Une seconde chance Regulus&Kreattur

Plume, encre, parchemin. Il y a des choses qui ne peuvent pas changer quand on a vécu des dizaines voir des centaines d’années dans le monde sorcier et la technologie n’est pas compatible avec toi. Non pas que tu aies une quelconque capacité à l’influencer mais juste tu refuses de l’utiliser et tu es assez têtu pour que rien ni personne ne puisse te faire changer d’avis. Pas de téléphone, pas de paiement autre qu’en espèce, pas d’emmerdement. Et si on t’oblige par un quelconque moyen, tu ne le fais tout simplement pas, totalement braqué par l’idée même de l’obligation. On te dit que tu ne te facilites pas la tâche, tu réponds qu’il n’y a que les paresseux et les empotés qui ne sont pas capables de faire les choses par eux-mêmes. Et c’est parce que tu aimes l’odeur du vieux papier et de l’encre que t’as pris l’habitude de travailler tes nouveaux casse-têtes de cette façon. Oh tu n’as pas une belle écriture et tu fais des tâches d’encre un peu partout mais ce n’est pas grave, tu as besoin d’écrire et dessiner pour réfléchir et ce ne sont pas les tâches qui ornent tes mains qui y changent quoi que ce soit.

Ta petite maison dans Lockwood Hill ne paie pas de mine. Elle est étroite avec, au rez-de-chaussée, une pièce dans laquelle t’as rajouté quelques vitrines et un comptoir car c’est ta boutique. Elle n’est que rarement ouverte, il faut sonner pour ça et il faut aussi que tu sois disposé à parler, ce qui est rare. Au premier étage se trouve ton lieu de vie, encombré de bien des affaires car t’as gardé cette habitude d’entasser sans vraiment ranger. Au dernier étage se trouve ton bureau et c’est là que tu es quand la sonnette retentit.

« Pas le temps. »

Grommelles-tu avant de lever le nez de ton parchemin pour réaliser que c’est un rendez-vous que tu juges quand même important. Humpf… Tu te redresses alors, glissant le parchemin dans une pochette avec la plume. Tu descends doucement, prenant tout ton temps avant d’aller ouvrir à l’homme qui attend patiemment, ayant l’habitude de ton caractère. Tu le salues poliment mais brièvement avant de revenir à ton comptoir. Ca fait quelques temps que tu travailles avec lui, il est peintre et est l’artiste d’une grande partie des puzzles de ta boutique. Vous discutez des prochains dessins et il te laisse là quelques ébauches pour que tu les études. Tu lui donnes son pourcentage sur tes ventes même s’il fait ça plus pour le plaisir qu’autre chose.

« Bonne journée Kreattur. »
« Oui oui… »

Tu ne l’écoutes déjà plus car t’es revenu à ton croquis et tu n’as d’ailleurs pas fait attention au fait qu’un jeune homme est rentré dans la boutique au moment où le peintre te saluait pour partir. C’est le bruit des pas qui te fait froncer les sourcils.

« La boutique n’est pas ouverte. »

Claques-tu sans douceur sans même regarder la personne. Dans tes vitrines, non loin de toi, se trouve un joli casse-tête en forme de médaillon avec un écriteau PAS A VENDRE devant. Une nostalgie de ta part, un objet du passé refait en bois et qui t’est cher mais que t’exposes avec le mince espoir qu'un jour, il te ramène une personne chère à ton cœur.

Cette voix. Au fond de toi tu sens qu’elle te prend au cœur sans être capable de comprendre pourquoi et s’il y a bien une réaction automatique que t’as à ça c’est de te fermer encore plus aussi tu ralouilles lorsque le jeune homme parle. Parce que tu ne veux pas ressentir de sentiments, parce que tu ne veux pas non plus te faire de faux espoirs car tu as déjà ressenti ce pincement au cœur en voyant un jeune homme de la stature de Regulus devant toi ou en achetant des livres qu’il aurait aimé. Tu as découvert dans cette ville que certaines personnes mortes avaient une seconde chance alors pourquoi pas lui ? Mais pour un être aussi vieux que toi, les quatre années à l’espérer t’ont plus abimé le cœur qu’aider alors tu t’es refermé sur toi-même, déjà que tu n’étais pas le plus agréable des hommes.

Tu rejettes donc ce sentiment familier pour finir de noter ce que tu as pris au peintre ainsi qu’annoter les tests que tu dois faire. Tu soupires quand il te pose une question, ayant détecté du coin de l’œil qu’il s’était arrêté devant le médaillon. Mais c’est pas vrai, comment faut-il expliquer aux gens que tu veux la paix ? Puisqu’on te prend toujours pour un vieux crouton qui doit aller dans un hospice pour prendre soin de sa santé, est-ce que tout le monde ne veut justement pas y penser ? A ta santé… Bon tu vas très bien mais pour une fois que ça pourrait te servir à quelque chose d’être vieux, comme ça semble être un gros soucis pour les moldus. Tu pousses un second long soupir pour bien faire comprendre qu’on t’ennuie.

« Ma vie. »

C’est tout. Ta vie. Cet objet est toute ta vie. Il est ce pourquoi t’as failli mourir, ce pourquoi ton maitre adoré est mort, ce pourquoi ta maitresse n’a jamais compris la disparition de son fils, ce pourquoi tu n’as jamais été à la hauteur car tu as été incapable de respecter les derniers ordres de ton maitre. C’est ta vie et aussi ta souffrance et pourtant, oui, tu as eu besoin de le recréer comme pour conjurer le sort ou bien te souvenir de qui tu es. Ca dépend si on veut être optimiste ou pas.

« Ecoutez jeune homme, la boutique est fermée et… »

Et tu lèves enfin les yeux de son parchemin pour croiser le regard de l’opportun. Tu restes la bouche ouverte, sans finir ta phrase, détaillant les traits du jeune homme car tu ne peux pas l’oublier. Pas LUI. Et il est enfin devant toi, vivant.

« … Maitre Regulus… »

Tu n’es plus un vieil elfe de maison mais on n’oublie pas ses habitudes aussi facilement et tu l’as toujours appelé ainsi. Tu t’avances un peu pour mieux l’observer, avançant ta main car tu es désormais aussi grand que lui, pouvant te permettre ce genre de geste, enlevant une poussière invisible de son haut le temps de reprendre tes esprits, n’aimant pas te sentir aussi perdu soudainement. Tu finis par réaliser que tu dois paraitre étrange. Peut être ne se souvient il pas de toi... Après tout tu n’étais qu’un elfe de maison et les années aussi bien avec Sirius qu’Harry t’ont fait réaliser que vous n’étiez pas grand-chose pour les autres.

« Je suis Kreattur, votre ancien elfe de maison. »

Comment ? Toute la question est là. Comment peux-tu être un vieux bonhomme humain ? Comment ton jeune maitre peut se retrouver devant toi alors qu’il est mort dans d’atroces souffrances ? En réalité la première question est : Comment cette ville fonctionne t’elle ? Mais ce sont des questions très loin de ton esprit, surpris de voir Regulus parcourir le mètre qui vous sépare pour te serrer dans ses bras. Tu n’es pas tactile non plus, te dérobant toujours des gestes ou mouvements qu’on peut faire pour te toucher mais de lui tu l’acceptes. En vérité tu as toujours tout accepté de lui et c’est bien le seul pour qui tu pourrais remuer ciel et terre. En plus de Maitresse Walburga bien entendu, celle dont t’as essayé de protéger les affaires tant bien que mal de la haine de Sirius. Tu restes cependant quelques secondes un peu figé, n’ayant pas l’habitude de ça et n’ayant jamais eu ce genre d’étreinte de la part de ton jeune maitre, avant de tout simplement entourer ses épaules de tes bras pour lui rendre parce que tu es heureux. Et ce sentiment n’est pas commun pour toi, il est même beaucoup trop rare.

« Je suis heureux aussi de vous retrouver ici. »

Parce que ça veut dire qu’il est en vie et c’est le plus beau cadeau qu’on puisse te faire. Ta descente aux enfers avait été violente quand il était mort dans cette maudite caverne parce que tu t’en étais toujours voulu de ce qui s’était passé alors le voir de nouveau, loin des dangers d’autrefois te fait du bien. Tu ne sais pas si les choses peuvent recommencer ici mais nouveau monde = nouvelles règles. Ca tu l’as bien appris même si tu vis un peu en marge de la société.

Tu finis par te redresser un peu et poser tes mains sur ses épaules pour qu’il fasse de même. C’est un geste très doux pour toi qui ne l’es que rarement mais tu veux pouvoir le regarder de nouveau, souriant tendrement de pouvoir retrouver ses traits et tout ce qui fait lui. T’as du mal à réaliser qu’il est en face de toi... Pourtant tu l’as cherché, espérant de tout ton cœur qu’il puisse être en vie comme d’autres personnes qui avaient une seconde chance, mais entre le penser et le voir il y a un fossé et vraiment, rien ne pouvait te faire plus plaisir. Pour une fois en quatre ans, c’est le plus beau jour de ta vie.

« Avez-vous… quelques instants pour discuter ? »

T’aimerais avoir le temps de parler de tout ça, du passé comme du présent et savoir où il en est, ce qu’est sa situation actuelle. Tu sais qu’Il est là aussi car tu veilles sur la jeune Nagini depuis quelques temps déjà, réalisant que se côtoie tant de générations différentes de sorciers ici et des qui ne devraient pas se connaitre. C’est un bien étrange endroit. Si ton jeune maitre accepte de discuter avec toi, tu vas fermer la boutique pour être sûr que personne ne vienne vous déranger et lui fait signe de te suivre à l’étage, dans un petit appartement beaucoup trop encombré pour son bien être, que ce soit de livres ou de divers projets sur lesquels tu travailles. Par habitude tu vas lui préparer la boisson chaude qu’il aimait. On ne change pas les habitudes…

« Comment allez-vous ? »

Et ce n’est pas une question posée par politesse mais une qui permet bien des réponses. Tu n’as jamais été invasif car tu n’en avais pas le droit aussi tu fais pareil, posant des questions généralistes en espérant qu’il comprenne qu’il peut tout te dire, glissant une tasse chaude entre ses doigts en t’installant en face de lui.

Tu prépare le thé en réfléchissant à ses retrouvailles qui te rendent heureux mais te laissent aussi pensif. Savoir que ton jeune maitre a une nouvelle chance de vivre sa vie est une bonne chose et même la plus merveilleuse que cette ville vous donne, mais tu sais aussi que tout n’est pas aussi simples car vous n’êtes pas les seuls à être apparus et tu n’as pas envie que tout recommence. Et tout est clair dans ton esprit en pensant à cela. Tu n’es plus un elfe de maison qui est obligé de répondre aux ordres -même si parfois t’as profité qu’ils ne soient pas particulièrement clairs-, tu es un homme avec son libre arbitre et tu as eu quatre longues années pour le comprendre, l’intégrer et l’accepter aussi ce jeune homme devant toi ne pourra pas refaire le passé. Tu ne le permettras pas aussi longtemps que ta vie courte d’humain te le permettra.

Tu reviens avec deux tasses et lui fais signe de s’installer, le faisant à ton tour doucement, callant bien ton dos. Il est fou que tu aies vécu si longtemps comme elfe sans connaitre la vieillesse et qu’ici tu sentes autant ton corps. Mais c’est ainsi et cette nouvelle vie te plait, quoique tu puisses en dire et surtout en râler.

« Je le sais oui. »

Réponds-tu simplement en soufflant sur ton thé pour le refroidir légèrement et pouvoir en boire une gorgée. Tu reposes ensuite la tasse sur un guéridon à ta gauche pour avoir les mains libres. Tu prends ton temps pour parler parce que tout ce que tu sais de lui est lié à Nagini mais tu as confiance en ton maitre pour lui raconter.

« Je veille sur une jeune femme qui est liée à lui donc je suis au courant de sa présence et de là où il se trouve. Mais je ne suis pas inquiet pour moi, je le suis surtout pour elle et vous désormais. Je suis un vieil homme ici, la vieillesse sera certainement bien plus efficace que lui mais je vous protégerai autant que je le peux. »

Et tu ne dis pas ça pour t’apitoyer sur ton sort mais juste par logique. Tu es vieux pour un humain, ton corps te le rappelle tous les matins mais tu veux être là aussi bien pour Nagini que pour Regulus puisque tu viens de le retrouver. C’est dans ces moments-là que tu aimerais pouvoir récupérer au moins ta magie. Si celle d’un sorcier est puissante, ce n’est rien à côté de celle d’un elfe de maison et tu serais bien plus efficace ainsi.

« Sait-il que vous êtes là ? »

Demandes-tu pour savoir à quoi t’attendre, avant de te permettre de poser la question qui te brule les lèvres.

« Avez-vous retrouvé des membres de votre famille ? Madame ? »

La seule personne à laquelle tu tiennes autant que Regulus et que t’as tant essayé de protéger après la disparition de ton jeune maitre et la prise de pouvoir de Sirius sur la demeure familiale.

« Nagini. »

Tu n’as jamais rien caché à Regulus et il est l’être en qui tu as le plus confiance. Madame aussi à tout ton respect mais c’est encore autre chose parce que tu connais ses idées très arrêtées sur nombre de sujets même si elle a toujours été gentille avec toi. Ton jeune maitre est unique. Il a vécu beaucoup de choses qu’il a fait, de ton point de vue, plus par revanche que par véritable volonté mais au moment de prendre des décisions, il a toujours été juste, conscient de la valeur d’une vie qu’elle soit humaine ou non. Tu ne pourras jamais t’ôter de l’esprit ce dernier regard que vous avez échangé avant qu’il parte pour la caverne où tu as failli mourir et c’est ça qui fait qu’il est le seul être sur cette terre pour qui tu ferais absolument tout.

« Il est son maitre mais ici elle a une seconde chance tout comme vous. Elle vient souvent me tenir compagnie et m’a toujours fait penser à vous. Ce n’est pas une personne méchante, loin de là. »

Bien au contraire. Elle est juste coincée par sa nature de malédictus et le fait qu’elle ait un lien fort avec lui, lien qu’elle ne t’a jamais expliqué. Tu n’as jamais cherché à la faire parler de cela non plus, tu sais ce qu’est un lien entre maitre et serviteur et tu le respectes même si celui-ci, dans le cas de Nagini, ne peut qu’être néfaste pour la jeune femme. Cependant il y a des règles dans le monde magique qu’on ne peut pas toujours contrecarrer et c’est ainsi. La magie a aussi sa propre volonté.

Savoir qu’il est entouré te rassure et en même temps tu décèles autre chose dans ses yeux, un sentiment que tu as déjà vu au cours de sa jeunesse et le dernier jour de sa vie. Peut être te trompes-tu car ça fait longtemps que vous ne vous êtes pas vus mais cela t’inquiète. Veut-il te rassurer comme il l’a si souvent fait par le passé ?

« Ne me dites pas ça juste pour me rassurer, je préfère savoir exactement ce qui se passe pour m’y préparer et agir si c’est possible. »

Tu n’as pas beaucoup de moyens car tu n’as plus tes capacités magiques mais tu n’as jamais été un être qui avait envie d’être bercé d’illusions. Et si ta conscience du monde extérieur était limitée quand tu étais un elfe de maison, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tu as eu quatre longues années pour dévorer tous les livres que tu pouvais et en apprendre plus. C’est aussi pour ça que tu t’exprimes mieux aujourd’hui et que t’es moins dans la confrontation que tu l’étais à l’époque, même si l’après grande bataille t’a aidé aussi à t’apaiser aux contacts des autres elfes.

Savoir que ta maitresse est présente dans la ville te faire serrer quelques instants le mouchoir de tissu que tu as dans la main sous le bonheur. C’est absolument merveilleux et tu sais que, pour elle, tu sortiras de ta tanière pour aller lui rendre visite. Cela fait si longtemps. Tu as besoin de la revoir comme elle était avant, loin de l’image du tableau qui souffrait tant des décisions de Sirius qui n’avait aucun respect pour elle. Tu avais tant essayé de la protéger.

« J’en serai heureux, je lui rendrai visite dès que je le pourrais. »

En espérant ne pas la déranger bien entendu mais tu y iras.

« Avez-vous besoin que je revienne à votre service ? »

C’est étrange de poser cette question alors que tu es un homme désormais et que, vu ton âge, ce serait plutôt à lui de te venir en aide mais les habitudes restent ancrées dans un être et s’il a besoin de toi, tu seras là.

« Je le suis. »

Tu n’es pas dupe de qui est Nagini, tu ne te vois cependant pas la repousser parce qu’elle est une malédictus et qu’elle est liée au seigneur des ténèbres. Tu sais pourquoi elle lui est si attachée car elle a eu l’occasion de t’en parler même si elle ne t’a pas tout dit et tu peux comprendre cette envie d’être proche du seul homme qui sera capable de la comprendre quand la transformation sera trop présente. Après tout, les elfes de maison ne sont pas connus pour s’intéresser à l’alignement des gens, ils prennent juste soin des gens qui les respectent et sont gentils avec eux. Regulus aurait été le plus terrible des mangemorts que tu l’aurais protégé de toute ton âme parce qu’il était un maître doux et bon avec toi. C’est ainsi. Tu trouves cette notion de bien et de mal inintéressante.

Quand il te parle du médaillon, tu comprends tout de suite le soucis. Ce fichu pendentif vous poursuivra toute votre vie, c’est pas possible. Tu ne peux t’empêcher de grommeler entre tes lèvres comme tu l’as souvent fait au cœur de la demeure Black. Ce n’est pas forcément audible, c’est un condensé plutôt grossier de tout ce que tu penses de cette histoire. Tu finis par en soupirer parce que ce qui est fait est fait et que jouer au vieux bougon ne servira à rien.

« Il a été détruit une fois, il peut l’être de nouveau. »

Voilà quelque chose de plus constructif que tout ce que t’as pu échapper quelques instants plus tôt. Tu te doutes que ce n’est pas si simple mais tu préfères penser à la protection de ton jeune maître, ce que tu feras toujours passer avant tout le reste.

« Je n’ai pas réussi à le faire moi, et je m’en excuse sincèrement, mais Harry l’a fait. Il m’a même offert sa copie. Peut être pouvons-nous garder le mien en leurre le temps de chercher comment il a été détruit. De mémoire c’était avec une épée mais j’étais loin des confidences qu’ils pouvaient se faire. »

Tu as mis un long moment à accepter la présence de Potter et de ses amis près de toi. Jusqu’à ce que celui-ci comprenne que recopier l’attitude de son parrain vis à vis de toi n’était pas la solution et que l’issue de moldu lui explique. Ensuite t’avais appris à mieux les connaître et mettre de côté tous les préjugés que t’avais entendu toute ton existence. On en revenait toujours au même : les elfes de maison se moquaient de beaucoup de choses tant qu’on savait prendre soin d’eux, ce que la jeune Hermione savait faire correctement.

« Je lui en parlerai. »

Tu ne sacrifieras pas la vie que tu as recréé ici pour Madame mais si elle a besoin d’aide, tu seras heureux de passer quelques heures chaque jour dans sa demeure. La famille Black, même si t’en es détaché par la force des évènements, reste importante pour toi et surtout ces deux êtres qui pourraient presque être de ta famille.

« Etes-vous heureux ? »

Car c’est le plus important pour toi, qu’il puisse être heureux pour cette seconde chance qu’il a.

Tu l’observes quand il répond totalement à côté du sujet de conversation. Enfin non, ce n’est pas tout à fait exact mais il ne répond à ce que tu proposes, se concentrant sur ce qu’il t’a dit il y a de nombreuses années : son ordre de partir et de le laisser là, de détruire le médaillon, de ne rien dire à Madame et de porter le poids de ce secret. Et pourtant tu ne lui en veux pas. Tu étais son elfe, tu étais à ses ordres et tu as fait ce qu’il t’a demandé. Pas que tu n’aies pas souffert de cela, bien au contraire car tu as été obligé d’abandonner le seul être que t’aimais sincèrement, mais c’était “normal” car c’était sa dernière volonté. Tu n’as pas besoin qu’il te dise cela et il peut lire sur son visage que tu ne comprends pas pourquoi il s’excuse.

« C’était un honneur que vous ayez assez confiance en moi pour me demander ça. Ce que j’ai subi par la suite n’était pas de votre fait. »

Tu as failli à ta tâche parce que tu n’as pas été malin pour le faire et pour voir qu’on se servait de toi. Pour ce qui est du reste, c’est son frère qui te l’a fait subir, pas lui, et ce n’est pas pour rien que t’as aidé à fomenter sa mort, ce que tu ne regrettes aucunement. Regulus reste irréprochable pour toi aussi tu ne restes pas sur ce sujet, préférant plutôt t’intéresser à lui. Pour ce qui est du médaillon, tu n’oublies pas pour autant ce qu’il vient de te dire et t'espères qu’il saura te trouver s’il a de nouveau besoin de toi mais tu ne reviens pas dessus. C’est son choix, ce médaillon est le sien, et tu ne peux pas choisir à sa place ce qu’il veut faire.

« Il ne faut pas regretter ce qui a été fait. Vous avez pris une décision, avec les informations que vous aviez à ce moment-là. Aujourd’hui vous avez une autre vie, une autre expérience de cela et vous devez avancer et faire de nouveaux choix. Ce ne seront pas les mêmes mais ils ne veulent pas dire que ceux d’avant étaient mauvais. L’histoire se serait quand même écrite et vous ne la connaissez pas. Ne cherchez pas le bien ou le mal, respectez ceux qui vous entourent et vous, c’est le plus important. »

Maintenant que tu peux parler librement et surtout que t’as appris à le faire à force d’apprentissage ces quatre dernières années, tu te permets de donner ton avis et de faire remarquer aux gens qu’il faut qu’ils arrêtent de se cacher derrière l’envie de faire le bien qui ne sera peut être pas si bénéfique que ça quand les années passeront. Il faut juste avancer comme on juge devoir le faire, respecter ceux qui vous entourent et c’est déjà le début de quelque chose.

« Je suis heureux que vous le soyez Maître Regulus, vous le méritez. »

Et si un vieil elfe comme toi le pense, n’est ce pas que le plus important ? T’en as vu passer des générations de Black et si Regulus est le seul sorcier à avoir su trouver une place dans ton existence, c’est qu’il le mérite.

« Le vieil homme que je suis devenu dans cette ville l’est aussi, surtout depuis que je vous sais en vie. »

Car c'était le plus grand drame de ta vie alors le voir en vie, face à toi, est le plus beau des cadeaux que ce monde puisse te faire.

Un fin sourire naît aussi sur tes lèvres à sa confession car cela te fait plaisir. Il est vrai que Regulus a été le seul avec qui tu parlais longuement quand il était plus jeune, avant que ce seigneur des ténèbres ne vienne te le prendre et que cela entraîne tant de souffrances à tout le monde. Il était aussi le seul à s’intéresser à toi, te demander comment tu allais et te respecter, ce qui avait tissé un lien fort entre vous deux. Un lien que tu ressentais encore aujourd’hui, même sous cette nouvelle forme.

« Bien. »

Tu comprends sa demande. C’est vrai qu’il n’est plus ton maître dans cet étrange univers. Même si tu serais heureux de pouvoir l’aider à nouveau, comme d’aider Madame d’ailleurs, il n’y a plus ce lien si particulier qui lie un elfe à son maître. Tu es… libre… Tu n’irais pas le crier sur les toits comme pouvait le faire cet imbécile de Dobby mais c’est quelque chose que tu chéries. Pas forcément parce que tu peux vivre aujourd’hui comme tu le veux, mais parce que tu peux veiller sur les personnes qui compte pour toi, faire les actions que tu désires sans qu’on puisse s’en empêcher. Aujourd’hui tu n’accepterais plus ce médaillon et le départ du jeune homme devant toi. Oh non.

« Oh je ne sais que dire... »

Ça te prend un peu au dépourvu car tu n’as pas l’habitude qu’on te pose cette question. Tu ne côtoies pas beaucoup de gens à qui parler comme tu es assez secret et pas vraiment sociable aussi tu ne sais quoi dire sur tout ça. Regulus est bien le premier à s'intéresser à cela. Enfin non il y a aussi Nagini et Nicholas mais ils sont dans ta vie depuis ton arrivée ici donc l’exercice qu’il te demande est complexe et nouveau.

« J’ai trouvé cette petite maison où j’ai installé mon atelier une année après mon arrivée, grâce à l’aide d’un ami : Nicholas. J’ai profité d’avoir accès à plus de connaissances pour apprendre énormément et c’est tout. Je suis mieux chez moi donc j’y passe une grande partie de mon temps à créer, je ne me mêle pas vraiment de la vie de la ville. »

Et ça ne te dérange pas car t’es bien à vivre calmement dans ta petite maison mais tu n’as pas grand chose à raconter à Regulus de ce fait. Il sait que tu es ami avec Nagini et tu viens de lui “parler” de Nicholas donc il a le plus gros des informations.

« Et vous ? »

Ce n’est pas un exercice facile en effet mais tu comprends cette nécessité de transformer le rapport. Même si ta nature profonde ne pourra jamais changer et aura tendance à te pousser à les aider voir les servir, t’apprécies la vie que tu as trouvé depuis trois années maintenant, depuis que tu as cette petite maison. Tu as pu ainsi découvrir tout ce qui faisait la vie des écoliers de Poudlard où t’as servi de longues années : apprendre, et tu t’es découvert une passion. Rien de bien surprenant pour un elfe de maison de vouloir créer des choses comme votre magie est pratique et protectrice en grande partie mais faire fonctionner ses mains et passer des heures à faire travailler ton esprit sur des casse-têtes, t’ont permis de découvrir un autre monde de possibilité. Oui t’as évolué en trois ans mais t’avais déjà commencé après la disparition de Regulus, après avoir rencontré Harry, et après avoir “choisi” de combattre le seigneur des ténèbres, que tu combattras encore ici.

Sans surprise, tu apprends que le jeune homme n’est pas très sociable mais vous vous ressemblez bien pour cela. Il t’est complexe aussi de parler aux autres. Certainement pas pour les mêmes raisons, mais tu n’en éprouves tout simplement pas le besoin.  Tu es bien dans ton petit monde avec tes créations et tes lectures. Tu es un vieil homme en plus et t’as découvert dans cette ville que c’était quelque chose de respecté et qui fait que les gens te laissent en paix, ce que t’apprécies largement. Plus besoin de servir les autres et de répondre à des demandes plus farfelues les unes que les autres comme tu pouvais avoir chez les Black puis à Poudlard.

Tu restes silencieux au reste de l’explication, heureux qu’il ne soit pas tout seul comme tu ne l’es pas  toi non plus. Même si tu râles pour ta tranquillité, tu es toujours “heureux” de passer une soirée avec Nagini ou bien Nicholas. Pas pour les mêmes raisons car tu resteras toujours un vieux protecteur pour la jeune femme alors qu’avec ton ami c’est tout à fait autre chose. Même si vous êtes assez opposés, il t’apporte une paix agréable.

« Est-ce un problème ? »

Tu vois bien que cette histoire “d’ami” lui pose un soucis et tu veux comprendre exactement ce qui se passe dans son esprit. Quel que soit son lien avec ce “Peter” tu ne vois pas le soucis en vérité mais les elfes de maison sont connus pour être neutre et ne respecter que la valeur et la gentillesse d’une personne donc le fait que cela puisse être un “soucis” qu’il aime un homme ne te vient pas à l’esprit. T’es bien trop loin de ce genre de considérations que tu trouves “futiles”. N’y a t’il pas plus important dans la vie ?

Tu restes silencieux face à la remarque de Regulus sur ta maîtresse. Oh tu connais bien les valeurs de la famille Black car ce sont les mêmes que nombre de familles de sang pur dans votre monde : le sang doit être sorcier et noble depuis de très nombreuses générations et il faut transmettre le nom. Ton jeune maître -enfin ce jeune homme face à toi- sort totalement des carcans que son éducation l’a poussé à suivre en vivant avec un homme moldu. Mais il était déjà sorti de tout cela depuis de longues années de toute façon. Ne prenait-il pas en compte la vie d’un elfe de maison là où nombre de tes congénères ont pris tant de coups voir sont morts ? N’a t’il pas choisi d’aller contre sa marque et permis, une génération plus tard, que tout se passe pour le mieux en Angleterre ? Certes les familles de sang pur ont perdu leur prestige mais qu’est ce face à la vie ? N’a t-il pas assez sacrifié sa vie ? Plein de questions se posent mais ce n’est pas à toi d’y répondre à vrai dire, car elles ne te concernent pas même si t’as ton avis sur la question.

« Votre mère a découvert ce que c’était de perdre ses enfants, je doute qu’elle puisse vraiment souffrir plus que cela. »

Et tu ne le souhaites à personne. Tu avais été témoin de la descente aux enfers de Walburga, tu étais l’oreille attentive à tout ce qu’elle ressentait et t’avais été à ses côtés jusqu’au bout. Tu es même le seul à l’avoir vu dans un état qu’elle n’aurait montré à personne et tu le gardes précieusement pour toi parce que c’est votre secret, ta promesse de respecter sa mémoire et la dignité de cette femme qui n’a peut-être pas fait les bons choix mais a souffert tous les maux de cette terre en perdant sa propre chaire.

« Je suis resté jusqu’au dernier souffle de votre mère Regulus et je peux vous assurer qu’elle vous aime bien plus que sa propre vie. Je ne dis pas qu’il sera facile de lui faire face quand elle l’apprendra mais je doute qu’elle vous rejette pour cela. Nous ne sommes plus dans notre monde, les années ont passé et vous avez une seconde chance. Faut-il vraiment se prendre plus la tête ? Je sais que c’est une particularité des humains et je ne la comprendrais jamais… »

Le vieil elfe que tu es ne comprend pas toutes les règles des humains qui oublient la première fondamentale de la vie : elle n’est pas éternelle et il faut la vivre. C’est peut être étrange d’entendre ça de la part d’un être qui a été asservi mais cela ne t’a jamais empêché d’avoir tes propres convictions et de les faire entendre haut et fort.

« Sait-elle pourquoi vous avez disparu ? »

Oh tu sais bien comment est ton jeune maître et tu ne le trouves pas si changé que ça malgré sa seconde vie. Enfin si. Il n’aurait certainement pas osé, avant cela, être en couple avec un jeune homme moldu mais peut-être est-ce aussi parce qu’il n’en aurait pas eu l’opportunité. Ici les codes ont changé. N’es-tu pas un homme après tout ? Un vieil homme libre, plein de douleurs que les vieux humains ont, alors que tu devrais être en elfe en hallion en train de les servir. C’est une inversion de vos habitudes bien étranges mais qui permettent à Regulus de pouvoir être heureux, tout en le coinçant de nouveau parce qu’il ne choisit pas ce qu’un sorcier de sang pur aurait normalement fait. Mais qui s’y intéresse ici ? Peu de monde à vrai dire.

Tu sais que lui dire de ne pas se prendre la tête ne fonctionnera pas mais, si tu ne le fais pas, qui le fera ? Aussi tu te permets, avec douceur, de faire passer quelques idées. Si tu es têtu, il l’est aussi terriblement mais d’une façon moins abrupte que toi et tu sais qu’il n’est pas si facile de changer. Après tout tu es certainement l’être le moins adaptable de ce monde mais, quand il faut, il n’y a pas toujours le choix ou alors ce n’est que vivre à moitié.

« Le passé ne se réécrit pas en effet mais je vous conseille, si je peux me permettre, d’aller au devant d’elle avant qu’elle n’apprenne autrement vos choix actuels. Ne serait-ce pas justement, une trahison que vous ne désirez pas lui faire ? »

Tu garderas le secret quant à toi parce que ce n’est pas à toi de dire quoi que ce soit à Madame. Tu peux les conseiller s’ils le désirent mais ce n’est pas à toi de te mêler de ce que l’un et l’autre ont besoin de se dire. De plus tu doutes sincèrement qu’elle soit aveugle. Ou alors elle a terriblement changé mais Walburga a toujours eu une intuition très aiguisée, voir même tranchante.

« Vous savez, Regulus, j’ai vécu de nombreuses années après vous, j’ai vu ce que le Lord voulait faire de notre monde. J’ai vu aussi beaucoup d’êtres, humains comme elfes, mourir de ses mains et de celles de ses sbires… Je sais que votre choix a entraîné votre mort et la solitude de Madame dont vous vous jugez coupable mais je pense sincèrement que sans ce que vous avez déclenché, il y aurait bien plus à déplorer que cela. Plus aucune liberté, plus aucun choix, plus rien qu’un tyran. J’aurais préféré mourir à votre place... »

Tu lui fais signe de te laisser terminer si jamais il a une réaction.

«… car je suis persuadé que vous auriez eu plus à transmettre que moi ensuite mais, quel ait été votre choix à cette époque, vous avez aidé les générations futures à le combattre et à faire de notre pays quelque chose de bien. Je sais l’attachement que vous avez envers Madame et les traditions mais, à aucun moment, vous n'avez été un faible sorcier. Bien au contraire. Vous êtes l’être le plus courageux que je connaisse et vous serez toujours un Black. De plus, je suis un vieil elfe assez têtu pour vous le répéter régulièrement. »

Finis-tu avec un petit sourire sur les lèvres.

« Un jour vous saurez voir ça autrement. De plus vous ne pouvez pas vous mettre à ma place donc vous ne pouvez savoir comment j’ai enduré ça. »

Mal c’est vrai car t’as vu le seul être qui t’ai considéré comme ton égal mourir et se sacrifier pour que ta vie à toi, celle d’un insignifiant elfe de maison, puisse continuer. T’as ensuite été incapable de détruire ce fichu médaillon parce que tu n’en avais tout simplement pas le pouvoir et que t’étais certainement l’elfe le plus obtu de cette planête pour avoir l’idée de demander de l’aide. Peut-être pense-t-il ne pas avoir fait le bon choix et être responsable de tout mais tu l’es aussi à ce moment-là mais qu’est ce que cela change aujourd’hui ? Rien. Vous devez faire avec les conséquences de vos décisions et c’est ainsi. Finalement, toi qui as vécu jusqu’à la fin de cette guerre et qui as découvert la liberté, le fait de travailler en étant payé, de prendre soin des autres et d’être respecté, t’es persuadé que chaque petite chose qui a été décidée le jour où il s’est sacrifié était important pour l’avenir. Peut être que les autres ont couru après un médaillon factice mais cela a aussi été une épine dans le pied de votre ennemi et c’est important. Tu défies quiconque de cracher sur ce qu’il a fait et ça, tu le défendras toujours farouchement.

« Comptez sur moi. »

Gromelles-tu quand il te confirme qu’il va falloir que tu répètes régulièrement ce que tu viens de dire. Personne n’est jamais venu à bout de ta mauvaise humeur et de ton entêtement et ce n’est pas ton jeune maître qui va y arriver. Il fait déjà partie des rares personnes avec qui tu parles plus que la moyenne et avec lesquelles t’es un être plus agréable, faut pas croire qu’il va faire des miracles non plus.

Tu restes silencieux à sa demande, pesant le pour et le contre à ce qu’il te demande. Tu te doutes que ça ne sera pas facile avec Madame. Certes t’espères qu’elle sache comprendre qu’elle a déjà perdu son fils une fois et qu’il serait ridicule de le perdre une seconde fois juste pour une histoire de sentiments et de noblesse, mais tu sais aussi qu’elle peut être fière. Toi qui l’as vu dépérir chaque jour, te confier tout ce qui était dans son cœur, t’es persuadé qu’elle est capable de voir au-delà de tout ça mais le fera-t-elle vraiment ? Tu pousses Regulus à y aller car il doit le faire pour avancer mais tu ne sais pas si ce que tu trouves logique le sera forcément pour Walburga. Pour toi l'honnêteté est importante mais tu ne réalises pas tout ce que ça peut déclencher.

« J’ai peur que ma présence déplaise à Madame. J’ai longuement vécu avec elle après vos disparitions et elle m’a même confié ses états d'âme, mais je reste un serviteur. J’ai peur que ma présence ne l’agace plus qu’elle ne vous aide. Cependant je peux vous accompagner et rester prendre un café le temps de cette réunion pour vous retrouver à la sortie. »

C’est certainement le meilleur compromis pour ne pas créer une tension plus forte qu’elle ne sera déjà.

« N’oubliez pas que vous devez penser à vous Regulus. Je sais que votre famille compte beaucoup pour vous comme pour moi mais vous avez un avenir ici, chérissez-le. Vous aussi vous aurez une famille à votre tour. »

Tu n’es pas doué pour tout ça. T’as toujours été l’elfe à qui l'on parle mais pas pour avoir des conseils, juste pour pouvoir dire tout haut ce qu’on pensait et être sûr que personne ne le saurait puisque, par ta loyauté, tu n’en parlerais jamais. Oh tu avais outrepassé ça une fois avec Sirius mais ce n’est pas parce que vous serviez les sorciers qu’il fallait penser que vous n’étiez que des paillassons sur lequel on pouvait essuyer ses pieds sans aucune considération. Il avait été le seul de la famille Black à payer chèrement d’avoir été aussi méchant avec toi et tu ne regrettais absolument pas ce qui s’était passé.

Mais tu n’es donc pas celui qui sait donner correctement des conseils. Tu réagis selon ta logique pure qui est toujours neutre car les notions de bien et de mal te dépassent totalement, t’agis en fonction du comportement des gens à ton égard et de la protection que tu veux leur apporter. T’as compris en étant humain que tes nouveaux congénères sont bien plus complexes. Idiots même pour la majorité mais t’espères que ta maîtresse saura ne pas faire d’erreur face à son fils qui a tant sacrifié pour eux. Auras-tu raison ? Seul l’avenir le dira.

Maladroitement tu viens tapoter le dos de sa main de la tienne dans un geste pas très doux mais se voulant rassurant parce que t’es pas quelqu’un de très tactile, mais il parait qu’un geste vaut mieux qu’une parole. Enfin c’est ce que Nicholas te dit régulièrement, lui qui est si chaleureux.

« Ce n'est pas de la lâcheté que d’avoir peur. »

En tout cas tu juges que ça n’en est pas. Certes il n’a pas encore trouvé le courage d’affronter ses parents mais il y pense et il veut le faire. Il n’est pas parti à l’autre bout de la ville pour les fuir, ce qui serait bien plus de la lâcheté de ton point de vue.

« Ce n’est pas un remplacement, c'est une continuité. Même si je vous ai servi des années avant d’être au service de Potter puis de travailler à Poudlard, personne n’a jamais remplacé ma première famille, mais j’en ai découvert d’autres que j’ai eu envie de servir et de protéger. Vous ne pouvez pas stagner, pas à votre âge, vous devez avancer. Ne seriez-vous pas triste de perdre ce que vous construisez avec ce jeune homme ? Pourquoi vous sacrifiez de nouveau ? Vous jugez bien que c’était inutile quand vous l’avez fait pour le médaillon donc vous êtes vraiment prêt à le refaire ? »

C’est peut être trop direct mais t’es loin de le réaliser. Comme tu le disais, tu n’es pas le meilleur conseiller au monde.