Being rebel is a natural instinct

feat. Sirius

Regulus a toujours peur de ne pas être à la hauteur. Depuis toujours, on flatte ses qualités, qui sont celles de sa famille, mais ces flatteries sont à double tranchant. Le moindre écart de conduite, la moindre réflexion, la moindre erreur était directement punie… Aux yeux de Regulus, c’était nécessaire, il se reprochait mentalement chacune de ses méprises, chaque bêtise qui pourrait éventuellement lui valoir de perdre l’estime de ses parents. Chaque fois, par exemple, qu’il prend la décision de mentir, souvent pour protéger son frère, il se flagelle mentalement. Quand il est question de Sirius, Regulus souffre toujours d’une certaine dualité… une part de lui ne demande qu’à soutenir chacune de ses frasques, parce qu’elles l’amusent et parce qu’il chérit tous les moments de complicité qu’il peut passer en compagnie de son frère, une autre se le reproche naturellement, parce que cela va à l’encontre de son éducation, et de ce qu’il pense devoir faire. Chaque fois que Sirius le pousse à faire une nouvelle bêtise, il se sent l’obligation de protester… Mais au fond, il attend toujours le moment où ce dernier le poussera dans ses retranchements, loin de l’atmosphère souvent austère et hostile de la demeure familiale.

Regulus a cru que son entretien avec sa mère ne terminerait jamais. Elle a mis en exergue quelques erreurs de comportement qu’elle voudrait qu’il corrige, et Regulus a hoché la tête, au comble de la honte. Être une déception pour ses parents est une des pires choses au monde à ses yeux… Mais il n’est pas toujours à la hauteur… Regulus a beau être appliqué et impliqué… Il est plus fragile – et moins intelligent, il le sait – que son frère. Il le regrette sincèrement, mais il ne peut définitivement pas ignorer le fait que c’est bel et bien le cas. Quand Walburga quitte sa chambre, Regulus s’installe à son bureau, déterminé à travailler toujours plus dur afin de combler les lacunes qui viennent de lui être reprochées. C’est au moment où, penché sur son bureau, il se plonge dans un livre rédigé par l’un de leurs illustres ancêtres, que Sirius fait irruption en douce dans sa chambre. Regulus ne remarque sa présence qu’au moment d’entendre sa voix, et sursaute sur le coup.

« Sirius, tu sais pas frapper avant d’entrer ? » demande Regulus, feignant l’agacement, mais en réalité ravi de lav proposition de son frère…. Bien sûr que quand il suggère qu’ils se rendent au parc, Regulus meurt d’envie de répondre oui. « Maman veut pas qu’on sorte », répond Regulus en faisant semblant de se reconcentrer sur son bouquin. « Et tu le sais très bien. » Il prononce ces mots sur le ton du reproche, mais le sourire au coin de ses lèvres est sans équivoque. « En plus, je dois travailler. »

Comme d’habitude, Regulus fait mine de protester, mais il suffira que Sirius insiste un peu, et même pas tant que ça, pour que le petit frère finisse par céder.

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Sirius a des arguments imparables. Ou plutôt, des arguments que Regulus pourrait probablement contrer aisément s’il en prenait la peine et s’il était véritablement capable de dire non à son frère. Sauf qu’il a beaucoup trop envie de se laisser entraîner dans une de ses éternelles frasques, plus encore s’il peut ensuite se dissimuler derrière l’excuse de ne pas avoir eu l’idée et d’avoir subi la mauvaise influence de son grand frère (sale gosse, vraiment). Si leur mère refuse qu’ils sortent, ils ont normalement tout intérêt à obéir, et même à se dire que c’est probablement pour leur propre bien, mais en même temps… en même temps, oui, c’est aussi vrai qu’il fait un temps absolument magnifique dehors et qu’il est plus tentant de se promener dans les rues de Londres dans la plus parfaite égalité que de se plonger dans un quelconque bouquin insipide dans l’obscurité de sa chambre – certes, Regulus aime les bouquins insipides et sa chambre aux murs sombres, mais il reste un gamin, et comme tout gamin, il a parfois juste envie de changer d’air.

« Tu me promets qu’ils remarqueront rien… ? »

Regulus est sceptique. C’est que quand leurs parents décident de les réprimander, ils ne font pas les choses à moitié, et la sanction est bien souvent des plus sévères. Il faut se sentir prêt à l’encaisser, et ce n’est pas toujours facile. Regulus n’est pas tant affecté par les châtiments en eux-mêmes dans ces moments-là, cela dit, que par la tristesse et la honte qu’il éprouve à l’idée d’avoir déçu ses parents. Tout comme rien ne peut le rendre plus heureux que de les savoir fier de lui, l’inverse lui fait l’effet d’une gifle brutale, plus violente que celles qu’il pourrait effectivement recevoir. Regulus est déjà plus ou moins convaincu, cela dit. Il a seulement besoin que son frère le rassure encore ne serait-ce qu’un tout petit peu. L’idée de sortir en douce, de braver les interdits et de revenir comme des fleurs, absolument comme si de rien n’était, c’est pas du tout quelque chose d’évident à ses yeux, mais en même temps, c’est beaucoup trop tentant pour qu’il n’ait pas au moins un peu envie de s’y risquer. Au final, il n’attend pas la réponse de son frère pour réagir.

« Bon, d’accord, mais si jamais on se fait prendre, je dirais que c’est de ta faute. »

Regulus, lâche par excellence. Ce n’est certainement pas cette attitude que lui envierait son frère, mais on appelle ça l’instinct de protection, et dans la plupart des situations, ça lui permet tout de même de s’en tirer à bon compte, donc on peut le dire, c’est loin d’être si mal que ça.

« Concernant Kreattur on fait comment. On l’enferme sous l’escalier ? »

Là encore, il n’est pas à l’aise avec sa proposition. C’est que même si cela pourrait sembler absurde au sein d’une famille où les elfes de maison sont décapités puis empaillés pour décorer les murs, Regulus est tout de même attaché à Kreattur.

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Que valent les promesses de Sirius ? Beaucoup et pas grand-chose en même temps. Regulus sait que Sirius est le genre de personnes qui seraient prêtes à tout donner pour tenir ses engagements, mais il sait aussi que pour parvenir à ses fins, il est capable de se convaincre qu’il est capable de tenir des promesses trop complexes pour afficher tant d’assurance. Car oui, même si Sirius lui promet que leurs parents ne seront rien, il ne peut pas en être sûr. Ceci dit, ce n’est définitivement pas la première fois que son aîné fait le mur – et il est évident que ce ne sera pas la dernière fois non plus… Aussi, il est très probablement qu’il soit capable de tenir cet engagement, et cela rassure un peu Regulus. Ce que ce dernier redoute avant toute chose, c’est de subir l’ire de ses géniteurs… Quand ces derniers affichaient leur déception ou leur colère, ils ne le faisaient pas à moitié – leur mère, surtout, et Regulus voulait se l’épargner autant que possible. Sirius est suffisamment courageux pour ne pas trop s’inquiéter des conséquences de ses actes, et même d’y voir un argument complémentaire qui l’encouragera d’autant plus à outrepasser les ordres parentaux, Regulus n’est pas comme ça, et il a clairement besoin de l’impulsion de son frère pour oser faire ce genre de pas qu’il ne ferait clairement jamais de son propre chef.

Comme il fallait donc s’y attendre, Regulus capitule assez rapidement. Chercher à débattre avec Sirius, c’est s’assurer de ne pas avoir gain de cause. Face à son frère, Regulus n’a jamais fait le poids, toujours dépassé par son assurance et son charisme, deux qualités dont lui-même a le sentiment de manquer assez cruellement. Alors soit, il est donc tant pour eux d’y aller, mais il est quelques problèmes qu’il est important pour eux de régler avant cela malgré tout. Notamment, à l’évidence, en ce qui concerne Kreattur, qui pourrait bien décider de les surprendre et surtout de les dénoncer. L’enfermer, c’est mignon, mais oui, il transplanera forcément, et pour tout dire, Regulus n’a pas très envie de malmener leur elfe de maison. Il sait que c’est une chose qui dépasse un peu Sirius, mais pour sa part, Regulus est très attaché à Kreattur.

« Bon… bon, d’accord, on fait ça. »

Regulus n’est pas du tout à l’aise avec les plans de son frère, mais il admet que c’est sans doute le mieux : distraire l’attention de l’elfe de maison et l’attirer vers d’autres considérations.

« Hum… j’y vais alors. »

Il faudrait quand même qu’il révise son jeu d’acteur, mais il s’efforce d’avoir l’air le plus naturel possible au moment d’aborder Kreattur. Il lui tient la jambe pour des broutilles, et lui demande s’il ne pourrait pas l’aider à chercher un livre quelconque qu’il ne serait plus capable de trouver. Que Kreattur goûte ou non à son plan, peu importe, il n’a de toute façon pas d’autre choix que d’obéir, ainsi, Sirius a le champ libre pour bazarder l’objet précieux qu’il estimera le plus susceptible de susciter les préoccupations de l’elfe de maison.

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Regulus n’est pas franchement fier de leur petite manipulation. Certes, ce n’est rien de grave en soi, et il n’y a pas non plus grand-chose de gravissime dans le fait de désobéir à l’autorité parentale… Mais ce n’est jamais un exercice simple pour Regulus. Il est même absolument sûr et certain qu’il passera les prochaines heures à culpabiliser… Fort heureusement, Sirius, comme il en a bien souvent l’habitude, trouvera un moyen de lui redonner le sourire et de lui rappeler que rien au monde n’est réellement si grave. Regulus a bien besoin de la légèreté que son aîné apporte à sa vie, mais dans le même temps, il n’arrivera jamais à faire abstraction du sentiment profond d’anxiété qu’il associe à la crainte tenace de décevoir les espoirs de ses géniteurs.

Bon, il aura tout le temps d’y repenser plus tard. A présent, il est temps pour eux de prendre la tangente. Il serait tout de même dommage qu’ils aient fait ça pour rien, pas vrai ? Vrai. Regulus suit donc son frère à l’extérieur en parvenant même à esquisser un pâle sourire, bien moins éclatant que celui de son frère, mais sincère malgré tout. Tous deux se précipitent à pas rapides jusqu’au parc, et ce n’est qu’une fois que leur immeuble n’est plus visible que Regulus se réconforte légèrement. Pas complètement tout de même, car il est convaincu que leur absence sera remarquée et qu’ils le paieront… mais raison de plus pour profiter de ce moment de répit.

« Qu’est-ce que tu me fais pas faire », remarque Regulus, en réussissant malgré tout à laisser s’échapper de ses lèvres un timide rire nerveux. « T’as de l’argent sur toi ? On pourrait aller au chemin de traverse… »

Quitte à faire le mur, autant faire en sorte que ça serve à quelque chose, pas vrai ? Et Regulus pourrait peut-être acheter quelque chose, n’importe quoi, pour sa mère, et prétendre que c’était une surprise… peut-être que la pilule passerait mieux, comme ça ? Bon, d’accord, d’accord, il doit définitivement se détendre, mais ce n’est vraiment pas gagné. Bien au contraire, même. Regulus est clairement angoissé, et il n’y aura que l’inconséquence et la bonne humeur de son frère qui sauront lui faire oublier pour de bon ce qu’il redoute d’être l’une des pires erreurs qu’il pourrait bien faire.

Bien sûr, on peut bien pire – et lui comme Sirius feront bien pire dans le futur, mais à son échelle d’enfant, c’est déjà vraiment énorme, et il a beaucoup de mal à passer outre le sentiment qui l’envahit à cette pensée.

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Regulus baisse la tête au moment de lire l’étonnement dans la voix de son frère. Il se dit immédiatement que sa prise d’initiative devait être complètement stupide, et qu’il n’y avait pas suffisamment réfléchi. Il ne sait pas quoi dire, et encore moins quoi penser, pour être honnête… Il avait eu envie de s’éloigner pour prendre moins de risques d’être repéré, et aussi pour rajouter un peu de défi à cette situation. Car quitte à être punis, autant que ce soit pour une bonne raison, pas vrai ? Et dans son esprit, il était de toute façon impossible que leurs parents ne remarquent rien et n’y voient que du feu… Ceci dit, il réalise maintenant qu’il agissait peut-être trop légèrement, et qu’il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même alors.

Il ne sait pas d’où ça lui est venu, exactement – peut-être l’envie d’impressionner son frère ? Toujours est-il qu’il se sent plutôt stupide à présent, et convaincu d’avoir sorti à son frère une connerie plus grosse que lui-même. Pas que Sirius n’ait pas l’air enthousiaste à cette perspective, bien sûr, l’inverse serait mal lui ressembler, mais au moment même de comprendre la situation et son ampleur, il n’a plus qu’une envie, et c’est celle de faire machine arrière.

« C’était sûrement stupide, comme idée », se rembrunit-il alors, le regard baissé sur ses chaussures. « Je me disais que de toute manière, papa et maman seraient au courant, et que Kreattur s’en rendrait forcément compte et leur en parlerait, et aussi que si on s’éloignait de la maison, on serait plus difficiles à trouver… »

Il parle très vite, comme si le fait de débiter toutes ses explications à la vitesse de l’éclair allait les rendre plus entendables… C’est très relatif, il n’empêche que Regulus n’est plus tout à fait sûr de lui. Sirius a ce don étrange de savoir lui offrir plus d’assurance qu’il ne se sentirait normalement capable d’en disposer, et dans le même temps de lui reprendre cette assurance sans même s’en rendre compte, sans la moindre intention ni la moindre malice, mais parce que Regulus aura à coup sûr des idées moins bonnes ou moins cohérentes que celles de son frère. C’est toujours plus fort que lui… il n’a de cesse que de se comparer à lui… Et chaque fois qu’il le fait, le résultat n’est jamais bien glorieux. Pour ne pas dire qu’il est tout l’inverse.

« On pourra leur offrir quelque chose ? » demande le petit Regulus en talonnant son frère. « Ce sera comme… un genre d’alibi ? Et puis ça leur fera plaisir », il suggère, définitivement pas à l’aise avec ce qu’ils s’apprêtent à faire, même si dans le fond, ils ne font absolument rien qui puisse être qualifié de grave en quoi que ce soit.

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Regulus se détend perceptiblement et un fin sourire orne ses lèvres quand son frère lui affirme qu’il avait seulement eu envie de le rassurer. Cet indice, si léger soit-il, de l’influence qu’ils savent avoir l’un sur l’autre le touche sans qu’il l’identifie réellement. Regulus encourage l’instinct de protection de Sirius autant que ce dernier encourage sa confiance en lui. Leurs parents ne seront probablement pas de cet avis, encore moins à l’heure actuelle, mais d’une certaine manière, bien à eux, ils savent l’un et l’autre se tirer vers le haut. Leurs parents ne seront probablement pas de cet avis, mais il est simple pour le jeune sorcier de faire abstraction... Sirius arrive à lui faire oublier sa prudence et son anxiété. Cette situation finira bien par lui exploser en pleine figure au moment pour eux de rentrer chez eux, mais... fichu pour fichu... Il préfère encore profiter pleinement de cette situation, sans plus se poser de questions. Oui, il aura probablement d'autres sursauts d'hésitation. Il aura probablement d'autres crises de doute, mais en même temps, Regulus veut juste profiter, et avec Sirius, il sait que c'est au programme. Tous deux se dirigent d'un bon pas en direction du chemin de traverse, et l'aventure peut donc commencer, peu importe ce qu'elle peut bien leur réserver exactement.

Il leur faut une petite heure de marche, durant laquelle les deux frères parlent de tout et de rien, pour que finalement, ils atteignent la devanture du chaudron baveur. Un sentiment singulier traverse alors Regulus, quelque chose qui pourrait aisément s'assimiler à de l'excitation, en même temps qu'à de l'appréhension. Rares sont les occasions de se rendre sur le chemin de traverse, et jamais ils ne s'y rendent seuls. Maintenant, reste tout de même une ultime barrière à franchir, et celle-ci ne semble pas si problématique.

"Si des parents moldus arrivent sans problème à emmener leurs enfants là, on devrait pas avoir trop de soucis", ajoute-t-il avec une légère grimace.

Conditionné par son éducation, il se répète par automatisme des réflexions faites par leurs géniteurs, certaines suggérant que les moldus ne devraient en aucun cas être admis parmi les sorciers. Mais il n'a pas l'intention de débattre de la question avec son frère. A la place, il scrute la faune locale du regard, et trouve une vieille dame à l'air sympathique, qu'il n'a aucun mal à convaincre de les aider à passer le mur séparant le pub du chemin de traverse.

"Et voilà, un jeu d'enfants !" fait Regulus en fourrant les mains dans ses poches.

Il a l'air sacrément sûr de lui, en cet instant, mais ça lui passera à l'évidence très vite... c'est toujours comme ça.

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Ils prennent en cet instant plus de risques que nécessaire, mais quitte à s’attirer des ennuis, autant s’assurer que ce soit pour une bonne raison, n’est-ce pas ? Et Regulus, bien qu’appréhendant toujours une situation dont il redoute les répercussions, ne sait pas faire autrement que d’éprouver de l’enthousiasme malgré tout au gré de cette expédition qui le pousse dans ses propres retranchements et l’oblige à faire face bravement. Il est heureux que Sirius le pousse parfois dans ses limites, sans cela, il passerait à côté de plein de choses dans la vie.

Et il faut l’admettre, c’est quand même plus sympathique de se promener sur le chemin de traverse et de faire un peu de lèche-vitrine que de rester coincés aux 12 square Grimmaurd à faire laborieusement leurs devoirs. Oui, en rentrant, ils auront peut-être des comptes à rendre et Regulus regrettera mille fois de s’être montré à ce point léger dans son comportement, mais pour le moment, il réussit assez bien à faire abstraction.

« La boutique de Quidditch, ça te dit ? » suggère Regulus avec un fin sourire quand Sirius lui demande par quoi ils commencent.

Regulus a toujours été passionné par le Quidditch, quelque chose qui tranche avec son tempérament très réservé et très scolaire… Il ne saurait pas vraiment se l’expliquer, d’ailleurs. La première fois qu’il est monté sur un balai, la chose lui est parue si simple, si naturelle, il s’est senti si bien en cet instant que ça a juste semblé… couler de source, en fin de compte. Et oui, un jour, il intégrera l’équipe de Quidditch de sa maison… Bon, Sirius est moins branché Quidditch que lui, mais aux dernières nouvelles, il aime ça tout de même, donc ça ne devrait pas le déranger.

« Comme ça tu pourras m’offrir un vif d’or tout beau tout neuf », il ajoute pour le charrier, sans le moindre sérieux.

Regulus saisit le poignet de son frère pour l’entraîner jusqu’à la vitrine d’une boutique dont il a contemplé la devanture avec de grands yeux émerveillés plus de fois qu’il ne serait capable de le dire tant ces occasions ont été nombreuses.

« Et ensuite on pourra se prendre une glace ? » propose-t-il ensuite, trépignant d’impatience à l’idée de tout ce qu’ils pourraient faire ? ça y est, il n’éprouve définitivement plus la moindre inquiétude. Bien sûr, ça reviendra, mais pour le moment, tout ce qu’il souhaite, c’est profiter un maximum, et c’est donc bel et bien ce qu’il est décidé à faire.

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« Fais gaffe, je te prends au mot », répond Regulus avec un sourire en coin quand Sirius lui affirme que quand il remportera la coupe de Quidditch pour Serpentard, il lui offrira un vif d’or digne de ce nom.

Bien sûr, une telle promesse est soumise à de nombreuses variables, à commencer par le fait que la passion de Regulus pour le quidditch ne lui garantisse pas pour autant d’être accepté dans l’équipe de sa maison quand il aura intégré Poudlard. Et pas non plus qu’il soit suffisamment doué pour faire gagner son équipe… Mais c’est beau de rêver.

Innocent – bête –, Regulus ne réalise pas encore que si Sirius ne tiendra pas cette promesse, c’est surtout parce que leur relation va tant et si bien s’envenimer que ni l’un ni l’autre n’aura plus guère l’envie de faire le moindre cadeau à l’autre – au sens propre comme au figuré. Pour l’heure, il peut encore se convaincre des belles perspectives qui l’attendent.

Certes, il sait qu’il ne sera autorisé à s’investir dans cette passion que dans l’optique où ses résultats scolaires seront autrement irréprochables, sans quoi ses parents estimeront que c’est là une perte de temps fondamentale, il l’a bien compris. Mais il s’en sent capable. Regulus n’est pas quelqu’un de très ouvert, et surtout quelqu’un de presque monomaniaque pour ce qui est de ses centres d’intérêt. C’était déjà suffisamment compliqué de s’en trouver un, alors…

« Je te le rappellerai, tu t’engages sur l’honneur, Sirius. »

Pour le reste du programme, tout lui plaît, la glace, l’idée d’offrir un livre à leur mère (et peut-être aussi d’en prendre un pour lui-même)… C’est une après-midi qui vaut vraiment bien la peine de faire une petite escapade qui leur vaudra peut-être une punition sacrément corsée au moment de leur retour.

« Le dernier Brossdur est incroyable, il permet des pics d’accélérations qu’aucun autre balai ne permet… Mais d’ici à ce que j’ai les moyens de me le payer, j’ai le temps de voir venir. »

Et il n’irait pas le réclamer à ses parents. Ce n’est pas que les Black sont sur la paille, mais ce n’est pas pour autant que Regulus et Sirius peuvent dépenser leurs gallions comme bon leur semble.

« Tu serais pas tenter de faire partie de l’équipe de Serpentard quand tu seras à Poudlard, toi ? Je suis sûr que tu me ferais de l’ombre. »

Il le dit en souriant, mais avec une légère amertume. Sirius fait toujours tout mieux que lui – sauf obéir.

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Regulus a parfois cherché à mettre en veilleuse sa passion pour le Quidditch. Au fond, ça lui paraissait assez superficiel en comparaison des desseins que l’on traçait pour lui. Certes, être un athlète en plus d’un élève brillant ne ferait qu’asseoir une réputation digne des Black aux yeux de ses parents, encor cve faudrait-il être capable d’exceller vraiment dans ces deux domaines, et le garçon n’en est pas du tout certain. Il appréhende beaucoup l’idée de faire la déception de ses parents à son entrée à Poudlard. Et si ses résultats n’étaient pas à la hauteur ? Et s’il n’atterrissait pas dans la bonne maison ? Et si… ? Les questionnements étaient nombreux, et il n’était pas possible pour lui de s’en débarrasser, qu’il le veuille ou non.

« Ouais, on verra, faudrait déjà que j’intègre l’équipe, je sais même pas si je suis assez bon… »

Et quand bien même il le serait, il n’est pas certain que ses parents accepteraient de lui faire un cadeau à ce point conséquent… Quoique, ils n’accepteraient probablement pas que leur fils s’affiche avec un balai de seconde main, usé et proposé par l’école… Mais il s’avance. Il est loin, encore très loin de tout ça, et s’il adore le Quidditch en théorie, ce n’est pas vraiment comme s’il avait eu l’occasion de s’exercer ni ne pouvait entièrement certain du fait qu’il était en quoi que ce soit doué pour cela.

« Evidemment que ça reste entre nous, les parents te tueraient. » Il marque une pause. « T’es vraiment pas normal, les engins moldus sont d’un compliqués pour rien… », il remarque d’un ton amer, ne faisant que ressasser le discours de ses parents.

Par conformisme et par habitude, et sans franchement y réfléchir, Regulus avait toujours adopté le point de vue familial concernant ceux qui ne possèdent pas de pouvoirs magiques. Il ne veut pas se prendre la tête avec son frère à ce sujet, mais il voudrait que ce dernier n’en fasse pas qu’à sa tête et se sorte de l’esprit ces idées qui, un jour, il le ressent sans totalement le conscientiser, causeront une scission trop profonde entre lui et le reste de la famille, si bien que l’équilibre déjà précaire de leur famille s’effondrera pour de bon.

« C’est bête, j’aurais bien aimé jouer au Quidditch avec toi, moi », ajoute-t-il d’un ton un peu déçu. « Ouais, on va chez Fleury & Bott… Ou n’importe où, je sais que les livres, c’est pas trop ton truc. »

Parce qu’on ne fait pas plus différent que ces deux-là.