The Outcasts

feat.  @Peter Pettigrow

« Peter ? »

Il aura de quoi être surpris. Depuis des années que tous les deux fréquentent les murs de Poudlard, c’est bien la première fois que Regulus Black prend le temps et la peine de s’adresser directement à Peter Pettigrow et même de lui adresser ne serait-ce qu’un semblant de regard – exception faite du moins de ces regards à la dérobée qui devaient échapper à la vigilance de tout un chacun. Il n’y avait rien d’anormal à ce que tous les deux n’aient jamais vraiment pris le temps de parler. Tous deux n’évoluent absolument pas dans les mêmes sphères, l’un à Gryffondor, l’autre à Serpentard. Et surtout, Peter n’avait longtemps été, aux yeux de Regulus, que ce suiveur constamment dans les pattes de son frère et de l’insupportable James Potter. Rien à dire de plus à ce sujet. Mais récemment, il a eu tendance à changer d’avis… Récemment, il a vu une faille, comme une éraflure bien lisse dans le vernis extérieur, dans cette aura qui entourait le groupe des maraudeurs.

Il y avait James et Sirius. Puis il y avait Remus. Et loin derrière, il y avait Peter… Peter Pettigrow, le sous-fifre, celui qui applaudissait aux blagues désagréables et potaches de Peter… Rien d’autre qu’un ado qui tente de survivre dans l’impitoyable jungle humaine d’insupportables élèves… Peter Pettigrow, influençable, impressionnable.

Peter Pettigrow… peut-être désespéré de faire enfin ses preuves, d’exister indépendamment d’un groupe qui le protège et l’écrase en même temps… Depuis que l’idée s’est fait une place insidieuse dans son esprit, Regulus ne sait plus penser à autre chose : corrompre l’esprit de Peter, l’encourager à la trahison la plus pur – obtenir sa vengeance sur ce frère qui l’a abandonné et délaissé en retournant son présumé meilleur ami contre lui. Ses objectifs son clairs… reste leur mise en application, et là, le bas blesse peut-être, car Regulus n’a jamais eu, à son grand dam, le charisme de son frère… En revanche il a pour lui une ambition dévorante, celle-là même qui l’incite à vouloir rejoindre une fois ses ASPIC en poche les rangs du seigneur des ténèbres, convaincu qu’il saura faire une différence… Et c’est cette ambition à toute épreuve qui pourrait bien le servir grandement en la circonstance.

« T’aurais deux secondes ? C’est au sujet de Sirius. »

Pas vraiment. Et en même temps totalement. Evoquer Sirius n’est qu’un prétexte de la part de Regulus afin de retenir l’attention de son interlocuteur. Il n’empêche… peut-être Regulus n’aurait-il pas pris la peine de s’intéresser plus avant à lui s’il n’avait pas fait partie de l’entourage de son frère. Les choses sont différentes, à présent. Peter Pettigrow a toute l’attention de Regulus Black. Et en conséquence, il n’en ressortira probablement pas indemne.

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A l’évidence, Peter n’est pas rassuré, et c’est tant mieux… Regulus veut le savoir intimidé, ce sera plus simple de l’orienter dans la direction qu’il souhaite. A le voir ainsi, ça ne fait pas un pli, il est à ses yeux plus évident que jamais que ses prétendus meilleurs amis n’ont rien à voir avec lui. Il ne transpire pas la même assurance crasse, la même insolence que ses confrères… Pour être honnête, il lui ferait presque pitié s’il décidait vraiment qu’avoir pitié d’un Gryffondor serait autre chose qu’une pure perte de temps. Toujours est-il qu’il le voit comme quelqu’un d’impressionnable, et c’est là-dessus qu’il a l’intention de jouer pour le faire céder.

« Non, j’ai pas besoin d’entremetteurs et j’ai rien à lui dire de toute manière, il est mort à mes yeux », il réplique avec froideur, les bras croisés sur sa poitrine, sans égard apparent pour celui qui partage le même sang que lui.

L’affaire est, bien évidemment, autrement plus complexe que cela, et s’il le dissimule en prononçant des paroles si sèches et si sévères haut et fort, c’est bien qu’il tient à ce qu’on lui fiche une paix magistrale quand cela est possible, afin que son cœur blessé d’avoir perdu un frère puisse se panser indépendamment de l’opinion générale. Devant tout le monde, il prétend ne pas avoir mal, il prétend même que c’est dans l’ordre des choses et être ravi que cette situation ait finalement pris fin.

« T’en as pas marre ? D’être son sous-fifre ? de lui servir de hibou ou de tapis pour essuyer ses chaussures dans le meilleur des cas ? » il demande en le fixant droit dans les yeux, espérant sonder dans le regard de son interlocuteur cette vérité qu’il ne devrait certainement pas dire mais qu’il pensera malgré tout.

Car au fond, il ne peut pas croire que Peter Pettigrow soit véritablement heureux de son sort… Il a besoin de penser qu’il n’est pas le seul que Sirius aura profondément rendu malheureux autour de lui, du fait de son insupportable orgueil, de son besoin de se sentir au-dessus des autres, de son absence de considération pour la sensibilité d’autrui.

Aux yeux de Regulus Black, profondément blessé par le départ de son frère et donc sujet à la plus totale partialité, rien n’existe ni n’a d’importance dans la vie et dans le cœur de Sirius en dehors peut-être de James Potter. Les autres, tous les autres, lui compris, ne méritent que son dédain et son mépris, qu’il répand à ne plus savoir qu’en faire autour de lui avec une audace insupportable.

Mais ça se paiera. Un jour ou l’autre, tout se paye.

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Peut-être que Regulus exagère quand il qualifie Peter de sous-fifre. Peut-être pas. Honnêtement, Regulus n’a pas le sentiment d’exagérer plus que ça, bien au contraire, même. C’est ce qu’il observe de loin, et c’est définitivement comme ça qu’il le perçoit. Sirius n’existe que pour lui-même, il aime se faire remarquer. C’est un poseur, qui a besoin d’un public. Probablement qu’il est sincère vis-à-vis de Potter, et ça l’agace profondément de l’admettre… Mais vis-à-vis de Pettigrow, en revanche ? Il s’autorise à émettre de très sérieux doutes à ce sujet.

« Ton meilleur ami à toi peut-être, mais il pourrait te remplacer en un claquement de doigts que ça le dérangerait pas plus que ça, du moment qu’il se trouve quelqu’un d’autre pour l’admirer et lui lécher les pompes à la moindre occasion », réplique Regulus, peut-être en partie de mauvaise fois, en tout cas résolument jaloux, quoi qu’il en soit déterminé à exprimer sans détour le fond d’une pensée qui aura de quoi heurter le cœur de Peter… Mais c’est le but de la manœuvre, après tout. Ce que veut Regulus, c’est lui ouvrir les yeux. Lui ouvrir les yeux une bonne fois pour toutes.

Et histoire d’appuyer son propos et de renforcer les doutes de son interlocuteur, Regulus a sa petite idée. Il ne reculera définitivement devant rien pour parvenir à ses fins, et il pense connaître l’art et la manière précises de soumettre Peter à son opinion, et de le retourner une bonne fois pour toutes contre son fichu frère, qui ne mérite clairement pas ne serait-ce que le dixième de son attention – et ça, encore, c’est rien de le dire… Il a beau agir en manipulateur à l’heure actuelle, ça ne retire pas grand-chose à l’essence même de son propos.

Et il n’estime pas se tromper ni s’égarer en affichant ostensiblement une opinion que Peter n’a certes pas envie d’entendre… Mais qu’il doit connaître, dans le fond, parce que Peter est peut-être un suiveur, mais ce n’est pas un idiot. Il doit deviner, dans le fond, qu’on se fiche de lui. Tout se paye. Tôt ou tard. Il est temps, donc, pour Sirius, de recevoir la monnaie de sa pièce et d’insuffler un vent de pure rébellion dans l’esprit de Peter Pettigrow.

« Si tu savais les horreurs qu’il pouvait raconter sur toi, avec Potter. Je les entendais parler de toi avec leur fichu miroir… », il grommelle, altérant bien sûr la vérité à sa sauce.

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Quelque chose change dans le regard de Peter. C’est subtile, mais ce changement n’échappe pas le moins du monde à la vigilance de Regulus, qui porte un regard des plus attentif à la moindre de ses micro-expressions, soucieux de le voir changer, et peut-être même vriller, passer de la déception à l’incompréhension, de l’incompréhension à la colère sourde… C’est si simple, au fond. Regulus n’a rien eu besoin de faire, il n’a eu besoin que de remuer quelque chose qui se trouvait d’ores et déjà à la surface.

Il hoche gravement la tête quand Peter lui demande la confirmation de ce qu’il affirme. Non, ce n’est pas vrai, pourtant. Regulus n’a pas, à proprement parler, entendu son frère et Potter casser du sucre sur le dos de Pettigrow… Même s’il a conscience de l’existence du miroir à double sens que les deux « frères de cœur » (rien que cette expression lui donne franchement envie de vomir) utilisent pour communiquer, il a rarement pu surprendre leurs conversations. Il ne fait rien d’autre que de broder, inventer, improviser… mais c’est d’une simplicité enfantine. Le feu couvait sous la cendre, et c’est un brasier qu’il voit s’allumer sous son regard pour le moins satisfait.

Tout à coup, un autre visage de Peter se réveille, et Regulus doit prendre sur lui pour que sa satisfaction ne soit pas trop ostensible. Il est cependant du même avis : oui, ils font ça avec tout le monde. Les gens comme Sirius Black et James Potter n’ont pas véritablement d’amis, ils se contentent d’avoir des suiveurs, des larbins… La perspective d’amitiés sincères exigerait qu’ils mettent leurs egos de côté, et ça, bien sûr, ils ne le supporteraient pas.

« Ils pensent qu’ils peuvent continuer comme ça indéfiniment, mettre les gens plus bas que terre impunément, sans que ça leur retombe dessus, parce qu’ils se croient intouchables… Forcément, même les profs leur lèchent les bottes », commente le vert et argent avec le plus grand sérieux et la plus grande amertume… car oui, il se sent particulièrement amer vis-à-vis de tout ça… et enfin, il s’est trouvé quelqu’un avec qui partager ce sentiment.

« Qu’est-ce que t’as l’intention de faire ? » il lui demande en posant sur lui un regard appuyé et intense.

A ses yeux, il n’y a qu’une solution – une solution qui l’arrange, cela va sans dire. Il doit s’émanciper une bonne fois pour toute de l’influence néfaste de Sirius et de James.

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C’était finalement très simple de retourner l’opinion de Peter en sa faveur. Regulus n’avait rien eu besoin de faire, en définitive. Les graines étaient déjà semées, il n’avait eu qu’à entretenir ce qui se terrait là, sous le sol, et n’attendait que d’éclore et s’épanouir. Regulus en est d’autant plus satisfait. En cet instant, il ne se contente pas de retourner l’un des « amis » de Sirius contre lui, il se trouve un véritable allié, quelqu’un qui sera susceptible de véritablement le soutenir et qu’il soutiendra en retour, quelqu’un qui, dans une certaine mesure, est capable de comprendre, aussi, sa déception et son sentiment de rejet, quand on a l’impression d’avoir appartenu à quelque chose de plus grand que soi, pour finalement être rejeté et laissé sur le bas-côté.

Il est d’accord, Sirius, mais également Potter (il n’a pas vraiment d’opinion concernant Lupin, il ne le dérange pas, pas plus qu’il ne l’intéresse… il est là, c’est tout, et ça indiffère totalement le vert et argent), méritent une bonne leçon. Il faut qu’on leur rende la monnaie de leur pièce, qu’ils réalisent enfin ce que cela fait quand on se sent humilié, quand on a l’impression de ne rien représenter.

« Personne n’est intouchable », répond Regulus d’un ton ferme.

Est-ce pour autant qu’il sait précisément de quelle manière s’en prendre à eux ? Non. Pas exactement. Si tout n’est qu’une question de réputation, il faut se rendre à l’évidence, ils

« Ce qu’il leur faut, c’est une humiliation, publique. Revoir leur cote de popularité à la baisse. »

C’est une montagne à gravir, sur le papier… mais sur le papier seulement… Ils peuvent tout de même réussir à faire quelque chose, ils peuvent parvenir à obtenir leur vengeance. Pour cela, Regulus compte sur Peter. A son niveau, à son échelle, il ne pourra avoir qu’une influence relative – mais ce n’est pas le cas, en revanche, de son interlocuteur.

« T’es dans leur petit papier, t’es leur ombre. Tu peux glaner toutes leurs confidences, tous leurs secrets les plus intimes, les plus honteux, et me les répéter. Ils ne sont pas irréprochables, bien au contraire. On doit largement trouver de quoi les briser… » Le terme est fort, mais c’est comme ça qu’il l’appréhende. « Ou au moins les faire réveiller », suggère-t-il ensuite.

Parce que c’est effectivement le cas. Ils ne peuvent pas tout faire, croire qu’ils sont les rois de Poudlard, et s’attendre dans la foulée à ce qu’il n’y ait aucune répercussion.

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Regulus hausse les épaules, l’air indifférent, quand Peter suggère que s’en prendre à Sirius et sa clique serait envisager d’accuser un sévère retour de bâtons. Oui, ce n’est pas faux, bien sûr. S’ils n’étaient qu’une bande d’idiots sans cervelle, ce serait différent, mais en plus d’être insupportables, ils sont intelligents. Malgré tout, le vert et argent continue de penser que le jeu en vaut tout de même la chandelle.

Pour commencer, lui non plus n’est pas si bête, et enfin, il voit difficilement comment son frère pourrait lui faire plus de mal qu’il ne lui en a déjà fait en quittant la maison. Dans le pire des cas, les maraudeurs continueront de s’en prendre à eux, et les serpentards ne se rangeront jamais de leur côté… Celui qui pourrait avoir le plus à perdre dans le processus, c’est définitivement Peter, et Regulus va devoir déployer des trésors de persuasion pour convaincre son interlocuteur que le jeu en vaut malgré tout la chandelle, et que tout ceci en vaut bel et bien la peine.

« Ils n’auront pas besoin de savoir que ça vient de nous », il se contente de répondre, en sachant très bien que cet argument sera peut-être insuffisant malgré tout aux yeux de Peter.

Quoique ce dernier semble avoir une idée derrière la tête. Dès qu’il évoque cette carte magique de l’école qui leur permettent d’aller et venir dans Poudlard à l’insu de tous, Regulus est absolument certain du fait qu’ils tiennent quelque chose, et que c’est effectivement une piste à creuser.

Peter n’a pas tort, il est préférable pour eux deux de ne pas poursuivre plus loin pour le moment, mais grâce à cette carte dont il lui parle, ils peuvent avoir un excellent moyen de pression sur le trio – enfin, le duo surtout, Regulus se fiche pas mal de Remus – infernal. C’est une opportunité à côté de laquelle ils ne peuvent clairement pas passer. Mais donc, la prudence étant de mise, probable effectivement qu’il soit préférable que leur discussion s’achève ici. Jusqu’à la prochaine. Regulus est dans tous les cas satisfait de ce premier échange, il a su semer les graines de la discorde dans l’esprit de son interlocuteur, et c’est ce qu’il voulait.

« OK. On se rejoint ce soir. Le cachot à côté de celui du cours de potions, personne n’y va jamais et je sais comment y rentrer. Tu ramènes la carte et on discute de la suite, d’accord ? » Il lui adresse un sourire encourageant. « Les choses vont changer pour toi, Peter. Je te le promets. »

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Regulus ne sait pas si Peter se pointera au rendez-vous ou non… Au fond, il ne serait pas forcément surpris qu’il se ravise. Il suffirait qu’il tombe sur un de ses prétendus meilleurs amis ou soit surpris en train de subtiliser la carte qu’il lui promet de lui apporter que tout bascule. Regulus s’en fiche un peu, que Peter balance tout à Sirius et consorts, mais c’est prendre le risque de voir Peter retourner sa veste et décider, finalement, de ne rien lui apprendre. Il verra bien… Il n’a pas le choix dans tous les cas. Dans son uniforme de Serpentard, il tourne en rond, dans l’attente de ce jeune homme qui pourrait bien ne jamais pointer le bout de son nez.

Et oui… s’il ne venait pas, ça le contrarierait. Pas seulement parce que le vert et argent perdrait un éventuel moyen de pression sur son frère et les autres empêcheurs de tourner en rond, à commencer par Potter… Mais parce qu’en quelques minutes de conversation avec Peter, il a eu la confirmation de quelque chose qu’il ne faisait que deviner jusqu’alors… et dont il est de plus en plus certain… Un potentiel à creuser, une certaine proximité d’âmes. Il ne sait pas vraiment si, après cet épisode, ils se reverront ou retourneront à leur vie… Mais Regulus sait du moins laquelle de ces deux options il préférerait.

Finalement, Queudver se présente bel et bien, et Regulus affiche un large sourire en découvrant la fierté dans son attitude. Il lui sourit très franchement tout en s’empressant de prendre la carte des mains, pour la regarder dans le détails.

« T’es le meilleur, Peter », répond sincèrement Regulus tout en posant une mains sur son épaule, qu’il laisse traîner là un peu trop longtemps, avant de se concentrer plus longuement sur le contenu de la carte. « C’est incroyable… »

Il s’agace d’avoir laisser ces mots lui échapper… Mais il doit dire ce qui est : Regulus est sincèrement impressionné… C’est une magie efficace et puissante – dangereuse aussi, car ce genre de sortilèges de pistage sont une enfreinte à la vie privée d’autrui. Une magie que Regulus est capable d’admirer… Même si, dans le fond… oui, il admire vraiment.

« Avec cette carte, on peut pister leurs moindres de leurs faits et gestes… on pourra savoir exactement quand et comment les prendre sur les faits, et on pourra te faire un alibi en béton armé. Ils ne seront bientôt plus un souci, et toi, tu pourras enfin vivre comme bon te semble… »

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Bien sûr qu’il a l’intention de garder la carte. Hors de question pour lui de la rendre à leurs propriétaires. Il a mis la main sur une véritable mine d’or, il est absolument impensable pour lui de s’en priver à présent. Non, il ne rendra pas la carte. C’est une démarche égoïste, bien sûr, car elle pourrait avoir de sévères répercussions sur Peter, mais Regulus ne l’envisage pas de cette manière. Il est beaucoup trop focalisé sur le semblant de pouvoir qu’il serait ainsi capable de reprendre sur son frère pour constater immédiatement le trouble et le malaise que cette perspective engendre chez son interlocuteur… Jusqu’à l’entendre reprendre la parole et manifester son indécision, tout en tendant la main dans l’espoir de récupérer le carte, concession que Regulus ne lui accorde pas en premier lieu.

Peter articule ses angoisses avec plus de précision au moment de lui apprendre qu’il redoute terriblement, justement, de vivre comme bon lui semble, non pas parce que cette pensée lui serait déplaisante, mais parce qu’il redoute de se retrouver seul… Seul face à l’adversité… Et il suffit de jeter un œil du côté de Severus pour comprendre qu’il vaut nettement mieux être leur ennemi que leur ami. Mais vivre dans leur ombre, constamment, n’est pas une situation plus enviable.

« Peter… »

Regulus récupère la main tendue de Peter dans sa direction, non pour lui rendre la carte qu’il réclame, mais pour serrer doucement ses doigts autour de son poignet et l’inviter à rencontrer son regard afin d’apaiser au mieux ses inquiétudes.

« Tu n’es pas seul », lui assure-t-il sur le ton de la promesse, une promesse qui a son importance, pour elle. Peut-il véritablement lui faire cette promesse ? Oui.. Du moins, il peut bel et bien s’engager à ne pas le laisser seul, sous aucun prétexte… Pourr ce qui est de le protéger des maraudeurs, en revanche… Mais qui sait s’ils ne parviendront pas à faire éclater ce petit groupe pour de bon. Ça commence déjà, après tout. « On arrête rien, d’accord ? Tu n’es pas seul. Je reste avec toi, je te le promets. Et tu pourras toujours compter sur moi. Est-ce que ça ne vaut pas mieux de rester avec quelqu’un qui se soucie véritablement de toi, parce que tu en as envie, plutôt qu’avec une bande de crétins qui se fichent royalement de toi, hm ? »

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« Bien sûr que je me soucie de toi », répond Regulus avec douceur, un léger sourire aux lèvres, sans quitter un seul instant Peter du regard.

Ce pourrait n’être que pure manipulation, c’est vrai… et il y a tout de même une part de manipulation indéniable dans son comportement, mais Regulus se surprend malgré tout à penser sincèrement chacun des mots qu’il prononce. Peter Pettigrow lui inspire une compassion et une tendresse sincère… Il a le sentiment de le comprendre. Leurs parcours et leurs personnalités ne sont pas les mêmes… Mais leurs sensibilités pourraient bien l’être, en revanche. Alors oui, il est totalement sincère quand il affirme à Peter qu’il se soucie de lui… Et ce qu’il affirme maintenant sera tout aussi réel plus tard. A l’inverse de Sirius, il l’écoutera, il prendra soin de lui, il ne le mettra pas de côté, il ne le considérera pas comme quelqu’un de disposable, et qui ne vaudrait absolument rien.

Le sourire de Regulus s’élargit quand Peter finit par souscrire à ses plans. Il a raison, oui, les maraudeurs n’auront jamais récolté que ce qu’ils auront semés. Le sentiment d’impunité qui a été le leur pendant des années leur a laissé imaginer qu’ils étaient intouchables, et que rien au monde ne serait jamais susceptible de le atteindre… Quel plaisir ce sera de leur donner tort. Regulus va peaufiner leur projet, s’assurer que son nouvel ami n’en souffre effectivement pas. Il suit du regard le mouvement de Peter alors qu’il fait disparaître les informations sur la carte, à présent réduite à un bête morceau de parchemin.

« Est-ce que tu veux vraiment partir tout de suite ? » Il esquisse un sourire en coin. « On a toute la nuit devant nous et le moyen idéal d’échapper aux profs et aux concierges. Tu n’as pas envie d’en profiter ? »

C’est un plan qui ressemble bien plus à celui des maraudeurs qu’à ce que pourrait ourdir le plus sage Regulus… Mais il a quelque chose en tête… Et au-delà d’avoir quelque chose en tête, il n’a surtout pas envie que Peter s’en aille tout de suite. Le vert et argent se sent bien, en sa compagnie… Il veut pouvoir en profiter encore un peu.

« Je sais que t’as dû dépasser le couvre-feu tout un tas de fois mais que ce n’est jamais toi qui as décidé du programme de la soirée, pas vrai ? » C’est une question rhétorique, Regulus devine évidemment la réponse. « Et si tu décidais du programme, pour une fois ? »

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Voir un sourire si enthousiaste et si sincère étirer les lèvres de Peter vaut tout l’or du monde aux yeux de Regulus, en cet instant. La soirée ne pouvait pas s’achever comme ça, pas maintenant… Pas seulement parce que le vert et argent était accaparé par ses propres projets de vengeance, mais parce qu’il trouve dans la présence de son interlocuteur quelque chose de… doux… de réconfortant. Il se reconnaît en lui, en quelque sorte, et c’est quelque chose qu’il ne se verrait certainement pas ignorer ou mettre de côté. Il suit chaque geste du rouge et or des yeux alors qu’il dépose à nouveau sa baguette sur le parchemin afin de faire apparaître de nouveau le plan de Poudlard.

Se frayer un chemin à travers l’un des passages secrets indiqués par la carte, voilà qui ne peut que satisfaire la curiosité – et le léger besoin de faire quelque chose d’irrévérencieux – de Regulus, qui suit son interlocuteur sans se faire prier alors qu’ils traversent discrètement les couloirs du château, prudents tout de même, car ce ne serait définitivement pas le moment de rencontrer un préfet, ou encore le concierge.

Quand Peter lui demande s’il sait ce qu’est un animagus, Regulus confirme d’un hochement de tête. Il sait ce que sont les animagi, oui, même s’il n’en a jamais vu lui-même (enfin c’est ce qu’il croit). Ce qu’il ne comprend pas, du moins en premier lieu, c’est pourquoi Peter lui pose la question soudainement.

« Tu… t’essaies de me dire que tu es un animagus ? » demande Regulus, absolument fasciné par l’affirmation qui se joue sous ses yeux. « Parce que si c’est le cas c’est… dingue… »

Autant que la découverte de la salle de bain des préfets, où il n’avait jamais eu l’occasion de pénétrer. Il savait que cette pièce existait, bien sûr, mais jamais il n’avait eu l’occasion d’y mettre les pieds pour autant.

« Quand tu penses que nous, on se tape de vieilles douches vétustes… », commente-t-il en observant les lieux en détail. « Alors, il est où, ton fameux passage secret ? Pas que ça me déplairait de prendre un bon bain, mais… »