(AU) Retribution ||Ft. Darlene

Ce n'était pourtant pas faute d'avoir été prévenue. Combien de fois Cisco avait t-il tenté de la mettre en garde quant à la Dark Army et s'était t-elle entêtée à solliciter leur aide tout en acceptant de courir les risques qu'impliquait irrévocablement leur implication ? Bon nombre de malheureux ayant eu la brillante idée de traiter avec eux n'étaient plus là pour en parler et ce n'était pas le fruit du hasard : le prix à payer était toujours très élevé. Hélas, l'avertissement de Dominique quant à la découverte de leurs activités était arrivé trop tard et maintenant, l'une comme l'autre se retrouvaient dans l'un des plus grands merdiers auxquels elle ait été confrontée. L'une comme l'autre d'abord ligotées aux chaises sur lesquelles elles avaient été installées au milieu de son propre appartement, leur avenir ne dépendait en apparences plus que du bon vouloir de cette taxidermiste détraquée qui prenait un malin plaisir à se jouer cruellement d'elles. Très vite, un autre élément perturbateur était pourtant rentré en ligne de compte : la résistance de sa binôme au saignement provoqué par le couteau ayant vicieusement été glissé dans son poumon. Son état semblait si critique que, même en recevant des soins médicaux adaptés sans perdre davantage de temps, la pirate informatique se demandait si la blessée n'était pas d'ores et déjà condamnée à la simple entente de sa respiration sifflante.

Les minutes paraissaient à la fois interminables et terriblement courtes face au dilemme qui se présentait à Darlene. Les suffocations de la flic agonisante empoisonnaient son esprit, l'empêchant de réfléchir convenablement, mais n'étaient pas encore parvenus à la convaincre de vendre son frère. La rousse avait beau se trouver en très mauvaise posture, elle-même la priait de camper sur ses positions et, tant que celle-ci était encore apte à parler et prendre des décisions qui la confortaient dans son intention initiale, la Alderson accepterait de s'y conformer. Le monologue interminable de Janice l'agaçait naturellement, mais le pire était encore à venir : loin de se contenter de ce qu'elle avait déjà accompli, l'impatience de celle-ci et la quasi impassibilité de sa prisonnière la força à augmenter son intimidation d'un cran. Entendre le détail de la famille à laquelle la vie serait ôtée si elle décidait de continuer à se murer dans le silence désarçonna la hackeuse : en plus d'avoir involontairement entraîné une personne avec laquelle elle avait autrefois eu le malheur de partager un simple coup d'un soir dans une véritable cagade, savoir que plus d'une douzaine d'innocents risquait de perdre la vie en ce soir de Noël par sa faute lui était insupportable. Les supplications éplorées de Dominique combinées à ses scrupules eurent finalement raison de la résistance qu'elle avait si vaillamment menée jusqu'alors, la forçant à céder. « Stop. Stop... » La brune n'avait jamais voulu en arriver là mais sa conscience ne lui permettrait pas de vivre avec la mort d'autant d'individus sur la conscience et, intérieurement, elle tentait de se réconforter en se disant que son frère aurait fait le même choix si celui-ci lui avait été donné. « Donne moi mon portable. Je vais te donner la localisation de mon frère. Je ferai ce que tu veux juste... ne leur fait pas de mal. » La mine satisfaite qu'affichait le visage de cette garce était presque suffisante pour réussir à lui filer la nausée, au même titre que ses mots. Pourrait t-elle un jour se vanter d'avoir réussi à faire le bon choix ou arriverait t-elle à la conclusion qu'il n'y en avait finalement eu qu'un seul à faire dans ce cas de figure ?  La principale concernée l'ignorait mais une chose était sûre : l'espoir l'avait officiellement désertée.

Compte tenu du temps s'étant écoulé dont elle n'avait plus la notion, la captive pensait désormais que son message n'était pas arrivé à temps. Avait t-il même simplement été transmis ? Bien qu'absolument rien ne l'y forçait véritablement, elle était convaincue qu'Alicia ne l'aurait jamais abandonnée si celui-ci lui était parvenu. Demander de l'aide n'avait jamais été son style et, bien qu'adepte des messages énigmatiques ou cryptés, un esprit aussi brillant que celui de la rouquine comprendrait que quelque chose d'aussi concis ne pouvait qu'être très mauvais signe. Plongée dans ses songes, la trentenaire ne réalisa pas tout de suite l'étrange ballet qui se déroulait pourtant sous ses yeux. Les hommes de main encore impassibles quelques minutes plus tôt commencèrent à s'agiter, certains d'entre eux allant jusqu'à s'éclipser de l'appartement afin d'en vérifier les abords : quelque chose ne tournait pas rond. Rongée par la culpabilité, ce fut la voix de sa sentinelle improvisée qui happa de nouveau son attention et la força à détourner les yeux de la masse de moins en moins réactive que représentait désormais son ancienne amante. « Dom ? » Souffla t-elle à son attention pour tenter de s'assurer que celle-ci était encore au moins un tant soi peu consciente. Une grimace étira ses traits lorsqu'elle n'obtint pas de réponse, ses yeux se fermant brièvement tandis qu'elle pria mentalement un dieu auquel elle ne croyait même pas pour qu'il ne soit pas déjà trop tard.

Le bruit de la balle combiné à celui d'un corps s'affaissant sur le parquet fut ce qui lui fit urgemment reprendre pied avec la réalité. Soudainement animée par une vivacité qu'elle ignorait encore posséder à l'heure actuelle, sa tête gesticula nerveusement jusqu'à s'arrêter sur la silhouette qu'elle avait maintes fois espéré voir arriver au cours de ces dernières minutes. Elle était venue. « Alicia ! » Prononcer son prénom l'aidait involontairement à se rendre compte de la présence de celle-ci et, aussi heureuse puisse t-elle être à pratiquement chacune de leurs entrevues, aujourd'hui avait décidément une saveur toute particulière. « C'est une longue histoire. » Un récit qu'elle n'avait pas le temps de détailler actuellement : le temps pressait. Une fois libérée de ses entraves, la jeune femme prit tout juste le temps de frotter légèrement ses poignets pour tenter d'apaiser la désagréable sensation y étant encore présente avant de laisser son attention être à nouveau harponnée par celle à qui elle devait présentement tout. « Je te promets que je t'expliquerai tout ce que tu veux savoir plus tard mais pour l'instant... j'ai encore besoin de toi. » Pour tenter d'attirer l'attention de sa compagne sur ce qui importait véritablement, ses mains vinrent brièvement enserrer ses poignets. « Des vies sont encore en danger, dont celles d'enfants. » Cette dernière précision en particulier ne pourrait que la convaincre d'agir, elle en était certaine. Toutefois, la priorité se trouvait à ses pieds : là où les hommes de Janice attendraient certainement aisément quelques minutes supplémentaires afin d'obtenir une instruction susceptible de les pousser à agir, celles-ci étaient comptées pour Dominique. Sans plus attendre, elle relâcha sa prise pour se précipiter à son chevet et coller trois doigts au niveau de la face antérieure de son cou afin d'y prendre son pouls, retenant sa propre respiration sous l'effet de l'appréhension. « ... Elle respire toujours. » Annonça t-elle finalement, un déferlement de soulagement envahissant l'ensemble de son être face à ce diagnostic qui pouvait toutefois encore vite basculer. « Je vais appeler une ambulance. Il lui faut des soins rapidement. » Loin de vouloir se la jouer gendarme prenant goût à distribuer des ordres, l'urgence de la situation la forçait toutefois à délaisser les quelques formules de politesse habituellement d'usages dans ce type de requêtes. S'empressant de récupérer son cellulaire, le numéro d'urgence fut vite composé et, une fois cette première urgence gérée, son attention se reporta sur la taxidermiste dont les agissements s'avéraient, hélas, encore cruciaux pour la suite des événements. « Elle tient ses proches en joug. Un seul coup de fil... » Expliqua t-elle brièvement à l'égard des renforts, l'expression de son visage toujours aussi grave : la situation n'était plus aussi désespérée mais elle n'en restait pas moins très grave.

ALICIA&DARLENE