(abandonné) (( the apple's eve )) ✧ – flashback - part ii). (( nsfw ))

« I can be your reckless, you can be my stain. I can be your heartache, you can be my shame. When you're feeling reckless, when you're feeling chained. When there's nothing left but pain. Welcome to my dark side. We're gonna have a good time. Acting like I'm heartless, I do it all the time. That don't mean I'm scarless, that don't mean I'm fine. But you'll see, when someone else makes you this way. Oh, I'll drain your life until there's. Nothing left but your blood shot eyes. Oh, I'll take my time until I show you how I feel inside. » ( DARK SIDE ❖ BISHOP BRIGGS )




Les officiers en uniforme blanc, propre au bureau de la sécurité intérieure de l’Empire galactique se promènent dans l’immense salle de conférence du vaisseau impérial galactique. Elle est presque pleine, vers dix-sept heures de l’après-midi. Lorsque Galen Erso, le chef de l’équipe scientifique du projet top-secret de super arme passe les portes coulissantes, il est le dernier homme ardemment attendu par tous. Ils l’attendent de pied ferme depuis une bonne quinzaine de minutes. Ils ne peuvent décemment pas commencer leur réunion sans le principal intéressé. Lorsque la silhouette de Galen Erso fait son apparition, presque miraculeuse – le directeur Krennic demeure de glace. Cela est bien évidemment une putain de façade. Il lui jette un bref coup d’œil, verrouillant ses pupilles dans les siennes durant quelques secondes. Et là, c’est le drame. Les souvenirs brûlants de leurs ébats lui reviennent en mémoire. Orson se tend brutalement, tous ses muscles se crispent. Il fait le gros dos, en arborant une mine dédaigneuse et un menton fièrement levé. Krennic espère retrouver un peu de dignité devant son… amant ? Il ne peut nier que ce qu’il s’est passé entre eux, l’autre soir, dans les appartements de Galen Erso, l’a sérieusement perturbé. La nuit qu’ils ont passé a sérieusement ébranlé toutes ses convictions. Il a mis des jours à s’en remettre. Toutes les nuits, il s’est visionné cette scène. Jusqu’à l’écœurement. Jusqu’à se toucher, encore et encore. Sous sa douche. Parfois dans son lit. Les baisers qu’ils se sont échangés, les caresses chaudes et pressées, la manière dont il l’a poussé à admettre ses plus noirs et obscènes désirs, avant de le prendre si passionnément et avec une infinie tendresse.

Orson Krennic ne veut toutefois pas confesser son envie de reprendre leurs ébats. Il refuse de s’abandonner une fois encore aux caresses sensuelles de Galen Erso. La première fois, c’est une putain d’erreur. Une faute de parcours. Orson ne l’a pas voulu, c’est Galen qui l’a forcé. (je tousse très très fort) Il l’a séduit, avec l’odeur aphrodisiaque de ses bougies au cèdre, de la lumière tamisée de son grand salon, de l’ambiance feutrée de leur soirée dédiée à des « retrouvailles au temps de Brentaal ». Des retrouvailles destinées à un autre dessein, beaucoup plus insidieux, à son goût. Galen Erso s’est bien moqué de sa fébrilité. Il a abusé de ses charmes, de ce qu’il a découvert sur son compte de particulièrement sordide pour se mettre à tisser sa toile autour de lui. Krennic peine encore à réaliser qu’il s’est laissé prendre à son piège – dire que tout a commencé par un simple échange de notifications via leur datapads respectifs. Orson a refusé de transformer leur amitié en une relation comportant certains bénéfices – une liaison. Il a affirmé se contenter de leur amitié depuis vingt-cinq ans avec un étonnant self-control, malgré les circonstances. Galen a reçu des messages obscènes de sa part. Des messages qu’il a eu l’erreur de lui envoyer. Orson n’a jamais voulu que Galen en soit le destinataire, mais tout a dérapé à partir de ce moment tragique. Orson Krennic s’est masturbé en pensant à Galen Erso. Voilà ce que les messages ont mis en relief, cette fameuse nuit, il y a déjà une semaine. Satanée dictée vocale. Galen a su immédiatement saisir cette opportunité pour asseoir un rapport de dépendance et de domination entre eux. Il tient Orson par ses désirs brûlants, inassouvis et criant d’être comblés. Il tient aussi Orson par les sentiments qu’il refoule au plus profond de son être comme la pire des tares. Galen Erso tient Orson Krennic de bien des manières, par leur amitié de longue date, mais en ce moment, par le sexe.

Malgré le fait qu’ils entretiennent dorénavant des rapports plus intimes, Orson refuse que ceux-ci se reproduisent. Ni aujourd’hui ni demain. C’est bien curieux, en fin de compte, puisque coucher avec Galen Erso a été le but de sa vie personnelle durant de longues années, en-dehors de sa quête toujours plus dévorante pour le pouvoir et la gloire. Malgré que les deux hommes aient enfin sauté le pas, Orson est aujourd’hui bien amer. Non, cela fait sept jours qu’il est amer, dévoré par les regrets et le poids de la culpabilité. Il s’en veut terriblement de s’être fait charmer, sous prétexte d’un certain nombre de verres de vin et de paroles chaudes et réconfortantes. Galen et lui, c’est une très mauvaise configuration. Il ne peut prendre le moindre risque pour sa carrière, sa réputation dans l’Empire. Galen est un homme. Orson doit être vu aux bras d’une femme, éventuellement marié à l’une d’elles – loin de lui, toutefois, l’envie de fonder une famille. Déjà sous Brentaal, il a exprimé son désamour de la vie conjugale, des obligations et responsabilités parentales. Avoir un enfant, une famille est considérée comme un frein à ses aspirations mégalomanes. Il n’a jamais eu le désir de fonder une famille, comme il l’a maintes fois expliqué à Galen Erso. Ce qu’il a toujours voulu, en revanche, c’est devenir « quelqu’un dans la galaxie ». Ce qu’il est parvenu à faire, grâce à l’avènement de l’Empire galactique de Sheev Palpatine. Jamais, Orson ne cédera une fois encore. Galen est sa plus grande faiblesse. Galen va détruire à terme sa réputation. C’est un risque qu’il n’est pas prêt à prendre, malgré le fait qu’il désire Galen Erso encore plus ardemment que par le passé. Après la nuit sulfureuse qu’ils ont passée ensemble, les choses ne peuvent s’être apaisées entre eux, sans entraîner un lien de dépendance. L’ironie est qu’Orson a longtemps cru que son obsession était liée au fait qu’il n’avait jamais pu assouvir ses fantasmes avec Galen. Or, maintenant que certains désirs ont été assouvis, sa fascination est toujours présente, même pire encore. Elle est décuplée depuis sept jours. Il ne pense qu’à ça. Vraiment. Il ne voit que par Galen Erso, il ne mange que par Galen Erso, il ne boit que par Galen Erso, il ne rêve que par Galen Erso. Et surtout… Il ne parle que de Galen Erso à tout bout de champ, ce qui a le don d’agacer certains de ses confrères impériaux. Il est littéralement obsédé par Galen Erso. Par sa voix douce, par l’odeur de ses cheveux, par le goût miellé de sa chair, par la chaleur de son corps ainsi pressé contre le sien, par le contact moite de leurs virilités durant un acte charnel des plus brûlants.

Galen ceci, Galen cela. Le travail de Galen Erso est prodigieux, il avance à un rythme de plus en plus soutenu depuis son retour parmi nous. Galen Erso est une personne que l’on peut qualifier de digne de confiance. Galen conduira le projet d’une main de maître. Grâce à Galen Erso, nous ferons fonctionner l’Etoile de la Mort, et elle apportera dans toute la galaxie la paix universelle dont nous rêvons. Dont l’Empereur Palpatine rêve. Les éloges envers Galen Erso pleuvent tous les jours depuis une semaine. Nouvelle ironie, c’est que les compliments ne parviennent jamais au principal intéressé, du moins, pas de sa bouche. Galen a sûrement entendu les officiers se plaindre de la fascination malsaine de leur supérieur pour le chef scientifique du projet – ils ont eu le loisir d’exprimer toute leur jalousie, leurs médisances à son égard ces jours-ci. Orson Krennic ne se met jamais en colère contre Galen Erso. Il se met en revanche dans des états de furie avec tout le monde. Orson Krennic ignore encore les manigances de son « meilleur ami », mais une chose est sûre, c’est qu’il faut un monstre pour combattre un autre monstre.

Les portes coulissantes se referment sur le dernier arrivant. Galen Erso. Des éclats de voix résonnent autour de l’équipe des scientifiques qui se regroupent dans un coin de la salle de conférence. « Docteur Erso ! » dit l’un des officiers. « Galen. On t’a attendu longtemps. » souffle l’un de ses proches collègues en l’accueillant avec une fausse cordialité. Un sourire au visage, mais un rictus au coin des joues. Un sourire forcé, poli et hypocrite. Les scientifiques de l’équipe jalousent souvent la position de Galen Erso, brillante et prometteuse, alors que pour beaucoup d’impériaux, ce n’est qu’un traître. Les vestiges de sa fuite de Coruscant City et de sa capture à Lah’mu sont encore sur toutes les bouches, malgré les quelques années qui se sont écoulées depuis. Il encourage Galen à rejoindre l’équipe des chercheurs en posant sa main dans son dos, avant de souffler d’une voix plus basse pour ne pas être entendu du principal intéressé : « Krennic ne voulait pas commencer sans toi. » Un léger rire amusé ponctue sa remarque. Il a raison. Orson Krennic a distribué ses ordres il y a un moment déjà. « Vous parlez de Krennic, encore ? » La voix d’un autre scientifique s’élève dans un murmure, et reprend après avoir capté la silhouette en cape blanche du directeur, à l’autre bout de la pièce. Une simple mesure de sécurité pour s’assurer qu’il ne viendra pas leur reprocher de parler de lui dans son dos. « Il est intenable en ce moment, vous ne trouvez pas ? » Ils rient entre eux, cherchant des yeux l’approbation de Galen Erso. « Le Grand Moff Tarkin est furieux, il l’a appelé il y a quelques jours. Samedi, je crois ? J’ai surpris leur conversation holographique. Il lui a dit « Directeur, si nous n’obtenons pas une réponse satisfaisante d’ici un mois, nous serons dans l’obligation de remettre en question votre supervision dans le projet cher au cœur de l’Empereur. » C’est de pire en pire. Il s’est vanté de l’avancée du projet, mais on est loin d’être prêts. On stagne encore sur certains calculs. » Les murmures sont de plus en plus graves, tandis que les eux scientifiques ont l’impression de partager l’un des plus gros secrets du complexe. Ils jettent souvent des regards à Galen Erso, en s’attendant à ce qu’il participe au lynchage de leur supérieur direct. « C’est Krennic. » Il hausse les épaules. « Parce qu’on a débloqué un point qui l’a obsédé depuis six mois récemment, pour lui, c’est le feu d’artifices. On est des héros de l’Empire, on va pouvoir exploser les planètes de tout le système la semaine prochaine. Il s’emballe trop. » Le nouvel éclat de rire que lâche le scientifique est aussitôt partagé. Un peu trop fort, sans doute, parce que quelques regards d’officiers se dirigent vers eux – dont celui de Krennic. L’intéressé reste toutefois en retrait, en ignorant la teneur de leur conversation, mais au vu de ce regard noir et méprisant, on suppose qu’il s’imagine le pire de leur part.

« Il parle trop surtout. S’il ne s’était pas vanté à Tarkin avant d’avoir une vue d’ensemble de nos progrès, on n’en serait pas là… » reprend-il, une fois que le regard de Krennic s’est tourné vers l’un de ses confrères. « C’est ce que j’ai entendu dire aussi par un ami sur Coruscant. Ça n’avance pas au rythme que Krennic a promis. On aurait dû avoir un premier essai il y a un mois déjà, et vu les erreurs dans la configuration du laser, c’est encore parti pour durer… » Cela ne semble pas étonner son voisin du droite, qui renchérit, toujours à voix basse, en jetant de temps à autres quelques coups d’œil furtifs vers le groupe des officiers. « Il va encore se faire rétrograder, comme il y a dix ans... » déplore l’un des scientifiques. Il évite d'en préciser les raisons, compte tenu de la présence de Galen Erso auprès d'eux. Personne n'en a jamais eu la preuve formelle, mais les rumeurs dans l'Empire disent que c'est à la suite de sa fuite de Coruscant City, que Krennic a été rétrogradé et vigoureusement réprimandé. « Non… Il s’en sort toujours. » renchérit son interlocuteur, avec une moue contrariée. L’air agacé étonne son voisin, qui lui adresse un drôle de regard suspicieux. Le scientifique se sent alors contraint de préciser son changement de comportement soudain. « Ça reste entre nous, mais j’aimerais bien qu’il le soit. Il m’insupporte… Il devrait s’investir un peu plus et nous aider, mais il préfère nous donner des directives tyranniques, il est ingénieur, non ? » Presque, en fait. « Architecte, plutôt, mais il a des bases et a reçu des formations, oui. Il vient de Brentaal. Comme toi, Galen, d’ailleurs vous vous êtes rencontrés là-bas ? » précise son voisin, fier de connaître le curriculum vitae d’Orson Krennic sur le bout des doigts. (c’est un Ronan bis) Une fois avoir capté l’attention de son chef d’équipe, le scientifique reprend : « On raconte, enfin, Krennic raconte à certains officiers, que vous êtes des amis de très longue date depuis Brentaal… » Agacé, l’autre le coupe sur-le-champ en sentant son occasion de maudire son supérieur lui échapper au profit d’éloges et de souvenirs d’étudiants : « Peu importe ! Krennic ne fait aucun effort pour nous. Je vous le dis, j’en ai plus qu’assez de l’entendre nous hurler dessus pendant les réunions ou de nous harceler en abusant des majuscules dans ses notifications instantanées. Je reçois jusqu’à dix mails par jour s’il est de mauvaise humeur ! » Sur ce dernier point, son collègue acquiesce docilement d’un hochement de tête. Lui aussi, se fait harceler. Krennic adore leur envoyer des messages pour les presser sur les deadlines. A toute heure de la journée et de la nuit. (surtout à Galen) Sa méthode de fonctionnement tyrannique coïncide avec ses propres deadlines fixées par Wilhuff Tarkin ou le Seigneur Vador – les principaux intermédiaires entre lui et l’Empereur Palpatine.

« C’est parce que tu ne lui réponds pas assez vite. Il s’impatiente, s’il veut une recherche ou un document, tu dois lui apporter sur-le-champ. J’ai moins de problèmes avec ses messages… parce que j’ai compris comment il fonctionne. Alors que toi, tu le laisses de côté en croyant qu’il va t’oublier pour s’acharner sur quelqu’un d’autre, mais ce que tu fais, c’est vraiment la meilleure manière pour qu’il ne te lâche plus de la journée. Fais ce que je te dis. On en a déjà parlé. Réponds-lui dès le départ, ne mets pas son mail à plus tard, et n’attend pas non plus son troisième mail. Trois, c’est déjà le début de la fin. Il te surveillera toute la journée après, parce qu’il va croire que tu ne bosses pas assez à son goût. Je t’assure qu’il te laisse ensuite tranquille pour quelques heures. Donne-lui simplement de la lecture, répond rapidement, et n’oublie pas son titre et la formule de politesse spéciale en signature. Vraiment pas, ne l’oublie pas. Il va t’incendier sinon. Et il va tous nous mettre encore en copie pour nous rappeler sa glorieuse position. » Orson Krennic a très mauvaise réputation. C’est un fait. « La formule de politesse spéciale ? Parce qu’il y en a une ? Spécialement pour lui, c’est une blague, tu divagues ? » s’étonne le scientifique à la droite de son ami et confrère, en cherchant dans le regard de Galen, qui s’avère être son supérieur direct dans l’équipe, une lueur compréhensive, ou du moins un mot encourageant. Est-il le seul à être passé à côté de ce mémo ? « Bien sûr ! On se l’est partagée entre nous, tu n’as pas été mis en copie ? C’est un transfert d’un message du directeur. Il a repris… Comment il s’appelle déjà, tu sais, celui qui était là avant Ian. Donc, il l’a violemment repris dans une correspondance, parce qu’il avait complètement oublié de le saluer « comme il faut » et alors… »

Presque comme un éclair, il se fait interrompre : « C’est pour ça qu’il a sauté ? » Oui, nul n’en est certain, mais la réponse est affirmative. Krennic déteste les collaborateurs peu éduqués aux usages de la noble administration impériale. « Oh… J’en sais rien. Ne me coupe pas. Alors, il l’a repris et lui a expliqué ce qu’il attendait exactement de ses collaborateurs, avant de mettre tout le service en copie. » Une signature de deux ou trois lignes selon la typographie, qui met en évidence sa position au point d’être une ode parfaite à lui-même. « De ses esclaves. » précise-t-il, cassant. « Si tu veux… C’est un chouette type, vraiment, si on met ses manières et ses sautes d’humeur de côté. Une fois, j’ai discuté avec lui, et je l’ai trouvé moins impressionnant qu’on le dit. » Une fois, au cours d’une soirée entre impériaux, et la conversation avait seulement duré quinze minutes. Orson avait d’ailleurs un peu forcé sur le vin, ce que ne manque pas de souligner son confrère. « Tu parles de la soirée ? Il avait bu, c’est ça l’explication. » ironise-t-il en roulant les yeux au ciel. « Peu importe ! Je pense qu’on le diabolise, alors qu’il porte tout le département sur ses épaules. Il a de quoi être stressé. Surtout en ce moment… » Loin d’être foncièrement dévot, on observe toutefois une certaine admiration de sa part pour la personnalité du directeur.

« Vous le gardez pour vous… » Il prend soin de baisser encore d’un ton, avant de répandre une énième rumeur aux deux hommes : « J’ai cru comprendre qu’il avait quelqu’un. » L’autre hausse les sourcils, stupéfait que quelqu’un puisse s’intéresser à Orson Krennic dans un contexte intime. « Dans sa vie ? » s’interroge-t-il. « Tout à fait ! » affirme son ami. « Et c’est ce qui le met de mauvaise humeur ? Qu’il la plaque sur-le-champ, si elle n’est pas foutue de nous le mettre sous de bons auspices ! » Ils rient, en ignorant que cette femme mystérieuse n’en est pas une, et que ladite personne se trouve entre eux. « C’est très récent. Je l’ai entendu parler à cet abruti de Ronan… De ce qu’il pensait du fait de concilier le personnel et le professionnel. Ronan l’a découragé de poursuivre, et lui a rappelé l’importance du projet, qui est son passe-droit vers le poste tant convoité de conseiller de l’Empereur. » Cette personne est Galen Erso. Personne ne le sait, Krennic étant aussi muet qu’une tombe sur sa vie personnelle, à défaut de tout le reste, d’autant plus lorsque celle-ci s’avère compromettante. « Quel lèche-botte. Il espère que Krennic va le promouvoir lorsqu’il montera. » Plus Orson est stressé et sous pression et plus il déchaînera ses foudres sur les membres de son équipe en espérant avoir quelque chose à présenter à ses supérieurs. « Ah ! Tu as reçu sa dernière note technique ? Je l’ai trouvée assez incisive. On sent beaucoup de frustration. On doit accélérer le rythme de travail et ne pas compter nos heures. » Des notes techniques comme Krennic aime envoyer, assez régulièrement. « Celle de 300 pages ? J’en ai lu qu’une petite centaine, et il s’attend à ce qu’on en parle aujourd’hui ? Il ne nous l’a envoyé qu’hier ! » s’agace le plus jeune, avant de prétexter une affaire urgente pour rompre leurs échanges, en sentant le regard insistant d’Orson Krennic posé sur eux, comme les lasers d'un putain de droïde impérial.

Lorsque les deux scientifiques s’éloignent de Galen Erso, pour le laisser seul quelques instants, c’est à ce moment précis que l’impérial en cape éclate d’un rire tonitruant, attirant l’attention des vautours qui l’entourent depuis le fond de la salle et rêvant de converser de manière aussi… sympathique et décomplexée avec lui. Décomplexée. C’est une façade, rien de plus. Au fond de lui, Krennic est une boule de nerfs, plein d’incertitudes et d’angoisses vis-à-vis de son avenir politique. Les scientifiques de l’équipe de Galen ont bien raison. Il s’est fait réprimander il y a quelques jours par Wilhuff Tarkin (et pas dans le sens qu’il aurait voulu) et depuis, son humeur s’est dégradée. Son rire éclate une fois encore, rauque et électrique. Le silence s’installe progressivement dans la salle de conférence, et les premières oreilles curieuses se tendent pour saisir chaque détail de sa conversation. Orson Krennic et Brierly Ronan sont en plein débat. Une conversation apparemment animée, les deux officiers impériaux du bureau de la sécurité intérieure éclatent parfois de rire. Les sourires s’échangent, les hochements de tête aussi, tout comme une main légèrement baladeuse sur l’avant-bras de l’autre. Celle de Ronan sur Krennic. L’intéressé ne proteste pas devant ce geste assimilable à une caresse amicale, désintéressée – alors que chez Brierly Ronan, c’est une preuve d’attirance, une tentative de séduction. Krennic est aveugle et sourd aux parades nuptiales dont l’abreuve son directeur adjoint.

Au bout d’un certain temps, leur discussion prend fin. Krennic se frotte les mains dans ses gants, tapotant paume contre paume pour attirer l’attention de la foule. Il parle alors. Ronan acquiesce derrière lui à l’ensemble de ses tirades, comme un bon chien de garde. (pas de commentaires désobligeants s’il te plait sur mon Ron-Ron, c’est un bon petit chihuahua) Il le suit comme son ombre, et parfois même se permet un mot ou deux afin d’appuyer les reproches ou les félicitations de Krennic à l’égard de certains membres de l’équipe du projet ou de sa garde rapprochée de death troopers. Orson estime qu’elle n’est pas suffisamment présente. Alors qu’elle le suit aveuglément à chacun de ses déplacement, à chaque moment de la journée – mais pour Orson, ce n’est jamais assez. Il estime devoir rajouter un ou deux gardes, vu le danger qui menace sa vie au quotidien, y compris entre les rangs des officiers. Un commentaire vague, sans précision, qui appelle à une certaine paranoïa de sa part – qui s’avère bien légitime, compte tenu de sa rivalité toxique et sanglante avec Wilhuff Tarkin depuis des années. Puis, on en vient à aborder le sujet du projet et des derniers retards constatés par beaucoup. Krennic témoigne, en-dehors de sa condescendance habituelle, d’une certaine impatience, voire d’une fébrilité. Les scientifiques interagissent entre eux quelques minutes, puis répondent aux questions de plus en plus incisives du directeur. Un véritable interrogatoire destiné à faire quelques exemples d’humiliation publique. Krennic cherche à passer ses nerfs sur quelqu’un, et à ses yeux, les principaux responsables sont encore et toujours les scientifiques. Ils ne vont pas assez vite. Ils ne se concertent pas suffisamment. Ils se comportent de manière bien trop pédante et individualiste, alors qu’il leur conseille de penser au « collectif » avant toute chose. (c’est l’hôpital qui se fout de la charité mon dieu, y a pas plus individualiste que lui) Aucun n’ose le reprendre ouvertement sur certains points qu’ils considèrent comme injustes, mais concèdent certaines failles dans leur organisation ou leur approche des difficultés liées à la complexité du développement des super-lasers. A chaque fois que Krennic s’exprime pour Galen Erso, ce n’est pas avec un « Galen » comme d’habitude, mais un simple et indifférent « Docteur Erso ». Une indifférence feinte, Orson et Galen le savent au fond d’eux. Enfin, Orson Krennic demande à l’un d’eux – une âme charitable se dévoue à contre cœur – de lui donner un avis sur sa dernière note technique, en sachant qu’il leur a demandé l’impossible ces derniers jours. Krennic demeure attentif et silencieux le long de l’exposé du scientifique, croisant les bras en signe de défiance.

Par moments, son regard se porte sur celui de Galen Erso au fond de la salle. Ils se captent, se convoitent à distance – Orson déglutit. Son regard s’assombrit, et ses pupilles se dilatent lentement. Galen est la cause de sa folie. Il provoquera sa perte. Orson ne peut pas s’abandonner à ses fantasmes, quels qu’ils soient. Il doit résister, se contenir et réprimer toutes ses pulsions, tous ses sentiments, toutes ses envies. Les émotions sont un frein à son ascension sociale. Il ne peut se permettre d’être faible. Lorsque leurs regards se croisent, de manière furtive et discrète mais relativement longue, Krennic sent les battements de son pouls s’accélérer et résonner comme des tambours dans ses oreilles. Une expression étrange s’empare alors de son visage, à chaque fois qu’il observe de loin Galen Erso. Un mélange de mélancolie, de regrets, de tristesse, mais… aussi d’autre chose. De la tendresse. Il le couve longuement, avec un amour nié, refoulé, mais qui s’exprime contre son gré dans le fond océanique de ses pupilles brillantes d’humidité. La voix du scientifique le ramène brutalement à la réalité. Krennic cligne alors des yeux, et se détourne de Galen Erso. Il garde les bras croisés, ses doigts se refermant sur ses avant-bras rageusement. Quant à Brierly Ronan, qui a bien capté ces échanges, ce dernier se contente de fusiller de son regard méprisant et condescendant chaque centimètre de peau de Galen Erso.

Après un court silence, pendant lequel les têtes présentes s’observent longuement en espérant une conclusion positive de la part du directeur, ou du moins, que ce dernier soit suffisamment bien luné aujourd’hui pour leur épargner un discours massacrant, Orson Krennic s’exprime. Avec arrogance, le menton levé, les bras qui s’agitent et rejettent les pans fluides de sa cape blanche. Il s’exprime avec une voix claire, grave et autoritaire sur les points qui l’ont dérangé dans l’exposé du scientifique, en ne lésinant pas sur les détails. Lorsqu’il eut terminé de massacrer son subalterne, il se tourne respectivement vers l’un de ses lieutenants à sa droite et vers Ronan à sa gauche, et balaye la pièce du revers de la main comme pour chasser un insecte invisible. « Nous en avons terminé jusqu’à la semaine prochaine. J’attends vos retours d’ici demain soir sans faute. » Il leur tourne alors le dos, afin de glisser quelques mots à l’oreille de Brierly Ronan, ce dernier décide alors d’apporter quelques précisions à l’ensemble de l’équipe sous couvert de l’approbation du directeur. Krennic s’éloigne, quant à lui, seul. Il quitte le premier l’espace clos, avant d’être rejoint par trois death troopers. Sa cape virevoltant entre ses jambe d’une manière gracieuse et aérienne dans son chemin. (ode à la cape de Krennic) Le bruit d’aspiration des portes qui coulissent pour le laisser sortir vient perturber Ronan dans son exposé de conclusion, c’est pourquoi il décide d’écourter ce dernier en espérant rejoindre au plus vite son supérieur hiérarchique.

« Vous étiez en retard, Erso. » souffle Ronan à son oreille en passant tout près du scientifique. « Ne croyez pas que nous ne l’avons pas remarqué avec le directeur Krennic. Nous avons parlé de vous, nous sommes assez déçus… Vos retards sont de plus en plus récurrents, le prochain sera noté dans votre rapport de discipline. Soyez prudent avec le directeur. Il ne vous dira rien, mais je me fais son porte-parole, docteur. Sa patience est à bout avec vous. » poursuit l’adjoint de Krennic, avant de se précipiter par les portes coulissantes pour rejoindre son supérieur à l’extérieur en lui jetant un dernier regard foudroyant. Orson fausse assez rapidement compagnie à son adjoint, en justifiant avoir des travaux qui l’attendent dans son bureau. « Je ne veux être dérangé sous aucun prétexte. » dit-il sur un ton autoritaire, quelque peu despotique, en levant le doigt d’un air réprobateur. Il s’adresse aux personnes qui sortent au même moment de la salle de conférence. Galen Erso, notamment.


Depuis une demi-heure, déjà, Orson travaille sur les nouveaux schémas. Il a quitté la réunion assez rapidement pour s’isoler dans ses quartiers. La porte n’est pas verrouillée, mais ses directives sont claires. Il ne veut pas être dérangé pour toute le reste de la journée. Krennic est plein de zèle, convaincu que le projet est sur le point d’aboutir, et de la manière la plus spectaculaire possible. (tu vas pas être déçu) Il travaille souvent sans compter ses heures. Comme en cette fin d’après-midi Orson est beau, irrésistible lorsqu’il est à ce point concentré sur une tâche. Le bleu océan de ses yeux luit en un million d’éclats lumineux, comme le plus beau des diamants. Il évite de repenser aux derniers jours, aux remontrances de ce sombre connard de Wilhuff Tarkin (VENGEANCE). Il essaie surtout de ne pas être parasité par le visage de Galen Erso. La situation compliquée avec Galen le préoccupe au point de lui faire avoir des insomnies, des difficultés de concentration, des moments de pure instabilité. Il n’arrive plus à rester concentré sur son travail. Galen revient toujours. Sa voix, son regard, ses lèvres, ses mains sur son corps… Et voilà qu’il s’embrase encore. A chaque fois qu’il y repense, son souffle se fait plus haletant, son cœur s’emballe à cent à l’heure, et une douce et insidieuse chaleur se met à émerger de son ventre contracté à son entrejambe. Krennic peste intérieurement et balance son crayon dans un coin de la pièce, après l’avoir fracassé contre le bord métallique de son bureau. Il se lève d’un bond, afin de se rendre jusqu’à son mini-bar personnel, situé au fond de la pièce pour se servir un verre de vin rouge bien corsé, qu’il rapporte à son bureau. Orson boit une gorgée, puis deux, tout en admirant la vue panoramique depuis sa baie vitrée sur les nombreuses étoiles de la galaxie. On peut y voir des vaisseaux qui sont amarrés tout autour de la station de combat, dont celui dans lequel Orson et son équipe se trouve à ce moment même. L’Étoile de la Mort. Elle est magnifique. Quasiment achevée. Orson la contemple dans un silence religieux, comme un moine en train de prier. (« Ô Grande divinité céleste, donnez-moi la force de terrasser mes ennemis et surtout de défoncer la gueule de ce sombre connard de Tarkin, faites que tout être vivant ou animal dans la galaxie m’admire comme Brierly Ronan, permettez-moi d’accomplir ma destinée comme proche et unique conseiller de notre vénérable Empereur et peut-être même devenir moi-même le seul Dieu vivant de la galaxie à sa place, et surtout, Ô puissances célestes, faites que Galen Erso tombe éperdument et obsessivement amoureux de moi et qu’il fasse absolument tout ce que je veux et tout ce que je lui dit sans réfléchir une seule seconde » oui je sors) L’Etoile est son point de salut. Une fois qu’il en a terminé de contempler l’avancée des travaux, il retourne à son fauteuil et à ses travaux, après avoir disposé le verre de vin à sa droite.

Quelques minutes plus tard, quelque chose dans le couloir attire son attention. Lorsqu’un bruit résonne dans l’immense bureau glacé, Krennic lève les yeux vers son origine : les portes coulissantes viennent de s’ouvrir en laissant apparaître la silhouette irrésistible de Galen Erso. Il fait mine de ne pas l’avoir aperçu durant quelques minutes, les yeux rivés sur ses schémas, un crayon en papier en main, et son datapad posé sur un coin du bureau. Ses yeux dévient de l’écran tactile aux corrections des nouveaux plans. Finalement, sa voix s’élève dans les airs, comme un coup de vent glacial, en espérant dissuader toutes les envies de son « amant d’une nuit ». Krennic n’est pas stupide. Il se doute des raisons qui poussent on plus vieil ami à venir le trouver dans ses quartiers. Il sait ce que Galen Erso veut. Il sait surtout que Galen Erso espère obtenir quelque chose de lui. Sans doute la nuit passée ensemble a été merveilleuse au point qu’il désire remettre le couvert entre eux. Quelque part, c’est immensément flatteur. Orson gonfle le torse, se cambrant légèrement dans son siège à la simple idée que ses doutes soient confirmés. Il semble préoccupé par ses calculs, ses dessins compliqués, ses dernières notes techniques, mais c’est un leurre. Il veut donner l’impression à Galen Erso que son attention est ailleurs, pour l’encourager à quitter le seuil de son bureau au plus vite. Orson attend sagement cinq minutes, juste le temps pour Galen de traverser le bureau. Il entend le bruit de ses pas, et bientôt, il devient le seul son audible. Ce bruit douloureux, qui lance son cœur à chaque mouvement de jambes. Le corps d’Orson se tend davantage, à mesure qu’il se rapproche de lui. C’est un silence pesant, presque religieux, qui s’installe une fois que le bruit s’interrompt brusquement. Galen est devant son bureau en métal luxueux. « Galen. » Galen et non plus docteur Erso. Sans lever les yeux, en tapotant de ses doigts gantés de cuir noir les touches tactiles de son datapad afin d’inscrire ses dernières modifications, Orson Krennic est le premier qui décide d'embaumer la pièce de sa voix. « A moins que le vaisseau ne soit à feu et à sang ou que ce soit l’apocalypse dans la galaxie, il me semble avoir spécifié ne vouloir être dérangé sous aucun prétexte. » Il s’exprime alors d’une voix traînante et grave, bien trop froide pour être innocente. « Galen, je te prierai de repartir par où tu es entré. Je suis, comme tu le sais, bien trop débordé par notre projet pour m’occuper de toi. » prétexte-t-il, alors que la vérité est bien plus simple, il ne veut pas se retrouver seul à seul avec Galen Erso. C’est trop dangereux.

Orson conserve son air intelligent, ses sourcils froncés, pleinement concentré sur son travail. Il refuse toujours de lever la tête, et encore moins de dévier le regard vers lui. « J’en ai pour toute la soirée. » précise Krennic, avant même que les lèvres de Galen Erso ne se mouvent pour former des mots. Il anticipe les réactions de Galen Erso de justifier sa présence entre les murs froids de son bureau. Krennic préfère miner le terrain pour dissuader son interlocuteur de lui proposer d'attendre qu’il termine ses recherches pour discuter de certaines choses. Des choses qui l'effraient au plus profond de sa chair. Discuter probablement de la nuit qu’ils ont passée ensemble. Nuit qu’Orson a fui. Nuit qu’Orson a refusé de commenter le lendemain, ni le surlendemain, et encore moins les jours qui ont suivi, et ce, depuis une bonne semaine. La seule chose qu’il a dite, avant de quitter les appartements de Galen Erso, ce soir-là… Il s’en souvient parfaitement. « Ce qu’il s’est passé ne se reproduira plus, Galen. N’insiste pas auprès de moi à l’avenir. Nos rapports sont et resteront strictement professionnels. » Il lui a dit ces mots sans même le regarder, en se rhabillant maladroitement, les doigts tremblants et le regard encore frappé par ce désir inavouable. « Je ne veux plus qu’on aborde ce sujet à l’avenir. Nous ne parlerons que du projet et de l’avancée de tes recherches. Il ne s’est strictement rien passé entre nous. Suis-je clair ? » Or, il n’a pas attendu de réponse de la part de son interlocuteur, il est sorti en ignorant les protestations de son amant d’une nuit. Krennic ne veut même plus qu’ils restent plus ou moins « amis ». Il ne fait pas confiance à Galen pour ne pas tenter de creuser sa psyché pour lui faire cracher tous ses désirs et ses sentiments. Orson aime Galen. C’est au-delà d’une attirance physique. Ce n’est pas purement sexuel entre eux. Orson refuse juste de l’admettre – que ce soit à lui-même ou au principal intéressé. Le risque d’entretenir ce genre de rapports scabreux dans une amitié est de le pousser à terme à faire certaines confidences sur l’oreiller. Que ce soit sur ses sentiments, sur son attachement ou bien encore sur des choses plus professionnelles et classées confidentielles. Orson se protège, et protège son projet, les secrets de l’Empereur, les secrets du Grand Moff, les secrets de l’Empire. Sa confiance envers Galen Erso est perturbée. Il veut croire en un juste retour des choses entre eux, en un éclair de lucidité de la part de Galen. Il veut se persuader que Galen acquiesce à leurs objectifs, qu’il n’éprouve plus aucune rancune pour ce qu’il s’est passé sur Lah’mu ou bien avant. Qu’il contribuera de bon cœur au projet, sans essayer de le saborder dans son dos. Qu’il n’essaiera pas non plus de trahir son ascension sociale. Et encore moins ses secrets. Orson a envie de croire en tout cela. Après toutes ces années passées dans l’Empire, Galen a très bien pu changer d’avis – mais il ne le pense pas, il ne le croit pas au fond de lui. Il pense que Galen est ici parce qu’il y est contraint, et qu’au moindre signe de faiblesse, il l’abandonnera – lui et le projet. La confiance d’Orson Krennic en Galen Erso est… bancale. Une lueur d’espoir brille toutefois, une lueur à laquelle Galen doit s’accrocher pour réussir à le tromper. « Ferme les portes en sortant. Merci. » renchérit Krennic, toujours aussi froidement, sur un ton étrangement expéditif.

Il cherche à attirer son attention. Ça fait partie du jeu. Un jeu auquel il s’est probablement laissé prendre un peu trop insidieusement… et c’était couru d’avance, au fond. En franchissant pour de bon cette ligne entre amitié de façade et liaison charnelle, il avait repensé la dynamique entière de leur relation, et par la même réécrit le cours de leur histoire commune, qui exigeait de tout remettre en question, y compris cette ambiguïté qui au fond existait depuis fort longtemps. Depuis peut-être l’instant de leur rencontre. Depuis Brentaal. Ce glissement d’ami à ennemi, d’ennemi à amant, s’est opéré presque naturellement, bien que forcé naturellement par Galen, si bien que la frontière entre ces différentes dénomination est devenue particulièrement poreuse. Galen Erso serait bien en peine de donner véritablement une définition certaine à ce qui le lie dorénavant à Orson Krennic. Il est simple, et même nécessaire, pour lui de se répéter que son ancien ami n’est plus que l’homme à abattre, qu’il trahira sans vergogne, dont il réduira le grand projet de sa vie à néant pour venger la mort de son épouse, et le fait de ne plus jamais avoir la possibilité de serrer sa fille dans ses bras. Mais les émotions qui bataillent à l’heure actuelle dans le cœur et dans l’esprit de Galen sont d’un ordre bien plus complexe qu’il ne le voudrait. En comprenant qu’exploiter la plus grande faiblesse d’Orson Krennic, c’était admettre qu’il était cette faiblesse, et se jouer à la fois de son cœur et de son corps, il était aussi contraint de faire face à ses propres sentiments, autrefois confus, dorénavant bien trop limpides, ceux qui lui rendent si faciles des manigances qui lui permettent, en réalité, de réaliser des fantasmes jusqu’alors mis sous clés. Galen a initié un jeu des plus dangereux, entre eux, et ce faisant, il a ouvert la boîte de Pandore. Il en a conscience. C’est un fait qu’il ne peut plus nier ou dissimulé, c’est un fait qu’il doit contempler dans le blanc des yeux, et sans se dérober. Cette nuit passée avec Orson a été… révélatrice de bien trop de choses. De l’ampleur de ses sentiments, de ses désirs autrefois enfouis, qui font qu’il ne cesse d’y songer, encore et encore. S’il poursuit ainsi, ce n’est pas seulement son « ennemi » qu’il va perdre, c’est aussi lui-même. Mais ce serait mentir que de prétendre ne pas en brûler. Il lui suffit de fermer les yeux pour convoquer en pensée la chaleur de leurs corps entremêlés, leurs souffles saccadées, leurs étreintes passionnées, leurs baisers fiévreux, leurs caresses enflammées, comme s’ils devaient s’imprégner de l’autre, redoutant chacun de ne plus jamais se sentir complet dans le corps de l’autre. Ce jeu est dangereux. Terriblement dangereux. Ce n'est pas un jeu. C’est une stratégie. Mais Galen est très sûrement un piètre stratège, tant il se laisse aisément prendre à son propre jeu. Il pourra invoquer le souvenir de Lyra ses intentions de vengeance autant qu’il le voudra, Lyra n’aurait jamais toléré de telles manigances, même sous le prétexte d’endormir la défiance de Krennic. Elle aurait su, quoi qu’il en soit, que pour Galen, cela était forcément s’aventurer sur un terrain dangereux tant l’ambiguité de ses sentiments envers son plus vieil ami n’a jamais cessé de l’incommoder autrefois.

Malgré tout, Galen cherche à se raisonner. Il n’a plus rien à perdre, pas même son intégrité, la seule chose qu’il lui reste à perdre encore, et ce constat est plus violent et douloureux qu’il ne le voudrait, c’est Orson. Et quitte à le perdre, il devient évident pour lui qu’ils se perdront ensemble, au fil de leurs étreintes. Car quand bien même Orson voudra le convaincre et surtout se convaincre que cette première fois est aussi la dernière, Galen, lui, sait pertinemment qu’il n’en est rien. Il fera en sorte qu’il n’en soit rien. Pour retrouver ses faveurs, pour mettre à mal la moindre des résolutions de son ami, Galen se fait désirer au sens le plus strict du terme. Il veut entretenir le désir jusqu’à ce que ce dernier devienne insoutenable aux yeux de celui qu’il doit dorénavant considérer comme son amant. Ses retards, notamment, sont le fruit d’un calcul plus que d’une négligence, une manière de garder ce qu’il sait à présent avoir d’emprise sur le cœur et sur le corps d’Orson. Une emprise au demeurant partagée, au-delà de ce qu’il aurait pu soupçonner. Oui, Orson le fuit, oui, il se montre particulièrement distant, voire méprisant, mais cette attitude de sa part n’a rien de véritablement surprenant. Galen se doutait qu’il nierait la situation, ou chercherait à la fuir. Mais il sait aussi que le feu allumé par leur nuit ô combien sulfureuse couve seulement sous la cendre, il n’y aura pas besoin de grand-chose pour le raviver, jusqu’à l’incontrôlable incendie, qui les emportera très certainement l’un et l’autre dans son sillage.

Accueilli par des collègues au sourire hypocrite, chacun y va de sa réflexion concernant le projet, celui de l’Etoile de la mort, qui a plus que tendance à stagner ces temps derniers, et le nom d’Orson est rapidement prononcé. Galen écoute mais il ne dit rien. Il ne cherche à se faire un ami d’aucun de ses collègues, qu’il sait globalement défiants vis-à-vis de lui depuis sa fuite sur Lah-mu (et à juste titre, cela va sans dire). Il ne cherche pas à les convaincre, il estime qu’il n’en a pas besoin. La seule personne qu’il doit rassurer et convaincre ici, c’est Orson Krennic, et sur ce point, il estime savoir parfaitement y faire. Même quand on cherche à l’intégrer à la discussion, visiblement dans l’intention d’entendre de quelconques révélations au sujet de Krennic ou de leur rencontre sur Brentaal, Galen reste cryptiques, se contentant de simples hochements de tête ou de réponses lapidaires, rien de plus. Son intérêt se réveille légèrement au moment d’entendre courir la rumeur qu’Orson aurait quelqu’un dans sa vie. Galen verrait mal ce dernier se confier à ce sujet auprès de qui que ce soit, mais il retient au passage quelques-unes des informations qui lui semblent les plus primordiales, à commencer par la manière dont il réfuterait de concilier vie personnelle et professionnelle. Quand Orson se présente enfin, toujours Ronan sur ses basques, en vaillant petit toutou qu’il est (oui, Galen ne peut définitivement pas le supporter), le regard du scientifique cherche celui d’Orson sans l’autoriser à se dérober. Il veut son regard brûlant, insistant : il n’échappera pas à la puissance du désir qu’il éprouve à son égard. Son regard ne le quitte pas un seul instant, au gré de ses discours, de ses questionnements, et bien évidemment de ses réprimandes envers son équipe. Le glissement de vocabulaire opéré par Orson n’a bien évidemment pas échappé à Galen : voilà qu’il ne fait plus référence à lui en l’appelant par son prénom, mais par un « docteur Erso », voué à marquer une distance entre eux, une distance que Galen n’autorisera pas bien longtemps. Galen pense deviner, dans les yeux qui par moment consentent à capter les siens, l’ampleur des tourments émotionnels auxquels Orson se voit confronté. Ils ne sont peut-être pas si éloignés des siens : quelque chose qui s’apparente à des regrets, mais aussi, plus insidieusement, à de la tendresse. Plus insidieusement, à du désir. Quand leurs pupilles se confrontent, c’est leurs regards qui se trahissent et les trahissent. Ils traduisent à eux seuls l’ampleur de leurs sentiments partagés… Bien plus qu’un passion luxurieuse qui ne se limiterait qu’à des étreintes brûlantes : un amour sincère, et refoulé depuis de très longues années.

Finalement, Orson prend congé de l’équipe, laissant à Ronan le soin de distribuer diverses directives au nom de son supérieur, non sans glisser au passage quelques réflexions personnelles à son sujet, et plus exactement au sujet de son retard, l’exhortant à plus de discipline, assurant qu’il met à bout la patience de ce cher directeur Krennic. Voilà qui tomb bien, c’est précisément ce que Galen cherche à accomplir : tester sa patience, la mettre à rude épreuve jusqu’à ce qu’il n’y tienne plus. Les réflexions de l’adjoint de Krennic glissent sur lui sans qu’il tolère qu’elles l’impactent. Il ne compte certainement pas se laisser affecté par quoi que ce soit qui sorte de la bouche de Brierly Ronan – il ne manquerait plus que ça. Quand enfin, la réunion touche à son terme, Galen sait qu’il doit battre le fer tant qu’il est chaud. Il doit parler à Orson, Orson qui a expressément demandé à ne pas être dérangé. Et c’est bien parce que telle est son exigence que Galen estime que le moment est idéal pour venir le trouver.

Dans l’intimité de son bureau, sans personne pour venir les déranger. Le cadre idéal, c’est ce à quoi Galen songe quand Orson consent enfin à lever les yeux de ses nombreux travaux pour le toiser et s’adresser à lui. Seul à seul dans cette pièce, il n’est à nouveau plus le docteur Erso, il redevient Galen, et ce à plus d’un titre.

"Je sais", répond simplement Galen quand Orson lui fait remarquer avoir demandé à n’être dérangé sous aucune forme de prétexte. Ille sait, mais il décide de s’en moquer. Il passera outre cette directive. Il s’autorise même une légère esquisse de sourire quand Orson lui demande de s’en aller, affirmant qu’il est bien trop débordé par leur projet pour s’occuper de lui, tout en fuyant son regard autant que nécessaire.

Quand Galen se dirige vers la porte, ce n’est pas pour quitter le bureau, ainsi qu’Orson le lui demande, mais pour refermer la porte et s’assurer qu’elle soit verrouillée afin que personne ne puisse perturber leurs échanges et encore moins surprendre leur conversation.

"Je ne serai pas long", prétend-t-il tout d’abord alors qu’en vérité, il entend prendre tout le temps qu’il estimera nécessaire. "Si tu estimes en avoir pour toute la nuit, tu peux bien m’accorder quelques secondes de ton temps si précieux, n’est-ce pas ?"

Galen se rapproche à nouveau du bureau où Orson est installée, pose ses mains à plat sur le métal de son bureau, semble tracer quelques schémas invisibles de la pulpe de son index sur la surface parfaitement lisse et immaculée de ce dernier.

"Je tenais à m’excuser", reprend-t-il, et son regard qui avait si longtemps cherché le sien semble curieusement le fuir, à présent. "Concernant mon retard aujourd’hui. J’ai conscience de faire preuve de négligence, dernièrement." Il marque une pause. "Pour être tout à fait honnête… cette distance entre nous… Je comprends tes raisons, Orson, je les comprends sincèrement. Et je sais que tu ne veux plus en parler…" Mais ils en parleront tout de même, puisque Galen l’a décidé. "Tu n’imagines pas à quel point je suis admiratif de la manière dont tu parviens à… compartimenter, faire la part des choses, tirer un trait." Sauf qu’il veut plutôt se fier à son intuition et croire que ce n’est pas le cas du tout. "Je n’y arrive pas. Et mon travail en pâtit, j’en ai entièrement conscience." Il marque une nouvelle pause. "Je ne sais pas faire comme si rien ne s’était passé, je n’arrive pas à prétendre que ça n’a pas d’importance. Enfin, ça n’en a probablement pas pour toi et je le respecte – tu avais bu, tu étais nostalgique… Mais ça en a pour moi." Galen voudrait prétendre que son discours n’est que mensonge. Ce n’est pas le cas. "Je n’exige rien de ta part, je ne me le permettrais pas… mais je me sentirais plus serein si au moins… tu ne me refusais pas ton amitié. Je ne ferai plus rien de déplacé, je ne t’embarrasserai plus, mais… j’ai besoin de toi, Orson."

« Drowning, I'm drowning in that clown's mask. To make you laugh at my thousand flaws. Alone when I'm all alone I take my smile off. But your heartless words have left me scars. ‘Cause with your million eyes you're watching me. You talk behind my back. You spy on me. So I scream and shout to make you leave, but you're still here, you keep judging me. » ( MILLION EYES ❖ LOÏC NOTTET )



Orson Krennic est dépassé par les évènements, même s’il refuse de l’admettre. Lorsque Galen lui répond qu’il sait, Krennic se retient de le couper dans son élan, et de l’exiger les raisons de son insubordination. Ce qu’il ne fait pas, au lieu de cela, il laisse le scientifique s’avancer et poursuivre. Une part de lui désire en apprendre plus. Galen s’éloigne pourtant et se prépare à partir – cela le surprend et le glace en même temps. Non, Galen, a-t-il envie de dire. Attends. Il lui jette alors, dans son dos, un regard désespéré et plaintif. Galen ne s’en va pas. Il se contente de refermer, et probablement de verrouiller la porte. Krennic semble se dérider instantanément. Une lueur étrange traverse le bleu océan de ses yeux. Du soulagement. Krennic se déteste profondément à cet instant. Comment peut-il espérer voir partir et rester Galen aussi férocement ? Cette contradiction violente lui donne des vertiges, qu’il essaie d’apaiser en adoptant une dynamique nouvelle entre eux : l’indifférence. Voilà que Galen Erso prétend que cet entretien ne durera pas longtemps, et qu’il doit lui accorder quelques secondes de « son temps si précieux ». Ce ton est plein d’ironie. Krennic gigote nerveusement les épaules. Il ne répond pas, mais son regard assassin et intense, maintenant ancré dans celui de Galen, parle pour lui. Orson lève ensuite sa main, pour effectuer un léger mouvement des doigts, en les repliant dans sa paume, pour lui faire signe d’approcher de son gigantesque bureau. Que Galen fasse vite, dans ce cas, s’il compte abuser aussi cruellement de son temps. Plus vite Galen se sera exprimé, plus vite il pourra souffler et probablement… s’adonner à certaines activités plus personnelles. (on s’est compris)

De temps à autres, les yeux d’Orson Krennic dévient de ses schémas, de son datapad ou de Galen Erso qui s’arrête à quelques centimètres de son bureau. « Je tenais à m’excuser. » Krennic hausse un sourcil, étonné par sa démarche qu’il juge aussi sincère que surprenante. S’excuser, oui, mais de quoi ? De l’avoir plus ou moins contraint à des ébats en sa compagnie ? De… de rentrer sans son autorisation dans son bureau ? De faire fi de son autorité ? De le rendre complètement fou ? « Concernant mon retard aujourd’hui. J’ai conscience de faire preuve de négligence, dernièrement. » Ah, oui. Ses retards. Le visage de Krennic se crispe malgré lui, et son regard se durcit quelque peu. Il présume que Ronan lui a touché deux mots de leur conversation de tout à l’heure. « Pour être tout à fait honnête… cette distance entre nous… Je comprends tes raisons, Orson, je les comprends sincèrement. Et je sais que tu ne veux plus en parler… » A cela, Orson Krennic s’abstient de faire gronder sa voix.

Le haut gradé refuse de regarder ou même de donner l’air de prêter une oreille plus qu’attentive que nécessaire à Galen Erso. L’impérial a ses raisons. Elles lui appartiennent et ne doivent en aucun cas être contestées – quelque chose lui dit toutefois que son ami s’apprête à faire abstraction de ses désirs pour forcer la discussion entre eux. La situation est déjà terriblement gênante entre eux, si bien que Krennic doit déployer des trésors de self-control pour ne pas se lever et tout envoyer valser. Il continue de taper sur les touches tactiles de son datapad et de prendre des notes sur ses schémas, l’air de rien. Accorder le moins d’intérêt possible à Galen Erso est une technique qu’il espère faire ses preuves. « Tu n’imagines pas à quel point je suis admiratif de la manière dont tu parviens à… compartimenter, faire la part des choses, tirer un trait. » Krennic ne peut s’empêcher de ricaner.

Il imagine bien que Galen espère aller plus loin avec cette esquisse de compliment. Il sait exactement comment flatter l’égo et percer le cœur d’Orson Krennic. Il persévère dans son travail, cherchant à taire la petite voix qui lui susurre à l’oreille d’arrêter tout ce qu’il est en train de faire et de contempler le regard tendre et brûlant de l’homme qu’il désire si férocement, l’homme qu’il aime aussi désespérément depuis des décennies humaines. Krennic voit la chute de sa rhétorique venir. Il s’y prépare mentalement. Galen va vouloir négocier quelque chose. Un autre moment d’intimité ou bien un regain d’amitié de sa part. C’est forcé, vu la manière dont il a amorcé la conversation entre eux. « Je n’y arrive pas. Et mon travail en pâtit, j’en ai entièrement conscience. » Prévisible, songe-t-il.

Galen Erso est de plus en plus distrait au travail, et Krennic en pâtit nécessairement. Il doit justifier sans cesse ses retards aux réunions, la stagnation de leurs travaux communs – sans parler le fait que lui-même, est complètement ailleurs depuis une semaine. Orson ne dit rien, mais lui non plus ne parvient plus à conserver une concentration pleinement effective. Son masque d’impassibilité et de sévérité se fissure, au fil des tirades prononcées par Galen. Ses yeux bleus glacés, durs et sans pitié, s’adoucissent de manière furtive, sans qu’il ne s’en aperçoive. « Je ne sais pas faire comme si rien ne s’était passé, je n’arrive pas à prétendre que ça n’a pas d’importance. Enfin, ça n’en a probablement pas pour toi et je le respecte – tu avais bu, tu étais nostalgique… Mais ça en a pour moi. » Lorsque Galen évoque son impossibilité à tourner la page, bien évidemment, il ne lui confesse pas ses sentiments, mais – Orson sent son cœur se mettre à battre à tout rompre. Il veut mourir, ici et maintenant, dans ses bras, dans une chaude étreinte, dans un nouveau baiser passionné. Il veut toucher sa peau, il veut lui prouver que ce n’est pas principalement dû à l’alcool. Il ouvre alors la bouche, mais ne prononce aucun mot. Pas avant quelques secondes, où il a alors l’air… complètement perdu. Ailleurs, dans une autre dimension. L’expression de son visage est si froide, et pourtant… cette mine sévère, ces rides accentuées, ces cernes sous les yeux ne font qu’exprimer une profonde détresse émotionnelle. Orson a beau conserver un visage figé, comme une statue de sel, son corps est un véritable brasier et son esprit s’est mué en une tornade dévastatrice. Ses convictions sont ébranlées, tout ce qu’il a longtemps cru vouloir ou savoir – tout. A cause d’un seul homme.

« Ce n’est pas l’alcool. » C’est tout ce qu’il lui concèdera, au beau milieu de ses tirades larmoyantes sur son besoin d’être auprès de lui et sur ses regrets d’avoir bazardé leur amitié pour une soirée de plaisir. Orson lui doit cette confession. « Et encore moins la nostalgie. » ajoute-t-il, urgemment, pour dissiper le poids de la culpabilité qu’il pense reposer sur Galen. (non non, Galen ne se sent absolument pas coupable) Bien sûr qu’il a bu, mais… quand bien même, cela ne change rien à la nature profonde de ses sentiments. Orson s’interrompe naturellement, tout en baissant les yeux vers ses travaux, en voulant reprendre son écriture et ses dessins compliqués, alors que Galen reprend le cours de son speech. Il attend la suite pour rassurer les incertitudes du scientifique. « Je n’exige rien de ta part, je ne me le permettrais pas… mais je me sentirais plus serein si au moins… tu ne me refusais pas ton amitié. Je ne ferai plus rien de déplacé, je ne t’embarrasserai plus, mais… j’ai besoin de toi, Orson. » Ces mots achèvent encore plus ses scrupules. Il a alors l’impression de sentir un poids immense sur ses épaules, tandis que son rythme cardiaque s’accélère dangereusement pour atteindre le plafond du supportable. Galen fait battre son cœur. Il sent même ses mains se faire de plus en plus moites sous ses gants. Une intense bouffée d’air chaud lui fait courber l’échine, et inconsciemment, l’ombre d’un rictus se dessine sur ses lèvres minces. Un sourire mince, sincère, presque – heureux. Orson refuse de créer un contact visuel avec le scientifique depuis le début de leur conversation, mais ses tics physiques – entre haussement de sourcils, rictus au coin des lèvres, yeux qui roulent au plafond, contraction de sa mâchoire ou assombrissement de ses pupilles sont suffisamment d’indices permettant d’affirmer qu’Orson Krennic prête une oreille extrêmement attentive à son interlocuteur, puisqu’il commente chacune de ses phrases par une expression faciale ou une gestuelle agacée. Galen Erso confesse avoir besoin d’Orson Krennic. L’impérial ne peut espérer être plus heureux qu’à cet instant magique, dans l’obscurité de son bureau. C’est sans doute à cause de cette euphorie qui émerge d’un coup en lui, couplée à la chaleur qui irradie dans son bas-ventre, qu’Orson Krennic décide de faire preuve de plus de souplesse dans ses interactions.

C’est euphorique, qu’il ouvre de nouveau la bouche pour imposer la froideur de sa voix entre les murs obscurs de ses appartements. « Qu’est-ce qui te fait dire que cela n’a pas d’importance pour moi ? » dit-il enfin après une courte absence. Orson Krennic reprend brièvement son écriture de notes gribouillées au crayon de bois dans un coin de la feuille, pour ne rien oublier. L’air ailleurs, désintéressé de Galen, alors qu’il est complètement obsédé par le moindre de ses faits et gestes. C’est une indifférence de façade qu’il lui offre. Krennic se promet de reprendre ces travaux plus tard. Avant cela, il a des choses à confesser à Galen Erso. Galen semble… plus enclin à reprendre leur amitié comme aux premiers jours. Il se montre particulièrement sensible à cette résolution. Orson estime qu’au vu des sacrifices et des confession de son « ami », ce dernier est en droit d’obtenir de lui un peu d’honnêteté. Au moins maintenant, avant qu’ils ne redeviennent de nouveau les meilleurs amis de la galaxie. (je crois pas non) « Tu te trompes, Galen. » reprend Krennic sur un ton aussi glacial qu’un brise de vent. « Ça en a pour moi aussi. » Cela le déchire intérieurement de l’admettre – ce qu’il confesse, est bien évidemment superficiel. Orson ne dévoile que ce qu’il y a à la surface, sans rentrer dans le détail de ses tourments émotionnels. Il refusera de lui confesser la nature impérieuse et profonde de ses sentiments. Lui dire qu’il est amoureux ? Quelle connerie. En revanche, admettre qu’il a apprécié ce moment d’intimité entre eux, et que la situation bancale entre eux le blesse autant qu’elle blesse Galen, oui. « Je déteste lorsque nous nous éloignons. » Ce sera tout ce qu’il se permettra de dire. Orson brûle toutefois d’envie d’aller plus loin et de prononcer l’impensable, cela le démange malheureusement trop pour ne pas se trahir par certaines expressions faciales ou blancs dans ses tournures de phrases. Il garde la bouche entrouverte, les lèvres en suspens. Orson est pendu à ses propres mots. Jusqu’où peut-il se permettre d’aller, sans prendre le risque de dévoiler toutes ses cartes ? Si Galen apprend qu’il y a bien plus qu’une attirance physique entre eux, bien plus qu’un simple coup dans le nez, plus jamais il ne le lâchera avec ses sentiments. Il se condamnera à être pour toujours enchaîné à Galen Erso, et c’est quelque chose qui lui fait une peur bleue. Orson refuse de dépendre de qui que ce soit, et encore moins de se laisser distraire par ses émotions, alors qu’il se trouve au sommet de sa gloire, à deux doigts de devenir quelqu’un de puissant. La personne qui aura créé l’Étoile de la Mort. Son architecte. Galen est une source de distraction beaucoup trop dangereuse pour lui. Il ne peut s’abandonner à une relation, autre que professionnelle ou amicale avec lui. Il doit pouvoir garder le contrôle sur lui-même. Quoique même une relation amicale semble particulièrement compromise, au vu de la nouvelle dynamique qui s’est instaurée en franchissant la barrière de la simple amitié à la relation charnelle débridée.

Son travail lui importe plus. Il doit terminer l’Etoile de la Mort. Il doit rester concentré. Il doit se hisser au plus haut rang de l’administration impériale. Sa carrière est tout pour lui. C’est avec ce sombre constat, qu’il reprend la parole. « Une affaire de nature sentimentale est… impossible entre nous, Galen. Elle ruinerait nos chances de concrétiser ce projet. L’Empereur attend que je lui délivre l’Etoile, Galen. » Ce projet. Le travail. L’Empereur. Voilà tout ce qui intéresse Orson Krennic. Il est bloqué sur sa carrière montante, et est même prêt à faire de lourds sacrifices, comme sacrifier son amour pour Galen Erso, conscient que ce même amour risque de le dévier de sa route. Orson veut se montrer implacable et ne pas dévoiler ce qu’il a finalement pensé de la nouvelle dynamique de leur relation, mais… Krennic se trahit toutefois en mentionnant un terme non équivoque, en évoquant une affaire de nature « sentimentale ». En parlant de sentiments, alors que Galen n’a absolument rien mentionné ou affirmé en ce terme, c’est dévoiler une implication émotionnelle évidente de son côté. Galen s’est simplement excusé d’avoir dépassé les bornes avec lui. Il s’est excusé pour tes ses retards, pour son incapacité à tourner la page et renoncer à son amitié. Il a confessé être incapable d’oublier. Galen Erso n’a jamais parlé de sentiments entre eux. Parce que ces sentiments viennent du côté de Krennic. C’est lui, qui est bien trop attaché au scientifique. Ce n’est pas que physique entre eux. Tout en parlant, Krennic ne peut s’empêcher d’observer de manière presque compulsive les doigts de Galen jouer à dessiner des formes invisibles sur la surface métallique de son grand bureau. Ce simple geste l’insupporte. Pourquoi ? Parce qu’elle lui rappelle ces mêmes mains sur chaque partie de son corps, il y a une semaine. Une chaleur étrange et familière se diffuse progressivement dans son bas-ventre, en se remémorant malgré lui quelques flashs honteux et sauvages. « Nous ne pouvons pas être ensemble. » Krennic appuie ses mots avec force, comme pour se convaincre lui-même de leur véracité. « C’est le projet de toute ma vie. » affirme-t-il, en plongeant cette fois ses beaux yeux bleu océan dans ceux de Galen Erso. Il apprécie le marron chocolat, si tendre et malicieux, de ses prunelles. Orson décide de donner certaines raisons à Galen au compte-goutte. Il affirme que le projet de toute sa vie est la seule raison pour laquelle il refuse de s’abandonner à un nouvel axe dans leur relation. Plus sentimental. Ils doivent rester amis. A tout prix.

« Quant à… être amis… » grimace l’impérial, étrangement troublé par cette étiquette. « Amis… » répète Orson, perplexe. Dans les premières minutes, il lui a semblé concéder cet effort à Galen, avant de revenir finalement dessus en prononçant ce simple mot. Amis… Le dire à voix haute lui semble profondément absurde. Même cela, c’est impossible. Grotesque. Comment rester amis après ce qu’ils ont vécu ? « Même cela, je doute d’être en capacité de te l’accorder. » C’est bien vrai. Il soupire, en éteignant l’écran de son datapad et en se mettant à ranger ses crayons par taille et couleur. (le maniaque) Il cherche à se distraire, pour accuser le coup de ce qu’il s’apprête à lui dire. « Je pensais pouvoir te répondre par l’affirmative, mais… » Encore une fois, ses yeux dévient de ses schémas aux doigts de Galen Erso. Ces doigts… qu’il fantasme de sentir à cet instant même se glisser sous le bureau, pour caresser ses cuisses à travers son pantalon d’uniforme noir. A la faible lueur de sa lampe de bureau, la pièce entière étant plongée dans l’obscurité, le sommet de ses joues se colore malgré lui d’une teinte cramoisie. Ses pensées sont obscènes, à chaque fois que Galen s’approche de trop près. « C’est compliqué. » soupire-t-il en roulant les yeux au ciel, tant il est affecté par ses propres faiblesses. Krennic ne fait pas confiance à Galen, même s’il lui promet de ne pas réaliser de gestes déplacés ou inconvenants. Il s’en méfie comme de la peste. Il se méfie surtout de lui-même et de la tentation constante que Galen Erso représente. Il bougonne, contrarié et frustré. Il a envie de lui dire d’oublier ses dernières exigences, qu’il ne cesse de penser à lui à chaque minute de la journée depuis une semaine, qu’il a besoin de… qu’il a autant besoin de lui que Galen. Il veut lui dire de l’embrasser et de glisser sa main sous le bureau, de le faire jouir sans plus attendre. De lui faire oublier cette idée grotesque de rompre tout contact, pour ne garder que l’aspect professionnel de leur relation. Il en a envie. Il a même envie de se lever d’un bond, pour attraper les hanches de Galen Erso de ses mains puissantes, de le plaquer contre ce même bureau et de le retourner. De le prendre si fort, tout en s’essoufflant, sa bouche contre la sienne, sa langue dévorant sa comparse jusqu’aux premières douleurs musculaires, jusqu’à se mourir si profondément en lui dans un orgasme fulgurant. Il a envie… d’être également pris. Encore. Il veut savourer ces vertiges, ces sensations euphoriques hors du commun. Il veut regoûter au plaisir prostatique sur Galen Erso a su lui prodiguer une première fois. Il le veut, mais il ne le fait pas. Il ne le dit pas. Au lieu de cela, il se mure dans un profond silence, particulièrement froid et hostile, tout en fermant les poings.

Il courbe ses doigts dans le fond de ses gants, cherchant à gratter le très beau cuir noir, compulsivement. « Pourquoi ne pas te contenter d’une collaboration professionnelle ? » Orson demande sur un ton presque plaintif. Il essaie de faire abstraction de l’angoisse perpétuelle qui est pour lui de devoir lui résister avec autant d’ardeur. « On travaille excellement bien ensemble, Galen. » admet Orson, concentré sur leurs travaux en communs. Il préfère éviter de confesser avoir lui aussi du mal à passer à autre chose, pas de manière aussi… limpide, en tout cas. Sa gestuelle, sa rhétorique depuis tout à l’heure sont suffisamment claires, même si sous-entendus. « Cela devrait te suffire. » Orson préfère éviter de se prononcer sur la question, car pour sa part, non, cela ne lui suffit pas. « Je suis navré, profondément navré, que tu ne puisses pas à tourner la page de cette soirée, mais tu vas le devoir. On ne peut plus… être… quoi que ce soit. On ne peut pas prendre le moindre risque en nous aventurant dans quelque chose qui nous fera, un jour ou l’autre, déraper. » dit Krennic d’une voix traînante, tout en réprimant une intonation brisée. Il s’efforce de garder son calme, ses mains tremblent, pour une raison qu’il souhaite ignorer pour sa propre santé mentale. On ne peut pas prendre le moindre risque, dit-il. Sous-entendu, une amitié est susceptible de compromettre tous leurs efforts sur le projet, une amitié est capable de faire voler en éclats toutes ses résolutions de ne jamais… remettre le couvert. Pas même une fois. « J’ai besoin de toi, tout autant... » confesse Krennic, les yeux plongés dans ceux de Galen. Il le couve longuement, et durant ces quelques secondes, ses doigts se détachent de l’intérieur de sa paume, pour venir effleurer avec une certaine réserve, le bout de ceux de Galen encore présents sur la table. Il ne peut pas résister à l’envie de créer un contact physique entre eux. Déjà en tant que simple ami, il ne s’en est jamais caché. Alors maintenant… Un éclair luit, du désir et de la tendresse – qu’il réprime à la seconde en réalisant que l’obscurcissement de ses pupilles, désormais en voie de dilatation, est en mesure de trahir ses précédents propos. Krennic retire sa main, et la referme dans son poing, sous le bureau, contre sa cuisse. Il précise alors, sur un ton énervé : « Pour le projet. » Ses propos sont froids et clairs. Krennic se rattrape brutalement. Il est énervé, oui, énervé de ne pas pouvoir prendre son courage à deux mains pour dire enfin la vérité, toute la vérité. « C’est tout ce qui m’importe. » ment-il effrontément, en fuyant le regard de Galen. Il se montre même trop nerveux pour être honnête en voulant lui camoufler son désir. Les rumeurs disent vraies, Orson Krennic est en plein émoi sentimental. Il est en plein tourment, en se demandant comment concilier vie professionnelle et vie personnelle. Orson cherche un instant à calmer la douleur qu’il ressent au niveau de ses tempes, de sérieuses migraines et des tensions musculaires nées d’une mauvaise position et d’un travail beaucoup trop acharné pour son corps. (il se fait vieux aussi) Il masse, avec la pulpe de ses doigts, ses temps, puis sa nuque, dans de rapides mouvements circulaires en voulant chasser toutes ces douleurs pour pouvoir se concentrer pleinement sur son travail. Cette situation est une vraie plaie. Ce projet qui n’avance pas aussi rapidement, Galen, Tarkin, tout… Tout le stresse, et pourtant, il endure sans broncher. (si, il hurle sur les gens) Il prend sur lui, il porte le poids de frustrations et de pressions immenses sur ses épaules carrées. Ce moment volé et intime avec Galen a été comme… une pause dans une vie entière faite de complications. Une pause agréable, dont il garde encore de sérieuses séquelles et une envie de replonger, tête la première, dedans, jusqu’à s’y noyer.

Entendre Orson lui confirmer que son comportement n’est pas à imputer à la quantité d’alcool qu’il aurait consommé rassure Galen presque naturellement. Pourtant, ce n’est pas comme si son « ami » lui apprenait quoi que ce soit en cet instant. Si Galen a envisagé de jouer sur ces cordes sensibles, de le séduire et de s’engager sur cette voie aussi glissante que dangereuse, c’est bien qu’il avait compris que tout ceci était possible… L’alcool était… un appui supplémentaire à ce qui se tramait alors entre eux, mais certainement pas la cause directe de ce qu’ils ont fait. Quant à la nostalgie… elle l’est peut-être davantage, mais Galen n’a pas non plus envisager de s’en faire une excuse, il ne les évoque que dans le but, l’espère-t-il, d’entendre Orson le contredire, et quand ce dernier le fait… ça lui plaît. Compter pour lui de la sorte lui plaît réellement… et ce constat dangereux, qui devrait le satisfaire au nom de ses seules manigances et non par rapport à une considération plus… personnelle, disons. Non, ce n’est pas l’alcool, ni la nostalgie, qui les a précipités dans les bras l’un de l’autre… pas totalement la soif de vengeance non plus. Mais une pulsion ancienne, trop longtemps étouffée, et qui avait enfin pu s’exprimer. A leurs risques et périls. Galen sait, au fond, que ce n’est peut-être pas plus mal qu’ils s’en tiennent là. Il admet, aussi, que ce n’était probablement pas une bonne idée. Mais il n’arrive pas à s’en empêcher. Le besoin d’être près de lui, le besoin d’être à lui, domine, à chaque fois, et prend le pas sur absolument tout le reste. Aux déclarations que Galen ajoute, il peut voir Orson répondre, de manière non verbale, plutôt positivement, en fin de compte. Il le voit dans ce très fin sourire qui étire ses lèvres alors que son regard fuit si obstinément le sien. A ces détails qui ne trompent pas et qui lui laissent à supposer qu’il est sur la bonne voix.

Quand Orson reprend la parole, tout en faisant mine d’être occupé à autre chose, c’est pour lui adresser quelques mots qui le laissent moins indifférent qu’il ne le voudrait en réalité. Qu’est-ce qui te fait dire que cela n’a pas d’importance pour moi ? Il sait que ça en a. Il le pressent, et même, il ne le devine définitivement que trop bien. Il n’a pu que le constater au cours de ces étreintes enflammées qui avaient été les leurs toute une nuit durant… ils n’avaient pas seulement cédé à un instinct primaire, animal, à quelque chose qui serait de l’ordre de la pure et stricte attirance : ils avaient fait l’amour. Qu’ils le veuillent ou non – et l’un le veut probablement plus que l’autre –, peu importe la tournure que leur histoire a bien pu prendre : ça a compté. Ça a forcément compté. Et Galen avait eu besoin, plus qu’il ne serait capable de le confesser, d’entendre Orson lui assurer en retour que tout ceci avait compté pour lui. Je déteste lorsque nous nous éloignons. Galen aussi, mais leurs chemins ne sont pourtant à présent faits que pour s’éloigner toujours davantage, encore et encore, jusqu’au point de non-retour.

Quand Orson reprend la parole, il prend totalement Galen de court, suggérant non pas seulement la perspective d’une aventure strictement charnelle – à laquelle n’aurait jamais su se résumer leur relation quoi qu’il en soit, même si ça aurait été plus rassurant de le penser –, mais belle et bien celle d’une affaire de nature sentimentale. Bien sûr que cela ruinerait leurs chances de concrétiser le projet… et évidemment que c’est ce que Galen veut et espère avant toute chose. Il se joue des sentiments qu’Orson lui confie à mi-voix, et ce faisant, ce sont ses propres émotions qu’il met au supplice. Cette scène, tout ce qui a précédé et tout ce qui suivra, sont autant de preuves de l’affection profonde que Galen voue à Orson envers et contre tout, et plus le temps passe, plus il se révèle incapable de le nier, quand bien même a-t-il pertinemment conscience qu’il le devrait. Nous ne pouvons pas être ensemble. Voilà une chose concernant laquelle il est malheureusement d’accord. Ils ne le peuvent plus. Ils l’auraient probablement pu, si le chaos, la douleur et les non-dits n'étaient pas venus interférer dans leur histoire qui n’avait jamais été complètement amicale, quoi qu’ils puissent en dire. Ils ne peuvent pas être ensemble pour des dizaines de raison, mais ils peuvent s’en donner l’illusion, le temps d’un baiser, le temps d’une caresse… pour endormir la vigilance de l’un et entretenir les scrupules de l’autre. Irrémédiablement.

La réflexion d’Orson, au moment de suggérer qu’ils ne pourraient même plus être amis, fait plus de mal à Galen qu’il ne l’aurait imaginé. Pourtant, cela fait longtemps qu’ils ne sont plus supposé l’être. A partir du moment où Galen a pris conscience de l’ampleur de ses manigances… et malgré tout ça… l’idée de perdre le seul ami qu’il ait jamais eu de toute son existence lui tort légitimement le cœur, comme s’il assistait bel et bien à une rupture amicale quand il devrait être acté, pourtant, qu’Orson Krennic ne saurait plus être rien d’autre à ses yeux que son ennemi. Peut-être bien. Mais Orson est bien davantage. Il est beaucoup, beaucoup plus que cela. C’est compliqué. Tout est toujours compliqué quand il est question d’eux. Les tourments qui les traversent sont, pour l’un comme pour l’autre, d’ordres relativement différents, mais ils l’émeuvent tout autant.

"On travaille excellemment bien ensemble pour une bonne raison", se défend Galen, reprenant légèrement ses esprits après qu’Orson ait repris, lui, la parole, suggérant que leur collaboration devrait être strictement professionnelle. "On se comprend toi et moi. Intuitivement. Comme deux collègues de travail ne seraient pas capables de le faire." Son regard se détache des celui, hypnotique, d’Orson, qui lui confesse avoir besoin de lui, pour se baisser sur ses doigts qui viennent effleurer les siens… Quelques secondes seulement, mais ce bref contact physique voit naître et mourir un frisson inattendu a creux de sa colonne vertébrale. Orson se ressaisit. Au moment de retirer ses doigts des siens, cela fait à Galen l’effet d’une douche froide. Pour autant, il ne peut pas être dupe de ses mensonges. Il ne le peut plus. "C’est parce que nous sommes plus que de simples collègues que nous réussissons si bien quand nous sommes à deux…" Il le fixe à nouveau, avec une intensité nouvelle. Les mots qu’il s’apprête à prononcer, il les pense si fort que cela le dépasserait presque. Que cela le dépasse complètement. "Tu l’as forcément ressenti, toi aussi, n’est-ce pas… On était en symbiose, en harmonie. Comme si… nos corps étaient faits l’un pour l’autre." Galen contourne doucement le bureau pour se rapprocher au plus près d’Orson. Il se place doucement dans son dos pour venir poser ses mains sur ses épaules, qu’il masse doucement avant d’ajouter à son oreille. "Laisse-moi te libérer de tout ce stress, de toute cette angoisse. Laisse-moi te faire du bien, s’il te plaît." Il laisse glisser ses doigts le long de son buste en même temps qu’il vient glisser ses lèvres au creux de son cou. "Fais-moi confiance."

« Drowning, I'm drowning in that clown's mask. To make you laugh at my thousand flaws. Alone when I'm all alone I take my smile off. But your heartless words have left me scars. ‘Cause with your million eyes you're watching me. You talk behind my back. You spy on me. So I scream and shout to make you leave, but you're still here, you keep judging me. » ( MILLION EYES ❖ LOÏC NOTTET )



« On travaille excellemment bien ensemble pour une bonne raison. » Oui. Parce qu’ils sont chacun les faces d’une seule et même pièce. Orson Krennic écoute Galen Erso lui vendre une prétendue collaboration fructueuse, pour la raison qu’ils se comprennent intuitivement et qu’ils sont plus ou moins faits l’un pour l’autre. Il ne le croit pas une seule seconde. Il persiste à croire que leur collaboration est et doit rester professionnelle. L’épuisement mental de Krennic s’exprime par une grimace sur son visage sinistre. Il offre au scientifique une moue sévère, mais par moments, un rictus se niche dans le coin de sa bouche et s’étire en un début de sourire amusé. « On se comprend toi et moi. Intuitivement. Comme deux collègues de travail ne seraient pas capables de le faire. » Krennic hausse les épaules, grognon. Il devine la suite, elle est si prévisible, parce que lui-même en est intimement persuadé. « C’est parce que nous sommes plus que de simples collègues que nous réussissons si bien quand nous sommes à deux… » Toujours silencieux, Krennic n’est pas encore très convaincu. Lui céder, maintenant ou en quoi que ce soit risque de le condamner pour la fin du projet, et de compromettre ce dernier. L’amour de Krennic va envers et contre tout pour son travail, pour sa carrière, pour sa réputation. Ce sont des choses sur lesquelles il peut garder une emprise et un contrôle absolu, contrairement à Galen Erso. Un électron libre. Un élément instable mais qui le foudroie de toutes parts à chaque fois qu’il lui dit des choses aussi belles et intenses. Orson se persuade que Galen pense véritablement chaque mot. Il veut le croire, même si sa raison et son expérience le poussent à se méfier des sirènes du scientifique comme de la peste. Galen l’a bien eu une fois, qu’est-ce qui lui certifie qu’il ne compte pas le faire une seconde fois ? Orson ne se laissera pas manipuler. On ne manipule pas un maître-chanteur, un menteur pathologique, un manipulateur né. Pas aussi facilement. Pas avec de beaux discours. Pas en une semaine. Il faut un travail de longue haleine pour lui faire oublier toutes les erreurs, toutes les trahisons – pour mettre, en somme, sa conscience en sommeil et ses sentiments en éveil. « Tu l’as forcément ressenti, toi aussi, n’est-ce pas… On était en symbiose, en harmonie. Comme si… nos corps étaient faits l’un pour l’autre. » Krennic demeure interdit, muet comme une carpe. Galen fait mouche, une fois encore. « Ce n’est pas important que je l’ai ou non ressenti. Cela ne change rien au constat que je te fais maintenant. » rétorque Krennic en déglutissant avec difficulté, tandis que le scientifique se met à contourner le grand bureau pour venir se loger dans son dos. La réaction d’Orson Krennic est maintenant surprenante. Il est apeuré. Il ne voit pas Galen, et il déteste cela. Il ne peut pas le contrôler ou l’entraver, et cela le rend littéralement fou. Que va faire Galen ? Pourquoi se dissimuler dans son dos ? « Galen… » marmonne le directeur, gravement. C’est un avertissement. Il en a formulé bon nombre depuis que Galen est entré, et il continue. Ce ne sont que des avertissements qui ne seront jamais suivis par des actes. Orson aime bien trop ça. Car oui, il a bel et bien senti cette symbiose physique et émotionnelle entre eux. Leurs corps sont faits l’un pour l’autre. C’est justement ce qui l’effraie tant.

« Laisse-moi te libérer de tout ce stress, de toute cette angoisse. Laisse-moi te faire du bien, s’il te plaît. » Oh, ça oui. Il le veut. Oui, il désire que Galen lui fasse du bien. Il le désire plus que tout. Les mots de Galen résonnent comme une sulfureuse mélodie dans ses oreilles légèrement écarlates, sujettes à des bouffées de chaleur de plus en plus manifestes et insoutenables. Galen Erso adopte une voix si caressante, si suave, que même Orson Krennic en est tout perturbé. Son flegme n’a jamais été si légendaire que cela, et un rien le fait généralement partir dans les aigus, mais là, c’est tout simplement de la torture. « Ne me supplie pas. » grommèle-t-il. C’est pire que tout. La grosseur entre ses cuisses ne fait qu’enfler, au fur et à mesure que Krennic savoure la répétition mentale des derniers mots susurrés par le scientifique. « Ne rend pas les choses plus… dures qu’elles ne le sont déjà. » Et là, ce n’est pas une allusion purement métaphorique. Krennic sous-entend des choses plus insidieuses. Un simple coup d’œil vers son entrejambe, bien dissimulée sous son pantalon d’uniforme noir atteste de l’importance de son érection. Il le supplie de ne pas le rendre plus dur qu’il ne l’est déjà, de ne pas faire un geste supplémentaire, de ne pas le perdre dans des pensées de plus en plus salaces, dans des images terriblement obscènes de corps moites et brûlants qui se possèdent et qui se violentent contre son beau mobilier. Galen Erso le torture, et Orson Krennic se félicite intérieurement d’avoir su lui résister aussi longtemps. Cinq minutes, pour l’instant. Galen n’arrête toutefois pas. Lorsque les doigts du scientifique se mettent à glisser le long de son buste, en même temps qu’il vient poser la douceur humide de ses lèvres dans le creux de son cou, le souffle de Krennic s’accélère dangereusement. Il imagine spontanément la bouche de Galen emprisonnant son sexe, palpitant et tremblant de spasmes. « Galen, non. » ordonne-t-il. D’une voix froide, mais lascive. Il essaie d’être ferme, d’afficher son expression la plus sévère qui soit pour dissuader davantage Galen de se perdre sur son torse ou même encore plus bas. Mais le souffle de sa bouche contre son cou et ses baisers chauds aveuglent sa raison, tout en anesthésiant ses membres. Krennic lève brièvement les mains, avant de les laisser retomber sur les accoudoirs en métal de son grand fauteuil. Non, il ne peut pas. Il n’arrive pas à lui résister. Ses membres sont impuissants, son corps est déjà bien excité et refuse que tout s’arrête en si bon chemin.

Galen n’en a pas encore terminé avec lui, fort heureusement pour les élans lancinants et douloureux de son bas-ventre. Krennic sent ses entrailles se serrer, ses muscles se tendre et son dos s’enfoncer encore plus dans le fond de son siège. Il respire de manière saccadée, désormais. Galen peut sentir sous la paume de ses mains ce torse qui gonfle et qui redescend rapidement, beaucoup trop rapidement. La voix de Galen, tentatrice et cruelle, résonne une fois encore près de son oreille – ce qui lui arrache un faible gémissement. Un gémissement. Orson sent son pouls lui faire mal, tandis que sa volonté se met à vaciller. « Fais-moi confiance. » Comment ? Comment, après sa trahison ? Ses trahisons. Krennic grommèle des mots incompréhensibles, les yeux mi-clos. « Je n’ai pas besoin d’être soulagé, ou libéré de quoi que ce soit. Je me débrouille très bien seul. J’ai du travail pour notre projet, si tu veux bien m’excuser. Maintenant, Galen, tu cesses immédiatement ce que tu es en train de faire… Ne crois-tu pas que je n’ai pas conscience de ton petit jeu sordide. » Oh, non, il pense en avoir conscience, mais ce n’est pas le cas. Krennic est bien en deçà de la vérité. Il ignore à quel point l’esprit de Galen Erso est mué par une furieuse envie de vengeance. Krennic ment, encore une fois. Il ne fait que mentir. Il a besoin d’être soulagé. Ses muscles sont endoloris, à force de vouter son dos sur d’importants et compliqués schémas, et sa nuque le fait terriblement souffrir. Il a bien envie d’un massage. Que les doigts habiles et experts de Galen Erso palpent la chair de ses épaules et de sa nuque, massant ses muscles afin de libérer des tensions et en faire naître de nouvelles sous la ceinture de son uniforme. « Je t’en prie. » supplie-t-il, malgré lui, quelques secondes avant de se mordre la lèvre inférieure jusqu’au sang. Encore une fois, Galen est en mesure de le voir. Il peut sentir à cette distance le goût métallique du fer. Krennic est contrarié de ne pouvoir maîtriser les désirs de son pauvre corps, loin d’être repu, après avoir découvert l’incommensurable plaisir dans les bras de l’homme qu’il n’a eu de cesse d’aimer en secret. Il en veut plus. Toujours plus. Il veut être encore caressé, embrassé, torturé et conduit à l’orgasme – aux orgasmes. Orson ne doit pas, il doit se montrer suffisamment fort pour opposer une fin de non-recevoir à Galen Erso. « Tu ne me soulages vraiment pas, tout ce que tu fais, c’est de… » soupire-t-il, abdiquant à moitié en confessant sa gêne. « …faire naître d’autres tensions. » A des endroits intimes qu’il préfère ne pas nommer. Ses yeux bleus, hypnotiques et intenses parcourent longuement le marron chocolat de ceux de Galen, avant de descendre vers entre les plis grossiers de son pantalon, qu’il s’efforce de dissimuler en tirant un peu sèchement sur le bord blanc de sa veste d’uniforme. Krennic exprime sa détresse d’un simple coup d’œil – loin d’être amusé, ce dernier est même terrifié.

Il ferme les yeux, en réprimant un nouveau gémissement, alors que les lèvres de Galen viennent caresser une zone particulièrement sensible dans le creux de son cou. Un sourire se dessine sur sa bouche, malgré lui. Il adore, bien sûr qu’il adore. Il balance même son dos plus au fond, dans le fauteuil, pour se laisser aller contre le dossier en métal, unique rempart entre son dos et le buste de Galen. Sa nuque se dépose naturellement contre l’épaule de son amant. Krennic se mord ensuite la lèvre plus fortement pour contenir le flux de sang qui se précipite dans sa verge, déjà bien enflée. Tous ses nerfs sont mis au supplice. Il réalise alors que fermer les yeux procure l’effet inverse, et tout ce qu’il voit, dans le noir complet est beaucoup trop obscène. Des images de corps qui se prennent, violemment, qui s’oublient dans la chaleur et la sueur, avant d’exulter en cœur une jouissance vertigineuse. C’est encore pire, alors il rouvre les paupières. Le décor terne et froid de son bureau de directeur du département des armes avancées de l’Empire s’impose enfin à lui, pour le ramener à l’essentiel. Pas de plaisir. Il doit refuser toute forme de plaisir de la part de Galen Erso. « Si tu veux te rendre utile, Galen… Soit. Mais je ne te fais pas encore confiance. Alors ne parle pas de confiance avec moi, après tes fuites répétées, et maintenant tes retards, il m’est compliqué de croire en ta bonne foi. Il me faudra bien plus, Galen, pour te refaire confiance. » marmonne Krennic, subissant les caresses plus que tortueuses de son scientifique et amant. Il insiste lourdement sur le « encore » comme pour rappeler que Galen reste avant tout à l’épreuve. « Mon cou. Seulement mon cou. » Menteur. Ça commence par le cou, mais tu veux bien plus, souffle une voix dans sa tête. Cette voix obsédante lui coupe le souffle, et bientôt, il prend conscience de sa situation très ridicule. Krennic relâche du leste, et tolère quelques massages. Il pense être en mesure d’y résister et de dire stop au bon moment. Tant que Galen ne s’amuse pas avec la boucle de sa ceinture… « Ne me laisse pas perdre le contrôle. » l’avertit-il sur un ton menaçant. Si, qu’il lui fasse perdre tout contrôle. Qu’il lui donne envie de le mettre à genoux sous son bureau, la tête nichée entre ses cuisses, et la bouche se délectant de la rigidité et de la chaleur de son membre. « Tu as raison… J’ai des migraines et… des courbatures. Alors, si tu peux… » C’est un signal, en vérité. Krennic désire plus, mais il est incapable de le verbaliser. Alors il utilise ce prétexte pour se dédouaner toute culpabilité. Il veut que Galen le force, tout simplement. Qu’il le mette au pied du mur, qu’il prenne les devants, qu’il fasse fi de ses refus répétés, de ses soupirs lascifs. Orson l’observe ensuite, plongeant ses beaux yeux aux pupilles complètement dilatées dans les siens, afin d’appuyer sa requête. « Puisque tu désires tant… me faire du bien. » Cette phrase l’a particulièrement choqué, retourné même. Il y repense avec une certaine cupidité. Krennic peine à la formuler. « Dénoue mes tensions. Ma nuque et mes épaules en ont besoin. Je te l’accorde. Je travaille énormément pour rattraper tes erreurs. » Toutes mes tensions. Quelle arrogance. Elle dissimule sa frustration et sa nervosité. Orson se montre infecte et dure pour ne pas exhiber la fragilité que Galen a su exposer. Il est encore troublé et honteux des récents évènements, de ses messages obscènes envoyés à tort, de ses actes personnels que Galen a d’ores et déjà connaissance. Orson est embarrassé, alors il se comporte injustement avec lui. Il veut lui rappeler qui commande, pour ne pas perdre le contrôle. Pour conserver son emprise. « On ne m’a pas fait de massages depuis… des années. » confesse-t-il en passant du coq à l’âne. Entre la froideur et la volonté de créer une bulle d’intimité entre eux. Lorsque les mots s’échappent de ses lèvres, c’est pour les faire durer longuement sur sa langue, de sa voix suave. Son rythme cardiaque atteint maintenant sa limite. Quant à son souffle haletant et brûlant, tout près de la bouche de Galen plaquée dans le creux de son cou, il trahit son impatience et son excitation. Il lève péniblement sa main pour la diriger vers le col de son uniforme d’un blanc immaculé, qu’il déshabille légèrement, pour permettre à Galen d’approfondir ses caresses tactiles. Il cesse de la déboutonner jusqu’à la naissance de ses clavicules pâles. Comme un automate. Galen a presque déjà gagné. Ensuite, Krennic laisse reposer ses paumes sur les accoudoirs et ferme rapidement les yeux pour savourer son massage. Il s’attend à ce que Galen lui masse les épaules, et la nuque pour soulager les tensions musculaires qui se sont accumulées ces derniers temps. C’est en tout cas ce qu’il prétend. Il se voile la face, il se ment à lui-même. Il est déjà perdu, il le sait. Il ne pourra plus rien contrôler, il confie à Galen beaucoup trop de confiance. Ce que Galen lui demande, en affirmant mériter cette dite confiance est un leurre. Galen ne s’arrêtera pas à ses consignes, il est bien trop… désobéissant. (ça mérite des coups de fouet) Au fond, c’est exactement ce qu’il recherche.

Galen accueille avec une fine esquisse de sourire les propos d’Orson quand ce dernier, en affirmant que ce qu’il a ressenti ou non concernant leur relation et ce qu’il voudrait probablement qualifier de dérapage n’aurait pas d’importance, trahit en réalité ce qu’il a bien pu éprouver. Galen doit convaincre Orson de l’intensité de ce qu’ils partagent, car il doit le convaincre de recommencer, de s’abandonner à lui… mais ses tentatives manipulatoires ne sont pas la seule raison pour laquelle il agit ainsi qu’il le fait… Il a besoin de l’entendre, parce qu’il a besoin de savoir ces émotions partagées, d’une manière véritablement profonde, et presque malgré lui… Galen n’a eu besoin que d’une nuit partagée avec Orson pour se laisser douloureusement prendre à son propre jeu… Il a besoin de croire qu’une nuit aura également suffi à Orson pour réaliser la force quasi viscérale de ce qu’il y a entre eux. Orson persiste et signe, peu importe ses arguments, il ne changera pas d’avis, il ne se laissera pas distraire de son sacrosaint travail, il ne prendra pas le risque – ô combien dangereux, il est vrai – de l’aimer. Mais Galen n’a pas dit son dernier mot. Galen doit insister. C’est tout ce qu’il lui reste, c’est tout ce sur quoi il peut encore agir, et il ne pense pas que sa démarche doive être nécessairement vaine. Il y a quelque chose… dans ces yeux, dans ce léger rictus sur ses lèvres, dans la manière dont Orson déglutit, qui raconte une autre histoire que ce que ses mots veulent bien dire. Il est réticent, certes, mais pas totalement réfractaire. Il a besoin de se laisser convaincre… Et Galen pourrait bien avoir à sa disposition tous les éléments nécessaires afin de le persuader… Il n’a besoin que d’être lui, et de lui rappeler ce que Galen découvre être une dangereuse évidence… Peut-être qu’en dépit de l’horreur, des mensonges et des trahisons, ils pourraient bel et bien être faits l’un pour l’autre… Deux âmes sœurs que les circonstances auraient plus que prodigieusement malmenées.

Galen, dos à Orson, entreprend de doucement caresser ses épaules et peut apprécier, de constater plus directement l’effet qu’il fait à Orson. Ne rend pas les choses plus… dures qu’elles ne le sont déjà. Orson n’a qu’à baisser les yeux sur l’entrejambe d’Orson pour constater que son discours n’est pas forcément à prendre au second degré. Cette pensée a le don d’exciter Galen plus qu’il ne l’aurait soupçonné. L’idée d’être capable d’attiser à ce point l’envie d’Orson, en si peu de mots, en si peu de gestes, emballe légèrement les battement des son cœur. Impossible de ne pas focaliser à présent son attention sur cette pensée, celle de son corps tel qu’il l’a découvert la dernière fois : nu, son sexe fièrement érigé, enflé de plaisir… Cette pensée le fait frissonner… Presque autant que l’idée de s’asseoir sur lui, ici et maintenant, de s’empaler sur sa verge dure comme le marbre et d’éprouver une excitation telle qu’il n’en a jamais ressentie auparavant. Ce constat, cette pensée, encouragent Galen à se montrer plus aventureux. Il laisse glisser ses doigts le long de son buste, ses lèvres au creux de son cou, qu’il embrasse sans retenu faisant fi de l’ordre d’Orson dont la fermeté est mise à mal par l’excitation manifeste qu’il est capable de deviner au creuse de sa voix. Il l’écoute sans l’entendre quand Orson affirme vouloir privilégier son travail, ou désirer qu’il s’arrête. Peut-être devine-t-il, en effet, ce « petit jeu sordide » qui en est bel et bien un, mais Galen ne l’arrêtera pas en si bon chemin. Il persévèrera jusqu’à convaincre Orson que ce n’en est pas un… jusqu’à s’en convaincre lui-même, c’est à craindre. Son Je t’en prie a une sonorité des plus douces à l’oreille d’Orson… Il ne s’arrêtera définitivement pas en si bon chemin, se découvrant en cet instant une audace des plus insoupçonnées.

« Je suppose… », répond Galen avec un fin sourire, après qu’Orson ait consenti à admettre que loin de le soulager, ses attentions avaient le don de faire naître chez lui d’autres sortes de tension, d’une nature bien différente. « Qu’il nous faudrait nous en occuper en priorité, dans ce cas, tu ne crois pas ? » complète-t-il entre deux baisers déposés contre son cou… Il sait l’effet que ses lèvres, à cet endroit particulier, savent avoir sur lui… Et il en joue. Il en joue très clairement. « D’accord Orson », ajoute-t-il doucement, se découvrant un rien blessé au fond, par les propos de son interlocuteur alors même qu’ils sont parfaitement légitimes. « Je te comprends… Si tu as besoin de plus pour que je regagne ta confiance… » Son regard luit d’une lueur singulière. « … alors je t’offrirai plus. »

Pourtant, après des paroles au sous-entendu si évident, il se montre assez sages, pour commencer, en se contentant de masser ses épaules légèrement dénudées par Orson, qui a consenti à défaire légèrement le col de son uniforme… Il s’applique en silence, longuement, mais il ne tarde pas, bien sûr, à rechercher un contact d’un autre ordre. Il fait glisser ses main le long de ses bras, puis après quelques minutes, il se positionne à genoux, face à Orson, sans attendre son aval et faisant fi de ses éventuelles directives… Avec attention, il déboucle sa ceinture et glisse une première main sous son pantalon d’uniforme. Par-dessus son sous-vêtement, il caresse sensuellement sa virilité ô combien durcie. Il sait qu’il ne sera pas capable de résister.

« Tu es sûr de vouloir que j’arrête ? »

« Drowning, I'm drowning in that clown's mask. To make you laugh at my thousand flaws. Alone when I'm all alone I take my smile off. But your heartless words have left me scars. ‘Cause with your million eyes you're watching me. You talk behind my back. You spy on me. So I scream and shout to make you leave, but you're still here, you keep judging me. » ( MILLION EYES ❖ LOÏC NOTTET )



Il ignore encore comment il parvient à résister à ses tentatives de charme et ses ardeurs. Dans d’autres circonstances, Orson se serait laissé aller en un battement de cil. Il refuse de s’abandonner dans le doute de ce que leur relation peut être. Il craint de se faire avoir. Il craint que le sexe et leurs sentiments ne soient un frein au projet de toute sa vie. A la plus grande construction de son existence. Galen insiste, en prétextant que toutes ses tensions doivent être soulagées, que c’est mieux pour leur relation de travail de ne pas laisser les choses en suspens, mais… Krennic demeure sceptique.

« En effet. » répond-il du tac au tac, froidement. « Il faudrait. » reprend Orson. Il écarte un peu plus les cuisses en réponse. Galen se joue de lui, avec son léger sourire malicieux. Galen a toutefois raison. Il a des tensions et ces tensions doivent être satisfaites. Il accepte de le laisser s’en occuper, pour une fois. « J’ai besoin que tu me prouves ta loyauté, Galen. » se défend-il, en devinant le ton blessé dans le son de la voix de son collaborateur et ami. Les baisers de Galen, nichés dans le creux de son cou, le rendent fou de désir et impatient de plus d’attentions, sur le bas de son ventre. Il se sent grandir, entre ses jambes. Au point d’être une vraie bombe à retardement. Orson lâche un gémissement, et laisse sa tête reposer sur l’arrière de son fauteuil en cuir. Il bouge ses hanches, en encourageant les caresses de plus en plus expertes de son amant. « Offre-moi plus. » confirme-t-il. C’est un ordre. « J’attends de voir tes talents. » Un sourire en coin se niche au coin de sa bouche. Ses lèvres minces, pincées en une moue sévère.

Lorsqu’il voit Galen se mettre à genoux devant lui, son cœur se serre douloureusement. Galen se met à caresser sa virilité par-dessus son pantalon noir d’uniforme militaire. Ce contact le soulage partiellement. Krennic exulte, il pousse un gémissement long. Il le caresse désormais au niveau de son sous-vêtement. Mais ce n’est pas encore assez. Krennic en veut plus. Beaucoup plus. Et voilà que ce vil scientifique le provoque, en lui répétant ses dires. Est-ce qu’il désire vraiment que tout s’arrête ? Comment peut-il lui demander une chose pareille ? Sa verge est sur le bord de l’implosion sous son vêtement. Galen ne peut sérieusement s’en aller en si bon chemin. C’est trop tard. C’est allé beaucoup loin pour que cela s’arrête. Krennic le voulait, certes, au début, mais il ne le veut plus. « Non, continue. » ordonne le directeur d’une voix hachée, apparemment altérée par les premiers sursauts de plaisir qu’il éprouve au fil des secondes. Krennic accompagne les gestes de Galen de mouvements de ses hanches. Il l’encourage à le faire jouir, quitte à ce que cela se passe dans son sous-vêtement, quitte à ce qu’il répande ses œuvres entre les plis de son uniforme luxueux et propret. « Ne t’arrête surtout pas. » le supplie-t-il, en riant. C’est si bon… « Enlève tout… Baisse mon boxer et prend-là dans ta putain de bouche, Galen, au lieu de me provoquer. » Il n’en peut vraiment plus. Galen a gagné. Pour cette fois. Il s’abandonnera, il se laissera faire. Il le laissera le conduire à l’orgasme, et même plus. Galen le prendra aujourd’hui. Orson ne l’en empêchera pas, contrairement à la fois dernière.

Orson a besoin de preuves… des preuves faussées, des preuves factices… Les preuves que Galen est en mesure de lui donner ne sont pas tant celles de sa loyauté que d’une duplicité dont lui-même ne se serait jamais cru capable avant que de tendre à son plus vieil ami ce piège dans lequel il se sent tomber lui-même, presque malgré lui. Il joue avec les sentiments d’Orson, et dans le même temps… il encourage les siens propres. Ce n’est pas dans le but de l’endormir que le scientifique procède de la sorte avec l’homme qui, dernièrement, accapare un trop grand nombre de ses pensées… C’est… plus prosaïquement… parce qu’il en meurt d’envie. Depuis cette première fois provoquée par ses soins, Galen ne pense qu’à lui, qu’à eux, leurs corps nus collés l’un à l’autre, leurs respirations saccadées, les gémissements d’Orson à la lueur de simples bougies parfumées… Il le veut si profondément, si honteusement que c’en est douloureux… Il voudrait être capable de ne faire que le manipuler, tout serait probablement plus simple pour lui s’il devait être complètement et résolument en phase avec ses propres manigances… Mais il ne l’est pas. Et quand il se trouve en présence d’Orson, les lèvres nichées au creux de son cou, ce qu’il se découvre vouloir avant tout c’est… l’oublier… et s’oublier en même temps… Indistinctement. C’est une chose difficile à expliquer, plus complexe encore à exprimer… La honte s’efface au profit du désir, et alors, tout devient plus simple. Tout devient plus simple quand Galen sait se convaincre qu’il n’y a qu’eux. Eux et uniquement eux. Eux et personne d’autre en ce bas monde.

Galen sourit contre la peau chaude de son amant quand ce dernier lui réclame de lui en offrir plus. Il n’a pas à le lui demander deux fois… Il a la ferme intention d’obéir, grisé en partie par le ton employé par Orson pour le faire s’exécuter. Par le ton employé mais aussi par le sourire qu’il voit naître au coin de ses lèvres… Ce mélange de complicité et de sévérité qu’il discerne chez lui… ça lui plaît… ça lui plaît vraiment beaucoup… Bien plus qu’il ne saurait autrement l’exprimer. Galen ignore s’il est si talentueux, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est appliqué, et il y met bel et bien tout son cœur au moment de se positionner à genoux devant lui, avant de caresser de la pulpe de ses doigts sa virilité par-dessus le tissu de son pantalon d’uniforme. Il peut ressentir l’ampleur de son excitation, et cela l’excite en retour. Il ne saurait exprimer davantage combien il se sent… grisé par l’effet qu’il se découvre savoir lui faire. Et bien sûr, c’est totalement partagé. Ce qu’il ressent en retour n’est pas bien différent, bien au contraire. Galen sait qu’Orson ne rebroussera pas chemin. Il aura trop besoin d’exulter entre ses doigts – non, entre ses lèvres, plutôt. C’est une chose qu’il sait pertinemment. Alors oui, il s’y attendait… Orson lui demande de ne surtout pas s’arrêter. Ces mots, il les prononce en laissant un léger rire lui échapper, et ce rire a les atours d’une mélodie douce et délicieuse, à laquelle il ne sait pas résister plus que lui. Galen veut tout lui offrir. Absolument tout. Jusqu’à son âme. Sans distinction. Pour le pur et honnête plaisir de le ressentir toujours plus exceptionnellement en lui et auprès de lui.

Alors il n’attend pas plus longtemps. Il abaisse tout le tissu qui faisait jusqu’alors rempart à sa nudité et libère sa virilité dont il peut apprécier la taille. Constater à quel point lui, Galen Erso, est capable d’exciter Orson Krennic, c’est… indescriptible. Il ne le provoque plus, cette fois… loin de là, même. Il s’applique, plutôt, à céder à tous les caprices et à tous les désirs de son amant. De ses doigts pas encore experts, il masse lentement ses testicules en même temps qu’il laisse sa langue courir le long de sa virilité. Il en lèche ensuite longuement le sommet, infligeant à son amant la plus douce des tortures avant de finalement céder à cette exigence délicieuse et d’envelopper entièrement son membre de sa bouche. Il le prend aussi profondément qu’il le peut jusqu’à la garde, avant d’entamer un mouvement de va-et-vient d’une lenteur qu’il veut exquise, le regard levé vers le visage de celui dont il veut pouvoir contempler la moindre expression de plaisir.