Halloween est une fête très importante chez les sorciers, presque autant que Noël, et les traditions qui y étaient respectées n'étaient curieusement pas bien différentes de celles des Moldus, si ce n'est que leurs lanternes en citrouille avaient évidemment plus de gueule, et qu'ils ne s'embarrassaient pas de représentations terrifiantes de créatures qu'ils côtoyaient constamment, à commencer par eux-mêmes. Quelque part, Regulus est heureux de retrouver cette tradition ici et de la célébrer.

Cela va lui permettre de sortir un peu la tête de l'eau, d'arrêter de penser, au moins le temps d'une soirée, à ces histoires d'horcruxes et de sorciers maléfiques qui en avaient après lui. Certes, il ne faudra sans doute pas longtemps (quelques minutes peut-être) pour qu'il abandonne cette résolution aussi vite qu'il l'aura adoptée, mais pour l'heure, il a très sincèrement envie d'essayer de passer une bonne soirée et de se changer les idées.

Raison pour laquelle il a accepté l'invitation de Peter. Pour cette raison et parce que même s'il en a vaguement quelques-uns, on ne peut pas dire qu'il ait masse d'amis ici (ici ou ailleurs d'ailleurs...). Et puis, ça lui donne une occasion de passer du temps avec Peter, et même s'il ne faudra pas s'attendre à ce qu'il l'admette d'entrée de jeu, il l'aime bien, Peter, et il apprécie leurs discussions - il l'appréciera peut-être un peu moins tout à l'heure, mais chaque chose en son temps.

Au moment T, il se pointe donc au rendez-vous et tombe rapidement sur un Peter qui semble s'être renversé toute une boite de fond de teint blanchâtre sur la figure. Lui ne s'est évidemment pas déguisé, vous pensez bien. Il n'allait pas s'amuser à s'humilier avec un costume à la con. Si on lui reprochait de ne pas avoir de costumes, il serait toujours tant de tirer sa baguette de sa veste et de rappeler qu'il était un sorcier (maintenant que sa baguette lui sert à quelque chose).

"Et toi, c'est quoi, super-anémique ?" lui rétorque-t-il quand Peter commente son costume. Sisi, ils s'entendent vraiment bien, les deux, c'est juré. Pour le coup, la pique est amicale, même si en l'occurrence, le jeune homme est vraiment incapable de capter que son interlocuteur est supposé "être" un vampire. "Comment ça le troisième ?" reprend-il quand Peter lui apprend comme si de rien n'était qu'il a invité un troisième acolyte à se joindre à la fête.

Dire que sur le principe, il n'est pas emballé, serait un doux euphémisme. Déjà que sociabiliser avec une personne lui demande des efforts, alors deux... Et encore, il ne sait pas qui est la deuxième personne en question. Il donne déjà l'impression de tirer une tête de six pieds de long... c'est le début.

Un type attifé en loup-garou vient les rejoindre. Regulus ne reconnaît pas tout de suite la personne en question, jusqu’à ce que le type prenne la parole et fasse un commentaire sur le costume de Peter. Si ça c’est Dracula, alors lui il est carrément déguisé en monstre du Loch Ness… Mais apparemment, selon les dires de Peter, il n’en est pas si éloigné. Ceci dit, Regulus s’en fiche un peu, de Twilight et de toutes ces histoires de vampires, là, fausses dents de vampires au goût chimique ou pas. Dès l’instant où Regulus a reconnu la voix de son frère, il s’est immédiatement braqué. Lui qui, déjà d’ordinaire, est très loin de transpirer l’entrain et la joie de vivre, se retrouve clairement à tirer un tête de six pieds de long, là, tout de suite (encore plus qu’avant). Surtout que ce n’est certainement pas la réflexion de son frère et ce « lui » méprisant qui va l’aider à faire un quelconque effort (si toutefois il aurait été possible pour lui d’en faire un dans d’autres circonstances).

Regulus se sent franchement ridicule, là, tout de suite, d’autant qu’il se sent un peu con d’avoir imaginé que Peter voudrait juste passer un moment sympa avec lui. Non, tout ça, c’est une stratégie, une manœuvre pour obliger les frères Black à se parler parce que Peter s’est investi de la mission sacrée de les réconcilier… C’est malin. Une chose est certaine, c’est qu’il n’est pas prêt d’y arriver… Est-ce que Regulus n’aurait pas envie qu’il en soit capable, pourtant ? S’il doit être un peu honnête, il devrait bien avouer qu’une part de lui a envie que cette situation merdique débloque quelque chose et que, d’une façon ou d’une autre, ils parviennent à trouver un terrain d’entente. Mais ça n’arrivera pas. Parce que si les deux ont bien un point commun tous les deux, c’est d’être fiers comme des paons tous les deux. Il n’y en a vraiment pas un pour rattraper l’autre.

Juste le temps du jeu, hein… ça risque d’être le jeu le plus long de la création, à plus forte raison que Regulus est déterminé à tirer la tronche tout du long, c’est sa nouvelle mission et s’il doit accepter d’articuler même quelques mots, il faudra s’en sentir honoré. Qu’il ne compte pas sur cette situation pour discuter. Non, tous les efforts de sociabilisation que Regulus se sentait prêt à faire se sont immédiatement évaporés. Il ne fera pas le moindre effort, c’est décidé.

« N’y pense même pas. », réplique Regulus quand Peter suggère de les entoiler… Non, non, hors de question, ça suffit comme ça. « Bon on commence ? On va pas moisir ici. Plus vite on commencera, plus vite on en aura fini », décrète-t-il, d’absolument mauvaise volonté.

Il n’attend pas la réponse de Peter pour faire un premier pas dans la pénombre de la forêt. Trop c’est trop, le peu d’enthousiasme (vraiment pas visible) qu’il pouvait avoir s’est complètement évaporé.