Sweet Rivalry

feat. Peter

Il ne lui laisse pas le choix… Au fond, Regulus se dit que c’est probablement besoin d’entendre. Oui, il a besoin d’entendre qu’il n’a pas le choix pour se sentir plus à l’aise avec ses propres décisions. Sauf que ce n’est pas vrai. Il a le choix, mais il est trop lâche pour prendre la décision qui lui permettrait de ne pas se séparer de l’homme qu’il est. Il n’a pas le courage de son frère, il ne se sent pas capable de se battre pour ses idées ou d’assumer ses émotions, ses décisions. Il n’est pas du tout fier de ça, mais c’est un constat qu’il est bien contraint et forcé de faire… C’est épuisant de sentir constamment son cœur et sa raison batailler… Non, pas seulement sa raison. C’est comme si son cœur était déchiré en deux, et il n’arrive pas à faire la part des choses.

Regulus doute de tout et surtout de lui-même. Pour cette raison, il est sincèrement heureux que Peter ne lui reproche pas d’avoir décidé d’initier ce rendez-vous quand bien même c’était très loin d’être une bonne idée. Peter tempère les choses malgré tout, en affirmant que ce rendez-vous ne doit pas trop durer longtemps. Regulus hoche la tête. Ça l’agace, mais il est obligé d’admettre que son interlocuteur a effectivement raison. Cette pensée particulièrement déplaisante l’agace autant que possible. Il a envie de prendre des risques, tout en sachant très bien que ces risques seront fréquents.

« C’est ça le souci… Le problème vient de moi. Tu ne veux pas m’attirer de problèmes à moi. Tu te moques des problèmes que tu pourrais avoir toi. Ce n’est pas équitable. Ce n’est pas juste… »

Il a l’impression d’être un monstre, qui fait subir à Peter les pires tourments, Peter qui l’accepte malgré tout, parce qu’il est brave, parce qu’il est merveilleux… Parce que Regulus ne le mérite absolument pas. Il se sent tellement, tellement mal de le mettre dans cette situation. Comment on peut faire autant de mal à quelqu’un à qui on ne voudrait faire que du bien ? C’est injuste. C’est complètement injuste. Et Regulus ne le supporte pas. Il ne le supportera jamais.

« C’est d’accord. Toutes les prochaines nuits. Jusqu’aux vacances. On s’arrangera. Et si les gens doivent parler, eh bien qu’ils parlent, je m’en fiche. »

Est-ce qu’il s’en fiche vraiment ? Non… Malheureusement non. Ce serait beaucoup trop facile de dire ça. Mais même s’il ne s’en fiche pas, il est capable de passer outre ses émotions les plus anxiogènes pour quelques minutes de plus passées en compagnie de l’homme qu’il aime.

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feat. Peter

Regulus fait obstinément non de la tête quand Peter veut le convaincre du fait qu’ils sont autant responsables l’un que l’autre de cette situation. Sauf que ce n’est pas le cas du tout. Bien souvent, il est convenu – et convenable – d’admettre qu’une personne est plus en tort que l’autre, mais certainement pas maintenant, pas dans ces circonstances bien spécifiques. Non, ici et maintenant, c’est tout bonnement inenvisageable pour lui que de souscrire à cette vision. Il veut que Peter le comprenne, qu’il entende le fait que Regulus accuse l’entière responsabilité de ce qui leur arrive. Il ne veut pas que, en plus du reste, Peter porte le poids d’une culpabilité trop lourde à porter. Il le délestera de tous les poids qu’il pourra, autant que faire se peut.

« Moi non plus je changerais ça pour rien au monde », admet Regulus avec un fin sourire. « Je sais pas combien de temps je vivrai, ni ce qui m’arrivera dans la vie, mais je sais une chose… Les meilleurs moments de toute mon existence, c’est avec toi que je les aurais vécus. »

Trop emphatique et dramatique, Regulus ? Peut-être bien… Mais il n’est pas dans sa nature de faire les choses à moitié – et puis, ne nous mentons pas, c’est un adolescent, alors il fallait bien sûr s’y attendre. Dans tous les cas, au moment où il prononce ces mots, il est absolument convaincu de ce qu’il avance. Jamais, pour rien au monde, il ne vivra quoi que ce soit de plus fort, de plus beau, de plus puissant. C’est un moment unique, à part entière… un moment qui ne ressemble à aucun autre… Un moment qui leur appartient.

« Ouais, moi aussi j’aurais bien aimé », confirme Regulus avec un fin sourire alors que Peter lui dit qu’il aurait envie d’oublier ces événements, le temps d’un soir. « Je sais… qu’on peut pas s’effacer la mémoire temporairement mais… » Regulus réfléchit à voix haute… On peut décider de tout mettre en sourdine, le temps d’un soir. » Comme si c’était vraiment possible… Mais Regulus n’est pas venu au bout de son argumentation. « Faut qu’on change de cadre, complètement… Voire même d’identité… On modifie notre apparence, on fait le mur, on devient qui on veut, on fait ce qu’on veut… le temps d’une nuit. »

Ça paraît fou. Ça l’est. Tout a tendance à l’être, le moindre de leurs projets fantasques, la manière qu’ils ont de toujours vouloir repousser l’inévitable au lendemain, comme si la chose était seulement possible. Bien évidemment, ça ne l’est pas… mais quels efforts ils fourniront afin de prétendre le contraire !

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feat. Peter

Regulus affiche un sourire en coin alors que Peter semble souscrire à son plan, si fantasque soit-il. Oui, c’est assez insensé, mais leur histoire est folle, quoi qu’il en soit, et Regulus ne sait qu’une chose, c’est qu’au point où ils en sont, il est prêt à assumer absolument tous les risques, et ce sans la moindre hésitation. Rien, absolument rien ne lui fait peur. Il a la ferme intention de faire en sorte que tout ceci se passe au mieux. Il veut donner une vraie chance à leur histoire d’être aussi belle et intense que possible. Il ne veut certainement pas gâcher leurs derniers moments, il veut les rendre inoubliable, et pour ça, il est prêt à absolument tout.

« Nan, le polynectar, ce serait trop long, et c’est trop risqué de prendre publiquement l’apparence de quelqu’un d’autre », admet Regulus en réfléchissant à voix haute. C’est sûr que c’était la première idée qui lui était venue aussi, mais elle posait bien trop de difficultés, et à bien des égards. Regulus a tout à fait conscience de cela. Le jeune homme ne se verrait certainement pas attendre d’avoir rassemblé tous les ingrédients, dont certains ne peuvent être récupérés qu’à des moments très spécifiques, en plus des cheveux de… va savoir qui… ils vont devoir feinter autrement. « Mais avec des sortilèges de métamorphose ? En modifiant la taille et la couleur de nos cheveux, en modifiant légèrement la forme de notre visage », suggère-t-il en réfléchissant tout en fixant le visage de Peter, justement, comme s’il réfléchissait d’avance à la meilleure manière de le métamorphoser afin qu’il soit méconnaissable. « Il faut pas forcément grand-chose pour changer le physionomie de quelqu’un », ajoute-t-il.

Oui, par contre, cela comporte des risques de se foirer, mais est-ce qu’ils sont vraiment à cela près ? Les deux avaient eu l’intention de s’amnésier mutuellement. A partir de là, on peut sans doute admettre le fait qu’ils ne sont probablement pas tant regardants que cela, autant l’un que l’autre. Et si c’est pour grapiller un peu de temps supplémentaire avec son petit ami, alors ça en vaut largement la peine quoi qu’il en soit.

Regulus sourit quand Peter lui assure adorer ce plan, un sourire qui disparaît contre ses lèvres sous l’effet d’un baiser puissant et passionné, de ceux que Regulus regrette qu’ils ne puissent pas échanger plus souvent, au risque malheureux d’être surpris, un risque qu’ils ne peuvent pas se permettre de prendre.

« Dis-moi ce que tu as toujours rêvé de changer, chez toi ? Je te dis d’avance, toutes tes réponses seront stupides parce que tu es magnifique comme tu es, mais dis-moi quand même », suggère-t-il avec une esquisse de sourire en coin.

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feat. Peter

« C’est pas comme si les gens allaient nous fixer comme des bêtes curieuses pendant dix ans ou comme si on n’était des criminels recherchés. Tant qu’on est pas reconnaissables de loin, je pense que c’est assez, non ? »

Mais peut-être que Regulus s’avance un peu trop. Il n’est pas dans ses habitudes d’être à ce point aventureux. De manière générale, ce n’est pas lui qui prend des risques, il évite, bien au contraire, ces risques comme la peste. Un tel comportement, d’une légèreté dangereuse, ne lui ressemble pas, et le simple fait que Peter remette en question sa proposition le fait immédiatement douter de tout. Peut-être que c’est l’idée la plus stupide qu’il ait jamais eu… il n’en sait rien, et il se sent immédiatement très idiot.

Heureusement, Peter rebondit sur sa question, ce qui le rassure un peu. Quand Peter répond à sa question, il remarque qu’il n’a jamais voulu changer grand-chose chez lui. Quelle chance ! Regulus, lui, de son côté, est bourré de complexes, il en a tellement qu’il serait particulièrement long d’en faire le tour. Il n’aime pas grand-chose chez lui, pour tout dire, et encore moins ces derniers temps. En matière de beauté comme d’intelligence, il s’était toujours comparé à son frère, et son frère le dépassait en tout. La « chance » que Regulus avait eu, c’était que son frère ait ce tempérament rebelle qui avait fini par le placer lui en position de favori. Mais ça n’avait pas duré bien longtemps au bout du compte.

« Qu’est-ce qu’elles ont, tes oreilles ? » il demande en souriant. Elles sont adorables, tes oreilles. « Mais t’as eu une super idée !! Une potion pour accentuer la pilosité, ça peut direct faire son petit effet, et ça changerait direct ton apparence. Et… » Il le fixe. « A ma taille ? » C’est vrai que Peter est légèrement plus petit que lui, mais honnêtement, Regulus n’avait jamais pensé que c’était un problème. Avec douceur, Regulus vient passer une main dans les cheveux de son petit ami. « T’es adorable quand tu rougis », ne peut-il s’empêcher de lui signaler – parce que c’est le cas. Il le trouve véritablement adorable quand c’est le cas, et plus attendrissant encore. « Modifier la taille, je sais pas faire, au pire on te trouvera des chaussures compensées », se moque-t-il gentiment.

Il marque une pause, se laisse le temps d’une réflexion inutile. Qu’est-ce qu’il changerait chez lui s’il le pouvait ? Probablement tout. Y compris sa personnalité, qu’il troquerait sans mal contre celle d’une personne moins compliquée et surtout plus facile à vivre.

« Moi si je devais changer quelque chose… Je saurais pas par où commencer pour être honnête. » Il rit nerveusement. « Qu’est-ce que tu voudrais voir de différent, chez moi ? »

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feat. Peter

Regulus se sent soulagé de réussir, même temporairement, à rejeter les pensées dangereuses et violentes qui l’animent et l’effraient tant. Il arrive à se convaincre que tout va bien dans le meilleur des mondes, il arrive à se convaincre que le bonheur qu’ils arrivent à grapiller ensemble est suffisant pour qu’il se sente totalement épanoui… et ce n’est pas faux… Il se sent vraiment heureux, en cet instant, et il arrive à s’abstraire de toute considération un tant soit peu déprimante pour se concentrer uniquement sur le bonheur tout simple et en même temps évident que représenter le fait d’être avec lui. Leur histoire n’est pas encore finie. Il leur reste de très belles choses à vivre, et tant que ce sera le cas, ils devront en profiter à cent pour cent.

Le jeune homme prend un plaisir certain à entendre Peter affirmer qu’il est parfait tel qu’il est. Regulus n’en pense pas un mot. Il s’est efforcé d’être parfait sans jamais y parvenir afin de plaire à ses parents. C’était tout naturellement une perte de temps, et il devait le savoir dès le début, mais il s’est évertué à le croire malgré tout… autant que possible et nécessaire, en tout cas. Il ne pourra jamais être parfait au regard de ses parents ou de Peter en même temps, c’est impossible. Mais il peut être parfait pour Peter, ici et maintenant, c’est son idée.

« Superman ? » répète Regulus qui devine qu’il s’agit d’un héros de comics, mais dont il n’aura pas lu les exploits. « Il devait vraiment avoir des super-pouvoirs pour que des lunettes suffisent », il ajoute en souriant. « Mais c’est pas une mauvaise idée, malgré tout. Et puis, je suis sûr que ça t’irait b… »

L’espace d’un instant, Regulus avait oublié où ils se trouvaient. La salle sur demande. Eh bien voilà ! Tout de suite, Peter parvient à récupérer une paire de lunettes qu’il déplie pour les coller sur son nez.

« Alors, j’ai l’air de quoi ? » demande-t-il alors que les lunettes parfaitement ajustées, comme conçues pour lui, lu grattent légèrement l’arête du nez. « J’ai l’air si ridic… ah ! » Regulus, un peu lent à la détente, comprend à retardement le fond de la pensée de Peter quand ce dernier affirme qu’il serait préférable que tous les regards ne se tournent pas vers lui. Regulus caresse silencieusement le vœu d’obtenir un miroir et est rapidement exaucé. Un miroir en pied lui permet de se jauger en détail. « Ouais, ça relève mon côté intello coincé. » Regulus rit doucement quand Peter suggère de lui trouver un grand chapeau. « On va se balader incognito, pas fêter carnaval. »

Mais il ne fait que semblant de se plaindre, en vérité. Il aime l’idée de ce relooking improvisé. Rien de mieux, sans doute, pour leur changer les idées.

« Fais gaffe, quand t’auras fini de jouer à la poupée, ce sera mon tour. »

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feat. Peter

Regulus affiche un léger sourire en coin et ne peut s’empêcher de rougir légèrement quand Peter lui affirme qu’il l’aime bien, lui, son petit côté intello coincé. Il vaut mieux, en réalité, car intello tout comme coincé, Regulus Black ne cessera probablement jamais de l’être (même s’il peut se montrer parfois particulièrement con, il faut aussi l’admettre)… Il sera toujours un rat de bibliothèque, et il sera toujours un peu coincé, réservé… Certes, Regulus Black a le sentiment d’avoir évolué, changé, depuis… mais il a tout de même un long chemin à faire encore, et ça il le sait bien. Dans tous les cas, ces propos ont le mérite d’ajouter de la légèreté à sa décision. Ils peuvent véritablement réussir à passer inaperçu. Regulus est du même avis : si les choses se passent effectivement comme ils le planifient, alors rien ne les empêchera de renouveler l’expérience. Puisque leur histoire a une date de péremption, puisqu’ils n’ont pas tant de temps que ça devant eux, autant grapiller tout ce qu’ils peuvent avoir à leur disposition, n’est-ce pas ? Oui, et Regulus se sent à la fois exalté et enthousiaste à cette pensée. Tout ira bien. Tout ira bien, c’est ce dont le vert et argent se persuade un maximum. Tout ira très bien, même… et ce sera une absolue perfection.

« Oui, ça va bien se passer. Et ce serait dommage de pas en profiter. »

Regulus réfléchit en même temps que Peter quand ce dernier suggère de tester les limites de cette salle qui n’est peut-être pas capable de tout leur donner. C’est une bonne question. Quand on y réfléchit, ce serait tentant d’en abuser, de jouer les enfants gâtés et de réclamer tous les bien matériels que l’on a toujours espéré posséder, par pure caprice. Regulus doute fort que cette salle n’ait pas ses limites, et Peter le prouve au moment de réclamer une pizza, qui n’apparaît pas.

« Cet endroit doit obéir à la loi de Gamp sur la métamorphose élémentaire… », remarque Regulus d’un ton songeur. « Mince… C’est bête, maintenant que t’en as parlé, je rêve d’en manger une… On se trouvera une pizzéria quand on sortira ? » suggère-t-il d’un ton des plus malicieux, ravi de pouvoir, au moins temporairement, apprécier leur situation sous un jour positif plutôt que de ne se sentir que terrifié par cette dernière, terrifié, amer et en colère contre lui-même.

En attendant, ils ont tout un assortiment de vêtements qui les attend… Largement de quoi trouver une tenue idéale, et qui pourrait trancher, qui sait, avec leur tenue habituelle (ce qui ne sera pas difficile pour Regulus, qui s’habille toujours comme un véritable croque-mort).

« C’est pas mon genre de dire que j’ai envie de jouer à quoi que ce soit », il rétorque, amusé, avant de fouiller les tenues disponibles. « En tout cas, une chose est certaine, tu me feras jamais porter cette horreur », commente-t-il en extirpant de son ceintre une salopette rose fuchsia d’un immense mauvais goût.

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feat. Peter

« Je penchais pour la poudre de cheminette. A Poudlard, ça fonctionne pas, mais doit y avoir moyen de voyager depuis Pré-au-Lard. » Il sourit doucement à sa suggestion, qui lui est un peu venue toute seule sans qu’il y réfléchisse plus longuement. « En plus, avec le visage couvert de suie, y a encore moins de risques qu’on se fasse repérer. »

Oui, ça vaut pas le transplanage, ça c’est clair et net, mais c’est un art que Regulus ne maîtrise pas, et Peter non plus, et qu’ils ne pourront espérer perfectionner avant leur majorité. Essayer à l’arrache, c’est naturellement bien trop dangereux… Leur petite escapade romantique prendrait définitivement du plomb dans l’aile si l’un des deux devait se retrouver complètement désartibulé. Autant essayer de faire les choses un peu convenablement… Même si ce n’est peut-être pas suffisamment convenable encore.

« Ou bien on peut peut-être appeler le magicobus depuis Pré-au-Lard ? Je l’ai jamais fait mais ça doit pas être bien difficile. »

Il ne l’a jamais fait parce que, bien sûr, voyager en magicobus était digne de ces prolétaires que les membres de la famille Black n’accepteraient pas même d’approcher avec un bâton. Certes, mais justement, au point où il en est, Regulus a bien envie de tout faire, de faire exactement toutes ces choses qui sont supposées ne pas être dignes de son rang. Regulus a envie de vivre pleinement, le temps qu’il peut encore se le permettre, avant que ses obligations ne deviennent bien trop oppressantes et ne le compriment dans une sorte d’étau, duquel, peu importe ses efforts, il ne parviendrait jamais à s’extirper.

Tout ça, c’est une soupape de liberté pure, et il en profite à fond, peut-être même égoïstement, car quand tout ça sera fini, Regulus ne sera pas le seul à en souffrir. La douleur qu’il se pense capable d’endurer pour lui-même au profit de ce qu’il vit de si merveilleux, il voudrait que Peter n’ait pas à en pâtir en retour. Mais rien n’est si simple, en réalité, et la situation en ce qui les concerne s’avère bien plus complexe qu’il n’y paraît.

« Peut-être, mais même sous une fausse identité, je tiens à conserver un semblant de dignité », plaisante Regulus en jetant l’ignoble salopette sur Peter. « Tu n’as qu’à la porter, toi », suggère-t-il ensuite avec beaucoup d’humour, plus d’humour qu’il ne s’imaginait en possédait pour commencer.

Finalement, ils se décident pour des tenues bien plus décontractées que leurs uniformes scolaires et sont prêts à quitter les lieux. Rien à signaler, alors qu’ils font chemin jusqu’à Pré-au-Lard, ils parviennent à passer inaperçu, sans l’ombre d’un problème. Mais est-ce que la chance ne finira pas par tourner ?

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feat. Peter

« J’attendais que tu le reconnaisses enfin », répond Regulus avec un léger sourire en coin quand Peter admet qu’il est un génie… pas que ce soit vraiment le cas, même si le vert et argent tient son intellect en plutôt haute estime, mais plus le temps passe, plus il fréquente assidument son petit ami, plus l’humour et la légèreté de ce dernier déteignent sur lui. A une période, il s’en serait probablement offusqué. Ce n’est définitivement plus le cas aujourd’hui. Bien au contraire, même, il affiche plutôt, à la place, une fierté vis-à-vis de ses quelques saillies qui ne sont peut-être pas si drôlatiques que ça, tout compte fait.

Toujours est-il que Peter et Regulus sont donc décidés : ils se rendront à pied jusqu’à Pré-au-Lard, et sur place, ils prendront le magicobus. Pas le moyen de locomotion le plus digne ni le plus confortable qui soit, mais pour ce qui est de la dignité et du confort, ils ont tous les deux admis que ce n’était pas forcément la priorité, et ce probablement à juste titre. Ils sont donc convenablement habillés (enfin, déguisés) et suffisamment peu reconnaissables pour savoir faire illusion. Et le voyage jusqu’à Londres se passe lui-même sans dommage (si l’on oublie que Regulus a bien failli se briser la mâchoire contre la vitre passager un paquet de fois et a manqué se découvrir le mal de mer en bus).

C’est clair que de son plein gré, Regulus ne recommencerait pas, et il est impatient de savoir transplaner pour ne plus avoir à endurer ce genre de moyens, mais en attendant… Eh bien, ce qui compte, ce ne sont pas tant les moyens que les résultats, et pour commencer… il veut juste savourer le fait de pouvoir errer dans Londres en compagnie de son petit ami, même si cela implique bien sûr qu’ils devront éviter de se prendre la main et de s’embrasser pendant un bail, ce qui étrangement le travaille un peu.

« Rien n’est impossible quand on y met du sien », répond Regulus quand Peter s’extasie à l’idée de se trouver à Londres.

Maxime prononcée très légèrement de la part d’un jeune homme qui s’estime coincée et considère la possibilité de quitter sa famille pour vivre pleinement sa relation avec Peter Parker comme quelque chose de proprement inenvisageable. Alors qu’ils regardent autour d’eux, il est temps de décider du programme, et aux yeux de Regulus, c’est totalement décidé déjà, en réalité, et il n’y a guère besoin de se poser la moindre question.

« Je meurs de faim depuis que tu as parlé de pizza donc on commence par ça, je te laisse pas le choix. » Il marque une pause, hésitant… « Est-ce que tu voudrais qu’on aille voir ta tante, aussi ? »

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feat. Peter

Regulus a vécu à Londres presque toute sa vie. Il devrait par conséquent être familier de cette ville et de sa vie, mais ce n’est pas le cas… Parce qu’il s’est cantonné aux quartiers sorciers de la ville, et s’était toujours évité de sortir de sa zone de confort. Ce n’est pas le cas, en cet instant. Ce sont de nouveaux horizons qui s’ouvrent à lui. Il est chez lui, mais il ne l’est pas tout à fait non plus. Ceci dit, il pourrait bien être n’importe où, au final… Il se sent à sa place, parce que Peter est là, à ses côtés, et que sa présence lui donne des ailes, sa compagnie le transcende et lui donne le sentiment que les choses se passent de la sorte.

« Je suis prêt à prendre le risque », dit-il avec un fin sourire quand il lui demande si son estomac tiendra le coup, sur le ton de la plaisanterie.

C’est clair que son pauvre estomac a sacrément été malmené au cours de leur voyage à bord du Magicobus, mais il est prêt à prendre le risque malgré tout. Mais le fait d’avoir marché un peu à l’air libre a déjà commencé à l’aider à aller mieux, alors tout devrait bien se passer. Et puis, on ne dit pas non à la meilleure pizza de Londres, pas vrai ? Lui-même n’en a, au final, que très peu mangées au cours de sa vie, alors il compte bien l’apprécier à sa très juste valeur.

Regulus se laisse guider. Peter saura mieux que lui quels endroits lui montrer. Regulus a envie que Peter le familiarise avec son monde, avec ce qu’il aime faire, les endroits où il aime se rendre quand il n’est pas à Poudlard. Il veut gravir un nouveau seuil d’intimité avec lui, de cette manière, en le connaissant davantage. Forcément, parce qu’ils en avaient parlé un peu plus tôt, il évoque la tante de Peter, qu’il a tout de même envie de rencontrer, même si ça l’angoisse un peu.

« Non, ça me met pas mal à l’aise », affirme-t-il, ce qui est tout à fait le cas, en effet. Ça ne le met pas mal à l’aise du tout, bien au contraire. Cette situation fait battre son cœur à tout rompre… Il n’est pas serein à cette perspective, parce que l’air de rien, c’est une étape qui n’est pas anodine… Mais en même temps… Il veut tout de même faire cet effort, c’est même très important à ses yeux. « Bon, par contre, ça me stresse carrément… » Il sourit nerveusement et profite qu’ils se trouvent dans une rue déserte pour prendre brièvement sa main dans la sienne avant de la retirer presque aussitôt. « Mais j’ai vraiment besoin d’une pizza bien chargée en fromage pour trouver du courage », ajoute-t-il d’un ton doux et confiant.

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feat. Peter

Regulus voudrait retenir le geste de Peter quand ce dernier le rapproche de lui pour déposer un rapide baiser sur sa tempe, mais il se trouve bien incapable de protester, en réalité, tant un tel geste d’affection lui est agréable… Presque essentiel, à vrai dire… Passer trop de temps sans pouvoir l’embrasser et le prendre dans ses bras exige un terrible effort de sa part. Et c’est pire encore quand ils sont côte à côte et doivent se forcer à limiter leurs démonstrations d’affection publique. Etonnant quand on sait que Regulus, très pudique, n’apprécie d’ordinaire pas ce genre de manifestations pour commencer. Mais quand il est question de Peter, ça change tout… Il renverse toutes ses convictions, et sous son influence, certaines barrières se brisent et disparaissent, où elles avaient semblé immuables.

Il se sent très mal à l’aise au moment de croiser le regard d’une vieille dame à l’air particulièrement heurtée par leur brève étreinte… Les Moldus et les sorciers ne comprendront jamais, c’est ce que Regulus ne peut s’empêcher de se dire. Leur histoire ne sera jamais acceptée nulle part, voilà ce à quoi l’invite à penser son défaitisme… Au fond, il est vraiment préférable qu’il se concentre sur la pizza qu’ils mangeront bientôt. Peter a l’air de vivre la situation sereinement (ou bien il parvient à donner le change plus facilement), ce n’est définitivement pas le cas du vert et argent, qui doit faire de grands efforts pour ne pas se refermer immédiatement comme une huître, comme il en a trop souvent l’habitude.

Arrivés au restaurant, Regulus comprend que Peter est vraiment un habitué, et c’est à la fois étrange et agréable de le voir ainsi évoluer dans ce qui est, de toute évidence, l’un de ses éléments naturels. Il a l’impression de grapiller une nouvelle part de sa personnalité, et c’est quelque chose qui, loin de lui déplaire, le touche au contraire beaucoup. Peter s’en justifie aussitôt quand Peter remarque que ce genre de sorties sont fréquentes, sa tante n’étant pas un cordon bleu.

« Si on n’avait pas notre elfe de maison, je suppose que j’aurais passé tous mes repas au restaurant », répond Regulus avec un sourire en coin, appréciant d’être installé à une table suffisamment à l’écart. Regulus se penche sur le menu et s’interroge sur les différentes garnitures de pizza. C’est à ce moment-là que Peter lui adresse quelques mots qui lui vont aussitôt droit au cœur. Lui aussi est vraiment heureux d’être là, avec lui. « Je voudrais être nulle part ailleurs », répond-t-il avec autant de douceur que de tendresse. « T’as de l’espoir », il ajoute, en vérité très tenté à l’idée de passer toute sa soirée et sa nuit à Londres, en profitant de la chambre de Peter. « Elle a l’air d’avoir son caractère. Je serais pas forcément surpris qu’elle nous oblige à retourner à Poudlard sur-le-champ », il ajoute sans vraiment la connaître, au fond… au-delà de ce que Peter a pu lui dire à son sujet du moins.

Sweet Rivalry

feat. Peter

Regulus répond à la malice de Peter par un sourire tout aussi malicieux. Il n’y a qu’en sa compagnie qu’il sait se détendre de la sorte, il n’y a que quand il est avec lui qu’il a le sentiment d’être à sa place, de n’avoir à jouer aucun rôle, de n’avoir à porter aucun masque. Ce n’est pas toujours simple, c’est un fait, mais tout paraît néanmoins plus simple, plus… intuitif, disons, quand il est en sa compagnie, et dès lors, il peut véritablement plaisanter sans culpabilité, et apprécier, par la même occasion, des plaisanteries qui, prononcées par d’autres, l’auraient peut-être fait grincer des dents, car la perspective au final de dépasser ses habitudes et son tempérament pour lui, juste pour lui… tout ça a le don de l’aider et de le réconforter au plus haut point. Si bien que, à certains moments, il se demande s’il ne serait pas capable de vivre ainsi, juste… en phase avec ses émotions, heureux, amoureux… Mais loin de sa famille, dont il serait la risée… Non… c’est simple, maintenant, de croire qu’il serait capable de changer d’avis, mais dans les faits, il n’est pas sans ignorer que rien n’est jamais aussi simple.

Alors il se focalise sur le moment présent, et le fait que lui aussi cherche à profiter de la moindre seconde, si bien que quand, sous la nappe qui les dissimule au reste du monde, leurs chevilles s’effleurent, il n’interrompt pas ce geste ni n’affiche d’embarras. Ce besoin de contact est presque vital, si nécessaire pour toi… au-delà de tout le reste. Le serveur revient, et Regulus parvient à l’exploit de ne pas rougir jusqu’aux oreilles au moment de passer commande, s’interrogeant toujours sur ce que la présence d’anchois ou d’ananas sur une pizza peut avoir de concrètement appréciable, ou de socialement acceptable.

Quand vient le sujet de ce qu’ils feront après leurs examens, Regulus s’efforce de ne pas se renfermer… Parce que pour lui… tout semble déjà cousu de fil blanc. S’il ne veut pas dévier du grand objectif décidé par ses géniteurs, il sera forcé et contraint de faire des choix, et ces choix n’auront rien de franchement heureux.

« Je vais probablement trouver un emploi plombant au ministère et… » Se marier, fonder une famille, céder à des allégeances dangereuses et obscures… Il préfère ne pas s’épancher à ce sujet. « … et je penserai à toi, pendant que tu sillonneras le monde, et je n’arrêterai pas de me demander ce que tu deviens, si tu es heureux, avec qui tu es… Et je nous imaginerai à New York, tous les deux. J’aurais jamais pensé me rendre en Amérique, mais avec toi, ça me plairait… » Il marque une pause. « Avec toi, tout me plairait. »

Avant de se ressaisir au moment de constater qu’il a succombé à l’envie bien trop grande de sombrer dans le mélo. On ne se refait pas.

« Désolé… je plombe l’ambiance, pas vrai ? » suggère-t-il en souriant.

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feat. Peter

En cet instant, Regulus parvient à tout oublier, y compris l’endroit où ils se trouvent, si bien qu’il fait dangereusement abstraction de tous les regards qui pourraient se tourner dans leur direction, alors que la main de Peter se saisit de la sienne par-dessus la table. Il a ce genre d’effet sur lui, il est capable de tout lui faire oublier, tout sans exception… Ou presque. Regulus se sent bien, quand il est avec lui, il se sent lui-même, à sa place, capable de s’exprimer, capable de se déclarer, tout ce qu’il oublie de savoir faire quand Peter n’est pas dans son sillage. Il lui offre une nouvelle respiration, une autre vision de lui-même… L’une et l’autre fragiles, bien entendu, mais définitivement réelles… Il a conscience que ces grandes déclarations ont probablement quelque chose d’un peu trop emphatique, voire excessif, mais il en pense le moindre mot.

« J’adorerais ça aussi », il admet, quand Peter affirme qu’il adorerai qu’il puisse venir avec lui, qu’ils découvrent la ville ensemble… Quant à New York, bien sûr qu’il adorerait s’y rendre. Ces perspectives sont belles, elles sont susceptibles de nourrir ses rêves les plus fous et les plus improbables. Il se devine déjà, en pensées, pris au piège d’une vie qu’il détestera, à revenir constamment à ses anciennes amours et à les imaginer tous les deux, sillonnant main dans la main les rues de New York. Libres et sans entraves. Oh, comme il voudrait que la vie puisse être aussi simple et douce. Rien ne serait grave, alors. Rien ne serait susceptible de lui faire du mal.

Et oui, pourquoi s’arrêter à New York ? Ils pourraient voir le monde, ensemble. La seule limite deviendrait celle de leur imagination, et si la vie réelle dresse devant eux des barrières conséquentes, leurs rêves, leurs sentiments et leurs aspirations, eux, semblent pouvoir les mener dans toutes les directions possibles.

« Ce sera pire si ont s’écrit, tu ne crois pas ? » suggère-t-il sans en être convaincu. Parce qu’il préfère ça au fait que Peter l’oublie pour de bon… Comme si c’était vraiment possible. Ce n’est en tout cas probablement pas la meilleure manière de tourner la page. Et aussi et surtout, la chose est forcément très dangereuse. Mais sur ce point… voilà longtemps, sans doute, qu’ils ne peuvent plus revenir en arrière. « Je dis ça, mais si tu ne me donnais pas de nouvelles, je chercherais en avoir de toutes les manières possibles. » il rejette la tête en arrière et soupir. « Je sais pas qui j’essaie de tromper avec toutes ces conneries. Si j’étais capable de me passer de toi, maintenant ou plus tard, je serais pas là. »

Sweet Rivalry

feat. Peter

Oui, il sait déjà ce que Peter en pense… Et plutôt égoïstement, Regulus ne voudrait pas que son petit ami soit en mesure de penser autre chose. Il a tout à fait conscience d’à quel point il est égoïste de sa part de vouloir que Peter ne tourne jamais la page quand dans le même temps il est trop lâche pour leur offrir à tous les deux la vie dont ils rêvent autant l’un que l’autre. Regulus étale en ce moment précis l’étendue infinie de ses contradictions, et ce n’est pas beau à voir. Il n’en est définitivement pas fier, ça c’est certain, mais il ne sait pas faire autrement, néanmoins, que de toujours s’enfoncer dans les mêmes impardonnables erreurs. Il faut savoir faire des sacrifices, dans la vie… Le problème, c’est que Regulus n’est toujours pas certain de ce qu’il se sent capable de sacrifier ou non.

Peter ne lui met pas la pression, Regulus ne le ressent pas comme cela, du moins. Il se contente de s’exprimer avec le cœur, et ce qu’il affirme est on ne peut plus normal. Bien sûr que Peter veut qu’il le choisisse… Il l’aime, à ce sujet, Regulus n’a aucun doute… et probablement que personne au monde ne sera jamais capable de l’aimer de la même manière. D’une façon si évidente, si idéale… si pure. Peter, par ailleurs, est capable de lire en lui comme personne d’autre n’en semble capable, et c’est loin de laisser Regulus insensible… C’est même tout l’inverse.

« Je ne subis rien », répond Regulus avec un fin sourire, incapable d’en vouloir à Peter. Dans le fond, il avait peut-être même besoin de cela, qu’on lui fasse directement remarquer qu’à force de tergiverser, il risquait fort de passer à côté de sa vie, et de tout ce qui pourrait être susceptible de le rendre heureux. « Tu as raison… je le vois aussi. »

Il le voit, mais il a tellement de mal à agir sur ce qu’il voit, à agir sur ce qu’il ressent. C’est… beaucoup lui demander, et l’émotion qui en résulte est particulièrement oppressante. Pourtant il ne faudrait probablement pas grand-chose pour qu’il se déleste de ce satané poids. Il faudrait seulement qu’il soit capable, une bonne fois pour toutes, de prendre son courage à deux mains, et de faire ce qui doit l’être. Regulus laisse passer un long temps de silence. Quand il reprendra la parole, il aura pris sa décision.

« Je te choisis, Peter. Je t’ai déjà choisi… je fais juste… semblant. Si ce n’est pas toi que j’avais choisi, je ne serais pas ici. »