Sweet Rivalry

feat. Peter

Regulus ne s’attendait pas à ce que ce soit si « facile », et que Peter lui réponde d’office par un simple « d’accord ». Mais ce serait oublier que le jaune et noir refuse toujours de tourner le regard dans sa direction… et quand il reprend en affirmant qu’il aura l’air fin, au moment de lui racheter son livre dans une librairie moldue, le jeune sorcier frissonne. Il n’avait absolument pas pensé à ça, ni au fait que pour ce faire, il faudrait donc qu’il échange un peu de sa monnaie sorcière contre de la monnaie moldue. Cette pensée seule le révulse… Et si ses parents apprenaient ça ? Il serait renié sur-le-champ, il en est convaincu. Non mais quelle idée idiote que d’avoir seulement évoqué cette hypothèse… Sauf que si idiote soit-elle, cette idée, elle lui était venue naturellement… probablement parce que le vert et argent avait besoin de soulager sa conscience, et aussi parce qu’il n’aime pas l’idée que Peter lui en veuille.

Il devrait s’en loquer royalement, il devrait même se vanter de ses exploits auprès de ses camarades… mais il n’y arrive pas. Il n’arrive pas à être indifférent. Il n’arrive pas à ne pas se sentir mal à l’idée de lui faire du mal. Il ne prend même pas la peine de lui répondre quand il affirme qu’il n’a certainement jamais été là-bas. Il n’a pas besoin de répondre tant c’est évident… Traîner côté moldus, c’est une violente insulte à toutes ses convictions, et il le sait pertinemment. C’est pourtant un effort qu’il se sentirait capable de fournir s’il pouvait avoir la garantie, en retour, que cela rendrait le sourire à son ami… qui au fond n’en était peut-être pas un… il ne saurait même pas comment le qualifier… Il sait juste qu’il est désolé, même s’il ne sait pas le dire de la bonne manière.

« Je les ai, dans mon sac, je voulais te les rendre, justement… », fait-il au sujet des comics que Peter lui a prêtés, fouillant tout en parlant à son interlocuteur dans son sac en bandoulière afin d’en extirper les fameuses bandes dessinées. « Je les ai lus en une nuit, c’était… » Il cherche un adjectif… S’il n’essayait pas de rattraper le coup avec Peter, sans doute se contenterait-il d’un « pas mal », ou de quelque chose d’un peu plus consensuel, le tout avec son flegme habituel, mais la situation est particulière. « … captivant. » Il se racle la gorge. « Enfin bref, je m’arrangerai, pour ton livre, et… »

Je suis désolé. Pourquoi est-ce que c’est si difficile pour lui de le dire ? Il a beau savoir que ce serait la moindre des choses, et que cela apaiserait peut-être au moins un peu les tensions, il n’y arrive absolument pas. Il ne peut pas s’empêcher de se sentir… bloqué. Pourtant, désolé, il l’est véritablement.

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feat. Peter

Regulus hoche doucement la tête, de manière si peu perceptible qu’il pourrait bien ne rien avoir fait du tout, quand Peter lui demande s’il a aimé les comics qu’il lui a prêtés. Oui, il les a aimés, au point même qu’il voudrait acheter les suivants pour pouvoir les lire et connaître la suite de l’histoire… à ses risques et périls. Sauf qu’il ne se verrait pas demander à Peter de connaître la suite, pas après la scène qu’il lui a faite. Peter ne voudra plus rien avoir à faire avec lui, et Regulus ne pourra clairement pas le blâmer à ce sujet, c’est de l’ordre de l’évidence la plus pure.

« J’aime bien le meilleur ami du héros, celui qui est poussé par son père à… » Regulus se racle la gorge. « … faire des choses qu’il ne voudrait pas. »

Est-ce que Regulus s’est identifié ? Là encore, il ne dira rien, mais bien évidemment qu’il s’est reconnu dans ce jeune homme dont la pression familiale est si forte qu’elle le transforme progressivement en monstre… C’est précisément son histoire, même s’il ne veut pas admettre la monstruosité de ses ambitions, convaincu du fait que rejoindre les rangs de Lord Voldemort serait la meilleure manière d’agir pour le plus grand bien.

« Non, c’est pas ce que j’allais dire », répond Regulus, terriblement mal à l’aise, quand Peter suppose que la phrase qu’il n’a pas fini laissait suggérer qu’il ne voulait plus rien avoir à faire avec lui… En même temps, ce serait la chose à faire, non ?

Oui, ce serait la chose à faire… Il doit s’entourer de personnes qui adoptent le même mode de pensée que lui, il doit rester avec ces sangs purs de bonne famille qui le conforteront dans ses choix et ne lui feront pas remettre ses décisions en question. Oui, sauf que rien n’est aussi simple. Regulus est incapable de tirer un trait sur… quoi… son amitié avec Peter ? Peut-on seulement parler d’amitié ? Il n’en sait absolument rien. Vraiment pas. Regulus a bien du mal à faire la part des choses entre son devoir et ses aspirations : les deux entrent constamment en sévère contradiction, et Regulus ne sait absolument pas quoi faire pour s’extirper du dilemme moral face auquel il se retrouve.

« Je voulais te dire que… » Il prend une grande inspiration. Vraiment, ce n’est pas intuitif pour lui de lui en parler. « … je suis désolé. Pour ce que j’ai fait, tout à l’heure. » Il se racle la gorge. « Mais t’as raison… il vaut probablement mieux qu’on en reste là. »

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feat. Peter

Peuvent-ils continuer à parler comics et faire comme si de rien n’était ? Regulus doit bien reconnaître que c’est assez tentant. Il ne peut s’empêcher de le vouloir, presque malgré lui. Il a beau savoir que dans l’idéal, il devrait ignorer la présence du jaune et noir et s’arranger seul avec sa conscience, il reste là, dans son sillage, et apprécie de pouvoir discuter de ces sujets qui sont supposés l’ennuyer ou l’agacer, mais dans lesquels il trouve, en réalité, un intérêt réel et profond, qu’il n’a pas la moindre envie de dissimuler à son interlocutrice tant cet intérêt est réel et des plus évidents. Quand ils discutent de ce personnage qui a tapé dans l’œil de Regulus, le parallèle qu’ils font tous les deux entre le jeune Black et lui est tel qu’il n’y aurait presque que le principal concerné pour refuser de le voir en dépit de la plus totale et stricte évidence. C’est au moment d’entendre Peter affirmer espérer que le héros pourra aider son ami avant qu’il ne soit trop tard que le parallèle devient beaucoup trop flagrant, une bonne fois pour toutes.

Pour ce faux antagoniste de bande dessinée, il y a sans doute de l’espoir, mais pour Regulus… Non, il n’y croit pas. Il n’y croit pas une seule seconde, parce que son destin avait été décidé avant même sa naissance… Certes, Sirius, lui, semblant y avoir réchappé… Mais Regulus n’est pas Sirius. Il n’a pas cette force de caractère. Il ne l’aura probablement jamais, quoi qu’il fasse. Regulus n’est pas Sirius, et après le départ de son frère, il se sent moins capable encore d’agir… parce qu’il porte sur ses épaules une responsabilité qu’il ne peut pas se permettre de trahir… il ne peut en être question.

« Peut-être bien », répond-t-il évasivement, en ne parlant que du meilleur ami du héros, et pas de lui-même.

Avant de parvenir finalement à présenter ses excuses à son interlocuteur. Il faut dire ce qui est, cela lui aura clairement pris du temps, mais il a su finalement exprimer son sentiment, enfin… de manière très très partielle, et en tout cas présenter à Peter des excuses que ce dernier méritait plus que largement d’entendre, et depuis bien plus longtemps que cela.

« Non, clairement t’as pas toujours raison », confirme Regulus qui, un peu plus léger maintenant qu’il a présenté ses excuses, se sent capable d’en dire plus à son interlocuteur. Il le chambre, même s’il le pense… Dans cette histoire, les torts de Regulus sont ce qu’il y a de plus évidents. Mais le jeune homme parvient malgré tout à en trouver à son interlocuteur également. « Hum… Je connais une pièce, dans le château… C’est tranquille, et je crois que la plupart des gens n’en connaissent pas l’accès », dit-il alors en songeant à la salle sur demande, quand Peter suggère qu’ils se trouvent dans un endroit plus tranquilles, au chaud, pour discuter davantage.

Sweet Rivalry

feat. Peter

Une rencontre au beau milieu de la nuit dans une pièce secrète du château… Regulus se surprend à penser que ce genre de rendez-vous n’a probablement rien à enlever à quelques-unes de ces rencontres amoureuses qui s’organisent à l’insu de tous. Il chasse cette pensée rapidement. Il ne veut pas y penser. Il ne veut penser à rien. Il veut juste apprécier la compagnie de Peter, à l’abri des regards. Voilà, c’est comme ça, c’est plus fort que lui. Qu’il le veuille ou non, il est incapable d’accepter l’idée que Peter et lui ne puissent pas s’entendre. Tous les deux, ils ont de tels atomes crochus que leur « amitié » tient de l’évidence la plus absolue. Regulus Black sait que perdre son temps à lire des bouquins moldus en compagnie d’un Poufsouffle entre en contradiction avec la moindre de ses valeurs, mais voilà, c’est plus fort que lui. Il se sent bien en sa compagnie. Et il veut en profiter tant que ça dure… Sachant que ça ne durerait probablement pas bien longtemps.

Ils se retrouvent dans un couloir vide, face à une tapisserie hideuse. Peter le rejoint vite, ils sont tous les deux ponctuels. Le jaune et noir a pris son rôle très à cœur, le sac chargé de comics en tout genre. Ils ont tous les deux violé le couvre-feu, et à tout moment, ils pourraient être surpris. L’air de rien, cette pensée reste dans un coin de son cerveau. Mais loin d’être désagréable, cette pensée a quelque chose d’exaltant… Comme l’idée de faire découvrir à Peter un endroit du château que ce dernier ne connaît pas le moins du monde.

« Attends… », il lui fait d’un ton mystérieux, une lueur intrigante dans le regard.

Regulus se concentre, réfléchissant à la pièce idéale pour eux. Un endroit confortable et discret, chaleureux, un endroit isolé et tranquille, une bulle réconfortante où personne au monde ne pourra les trouver. Il fait plusieurs tours sur lui-même face à la tapisserie. Il se rend bien compte qu’il doit avoir l’air un peu ridicule à s’agiter comme ça, mais il sait aussi que le jeu en vaut la chandelle. Après plusieurs longues secondes durant lesquelles Regulus redoute que rien ne se passe, une porte finit par apparaître. Regulus tourne vers Peter un sourire triomphal avant de l’entraîner rapidement à l’intérieur.

Tous les deux découvrent une pièce tout à fait cosy, confortable. Des bibliothèques aux murs, des tentures vertes et jaunes, des poufs et des fauteuils élégants au sol. Ils seront bien, ici. Regulus se sent directement bien, il a immédiatement le sentiment d’être chez lui.

« Alors, t’en penses quoi ? » demande immédiatement le vert et argent, qui espère secrètement que son camarade sera au moins un peu impressionné par ce petit havre de discrétion improvisé sur-mesure juste pour eux. Un endroit où ils pourraient se réunir absolument n’importe quand, au gré de leurs envies… Pour Regulus, ça compte. Ça compte même bien plus que ce qu’il aurait soupçonné.

Sweet Rivalry

feat. Peter

Regulus est incapable de ne pas afficher un sourire un rien fier tandis que Peter découvre la salle sur demande. Il ne serait probablement pas moins fier s’il avait créé cette pièce lui-même (spoiler alert : ce n’est absolument pas le cas), elle est à l’image de ce que l’on attend qu’elle soit, et en l’occurrence, le jeune sorcier est parvenu à leur proposer un cocon assez confortable… Lui aussi il adore cet endroit, pas seulement parce que cette pièce est effectivement particulièrement cool, mais avant tout et surtout parce que cet endroit est d’un coup d’un seul en train de devenir leur endroit. Cette pensée plaît terriblement à Peter. Plus encore qu’il ne l’aurait imaginé.

« C’est une pièce qui s’adapte à ce que tu désires. Tu ne peux la trouver que si tu cherches vraiment quelque chose. Je l’ai découverte totalement par hasard… Je suis même pas sûr que Dumbledore lui-même soit au courant de son existence », ajoute-t-il non sans une certaine fierté, une fois de plus. « Si tu penses suffisamment fort à quelque chose, ça apparaît. J’adore cet endroit. »

C’est comme ça qu’il l’a trouvé, d’ailleurs. Dans un moment où il avait terriblement besoin de solitude, d’un endroit où personne ne le trouverait, d’un lieu où il pourrait se retrouver seul avec ses pensées les plus douloureuses sans s’exposer aux moqueries de ses pairs. Un endroit où personne ne le verrait pleurer, quand la nostalgie l’étreignait et qu’il pensait à son frère, et au fait qu’il l’avait perdu pour de bon. Il chasse cette pensée pas très agréable au profit d’un autre : partager son jardin secret avec Peter a coulé de source aux yeux de Regulus. Il ne saurait pas même dire pourquoi – c’était naturel, voilà tout. Il avait besoin d’être seul… Mais être seul avec Peter, ce n’était pas pareil. Exposer ses faiblesses en présence de Peter, également… ce n’était pas pareil. Oui, cet endroit pourrait bien devenir leur quartier général, et Regulus s’imagine déjà tous les rendez-vous qu’ils pourraient s’organiser ici… A cette pensée, le rose lui monte légèrement aux joues, et il s’efforce à se focaliser sur autre chose presque immédiatement.

Regulus s’installe sur le canapé à côté de Peter et suit son regard quand le jaune et noir extirpe de son sac des bandes dessinées en même temps que quelques sucreries qu’il dépose sur la table. A l’évidence, il a décidé de prendre les choses très sérieusement. Le vert et argent trouve ça… charmant.

« Et ça te va, comme solution ? » Regulus hésite. « Je sais que je suis pas… La façon dont je t’ai traité. Je veux pas que ça recommence mais… Protéger ma réputation, c’est ce que je sais faire de mieux. »

Et bien souvent, cela se fait aux dépens de toutes les personnes qui lui sont proches.

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feat. Peter

« J’avais juste besoin qu’on me fiche la paix », répond Regulus de manière très évasive quand son interlocuteur lui demande à quoi il pensait au moment de découvrir cette pièce.

En soi, il n’y a pas de honte à le dire, tout le monde a besoin d’être seul de temps en temps, et même si le château est très grand, il est assez difficile de profiter de vrais instants de solitude sans être rapidement dérangé. Et ce n’est pas aussi comme s’il avait simplement eu une envie si pressante qu’il se serait retrouvé d’un coup d’un seul au beau milieu d’une pièce remplie de pots de chambre (les vrais savent). Mais le simple fait de prononcer ces mots lui donne le sentiment d’afficher une certaine faiblesse, en réalité, car ce besoin de solitude ne venait définitivement pas de nulle part. Si Regulus l’avait ressenti si viscéralement, c’est parce qu’il se sentait complètement paumé, et franchement mal dans sa peau… Il n’y avait personne dont il se sentait capable d’apprécier la compagnie, alors. La seule personne avec qui il aurait voulu passer du temps, c’était son frère, et pourtant, il prenait soin de le rejeter chaque fois que l’occasion se présentait…

Maintenant, il s’est découvert une autre personne avec laquelle il a envie de passer tout son temps… Et si étrange cela puisse-t-il paraître, quand il est question de Peter Parker, plus rien ne semble avoir autant d’importance et de pesanteur que tout le reste… Avec Peter, il peut se permettre d’être transparent, et par conséquent, aussi, de se montrer honnête… presque un peu trop honnête, sans doute.

Est-ce que l’apparence et ce que les autres pensent de lui est à ce point important pour lui ? Oui, bien sûr que ça l’est. Ça l’est même terriblement. C’est ainsi qu’il a été éduqué, c’est ce qu’on attend de sa part depuis toujours. C’est ce qu’il croit être la chose à faire, envers et contre tout. C’est ce qu’il s’imagine être la seule chose à faire, même… au-delà de toute raison, malheureusement. Il se sait être conditionné par son éducation, mais il ne sait pas faire autrement… Il a toujours été ainsi, il le sera probablement toujours… Parce qu’il n’a pas le choix, parce qu’être celui que ses parents veulent qu’il soit est bien trop important à ses yeux, définitivement trop important à ses yeux.

« C’est pas si triste que ça… c’est l’inverse qui me rendrait triste. Je perdrais tout si j’étais pas comme ça… »

Il perdrait l’estime de sa famille, surtout, mais pour lui, c’est beaucoup trop. Regulus n’est pas Sirius, il est absolument incapable de faire les même choix que son frère – c’est impossible à concevoir pour lui.

« T’as pris des chocogrenouilles ? J’adore ça ! » fait Regulus, ravi de détourner la conversation. « Je collectionnais les cartes à une période, mais je tombe toujours sur les mêmes, ça m’a découragé. »

Sweet Rivalry

feat. Peter

« Qu’est-ce qui te dit que ce n’est pas moi ? » répond Regulus, se rembrunissant légèrement. Peter a probablement raison. Si le vert et argent était vraiment « comme ça », il ne se poserait pas tant de question. Mais Regulus veut à tout prix rentrer dans ce moule. Il a fait tant d’efforts pour cela, pour rendre ses parents fiers de lui, il a fait tant d’efforts pour être un Black parfait, qu’il ne peut pas supporter une chose pareille. Il a été façonné par cette éducation, et il doit beaucoup de ce qu’il est et de ce qu’il aime être à cette éducation, il ne peut pas le nier non plus. « C’est pas vraiment un rôle, que je joue… mais tout le monde doit s’adapter au moins un peu pour avoir la vie qu’il désire… Même toi. Personne n’est totalement libre. »

Sans doute, oui, mais où il se leurre, c’est que la vie à laquelle il se destine n’est pas nécessairement la vie qu’il désire… C’est seulement qu’il ne s’est jamais autorisé à désirer quoi que ce soit d’autre. Sa vie était décidée d’avance depuis si longtemps qu’il ne pouvait pas réellement se permettre de taper un grand coup dans la fourmilière et décider de tout changer du jour au lendemain. Il ne veut pas devenir comme Sirius. Il ne veut pas être traité comme lui, il ne veut pas que sa mère le rejette comme elle a rejeté son frère.

« C’est vrai », commente distraitement le vert et argent quand Peter remarque qu’une fois qu’ils auront réussi leurs examens et quitté le château, ils n’auront plus à se cacher.

Il ne veut pas s’engager sur ce genre de terrain avec Peter, parce qu’en vérité, il est convaincu que rien ne changera quand ils auront quitté ce château. Non, ce sera pire. Parce que ses objectifs demeurent inchangés. La voie à suivre est très claire, pour lui. S’il veut sauver l’honneur de sa famille, s’il veut faire la fierté de ses parents, il n’a clairement pas le choix : il doit rejoindre les rangs du seigneur des Ténèbres – il ne peut en être autrement.

Alors autant laisser le sujet dériver sur quelque chose de différent, et se gaver de friandise en ne pensant définitivement pas à ce qu’ils seront plus tard et au fait que la vie doit tout naturellement faire d’eux des ennemis naturels, quoi qu’il advienne.

« La même , quelle plaie ! » plaisante-t-il au sujet de Dumbledore, dont les cartes chocogrenouille sont si récurrentes. « Comme si ça ne suffisait pas de le voir tous les jours », ajoute-t-il d’un ton très léger.

Mais c’est une autre carte que Peter a pioché, celle d’un sorcier, inventeur du sortilège d’allégresse – sort que Peter maîtrise bien, apparemment. Quand Peter sort sa baguette de sa poche, Regulus se crispe légèrement. Est-ce qu’il ne serait pas en train de se faire avoir ? Est-ce que tout ça ne serait pas un piège, une mise en scène ? Mais finalement, la réponse le surprend lui-même.

« Je te fais confiance. »

Sweet Rivalry

feat. Peter

Regulus affiche un sourire à la réflexion du Poufsouffle. Il ne lui dira pas à quel point sa vision des choses lui plaît, même si elle va totalement à l’encontre de son éducation et de tous ses préceptes. Le monde doit s’adapter à eux… Si ça pouvait être si simple… Un monde susceptible de s’adapter à tout le monde… Regulus a envie de dire que c’est plutôt naïf, comme vision… Mais en même temps, cette pensée lui plaît vraiment. Il préfère réagir en souriant, donc, mais il ne fait aucun commentaire pour autant. Il reste convaincu du fait que son sort est déjà tout décidé, et qu’il ne pourra absolument rien y changer. Il ne servirait à rien d’observer les choses d’une autre manière.

Il ne veut pas penser à tout ça, il ne veut pas penser à son éducation et à ses obligations… Il ne veut pas entacher ce moment de complicité et de partage. Ici, il n’est pas Regulus Black, l’austère Serpentard contraint de perpétrer le schéma familial. Ici, il est un adolescent comme n’importe qui d’autre, qui passe un excellent moment en compagnie d’un garçon qui… un garçon qui lui plaît ? Il rejette cette pensée presque aussitôt.

Peter n’est pas comme les autres, il n’est pas comme tous ses autres amis, qui pour beaucoup ne sont d’ailleurs que des amis de façade, qu’il ne fait que mine d’apprécier parce que les circonstances veulent qu’ils évoluent dans le même cercle. Cela le dépasse lui-même que de le constater, mais c’est un fait. Regulus lui fait confiance, oui. Il lui fait même une confiance aveugle. Une confiance que rien ne serait susceptible d’entacher. Oui, il est prêt à jouer les cobayes pour le sort d’allégresse qu’il veut lancer dans sa direction. Il n’aurait laissé personne lancer le moindre sort sur lui, mais c’est Peter.

« S’il te plaît, dis-moi que t’annuleras le sort si ça devient incontrôlable », lui demande-t-elle tout de même.

L’idée de perdre le contrôle de lui-même est quelque chose de compliqué à accepter pour Regulus, et même s’il peut accepter en présence de Peter, il ne veut surtout pas se couvrir de ridicule non plus. Il a le réflexe de fermer les yeux quand Peter lève sa baguette dans sa direction. Il sait qu’il ne craint rien… et même, que cette situation pourrait être sincèrement amusante, en vérité.

Le sortilège d’allégresse fonctionne à la perfection, Regulus se sent tout à coup comme dans un cocon agréable et confortable, il se sent… Léger, il se sent heureux, euphorique comme il présume qu’on peut l’être après quelques verres.

« Tu sais, j’avais pas besoin de ce sortilège pour me sentir bien avec toi. »

Ça non, mais en revanche, pour faire preuve d’autant de légèreté et d’honnêteté, il en avait probablement besoin.

Sweet Rivalry

feat. Peter

Regulus affiche une légère grimace au moment d’entendre Peter lui répondre d’un ton faussement hésitant qu’il n’était pas du tout certain de savoir annuler son sort une fois qu’il l’aurait lancé. S’il est capable de cerner l’humour dans son propos, sa nervosité le relègue au second plan… Il faut dire que le vert et argent n’a jamais été un joyeux luron, loin de là, et s’il ne fait pas d’humour lui-même (parce que ce serait une véritable catastrophe), il goûte également très rarement à celui des autres. Ceci dit, Peter dédramatise assez rapidement la situation, et puisque Regulus a promis de lui faire confiance… Il est temps de lui prouver que c’est bel et bien le cas. Le regard du jeune homme reste un tant fixé sur la main que le jaune et noir avait laissé reposer sur la sienne, avant de le planter dans les prunelles sombres de son interlocuteur.

Le sort fonctionne, il le baigne dans un état de douce euphorie, particulièrement plaisant. Soudainement, ses atermoiements lui paraissent bien lointains. Il ne s’inquiète plus de quoi que ce soit. Aucune angoisse d’aucune sorte ne semble en mesure d’altérer cet état doucereux de joie pure qu’il a atteint. Aucun problème n’est soudainement grave, et il se sentirait même… en paix… Pour la première fois depuis bien longtemps. En paix avec lui-même et avec tout ce qu’il ressent. Et c’est de toute évidence pour cette raison qu’il se permet d’être aussi sincère et direct avec Peter, chose qu’il ne se serait absolument jamais permise en d’autres circonstances… Et donc oui, il ose le lui dire, le lui apprendre, à quel point il se sent bien quand il se trouve en sa compagnie, et combien il a le sentiment de n’avoir besoin d’absolument rien d’autre au monde.

« Tu ne me mets jamais mal à l’aise. » Il sourit. « J’ai souvent des réactions disproportionnées, mais ce n’est pas par rapport à toi… C’est moi. »

C’est lui, son éducation, la difficulté qu’il a à assumer ses sentiments. Peter en paie le prix, mais il n’en est pas responsable… C’est en sa compagnie que sa vie est la plus belle… Regulus en a plus que jamais conscience en cet instant, et c’est un sentiment qu’il apprécie et savoure à sa juste valeur. En cet instant plus que jamais. Il s’est libéré d’un poids, et il a l’impression de pouvoir tout lui dire. Bien sûr, c’est l’effet du sort. Une fois qu’il aura repris ses esprits, il reverra probablement un bon nombre de ses réflexions, mais passons.

« C’est justement parce que tu n’es pas comme eux que tu me plais autant. »

Sans philtre aucun, Regulus ne prend même pas vraiment conscience de l’énormité de ce qu’il vient de lui dire. Ces mots lui viennent tout seuls, et ils lui semblent si évidents et si naturels qu’il ne se verrait même pas revenir sur ses propos. A propos, il se contente tout simplement de dire ce qu’il pense vraiment, et il ne verrait définitivement plus aucune raison de mettre ses propos en sourdine.

Sweet Rivalry

feat. Peter

En n'importe quelle autre circonstance, le fait d'entendre Peter lui répondre que lui aussi lui plaît beaucoup lui aurait fait monter le rouge aux joues, et il aurait probablement essayé de formuler laborieusement une réponse soit maladroite, soit agressive (voire les deux) pour se sortir du pétrin. Mais sous l'effet du sortilège d'allégresse, comme il le serait peut-être sous l'effet d'un trop grand verre d'hydromel, il oublie ses inhibitions, sa gêne, ses angoisses existentielles, et il accepte les paroles de Peter pour ce qu'elles sont : un très beau compliment, et qui lui va droit au coeur.

Ils pourraient difficilement se dire les choses plus franchement : oui, ils se plaisent. Amicalement seulement ? Regulus n'aurait pas été capable d'envisager une autre réponse autrement. Il se serait totalement laissé influencer par son cerveau étriqué, qui aurait préféré se complaire dans des explications réconfortantes et n'allant pas à l'encontre de l'éducation très stricte des Black... Mais c'est de Peter qu'il s'agit, et de lui, sous un angle nouveau, et il le ressent profondément en cet instant. Son coeur déborde purement et simplement d'amour et de tendresse. Oui, son esprit est capable non seulement de le conscientiser mais de ne pas prendre peur à ce constat, en cet instant : il est bel et bien amoureux de lui. Il est amoureux pour la première fois de sa vie. En d'autres circonstances, la prise de conscience d'un tel sentiment le torturerait, en cet instant, il l'accepte comme étant l'émotion la plus douce et la plus agréable qu'il ait jamais ressentie. Il ne cherche même pas à savoir si c'est réciproque. Il s'en moque. Ce qui lui importe, c'est juste d'être avec lui, et d'apprécier ce sentiment autant que possible.

"Non, s'il te plaît."

C'est presque d'un ton trop brusque, trop direct, que Regulus lui demande de ne pas interrompre le sort. Il n'a pas envie de quitter cet état d'euphorie, pas tout de suite. Il sait que ce sera difficile pour lui de redescendre, et même s'il le faudra bien, il n'a vraiment pas envie d'endurer ça pour le moment. Il a encore envie d'en profiter un peu.

"Qui a besoin du Regulus ronchon et coincé", il ajoute avec légèreté.

Tout en prononçant ces mots, il s'entend rire, goguenard. Il est complètement en train de se foutre de lui-même, c'est un fait. Mais ça fait du bien, aussi. Regulus, toujours tiré à quatre épingles, a vraiment besoin de décompresser, très clairement... Et bon sang, ça lui fait beaucoup de bien.

"Attends encore un peu...", ajoute-t-il avant de se rapprocher de Peter pour l'inviter à abaisser sa main avec douceur...

Leurs visages sont proches à présent. Très proches, maintenant... Dans son état normal, il s'éloignerait, embarrassé. Ce n'est pas le cas. A la place, il glisse sa main contre sa nuque pour approcher son visage du sien avant d'embrasser ses lèvres.

Sweet Rivalry

feat. Peter

Regulus affiche un sourire mais n’envisage même pas de demander à Peter de développer quand ce dernier affirme qu’il a plein de qualités, et qu’il n’est pas seulement désagréable et ronchon. Peut-être bien. Mais il ne part pas à la pêche aux compliments, pas du tout, même. Ce n’est pas ce qu’il recherche le moins du monde. Lui, tout ce qu’il veut, c’est profiter du moment, profiter du moment en profitant de la compagnie de Peter, et c’est tout ce qu’il veut garder à l’esprit. Toutes les pensées agréables qui affleurent à la surface de son esprit sont absolument tout ce qu’il a envie de retenir. Le reste lui apparaît comme étant proprement accessoire. Regulus n’écoute rien d’autre que son instinct, en cet instant, et ça lui fait un bien fou de juste se laisser aller et d’écouter des envies qu’il aurait autrement laissé sous clé et n’aurait pas été capable d’assumer. Ici, maintenant, il fait les choses comme il a envie de les faire, un point c’est tout, il n’a pas besoin de réfléchir davantage. Il ne veut pas réfléchir davantage.

Jamais, ô grand jamais, il n’aurait été capable d’un tel courage dans d’autres circonstances, mais en cet instant, rien ne lui importe davantage que le contact de ses lèvres contre les siennes. Il a juste envie de se sentir vivant, il sait pouvoir se sentir plus vivant que jamais au gré des baisers qu’ils échangent. C’est peut-être de ça qu’il avait besoin, plus que du reste, de cette proximité, entre eux. Il lui donne le sentiment de compter pour quelque chose qui n’a rien à voir avec son éducation ou de vieux préceptes profondément ancrés dans son esprit. Peter sait l’apprécier pour ce qu’il est, pas pour ce qu’il s’efforce d’être afin de plaire au plus grand monde.

Encore un peu… Regulus voudrait grapiller tous les moments de tendresse et de complicité du monde pour s’assurer qu’ils ne lui filent pas entre les doigts. Il n’a pas envie de rompre le charme, il ne veut pas revenir à ses vieilles inquiétudes… Il a envie de l’embrasser, encore et encore et encore, et s’imaginer que rien ne compte en dehors d’eux, même s’il ne peut être dupe, même sous l’effet d’un sortilège d’allégresse, il n’oublie tout de même pas complètement qui il est, ni les difficultés qu’il rencontrera probablement.

« Je vais regretter… de ne pas avoir assez de courage, je vais regretter de ne pas savoir assumer ce que je ressens pour toi, je vais regretter de décevoir ceux qui ont toujours compté après moi… » Dit ainsi, c’est certainement le dernier discours que Peter avait eu envie d’entendre, mais bien sûr il ne prononce pas ces mots sans raison. Il ne veut pas démoraliser Peter, loin de là, mais à sa manière, il est capable d’une certaine lucidité d’esprit qui le surprendrait lui-même. « Mais je ne regretterais pas ce moment, je ne regretterais rien de ce qu’on est en train de vivre. »

Parce que pour la première fois, il se sent véritablement en phase avec ses sentiments, et ça lui fait un bien fou.

Sweet Rivalry

feat. Peter

« Si tu n’avais pas été ce que tu es, tu m’aurais cent fois moins intéressé. »

Regulus doit être honnête à ce sujet, Peter lui plaît parce qu’il est tout ce qu’il n’est pas, et qu’il lui permet de s’ouvrir à des horizons auxquels il s’était fermé tout au long de son existence. Peter lui plaît pour des dizaines de raisons, des centaines peut-être, trop pour être en mesure de toutes les énumérer. Bien sûr, s’il avait été une charmante jeune femme de sang pur bien sous tout rapport, la situation aurait été plus simple, parce que ses parents l’auraient immédiatement approuvé, et qu’ils n'auraient pas été obligés de se voir entre quatre murs…

Oui, tout aurait été différent, mais Regulus est maintenant convaincu que si ces cases avaient été cochées, Peter n’aurait pas eu sa faveur. Il ne veut pas de quelqu’un qui rentre dans le moule, lui-même dépense déjà beaucoup trop d’énergie à se cantonner au sien. Il prend beaucoup trop de plaisir à être repoussé dans ses retranchements, à faire ce que bon lui semble, comme bon lui semble… Ils s’engagent sur une voie complexe et sinueuse, mais cette voie, en cet instant, lui apparaît beaucoup trop attirante, il n’a pas la moindre envie de renoncer ou de rebrousser chemin.

« Sans regret », il ajoute avec sincérité, le regard plongé dans le sien.

Non, il n’a pas la moindre envie de regretter cela, pour rien au monde. Oui, la situation va être compliqué, oui, il aura probablement de nombreuses raisons de s’en vouloir et de ne pas savoir comment s’y prendre, mais cela n’y change rien. Il ne peut pas avoir de regret alors qu’il apprécie tant le contact de ses lèvres contre les siennes. Quand ils s’embrassent, ses pensées s’éclipsent, il n’y a plus qu’eux, définitivement plus qu’eux, et des besoins devenus presque viscéraux. Ceux de sentir sa peau contre la sienne, de s’imprégner de son parfum, de savourer chaque millimètre carré de sa peau, d’un corps qu’il aime et qu’il désire.

« Attends… », souffle-t-il quand même alors que ses mains, largement baladeuses, semblent prendre le dessus sur sa volonté ou sur la moindre réflexion un tant soit peu raisonnable. « Annule le sort d’abord. »

S’ils doivent aller aussi loin, Regulus veut que ce soit en pleine conscience. Il est convaincu, quoi qu’il en soit, de ne pas changer d’avis. Ce sort d’allégresse n’a pas fait naître ces sentiments, il les a juste mis à jour et lui a offert de comprendre à quel point ces derniers étaient forts et irréversibles. Il a envie de les vivre, pleinement, sans hésitation… Bien sûr, ce serait agréable de se réfugier derrière l’excuse d’un sortilège… Mais il ne veut pas ça. Il ne veut pas ça pour lui-même, et il ne veut pas ça pour Peter non plus. Peter mérite beaucoup beaucoup mieux que cela.