Faire partie de l’unité des forces de l’ordre m’apportait plusieurs avantages non-négligeables. Je m’étais renseigné.
Je savais qu’elle partageait un appartement en centre ville, avec une autre personne. Rien que l’idée qu’elle ne soit pas seule me rendait fou. Alors, savoir qu’elle avait un enfant… On ne m’avait juste pas laissé le temps de lire le détail de son dossier ; un lieutenant avait manqué de m’attraper, cette nuit-là. Depuis, je m’étais rendu plusieurs fois devant cette porte. Parfois, il m’arrivait d’attendre de longues heures durant lesquelles j’espérais ne serait-ce que l’apercevoir.
Elle, et sa longue tignasse rose.
Elle, et ses yeux verts perçants.
Elle, et sa moue boudeuse.
Ce moment, hélas, n’arrivait jamais.
Mes doigts s’étaient portés au tronc d’arbre. Je fixais encore l’endroit, puis abaissai le visage en fermant les yeux, déçu. Ces quelques mois arrivés ici ne m’avaient pas laissé indifférent. J’avais pris des fonctions bien particulières auprès des forces de l’ordre. Je m’étais déjà fait un nom. J’étais ce lieutenant auquel personne ne voulait se confronter, et mes propres pairs n’osaient pas m’adresser la parole. J’étais froid et distant. Les missions sur lesquelles on m’envoyait n’étaient jamais simples. Certains s’inquiétaient de me voir partir pour plusieurs jours intenses et me demandaient comment j’avais pu faire pour ne pas dérailler.
En tant que flic, chaque jour, est un défi psychologique pour moi. La pression de maintenir l'ordre et la sécurité dans la société pèse lourdement sur mes épaules. Les visages effrayés des victimes et le regard de méfiance des criminels me hantent parfois, me rappelant que chaque décision que je prends peut avoir des conséquences graves. Je suis constamment confronté à des scènes de violence et de tragédie, et même si j'ai juré de protéger et de servir, il est difficile de ne pas ressentir le poids émotionnel de ces expériences. La solitude me consume parfois, car je reste mutique aux horreurs que je vois au quotidien. Mais malgré toutes les épreuves, je sais que c'est ma voie, et je continuerai à me battre pour une société plus sûre, même si cela signifie devoir affronter mes démons intérieurs pour y parvenir.
— Y a des démissions chaque jour en ce moment, c’est la folie ! m’avait colporté en secret une générale de division, d’habitude aussi muette qu’une tombe. Notre division devient trop faible, il va falloir trouver notre prochain commandant.
C’est ce qu’elle m’avait annoncé, tout en soutenant mon regard, assuré d’avoir ce prochain bien en face d’elle. Je ne m’étais pas prononcé et l’échange s’en était arrêté là. Je ne me voyais pas commander une brigade. J’étais bien trop solitaire dans ma manière d’opérer. J’avais toujours souhaité faire les choses à ma manière.
— Ton engagement envers la justice et la protection des innocents est exemplaire, et en tant que commandant, tu pourras guider et inspirer les autres. Ta présence sera une force motrice pour notre équipe et un exemple pour les autres. Elle avait marqué une pause après son baratin, avant de poser sa main sur mon épaule et de me forcer à lever la tête. Considère-le, Sasuke.
— uun...
Mes pensées étaient pour Sakura, cet enfant pour lequel je n’avais aucune information, pas plus que la personne avec qui elle partageait sa vie. Dans tout ça, je me fichais bien, d’être commandant, moi. Je préférais ma liberté ; celle qui me faisait parcourir plusieurs pays shinobis, connaître des cultures différentes, rencontrer ces autres, et soutenir comme je l’entendais le monde pour lequel nous existions avec Naruto. Or, nous nous trouvions sur cet île, dépourvue de chakra. J’étais ce flic à qui on demandait de devenir commandant. Les avantages étaient ce qu’il appelait, entre autre, salaire. Ce qui équivalait aux ryos, et m’avait permis aujourd’hui d’acquérir une belle maison.
J’espérais qu’un jour, on puisse vivre ensemble.
Mes doigts se crispaient contre l'écorce de cet arbre. J'avais finalement pris ma décision. Mes pas me traînaient à cette foutue boîte aux lettres à l’intérieur de laquelle s’y introduisit un papier avant que je ne disparaisse aussitôt.
Sakura me retrouverait certainement à cette clairière où se trouvait un cerisier en son centre et qui donnait sur notre maison.
Aujourd’hui, les fleurs avaient éclos et les pétales volaient. Je restais encore caché, préférant la laisser s’approcher d’elle-même pour mieux la rejoindre.
M'aimait-elle encore ...?
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