Drago Malefoy est le fils unique de Lucius et de Narcissa, née Black, Malefoy. Il incarne aux yeux de ses parents la chose la plus importante qui puisse exister au monde. Drago est leur univers tout entier. Il n’est guère surprenant que Drago ait vécu comme un enfant roi entre les murs parfaitement entretenus du manoir Malefoy situé dans le Whilteshire. Il fut choyé par sa tendre mère, Narcissa, avant de sombrer dans les excès d’une éducation privilégiée. Quant à son père, Lucius, c’est dans la froideur affective et la dureté morale que Drago fut éduqué. Durant toute son adolescence, le jeune Malefoy s’est illustré comme un garçon capricieux et arrogant, doué d’une moralité douteuse, de préjugés raciaux ou sociaux fermement ancrés. Drago a toujours voulu ressembler à Lucius Malefoy, son bien-aimé père. Aussi cruel et froid soit-il, Lucius représente ce qu’il y a de plus digne et noble dans la société sorcière. Lucius a exercé une emprise malsaine sur lui pendant toutes ses années de scolarité à l’académie Poudlard, avant qu’il ne décide finalement de voler de ses propres ailes. Drago a été élevé dans la plus haute estime de lui-même par ses deux parents, bien que Lucius soit principalement l’instigateur de cette mascarade aristocratique. On l’a forgé pour devenir un nouveau Lucius Malefoy.

Tout s’écroule de manière crescendo pour le jeune Malefoy vers le milieu de sa scolarité à Poudlard, notamment lorsque son père est incarcéré à cause de son pire ennemi et rival, Harry Potter. Sa situation familiale révèle une vulnérabilité encore en sommeil chez lui, et ses premières névroses et crises d’angoisses font leur apparition. Lucius Malefoy est son père et son modèle. Il lui voue une admiration sans bornes, ce qui le laisse chancelant et dépendant de ses moindres faits et gestes. Tout ce que Drago désire le plus au monde, c’est obtenir sa bénédiction et ses félicitations. Et pour cela, le jeune Malefoy est prêt à tous les sacrifices. Avant que le Seigneur des Ténèbres ne fasse sa réapparition, le jeune Malefoy n’avait pas véritablement conscience des devoirs d’un bon Mangemort. C’est pour cette raison qu’il n’opposa aucune résistance à rejoindre le rang de ses partisans en se faisant tatouer la Marque des Ténèbres sur l’avant-bras gauche, au cours de sa sixième année d’études à Poudlard. Rejoindre les Mangemorts est le but de son existence, c’est pour cela que ses parents l’ont élevé dans la haine et le mépris des autres races. Lucius Malefoy ne lui a pas laissé d’autre opportunité, lui-même étant un Mangemort expérimenté depuis quelques décennies. Même si un autre choix était possible, Drago n’en aurait pas fait d’autre à ce moment précis de sa vie. Il n’imaginait pas une autre voie possible pour lui que celle des ténèbres et du sang. Drago Malefoy n’était encore qu’un adolescent ignorant de la véritable nature de cette allégeance, et notamment le prix à payer pour satisfaire les caprices du Seigneur des Ténèbres. Cette révélation éveilla des sentiments conflictuels en lui, un mélange de fierté et de terreur. Drago fut heureux d’être dans l’intimité du grand mage noir de sa génération avec ses parents. Dévoré par l’envie et la colère depuis ses premiers pas à Poudlard, Drago s’est toujours trouvé dans une relation de rivalité avec Harry Potter. Quelque part, l’idée de faire partie d’un groupe et d’avoir une certaine importance lui ont permis d’apaiser ses frustrations. Il accepte toutes les basses besognes et les pires d’entre elles de la part du Seigneur des Ténèbres. Il accepte même de tuer Albus Dumbledore, ce qu’il en sera finalement incapable de faire, et Rogue prendra sa relève au sommet de la tour d’Astronomie. Drago n’est pas et n’a jamais été un meurtrier. Il ne possède pas l’âme d’un psychopathe en puissance, ce n’est qu’un enfant endoctriné et désespérément en manque d’affection. Ses souffrances révèlent toutefois des forces insoupçonnées, y compris par Lord Voldemort et par Severus Rogue. Ni l’un ni l’autre n’envisage que le jeune Malefoy puisse être extrêmement doué en occlumencie, alors que le jeune Potter n’en est pas autant capable. En raison d’une éducation pauvre en démonstrations d’affections, Drago a très vite appris à bloquer ses émotions, à les compartimenter et même à rejeter certains traits de son caractère. C’est un garçon qui ne fait qu’ignorer ses souffrances et ses conflits intérieurs de peur de décevoir les personnes qui lui sont chères, ou tout simplement, parce qu’on ne lui a pas enseigné la beauté de la vulnérabilité et de l’extériorisation de ses émotions. On lui a rabâché pendant toute sa jeunesse que les sentiments ne sont que faiblesses et que la communication est une perte de temps. Drago est comme son père. Il est en passe de se forger dans son sillon. Ces évènements qui succèdent la chute et la disgrâce de la famille Malefoy marquent au fer rouge le jeune Malefoy. Drago a attendu ce moment pendant des années avant de réaliser violemment tous les défauts de son père. Le modèle de respectabilité et de noblesse que représente Lucius Malefoy pendant les premières décennies de sa vie devient le pire d’entre tous. C’est alors comme un château de cartes qui s’effondre et ne laisse qu’un gigantesque désert, vidé de sens. Il rompt alors avec ce doux fantasme perturbant. Drago n’aspire désormais plus à ressembler à Lucius Malefoy. Il s’évertue dans les années qui suivent à s’en éloigner autant que possible, bien que l’on est toujours rattrapé d’une manière ou d’une autre par les fantômes de son passé ou de son éducation.

Le poids d’un nom, celui de la noble et illustre famille Malefoy est terrifiant. Elle ne laisse personne de marbre, le nom des Malefoy évoque à lui seul des générations d’asservissement, de cruauté et de magie noire. Drago Malefoy a longtemps été fier de son nom. Il n’a cessé de brandir son nom comme un étendard pendant toutes ses années passées à l’académie de Poudlard. Ce n’est finalement qu’une fois tous ses espoirs éclatés, vers ses deux dernières années de scolarité, que les yeux de Drago se sont enfin ouverts pour la première fois. Ils se sont ouverts sur un monde sombre, fort d’années plongées dans la cruauté et la stupidité de certaines familles sorcières. Il expérimente les horreurs d’une guerre totale et sans pitié, le désespoir de voir ses proches en difficulté et d’être incapable de leur venir en aide, non par peur d’être lui-même exécuté à leur place, mais du fait de sa propre lâcheté et de ses blocages mentaux. Il découvre extrêmement jeune les pires aspects de l’allégeance partisane, et ne les souhaitent à personne d’autre.

Une fois adulte, il se fait la promesse de ne plus jamais perpétuer les erreurs des patriarches de la famille Malefoy, particulièrement celles de Lucius Malefoy. Malgré tous ses efforts, un Malefoy reste un Malefoy. Leurs gènes antipathiques sont comme gravées dans le marbre. En voulant s’extirper d’une condition qui l’effraie plus qu’autre chose, Drago est finalement devenu exactement ce qu’il a refoulé : il s’est forgé comme un homme de la même trempe que Lucius Malefoy. Un homme tourmenté, froid et incapable d’exprimer ses émotions ou ses sentiments de manière saine, mais seulement dans une volonté inconsciente d’autodestruction. Il n’est pas chose aisée de rompre avec un héritage familial, d’autant plus si l’on a subi un endoctrinement à la hauteur du nom des Malefoy. Il n’est plus l’enfant roi, arrogant et provocateur, qu’il a été pendant ses jeunes années. Drago s’efforce d’apprendre à vivre dans un monde magique encore meurtri par les crimes des partisans de Lord Voldemort. Par les crimes de sa famille, de son vénérable père, mais aussi par ses propres crimes. Cette marque noirâtre en forme de crâne, un serpent s’échappant de sa bouche grande ouverte, qui se trouve sur son avant-bras est sa cicatrice. Elle est encore là et elle le sera toujours, Drago est incapable d’oublier certains pans de son passé. Ce n’est pas non plus ce qu’il recherche, car le fait d’oublier son passé ne lui est d’aucune aide. Drago estime qu’il ne mérite pas d’oublier les choses horribles qu’il a commises pendant les heures sombres du monde magique. Il considère qu’il doit vivre avec son passé et son présent afin d’espérer se forger un meilleur avenir.



« Je suis prêt à tous les sacrifices pour qu’elle survive, père. » dit-il sombrement. Drago ne manque pas d’aplomb afin de défendre les personnes qui lui sont chères. Il est adulte à présent. Il se trouve en mesure de contrer les arguments de l’homme qui a longtemps été son modèle et son cauchemar. Lucius Malefoy. Bien qu’il soit conscient d’offusquer l’égo de son père en refusant de perpétrer la noble lignée de la famille Malefoy, son choix ne laisse aucun appel possible. Drago n’est plus un petit garçon, enfant modèle et en admiration devant son puissant et talentueux père. Il est maintenant un chef de famille. Un époux aimant, comblé au point de préférer rompre définitivement l’héritage de la famille Malefoy, plutôt que de prendre le risque de perdre l’amour de sa vie. Astoria. « C’est une maledictus. » Comment Lucius peut ne pas comprendre quelque chose d’aussi simple ? « Je ne la laisserais pas courir le risque de porter notre enfant dans le seul but de perpétuer notre héritage. » tranche-t-il presque un peu trop sèchement. Sa voix est toujours aussi traînante que dans ses jeunes années à l’académie Poudlard. Elle est toutefois plus grave et rauque, maintenant qu’il est un adulte bien formé. On sent une pointe d’agacement en fin de phrase, ce qui n’échappe pas à son père. « Drago. Réfléchis bien à la survie de notre lignée. » Lucius se fait de plus en plus insistant en espérant jouer sur la corde sensible pour faire céder Drago à ses moindres caprices. Il fut un temps où le jeune Malefoy aurait craqué devant lui. « Je m’en moque. » Ce temps est maintenant révolu. « Seule Astoria compte. » Son cœur meurtri n’appelle qu’une seule et même personne : Astoria.

Avoir un enfant n’a jamais été une préoccupation pour lui. Que ce soit avec Astoria ou une autre femme. Il n’a jamais cru avoir un enfant un jour, de sexe féminin ou masculin, les cris d’un nouveau-né n’ont jamais été l’un des buts poursuivis dans sa vie. Drago n’a jamais pensé être en possession de ce que l’on nomme « la fibre paternelle ». Comment l’être, de toute manière, avec une éducation comme la sienne ? Lucius et Narcissa ne lui ont jamais appris à aimer sainement. Il a manqué d’amour tout au long de sa vie, jusqu’à sa rencontre avec son âme-sœur, la belle et pétillante Astoria Greengrass. Cette femme a littéralement bouleversé sa vie entière comme un tsunami. Cela ne fut toutefois pas chose aisée, Drago souffrant de névroses et de blocages affectifs depuis des années ; tel est le prix d’un digne membre de la famille Malefoy. Une froideur affective, une incapacité à communiquer et une intériorisation totale de ses émotions ou de ses sentiments. Cela n’a jamais dérangé Drago outre mesure avant qu’elle n’entre dans sa vie.

Astoria…

Astoria Greengrass est une sorcière de noble lignée, fortement similaire aux préceptes de la famille Malefoy. La pureté de son sang est par ailleurs ce qui intéresse Drago dans un premier temps, avant de découvrir qu’elle est bien plus qu’une jolie vitrine. Elle possède un point de vue tolérant sur les idéaux véhiculés par les familles de sang-pur, ce qui représente une vraie déception pour les parents de Drago. Elle conseille Drago comme personne ne l’a encore jamais fait. Elle est surtout l’une des rares femmes qu’il a fréquenté qui est capable de lui tenir tête. Astoria ouvre certaines portes en lui, elle apaise ses angoisses et ses cauchemars par le simple son de sa voix mélodieuse. Astoria l’aide à devenir la meilleure version de lui-même. Et pour cela, Drago est prêt à tous les sacrifices, afin de préserver la santé physique et mentale d’Astoria. Il aspire plus que tout au monde à la garder auprès de lui, et ce, jusqu’à ce que la mort ne les sépare. Drago ignore encore à quel point la main du destin est d’une rare cruauté. Les dés du destin ne comptent en aucun cas faire en sorte que Drago et Astoria vieillissent ensemble. … Astoria désire un enfant de lui, alors qu’il veut préserver son état de santé le plus longtemps possible. Astoria est prête à tous les sacrifices pour ne pas l’abandonner après sa mort. Astoria a conscience d’être condamnée à une mort jeune. Elle espère que l’amour d’un enfant aidera Drago à surmonter ce deuil. Elle souhaite lui donner un enfant, quelqu’un à aimer, quelqu’un à qui se raccrocher dans ses moments les plus noirs. Vers la fin de l’année 2006, Astoria Malefoy est enceinte d’un petit garçon qui se prénommera Scorpius Hyperion Malefoy. Cette naissance marque le début d’une très longue descente en Enfer pour la famille Malefoy.



Scorpius fut élevé dans la croyance que les Moldus ou enfants de Moldus ne sont pas de la pourriture, et encore moins de la saleté. Ce sont simplement des personnes différentes qui ne sont pas dotés de pouvoirs magiques. Drago s’efforce alors d’élever son fils unique dans l’espoir qu’il devienne une nouvelle génération de Malefoy. Gentil, compatissant et tolérant. Une voie qu’il n’a pas lui-même été encourager à prendre dans sa jeunesse. Drago a été élevé dans le mépris des autres races et l’obsession du sang, ce qui l’a littéralement rongé pendant une bonne partie de sa vie. Il paie encore aujourd’hui les pots cassés d’une éducation rigide, dénuée de chaleur et d’amour, un rapport de subordination haineux et méprisant à souhait. Drago refuse de faire subir les remords d’une pareille injustice à sa chair et son sang. Ses idéaux sont loin de faire l’unanimité, notamment aux yeux de Lucius et de Narcissa Malefoy. Ils sont persuadés que ce brusque revirement est principalement dû à la mauvaise influence qu’Astoria exerce sur leur fils bien-aimé. Un fils qui ne les a jamais déçus… jusqu’à maintenant.
En faisant le pari d’une éducation différente, Drago et Astoria Malefoy se mirent à dos les membres de leurs propres familles. Scorpius est né et a grandi dans l’amour des siens. En choisissant de ne pas accorder d’attention aux préjugés raciaux et au mépris des Moldus ou des nés-Moldus, ils ont fait naître de vives tensions et des chocs générationnels. Drago et Astoria ont préférés rompre avec leurs héritages familiaux afin d’offrir à leur enfant, Scorpius Hyperion Malefoy, ne éducation basée sur le mérite, le travail et la compassion. Une éducation est à des années lumières de celle d’une famille Malefoy ou Greengrass. Un tel miracle n’aurait jamais pu se produire sans la douceur et l’amour d’Astoria.

Malgré tous ses efforts pour ne pas ressembler à son père, Drago est tombé dans les mêmes schémas. On ne peut balayer une éducation rigide et froide en un coup de baguette magique. Les épreuves endurées au cours de son adolescence ont profondément meurtri le palpitant du jeune homme. Tous ces souvenirs désagréables se retrouvent dans ses cauchemars : la déchéance du nom de la famille Malefoy, l’asservissement du Seigneur des Ténèbres, l’incarcération de Lucius à la prison d’Azkaban, la marque des ténèbres, ses crimes et son implication dans la bataille de Poudlard… Son nom a sali puis redoré, mais cela n’a jamais pu défaire les injustices. On l’accable encore parfois pour les erreurs de sa famille, ainsi que les siennes. Drago porte le poids de la culpabilité en lui. Un poids immense qui ne fait que grossir d’année en année, à mesure que son fils se met à lui ressembler de plus en plus. Drago se retrouve souvent dans une situation de mutisme, incapable de venir en aide ou de répondre à certaines interrogations de Scorpius. Son visage se ferme inexplicablement, ce qui laisse le jeune Scorpius dans l’incompréhension la plus totale. Seule Astoria est consciente des causes de cette froideur affective. Seule Astoria a connaissance de tous les pans du passé de son mari, de toutes ses fragilités émotionnelles, de ses peurs et de ses chagrins, de ses remords et de ses victoires. « Scorpius est encore bien trop jeune. » se justifie-t-il, comme à chaque fois, lorsqu’ils se retrouvent dans leurs appartements. « Il serait pourtant temps que tu lui parles, Drago. Il ne comprend pas toutes tes réactions. Il ne comprend pas comment tu arrives à passer de la joie au silence. Il pense que c’est sa faute. » Astoria a raison. Scorpius a été aimé et choyé, mais quelque chose lui a toujours manqué : l’amour vibrant de son père. Drago aime Scorpius, bien plus que Lucius n’a manifesté son amour à Drago. Ce n’est toutefois pas suffisant pour un jeune enfant. Drago a tant désiré s’échapper de la froideur affective de son propre père qu’il a finalement reproduit la même relation à son insu. Tout ce que Drago espérait en agissant de manière aussi distante, c’est de préserver son fils des atrocités et des hontes d’un passé qu’il jugeait beaucoup trop encombrant. Drago est conscient d’avoir provoqué une gêne dans ses rapports avec son fils. Cette solitude pesante dont souffre parfois Scorpius est de son fait malheureux, de ses incapacités à exprimer ou à verbaliser ses sentiments au bon moment et de manière appropriée. Lorsque les premières rumeurs sur sa paternité se propagèrent comme une traînée de poudre dans la communauté magique, cela ne fit qu’accentuer ses angoisses intérieures. Drago n’a jamais eu le moindre doute sur sa paternité, tous les deux se ressemblent comme deux gouttes d’eau : les yeux bleus, les mêmes cheveux blonds, la même pâleur de peau… Malgré cela, ces rumeurs provoquèrent en lui des douleurs vives et lancinantes comme des coups de poignard. Ce sont des souffrances qu’il a volontairement intériorisé afin de préserver la sensibilité et l’enfance de son fils, Scorpius. C’est ce qu’il a toujours fait.  

La voix chaude d’Astoria résonne en lui comme une douce mélodie, apaisant ses maux et ses tourments. Elle lui donne le courage nécessaire pour prendre enfin possession de ses démons. Elle y arrive toujours, jusqu’à maintenant. Même l’éclat de sa voix et ses paroles réconfortantes ne parviennent pas à convaincre Drago de sortir de sa torpeur. Nul être au monde ne le peut, mis à part lui, lorsque le moment sera venu. Tout ce que Drago demande, c’est encore un peu de temps. Le temps est une valeur extrêmement précieuse, le temps défile et les années passent en un battement de cil. Astoria comprend les inquiétudes de Drago. Elle comprend mieux que personne qu’il lui faille être prêt avant de parler avec Scorpius. Toutefois… Ils manquent cruellement de temps ensemble. Bientôt, Astoria ne sera plus de ce monde. Les craintes de Drago et de Scorpius se révèlent quelques années plus tard, en plein été 2019, alors que Scorpius s’apprête à rentrer en troisième année à Poudlard. Astoria Greengrass-Malefoy meurt d’une maladie du sang. Cela fait des années que cette maladie plane au-dessus de leur tête, comme une épée de Damoclès, et voilà qu’elle tombe enfin, en laissant les deux hommes de sa vie avec le cœur brisé. Drago et Astoria savaient que ce moment funeste allait arriver. C’est pour cette raison que Drago refusait à tout prix qu’elle ne tombe enceinte de lui, afin de ne pas précipiter l’évolution de sa maladie génétique. Cela n’a malheureusement pu être empêché et la femme de sa vie a poussé son dernier souffle, avant la rentrée de Scorpius à Poudlard.

Drago ne s’est jamais remis de cette perte. Astoria a toujours été son âme-sœur. Elle a révélé en lui un pan de sa personnalité encore insoupçonné, elle a fait éclater tous les verrous qui emprisonnent ses barrières mentales en exposant ses névroses une à une. Maintenant qu’Astoria est partie, toutes ses barrières se reforment au fur et à mesure. L’enterrement d’Astoria Malefoy marque une rupture brutale dans la relation entre le père et le fils. Plus jamais il ne laissera l’amour entrer dans sa vie de manière aussi violente. Plus jamais il ne se laissera déborder par ses émotions au point de s’abandonner à des confidences. Scorpius en a toutefois cruellement besoin, mais il en est incapable sans Astoria. Sans Astoria, tous ses vieux démons reprennent forme sous ses yeux bleu-gris impuissants. Sans Astoria… Drago n’est plus qu’une ombre glaciale qui s’efforce de préserver les liens entre lui et son fils, en se confusant parfois en excuses lors de ses moments d’absence. Ils s’avèrent même de plus en plus nombreux entre eux. Plus rien ne sera jamais comme avant.



Des silhouettes vêtues de costumes et de robes aussi noires que l’ébène. Un cercueil en bois de cerisier élégamment vernis et disposé au fin fond d’un trou immense, creusé dans la terre. Un silence religieux. Aucun son, jusqu’à ce que les nerfs des invités finissent par craquer. Des pleurs et des hurlements de désespoir émanent de l’assemblée, ils proviennent principalement de son fils, Scorpius. Lui-même peine difficilement à contenir ses larmes. Il ne doit pas, cela lui est interdit. Ses convictions profondes lui interdisent de s’étendre de cette manière en public. S’il doit verser des sanglots, ce ne peut être que dans un cadre strictement privé. Drago doit conserver une bonne image, même si son univers entier vient de s’écrouler. Il se trouve à l’enterrement d’Astoria, la première semaine de septembre. Drago ferme les yeux pour se donner le courage nécessaire. Il ferme les yeux si fort qu’ils manquent de disparaître sous les plis de ses paupières et de ses cernes. Ses poings se crispent dans son dos, ses ongles s’enfoncent cruellement dans sa chair d’ivoire afin de faire couler quelques gouttelettes de sang frais dans l’herbe humide. Lorsqu’il rouvre enfin les yeux, l’enterrement de son âme-sœur n'est plus. Il se trouve brutalement happé dans un autre lieu, au moment même où les rayons d’une étrange lune couleur pourpre se reflètent sur le bois du cercueil. Une brume épaisse mouchetée de sang est la dernière chose qu’il se souvient avant de se réveiller dans un vaste bureau.

La vie n’est que trop souvent d’une rare cruauté, Drago Malefoy est en mesure de vous l’attester. Il perd non seulement la femme de sa vie et la mère de son fils unique, mais surtout tous ses souvenirs d’elle. En arrivant sur cette mystérieuse île, tous les souvenirs liés à sa défunte épouse se sont mystérieusement évaporés. Pendant quelques instants, Drago a l’impression de perdre pied. Il lui vient à l’esprit des souvenirs familiaux, mais à la place du visage et du corps d’Astoria, il ne voit qu’un gigantesque flou. Drago se retrouve avec un trou béant dans son âme qui n’attend que d’être comblé par l’intervention d’une quelconque forme de magie.  Cette nouvelle vie, Drago n’en a pas voulu. Les premiers jours, Drago hurle et balance son poing contre le premier meuble qui se trouve sur son chemin. Il refuse de vivre dans cette ville qui n’est pas la sienne, dépossédé de tout ce qui fait de lui un sorcier. Il méprise le fait de vivre comme un simple Moldu, et même si ses préjugés envers eux s’avèrent moins obsessionnels, cette condition de vie lui est insupportable. Il ne pense qu’à son véritable monde, là où son manoir et tous ses repères se trouvent.  Il espère trouver un moyen de retourner dans son monde, son fils sous le bras, dans l’idée de recouvrer ses souvenirs manquants. Une petite voix chuchote à son oreille depuis deux ans, elle lui intime de ne pas s’abandonner sur un chemin difficile. Elle murmure qu’une nouvelle opportunité s’offre à lui dans cette ville mystérieuse. Une chance de rompre avec ce qui morcelle son âme, parce que derrière ses souvenirs perdus se cache une personne qu’il vaut mieux pour lui d’oublier. Un deuil impossible à faire. Cette personne, Drago est bien conscient de l’avoir perdue, alors qu’il n’en garde aucunes traces en mémoire. Il est juste conscient d’avoir perdu la mère de son fils, Scorpius, mais cela ne lui occasionne pas de souffrances. Lorsque la douleur d’une perte incommensurable est bien trop forte, ne faut-il pas se réjouir de ne pas s'en rappeler ?