Les derniers rayons du soleil disparaissaient à l'horizon tandis que les couleurs chatoyantes du jour cédaient leur place à l'obscurité...
Isolé dans un laboratoire, Heimerdinger poursuivait ses recherches. C'était l'expérience numéro 28, il s'agissait cette fois de reconnecter une pied robotique à un système nerveux. Des différentes expériences réalisées jusqu'ici, c'était l'une de celles qu'il le moins réalisée. Chaque connexion nerveuse disposait de ses particularités et il fallait pouvoir expérimenter sur chacune de ces connexions pour prévoir les aménagements nécessaires. La prothèse était fonctionnelle et adaptée à la taille d'un enfant.
Relisant ses notes, le vieil homme faisait en même temps traverser le courant à travers l'appareil afin de s'assurer que le signal nerveux pourrait être rétabli. Il avait à sa disposition des morceaux de peau, permettant d'assurer la jonction et la conductivité humaine.
Mais la fatigue avait pris le pas sur Heimerdinger et le gel spécifique préparé dans sa prothèse n'était semble-t-il pas présent en suffisance. Le courant ne traversait pas jusqu'aux orteils. Il lui en fallait plus.. Soupirant un bref instant, le vieux professeur était contraint d'arrêter là son expérimentation. A force de rester là l'après-midi, il avait les cheveux légèrement ébouriffés et portait comme à son habitude une chemise anthracite dont il avait retroussé les manches, concentré sur son travail. Sur son torse, son badge d'identification était accroché à la poche de sa chemise. Il ôta les gants et le masque de protection nécessaires au bon déroulement de l'expérience qui n'étaient désormais plus nécessaires.
Déconnectant les machines qui alimentaient chaque parcelles de l'expérimentation, il recula et tourna la tête vers l'horloge. Au fond, peut-être n'était il pas trop tard pour obtenir sa base d'expérience. Attrapant la dernière fiche de concoction chimique du produit dont il avait besoin, il l'enfourna dans la poche de sa chemise.
Décidé à tenter sa chance, il pressa le pas vers la porte, fermant le laboratoire derrière lui avant de s'élancer vers les escaliers qui menaient au premier étage. Son seul espoir d'obtenir le liquide nécessaire était de se rendre à la pharmacie de l'hôpital. Il fallait combiner à la fois du liquide de conduction, utilisé pour la circulation du courant, du liquide physiologique et d'autres éléments pour que cela ne vienne pas perturber le courant nerveux humain dans un environnement robotique.
Cela faisait plusieurs mois qu'il répétait le procédé avec réussite. Aidé d'un des pharmaciens qui s'était dévoué avec plaisir à la tâche, changeant des préparations les plus usuelles qu'il pouvait réaliser chaque jour. N'étant pas présent en permanence, le pharmacien soucieux avait même pris le pli de former le reste de son équipe à la préparation, bien décidé à aider le professeur et faire varier un peu le quotidien de toute son équipe.
Les couloirs de l'hôpital étaient silencieux, une partie même étaient éteints, éclairés uniquement par les lumières d'évacuation habituelles, le personnel de nuit prenant doucement la relève des équipes de jour.
Après seulement quelques minutes de marche, le professeur atteignait la pharmacie qui semblait malheureusement fort silencieuse. Derrière le guichet, plus aucun accueillant n'attendait de nouvelles commandes. Habitué des lieux, il passa son badge à la porte à gauche du guichet afin de se rendre dans la pièce derrière celui-ci, là où l'on retrouvait à droite et gauche des machines permettant la mise en gélules des médicaments préparés. Derrière les machines de finalisation s'étendaient différents équipements de préparation sécurisés sur des tables, le tout protégé de tout élément externe qui pourrait gêner la préparation par des vitres épaisses, formant un réel aquarium à taille de géant. Plus personne ne semblait non plus occupé là mais pourtant la lumière était encore allumée, signe qu'il devait rester quelqu'un encore à cette heure.
Décidé à tenter sa chance jusqu'au bout, Heimerdinger continua sur la gauche, regardant au travers de la porte vitrée et sécurisée la salle contenant les différentes armoires munies de tous les produits dont disposait l'hôpital. La salle était vide.
Son dernier espoir consistait à l'espace du personnel, accessible depuis le fond de la pièce et où les différents laborantins et pharmaciens se réunissaient avant de débuter leur travail ou pour reprendre leurs affaires. En ouvrant la porte, et croisant le regard d'une pharmacienne encore présente sur place, le professeur ne pu réprimer un léger sourire de soulagement.
Il ne s'agissait pas d'une pharmacienne qu'il ait déjà vu. La demoiselle était toujours vêtue de sa blouse de travail. Elle avait les cheveux blonds mi-longs et un regard atypique qui avait distrait un instant le professeur. Il avait vu bien des choses au cours de son existence mais l'hétérochromie dont disposait la jeune femme était pour le moins atypique, un œil rouge se distinguait du vert. Un mélange particulier tout autant que pouvait l'être son prénom, Melinoë, écrit sur son badge comme tout praticien de l'hôpital.
A peine un fragment de seconde s'était écoulé avant que le professeur ne prenne la parole, tendant sa main devant lui vers la jeune femme, un sourire chaleureux s'étant dessiné sur les lèvres du vieil homme :
Bonsoir Melinoë, je suis Cecil Heimerdinger. Je travaille comme doctorant en médecine robotique. Enchanté !
Même s'ils étaient destinés à remplir chacun leur fonction au sein de l'hôpital, Heimerdinger prenait toujours le temps de rencontrer chaque intermédiaire avec qui il travaillait et parlait souvent un peu plus longuement avec eux. Sans eux, tout travail serait impossible et même si leurs domaines d'expertise étaient différents, il se plaisait à les considérer comme ses collègues.
Néanmoins, l'heure était tardive et il ne souhaitait pas non plus retenir Melinoë trop longuement après ses heures. Aussi, il prit le pli de sortir de sa main libre la feuille détaillant les composés chimiques nécessaires pour la préparation.
Aurais tu encore le temps aujourd'hui de m'aider avec une préparation par hasard?
Le professeur gardait un visage calme, il accepterait sa réponse quelle qu'elle soit. Après tout, chacun avait le droit de finir à l'heure sa journée et le shift de nuit, qui n'était plus qu'à quelques minutes, n'était pas prévu pour les services de pharmacie de l'hôpital.
☼ Tu as des cheveux assez courts que tu as tendance à teindre et à changer assez souvent, selon ton humeur même s'ils sont à l'origine blonds.
☼ Ton bras gauche porte des traces de brûlures qui ne sont jamais parties mais elles ont pris la place de ton bras fantomatique en attendant qu'il revienne un jour.
☼ Tes yeux ont deux couleurs différentes, ton œil droit est vert alors que le gauche est d'un rouge flamboyant.
☼ Sur ton temps libre, tu apprécies faire un peu d'escrime afin de ne pas perdre totalement la main.
Si tu es plutôt partisante d'une étude approfondie et d'un investissement sans faille dans ce que tu fais, il faut bien avoue que la pratique est beaucoup plus attrayante que de rester toute la journée ET toute la nuit devant tes cours, jusqu'à en perdre la tête. Heureusement, ta demande de stage auprès de l'hôpital avait été accepté même si ce n'est que pour quelques semaines et à peine deux jours par semaine à horaires variables. Tu prends ce qui vient et tu n'es pas du genre à râler si ça ne te plaît pas. Au fond, le plus important c'est que tu puisses apprendre de nouvelles choses auprès de nouvelles personnes. Ce savoir là est sûrement l'un des plus précieux qu'il puise exister en ce bas monde. Et puis surtout, ça te faisait sortir de ta bibliothèque ou de ton appartement et même si ça te plaît, ta petite routine, tu aimes aussi avoir un peu de changement. Tu en as parlé avec Van, bien entendu, parce qu'avec des horaires aussi changeant, tu risquais encore de rentrer à pas d'heures sans avoir le temps de prévenir. Ta colocataire était du genre à s'inquiéter un peu, beaucoup... En fait tu ne sais pas vraiment si c'est de la vraie inquiétude mais tu préfères toujours discuter de tout avec elle. Parce qu'elle est bien plus qu'une colocataire, c'est une amie si pas ta meilleure amie dans cette ville.
Ce soir-là, ça faisait déjà deux semaines que tu venais régulièrement à l'hôpital, que tu apprenais au fur et à mesure les pratiques courantes ici, assez différentes de ce qu'on peut t'apprendre à l'école ou dans les livres d'ailleurs. C'est bien pour ça que tu préfères être sur le terrain, être face à des situations parfois urgentes. Même si le travail te plaît bien, il faut dire que tu as parfois du mal à suivre la cadence. Tout va très vite et tes formateurs ne prennent pas toujours le temps de te former. Heureusement, tu es du genre à te débrouiller seule et sans avoir peur, alors tu t'adaptes, comme souvent. Tu te montres très curieuse de tout ce qu'il y a à faire et tu aides comme tu peux aider. Ce n'est pas toujours évident mais tu aimes ça, tu aimes cette frénésie qui règne dans ces lieux, ces moments sans aucune pause, sans pouvoir penser, rêver.
Et d'ailleurs, cette frénésie te pousse souvent à ne pas voir l'heure passer. Déjà que quand tu te plonges dans tes livres, tu dépasses souvent l'heure à laquelle tu t'es limitée mais alors ici c'est pire ! Tellement que la plupart de tes collègues sont déjà partis alors que toi tu termines les différentes préparations requises pour le service de chirurgie. L'ambiance est calme alors que tu te trouves encore dans cette adrénaline mais il faut te rendre à l'évidence que seule, tu ne peux pas tout faire et tu en as surtout pas le droit. Tu n'es qu'une stagiaire finalement. C'est en faisant un peu la moue que tu décides de rentrer chez toi. Disposée dans l'endroit dédié au personnel, tu te poses quelques instants afin de regarder ton téléphone et les différents messages qu'il peut y avoir dessus. La nuit est déjà tombée et tu redoutes un peu de tomber sur une avalanche de messages de Van' mais ça ne semble pas le cas. Tu soupires un peu, fatiguée de cette journée et tu ranges ton téléphone, t'étirant et te tournant légèrement avant de tomber sur quelqu'un qui vient de rentrer. Tu sursautes un peu, tu ne l'as pas entendu arriver. Tu croises son regard et tu remarques qu'il semble soulagé. S'il était arrivé quelques instants plus tard, tu aurais été bien gênée d'avoir commencé à enlever tes vêtements...
Tu prends un instant pour le regarder, un peu silencieuse et soulagée que ça ne soit pas un fou car tu le reconnais. Tu l'as déjà vu plusieurs fois, de loin sans que lui ne puisse te voir. Heimerdinger qu'il s'appelle. Il vient souvent pour avoir de l'aide pour ses préparations. Tu sais d'ailleurs que le pharmacien en chef de l'hôpital a formé la plupart de son équipe à cette fonction. La plupart mais pas toi, parce qu'encore nouvelle... Le professeur te salue alors, se présentant. Tu affiches un léger sourire avant de faire un petit geste de la tête pour le saluer.
« Bonsoir, nous n'avons pas encore eu la chance de se voir mais je sais déjà beaucoup de choses sur vous et sur votre travail ! Enchantée de faire votre connaissance. » Que tu lui réponds avec un mélange d'enthousiasme et de fatigue. Tu ne pensais pas qu'il serait encore là à cette heure. Et vu son soulagement, tu te doutes qu'il vient pour de l'aide. Et tu ne t'es pas trompée car il te demande si tu as encore du temps pour l'aider. Tu glisses alors ton téléphone dans ton sac avant de passer une main dans tes cheveux. Ce n'est sûrement pas raisonnable mais tu n'as pas envie de laisser passer une chance de travailler à ses côtés. « Bien sûr ! Ca serait même avec plaisir. » Tu ne perds pas ton sourire avant de laisser tomber ton sac pour le rejoindre. Mais tu t'arrêtes à mi chemin, un peu gênée. « Hmmm.. Par contre... Je n'ai pas encore pu aider à faire vos préparations. Je ne risque pas d'être un poids au moins ? Enfin... J'apprends vite ! » Et c'est vrai, tu es sûrement l'une des apprenties qui apprend le plus vite et bien surtout que tu montres une réelle motivation à apprendre. Mais tu préfères te montrer honnête avec lui afin de ne pas le fourvoyer sur tes compétences actuelles.
Le yordle était resté suspendu aux lèvres de la jeune femme qui lui faisait face, sans pour autant changer son attitude souriante, à l’attente d’une réponse.
Sans nul doute était-il à blâmer d’avoir surpris la jeune femme dans ses habitudes. Bien que légèrement embêté de venir solliciter la dame sans aucun doute après sa journée, il gardait l’espoir que la motivation pratique d’une expérience supplémentaire et inhabituelle puisse la motiver à rallonger de quelques minutes au moins sa journée. Même s’il n’avait pas mémoire d’avoir déjà croisé sa route, la jeune femme ne semblait pas craintive de sa personne, sans doute devait-il être un des seuls à venir de cette façon voir les laborantins et être ainsi plutôt « connu » du service.
Melinoë semblait fatiguée, sa voix légèrement épuisée, mais pour autant, elle ne le fit aucunement remarquer et lui sourit en retour, lui rendant sa salutation et rajoutant même qu’elle savait qui il était et ce qu’il faisait. Non pas que le vieil homme cherchait à être reconnu où qu’il aille comme il avait pu l’être par le passé, ne pas être un inconnu insignifiant ne pouvait qu’être plaisant pour tout individu.
Alors qu’il sortait le papier de préparation de sa poche, elle glissa son téléphone dans son sac et souligna qu’elle était prête à l’aider. Le sourire d’Heimerdinger s’élargit alors qu’il entendait ce répondant positif de la part de la demoiselle. Même s’il ne l’exprimait pas forcément oralement, on pouvait sans nul doute remarquer à son facies que l’homme était très satisfait de la réponse de la jeune dame et s’en réjouissait.
Le professeur rouvrit la porte derrière lui, attendant que Melinoë lui emboite le pas afin de se rendre à la salle des produits puis celle d’expérimentation. Ne souhaitant pas la presser, il fit simplement barrage à la fermeture de la porte avec son corps, laissant amplement de l’espace pour qu’elle puisse le devancer vers la salle suivante. Mais contre toute attente, cette dernière s’arrêta et l’interrogation se marqua d’elle-même sur le visage du yordle. Les sourcils légèrement soulevés, il écoutait la demoiselle expliquer qu’elle n’avait pas encore pu réaliser les préparations qui les occupaient. Elle semblait inquiète de le déranger mais volontaire d’apprendre. Et cela suffit à rendre son sourire au vieux professeur.
Quoi de mieux que finir une journée en apprenant quelque chose de nouveau dans ce cas ? Je suis certain qu’une vision nouvelle apportera peut-être même des choses intéressantes à cette expérimentation. Mais il vous faudra être indulgente, cela fait bien des années que je n’ai plus endossé le rôle de professeur
Intérieurement, il se perdit à penser que cela était presque dans une autre vie tant son temps à Piltover et Zaun lui semblait loin. Son sourire essuyait peut-être un brin de mélancolie tandis qu’il continuait à maintenir la porte, décidé à laisser la jeune dame passer devant lui, toujours la main tendue avec la formule couchée sur le papier prête à être lue par cette dernière.
Celle-ci ne se laissa pas attendre pour prendre le papier des mains du yordle et le déchiffrer. Il la suivie ensuite vers la salle des produits, avant de suggérer physiquement son badge pour y entrer. La salle était sécurisée et il n’était possible d’y accéder que de cette manière, rendant toute sortie d’ingrédient traçable. Après tout, il ne souhaitait pas lui causer de problème du fait qu’elle aurait été récupérer seule des ingrédients, d’autant plus alors qu’elle avait souligné ne pas y avoir été formé mais malgré tout être d’accord de l’aider. La gentillesse d’une apprentie motivée se devait d’être encouragée selon lui. Avant d’entrer, des boites de gants stérilisés étaient à disposition pour pouvoir manipuler les produits sans les contaminer. Le professeur regarda un instant les mains de la demoiselle avant de poursuivre. Elle semblait avoir des mains assez élégantes même si l’on pouvait discerner qu’une poignée de main serait loin d’être si douce.
Quelle taille portez-vous? S ? M?
Il prendrait les siens après elle, ainsi cela lui laissait la possibilité d’user d’abord de son badge pour ouvrir la porte.
☼ Tu as des cheveux assez courts que tu as tendance à teindre et à changer assez souvent, selon ton humeur même s'ils sont à l'origine blonds.
☼ Ton bras gauche porte des traces de brûlures qui ne sont jamais parties mais elles ont pris la place de ton bras fantomatique en attendant qu'il revienne un jour.
☼ Tes yeux ont deux couleurs différentes, ton œil droit est vert alors que le gauche est d'un rouge flamboyant.
☼ Sur ton temps libre, tu apprécies faire un peu d'escrime afin de ne pas perdre totalement la main.
Tu as toujours eu cette attitude assez curieuse, désireuse de tout connaître, de tout savoir sans pour autant te montre comme une je sais tout, c'est pour ça que tu savais très bien qui était cet homme qui se présentait à toi en cette heure tardive. Il avait une certaine renommée que tu respectais au plus haut point. La médecine était un domaine que tu admirais sans pour autant en vouloir faire complètement partie, parce que tu ne t'es jamais sentie légitime. Tu ne peux donc pas refuser sa proposition, bien trop emballée par les connaissances que tu allais acquérir. Par contre, dans cette légère euphorie, tu ne penses pas à prévenir Vanellope, ce qui te revaudra peut-être encore une crise au petit matin mais rien de bien grave, c'est ce qui fait le charme de tes échanges avec elle finalement. C'est avec un sourire aux lèvres que tu rejoins Heimerdinger, passant la première porte d'une longue série, tu le sais. Tu appréhendes un peu sa réaction quant à ton honnêteté mais l'homme était réputé pour être doux et compréhensif, ce qui se confirme dès l'instant où il te répond d'ailleurs. Tu ne peux réprimer un léger soupir de soulagement surtout qu'il semble plein d'espoir quant à ce que tu peux lui apporter. Un peu par reflexe de ce monde différent dont tu proviens, tu lui adresses une légère révérence. « C'est un réel honneur de vous seconder dans cette tâche, j'espère ne pas vous décevoir. » Que tu lui réponds avec un sourire en te redressant. Quand il te précise que ça fait longtemps qu'il n'avait pas endossé le rôle de professeur, tu penches légèrement la tête, curieuse.
« Je serais la plus indulgente qui soit ! Vous avez donc déjà enseigné ? Quelle matière ? » Tu t'emballes peut-être un peu, curieuse d'en savoir un peu plus alors que tes pas te guident vers la prochaine porte. Dans cette euphorie, tu mets un certain temps avant de remarquer le papier qu'il te tend mais tu finis par l'attraper et à le parcourir sans plus attendre. Tu es excitée comme une puce mais tu essayes de le cacher afin de rester professionnelle face à lui mais ces nouvelles expérimentations ont tendance à te pousser à aller plus vite, plus loin. Peut-être un peu trop vite d'ailleurs. Tout en balayant chaque chiffre, chaque notion de la formule, tu t'avances sans vraiment regarder devant toi. Heureusement, tu as une bonne gestion de l'espace pour ne pas te prendre chaque élément qui se trouve sur ton chemin. Pour la prochaine porte, tu le laisses gérer avec son badge, ne prenant pas le risque de d'y entrer sans autorisation. Tu connaissais les risques, même si différents des Enfers, enfreindre ou essayer des choses sans savoir pouvait être dangereux, ton bras humain brûlé en était la preuve.
Tes yeux se détachent enfin du morceau de papier que tu as déjà déchiffré de bout en bout alors qu'Heimerdinger s'arrête afin de prendre des gants. Un peu rêveuse, tu relèves les yeux vers lui alors qu'il te demande ta taille. Tu penches ta tête sur le côté, tu es assez fine, légère même si forte. Tes nombreux entraînements, même depuis ton arrivée ici, ne laissent pas vraiment l'ombre d'un doute quant à la taille. Tu t'avances un peu vers lui avant de lui répondre. «Vous avez l'oeil. Du M sera parfait, pas trop petit ni trop grand. » Tu ne perds pas ton sourire et tu te permets même de les prendre et de les enfiler avec précaution. Tu trépignes mais tu restes calme, d'apparence, en tous cas. « Dans votre monde, les robots existent aussi ? » Que tu lui demandes, tournant ton visage pour le regarder. Chez toi, les robots n'existent pas, tu as d'ailleurs encore un peu de mal à te faire à cette technologie qui te dépasse un peu. Lui semble s'y connaître et pourrait sûrement t'aider à y voir plus clair. Tu n'y peux rien, tu as envie de tout savoir. Car si tu as compris les formules, la pure théorie, la pratique a tendance à t'effrayer un peu plus. Par pour la réalisation mais plutôt pour la compréhension, pour les raisons de ces créations.
Heimerdinger se contenta de sourire légèrement en baissant la tête en signe de reconnaissance alors qu'elle soulignait l'honneur qu'elle aurait à le seconder.
Loin de tenter de se vanter de la renommée qu'il avait pu développer progressivement ici, le vieux yordle était même plutôt d'avis de croire qu'elle lui apporterait bien plus que l'inverse. Jamais il n'avait eu de cesse de s'émerveiller des jeunes esprits qu'il avait eu la chance d'accompagner.
Les mots d'Heimerdinger lui avaient échappé quant à son passé, comme par réflexe, et ils attisaient manifestement la curiosité de Melinoë. Piquée au vif de son intérêt, elle était intriguée de savoir quelle matière il avait enseigné. Pris d'un air légèrement mélancolique, il répondit :
Oui, mais c'était pour ainsi dire dans une autre vie. J'enseignais les créations, inventer de nouvelles choses. On pourrait parler d'ingénierie ou de robotique mais je doute au cela couvre entièrement ce que j'apprenais à mes élèves. Ou faut il reconnaître que ces mêmes élèves m'en apprenaient tout autant voire plus encore ?
L'ancien professeur gardait beaucoup d'estime pour les choses qu'il avait pu découvrir au fil du temps. À terme, une fois que les élèves avaient appris, ils volaient souvent de leurs propres ailes et malgré sa guidance, cela n'empêchait pas à plusieurs de les brûler dès qu'ils entraient en contact avec l'air libre..
Tout en écoutant sa réponse, la jeune femme s'avançait en lisant la note préparatoire. Manifestement, elle connaissait l'endroit comme sa poche, si bien qu'elle n'avait même pas besoin de suivre des yeux sa destination. Brièvement à l'arrêt devant la porte d'entrée de la salle des produits, Heimerdinger se perdit un instant à regarder la jeune femme en lui répondant, elle ressemblait dans son être à ces jeunes élèves, remplis par l'envie d'apprendre, ambitieux de créer. Il retrouvait cette même lueur pleine d'idées inexplorées dans son regard.
C'est ainsi qu'il lui sourit doucement tout en tendant vers elle les gants taille M, comme demandés. Il l'observa enfiler les gants, soucieux qu'elle soit convenablement protégée dans l'expérimentation bien qu'aucun produit ne soit corrosif ou dangereux parmi ceux qu'ils manipuleraient. Peut-être d'ailleurs cette protection lui avait fait défaut par le passé, des traces de brûlures apparentes recouvraient son avant bras gauche et semblaient s'étendre plus haut encore. Sans le vouloir le regard du yordle s'y arrêta un instant, compatissant à ces douleurs qu'elle avait dû vivre, comme il avait pu lui même en connaître ou en voir, mais il ne souhaitait pas dans le même temps être indiscret et resta silencieux. Reprenant son sérieux, il enfila à son tour les gants tout en maintenant la porte ouverte de son pied, de sorte à ne pas la contaminer de bactéries extérieures à la pièce.
Alors qu'ils entraient dans les lieux, la jeune femme s'affaira à réunir le nécessaire, ce qui ne lui prenait qu'un bref instant. Le vieux yordle écarquilla légèrement les yeux, surpris de cette rapidité qui lui était totalement inconnue en ces lieux. Il lui fallait aussi bien avouer qu'à part le chef de service, il n'avait encore vu aucun des laborantins être si efficace à la récolte des ingrédients.
Mais Melinoë était qui plus est multi tâches et continuait en même temps la discussion avec le vieil homme. Des robots dans son monde? Etait-ce ainsi qu'il qualifierait les inventions qui le parcouraient alors que celles ci étaient en second lieu composées de magie après les pièces métalliques? Le visage du yordle affichait la surprise tant il n'était pas habituel d'aborder ainsi les origines qui pouvaient définir chacun d'eux. Il réfléchit un instant avant de délivrer sa réponse qu'il souhaita la plus proche de la réalité :
Même si les robots de ce monde s'en rapprochent, ils n'égaleraient jamais les inventions de là d'où je viens. Ce qui les anime ici suit un ordre logique et scientifique, tout s'explique depuis la première vis au circuit électronique et ses composants. Même si comme dans mon monde, ils sont composés essentiellement de métaux mais il y a plus. Il existe une autre force, une énergie à part qui les anime et leur permet d'évoluer dans mon monde. Y a-t-il ce genre d'inventions également de là d'où vous venez ? Ou cette force invisible capable d'animer les choses ou les modifier?
Le terme de magie était plus répandu dans son univers même s'il était aussi question d'autres appellations, l'hextech n'en était qu'une de plus. Et s'il devait retourner à sa terre natale c'était une sorte d'essence qui était naturelle chez chaque être. Loin d'être issu d'une création préalable comme l'hextech.. Mais cette magie pouvait tantôt être source de progrès, tantôt source d'oppression et il l'avait découvert à ses dépends.
La conversation se poursuivait tandis que les deux scientifiques avaient rejoint la salle d'expérience au centre des vitres protectrices. Le mélange allait pouvoir débuter, il faudrait manipuler les produits et les entremêler et il était partisant de laisser Melinoë s'en charger. Cela ajouterait aux expériences qu'elle avait pu réaliser jusqu'ici et elle semblait volontaire. Aussi, il tendit la main vers la première machine à utiliser, l'invitant à s'y installer.
Après vous. Souhaitez-vous essayer d'abord par vous-même ?
Loin de tenter de lui mettre la pression, il cherchait plutôt justement à ne pas limiter ses actions et lui laisser un maximum de liberté