(Terminé) Mother knows best. [Walburga & Regulus]

Mother knows best

feat. Walburga

Retenir ses émotions, ses larmes comme ses éclats de rire, est une des leçons primordiales que l’on vous enseigne presque à la naissance quand vous êtes un Black, et plus encore si vous êtes l’enfant d’Orion et Walburga Black. Et en cet instant, Regulus est plus que jamais ravi d’avoir été aguerri à cet art parfois bien complexe résidant dans le fait de ne rien laisser paraître. Ses larmes, il les ravale, et sous ses airs impassibles, il dissimule le fait qu’en reniant pour de bon Sirius, en commettant l’acte symbolique de l’effacer de l’arbre généalogique familial, c’est son cœur que l’on arrache une bonne fois pour toutes.

C’était couru d’avance, Regulus le sait. Ce n’était qu’une question de temps. Le feu couvait sous la cendre depuis un moment déjà, et Regulus avait prié en son for intérieur pour que n’en découle aucune conséquence désastreuse, mais sans réelle conviction, en vérité. Sirius s’est écarté du droit chemin depuis longtemps, déjà. Sa répartition à Gryffondor, et les fréquentations désastreuses qui s’en sont suivies, ont été le début de la fin. Les années passants, Regulus ne reconnaissait plus son frère. Certes, il avait toujours été moins sage, moins discret, plus turbulent que son cadet, mais quand leurs jeux d’enfants leur offraient encore une complicité vouée à s’éteindre, Regulus avait été capable de se convaincre que rien ne changerait jamais, que même si les liens se distendraient peut-être entre eux, jamais, ô grand jamais, il ne perdrait son frère. Tu parles. Sirius avait fait son choix. Le choix de partir.

Le choix de l’abandonner.

Une multitude de sentiments se bousculent dans le cœur malmené de Regulus, la colère et la tristesse en tête. Il lui en veut d’être parti comme ça, sans un regard en arrière, il lui en veut de le laisser seul. Il lui en veut pour le mal qu’il fait subir à leurs parents, dont il sait que le mutisme dissimule, dans leur cas également, des sentiments plus douloureux qu’il n’y paraît. Terré dans un coin de la pièce, il reste aussi figé qu’une statue, du moins jusqu’à ce que sa mère porte son attention sur lui.

Regulus hoche simplement la tête quand Walburga suggère qu’ils se rendent dans sa chambre, et c’est dans le silence le plus pesant qu’il connaisse qu’il suit sa mère à travers les escaliers menant à sa chambre. Il n’ose s’asseoir quand il se retrouve seul avec sa mère dans sa pièce, sans la moindre idée de ce qui se passera à présent, ou de ce qu’elle a l’intention de lui dire. Un silence les enveloppe un moment, lourd, pesant, que Regulus n’envisage pas de rompre, attendant que sa mère prenne la parole. Ses paroles le touchent, lui vont droit au cœur. Elles lui font prendre pleinement conscience de la responsabilité qui est dorénavant la sienne.

« Ce qu’il a fait est impardonnable », répond-il comme s’il récitait un texte qu’il aurait révisé des dizaines de fois. « Je ferai ce qui est nécessaire pour réparer l’affront qu’il nous a fait à tous. Je ferai tout ce qu’il faudra. »

Mother knows best

feat. Walburga

Un sourire se dépose sur les lèvres de Regulus qui s’en inquiète presque immédiatement : les sourires, de sa part, ne sont jamais franchement bon signe. C’est que sa mère ne sourit presque jamais, et quand on découvre ce genre de sourire, large qui plus est, sur son visage, on peut s’attendre au pire. Il la capte sans l’identifier, cette lueur de folie dans le regard de sa mère, et c’est peut-être dans l’espoir de la contenir qu’il se sent disposé à lui promettre monts et merveilles, dans l’espoir surtout de contenir cette folie, et parce qu’il est le sentiment de pouvoir encore faire barrage entre elle et l’effondrement de sa santé psychologique, entre eux tous et l’effondrement certain de leur famille. La charge qui repose sur ses épaules pèse bien trop lourd pour l’adolescent qu’il est alors, mais il l’endosse malgré tout, la tête aussi haute qu’il le peut, s’abreuvant des compliments de sa mère avec une légère amertume. Regulus a toujours espéré faire la fierté de ses parents, mais il aurait voulu y parvenir dans des circonstances moins désastreuses et douloureuses, sans avoir à sacrifier son amitié déjà bien étiolée avec un frère qui lui a manqué bien avant ce jour, déjà.

Regulus hoche la tête, tentant d’afficher une conviction qui n’est que partielle quand sa mère affirme que Sirius mérite à présent tous les malheurs qui s’abattront sur lui. Si Regulus en veut profondément à son frère d’être parti sans même un regard en arrière, il se révèle bien incapable de lui souhaiter le moindre malheur malgré tout… Il est encore plus simple d’ignorer son nier, d’effacer son existence comme s’il n’avait jamais eu de frère, que d’afficher une haine qu’il ne ressent pas complètement. Sa mère a raison, ils doivent être soudés, à présent, et il le savait avant même que sa mère ne l’exprime de la sorte : oui, c’est à lui qu’il revient de réparer les erreurs commises par son frère, et il ne doit surtout pas faillir.

« Je ne partirai pas », confirme Regulus avec conviction, parce qu’il est en effet convaincu. « Jamais je n’abandonnerai ma famille, pour rien au monde », lui assure-t-il avec un sourire. « C’est promis », il reprend avec plus de douceur, comme s’il espérait par ces propos apaiser ce volcan prêt à rentrer en éruption. « Je ferai tout ce qui est nécessaire pour réparer notre honneur. Absolument tout. »

Il sait que pour réparer cet honneur, il faudra plus que des mots, il faudra des actes, et pas n’importe lesquels, mais Regulus s’y sent prêt, convaincu qu’il est surtout, de ne pas avoir le choix, de le devoir et donc de le vouloir – il ne fait pas vraiment de distinction entre les deux.

« Tout ira bien dorénavant. Il n’est plus là. Il ne peut plus nous nuire, ou nuire à notre nom. »

Mother knows best

feat. Walburga

Tout ira bien. Tout ira bien. Est-ce qu’à force de le dire et de se l’entendre répéter, cela finira par être le cas ? Regulus l’espère sincèrement, mais il cultive quelques doutes à ce sujet, en réalité. Il ne sait pas du tout s’il sera vraiment capable, dorénavant, de dire que tout ira bien et de le penser réellement. C’est encore trop frais dans son esprit. Les émotions se mélangent et se disputent la place d’honneur dans son cœur malmené, et aucune d’elle n’est heureuse : qu’il s’agisse de sa colère, de sa déception, de sa détresse ou encore de la pression qu’il sent peser à présent sur ses épaules, rien de tout ceci n’est franchement heureux, et rien de tout ceci ne saurait évidemment le convaincre du fait que tout ira effectivement bien.

Mais parce que c’est ce qu’on exige de lui, parce que ses parents seraient bien trop malheureux s’ils devaient perdre un deuxième fils, parce que Regulus a bien conscience du fait que plus rien ne reste ou presque à sa mère si ce n’est son époux souvent absent et son fils qui devait encaisser la dignité de deux personnes, eh bien cela serait à présent son mantra : tout ira bien. Tout ira bien, et il défendra l’honneur de sa famille. Tout ira bien, et leur famille sera préservée d’une humiliation supplémentaire. Tout ira bien. Sans Sirius.

Une fine esquisse de sourire se dépose sur les lèvres de Regulus au moment d’entendre sa mère lui assurer que son père et elle sont très fiers de lui. Il avait eu terriblement besoin d’entendre cela. De la part de sa mère, un tel compliment est précieux car il n’en reçoit pas si souvent. De la part de son père, un tel compliment est impossible car Orion Black n’a jamais été de ceux qui montrent quoi que ce soit de leurs émotions, et Regulus s’est fait une raison à ce sujet. Il a d’ailleurs beaucoup pris exemple sur son père sur ce point. Lui aussi s’efforce d’en montrer le moins possible de manière générale. Comme en cet instant d’ailleurs, car s’il devait s’abandonner aux émotions qu’il éprouve réellement, le résultat serait sans aucun doute catastrophique. C’est déjà dur, en réalité, de donner l’air de rien, mais il s’appuie sur ce qui est à sa portée, comme la tendresse qu’il discerne chez sa mère et qui le rassure. Pour elle, pour son réconfort, il s’assurera toujours d’être le fils qu’elle veut qu’il soit.

« Ce serait un véritable honneur », répond d’emblée Regulus quand sa mère lui suggère de se rapprocher de Bellatrix afin de pouvoir rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres. Il n’a jamais eu d’atomes crochus avec sa cousine, mais il est convaincu du fait que c’est une bonne idée malgré tout. « Je m’y suis préparé, je sais que je suis prêt. »

Prêt à rendre sa famille fier de lui, prêt à risquer sa vie et son intégrité à ce titre.

Mother knows best

feat. Walburga

Regulus hoche la tête, sans conviction ni enthousiasme apparent, quand sa mère lui apprend qu’elle contactera son oncle et sa tante afin de convenir avec eux qu’il passe quelques jours chez eux, en compagnie de ses cousines, donc, et de Bellatrix en particulier. De l’avantage d’avoir été éduqué à montrer le moins possible ses émotions, positives comme négatives, son absence affichée de motivation peu passer pour une réserve toute naturelle quand, en réalité, il est surtout tout sauf enchanté à l’idée de devoir passer ne serait-ce que quelques heures (alors plusieurs jours, je ne vous dis pas) au sein de cette branche de la famille. Il n’est jamais très à l’aise en présence de Bellatrix. Il la trouve… étrange, mais pour l’honneur de sa famille, et parce qu’il comprend bien qu’il doit plus que jamais faire le nécessaire pour rendre les siens fiers et pour faire oublier la trahison de son frère, il fera ce qui lui est demandé.

Walburga le dit en peu de mots, mais des mots pour le moins éloquents. Sirius parti, Sirius évincé de la famille, il est dorénavant le seul et unique héritier des Black. Et c’est une lourde responsabilité. Il doit porter à lui seul les convictions de sa famille, et rejoindre le seigneur des ténèbres, dans ces circonstances, est la meilleure des choses à faire. Sur ce point, Regulus n’a pas vraiment besoin d’être convaincue, voilà longtemps qu’il le pense bel et bien. Pour lui, servir le Seigneur des ténèbres est en effet un honneur incommensurable, qui exige de nombreux sacrifices, certes, mais ce n’en est pas moins la chose à faire.

« Je ferai ce qui doit être fait », dit-il en se retenant de dire qu’il s’est toujours entouré des bonnes personnes quoi qu’il en soit. « Jamais je ne m’entourerais de personnes susceptibles de déshonorer notre famille ou de salir notre nom. »

C’est quelque chose qu’il pense, en effet. Dans tous les cas, son entourage, auprès de ses camarades de Serpentard, n’a toujours été composé que de sorciers de sang pur, partageant les mêmes convictions que lui. C’est sans doute pour ça, d’ailleurs, que leurs chemins se sont ainsi éloignés, avec Sirius… Leurs fréquentations respectives ont évidemment joué. Celles de Sirius l’on éloigné du droit chemin quand celles de Regulus l’y ont maintenu. Reste digne en présence de nos ennemis et épanouis-toi auprès des nôtres. Sur le principe, rien n’a l’air plus simple, vraiment. Mais dans les faits, c’est plus complexe. Surtout s’il doit à présent considérer son propre frère comme un ennemi.

« Tout ce qui me sera demandé de faire, si c’est pour l’honneur de la famille, je le ferai. C’est une promesse. »

Une promesse qui lui coûtera cher.