TW: meurtre, tentative de meurtre, violence, mort, adultère (mention), poison, serpents, relations toxiques, guerre (mention), exécution (mention)

traduction:

Vers la lune immaculée, ses yeux se lèvent. S'immobilisent. Et un moment durant, se surprend-elle à se demander si ses yeux lui jouent un tour. Si la lune prenait réellement la couleur de cette tache qui continue à s'imbiber sa robe. Mais avant d'avoir de réponse, ses paupières se ferment, et elle sombre. Sombre vers le doux au-delà, alors que les images dans son esprit défilent.

Le visage de sa mère et l'odeur des roses.
Les cris qui s'élèvent dans les airs lorsque les pacificateurs encerclent le Covey, s'amplifiant d'avantage encore lorsque son père s'effond, frappé d'une balle, et que sa mère peu après seulement le suit vers le doux au-delà.

"Quelle ironie, ne penses-tu pas, papa ?
Qu'au final, on trouve tous les deux la même fin."

Pensée passagère qui trop rapidement prend fin, tout comme les vies de ce frère et cette soeur aînés dont elle ne garde peu de souvenirs.

Une autre ère qui s'est terminée dans le sang. souffle un faint écho dans son esprit. L'ère de liberté et de voyage du Covey, éteint le jour où c'est un mauvais tournant qu'ils ont choisi d'emprunter. Une enfance protégée et aimée qui s'efface lorsqu'on les force à grandir bien trop vite. Barb Azure. Clerk Carmine. Tam Amber. Billy Taupe. Et la petite Maude Ivory qui alors n'est qu'un nourrison. A eux six, sont-ils les seuls survivants du Covey d'antan, et à la place de l'amour de leur famille, c'est désormais à l'indifférence de l'homme qui les accueille qu'ils font face. Mais ils s'avaient eux. Ils avaient les instruments de leurs parents décédés. Et c'était assez.

Le soleil mourant peint le ciel d'embruns d'or et de feu. "Chante une autre chanson, Lucy Gray." De ses yeux immaculés, Maude Ivory observe sa cousine, alors que sa couronne de fleurs sauvages, bien trop grande pour sa petite tête, glisse toujours plus le long de son visage, menaçant à tout moment de voiler son regard. Mais de cela, la cadette du Covey ne semble que trop peu consciente, tappant de ses petites mains comme un applaudissement.  "Celle avec mon nom" Tous les membres du Covey devaient leur nom à une chanson, et Maude Ivory n'échappait pas à cette règle - et depuis que, du haut de ses trois ans, elle a appris cela, la petite fille ne cessait de réclamer sa chanson.

Puis le visage de Maude Ivory se transforme. Toute l'innocence s'estompe et son rire se meurt pour laisser place aux cris que provoquent les cauchemars récurrents. 'L'innocence de celle qui est sans doute la meilleure parmi nous tous, une autre victime de la moisson.'

Mais cette image-là bien trop rapidement s'estompe, elle aussi, et c'est un autre visage qui vient envahir son esprit. Lui.

traduction:

Leurs rires qui s'entremêlent, alors qu'il sort une bouteille jusqu'alors cachée sous sa veste. Taquin est le sourire qui illumine son visage, mêlant amusement et défi comme seul elle sait le faire - et pour une fois, sourire et flirt ne sont-ils pas qu'une façade.
Pas face à lui, celui qui l'a vu lors des pires moments de sa vie.
Pas face à lui, qui la faisait se sentir si vivante.

"On a bien travaillé ce soir.", alors qu'elle pose quelques tranches de pain et un pot de miel devant lui - son 'salaire' pour la soirée.
Mais au lieu de se montrer reconnaissant, il arque le sourcil Billy Taupe.
"Et tu veux vraiment me faire croire qu'on t'as donné ça juste pour ta voix ?"
Vers le ciel, les yeux de Lucy Gray s'élèvent. Toujours leurs conversations reviennent à ce sujet - et pourtant, ils ne sont pas si différents. Ils jouent, chacun à leur manière. Elle sur les apparences et les désirs, titillant les fantasmes sans jamais les assouvir. Lui avec la chance et les illusions.
"Peut-être. Mais au moins, j’ai fait ça avec un sourire, pas avec une paire de dés pipés."
Malgré ce que ses paroles laissent croire, elle ne l'en empêche jamais. Elle l'y encourage même, car cet argent, ils en ont plus que jamais besoin, maintenant que l'homme qui leur avait fourni un toit durant tant d'années est mort du poumon noir, le fléau des mineurs.
"J'ai entendu que le maire cherche quelqu'un pour donner des cours de piano à sa fille. Tu devrais te proposer - on a besoin de cet argent à la maison."

Des paroles qui devaient devenir la hantise des années à venir. Elle avait poussé son amant à donner des cours de musique à Mayfair Lipps. Sauf qu'il a fait plus que cela. Il a cru pouvoir avoir les deux femmes en même temps sans qu'elles le sachent - mais elles avaient fini par le découvrir. Et la jalousie maladive de Mayfair avait pris le dessus, jusqu'à convaincre son père de déclarer Lucy Gray comme représentante du District 12 lors de la dixième édition des Hunger Games.

traduction:

Puis les images défilent trop rapidement pour leur donner un sens.
Les visages des autres membres du Covey, alors qu'elle chantait pour ce qu'elle croyait être la dernière fois. Jessup, l'autre âme damnée, qui tout le trajet durant veillait sur elle, tentant de la protéger des chauves-souris.
Puis lui.
Le garçon qui l'attendait avec une rose sur le quai d'une gare délabrée. Qui s'était faufilé dans le van transportant les tribus jusqu'au zoo de la Capitole, et avait failli payer ce geste de sa vie lorsque les autres tribus se sont tournés contre lui. Qui avait quelque chose dans son regard, dans son attitude, qui l'avait poussé à le protéger. A s'attirer la haine de Coral, également, en suggérant que son mentor à elle n'avait pas du être assez inspiré pour venir l'accueillir à la Gare, adressant un clin d'oeil joueur à Coriolanus. C'était la première fois qu'elle l'avait sauvé. Et avec chacune de leurs rencontres, ils avaient continué à se rapprocher. Aussi étrange que cela pouvait sembler, le garçon qui était l'incarnation ambulante du Capitol et des Jeux était aussi celui avec lequel elle pouvait baisser sa garde, lui laissant entrevoir terreur normalement si habilement cachée derrière ce masque de femme charmeuse et espiègle qu'elle enfilait devant les habitants du Capitol. La première étincelle d'une romance, promise à s'éteindre dans l'arène. Mais c'était sans compter sur lui. Lui qui avait tout risqué pour lui aider, brisant tous les règles pour lui donner un avantage.
Le poudrier de sa mère pour stoquer la mort-au-rat qu'elle pourra utiliser contre les autres tribus.
Et le mouchoir de son père qui avait essuyé ses larmes, avant de la sauver face à une mort assurée, comme elle devait l'apprendre plus tard.

Elle émerge des ténèbres, dansant doucement, sa voix tissant un "la" enchanteur. Pour la première fois depuis son arrivée dans l'arène, n'est-ce pas aux autres tribus qu'elle pense. Pour la première fois, ne regarde-t-elle pas par dessus son épaule, son regard rivé vers les créatures qui désormais l'encerclent, s’enroulèrent autour d’elle, leurs écailles scintillantes formant une jupe vivante, ondulante.

'C'était la fin.
La dernière performance de Lucy Gray Baird.
Et elle assurera que celle-ci sera remarquable.'

Alors, d’un murmure fragile, elle entame une chanson douce et tendre, une mélodie si pure qu’elle ensorcele les serpents et spectateurs. Si elle devait aller vers le doux au-delà, elle le fera en étant elle-même. Elle le ferait en faisant ce qu'elle aime par dessus tout. Et elle assurera qu'avant qu'elle disparaisse, Coriolanus soit au courant de ses sentiments naissants.

Puis une fois de plus, les images changent, défilent. Treech qui lève sa hâche, et la manque de justesse, avant d'être mordu au cou par un des serpents arc-en-ciel. Serpent qu'elle l'y a posé. Sa seconde victime, mais pas la dernière. L'image de Reaper se forme dans son esprit. 'Juste un acte de pitié. Il allait mourir de toute manière. Et au moins, ça lui a évité la souffrance de la rage.' souffle la petite voix dans son esprit, sans pour autant apaiser sa culpabilté.

Puis les horreurs de l'arène ont pris fin. Casca Highbottom s'était assurée qu'elle soit escortée jusqu'au train qui la ramenerait chez les siens, une bourse remplie dans ses mains et mots qui ne cessaient de résonner dans son esprit. "Tu es chanceuse d'avoir survécue Coriolanus Snow." Et pourtant, elle s'était empressée d'oublier ces mots - après tout, elle retournait auprès du Covey. Elle ne reverait plus ce garçon qui hantait son esprit et son coeur; le garçon qui avait tout risqué pour la sauver, et qui désormais devait en payait les frais, exilé au District 8. Loin de sa famille. Loin d'elle.

traduction:

Elle est de nouveau à la Plaque, jouant avec son audience comme elle a si souvent pu le faire dans le passé. Et pour l'espace de quelques instants au moins, elle parvient presque à oublier les horreurs des dernières semaines. Pendant quelques instants, son monde semble normal. Elle chante, flirte comme si tout allait bien. Et à la fin du spectacle, Maude Ivory fait le tour de la salle, récoltant les dons des spectateurs avant de revenir les yeux brillants - mais pour Lucy Gray, la vision qui s'offre à elle ce soir là est plus douce encore que les sucrerie que sa petite cousine lui rapporte.
Il est là, lui.
Il est au District 12.

Le début d'une romance estivale , des jours volés au District 12, faits de rires discrets et de regards partagés sous le soleil écrasant. Elle l’entraînait dans son monde, tissant des chansons au cœur de leur clarière, tandis qu’il s’accrochait à cet éclat de vie qui contrastait tant avec la sienne.

Mais c'était avant.
Avant que leurs rêves s'heurtent à la réalité.

Au meurtre de la fille du maire - ce doux été se figea, marqué à jamais par la peur. Coriolanus l'avait tué pour la sauver elle, empêchant à tout jamais Mayfair de mettre ses dernières menaces en action. Et pour cela, elle l'aimait, aussi étrange que cela pouvait sembler. Il l'avait sauvé, une fois de plus - mais désormais, l'ombre planait au-dessus de leurs têtes. Le Maire qui chaque jour augmentait d'avantage la pression sur les Pacificateurs pour l'arrêter, elle. Les pacificateurs qui cherchaient l'arme qui signerait la mort de Coriolanus. Ils se voyaient fuir loin du District 12, loin de Panem et l'ombre de la mort pour vivre cette idylle dont ils parlaient autrefois au bord du lac, lorsque leur futur semblait encore si brillant - mais cette fuite, elle a pris une fin précoce lorsque dans le cabane au bord du lac, ils découvrirent le seul objet se dressant entre Coriolanus et le futur dont il rêvait à la capitale. Et en l'espace de quelques secondes, elle avait réalisé que le seul obstacle qu'il restait, c'était elle.
Billy Taupe était mort.
Spruce avait été pendu.
Sejanus avec lui.
La seule témoin de l'acte, c'était elle désormais.

Face à cette scène, pour la première fois depuis tant de mois, le corps de la brune s'agite, comme si une fois de plus, elle courait dans la forêt. Comme si une fois de plus, elle courait pour sa vie.

traduction:

Bip. Bip. Bip.
Strident est ce bruit répétitif qui la tire du monde des souvenirs, tirant sur ce pied qui a déjà franchi la porte du doux au-delà pour la ramener parmi les vivants.
"Vous vous êtes enfin réveillé. Vous avez eu de la chance, un peu plus et on n'aurait rien pu faire pour vous."
Trois mois, elle les a passé dans un coma si l'on en croit l'infirmière - et pourtant, si l'on se fie aux étranges papiers de ce nouvel monde, trois années se sont écoulées depuis l'été de la moisson. Depuis lui.
7 mois qu'elle parcourt un monde dans lequel tout lui parait étrange. Sept mois qu'elle ne peut s'empêcher de constemment regarder au-dessus de son épaule. Un pied toujours dans l'arène, et l'esprit hanté par la trahison de celui qu'elle a aimé sans retenue.

It's the things we love most that destroy us.


en vrac :
continue de composer des chansons pour donner un sens à ce qu'elle vit ♫ ♪ n'ose pas remonter sur scène, craignant qu'il la retrouverait; pourtant, la scène lui manque chaque minute et chaque heure ♫ ♪ pourtant, hante les réprésentations musicales dans l'espoir d'y apercevoir un des membres du Covey, un pincement au coeur à chaque fois qu'elle découvre que les visages du groupe lui sont inconnus ♫ ♪ a pris l'habitude de toujours garder des petites réserves de nourriture & eau sur elle ♫ ♪ loue une petite maison délabrée en bordure de Mirkwood, qui lui rappelle la maison dans laquelle elle vivait autrefois avec ses cousines et les autres membres du Covey - et pourtant, elle passe plus de temps en forêt que dans la maison, trouvant entre les arbres au moins un semblant de paix ♫ ♪ réagit brusquement aux bruits soudains, un pied toujours dans les Hunger Games, bien qu'elle ne saurait dire si ce sont ceux du Capitol, ou ceux dans lesquels sa relation avec Coriolanus a dégénérée ♫ ♪ instinctivement, prend note des échappatoires potentiels ♫ ♪ a une fascination pour la musique moderne qu'elle découvre un peu plus chaque jour à son lieu de travail, bien qu'elle continer de préférer les versions accoustiques ♫ ♪ profite des moments sans clients pour apprendre à jouer de nouveaux instruments, ou composer sur sa guitare ♫ ♪ même des mois plus tard, elle peine toujours à s'habituer aux horaires de travail fixes ♫ ♪ aime se promener la nuit, loin des lumières artificielles, lorsqu'elle peut presque s'imaginer observer les ciels du District 12 ♫ ♪