( 1 ) Au crépuscule des années 1940, au cœur de l'Oklahoma, Elias Klaber voit le jour dans une famille d'émigrants d'origine allemande, échappés des griffes du régime nazi pendant les soubresauts de la Seconde Guerre mondiale. Son père, Johann, un homme de conviction et un journaliste de gauche, a pris la décision courageuse de fuir l'Allemagne pour protéger sa famille des horreurs du régime d'Hitler. Cependant, cette décision a marqué une séparation douloureuse avec sa patrie et ses racines. Malgré le courage de son père, Elias, qui est né vers la fin de la guerre, ressent une distance troublante entre eux. ( 2 ) Sa famille est originaire de Miltenberg en Bavière, mais il n'est toutefois pas né sur le sol allemand. En effet, ses parents ont fui l'Allemagne peu de temps avant le début de la Seconde Guerre Mondiale en espérant gagner une meilleure vie aux États-Unis d'Amérique. Ils ont simplement voulu protéger leur famille des affres de la guerre, ce que Klaber, une fois grand, n'a jamais pu accepter. Il a toujours éprouvé une nostalgie doublée d'une fascination morbide pour le pays de ses ancêtres, le pays de son sang comme il aime le dire, ─ en ayant rêvé toute son adolescence de faire partie des jeunesses hitlériennes, et de combattre aux côtés de ses semblables pendant la Grande Guerre, quoiqu'il en coûte, même au prix de sa propre vie. Pour lui, ses parents ne sont rien d'autre que des lâches, ─ particulièrement son abominable père, qu'il a décidé de renier de toute son âme dès son seizième anniversaire. Un père qui lui a tout offert : une vie privilégiée grâce à son très bon salaire, une couverture santé quand d'autres Américains ne pouvaient pas se payer une visite chez le médecin, des études secondaires et universitaires qu'il ne cessera de foirer par ses absences répétées en cours, ses échecs scolaires, son manque de sérieux, son tempérament colérique et ses mises à pied fréquentes pour cause de bagarres et de harcèlement. Eli a obtenu la nationalité américaine grâce aux lois régissant le sol, puisqu'il est venu au monde sur le territoire sudiste de l’État d'Oklahoma aux États-Unis d'Amérique. À mesure qu'Elias grandit au sein du paysage américain, il ressent de manière de plus en plus aiguë un conflit intérieur complexe. D'une part, il est profondément attaché à ses origines allemandes, une partie de lui étant restée liée à ce pays qu'il n'a jamais connu. D'autre part, il se sent inextricablement lié à l'identité américaine, une dualité qui l'oblige à naviguer entre deux mondes culturels qui le terrorisent. Cette dualité est exacerbée par sa nostalgie obsessionnelle pour une époque passée et dangereuse profondément méprisée par son père, une époque qu'Elias n'a pas vécue, mais qu'il perçoit comme une source de discorde entre eux. ( 3 ) L'adolescence privilégiée d'Elias est teintée par une relation tumultueuse avec son père, marquée par des désaccords politiques et une communication souvent houleuse. Les idéaux progressistes de Johann semblent se heurter à la révolte et au ressentiment profondément enracinés d'Elias, nationaliste pur et dur, qui grandit avec le sentiment de ne pas être compris ni écouté. Il aime profondément son père, autant qu'il lui voue une haine sans bornes. Il le considère comme un lâche, un traître à son sang Aryen. Cependant, au milieu de cette relation tendue, sa mère, Anna, représente une figure de réconfort. Elle joue un rôle crucial en cherchant à apaiser les tensions et à maintenir une certaine harmonie au sein de la famille. ( 4 ) Les années 1960 voient Elias entrer dans l'âge adulte. Il est en quête de réponses au sujet de ses racines allemandes, sur les implications de la guerre. Eli se découvre graduellement des sentiments de colère envers son père, lesquels reflètent ses propres frustrations et sa quête insatiable de sens. Ces découvertes le poussent à remettre en question la légitimité de sa haine, tout en essayant de trouver un équilibre entre ses identités. Afin de se trouver, il décide de quitter la région, pour s'éloigner de ses parents. Élève médiocre mais suffisamment débrouillard pour obtenir une place à l'Université d'Alabama en trichant à ses derniers contrôles, il déménage seul et laisse ses parents en Oklahoma. La séparation entre la mère et le fils est déchirante, mais est vécue comme un soulagement entre le père et le fils. Klaber entreprend des études en physique, sans réellement y croire ou attacher de l'importance. Il ignore quoi faire et songe naturellement à devenir ingénieur pour se préserver d'une situation précaire une fois plus âgé. Ce sera un échec cuisant, il ne sortira pas diplômé. Klaber est un fêtard, un bagarreur, un susceptible, un électron libre, un tout feu tout flamme. Il est tout sauf bon élève. Tout sauf élève studieux. C'est un cancre, certes, mais il a des qualités très physiques et se découvrira une véritable passion pour les armes et le club de tir de sa ville. (uc)