cuisine afin d’y prendre quelque chose à grignoter et un soda. Alors que la brune portait la canette à ses lèvres, elle finit par avaler de l’air puisque la cannette avait disparu de sa main. En posant les yeux sur son autre main, elle remarqua que le sachet de bonbons qu’elle avait quelques secondes plus tôt avait lui aussi disparu. Après un long soupir, la brune leva les yeux avant de découvrir qu’elle n’était même plus chez elle. Comment est-ce que cela était possible ? Pourquoi est-ce que la ville s’amusait toujours avec elle ? Pourquoi est-ce qu’elle se retrouvait toujours dans des endroits où elle ne s’était pas rendu ? Pourquoi est-ce qu’elle se retrouvait toujours face au danger ?

Alors que la brune avait remarqué une présence humanoïde, couverte d’une sorte de cape, elle fut surprise par une voix féminine prononçant son prénom. Ses yeux se tournèrent alors immédiatement vers la personne en question. Sa psy. Que faisait-elle là ? C’était une sorte de séance forcée ? La ville trouvait peut-être qu’Octavia n’avait pas consulté depuis trop longtemps. « Vous ? » Les yeux d’Octavia s’étaient aussitôt levés au ciel. De toutes les personnes qu’elle pouvait croiser, il fallait qu’elle tombe sur l’une de celles qu’elles ne supportaient vraiment plus. « Je peux savoir ce que je fais ici ? » O’ ne prêtait aucune attention à la créature qui se trouvait là. Elle était juste certaine qu’Elizabeth savait ce qui l’avait amené ici, elle la soupçonnait même d’être dans le coup. Après tout, c’était tout à fait possible. Octavia le pensait en tout cas.

L'ombre inquiétante et le brouillard étaient évidemment deux choses terriblement terrifiantes, mais Elizabeth se préoccupait, l'espace d'un instant, davantage de la présence de l'une de ses anciennes patientes, Octavia, à ses côtés. Il y avait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas vue et elle ne s'en était jamais inquiétée plus que cela. Octavia avait de véritables problèmes avec sa mémoire et son passé, mais elle avait toujours refusé d'être aidée. Elizabeth avait tenté, elle n'avait pas réussi, elle n'avait pas insisté. La surprise passée, Elizabeth alternait entre la créature fantomatique perdue au milieu du brouillard et Octavia. Octavia qui semblait tout aussi surprise - si ce n'est plus - de la présence d'Elizabeth. Et, après la surprise, elle avait semblé agacée. C'était en tout cas ce qu'elle en avait conclu en la voyant lever les yeux au ciel.

Mieux encore, Octavia semblait se moquer éperdument de cette créature, tout ce qui l'intéressait était de comprendre ce qu'elle faisait ici. Sa question était légitime et logique, évidemment. En revanche, elle semblait faire d'Elizabeth la coupable. Ce fut donc à son tour de lever les yeux au ciel. S'imaginait-elle qu'Elizabeth avait des pouvoirs magiques lui permettant de forcer ses anciens patients récalcitrants à faire une séance ? Elle se moquait intérieurement, mais elle avait rendu Mary coupable, à bien des reprises, de ces hallucinations... C'était un peu la même chose dans le fond, mais si elle avait souvent pensé que Mary, qui maniait l'art des poisons, la droguait pour la conduire dans ces différents endroits avant de lui faire vivre un enfer, elle avait eu ses raisons. Ici, Octavia n'en avait aucune. « Je ne suis pas le genre de psy qui se préoccupe des patients qui ne viennent plus la voir... » Jamais Elizabeth n'avait prétendu être une bonne psy, et heureusement. Elle était même plutôt du genre à se juger mauvaise et à comprendre qu'on puisse cesser de la consulter, en réalité. Surtout dans des cas aussi préoccupants que celui d'Octavia, par exemple. « alors je n'ai pas la moindre idée de ce que vous faîtes ici et la seule chose qui m'importe c'est de sortir de cet endroit avant de me faire attaquer par cette chose dont vous ne semblez pas vous inquiéter. » S'agaçait un peu Elizabeth face aux accusations silencieuses d'Octavia. « Un souvenir de votre passé, peut-être ? » Après tout ce qu'elle avait vécu, elle avait compris que des éléments de leur passé faisaient parfois leur apparition, peut-être était-ce l'un de ceux d'Octavia ? Après tout ce qu'elle lui avait raconté et tout ce qu'elle avait vu, elle pouvait croire en tout et même en ça. Après tout, le monde d'Octavia - de ce dont elle se souvenait - semblait être bien différent du sien.

Octavia commençait à avoir l’habitude. Elle se retrouvait toujours dans de drôle de situation depuis qu’elle était arrivée dans ce monde. Alors elle avait cessé de se questionner. Sauf cette fois-ci. Sa psy, enfin ancienne psy, était là elle aussi. Pourquoi ? Était-elle responsable de quoi que ce soit ? L’avait-elle envoyé ici ? Cette idée avait traversé l’esprit d’Octavia, mais c’était sans doute une idée absurde et ridicule. La brune avait toujours vu Elizabeth comme une mauvaise psy, ne cherchant pas vraiment à l’aider et la forçant à voir et dires des choses qu’elle refusait. La psy confirmait la seconde pensée d’Octavia, elle n’était pas le genre de psy qui se préoccupait de ses patients. Puis elle avait ajouté, qu’une seule chose l’importait : sortir d’ici avant de se faire attaquer par ces créatures qui n’inquiétaient même pas Octavia. Il fallait dire qu’elle n’avait pas encore vraiment pris le temps de se questionner sur elles, ni même pris le temps d’avoir peur. « Ok, c’est bon, j’vous crois. » Ce n’était sans doute pas le moment d’agacer la psy, surtout qu’Octavia avait bien compris qu’elle n’y était pour rien. « Non... » La brune n’avait jamais vu ces créatures. Pas dans les souvenirs qu’elle avait en tout cas. « Enfin, si c’est l’cas j’m’en souviens pas. » Après tout, Octavia avait perdu de nombreux souvenirs. Et il lui arrivait de ne se souvenir des choses qu’en les revivant, comme lorsqu’elle s’était retrouvée dans un souvenir de son passé en compagnie de cette inconnue.

« Excusez-moi... » O’ s’adressait à l’ombre, mais elle n’avait aucune réponse. Alors, prudemment, elle avait fait un pas vers elle. Et contre toute attente, la créature s’était mise à bouger, pour faire un pas elle aussi, mais elle s’était éloignée, cherchant à garder une certaine distance sans doute. La brune s’était alors retournée vers Elizabeth, la regardant avec incompréhension, avant de tourner à nouveau les yeux vers la bête. Sans réfléchir, elle avait de nouveau fait un pas vers la créature, qui avait de nouveau réagi de la même façon que la première fois. « Peut-être qu’on n'a pas besoin d’avoir peur d’elles finalement. » Après tout, elles ne semblaient pas si méchantes. Elles n’attaquaient pas et semblaient vouloir fuir les deux femmes. Pour le moment en tout cas.

Presque miraculeusement, Elizabeth n'avait pas eu besoin d'argumenter pour être entendue par Octavia. Cette dernière la croyait. Tant mieux. Elizabeth avait d'autres choses à faire que tenter de se justifier pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait - sortir d'ici, en vie, était la première de ces choses qu'elle devait faire. Pour cela, il fallait analyser la situation en détails et le plus logiquement possible pour comprendre ce que l'on attendait d'elles avant de les laisser sortir. En effet, Elizabeth était coutumière, désormais, de ce genre de plaisanteries de l'île. Habituellement, le plus souvent, elle avait la chance de se retrouver en compagnie de sa chère cousine, Mary, aujourd'hui la ville avait voulu varier les plaisirs - pour ne mettre face à elle que des gens qui ne la supportaient pas, ce serait certainement moins drôle autrement.

Finalement, la personne qui l'accompagnait importait peu, du moment où elle était capable de se débrouiller et de lui offrir une porte de sortie sans chercher à la tuer ou à la piéger. Cette fois-ci, elle allait donc devoir faire avec Octavia, son ancienne patiente. Elizabeth ne connaissait pas chaque dossier par coeur - ce serait impossible, même avec toute la bonne volonté du monde et elle n'avait pas toute la bonne volonté du monde - mais elle se souvenait du passé dangereux d'Octavia qui remontait à la surface sans qu'elle ne puisse l'assumer tant il était difficile. Cette créature, immobile, qui se dressait devant elle, en faisait-elle partie ? Etaient-elles plongées dans un souvenir d'Octavia ? Confrontées à l'une des peurs d'Octavia - immersive comme thérapie, mais efficace, peut-être ? Octavia n'en savait rien, mais supposait que non. Donc en plus de devoir composer avec leurs deux passés compliqués et chaotiques, on leur imposait des créatures qui n'y appartenaient même pas, pour compliquer des choses déjà bien compliquées ?

Elizabeth soupirait, désespérée. Elle s'apprêtait à répliquer quelque chose, mais Octavia avait repris la parole, non pas pour s'adresser à elle, mais pour s'adresser à cette chose. Etait-elle sérieuse ? C'était une action dangereuse, mais qui pouvait s'avérer utile - ou elle préférait le penser pour se rassurer, peut-être - il fallait l'admettre. Face au silence de la créature, Octavia s'était avancée d'un pas. Elizabeth, elle, restait figée sur place pour le moment, observant l'inconsciente Octavia agir. Le pas en avant d'Octavia avait fait avancer la créature. D'un pas, également. Elle ne s'approchait pas, non, elle gardait ses distances. Rassurant ? Elizabeth n'en savait trop rien, il ne fallait pas se fier à cette simple distance qu'elle conservait, il pouvait y avoir des tas de raisons à cela. Octavia se questionnait et cherchait des yeux Elizabeth, qui ne pouvait rien lui répondre parce qu'elle n'en savait rien du tout. Elle n'avait pas la moindre explication à ce qui était en train de se passer. Alors, la brune tenta un nouveau pas, mais la créature avança de nouveau. Très bien, que pouvaient-elles en tirer ? La créature restait silencieuse et souhaitait conserver une certaine distance entre elles. Pourquoi ? Aucune idée.

La réaction d'Octavia la fit lever les yeux au ciel. Etait-elle toujours aussi imprudente ? Facile à convaincre - ça non ? Si c'était un piège ? Si cette créature paraissait inoffensive pour mieux les attaquer ensuite ? « Ou peut-être que c'est ce qu'elle essaie de nous faire croire. » Il fallait la raisonner avant qu'elle ne décide de faire ami-ami avec cette créature, au rythme où ça allait. « Pour nous attirer dans un piège, par exemple. » Après tout, elle avançait, ce qui incitait bien Octavia à avancer à son tour. Peut-être était-ce pour les mener dans un piège ? Ou vers une sortie ? « Néanmoins... » Soupira Elizabeth, ne croyant pas en ce qu'elle allait dire, elle qui était morte de peur. « Je crois que nous n'avons pas d'autres choix que celui de la suivre. » Et c'était certainement la pire idée qu'elle avait eue - à cet instant, parce que des idées de ce genre, elle en avait un peu trop souvent à son goût.

Octavia ne prenait pas le temps de réfléchir. Elle agissait trop hâtivement. Ces créatures n’avaient pas l’air méchantes à ses yeux. Elles étaient là, à leurs côtés. Elles les avaient observés, mais n’avaient pas agi. Elle avait essayé de parler avec elle - après tout, certaines créatures étaient dotées de paroles et communiquées avec eux – mais cela n’avait rien donné. La créature, l’ombre, était silencieuse. Mieux encore, elle semblait craintive, ou semblait vouloir être suivie. Ou alors, elle devait garder une certaine distance entre elle et les deux femmes. Ils y avaient des tas d’hypothèses possibles, mais aucune d’elles ne semblait satisfaisante. Honnêtement, Octavia n’avait pas envie d’attendre là, à ne rien faire. Elle en avait plus que ras-le-bol d’être envoyé dans des endroits qu’elle ne connaissait pas, parfois avec des créatures étranges… Cette ville aimait s’amuser avec les nerfs de ses habitants. Et pour Octavia, c’était la fois de trop. Cette fois-ci, elle n’avait ni l’envie, ni la patience.

Après un second pas vers la créature, la brune en avait donc conclu qu’Elizabeth et elle n’avait rien à craindre de ces ombres. Elles n’étaient peut-être pas mauvaises et ne leur voulaient peut-être aucun mal. Une réflexion bien peu réfléchie, venant d’un esprit bien trop agacé par les événements. Les pensées de la psy semblaient différer. Peut-être que cette créature essayée de les mener en bateau. Peut-être qu’elle voulait leur faire croire qu’elle n’avait rien d’offensif. Peut-être. Peut-être qu’Elizabeth avait vu juste. Peut-être qu’elle se montrait "amicale" juste pour pouvoir les attirer dans un piège. Pourtant, la psy semblait croire qu’il n’y avait pas d’autres solutions. Elles devaient faire confiance en la créature et la suivre. O’ ne savait pas si elle avait dans l’idée de la suivre, après tout, elle s’était bien dit qu’elle essayait peut-être de la faire avancer dans sa direction. Mais pourquoi pas. Après tout, elle n’avait pas envie de rester là à attendre et pour le moment, c’était la seule option qui semblait s’offrir à elles. « Alors allons-y. » Se contenta-t-elle de répondre, en faisant un pas de plus vers la créature.

Octavia s’avançait doucement, craignant d’énerver, d’agacer ou d’apeurer l’ombre qu’elle suivait. Si elle semblait "amicale", Octavia préférait rester prudente, malgré son agacement et sa hâte d’en finir, qui s’évaporait peu à peu. « D’après-vous, pourquoi est-ce qu’elle porte cette cape ? Pourquoi est-ce qu’elle semble vouloir cacher son visage ? » C’était plutôt étrange pour une ombre, non ?

Elizabeth ignorait tout de cette créature mystérieuse. Cette ombre, elle ne l'avait jamais vue auparavant. Il s'agissait, de toute évidence, d'un nouveau jeu de cette ville. Il fallait désormais en comprendre l'objectif et la façon de s'en sortir - entière et vivante, de préférence. Octavia était bien décidée à comprendre. Elizabeth comprenait, évidemment. Néanmoins, elle jugeait cette dernière imprudente et irréfléchie. Elle s'adressait à cette chose, elle s'avançait vers elle sans rien en connaître. Et, en même temps, elles ne connaîtraient rien à cette chose si elles ne s'avançaient pas vers elle pour la découvrir puisque les réponses n'allaient pas miraculeusement tomber du ciel.

A première vue, l'ombre semblait inoffensive. En effet, lorsqu'Octavia s'approchait, la créature s'éloignait d'autant de pas. La distance, ainsi, restait toujours identique. Pourquoi ? Impossible de le dire, mais c'était une question qui perturbait beaucoup Elizabeth. Cette créature était peut-être là pour les aider. Ou peut-être s'agissait-il d'un piège. Après tout, comment le sauraient-elles ? Alors oui, Elizabeth voulait être prudente. Oui, Elizabeth avait des craintes et des réticences, mais Elizabeth admettait que la meilleure solution - hormis celle d'attendre un miracle, en restant ici, sur place - était de suivre cette créature, malgré tous les risques que cela leur faisait prendre.

Doucement, avec précaution et délicatesse, les deux femmes s'étaient avancées. Elles ne faisaient aucun mouvement brusque et elles marchaient lentement, pour ne pas effrayer la chose. Ou pour éviter qu'elle ne leur saute dessus pour les étrangler. La question d'Octavia étonna Elizabeth. Déjà, parce qu'elle s'adressait à elle et parce qu'elle lui demandait son avis, ensuite parce qu'elle n'en avait pas la moindre idée. Comment aurait-elle pu savoir ? Elizabeth avait pris une seconde ou deux pour réfléchir à la question. Il était difficile d'émettre, même, la moindre hypothèse, mais elle n'allait pas rester silencieuse. « La réponse la plus évidente est qu'elle se cache. Pour éviter de nous effrayer ? Pour qu'on ne puisse pas la reconnaître ? Ça, je l'ignore. » Ou alors, simplement, pour les pousser à se poser mille questions inutiles plutôt que de se concentrer sur l'essentiel. « Ce que je me demande, surtout, c'est où cette créature souhaite nous mener. » Piège ou non, elle se posait la question. « Cet endroit dégage quelque chose de terrifiant, vous ne trouvez pas ? Plus on avance, plus j'ai la sensation d'être prise au piège. » Elle ne parlait pas seulement de l'ombre, mais de l'ambiance, de l'atmosphère générale. Quant à cette sensation d'être prise au piège... Elle l'était, puisqu'elle était coincée dans cet endroit, mais disons qu'elle avait l'impression que les choses étaient de pire en pire, à mesure où elle avançait.

Pourquoi est-ce que ces créatures avaient le visage caché ? Pourquoi est-ce qu’elle portait une cape ? Cherchait-elle à s’effacer ? Y avait-il vraiment une raison à cela ? Octavia devait bien l’avouer, cela lui faisait se poser de nombreuses questions. « Peut-être bien. » Ce qu’Elizabeth proposait été une possibilité. Mais pour le moment, la psy avait raison. La question essentielle était de savoir où est-ce qu’il était en train de les conduire. Octavia avait voulu le suivre par curiosité, mais elle restait méfiante. Peut-être que cette créature essayait de les aider ? Peut-être qu’elle était en train de les conduire vers la sortie, vers un endroit plus sûr ?

L’endroit dégagé quelque chose d’angoissant, d’effrayant, la rousse avait raison. Plus elles avançaient et plus Octavia commençait à trouver tout cela étrange. Et visiblement, Elizabeth pensait et ressentait la même chose. « J’étais justement en train de me dire la même chose. » Dit-elle en chuchotant presque, par crainte de se faire entendre par l’ombre sans doute. « Je vous aurez bien proposé de nous arrêter là et de faire demi-tour, mais j’ai bien peur qu’on n'ait pas le choix. Si on s’arrête, ces choses vont peut-être se douter de quelque chose et elles s’en prendront peut-être à nous. » Malheureusement, les deux femmes s’étaient engagées dans un piège et ne pouvaient plus s’en sortir. Soudainement, la chose s’était stoppée et Octavia fit de même. « J’ai l’impression que nous sommes arrivées. Vous voyez quelque chose vous ? » Pourquoi s’être arrêté là en particulier ? Octavia et Elizabeth devaient essayer de comprendre. « Vous croyez qu’on doit faire quelque chose de particulier ? Ou aller quelque part en particulier ? » Parce que plus rien ne se passait et l’ombre était désormais immobile.

Comme à chaque fois qu'elle se retrouvait coincée dans ce genre d'endroits, les mêmes questions revenaient en boucle : était-elle en train de rêver ? Etait-ce la fin ? Que se passait-il ? Allait-elle mourir ? Cette fois n'était pas différente des autres. Elizabeth ne comprenait rien. Il fallait suivre son instinct, collaborer avec Octavia. Cette dernière voulait suivre la créature. Elizabeth n'était pas contre, mais elle restait méfiante. Cette créature pouvait être en train de les aider, de les guider, bien sûr, mais elle pouvait tout aussi bien être en train de les conduire dans un piège dont elles ne pourraient pas se sortir.

Pourtant, et malgré les doutes, il fallait prendre des décisions parce qu'elles ne pouvaient pas rester là à attendre et à ne rien faire. L'ambiance était particulière. Etrange. Dérangeante. Il y avait de quoi être effrayée. Ce pressentiment et l'ambiance qui se dégageait ne donnaient pas envie à Elizabeth de continuer. Octavia partageait les mêmes craintes, les mêmes doutes, les mêmes sensations. « Je suis d'accord, faire demi-tour n'est plus une option. » Et, de toute façon, cela ne les aiderait peut-être même pas, selon ce qui était en train de se passer.

Soudainement, l'ombre s'était stoppée. Les deux femmes en avaient fait de même. Elizabeth s'attendait à tout, mais il ne se passait rien. « Mais arrivées où ? » Souffla-t-elle, la gorge nouée par la peur. Cet endroit ressemblait à une vieille place, celle où se tenaient les marchés, plongée dans le brouillard, mais il ne semblait rien y avoir de particulier. Rien de plus que dans le reste de cette ville. Etaient-elles censées attendre ou faire quelque chose ? Octavia se posait la même question. Elizabeth haussait les épaules, incapable de donner une réponse certaine aux questionnements de sa camarade de mésaventure. « Je n'en sais rien. » Soupira-t-elle en réfléchissant. « Ne nous approchons pas d'elle. » Dit-elle en désignant la créature puisqu'elles n'en savaient rien. Il était préférable de rester prudent. « Que sommes-nous censées faire ? » Avait-elle crié à l'attention de la créature, après s'être éclaircie la voix, s'attendant à obtenir une réponse pour pouvoir avancer et sortir d'ici.

La créature les avait amenées jusqu’à cet endroit et s’était soudainement stoppée. Pourquoi ? Étaient-elles arrivaient là où elles devaient être ? Qu’allait-il leur arriver ? Qu’est-ce que ces créatures leur voulaient ? Octavia aurait voulu faire demi-tour, elle aurait voulu ne pas suivre cette chose qui les avait peut-être conduites à un piège. Mais il était trop tard, faire demi-tour n’était plus possible. De toutes façons, faire demi-tour ne les auraient peut-être même pas aidé. « Je ne sais pas. » Répondit simplement Octavia en accompagnant ses mots d’un haussement d’épaule.

Que devaient-elles faire désormais ? Attendre ? Avancer ? Agir ? Fouiller ? Se débrouiller ? Autant dire qu’il y avait bien trop de possibilité pour savoir laquelle était la bonne. « Vous avez sans doute raison. » Pas pour le moment en tout cas, mieux valait rester prudente, après tout, elles ne savaient rien de cette créature, ni de ses intentions. Mais elles allaient peut-être le découvrir rapidement, puisque Elizabeth venait de s’adresser à la créature, lui demandant ce qu’elles étaient censées faire. Sur l’instant, Octavia avait ressenti une sorte de stress, craignant la potentielle réaction de la créature. Mais cette dernière s’était simplement contenté de tourner légèrement, leur faisant, pourtant, presque toujours dos. Et dans le plus grand des silences, elle avait levé le bras – ou ce qui ressemblait à un bras sous sa cape – pointant une zone qu’Octavia peinait à distinguer sous la brume. « Vous croyez qu’on doit se rendre là-bas ? » Demanda-t-elle doucement à Elizabeth. « Visiblement, c’est ce qu’elle attend de nous. » Sinon pourquoi avoir pointé cet endroit lorsque la rousse lui avait demandé ce qu’elles étaient censées faire. « Vous croyez qu’il y a quoi là-bas ? » La voix d’Octavia trahissait une certaine peur, qu’elle ne tentait plus de dissimuler. Cet endroit était angoissant, tout comme cette créature.

« Où est-ce que ça nous conduit ? » Puisque la créature semblait les entendre et les comprendre, Octavia pouvait tenter de lui poser des questions à son tour, même si elle semblait ne pas vouloir ou ne pas pouvoir leur répondre. « Nous ne bougerons pas d’ici avant d’en savoir plus. » Tenta-t-elle sans même savoir comment la créature pouvait réagir, mais il fallait bien essayer de comprendre ce qui était en train de se passer, plutôt que de suivre bêtement les instructions de cette chose qui les conduisait peut-être tout droit vers un piège.

Il était difficile de comprendre la situation dans son ensemble. Cette créature les avait conduites quelque part. Pourquoi ? Attendait-elle quelque chose de leur part ? Elle restait désespérement silencieuse, ce qui n'aidait pas les deux femmes à comprendre le rôle qu'elles devaient jouer dans tout ça. Octavia n'en savait pas plus, elle n'avait pas plus d'idées qu'Elizabeth. Evidemment. Si elle avait la solution miracle à toute cette situation, elle l'aurait déjà dit depuis le départ, mais elle était tout aussi perdue qu'Elizabeth face à ces événements.

En désespoir de cause, la jeune femme avait donc demandé à cette créature ce qu'elles étaient censées faire. Elle n'obtiendrait certainement aucune réponse, mais il fallait essayer. Peut-être qu'en s'adressant directement à cette chose, elle leur indiquerait quoi faire, ça ne coûtait rien d'essayer. Elizabeth avait peur. Peur de ce qui allait se passer, peur de la réaction de cette créature, peur de tout. Sans un mot, la créature avait légèrement pivoté avant de lever son bras pour désigner un endroit, sombre et, surtout, dissimulé par le brouillard. Les multiples questions d'Octavia trahissaient ses doutes et ses craintes. Elles étaient deux, perdues et apeurées. Ne rien faire les condamnerait certainement, se rendre dans cet endroit aussi. « Je ne sais pas. » Répondit-elle simplement, pour la dernière question. Elizabeth n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait se cacher là-bas. « Un piège, je le crains. » Ce n'était en rien une certitude, simplement une hypothèse beaucoup trop probable pour la jeune femme. Une chose était certaine, une seule, si cette créature avait désigné cet endroit, c'était pour que les deux femmes s'y rendent. Pour le reste, elles allaient devoir le vivre pour le savoir.

Pourtant, aucune ne bougeait. Mieux encore, Octavia s'était de nouveau adressée à la créature pour la forcer à obtenir davantage de réponses. Elle indiquait qu'elles ne bougeraient pas d'ici avant de savoir où cela les conduirait. Alors, toujours sans un mot, la créature leva de nouveau, brutalement cette fois-ci, son bras dans la même direction. Il était évidemment que son seul but était de les faire prendre ce chemin. « Nous n'aurons aucune réponse. » Souffla Elizabeth, désespérée face à ce silence. « Et si nous... » Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que le brouillard s'était épaissi tout autour d'elle, devenant presque étouffant. On ne voyait plus rien. Rien du tout. Hormis ce chemin tout tracé entre elles, la créature, et le chemin désigné. Comme pour leur signifier que, désormais, elles n'avaient plus aucun choix. C'était ce chemin ou rien. « J'ai l'impression qu'on ne nous laisse pas le choix. » Alors, devaient-elles obéir avant que ça n'empire ou prendre le risque de leur résister pour obtenir ce qu'elles voulaient ? Difficile de choisir lorsque sa vie pouvait en dépendre et surtout lorsque l'on avait aucune information à sa disposition.

Qui avait-il au bout de ce chemin ? Un piège ? Une réponse ? Une sortie ? Sans s’y rendre, il était, sans doute, impossible de connaître la réponse. Pourtant, elle semblait évidente. Pourquoi est-ce qu’une sortie se trouverait là ? Généralement, lorsque la ville envoyait ses habitants dans une épreuve, elle ne s’attendait pas à ce que les personnes concernées se contentent de suivre une créature avant de pouvoir sortir, les choses étaient bien plus complexes. Elizabeth avait sans doute raison, un piège les attendait au bout du chemin. Alors que devaient-elles faire ? Faire demi-tour au risque de se perdre et de ne trouver aucune issue ? Au risque de tomber sur d’autres créatures qui n’allaient certainement pas les laisser partir comme elles le souhaitaient.

Elizabeth s’apprêtait à poursuivre sa phrase, à proposer une possible solution, lorsqu’un brouillard épais vint les entourer. Plus rien n’était visible en dehors d’elles, de cette créature et de ce fameux chemin. Octavia s’était retournée, espérant voir qu’elle avait une autre possibilité, mais rien, tout ce qui se trouvait derrière elle quelques secondes plus tôt n’était plus visible, tout était recouvert d’un épais brouillard par là également. « J’ai la même impression. » Il n’y avait aucun doute, les deux femmes devaient suivre ce chemin. Si elles avaient hésité un temps, elles savaient désormais qu’elles n’avaient plus le choix, cet endroit avait décidé pour elles. Puisqu’un seul chemin était dessiné et que le brouillard rendait leur respiration pénible, Octavia fit un premier pas. « On y va. » Invitant alors Elizabeth à faire de même. Plus les deux femmes avançaient, plus la créature qui leur indiquait la route à suivre s’avançait et s’effaçait dans le brouillard. Rapidement, il n’y avait plus qu’elles et le chemin.

Arrivé à l’intersection, une nouvelle créature se trouvait au bout du chemin. Elle était identique à a première et tout comme elle, elle avançait à chaque pas fait par les deux femmes. Octavia avait de plus en plus l’impression de s’avancer vers un piège et il leur était impossible de faire demi-tour puisque le chemin qu’elles avaient emprunté s’effaçait peu à peu, se recouvrant de brouillard à chaque fois qu’elles faisaient un pas. « Regardez. » Dit-elle simplement en désignant de la tête le chemin qui avait disparu derrière elles.

Si Elizabeth avait bien appris une chose au fil de ses aventures dans ce monde, c'était qu'on ne pouvait pas sortir des aventures envoyées par la ville si facilement. Cet endroit était particulier et appréciait jouer avec ses habitants. Les règles du jeu n'étaient jamais simples et elles étaient souvent à deviner. Ce chemin qui s'ouvrait à elles ? Etait-ce un piège dans lequel on cherchait à les faire tomber ? Etait-ce le chemin vers la liberté ? Pour le savoir, il fallait essayer parce que rien ne pourrait leur donner la réponse, en dehors ça. Et comme pour les inciter un peu plus, le chemin était devenu le seul possible, le seul visible. Tout le reste s'était recouvert d'un épais et étouffant brouillard, tombé soudainement de nulle part.

Puisqu'elles n'avaient plus le choix, les deux femmes s'étaient mises en route. La créature avait repris sa route, elle aussi, disparaissant dans le brouillard qui ne permettait pas de voir très loin. A force d'avancer, sans savoir où elles se rendaient, elles tombèrent sur une nouvelle créature, identique à la première, qui s'avançait quand elles s'avançaient. « Ce n'est pas rassurant. » Souffla Elizabeth, alors qu'Octavia lui désignait le chemin derrière elles, complètement disparu dans le brouillard. Malgré tout, elles devaient avancer, alors elles le faisaient. Après un temps qui avait paru durer une éternité à Elizabeth, le brouillard s'était dissipé peu à peu, au bout du chemin. La jeune femme avait donc observé les alentours avec attention pour finalement remarquer qu'elles étaient revenues au point de départ. La même place que lorsqu'elles avaient ouverts les yeux dans cet endroit. Comment était-ce possible ? Et pourquoi ? « C'est une plaisanterie ? » S'exclama Elizabeth sans vraiment faire attention. « Nous avons raté quelque chose, c'est la seule solution. » Peut-être devaient-elles faire quelque chose ? Trouver quelque chose ? Alors, peut-être auraient-elles le droit de trouver la sortie et de se libérer de cet endroit.

Suivre la créature était la seule solution qui s’offrait à elles. Tout autour d’elles, le brouillard s’était installait, cachant tout ce qu’il était possible de voir quelques minutes plus tôt. Seul un chemin avait été épargné. Les deux femmes n’avaient donc pas le choix, elle devait suivre ce chemin. Plus elles avançaient, plus la créature s’enfonçait dans le brouillard, mais en tournant, comme le chemin l’indiquait, les deux femmes purent voir qu’une autre créature les attendait. Elle ressemblait en tout point à la première créature. Et tout comme elle, elle s’avançait dès que les deux femmes s’avançaient. Elizabeth et Octavia devaient donc la suivre elle aussi. De toute façon, elle n’avait pas d’autres choix, puisque le chemin qui se trouvait derrière elles était entièrement recouvert par le brouillard Elizabeth avait raison, cela n’avait rien de rassurant. Les deux femmes devaient tout de même continuer à avancer, elles n’avaient pas d’autres choix.

Après avoir marché durant de longues minutes, pour arriver… Au point de départ. Le brouillard s’était peu à peu dissipé et les deux femmes avaient pu découvrir la même chose que lorsqu’elles avaient ouvert les yeux pour la première fois ici. « Merde. » Lâcha Octavia en comprenant. Est-ce que c’était une plaisanterie ? Octavia n’en savait rien, mais si c’était le cas, elle ne trouvait pas cela amusant. « Sans doute. » Elles avaient forcément loupé quelque chose. Sauf si elles devaient se contenter de suivre les ombres en boucle, jusqu’à ce que quelque chose se passe. « Il faut fouiller la zone, on trouvera peut-être quelque chose. » Il n’y avait pas d’autres solutions. Pour le moment, elles devaient ignorer la créature qui les attendait – si elle les attendait vraiment – puisque la première fois, cela n’avait servi à rien de la suivre. Pour commencer, elles devaient fouiller l’endroit, la zone n’était pas très grande, elles pouvaient donc prendre le temps de tout bien fouiller. « On ferait mieux de se séparer. » Chacune d’un côté, normalement, ce n’était pas risqué, puisqu’elles pouvaient toujours se voir, toujours s’entendre, peu importe l’endroit où elles se trouvaient.

Cet endroit, comme bien d'autres dans cette ville, n'avait aucune logique. Les deux femmes avaient marché longtemps, en suivant une créature étrange qui flottait, pour se retrouver exactement au même point de départ. Peu à peu le brouillard s'était dissipé pour laisser la place comme elle était, la première fois qu'elles s'étaient éveillées ici. Elles avaient forcément loupé quelque chose. Elizabeth ne se l'expliquait pas autrement.

Octavia proposait donc de fouiller cette zone. En effet, la première fois, elles s'étaient contenté de suivre cette créature, sans fouiller d'abord. Peut-être devaient-elles trouver quelque chose avant de suivre cette chose. Mais quoi ? Chaque objet pourrait être un indice, difficile de choisir et de déterminer lequel. A la proposition d'Octavia, de se séparer, Elizabeth n'hésita pas longtemps. Elles n'avaient pas le choix de toute façon. Alors, après un simple signe de tête, Elizabeth ajouta : « Je m'occupe de cette zone et vous de celle-ci. » Dit-elle en délimitant la zone en deux. Chacune d'un côté de la créature.

Elizabeth, sans perdre de temps, s'était précipitée pour fouiller sa zone. Elle observait chaque objet, à la recherche d'un message ou de quoi que ce soit. Elle ouvrait tout, retournait tout. Elle ne voulait rien laisser au hasard. Parfois, elle doutait. Cet objet pouvait être utile ou pouvait être un indice, puis l'instant d'après, elle se disait que non, que ce n'était pas ça. Difficile de fouiller quand on ne savait pas quoi fouiller. C'était un moyen de perdre du temps inutilement.

Alors qu'elle commençait à perdre espoir, elle avait trouvé quelque chose. Une enveloppe. Scotchée à l'arrière d'une boite en bois. Sans hésitation, elle l'avait arrachée, tout en appelant sa compagne de mésaventure : « Octavia, j'ai quelque chose, venez voir. » Peut-être n'était-ce rien du tout, mais il était préférable qu'elles soient toutes les deux pour l'ouvrir. D'autant que cette enveloppe ne contenait pas uniquement une lettre. A son poids et à sa forme, il y avait autre chose à l'intérieur. Une clé, peut-être ?

Revenir au point de départ était frustrant. Elles avaient suivi la créature, comme elle semblait le vouloir, mais finalement, elles n’avaient fait que tourner en rond et s’étaient retrouver au même endroit qu’au début. Avaient-elles raté quelque chose ? Ou étaient-elles condamnées à tourner éternellement en rond ? Octavia n’en savait rien, mais elle n’avait pas envie de baisser les bras. Si elles étaient revenues là, ça voulait sans doute dire qu’elles avaient oublié quelque chose. Que quelque chose leur avait échappé. Il fallait alors fouiller la zone. Et cette fois-ci, elles devaient être très attentives. Elles devaient se séparer pour fouiller plus vite l’endroit. Elizabeth avait alors choisi son côté à fouiller et avait demandé à Octavia de fouiller l’autre. Après un hochement de tête, la brune s’était exécutée et avait commencé à fouiller sa zone. Malheureusement, elle ne trouvait rien. Il n’y avait rien d’autre que de la terre, de l’herbe, des boîtes vide et d’autres objets de ce genre tout aussi vides. Rien qui ne pouvait les aider à sortir de cet endroit en tout cas.

Octavia s’apprêtait à jurer lorsqu’elle entendit Elizabeth l’appeler en lui demandant de venir voir. Sans hésiter, la brune avait lâché ce qu’elle tenait dans les mains et s’était précipitée vers Elizabeth. Dans ses mains, elle tenait une enveloppe. Une enveloppe peu commune, avec une forme différente de celles qu’elle avait déjà pu voir. « Où est-ce que vous l’avez trouvé ? » La réponse importait peu en réalité. Ce qui était important, c’était de voir ce qu’il y avait à l’intérieur. « Il faut l’ouvrir. » À peine avait-elle dit cela qu’elle prit l’enveloppe et avait commencé à l’ouvrir. Avant d’aller plus loin, elle avait lancé un regard à la jeune femme comme pour chercher son approbation. Ce n’était qu’une enveloppe, mais leur destin était peut-être à l’intérieur. Après l’avoir ouvert, Octavia avait sorti un bout de papier où il était inscrit : « Faites le bon choix. » Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ce mot était accompagné d’une clé. Une clé étrange, avec une forme plutôt inhabituelle. « Lisez. » Dit-elle en lui tendant le papier. « Et regardez la forme de cette clé. » Dit-elle en lui montrant la clé cette fois-ci. « On doit sûrement utiliser cette clé dans la bonne serrure, si on en essaie d’autre, il se passera sans doute quelque chose de mauvais. Ou alors, cette clé rentre dans toutes les serrures et c’est à nous de comprendre laquelle serrure est celle qu’on doit ouvrir. » C’était très certainement une de ces deux options. Mais dans les deux cas, comment choisir la bonne serrure ? Comment être certaines de ne pas se tromper ? « On doit peut-être de nouveau la suivre et être attentives à tout ce qui nous entoure et à tout ce qu’elle peut faire. » Proposa-t-elle en montrant la créature qui était toujours là.

Chacune de leur côté, elles fouillaient cet endroit à la recherche d'une solution ou, tout du moins, d'un indice. Il y avait forcément quelque chose. Il y avait toujours quelque chose. Les recherches d'Elizabeth n'avaient pas donné grand-chose jusqu'à ce qu'elle trouve une enveloppe qui contenait quelque chose. Aussitôt, elle avait appelé Octavia à venir voir. Cette dernière n'avait pas perdu de temps et elle s'était précipitée vers elle. « Collée sur cette boite en bois. » Dit-elle en désignant la fameuse boite pour répondre à la question d'Octavia.

Sans perdre de temps, la jeune femme avait décidé qu'il fallait l'ouvrir. Elizabeth était plutôt d'accord. Elles devaient l'ouvrir pour découvrir ce qu'il y avait dedans et comprendre, peut-être, la clé de tous ces mystères. Sans attendre, Octavia avait pris l'enveloppe entre ses mains puis, après un dernier regard pour Elizabeth, l'avait ouverte. D'abord, elle en sortit un morceau de papier sur lequel étaient notés quatre petits mots faîtes le bon choix. Quel choix avaient-elles à faire ? Le papier lu, cela ne fit qu'augmenter les interrogations de l'ancienne reine. Ensuite, elle avait observé la forme de la clé, comme le lui avait demandé Octavia. Elle était étrange. Inhabituelle. Cependant, elles n'avaient pas beaucoup plus d'indications sur ce qu'elles devaient faire.

Octavia émettait alors des hypothèses. Il fallait trouver la bonne serrure pour utiliser cette clé. Si elles se trompaient, elles risquaient gros. Ou alors, cette clé entrait dans toutes les serrures, mais il fallait trouver celles à ouvrir ? Comment découvrir quelle serrure était la bonne ? Fallait-il trouver d'autres indices ? Ecouter son instinct ? Sans plus d'indice, Octavia proposa donc de suivre, de nouveau, la créature en étant davantage attentive à ce qui se passerait. « Peut-être que les choses se passeront différemment maintenant que nous avons cette clé. » Espérait Elizabeth. La première fois n'avait mené nulle part, mais peut-être était-ce parce qu'il leur manquait cet élément essentiel ? « Allons-y, gardez cette clé précieusement. » Elizabeth n'aimait pas confier ce genre de choses, mais elle n'allait pas lui reprendre la clé des mains, alors elle allait devoir lui faire confiance. Après tout, elles se trouvaient désormais, une fois encore, en train de suivre cette créature, et elles étaient toutes les deux coincées ici, il valait mieux se faire confiance.

Elizabeth avait trouvé une enveloppe dans laquelle se trouvait une clé et un mot indiquant qu’elles devaient faire le bon choix. Quel choix ? Devaient-elles faire en sorte d’ouvrir la bonne porte ? Et pourquoi cette clé avait-elle une forme si étrange, si inhabituelle ? Cette clé et ce mot soulevaient de nombreuses questions, mais Octavia n’avait aucune réponse à ces dernières. Tout ce qu’elle savait - ou pensait savoir - c’était qu’elles devaient refaire le même chemin que la première fois et utiliser cette clé au bon moment. Le chemin qu’elles avaient emprunté leur avait été indiqué par ces étranges créatures, elles n’avaient donc pas le choix de les suivre, leur désobéir n’était sans doute pas une bonne idée. Peut-être que maintenant qu’elles avaient la clé, la créature allait changer de chemin pour les emmener au bon endroit ? À l’endroit où elles devaient utiliser la clé ? Ce n’était sans doute pas le moment de se poser plus de questions. Les deux femmes devaient avancer, suivre de nouveau la créature et garder précieusement la clé avec elles. Et elles allaient bien voir comment les choses allaient se dérouler. « Peut-être bien. » D’après Elizabeth, les choses allaient se passer différemment maintenant qu’elles avaient la clé avec elle et Octavia était d’accord avec elle. Cette clé était sans doute ce qui allait les aider à avancer, voir même ce qui allait les aider à sortir d’ici.

Avant d’avancer de nouveau, Octavia avait rangé la clé, elle ne devait pas la perdre, sinon, elles étaient sans doute fichues. D’un signe de tête, elle affirma qu’elle allait garder la clé précieusement, Elizabeth n’avait pas à s’en faire pour ça. Les deux femmes se mirent donc à avancer de nouveau. Une nouvelle fois, elles se mettaient à suivre la créature. La première créature avait emprunté le même chemin, exactement le même chemin, jusqu’à ce qu’il arrive à la seconde créature. Lorsque les deux femmes s’étaient avancées, comme la première fois, la seconde créature avait commencé à avancer quand les deux femmes avaient commencé à avancer les premières. Sauf que cette fois-ci, cette créature avait emprunté un chemin différent. Elle n’était pas retournée vers leur point de départ et derrière elles, tout n’avait pas été recouvert de brouillard. « Ça ne se passe pas comme la première fois. » Et pour une fois, ça devait être une bonne chose.

Il fallait voir les choses du bon côté et garder espoir. Maintenant, elles avaient une clé et cette clé était peut-être la solution à leur problème. Les choses allaient peut-être se passer différemment avec cet élément en plus ? Il fallait l'espérer tout du moins. D'après les deux femmes, il fallait refaire exactement la même chose - c'est-à-dire suivre la créature étrange et fantomatique - et espérer que la clé change quelque chose à leur aventure. Elles se mirent donc à suivre la créature une nouvelle fois.

Le chemin était exactement le même. Pour le moment, il n'y avait rien de différent. La créature suivait exactement le même chemin et les conduisait au même endroit que la première fois. La seconde, en revanche, faisait autre chose. Elle ne les conduisait pas, comme la première fois, vers l'endroit où elles s'étaient éveillées - ou alors elle empruntait un chemin différent pour le faire. Non, elle en empruntait un différent. Et, en plus de tout, cette fois-ci, le brouillard ne recouvrait pas tout sur son passage. Non, les choses étaient réellement différentes et c'était très certainement une bonne chose. Elizabeth l'espérait tout du moins. « Je le vois. » Souffla la jeune femme, en observant la même chose que sa compagne de mésaventure, se permettant de sourire et d'espérer.

Silencieusement, les deux femmes continuaient de suivre cette créature. Créature qui avait fini par disparaître devant un mur gigantesque. Il était inenvisageable de l'escalader puisque ce mur était haut de plusieurs mètres et lisses - et de toute façon, Elizabeth ne se serait pas lancée dans ce genre d'aventures, elle n'en était pas capable. « Je suppose que nous devons trouver une porte... Ou, au moins, une serrure... » Supposa-t-elle en regardant le mur devant elle. Si cette créature les avait conduites jusqu'ici, il y avait bien une raison. Il fallait supposer que cette raison était de les conduire vers la sortie et qu'elles n'en étaient désormais plus très loin.

Puisque Elizabeth avait trouvé une clé, les deux femmes étaient persuadées que les choses allaient être différentes. Ne sachant pas trop quoi faire d’autre, elles s’étaient dit qu’elles devaient refaire comme la première fois. Par conséquent, elles devaient suivre la créature à nouveau, en espérant que les choses soient différentes cette fois. Au début, tout était pareil. Rien n’avait changé. La créature suivait le même chemin et les emmenait toujours vers le même endroit, celui où se trouvait la seconde créature. C’est là que les choses changeaient. La créature n’avait pas emprunté le même chemin que la première fois. Elle ne les avait pas ramenées à leur point de départ, mais vers un immense mur. Un mur terriblement haut et long. Plusieurs dizaines de mètres les éloignaient du sommet et puisqu’il était d’une lisseur parfaite, il était impossible à escalader. Mais ce n’était rien. Comme Elizabeth le soulignait, il y avait certainement une porte ou une serrure quelque part dans le mur. Sinon, à quoi servait cette clé ? Les deux femmes devaient chercher et trouver pour espérer sortir d’ici. « Cherchez de ce côté, je cherche de ce côté-là. » Dit-elle en désignant les différents côtés de la main. En cherchant ainsi, elles allaient certainement aller plus vite, comme lorsqu’elles avaient cherché la clé. « Soyez attentive, je doute que ce soit facile à trouver. » Parce que la ville aimait rendre les choses difficiles jusqu’au bout.

Puis sans rien ajouter de plus, étant impatiente à l’idée de quitter cet endroit, Octavia s'était dirigée de son côté. Elle déplaçait chaque pierre, baissait chaque brindille d’herbe, tâtait chaque coin du mur… Après quelques secondes, elle avait fini par trouver un trou dans le mur, un étrange trou ressemblant à une serrure - sans porte, mais à une serrure - tout en bas du mur, caché derrière un tas d’herbe. « J’ai trouvé quelque chose. » Cria-t-elle pour alerter Elizabeth. La brune s’apprêtait à insérer la clé jusqu’à ce qu’elle se souvienne du mot qu’il y avait dans l’enveloppe. Elles devaient faire le bon choix. Qu’est-ce que ça voulait dire exactement. « Non ! Attendez ! » Dit-elle soudainement pour montrer à Elizabeth que ce n’était peut-être pas la bonne serrure. « La lettre disait de faire le bon choix. Alors il doit y avoir une autre serrure. On va devoir choisir quelle serrure est la bonne. » Voilà le choix qu’elles allaient devoir faire. L’une des serrures était certainement la porte de sortie, l’autre était sans doute un piège dans lequel il ne fallait pas tomber. « Il faut continuer de chercher. »

Les deux femmes se retrouvaient désormais face à un mur gigantesque qu'elles n'avaient encore jamais vu depuis leur arrivée ici. Il était impossible à escalader et il ne semblait n'y avoir aucune porte. Pourtant, Elizabeth ne perdait pas espoir. Si elles étaient arrivées ici, avec une clé, il y avait forcément une raison. Il devait y avoir, quelque part, une ouverture ou une serrure. Il fallait simplement chercher attentivement, et elles trouveraient.

Octavia décidait donc qu'elles devaient fouiller chacune de leur côté. Au conseil de la jeune femme, elle s'était contentée d'un hochement de tête. Elle serait attentive, elle ne comptait pas laisser sa chance de quitter cet endroit lui passer sous le nez.

Elizabeth fouillait attentivement. Ses mains passaient sur chaque petit coin de mur accessible, elle poussait l'herbe au pied du mur et déplaçait tout ce qui pouvait l'être. Chaque centimètre carré était scruté. Hors de question de passer à côté de quelque chose d'important. En vain. Cependant, les recherches d'Octavia semblaient être plus fructueuses. Elle appelait Elizabeth pour lui faire part de sa découverte. Elizabeth s'était donc approchée et agenouillée pour découvrir la serrure dans le mur.

Il fallait y mettre la clé, évidemment. Pourtant, Octavia arrêtait tout. Elle précisait que ce n'était peut-être pas la bonne serrure, qu'il devait y avoir un choix à faire, comme la lettre le sous-entendait. Elle n'avait pas tort, mais comment détermineraient-elles quelle serrure était la bonne, à supposer qu'elles en trouvaient une autre ? « Et comment saurons-nous cela ? » Questionna-t-elle, consciente pourtant qu'Octavia n'aurait sans doute pas plus de réponses qu'elle à ce sujet.

« Très bien, continuons. » Elles n'allaient pas se battre pour cela, d'autant qu'Octavia avait raison. Elizabeth était d'accord, la lettre avait été très claire. Elles se remirent donc à la recherche d'une autre serrure. Elizabeth commençait à perdre espoir, elle devait l'avouer. Après un certain temps, elle avait fini par lever les yeux au ciel, de désespoir, et c'était à cet instant que ses yeux s'étaient posés sur quelque chose d'intéressant. A deux mètres cinquante du sol, une autre serrure. Impossible à atteindre seule, mais possible si l'une montait sur les épaules de l'autre, certainement. « Octavia, regardez. » Appela alors Elizabeth en désignant la serrure en hauteur, d'un signe de la main. Il n'y avait plus qu'à attendre de voir ce que la jeune femme en pensait et il faudrait, ensuite, prendre une décision, à partir de rien.

Octavia avait trouvé une serrure. Dans cet immense mur, elle croyait ne jamais y arriver, mais en se montrant minutieuse et en fouillant chaque centimètre carré, elle avait finalement trouvé. Pressée de retrouver sa liberté, elle s’était hâté d’appeler Elizabeth, lui montrant sa trouvaille et sans réfléchir, elle était partie mettre la clé dans la serrure. Heureusement, elle avait repris conscience rapidement. Ce mot, celui qu’il y avait avec la clé, disait de faire le bon choix. Cela voulait certainement dire qu’il y avait au moins deux serrures. Celle-ci n’était peut-être pas la bonne. Les deux femmes devaient continuer à chercher. « Je ne sais pas. Trouvons d’abord l’autre serrure et on verra après. » Si elles ne trouvaient pas d’autres serrures, alors la question ne se posait pas. Et si elles en trouvaient une, alors elles réfléchiraient à ce moment-là. Il fallait certainement observer les deux serrures et l’étrange forme de la clé avant de faire le moindre choix. Ou alors tout allait se jouer sur l’instinct, en espérant qu’elles aient le même, sinon, comment savoir qui suivre ?

Les deux femmes se mirent donc à chercher de nouveau. Octavia faisait comme la première fois, elle bougeait chaque brin d’herbe, poussait chaque cailloux, bref, elle dégageait tout ce qu’elle pouvait déplacer et qui lui gâchait la vue. Seulement, cette fois, elle ne trouvait rien. Les soupirs se faisaient de plus en plus réguliers et la fatigue également. Chercher avec tant d’attention était vraiment épuisant. Elle ne comptait pas abandonner, mais elle était heureuse de pouvoir arrêter de chercher dès qu’Elizabeth l’avait appelé en lui disant de regarder. À environ un mètre au-dessus d’elles, se trouvait une autre serrure. Comment l’atteindre pour l’observer ou pour y insérer la clé si elles ne pouvaient pas grimper. Le mur était parfaitement lisse et il n’y avait rien qui puisse faire office d’échelle dans le coin. « Ok. Je vais vous surélever, prenez le temps qu’il vous faut pour observer la serrure, donnez moi tous les détails que vous verrez. » Ensuite, elles iraient voir l’autre serrure, puis elles observeraient la clé, mais pour trouver ce qu’il fallait faire, Elizabeth allait devoir être les yeux d’Octavia, alors elle allait devoir être précise dans sa description. Octavia aurait préféré observer la serrure de ses propres yeux, mais Elizabeth ne semblait pas vraiment capable de la porter pour l’aider à atteindre la serrure, même si ce n’était peut-être qu’une impression. « Allez-y, montez sur ma main, puis mettez-vous sur mes épaules, je vous tiendrez, normalement, vous ne devrez pas tomber. » Normalement, Octavia était assez forte pour la tenir debout sur ses épaules et pour mettre assez de force dans ses bras pour être capable de la tenir afin de la maintenir debout. Malgré tout, Elizabeth allait devoir faire vite, parce qu’Octavia allait se fatiguer rapidement et elle n’allait disposer que d’une minute ou deux pour l’observer au mieux et en retenir tous les détails.

Elizabeth et Octavia étaient à la recherche d'une seconde serrure - en espérant qu'il n'y en ait pas davantage encore. Il fallait faire un choix et, pour pouvoir en faire un, il fallait au moins deux serrures. A force de recherche, sans perdre espoir, malgré l'agacement qui s'emparait d'elle, Elizabeth avait fini par trouver une autre serrure. Ce n'était que dû au hasard. Ses yeux s'étaient posées dessus alors qu'elle avait levé les yeux au ciel en soupirant d'agacement. La serrure était en hauteur et impossible à atteindre seule.

Il n'y avait rien pour les aider. Ni échelle, ni rien. Difficile donc d'observer la serrure avec attention pour décider de si elles devaient y mettre la clé ou non. Sans hésitation, Octavia avait trouvé la solution. Elle allait porter sa psy pour que celle-ci puisse détailler ce qu'elle voyait. « Vous en êtes certaine ? » La véritable question, derrière celle-ci, était de savoir si elle en était véritablement capable ou non. Octavia ne paraissait pas si forte, après tout - et l'inverse était vrai également, jamais Elizabeth n'aurait pu porter Octavia, même avec toute la volonté du monde.

Evidemment, Elizabeth craignait la chute. Elle s'empêchait d'en faire la remarque à la jeune femme, mais elle n'en pensait pas moins. « Très bien. Soyez prudente. » Ne me faîtes pas tomber, en d'autres termes. Prudemment, la jeune femme avait donc suivi les instructions d'Octavia pour se retrouver en équilibre sur ses épaules. Elle tremblait et elle ne se sentait pas en sécurité, mais elle faisait au mieux pour ne pas rendre plus difficile encore le travail de la jeune femme et, sans perdre de temps, elle s'était empressée de décrire, dans le détail, la serrure. Sa taille approximative, le chemin qu'elle semblait prendre, les différentes bosses... Tout ce qui pouvait s'avérer utile était décrit. « C'est suffisant ? » Avait-elle fini par demander pour descendre de là rapidement. Non seulement parce qu'elle n'était pas à l'aise, mais aussi parce qu'elle doutait que la jeune femme, aussi forte pouvait-elle être finalement, puisse tenir encore très longtemps. Elle avait comme l'impression de sentir ses bras trembler et ce n'était vraiment pas rassurant lorsqu'on se trouvait ainsi perché sur ses épaules.

Les deux femmes devaient faire un choix. Elles devaient choisir entre ces deux serrures. Mais comment faire un choix sans pouvoir observer les serrures en questions ? L’une des deux était accessible, visible, observable. L’autre, en revanche était bien trop en hauteur pour être observée facilement. Puisqu'il n’y avait aucun moyen de monter, Octavia n’avait pas le choix, elle allait devoir faire confiance en sa psy. Elle allait devoir la faire grimper sur ses épaules pour lui donner de la hauteur. Elizabeth semblait incapable de tenir Octavia, alors, la brune n’allait pas pouvoir observer la serrure à son tour. « Certaine. » Bien évidemment qu’elle l’était. Il n’y avait pas d’autre solution en vue.

Elizabeth était alors grimpée sur les épaules d’Octavia - après lui avoir demandé d’être prudente -, qui grimaçait, mais qui ne lâchait rien. Ses épaules lui faisaient vite mal et elle se mit assez vite à trembler, mais elle ne lâchait rien. Son esprit de guerrière l’empêchait de lâcher prise. Elle devait tenir le plus longtemps possible. Elle devait tenir jusqu’à ce qu’Elizabeth soit de nouveau au sol. En hauteur, la psy pouvait observer la serrure qu’elle décrivait plutôt approximativement, mais comment décrire une serrure avec précision ? « Si vous avez bien retenu la forme de la serrure, alors, ça ira. » Dit-elle avant de reposer la psy au sol, soulagée par le fait de ne plus devoir la tenir. « Maintenant, observez cette clé et dites-moi à quelle serrure, elle ressemble le plus. Dites-moi à quelle serrure, elle appartient. Prenez votre temps, réfléchissez bien, il ne faut pas vous tromper. » Ce choix était crucial, vital même. Elizabeth devait être sûre d’elle. Une fois son choix fait, les deux femmes allaient devoir insérer la clé dans la serrure désignée. Si Elizabeth avait bien choisi, alors elles allaient pouvoir sortir d’ici vivantes, dans le cas contraire, Octavia craignait le pire.

Décrire une serrure n'était pas une tâche facile. Aux yeux d'Elizabeth, elles se ressemblaient toutes d'une façon ou d'une autre. Les différences étaient minimes, presque imperceptibles à l'oeil nu. Cependant, elle faisait au mieux pour décrire le chemin de la serrure, sa taille et tout ce qu'elle jugeait utile. Perchée sur les épaules d'Octavia, la tâche n'était pas simple, mais il fallait le faire puisqu'Octavia ne pouvait pas monter là-haut... Elizabeth était bien incapable de la porter sur ses épaules malgré tous les efforts du monde.

Une dernière fois, avant d'être redéposée au sol, Elizabeth imprimait visuellement la serrure dans son esprit. Une erreur pouvait être fatale... Tout pouvait l'être dans cet univers. Une fois au sol, à la demande de son interlocutrice, la jeune femme observait la clé dans les moindres détails. Les deux serrures et cette clé semblaient être identiques. Rien ne semblait les différencier. Il y avait pourtant quelque chose, c'était une évidence. Ou peut-être étaient-elles passées à côté de quelque chose d'important ? De vital ?

Sans répondre, Elizabeth s'était dirigée vers la première serrure pour pouvoir l'observer une nouvelle fois tout en observant la clé, en même temps. C'était plus simple ainsi, même si elle risquait d'oublier les détails de la seconde serrure en procédant de cette manière. Mais c'était un risque qu'il fallait courir pour minimiser les risques de faire une erreur. « Et s'il y avait une troisième serrure ? » Souffla-t-elle, inquiète. Et si elles n'étaient pas sur la bonne piste ? Si elles se trompaient depuis le début ? Si... Des doutes et des questions, il y en avait par centaine. Des réponses, en revanche, il n'y en avait aucune. Alors, il allait bien falloir prendre une décision et faire un choix si elles ne voulaient pas rester coincées ici éternellement.

Après avoir mis un certain temps pour réfléchir, Elizabeth avait pris une décision. Elle n'était pas sûre d'elle et elle ne le serait probablement jamais complétement, alors il fallait bien prendre une décision à un moment ou à un autre en laissant parler son instinct. « C'est la serrure du haut. » Souffla-t-elle en mettant de la conviction dans sa voix, après s'être redressée pour se diriger vers cette autre serrure. « Vous devez me porter à nouveau. J’insérerai la clé et... nous verrons ce qui se passe. Si quelque chose s'ouvre, je vous hisserai là-haut. » S'il se passait tout autre chose, elles aviseraient en fonction de ce qui serait en train de se passer puisqu'une fois encore, elles ne pouvaient rien prévoir.