Petite fille du premier Hokage, Hashirama et petite nièce du deuxième Hokage, Tsunade se souvient de son enfance avec un sourire nostalgique. Choyée par ses grands-parents, surnommée Princesse et traitée comme telle, elle leur en faisait voir de toutes les couleurs. Très tôt, son caractère donnait du mal aux adultes et sa passion pour l'argent la rendait chipie. Cela ne l'a pas empêché d'être une élève studieuse et de devenir genin à l'âge de 6 ans. 

"Planche à pain". Quelle ironie de savoir que Jiraya l'appelait ainsi quand elle était jeune. Tsunade le faisait taire à coups de poing dans la figure et le temps lui permettra de lui faire ravaler ses paroles. Sous la supervision de Hiruzen Sarutobi, leur équipe était complétée par Orochimaru. Un trio qui ne cessera de se démarquer des autres jusqu'à devenir les légendaires ninja "Sannin". Mais qu'est-ce qu'un titre leur apporte réellement ? Qu'est-ce que ça vaut face à la violence de la guerre ? 

Les morts s'accumulent. Elle y assiste, impuissante. Que ce soit sa grand-mère, son grand-père, Tobirama, ses parents… Son jeune frère, son amant… Elle observe ses mains, couvertes de leur sang alors qu'elle est incapable de les secourir et ne peut que constater leur décès. Jiraya et Orochimaru sont à ses côtés dans les pires moments et c'est vers le premier qu'elle se tourne pour évacuer sa détresse. Mais ça ne suffit pas.

La volonté du Feu ne brûle plus dans son regard. Elle est lassée, fatiguée et désespérée. Alors elle quitte le village et erre dans les terres, gaspillant ses économies dans les jeux d'argent, formant Shizune à exercer sans jamais opérer elle-même. Parce qu'elle n'est plus capable d'affronter la mort. Elle abandonne la voie des ninja qui n'a été qu'une série de drames dans sa vie et continue de pratiquer la médecine. Elle n'est capable que de prodiguer des conseils, la vue d'un corps la hante  et celle du sang la fait trembler et lui est insupportable. 

Le statut d'Hokage lui importe peu. Au contraire, elle ne veut plus en entendre parler. Tous ceux qu'elle a connus et qui le convoitaient ont été assassinés. La preuve en est, Orochimaru vient à sa rencontre et lui annonce qu'il a tué leur maître, Hiruzen, il lui demande de soigner ses bras et en échange, il ramènera Nawaki et Dan à la vie.

Encore un Hokage qui perd la vie. Un de plus. Elle ne lui répond pas et il lui donne une semaine pour réfléchir. Après cela, elle fera la rencontre de Naruto, le disciple de Jiraya. Il lui rappellera les deux défunts qu'elle chérissait et prendra la relève pour exaucer leur rêve d'être Hokage. Grâce à Naruto, elle fera enfin son deuil et tournera la page, acceptant son rôle d'Hokage et tirant un trait sur les sentiments qu'elle avait pour Dan. 

Tsunade dirige le village d'une main de fer et mobilise les troupes afin de mettre un terme aux agissements de l'Akatsuki. Cependant, des pertes en découlent. Des shinobis perdent la vie, elle est incapable de l'empêcher. Jusqu'à ce que Jiraya lui rende visite et la prévienne qu'il va affronter seul le chef de l'Akatsuki. Elle essaye de s'y opposer mais il est borné. Il trouve réplique à chaque argument.

Elle ne peut pas l'accompagner parce qu'elle est Hokage, parce qu'elle permet la stabilité dans le village. C'est ridicule, elle sait déjà qui prendra sa relève. Il n'accepte pas son aide et lui propose de parier sur le fait qu'il ne reviendra pas. Elle accepte sachant qu'elle perd toujours et elle espère encore une fois, que ce sera le cas, qu'elle aura tort…

Malheureusement, cette fois, ce ne sera pas le cas. Le coup est difficile à encaisser. Tsunade se montre inébranlable devant les autres mais une fois seule, elle craque. Celui qui était toujours à ses côtés pour lui prêter une épaule sur laquelle pleurer n'est plus. Un profond sentiment de solitude l'étreint. Elle en fait fit, le surmonte et ne montre rien parce qu'elle doit rester forte. 

Il y a tant de choses qu'elle n'a pas pu lui dire. Tant de regrets et de remords. Tant de tristesse et de culpabilité. Elle lui en veut d'avoir voulu jouer au héros au point d'y perdre la vie pour la future génération. Mais elle s'en veut surtout de ne pas l'avoir retenu, d'être aussi malchanceuse, d'avoir parié sur lui, d'avoir fait semblant de ne pas voir ce qu'il voulait toujours lui dire. Elle s'en veut et continuera de s'en vouloir. Éternellement.

[...]

Cette nuit, après avoir bu, noyant encore une fois son chagrin dans l'alcool, espérant ainsi surmonter la mort de son ami de longue date, Tsunade quitte le bar, le regard brumeux. Shizune à ses côtés tient son fidèle Tonton dans ses bras et la sermonne comme à son habitude. Tsunade frotte ses yeux, les cligne plusieurs fois en observant l'astre lunaire peint de rouge. Elle croit halluciner mais Shizune voit la même chose qu'elle. 

Est-ce un jutsu ennemi ? Quelqu'un veut encore attaquer le village de Konoha ? Tsunade signale ce phénomène à l'équipe de surveillance du clan Yamanaka mais aucun chakra étranger n'a pénétré dans le village. Déboussolée et ivre, elle court en zigzag pour se diriger vers les portes d'entrée et bloquer l'attaque. 

La lumière émanant de la lune brille davantage, l'éblouit et un son inquiétant se fait entendre. Elle ferme les yeux pour s'en protéger et quand elle les rouvre, Konoha a disparu. Tout comme sa maîtrise du chakra. Elle essaye d'invoquer sa limace, sans succès. 

Shizune porte un cochon bien moins mignon et tellement lourd qu'elle est obligée de le poser au sol. La situation est incompréhensible pourtant la panique ne la gagne pas. Elle doit garder son sang-froid et prendre de bonnes décisions. C'est ce que ferait un Hokage. C'est ce qu'elle est.

Pendant une semaine, elle a essayé de comprendre comment quitter cette ville, sans succès. La technologie est plus moderne, l'époque est différente. Cependant ici ou ailleurs, la priorité est la médecine. Sans docteurs, ils ne feront pas long feu. Tsunade prend les devants pour gérer l'hôpital de la ville, recrutant des soignants et se chargeant de l'administration. 

Depuis quatre ans, elle supervise l'hôpital dans son bureau, accumulant de la paperasse. Les méthodes ne sont pas les mêmes que là d'où elle vient, les maladies sont aussi différentes. Elle réétudie le sujet et les clauses particulières en cas de décès, les fautes médicales et le reste. 

Le temps est passé si vite et elle est tellement occupée qu'elle n'a même pas une seconde pour chercher comment quitter cet endroit. A la place, elle trouve quelques minutes pour se rendre dans les salles d'arcade ou dans les bars afin d'occuper ses soirées.