Anthony + and admit defeat ? never... [TERMINE]

Elle était assise à une table de ce bar, la tête renfrognée à l’idée d’avoir un rendez-vous arrangé. Encore un. Pourquoi, dans ce monde-ci fallait-il obligatoirement être en couple. Encore un. Oh la bienséance n’était en rien similaire à ce qu’elle avait vécu jusqu’à présent. Elle n’avait pas cette épée de Damoclès au dessus de la tête, telle  une menace constante. Non, mais ici, aussi, elle devait être avec quelqu’un. Rien n’était dit ouvertement, mais le nombre de fois, qu’elle avait entendu cette question : « Alors côté coeur, quelqu’un ? » Elle avait envie de hurler non, non elle n’avait pas besoin d’un homme dans la vie, ici encore plus. Elle avait su crée sa propre entreprise, être son propre patron, réussir là où elle n’aurait jamais imaginé le faire auparavant. Mais voilà, ce n’était jamais assez suffisant pour la société de consommation. Elle devait être avec quelqu’un. Des sornettes, elle le savait. Mais lasse de devoir dire non à chaque fois, elle avait accepté ce rencard, avec un inconnu. Et comme si souvent dans sa vie sentimentale, elle sentait le piège arriver.

Elle regarde sa montre. Une fois n’est pas coutume, la voilà bien déçue de constater que son rencard, lui à eu le courage de ne pas venir. Elle rumine intérieurement et se commande un verre, avec pas mal d’alcool pour noyer une énième déception. Et finalement non, ça n’en est pas une, elle pourra rentrer plus tôt chez elle, s’installer dans son canapé, avec un pot de glace et regarder un film. Voilà, une perspective intéressante. Au bout de combien temps, peut-elle partir sans passer pour une ingrate ? Elle regarde de nouveau sa montre, il ne viendra pas, elle en est persuadée maintenant. Elle est prête à se lever.

Son regard se pose sur lui.

La respiration se bloque dans la poitrine, quelques secondes. Ce visage, bien évidemment elle le reconnait tellement. Elle l’a si souvent imaginé, rêvé, désiré de l’oublier et désormais elle le voyait. Était-ce seulement une blague ? Une blague de mauvais goût. Comme si le temps filait plus lentement, elle releva la tête vers lui. Lui, n’avait pas changé depuis la dernière fois où elle l’avait vu en compagnie d’une charmante jeune femme. Un nouveau sentiment prit alors possession de son corps, la colère… La jalousie. Elle papillonne plusieurs secondes, essayant de ne pas paniquer, ou partir en courant. Au lieu de cela, elle se voit dire.

« Monsieur. » Elle secoue rapidement la tête, se rendant compte de la stupidité de ses actes. Mais pourquoi donc l’avoir appelé de la sorte. Non pire encore, pourquoi donc l’appeler, alors qu’elle devait fuir. FUIR. Très loin. « Anthony ! »

Elle a bien évidemment mille questions à poser, d’autre à éviter avant de tilter d’un seul coup. Et si jamais c’était lui. Oh non, et si c’était lui son « date ».

Et si c'était lui ? Non c'était de très mauvais gout, elle le savait et pourtant une petite voix raisonnait dans sa tête, lui parlant d'un karma et d'un retour de bâton. A vrai dire elle ne savait pas si elle aimait tout simplement cette idée ou si elle voulait la réfuter immédiatement. Quoiqu'il en soit, elle se sentait mal à l'aise alors que lui, semblait sourire et être toute à fait sur de lui. Trop sur de lui, ce maudit Bridgerton.

« Miss Sharma. »

Elle n'aurait pas du apprécier l'intonation de sa voix et pourtant ce fut le cas. Elle fit un effort surhumain pour ne pas réagir à cela, mais en vain. Elle sentit une douce chaleur se diffuser sur ses joues ainsi qu'une crampe très agréable dans le bas de ses reins. Il fut mis à mal immédiatement quand elle se rendit compte que c'était déplacé surtout après tout ce qu'elle avait vécu depuis tout ce temps ainsi que son image en charmante compagnie. Elle était faible et elle détestait cela, du plus haut point.

« Comment allez vous ? » Elle ne savait pas quoi dire, tant cette question était loin de toute émotion quelconque comme s'ils avaient été de parfait connaissance. Cette fois-ci la colère et l'amertume la fit parler. « Très bien je vous remercie et vous ? »

Nerveuse, elle regardait de droite à gauche, espérant qu'il ne soit pas son rendez-vous. Ce serait un comble, une situation bien désagréable, pour tout le monde d'ailleurs. Elle plissa légèrement les yeux.

« Vous êtes de sortie avec votre sœur ? » Edwina.

Son visage s'assombrit immédiatement et pour de nombreuses raisons. La première, surement la plus importante. Edwina. Penser à elle lui rappelait combien elle lui manquait et combien elle ne l'avait pas retrouvé dans ce nouveau monde. Elle espérait de tout coeur qu'elle allait délicieusement bien où qu'elle soit. Le second sentiment qui vint en elle, fut bien évidemment la jalousie. Il pensait à elle et ce sentiment elle aurait tellement aimé ne pas le ressentir de la sorte. Mais c'était compliqué. Elle le fixa alors... Assez froidement pour le coup.

« Non, je n'ai pas revue Edwina depuis un long moment maintenant. » Elle prit une énorme bouffée d'air avant d'ajouter. « Excusez-moi, mais seriez vous mon rendez-vous ? » Sa question était idiote, elle savait, mais elle ne pouvait s'empêcher de la poser, pour se rassurer, ou non.

En face de lui, elle sentit un monde lointain s’ouvrir, malgré elle. Elle avait revu les membres de sa famille, elle l’avait même aperçut au loin il y a quelque temps. Mais là, elle devait tout simplement affronter sa personne à une distance malgré tout, très poche.

«  Ça va également, je vous remercie » Comme si de rien n’était.

Cette constatation déboussola légèrement Kate qui ne fit voir pas grand chose, hormis une expression très neutre sur son visage. Soit. Ce n’est pas comme si elle était surprise de le croiser, après tout, il était là. Elle le savait pourtant, elle n’en était pas moins, mécontente ? Excitée ? Elle ne saurait le dire.

«  Je suis désolé. Je n’avais pas pensé que vous seriez séparées. » Il semblait l’être. « À dire vrai, moi non plus. »

Edwina lui manquait cruellement, chaque instant, elle ne cessait de se poser cette question comment allait-elle ? Etait-elle heureuse là où elle était ? Comme pour Mary, elle se sentait un peu plus simple à chaque instant. Elle releva un regard vers lui.

« Votre rendez-vous ? » Au son de sa voix, elle sut immédiatement qu’elle venait de poser la mauvaise question. Un mélange de soulagement et d’effroi s’empara d’elle. Il n’était pas son rendez-vous ouf… Mais désormais il savait.

« Je dois vous avouer que je ne sais pas de quoi vous parler. » Elle se sentit étrangement mal à l’aise tout d’un coup. Il regardait autour d’eux comme si quelqu’un allait venir. Oui, normalement, mais vu l’heure qu’indiquait sa montre, elle venait surement d’avoir un merveilleux lapin. « Attendez … vous attendez quelqu’un ? Un homme ? »

Elle fut subitement piqué dans son orgueil. « Et donc ? »

«  Vous êtes en couple ? » Désormais elle était sous le choc.

C’était peu flatteur et grossier. Il sous entendait que ça pouvait être… détestable, ennuyeux ? Improbable ? Elle était bien conscience qu’elle n’était pas aussi jolie que sa soeur, après tout elle s’était faite à l’idée d’être le second choix, ou tout simplement ne pas être regardée. Mais dans la bouche d’Anthony c’était une insulte et elle sentit le rouge monter à ses joues. Rien de romantique, non c’était la colère. Comment pouvait-il être aussi désagréable ?

« Est-ce si improbable à vos yeux que je puisse être avec quelqu’un milord ? » Elle se redressa sur sa chaise, pour se montrer. Forte. Pour se donner du courage. « Effectivement, j’ai rendez-vous avez un homme, un rendez-vous galant, un date, comme ce monde aime le dire. Et je constate qu’il ne s’agit pas de vous. Soit. »

Elle regardait à droite et à gauche, souhaitant être sauvée. Mais ce n’était que dans les contes de fée, qu’une telle chose puisse se réaliser. Quoique désirait-elle seulement s’éloigner de lui, elle ne savait pas.

« Puis votre question est… déplacée ! » Comme si avoir le dernier mot, la rendait plus forte.

L'expression de son visage changea, plus grave comme si ses paroles avaient une quelconque importance. Il aimait sa famille, Kate n'en avait aucun doute, elle l'avait vu avec les siens, peut-être qu'il comprenait ce qu'elle vivait de son côté, la coupure assez violente avec ses proches. Elle ne savait pas exactement, mais à ce moment là, Anthony la toucha. Ce qu'elle refusa d'accepter.

« Avez-vous besoin d’aide pour la retrouver ? » Oui, avait-elle seulement envie de crier.

Mais une petite voix, toujours la même, ressentait comme une déception. bien sur qu'elle ne désirait qu'une seule chose, revoir sa soeur. Sa soeur, sa mère. Sa famille. La famille avait une telle importance pour elle, mais Anthony se montrait toujours très volontaire lorsqu'il s'agissait de sa soeur. Ce sentiment ne devait pas entacher son humeur, elle voulait revoir sa soeur, alors la réponse était bien sur la plus simple. Sauf... que de lui demander de l'aide signifiait le revoir par la suite. Le voulait-elle vraiment ? Elle se voilait la face quand à ses envies.

« Avec plaisir... Mais ne vous sentez pas obligé de cela. »

C'était étrange pour elle de se dire, qu'il l'aiderai à retrouver la femme qu'il voulait dans une autre vie épouser. Il ne semblait pas se rappeler des derniers instants qu'elle avait passé avec lui et elle s'en voulait un peu, ne sachant si cela avait eu l'importance qu'elle en avait. Mais elle ne voulait pas revenir dessus. Le temps avait fait son effet. Elle plissa cependant les yeux à ses mots et cette façon de dire les choses.

« Déplacé ? Vraiment ? Pourquoi cela ? » La réponse était pourtant claire, non ? « Cela ne vous regarde pas. Mes fréquentations m'appartiennent. »

Les mots étaient sortis si naturellement de sa bouche, qu'elle ne pu se retenir de poser sa main sur ses lèvres. Elle n'aimait pas particulièrement le ton qu'il prenait avec elle. Comme si cela était si surprenant. Mais bon sang, il n'avait pas à la juger. Elle était plus libre que tu ne l'étais.

« Vous aviez toujours dit que vous n’étiez pas intéressé pour vous trouver un mari ou quelqu’un. C’est donc surprenant de votre part. »

Elle fronça légèrement les yeux, surprise de l'aplomb que pouvait avoir ses paroles. Elles firent mal, bien évidemment. Parce qu'il avait raison, elle n'était pas ce genre de femme. Ce n'était pas une priorité dans une vie, elle pensait au bonheur de sa soeur, et elle savait qu'elle allait finir seule, bien sur mais dans ce nouveau monde, elle s'était dit... pourquoi pas. Mais elle ne voulait pas argumenter avec lui, à quoi bon ? Et pourtant, elle se tendait légèrement, afin de garder un certain défi dans le regard.

« Je ne cherche pas à trouver un mari. Juste que dans ce monde,  je ne fais plus partie des vieilles filles et qu'après avoir réussi professionnellement, j'ai tout le loisir de rencontrer quelqu'un. Rien ni personne ne me l'interdit. »

Elle laissa échapper un sourire de circonstance.

« Auriez-vous aimé que je sois votre date ? » Elle manqua de s'étouffer en entendant ses paroles, et ses joues se tintèrent d'une couleur pourpre.

Elle détestait réagir de la sorte, mais malgré une folle envie d'ôter cette pensée de son esprit elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer, un seul instant repasser du temps avec lui. Mais elle ne désirait pas cela. Elle avait des valeurs, elle... Elle était perdue mais n'allait pas lui dire.

« Vous ? Un libertin ? Vous connaissez déjà mon opinion sur la question, n'est-ce pas ? » Elle fit un mouvement de la tête. « Et je doute être à votre goût. » Elle souriait.

Avant qu'un homme ne vienne s'approcher un peu trop d'eux. Elle plissa les yeux, persuadée qu'il connaissait Anthony. Hors c'est vers elle, qui se pencha, souriant d'une dentition un peu trop parfaite.

« Kathani ? » Elle réprima une grimace, personne ne l'appelait comme cela. Personne.

« Ca n’est en rien une obligation, je vous assure. »

Elle ne saurait dire si ses paroles étaient sincères ou pas mais elle accepta son aide. Elle désirait plus que tout retrouver sa soeur, sa mère. C'était un moment lointain et elle voulait de nouveau se sentir un peu moins seule. Elle plissa légèrement les yeux, se doutant que cet élan de générosité venait surement, et non sans mal, d'un intérêt pour sa soeur, à quoi bon se voiler la face de toute manière. Elle était renfrognée et légèrement en colère, du ton qu'il pouvait avoir avec elle. Elle se rappelait  des derniers instants qu'elle avait eu avec lui, mais il semblerai que lui n'en est jamais tenu rigueur. Après tout, n'était-il pas réputé pour un être un libertin. Elle secoua la tête, non, elle n'allait pas rentrer dans ce cercle sans fin.

« Vous n’avez jamais été une vieille fille. Je ne sais pas pourquoi notre société voyait les choses de cette façon. »

Elle souriait alors, à la fois agacée et énervée. Il était un homme, un homme de la haute société, il ne savait pas ce que les femmes pouvaient endurer en étant tout simplement des femmes dans une société qu'était la leur. Elle poussa un soupir, se sentant obligé de répliquer quelque chose. Elle ne savait pas tenir sa langue, après tout.

« Et bien, il semblerai que vous ayez bien oublié comment était la société. Une femme, célibataire dépassant les 25 ans, était forcément catalogué comme une vielle fille. Je suis étonnée que vous puissiez l'oublier. »

Elle croisa les bras au niveau de sa poitrine. Ne regrettant pas l'époque d'où elle venait. Elle préférait vivre ici, elle était libre de choisir que faire, sans la présence d'un homme, d'un mari, d'un père dans son entourage. Elle était libre de choisir sa voie et elle devait admettre apprécier cela. Maintenant, il lui manquait sa famille.

« Oh ça oui, vous avez été assez clair sur le fait que … » Elle soupira, fronçant les yeux. « que... quoi ? »

Mais il n'y avait pas de réponse. Elle détourna son regard vers la personne qui venait d'arriver. Un inconnu dont elle se serait bien passé de la réponse. Elle détestait le sentiment qu'elle ressentait. Elle était déçue, déçue que ce soit lui, un homme qui d'apparence n'avait aucun charme. Mais elle ne s'arrêtait jamais sur ce type de détail, non. Mais il était agaçant de l'appeler comme tel. En un mot prononcé, elle savait que non, il fallait passer son chemin. Sauf qu'il y avait un spectateur dont elle se serait bien passé. Anthony.

« C’est ça votre date ? »

Le ton de sa voix, l'attitude. Elle sentit une pointe de révolte monter elle. Il le jugeait, d'une manière détestable. Qu'il ne lui plaise pas à elle, elle en avait l'habitude. Mais que lui puisse se le permettre. Elle trouva détestable. Elle allait dire quelque chose, mais la répartie lui manqua. Il était douloureux pour elle de dire quoique ce soit de plus.

« Vous pouvez clairement faire mieux. » Elle s'enflamma vivement détestant le ton qu'il avait et cette façon si facile qu'il avait de la juger.

« Oh vraiment ? Et que me proposez vous, milord ? » Elle croisa les bras plus fermement sous sa poitrine, cherchant le courage et le cran de lui tenir encore plus tête. « Je suis curieuse de vous entendre. »

Elle le défiait du regard en disant cela, pas certaine d'être aussi désireuse d'une réponse de sa part. Mais au plus profond de son être elle voulait avoir le dernier mot le concernant, comme toujours elle lui tenait tête, et une partie d'elle appréciait cela.

Kate se serait bien passé de cette rencontre ce soir, en vérité, elle n'avait jamais vraiment pensé le revoir un jour ou l'autre. Pas depuis la dernière fois où elle l'avait observé de loin, avec une charmante compagnie. Sa réputation ne le précédait plus maintenant. C'était un fait, et un fait véridique.

« Je ne l’ai pas oublié. Mais 26 ans n’est pas un âge si avancé tout de même. »

Elle soupira grandement, agacée par son ignorance. Sa fausse ignorance d'ailleurs. Il ne pouvait pas comprendre, il n'avait jamais été une femme de son époque. Le poids pesait constamment sur nos épaules. Elle était l'ainée, elle ne s'était pas souciée d'elle, car elle s'était imaginé finir sa vie seule, alors que sa petite soeur, elle lui devait le meilleur. Mais dans ce monde là, elle pouvait imaginé clairement un monde bien meilleur, où elle ne serait pas jugée à cause de son âge. Et puis, elle tentait de faire taire cette solitude qu'elle ressentait un peu trop ces dernières années.

« J’en ai 30, suis-je un grand-père désormais ? » « Non, bien sur que non... » Tenta-t-elle de rétorquer alors qu'elle voyait en face d'elle un homme très séduisant, très beau et surtout loin d'être un grand père à ses yeux. Sauf, qu'il ne pouvait trop comprendre. « Ce n'est pas pareille, vous êtes un homme. »

Et ça personne ne pouvait le changer. Il ne pouvait pas comprendre, la lourdeur ou bien même le poids que c'était d'être une femme, dans sa société ou bien même celle là. Elle avait découvert des termes qu'elle ne connaissait même pas, mais qui l'intriguait grandement. Indépendance, féminisme, harcèlement... Des choses, qu'elle ne comprenait pas toujours mais qui lui était tout de même familier.

« Il est … tout à fait banal. » Banal ?

Elle se tourna vers lui, à vrai dire, il n'était pas moche. Non, il pouvait être séduisant s'il ne l'avait pas appelé par son véritable nom. Mais banal ? Elle n'en aurait pas dis autant. Elle ne pouvait pas s'attendre qu'un homme extraordinaire puisse s'intéresser à elle. Et au fond, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il venait à dire cela. Que sous-entendait-il en disant banal ? Elle ne comprenait pas. Elle tenta de le fixer un peu plus longuement. Il était venu pour elle, s'était un argument qui pouvait peser sur la balance.

« Vous êtes indépendante, sûre de vous, directe, belle et vous méritez quelqu’un qui puisse être à votre hauteur et ça n’est clairement pas le cas de … ça. »

Elle regarda en direction de l'homme en question. En quoi n'était-il pas à la hauteur en faite ? Elle ne le connaissait pas, certes. Son radar à mauvais mec sonnait assez fort dans sa tête, c'était une certitude. Mais désormais en face de lui, et surtout pour ne pas donner raison à Anthony, elle voulait le laisser en plan. Sauf... Sauf que c'était plus complexe que cela.

« Vous ne le connaissez pas ! » Soufflait-elle fortement. « Alors hauteur ou... Non... Vous pouvez répéter ce que vous venez de dire ? »

Que quoi ? Le rouge lui monta aux joues. Elle venait de se rendre compte de ses mots. Belle ? Elle voulait rétorquer quelque chose, mais au lieu de cela, il ouvrit sa bouche et un frisson parcouru l'intégralité de son corps.

« Vous comptez vraiment passer la soirée avec lui ? »  Elle le fixa outrée, la bouche légèrement ouverte. Mais pourquoi donc lui posait-il une telle question ?

« Sinon quoi ? Vous avez autre chose à me proposer ? » Elle souriait, de manière très fausse certes mais tout de même avant de s'avancer vers lui. « Cela ne vous regarde en rien, il me semble ? Je suis indépendante et s'il n'est pas à la hauteur, qui peut l'être ? »

Elle le fixa droit dans les yeux, attendant une réponse. La plus honnête possible tant qu'à faire. Mais ce n'était pas le cas, enfin elle ne savait pas.

Qu’il était particulier que d’être ici, avec Anthony sans avoir l’impression d’être à côté de la plaque. Oui, souvent à ses côtés, des émotions contradictoires prennent possession de son corps : la colère, l’attirance, l’agacement, l’envie.. Et parfois la sensation d’être pas assez… Mais pas assez quoi au juste ? Elle ne saurait trop quoi dire d’ailleurs.

« Vous êtes une femme qui a tout pour elle et qui ne devrait pas choisir au hasard. »

Elle se permit de regarder autour d’elle. Si elle trouvait un autre homme, elle se sentait capable d’aller à sa rencontre juste pour le faire taire. C’était ridicule, son comportement l’était d’ailleurs. A vrai dire, elle était en colère contre lui, et les non dits finissaient par peser un peu plus sur son humeur. Elle avait passé une nuit avec lui, quatre ans déjà que ça s’était déroulé et elle en gardait le moindre souvenir. Mais apparement, il n’était pas dans le même état qu’elle et c’était terriblement frustrant et déprimant. Elle s’était imaginée quoi au juste ? Coucher avec un homme avait toujours des conséquences et la première était apparemment l’ignorance. Elle le fixa longuement. Un peu trop pour la lady qu’elle était mais c’était plus fort qu’elle. Comment détourner son regard ?

« Je… » Quoi ? QUOI ?

Mais il n’y avait aucune réponse de sa part, une phrase qui mourrait dans ses lèvres. Elle aurait donné une vie entière pour être capable de lire dans sa tête. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait bien pensé, mais elle savait que ces n’était pas… Comme d’habitude ?

« N’importe qui d’autre ou en tout cas, quelqu’un qui saura vous rendre heureuse. » « Mais pas vous ? N’est-ce pas ? »

Les mots glissèrent entre ses lèvres, sans aucun filtre. La colère lui faisait dire des choses qu’elle n’appréciait pas. Elle espérait secrètement, qu’il n’est absolument pas entendu ses mots, elle se sentait bien trop mal de cette situation. Mais elle savait également que c’était trop tard. Elle l’avait dit. Après tout, il avait clair par son silence ces dernières années. Elle tenta coute que coute de ne pas sombrer dans une situation plus embarrassante. Jusqu’au moment où il prit la parole.

« Je suis sûr que Newton ne l’aimera pas du tout. » « Newton n’est pas… »

Dans ce bar, il était tranquillement en train de dormir dans son appartement. S’il y avait bien quelque chose d’étonnant c’était bien cela. Elle avait retrouvé son chien, si rapidement depuis son retour ici que c’était d’autant plus agréable. Mais elle se rappelait du jour ou Newton avait fait sa connaissance et elle ne pouvait s’empêcher de rire.

« Je suis sûr qu’il me préfèrera à lui. » « Mais qu’en savez-vous ? Vous n’êtes pas le seul à qui il se montre… passablement agréable. » Elle hausse les épaules, surprise malgré elle qu’il puisse se rappeler du nom de son chien. « Voulez-vous qu’on vérifie ? » Elle lança ses mots comme un défi. Un défi qu’elle n’était pas certaine de vouloir le gagner… ou

Elle était agacée par la situation et son comportement à son égard. Elle ne savait que penser de lui, elle se rappelait très bien comment quatre ans auparavant, ils avaient pu tous les deux passé un moment bien plus intime que tout ce que la bien séance acceptait et là ils parlaient comme si rien ne s'était passé. Mais pourquoi n'en était pas surprise, il était donc ce genre d'individu à oublier aussi rapidement que cela. Elle soupirait fortement, agacée, énervée et désormais très mal à l'aise par la situation. Oui, elle avait dit des mots à voix haute qu'elle regrettait déjà. Elle soupira légèrement avant de se reprendre comme elle pouvait. Malheureusement pour elle, ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Zut.

« Moi ? Pourquoi moi ? Vous m’avez bien fait comprendre que ma réputation n’était pas à la hauteur pour votre sœur ou n’importe qui d’autre d’ailleurs. Vous avez clair sur le fait que je n’étais pas suffisant ou même que vous n’étiez pas du tout intéressé par moi. Pourtant, j’avais cru décelé, durant notre première rencontre de l’amusement. A dos de cheval, vous avez été époustouflante, mais depuis, vous m’avez rejeté. Alors pourquoi serais-je un bon parti pour vous ? Vous ne m’aimez pas après tout. » Elle en resta bouche bée, un bon moment... Surement des secondes un peu trop longue pour elle. Elle cligna plusieurs fois des yeux avant d'ajouter.

« Vous me poussez à ne pas vous aimer. » Mais la virulence de ses mots ne venaient pas. Ils restaient prisonnier de sa gorge. « Cela vous importe d'ailleurs ? Votre indifférence à mon égard, parle d'elle même. »

Elle le savait les mots allaient bientôt dépasser sa pensée. Elle allait dire des choses, qu'elle regrettait surement par le passé, quand elle allait se retrouver chez elle, seule à observer le plafond, faisant de nouveau le récit de cette soirée. Sauf, que maintenant, elle était en colère et elle n'arrivait pas à ôter de son esprit le mot époustouflante. Il se trompait clairement de personne, elle ne l'était pas. Ne se sentait pas époustouflante. Bien au contraire. Elle soupira avant de penser à son chien. Elle ne pu échapper un petit rire.

« Passablement agréable ? C’est comme ça que vous appelez son traitement me concernant ? » « Vous ne l'avez jamais vu avec d'autre personne, cela se voit. »

Elle se mit à sourire en repensant à son chien. Newton était un très bon chien, son chien. Elle était proche de lui, mais il pouvait bien évidemment avoir son caractère et un comportement tout à fait détestable au vue de la société. Mais elle n'en avait que faire, elle aimait son chien par dessus tout et elle était bien heureuse qu'il soit avec elle. Elle fixa Anthony avec de grands yeux.

« Je suis sûr de gagner. »
« Je vous demande pardon ? »

Elle n'était pas certaine de ses paroles et elle se demandait secrètement s'il n'était pas en train de rire. Malheureusement, ce n'était pas le cas apparemment..

« Très bien. Vérifions cela. »
« Très bien, si vous y tenez vraiment. » Elle croisa les bras, se demandant s'il ne s'agissait pas de la pire idée qu'ils avaient pu avoir. Mais l'homme en question, dont elle avait complètement oubliée la présence. Elle se sentit coupable de cela avant de se demander pourquoi elle faisait tout cela. au final.

« Sans moi, couchez ensemble qu'on en finisse, l'attraction sexuelle entre vous est bien trop pesante. »

Elle ouvrit grand les yeux, choquée, surprise et ne sachant quoi dire... A part bredouiller des mots.

« Je... » mais rien ne sortait.

Il ne dit rien, absolument rien et c'est la preuve par A+B qu'elle avait raison. Il n'avait aucun intérêt pour elle. Elle n'osait pas lui dire que d'ailleurs il s'était comporté comme un goujat quand il l'avait complètement ignoré après la nuit qu'ils avaient passé ensemble. Elle brulait de l'intérieur, et cette sensation était parfaitement agréable et désagréable en même temps. Il provoquait en elle, trop de sentiments dont elle avait beaucoup de mal à cerner. Alors, là, elle était en colère, et elle voulait prouver qu'elle avait raison. Newton, son chien rentrait dans l'équation, mais ça... ce n'était pas important. Pas pour le moment en tous les cas.

Sauf qu'elle était surprise, d'une par la tournure que prenait les choses, mais surtout par les paroles de son date. Clairement, elle l'avait complètement oublié et de deux, elle ne voulait absolument pas passer la soirée avec lui. Jamais de la vie. Elle voulait le lui dire, bien loin des oreilles curieuses d'un Bridgerton. Elle ne voulait pas lui donner se plaisir là, même si elle ne savait pas s'il serait content ou pas. Cependant, les mots ne sortaient plus de ma bouche et ça c'était vraiment embêtant.

« Premièrement, je vous interdis d’aborder ce genre de sujet en présence de Kate, deuxièmement, merci pour ce compliment, je dois dire que c’est agréable que quelqu’un voit qu’elle est folle de moi. »

Il lui manquait du bon sens et surtout une manière naturelle de parler. Sauf... que non, elle n'avait rien de plus intelligent à dire qu'un grognement insensé. Elle allait dire quelque chose mais les mots une fois encore ne voulaient pas sortir. Elle devait sortir son cerveau de cette léthargie qui le qualifiait aujourd'hui.

« Troisièmement, si votre seul but est de coucher avec elle, comme vous dites, vous pouvez déguerpir. Elle ne mérite pas quelqu’un qui veut juste le mettre dans son lit. »

Premièrement, je ne suis pas un sujet de conversation sans rien dire. C'est ce qu'elle aurait aimé dire, mais il était tellement virulent dans ses paroles qu'elle hurlait silencieusement dans sa tête. Ça ne servait strictement à rien.

« Oh tient donc... »

C'était plus un couinement qu'une phrase bien distincte. Elle était surprise d'entendre cela de sa bouche, puisqu'elle avait elle même l'impression d'avoir été uniquement cela dans ses bras à lui. Elle le fusilla du regard, en vrai elle voulait l'étriper, mais dans quel but logique. Rien. Ca ne servirait à rien.

« Si vous voulez continuer la soirée en sa compagnie, je vais me retirer. » Et voilà, comment en un claquement de doigt, il avait gagné.

Elle avait perdu. En tous les cas c'était l'impression qu'elle avait. Il s'éloigna d'elle et elle sentit une colère encore plus grande s'emparer de son corps. Elle le détestait et en même temps il y avait quelque chose chez lui, qui l'attirait malgré elle. Elle soupira fortement, avant de le laisser tourner les talons. Elle ne regarda même pas le jeune homme dans les yeux.

« Aucun commentaire. » Elle attendit quelques secondes, avant de partir à son tour, souhaitant faire ce dont elle avait envie, glisser dans sa couette, Newton sur ses genoux, et ruminer cette soirée, improbable.