(terminé) Confessions entre sorciers (Regulus&Merlin)

Confession entre sorciers

feat. Merlin

Si ça ne tenait qu’à lui, Regulus travaillerait tout seul, entouré du moins de personnes possible, et il ne s’en porterait pas plus mal. Mais il n’était pas très juste de prétendre que la nécessité que lui impose son travail de sociabiliser un minimum ne soit qu’une épreuve à ses yeux. Non, ce n’est pas le cas du tout. Le jeune sorcier n’est définitivement pas le jeune homme le plus sociable qui puisse être, en revanche, il devait reconnaître apprécier ses collègues. Belle était la première à lui avoir tendu la main, et la première en qui il ait suffisamment eu confiance pour lui tendre la main. Quant à Merlin, son collègue depuis peu… Il ne peut pas dire qu’ils se soient beaucoup parlé jusqu’ici, mais justement, ça lui plaît, que le type ne soit pas trop bruyant et encombrant, c’est tout ce qu’il demande. Bon, il reste son rapport aux clients, qui la plupart du temps est absolument catastrophique, mais ça c’est encore une autre paire de manches.

Ce jour-là, il n’est heureusement pas de corvée d’accueil. Bien sûr, s’il le faut, il adresse quelques mots aux clients, mais il préfère largement laisser les autres gérer. Enfin, quoi qu’il en soit, l’ambiance est plutôt calme, pour le moment, trop calme peut-être, même, aux yeux de certain. Mais lui, ça lui va. Dans l’arrière-boutique, il fait le tri dans les nouveaux ouvrages qu’ils viennent de recevoir. Jusqu’au moment de retourner entre les rayonnages, et d’assister à un spectacle particulier.

Il n’a pas immédiatement compris à quoi s’amusait Merlin (quel drôle de nom, Merlin, d’ailleurs… S’il savait la symbolique d’un tel nom dans son monde – il est d’ailleurs arrivé plusieurs fois à Regulus de jurer et de voir Merlin se retourner dans la foulée. Ceci dit, quand on s’appelle Regulus, on ne doit pas trop se la ramener, c’est vrai). Il avait l’air de fixer un livre en marmonnant… C’est sûr qu’il est trop haut pour qu’il l’atteigne, mais en même temps, ils ont une échelle pour ça… Sauf qu’à un moment… Le livre visé s’envole et atterri entre les mains de Merlin. Regulus l’observe, atterré.

« Tu es… » Regulus se rapproche pour éviter que d’autres captent leur conversation au vol. « Tu es un sorcier ? »

C’est une manière directe de l’interroger, mais pas la peine d’y passer par quatre chemins, pas vrai ? C’est ce que pense Regulus, en tout cas. Non, ce bouquin ne lui est pas tombé entre les mains : Regulus sait très bien ce qu’il a vu, et il est à présent curieux de découvrir qui son interlocuteur est réellement, découvrant soudainement qu’ils ont peut-être plus en commun que ce que Regulus avait bien pu s’imaginer.

Confession entre sorciers

feat. Merlin

D’accord, il y avait sans doute des manières plus subtiles et moins abruptes de présenter la chose, mais pour la défense de Regulus, il a été totalement pris au dépourvu et ne s’attendait pas le moins du monde à assister au spectacle que Merlin venait de lui offrir. Et l’énergie avec laquelle il cherche à se défendre de ce à quoi Regulus vient d’assister ne le rend que plus suspect à ses yeux. Le jeune homme peut bien tenter de se défendre autant qu’il le veut, mais le jeune sorcier sait reconnaître de la magie quand il en voit, et ce même quand cette magie s’avère différente de la sienne – à présent qu’il s’est familiarisé avec l’idée qu’il en existait sous de nombreuses formes, ce qui pour commencer l’avait très clairement désarçonné et remis en question plus de préceptes qu’il ne devait déjà en déconstruire pour commencer à son arrivée dans ce monde.

« Le livre n’est pas tombé », répond Regulus d’un ton catégorique afin que son interlocuteur ne cherche pas davantage à se dérober derrière cette excuse qui, aux yeux de Regulus, ne tenait tout simplement pas la route.

Et Merlin le comprend aussi, manifestement, car il finit par ne pas insister davantage et à ne pas s’obstiner dans le mensonge et à confesser ce que son collègue a d’ores et déjà compris, et dont il n’aurait pas démordu dans tous les cas. Il est davantage décontenancé, en revanche, quand Merlin commence à s’inquiéter de ce que Regulus pourrait faire. S’il le répétait, au choix on ne le croirait pas, ou bien on accueillerait l’information avec curiosité, dans tous les cas, le jeune homme ne risque certainement pas le renvoi pour « si peu »… Regulus comprend vite que la magie doit être un tabou chez lui aussi… comme elle en a été un dans une certaine mesure dans son monde, obligeant les sorciers à mener leurs vies en parallèle mais dans le secret des Moldus. Sauf qu’ici, la donne a changé. Et il semblerait que son collègue n’en ait pas conscience. Regulus songe aux premiers temps qu’il a passé dans ce monde, à ne trouver absolument personne qui lui ressemble. Et à présent, il a l’impression de croiser des sorciers à chaque coin de rue, peu importe de quels sorciers il s’agit. Il doit bien admettre qu’il apprécie. Même si cette découverte ne le rendra sans doute pas beaucoup plus sociable qu’il l’est en temps normal.

« Je peux pas te virer, je suis pas ton patron », répond posément Regulus. « Et puis, ce serait franchement hypocrite de ma part », ajoute-t-il ensuite en tirant sa baguette de sa ceinture. « Accio ! »

Un livre perché trop haut pour l’atteindre s’extirpe aussitôt de son étagère pour atterrir entre les mains de Regulus. Une démonstration vaut souvent mieux qu’un long discours. Et plus encore quand, à l’instar de Regulus Black, on était pas forcément l’individu le plus bavard ou le plus sociable que cette terre ait jamais porté.

« Tu vois ? »

Confession entre sorciers

feat. Merlin

« C’est pas une raison pour hurler non plus », observe Regulus entre ses dents serrés quand Merlin se met à littéralement hurler dans la boutique.

D’accord, d’accord, ici, Regulus s’est fait à l’idée que cacher sa magie serait contreproductif, il a tout de même tendance à ne pas le crier sous tous les toits, par souci de préservation et pour ne pas attirer l’attention de ses ennemis (même s’il a un peu le sentiment qu’il est déjà bien trop tard pour cela) plus que nécessaire, mais ce n’est pas non plus une raison pour se faire remarquer au-delà du raisonnable, et ça, c’est une mentalité que Regulus n’applique pas qu’à sa magie, en vérité, mais à tout ce qui le concerne.

« Je préfère pas en parler à tout le monde non plus, on sait jamais. Toi aussi t’aurais pu en parler avant », dit-il évasif. « Mais oui, je suis un sorcier, comme tu vois », reprend-il alors en l’observant un moment.

Les raisons qui le poussent à la discrétion, au-delà de son (sale) caractère naturel, ne sont pas de celles qu’il s’imagine détailler. Il n’ira pas évoquer avec Merlin les dangers qu’il sent peser sur lui et l’inquiétude constante qu’il a de voir ses anciens démons le rattraper. A la place, il préfère laisser Merlin mener la danse – et la conversation. Sur ce point, il sait clairement mieux y faire que lui. En même temps, tout le monde en est davantage capable que lui en réalité, vu le caractère ô combien désagréable et revêche du bonhomme.

« Tu poses trop de questions à la fois », remarque Regulus quand presqu’aussitôt Merlin s’excuse d’avoir trop parlé.

Mais s’il le dit comme un constat, son intention n’est pas de le rembarrer non plus, parce qu’en réalité, il est complètement capable de se mettre à la place de son interlocuteur. Vraiment. Lui aussi est resté longtemps à croire qu’il était le seul être magique, le seul sorcier dans ce monde, et ce constat avait sévèrement pesé sur son moral autant que sur sa conscience. Quand il avait fini par constater qu’il n’était pas seul, et même qu’il existait de nombreuses autres formes de sorcellerie en dehors de la sienne, ça avait été clairement une révélation pour lui. Alors oui, Merlin pose trop de questions à la fois, mais Regulus accepte de répondre à chacune d’entre elles.

« C’est une baguette, oui, je peux aussi faire de la magie sans – enfin je pouvais – mais c’est plus compliqué, on va dire. C’est du latin, enfin du dérivé du latin, en fait, mais ça dépend des sorts, certains n’ont pas forcément de rapport… ça doit faire quoi… quasiment un an que j’ai retrouvé mes pouvoirs, mais avant ça ça a été… » Il pousse un léger soupir. « Très, très long. » Il marque une pause. « Donc c’est la première fois que t’arrives à récupérer ta magie depuis qu’on est ici, c’est bien ça ? ça se passait comment, d’où tu viens ? Je veux dire, parce que t’es un sorcier, mais visiblement pas le même genre de sorcier que moi, alors… »

Confession entre sorciers

feat. Merlin

Regulus hoche simplement la tête quand Merlin observe que d’où il vient, dire que l’on est un sorcier est une chose à éviter. D’où il vient aussi, donc en réalité, il peut effectivement comprendre. C’est difficile de savoir dans quelle mesure il est bon de respecter ou non ses anciennes habitudes ici, de même que tout ceci demande encore davantage d’ajustement compte tenu du fait qu’ils ont forcément mis un certain temps avant de récupérer leurs pouvoirs respectifs… C’est la grande question que soulevait d’ores et déjà le secret magique international dans le monde de Regulus, une loi dans laquelle ce dernier n’a jamais vraiment cru, mais surtout, à l’époque, parce qu’il considérait que les sorciers n’avaient certainement pas à se cacher de vulgaires moldus. Depuis, son opinion sur les « vulgaires moldus » en question a tout de même évolué, mais certains anciens réflexes demeurent.

« Baguette mag… » Regulus se ressaisit, pas besoin de tronquer ses phrases pour expliquer les choses à Merlin. « Les sorciers les plus expérimentés sont capables d’utiliser la magie sans se servir de leur baguette, jusqu’à un certain point, ou bien de se servir de leur baguette sans formuler le sort à voix haute. J’y arrivais à peu près mais c’est plus difficile, maintenant », remarque Regulus d’un ton qui ne dissimule rien de sa frustration présente. « Je m’amuse pas non plus à lancer des sorts devant tout le monde, c’est normal que t’aies rien vu mais… Ouais, t’as raison, l’arrière-boutique, ça vaut mieux », admet-il sans être sûr que Merlin attendait réellement son approbation, car il l’a déjà entraînée dans la pièce en question, où ils peuvent alors discuter plus posément de leur magie respective. « Ça va revenir au fur et à mesure, j’imagine. Peut-être même que ton bâton va revenir comme si de rien n’était. Je suis arrivée ici avec ma baguette, sauf qu’elle servait à rien, au départ. Par contre… » Il hésite quant à la manière de le présenter. « J’avais un objet magique, avant de mourir, qui s’est retrouvé chez moi sans que je sache comment, et ça des mois après mon arrivée. »

Et Merlin sait – non, pas ce Merlin-là, l’autre (encore que ce sont peut-être les mêmes) – qu’il se le serait bien épargné. Merlin retente l’expérience, Regulus ne comprend rien à ce qu’il baragouine, mais il parvient une nouvelle fois à attirer un objet vers lui.


« De dragonnier ? » répète Regulus, un peu désappointé. « On a pas… Enfin, y a des dragons d’où je viens aussi, et des dresseurs de dragons, mais c’est pas spécialement un truc lié au sang.  T’es en train de me perdre avec ces histoire de grands dragons et de prophé… » Regulus se fige alors que Merlin poursuit. « Merlin ! – enfin, je veux dire, pas toi mais… enfin si, toi ? Vous… » Il déglutit avec difficultés. « Merlin comme le Merlin du roi Arthur ? T’es quand même pas… »

Formules ou pas, Regulus en a clairement perdu son latin.

Confession entre sorciers

feat. Merlin

« J’y comprends pas grand-chose », admet Regulus contre son gré, parce qu’en réalité, il n’aime rien moins que de ne pas comprendre – mais il faut bien admettre ce qui est malgré tout. « J’ai croisé des sorciers dont la magie ne fonctionnait pas comme la mienne, déjà, j’imagine que c’est ton cas », remarque Regulus même s’il a encore du mal à intégrer cette information.

Pour cause, il avait été élevé selon une mentalité absolument binaire : il y avait les sorciers et les non-sorciers, point barre. La magie n’avait qu’un mode d’usage et d’expression, et elle se devait d’être considérée comme la manifestation d’une supériorité totale, à plus forte raison quand elle coulait dans vos veines depuis toujours, sans sang moldu pour venir l’entacher. Sauf qu’ici, la magie s’exprime sous de très nombreuses formes, alors comment savoir exactement ce qu’est la vraie magie ? S’ils font tous usage de la même ? Tout ça reste bien mystérieux, et absolument incompréhensible aux yeux du jeune sorcier qui a bien du mal à s’y retrouver, surtout quand d’autres considérations entre en ligne de compte, qui sont autrement plus complexes à accepter.

« C’est rien, c’est le cas de plein de gens ici », se contente de répondre Regulus quand Merlin réalise que Regulus est mort, en même temps que Regulus réalise avoir parlé à son collègue de cet événement comme il lui aurait causé de la météo… il a tellement intégré cette information, il s’est tant habitué à ne pas en faire un secret qu’il n’a même pas réalisé à quel point elle pouvait être, au fond, désarmante pour qui n’y était pas préparé.

Il a pas l’intention de s’épancher sur le sujet. Il ne l’aurait pas fait dans tous les cas, mais cela risque encore moins d’être le cas alors qu’il prend doucement conscience d’avoir affaire à ni plus ni moins que le Merlin des légendes arthuriennes (sérieusement ?), ces légendes qui ne sont pas que des légendes dans le monde de Regulus… Merlin, dans le monde duquel il vient, est le père de toute magie, l’un des sorciers les plus anciens dont l’histoire ait gardé la trace. Ce n’est pas rien, ce n’est pas anodin… Et ça ne peut certainement pas l’être.

« C’est pas toujours toi, tu peux pas me dire tranquillement que tu es LE Merlin des livres d’histoire… t’as conscience que t’es une légende ? Merde… » Il déroule ses pensées à voix haute, parce qu’il est juste… complètement ébahi par ce qu’il apprend.

Clairement, il ne s’y était pas attendu, à celle-là. Comment l’aurait-il pu, en même temps. Et pour la peine, il est absolument pris au dépourvu, il faut bien le dire. En même temps, non, c’est un fait, Regulus ne peux plus regarder son interlocuteur comme il le regardait avant, et il ne le pourra plus jamais : ce n’est tout bonnement pas possible, pas après ce qu’il vient d’apprendre… c’est beaucoup trop improbable, beaucoup trop énorme ! Et pourtant… il y croit d’office.

« Tu reviens de loin, hein… Faut que je t’avoue que dans ma tête, tu devais être un vieux barbu à l’air sage, tu vois le genre… »

Confession entre sorciers

feat. Merlin

Regulus s’épargne tout commentaire quant à la remarque de Merlin concernant le fait que les sorciers eux-mêmes pouvaient être très différents en fonction de leur lignée et de leur sang. Dans le cas de son interlocuteur, il se doute que ce n’est pas dit le moins du monde dans une intention en quoi que ce soit élitiste, mais de telles paroles trouvent naturellement un certain écho dans l’esprit de Regulus, et pour cause, il a bien trop longtemps cru que le sang et la lignée faisait les sorciers exceptionnels, les sangs purs ayant naturellement plus de valeur que les sangs mêlés ou pire les enfants de moldus. Mais bien sûr, c’est une chose dont il a eu tôt fait de revenir, et il le fallait bien.

« Je suppose que oui », répond Regulus quand Merlin suggère qu’une personne qu’il connaît pourrait bien revenir à la vie. C’est effectivement le cas. Il est la preuve ironiquement vivante de cette affirmation. « Il y a des personnes que tu voudrais revoir, des personnes que tu as perdues ? » demande Regulus avant de se raviser, bien conscient, quand même, de l’indiscrétion de sa question. « Non, t’es pas obligé de répondre. »

Il a aussi envie de poser la question inverse, bien sûr : est-ce qu’il y a des personnes qu’il ne voudrait surtout pas voir revenir à la vie ? Mais il se doute que cette question se révélerait encore plus désagréable que la précédente au bout du compte. Même s’il ne sait pas vraiment si s’interroger sur le fait que ce Merlin soit réellement le grand Merlin soit forcément mieux en soi. Merlin cherche à le rassurer : oui il est Merlin, mais loin d’être le vieux barbu sage et sévère des livres d’histoire, il reste son collègue gaffeur et maladroit. Son tempérament n’est pas une couverture. On est souvent déçu par nos héros quand on découvre leurs vrais visages… Enfin, pas que Regulus ait exactement vu Merlin en héros, plus comme une figure trop ancienne en soi pour être définie par quoi que ce soit.

« Être maladroit, ça empêche pas d’être un héros », répond Regulus après un moment. « Mais je pense que je vois ce que tu veux dire. Et au passage, ça m’arrange pas, j’aurais préféré que ta maladresse soit juste une couverture pour pas te faire griller auprès des autres sorciers », reprend alors le jeune sorcier qui renonce à comprendre la logique qu’il y a, en partie, à tout ceci. Très clairement, cette situation le dépasse, plus qu’on ne peut l’imaginer. Mais étonnamment, alors que ça devrait être tout l’inverse, toute cette situation lui rend soudainement Merlin plus… accessible ?

Ça fait relativiser, dans le fond, que de redécouvrir la légende sous un autre angle, comme lorsqu’il lui apprend qu’il se faisait passer pour un vieillard afin de rendre sa magie publique sans que l’on sache qu’il s’agissait vraiment de lui. C’est presque aussi comique que c’est remarquable.

Confession entre sorciers

feat. Merlin

« Le grand dragon ? »

Bon, clairement, ce n’est pas simple de raccrocher les dragons, mais il se doute que c’est la même chose pour son interlocuteur. Est-ce que donc, avec toutes ces histoires, il faut s’attendre qu’Arthur Pendragon en personne surgisse dans le paysage comme le diable sortirait de sa boîte ? Regulus ne sait pas trop quoi penser de tout ça. Les différentes strates de l’histoire se mélangent et se confondent, et en fin de compte, on ne sait plus exactement ce qui a été, ce qui sera, ce qui aurait été… ce qui aurait dû nous concerner ou non… Regulus n’aime pas l’idée de passer pour le paumé de service, mais force lui est de reconnaître qu’il l’est au moins un peu.

« Malheureusement, ça, on ne le choisit pas », répond Regulus non sans un certain défaitisme quand Merlin observe qu’il y a des personnes qu’il voudrait revoir, mais d’autres aussi dont il apprécierait de ne jamais croiser à nouveau la route…

Il peut le comprendre, mais l’expérience lui a clairement appris qu’on n’est pas maître de ce genre de coup du sort. Regulus avait espéré retrouver son frère, et c’est chose faite, et si la situation est toujours compliquée entre eux, il apprécie malgré tout de savoir qu’il est là… Malheureusement, toutes les retrouvailles n’ont pas été du même acabit. Des menaces dangereuses, et que l’on pensait éteintes, sont à nouveau susceptibles que causer le plus grand tort, et c’est évidemment une chose qui ne peut être oubliée. Regulus ne donne pas le détail de sa pensée, mais il ne pense pas que ce soit nécessaire, au ton de sa voix, son collègue aura certainement compris le danger que représentent ces autres que Regulus a retrouvés dans ce monde (qui l’ont retrouvé serait plus exact), lui qui se sent plus que jamais impuissant à éliminer la menace qui pèse sur lui. Regulus pourrait sans doute prononcer des mots rassurants, assurer à son interlocuteur qu’il retrouvera Arthur, et tous ceux qui lui manquent, sans pour autant devoir redouter le retour d’individus bien moins recommandables, mais il préfère être réaliste. Et le réalisme invite bien souvent au pessimisme.

Regulus n’est pas sûr de pouvoir se mettre à la place de son interlocuteur, lui qui a réellement contribué à changer le visage du monde magique alors que lui-même ne se sera illustré que par un seul fait d’arme dont il puisse être un tant soit peu fier, et qui se sera soldé par sa mort, une mort sans doute absolument vaine et inutile, mais oui, Merlin, pour sa part, peut véritablement être fier de ce qu’il a accompli : il a su faire une différence – ce n’est définitivement pas donné à tout le monde.

« On devait se cacher aussi… Bon, on en était plus vraiment au stade de la chasse aux sorcières qu’on jetterait sur le bûcher, mais… On avait une loi, le secret magique international, et on ne pouvait le briser que sous certaines conditions : et encore, pas dans tous les pays. C’est quelque chose contre laquelle beaucoup se sont battus, mais pas vraiment pour que les sorciers et les moldus vivent en harmonie, plutôt pour que les sorciers dominent, et encore, ceux qui ont le sang suffisamment pur… »

Il n’ose rien ajouter de plus, ne veut pas vraiment admettre combien il a été acquis à cette cause, et le tort qu’il a causé au nom de cette même cause.

Confession entre sorciers

feat. Merlin

Plus Merlin lui en apprend sur son histoire, plus Regulus songe que l’histoire qui a été rapporté du Merlin de son univers (selon que l’on admet qu’il s’agit du même ou non) a été largement édulcorée, ou que bien des informations se sont perdues en chemin. Un dragon qui aurait été caché dans les donjons du château, capable de paroles et de prophéties ? Certes, dans son monde, il y avait des dragons et tout autant de prophétie, mais il ne saurait prétendre en revanche que les deux allaient de pair… Mais soit, il écoute, et il se contente de hocher la tête quand Merlin lui dit qu’il avait été trop jeune et trop idiot pour entendre les avertissements qui lui avaient été faits. Pas parce qu’il était vraiment capable de se mettre à sa place, dans le fond, juste parce qu’il sait effectivement ce que c’est que d’être trop jeune et trop idiot, il a été à son corps défendant, l’un et l’autre, et ça lui a coûté la vie.

« Tu penses que les prophéties d’un autre monde peuvent s’accomplir ici ? » demande Regulus, songeur, sans la moindre idée de ce qu’il doit en penser ou non. Pour lui, c’est une hypothèse effectivement envisageable, mais c’est encore compliqué, même après trois années passées ici, de savoir plus précisément comment les choses sont supposées se passer plus exactement. A l’évidence, de nombreuses variables manquent à l’appel, qui ne permettent pas véritablement d’avoir une vue d’ensemble sur la situation. « Mais oui, les prophéties se réalisent toujours d’où je viens aussi, il y a juste… des manières de les interpréter. » Il marque une pause. « J’espère pour toi que tu retrouveras Arthur. En fait, je t’avoue que je suis assez curieux de voir à quoi il peut bien ressembler », admet-il, ce qui est tout à fait vrai. Tout asocial qu’il peut être, il est en revanche particulièrement curieux. Et s’il n’aurait pas forcément envie de faire la conversation avec le roi Arthur en personne, en revanche, il serait juste… intrigué de voir à quoi il ressemble, juste ça.

Regulus hausse les épaules quand Merlin suggère que le secret magique avait sûrement été le bon compromis. Il avait eu des opinions très tranchées sur cette loi, autrefois, aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas : pour preuve, il n’a pas caché sa nature aux moldus de son entourage (même s’il a parfois tardé à la leur apprendre malgré tout), ici, les codes sont différents, et Regulus estime assez difficile d’estimer auxquels l’on doit, peut, ou non obéir.

« Protéger le peuple… je ne suis pas sûr d’être capable d’autant de détermination… » Il avait fait sa part, et il en garde un goût amer. « Me protéger moi-même, c’est déjà pas mal », ajoute-t-il, sombre. « Mais je connais des sorciers – un en particulier – qui partage complètement votre vision. Vous devriez le rencontrer, je suis sûre que vous auriez beaucoup de choses à vous dire. Vous ne connaissez pas Albus Dumbledore, je suppose ? »

Confession entre sorciers

feat. Merlin

« Si, c’est bien possible… », confirme Regulus, songeur, alors que son interlocuteur suggère que les prophéties accompagnent peut-être davantage les gens que les lieux.

Au fond, ce serait même logique, les prophéties s’attachent à des individus, pas à des endroits… Regulus, étrangement, aurait tendance à trouver cela particulièrement rassurant. Le jeune homme y voit une sorte de lien entre leurs mondes d’origine, quels qu’ils soient, et ce monde ci, comme une passerelle rassurante entre deux dimensions. Le problème, c’est que si les prophéties vous poursuivent d’un monde à l’autre, alors les malédictions le peuvent également, et ça, c’est tout sauf réconfortant… n’en a-t-il pas la preuve alors que le médaillon de Serpentard lui est revenu alors qu’elle ne le voulait pas ? Si, à l’évidence…

« J’ai pas eu affaire à des prophéties directement, mais je sais qu’il en existe », répond Regulus sans développer un sujet qu’il ne maîtrise pas trop. « Elles te concernaient, toutes les prophéties dont tu parles ? En même temps, c’est pas étonnant, t’es Merlin… LE Merlin… »

Et il n’en revient toujours pas. Tu m’étonnes qu’il a dû y en avoir, des prophéties à son sujet. Alors que Regulus, c’est sûr, n’a jamais fait l’objet de la moindre prophétie, pas à sa connaissance, en tout cas… ce qui n’est sans doute pas plus mal – il n’a aucun mal à s’imaginer la médiocrité de la prophétie qui l’aura concerné : « Dans une pitoyable tentative de détruire le seigneur des ténèbres, il sacrifiera sa vie pathétique dans l’indifférence générale. » Des fois, il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas savoir, en fin de compte.

Merlin parvient à décocher à Regulus un fin sourire en décrivant le roi Arthur, le fameux, celui des légendes, d’une manière à laquelle il n’a clairement pas été habitué le moins du monde. Ceci dit, il sent qu’il n’y a que de la tendresse dans les paroles de Merlin, et aucune animosité. Il avait vraiment du tenir à celui qu’il avait considéré comme son ami… Sans doute qu’il voudrait terriblement le retrouver ici. Malheureusement, on obtient pas toujours ce que l’on veut. En fait, on obtient rarement, voire jamais ce que l’on veut.

Regulus ne sait pas si son interlocuteur le pense vraiment quand il dit que l’essentiel est de se protéger en priorité. Mais ça reste sa décision, ou du moins fait-il l’effort de s’en convaincre, niant ses élans les plus héroïques pour ne plus jamais avoir à les réitérer.

« Il est ici, oui. Et c’est le sorcier le plus puissant de son temps, on le compare souvent à… eh bien, à toi, dans nos livres d’histoire. Il a vaincu un mage noir très dangereux, et il luttait activement contre celui qui lui a succédé. C’est… un grand homme. »

Clairement, ce discours, il ne l’aurait jamais tenu à une époque, et pourtant, il le pense sincèrement.

« Je pense que tu lui ressembles un peu. Enfin, en plus jeune. Quoi qu’il a rajeuni, ici. C’est assez bizarre, d’ailleurs… »

Confession entre sorciers

feat. Merlin

Regulus n’a pas l’intention d’arrêter, non, en tout cas pas tant qu’il n’aura pas complètement intégré l’information, et pour le moment, il ne l’a toujours pas digérée : son collègue n’est autre que Merlin, impossible pour lui de passer outre, impossible pour lui de le considérer comme il le regardait avant. Peut-être que ça viendra, peut-être qu’avec le temps, ça changera, mais pour le moment, ce n’est pas gagné du tout. Pour le moment, Regulus ne se voit pas prétendre. Il n’est pas surpris d’entendre qu’il a trop eu à gérer. Entre son nom et sa position, le rôle qu’il devait tenir, c’était logique. Il n’imagine pas le moins du monde ce que cela doit être que d’avoir tant de prophéties sur les épaules. Il doit avoir le sentiment que l’avenir du monde repose entre ses mains, constamment. Penser à soi, ne serait-ce qu’un instant, est impossible, car c’est négliger le sort de l’humanité. C’est terrible, mais le jeune sorcier veut bien croire que ce soit là la vision des choses de son interlocuteur. On lui avait promis un grand destin, et de protéger Arthur.

« D’où je viens, tu n’a pas échoué, tu as vraiment réussi à protéger Arthur, tu as été à son service jusqu’au bout et il s’est éteint de sa belle mort. » Regulus ne sait pas trop si ce genre de propos peuvent être réconfortants, mais il se sent la nécessité de le lui dire, comme si cela pouvait l’apaiser d’une manière ou d’une autre. « Mais si les prophéties chez toi comme chez moi ne se trompent jamais, alors peut-être bien qu’il est ici, oui, et dans ce cas, je suppose que tu finiras par le trouver. »

Il ne le dit pas avec espoir, il le dit avec pragmatisme. Parce que s’ils mettent tous les éléments que lui apprend Merlin bout à bout, alors oui, il semble assez cohérent de supposer que le roi Arthur en personne pourrait être ici, et qu’il le retrouvera.

Quant au professeur Dumbledore, Regulus lance l’idée en l’air, mais dans son imaginaire comme dans l’imaginaire des sorciers de son monde, Albus Dumbledore est le digne héritier spirituel de Merlin (ironique quand on voit que le premier est plus jeune que le second, mais ça…). Est-ce que c’est leur magie spécifique qui a permis à Dumbledore de rajeunir ? Regulus en doute, il ne pense pas que Dumbledore ait jamais couru après la jeunesse éternelle. Si magie il y a, c’est davantage la magie de cette île qui est à remettre en question.

« Il est ici, oui… » La gorge de Regulus se serre à la pensée de celui qui menace ses jours depuis qu’il a eu vent de sa présence sur l’île. Il serait sans doute déjà mort si le seigneur des ténèbres n’espérait pas obtenir son précieux médaillon par son intermédiaire. « Et il n’est pas seul. » Il l’observe. « Dumbledore a reconstitué une organisation qui existait déjà à notre époque, composé de sorciers décidés à empêcher ces mages noirs de nuire, l’Ordre du phénix. Tu aurais ta place parmi nous. Et tu pourrais nous renseigner sur les éventuelles menaces que nous ne connaissons pas de notre côté. »

Confession entre sorciers

feat. Merlin

Regulus affiche un fin sourire au discours de Merlin. Il a appris à éprouver – sans honte (c’est ce qui aura pris le plus de temps) – une certaine admiration à l’adresse de ceux qui sont prêts à se battre pour leurs idéaux et changer la face du monde, sans crainte ni hésitation. Ces gens-là sont les vrais héros. Lui, il est convaincu à présent qu’il n’en sera jamais un. Il a essayé, oui, de changer le destin de son monde, et résultat des courses, il n’a pas le sentiment que ça ait été une franche réussite, et en plus de cela, il en est mort. Bien sûr, il en a retenu ses leçons (du moins le pense-t-il), il sait où va dorénavant son allégeance et où vont ses convictions, mais il sait aussi qu’il ne sera toujours qu’un acteur secondaire de l’histoire, et que c’est bien mieux ainsi. Il faut savoir tenir sa place, et au moins n'occupe-t-il plus celle de l’oppresseur ce qui, en ce qui le concerne, tient du progrès véritable.

Quoi qu’il en soit, et même si Regulus n’est pas convaincu d’être d’une aide très précieuse à son ami (et c’est sans doute pour ça qu’il lui suggère de se tourner vers Dumbledore plutôt que de parler avec lui), il apprécie de se dire que ses propos ont pu peut-être pu communiquer un léger espoir à son interlocuteur, ce qui n’est pas chose courante chez lui, loin de là… Et quand on sait qu’il a affaire à Merlin en personne (oui, il va mettre du temps à s’en remettre, faites avec), on peut clairement dire que ce n’est pas rien, loin s’en faut. Bon, il ne peut rien promettre à son interlocuteur non plus, possible qu’il ne retrouve jamais Arthur et que rien ne se passe comme prévu mais… tout finit par arriver ici, même le plus improbable, en fin de compte. Le plus improbable surtout, en fait, preuve en est de cette conversation qui ne devrait avoir ni queue ni tête.

Regulus se doute que son collègue se battra envers et contre tout, de ce point de vue, il ne faillit définitivement pas à la réputation qui est la sienne. Il hoche la tête quand il ajoute qu’il irait à la rencontre de Dumbledore, ce dernier sera sans doute bien mieux disposer que lui à lui parler et à lui apprendre ce qu’il doit savoir. Et en effet, les deux sorciers connus de notoriété commune pour être parmi les plus grands sorciers de l’histoire de la magie, c’est évident qu’ils feront de grandes choses ensemble.

« Une armée peut-être pas, mais des fidèles, c’est sûr », répond Regulus en songeant, notamment, à ses retrouvailles avec Bellatrix ou encore aux différentes attaques dont il semblait avoir réchappé presque miraculeusement (enfin, pas tant que ça – sans l’intervention de Peter dans le premier cas et de Sirius dans le second, il ne resterait sans doute plus rien de Regulus Black, et ne parlons même pas du médaillon). « Mais aussi… il y a un autre mage noir. Je l’ai pas connu, il était là avant le… » Il ne sait pas dire Lord Voldemort, il ne veut plus parler du seigneur des ténèbres et accorder plus de crédit à l’ennemi que nécessaire, même s’il l’a toujours appelé ainsi, alors… « Dumbledore le connaît, il l’avait vaincu par le passé, mais il est resté très… laconique à son sujet. »