When two briliant minds are meeting

Gellert

Albus affiche un sourire qui ne dissimule rien de la fierté qu’il éprouve en cet instant, quand son interlocuteur lui fait remarquer qu’il voit les choses en grand. C’est le cas, en effet, mais ça a toujours été ainsi. Le sorcier a toujours été bien incapable de faire les choses à moitié. Il a toujours fallu qu’il en fasse davantage. Ce n’est pas forcément une bonne chose en soi, car cela peut le pousser à en faire plus que nécessaire par moments, mais dans le cas qui les concerne, les choix qu’ils veulent apporter au monde sont de telle ampleur que ce ne sera clairement pas de trop. Il n’a pas l’impression d’en faire trop, loin de là, il estime, bien au contraire, que plus ils sauront frapper fort, mieux ce sera. Leurs intellects et leurs compétences combinées lui donnent le sentiment qu’ils sont invincibles, et il entend en donner la preuve au monde. Bien sûr, c’est très présomptueux de sa part, peut-il affirmer le contraire (non, il ne le peut pas et ne le fera pas). C’est l’apanage de sa jeunesse, de leur jeunesse, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne croit pas dur comme fer dans leurs convictions. C’est même tout le contraire. Il est absolument certain de leur succès futur, et ce qui l’anime en cet instant, ce ne sont certainement pas les doutes quant à leurs compétences, ce n’est certainement pas l’inquiétude de ne pas savoir y faire ou de viser trop grand ou trop haut – rien de tout cela… il n’est animé que de cette ambition dévorante qui le pousse à vouloir toujours aller plus loin… mais toujours avec lui, forcément avec lui… Cet aspect-là de ses plans est moins explicable et si logique en même temps. Albus ne se voit rien accomplir indépendamment du jeune homme qui lui fait face. Il lui voue, véritablement, une admiration telle qu’il ne se pense pas capable de la moitié de ses ambitions sans lui… Parce qu’il ne serait, dans tous les cas, que la moitié de lui en l’absence de ce garçon qu’il connaît depuis si peu de temps pourtant.

« Londres et New York », approuve-t-il dans un hochement de tête. « Excellente idée. »

Il le pense effectivement, même s’il y a dans l’idée d’agir simultanément mais séparément, comme une appréhension. Celle qu’il arrive pour l’un quelque chose sur laquelle l’autre n’aura pas de prise… Mais il sait bien, au fond, qu’il ne doit pas réfléchir ainsi. Au contraire, même, il doit croire dans leur potentiel. A deux, ils peuvent soulever des montagnes. Littéralement.

Cette sensation de proximité, émotionnelle, spirituelle, et à présent physique qu’il ressent quand il est en présence de son interlocuteur, c’est quelque chose qui le prend partiellement de court et qui dans le même temps lui fait un bien fou, de ceux qu’il serait bien en peine d’expliquer. Il savoure le contact de sa main dans la sienne. Ce n’est presque rien, et c’est tout pour lui en même temps. Il ressent un sentiment de chaleur contre lequel il ne cherche pas à lutter le moins du monde. Au contraire, même, il s’imprègne de ces sensations, et voudrait qu’elles fassent partie de lui pour de bon. Il lui jette des regards à la dérobée, dans l’attente de voir si ses dons lui apprennent quelque chose, et aussi, uniquement, parce qu’il ne sait pas détacher les yeux du sien. Est-ce qu’il aura vu quelque chose et qu’il aura décidé de le cacher ? Albus l’estime sincère quand, au moment de lâcher sa main, Gellert observe qu’il n’a pas été capable de voir quoi que ce soit.

« Je pense que j’en ai une petite idée, moi », répond Albus avec une esquisse de sourire. « Déjà… peu importe l’avenir qui m’attend, je sais que tu seras avec moi. Et puisque tu seras avec moi… rien ne nous arrêtera. » Non, Albus n’est définitivement pas devin. Il a cependant raison sur un point… quelque part, Gellert sera toujours avec lui. Mais en pensées uniquement. « On devrait se le promettre. De rester ensemble », observe-t-il, bien trop conscient de l’ambiguïté de ses paroles. « Ou au moins de ne jamais s’opposer l’un à l’autre. »

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Gellert

Il est probablement encore un peu trop tôt pour discuter plus concrètement de ces projets qui certes leur tiennent à cœur mais qu’ils ne peuvent pas mettre à exécution sans un minimum de préparation au préalable. Car quand bien même ils frapperaient un grand coup en attaquant deux villes si éloignées en même temps afin de briser le secret magique international de manière éclatante, ils doivent planifier les choses sur le long terme, considérer l’après, songer à toutes les éventualités, ne négliger aucune des répercussions que leur projet pourra entraîner… Cette partie plus théorique que pratique pourrait éventuellement avoir quelque chose de rebutante, mais Albus ne l’observe pas ainsi, c’est un aspect de la chose qui lui plaît tout autant que le reste, et qu’il a bien l’intention de considérer avec le plus grand sérieux… mais chaque chose en son temps, car quand bien même l’occasion s’y prêterait peut-être, Albus a le sentiment que ce n’est ni le lieu ni l’instant.

Sans qu’il ait véritablement su en déterminer ni l’origine ni la raison, Albus a vu s’opérer un véritable basculement entre eux… pas vraiment un basculement, plus… la reconnaissance de quelque chose qui chargeait l’air d’une tension toute particulière depuis un moment déjà, sans qu’ils ne sachent le reconnaître ou mettre de mots dessus pour autant. Ou plutôt, sans qu’ils n’acceptent de le reconnaître tout de suite. Il y a à l’origine même de leur rencontre quelque chose de l’ordre du magnétisme qui a opéré entre eux. Quelque chose de fort, de puissant, de remarquable, d’inaltérable, et qui n’avait pas uniquement à voir avec leur soif d’ambition démesurée et leurs projets que l’on pourrait estimer bien trop ambitieux pour deux jeunes hommes de leurs âges.

« Tu le peux plus que moi, tu l’as dit toi-même », répond posément Albus quand son interlocuteur lui fait remarquer que ni l’un ni l’autre ne sont en mesure de véritablement prédire leur futur. « Je n’ai pas besoin d’attendre, en ce qui me concerne. Mon choix est déjà fait, tu le sais bien. »

S’il lui a fallu si peu de temps pour accepter les projets de Gellert et décider de plaider en faveur de sa cause, de l’aider à accomplir ses ambitions. S’il est prêt à tout laisser derrière lui, y compris sa famille, pour rester aux côtés de Gellert, il sait qu’il n’est plus à une décision précipitée près, et qu’il se sent prêt à accepter de faire de telles concessions dans l’intention d’obtenir leur dû… si cela lui permet seulement de rester plus longtemps au côté de celui pour qui son cœur bat si fort alors qu’il découvre leurs visages si proches l’un de l’autre qu’il peut sentir son souffle se déposer à quelques centimètres de ses lèvres, avant qu’il ne vienne les embrasser finalement.

Tout d’abord interdit face à ce qui tient pourtant de l’évidence, Albus ne tarde pas à répondre à ce baiser avec tout autant de passion et d’enthousiasme. S’il doit être tout à fait honnête envers lui-même – et à quoi bon mentir encore ? –, c’était probablement inévitable. La seule part d’incertitude avait résidé dans la nature des sentiments de Gellert à son égard, mais cette hésitation n’est plus permise. Le cœur battant à tout rompre, Albus oublie un instant tout ce qui l’entoure pour ne plus se concentrer que sur eux et eux seuls… et toutes les sensations que ce seul baiser lui procure.

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Gellert

Albus Dumbledore n’a jamais aimé. Du moins pas de cette manière. A sa façon, et même s’il le leur montre souvent bien mal, laissant l’amertume prendre le pas sur l’affection, il aime sa famille. Mais l’amour qui envahit son cœur en cet instant bien précis, le temps d’une baiser d’une délicieuse langueur, auquel le jeune sorcier préfère répondre plutôt que de l’interrompre, cet amour-là n’a rien à voir avec quoi que ce soit qu’il ait jamais ressenti. C’est quelque chose d’impérieux, de presque urgent. Une émotion aussi puissante que délicieuse et forte… C’est comme s’il se sentait naturellement, intuitivement lié à Gellert, comme s’attireraient tout naturellement deux âmes sœurs, presque malgré elle.

Albus ne le confessera peut-être pas, ce baiser est son premier baiser. Surtout, il espère que ce ne sera pas le dernier. Il aime la manière dont leurs lèvres s’apprivoisent si simplement, il aime sentir combien chaotiques se font les battements de son cœur au moment de s’abandonner à cette démonstration pure de dévotion totale. Il aime tout ce que ce baiser lui fait ressentir, et il aime plus encore tout ce que ce baiser lui confirme. L’attirance d’Albus pour Gellert, depuis le jour même où ils se sont rencontrés, a été telle qu’il n’aurait certainement pas pu la nier, même s’il l’avait voulu. Il n’avait pas envisagé, en revanche, la réciprocité de cette attirance. Albus n’a pas attendu de rencontrer Gellert pour deviner où allait sa préférence en la matière, mais à force de soupirs adolescents adressés en des directions unilatérales, il s’était un peu fait à l’idée que les choses de l’amour n’étaient probablement pas faites pour lui, et que ce n’était peut-être pas si graves, puisqu’elles pourraient bien aller à l’encontre de ses rêves, de ses projets et de ses ambitions, comme son attachement à sa famille se présentait déjà comme une entrave à sa volonté.

Mais Gellert lui prouve qu’il peut aimer sans rien compromettre de ses ambitions dévorantes, et pour la peine, il veut aimer pleinement, complètement, sans plus se poser la moindre question. Il veut ressentir sans réserve chaque émotion, et s’y abandonner totalement. Si bien que quand leurs lèvres se séparent, sa seule envie est de recommencer.

Il y a quelque chose de charmant dans la manière dont Gellert se confond en excuses, tout à coup. Il y a de l’hésitation dans sa voix, et un peu de rouge, à peine perceptible, sur ses joues. Gellert affiche pour la première fois une faiblesse qui ne le rend que plus charmant, lui qui lui avait semblé jusqu’alors disposer d’un tel contrôle sur absolument tout que rien au monde n’était susceptible de l’intimider.

« Ce n’est rien… », souffle Albus. Sauf que non, c’est quelque chose, et même quelque chose de bien assez important pour qu’Albus refuse de jeter un voile de prétendue ignorance sur ce qui vient de se passer. « Si tu préfères que l’on fasse comme si rien ne s’était passé, je comprendrais », reprend-t-il d’un ton très posé, contrastant avec la force des sentiments qui bataillent en lui. « Moi je n’en ai pas vraiment envie… »

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Gellert

Depuis sa rencontre avec Gellert, Albus, à plus d’un titre, se sent privilégié. Il a toujours ressenti que ce jeune brillant et fascinant ne le considérait pas à la manière qu’il avait d’ordinaire de regarder ses pairs. Il lui portait davantage d’intérêt, au point même de le considérer comme son égal. Il acceptait de partager à la fois ses projets et ses secrets, sans le moindre détour, et avec cette assurance brillante qui le rendait, aux yeux du jeune homme, proprement irrésistible. Très vite, Albus a compris qu’il voudrait absolument tout connaître de Gellert. Ses forces et ses faiblesses, sa puissance et ses failles. Pas dans l’optique de profiter de ces dernières, non, mais parce qu’on ne s’offrait jamais complètement à la vue d’autrui en gardant dressées autour de soi ces barrières que l’on positionne naturellement entre soi et les autres au cours de toute interaction sociale. Faute d’être en mesure de lire l’esprit de Gellert sans le consentement de ce dernier, Albus ne pouvait céder à la facilité d’explorer ces failles insidieusement… Il fallait que Gellert les expose, comme on rend les armes au pied d’autrui.

Ce baiser répondait à plus de questions qu’Albus ne se serait permis d’en poser, et il révèle à Gellert la facette la plus belle car la plus secrète de sa personnalité. Avoir été capable de lui offrir son cœur, c’est un don immense… et c’est un don qu’Albus accueille avec respect et une immense précaution. Jamais, de toute sa brève existence, il n’avait ressenti cela… Il y a entre eux une sorte de connexion presque mystique, qui à la fois le désarme et en même temps le transcende. C’est beaucoup dire, peut-être, pour ce qui pourrait peut-être n’être résumé qu’à une amourette de vacances, et rien d’autres… Mais Albus est incapable d’observer la chose sous cet angle. Aveuglé par ses sentiments ? Peut-être bien, il ne pourra certainement pas prétendre que cette éventualité n’est pas valable… Mais il ne le veut pas. Il veut croire qu’il y a quelque chose. De plus fort. De plus grand. Ce quelque chose qui les a d’office rapprochés dès les origines… comme une évidence frappante qui était venue les cueillir sans réserve et n’avait pas laissé la moindre place à une autre interprétation que la plus évidente entre toutes.

Il laisse à Gellert toute la latitude de décider de comment réagir, sans trop savoir de quelle manière s’y prendre plus exactement. Il n’a pas envie d’entendre son « ami » lui dire que tout ceci n’est qu’une erreur et rien de plus, mais s’il devait décider de cataloguer la situation en tant que telle, Albus l’accepterait sans discuter. Il écoute sa réponse avec attention, et c’était probablement la plus belle réponse qu’il pouvait lui offrir.

« Je ne crois pas que l’on s’égare… », répond doucement Albus, dans un souffle sincère. « Je pense au contraire qu’on se dirige exactement dans la même direction. »

Ses paroles ont un sens profond et nécessaire pour Albus. Il lui confirme que pour lui non plus, ce n’est pas anodin. Qu’il a envie d’être avec lui. Que ce n’est pas quelque chose d’habituel ou de banal, mais bien une chose qui leur appartient à tous les deux. Et rien qu’à eux.

« Et si cela peut te rassurer, je suis prêt à te promettre, sur tout ce que je possède, que je ne me jouerais pas de toi, que je ne te trahirai pas. Bon, je n’ai pas grand-chose à proprement parler mais… je te prouverai ma sincérité. »

La pureté de ses sentiments. Car oui, il l’aime. C’est trop rapide et probablement trop tôt, mais tant pis. C’est sincère. C’est évident. Oui. Il l’aime. Sincèrement.

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Gellert

Tout ceci n’était pas dans leurs projets… Mais l’amour – si c’en est (Albus, peut-être naïvement, a envie de croire que c’est le cas – ne se planifie pas, il se vit sur l’instant, dans tout sa force, sa beauté et sa complexité. Si l’on doit parler de projets, alors quoi qu’il en soit, Albus a appris de longue date que la vie nous fait trop rarement emprunter les chemins que l’on pensait à coup sûr poursuivre. Sans quoi il serait parti faire son tour du monde avec son ami Elphias sans se poser de question, il ne se serait pas retrouvé avec son frère et sa sœur à sa charge… Il ne se serait pas laissé séduire par le garçon qui lui fait face et par les idées de ce dernier au point même d’envisager de remettre en question tous ses préconçus pour lui… Rien de tout ceci ne pouvait être décidé à l’avance, et face à cette fatalité fortuite, l’on peut parfois être paniqué, ou agacé. Albus ne se sent être ni l’un, ni l’autre. Vis-à-vis de sa relation avec Gellert, si naissante et dangereuse soit-elle, le jeune homme ne se sent étrangement que serein.

Il devine en revanche une légère réserve du côté de Gellert, mais il ne la lui reproche pas. Albus a pris conscience de son attirance pour le même sexe il y a longtemps déjà, même s’il ne s’est jamais vraiment donné l’occasion d’agir sur cette dernière… Il est par conséquent plus simple pour lui d’appréhender la nature profonde de ces sentiments et de se féliciter de découvrir une certaine réciprocité chez celui qui lui fait face. Même si celle-ci devait être superficielle, même si Gellert devait lui confesser ne peut-être pas lui être autant attaché que l’inverse, il est seulement… heureux. Albus Dumbledore vient de goûter à son premier baiser. Et il était tout bonnement parfait.

« Tu es le premier », admet Albus avec un naturel total…

Cette confession n’a finalement rien de honteuse. Il n’avait pas eu le temps pour ces choses-là, pas l’opportunité non plus, sans doute… et à présent qu’il a rencontré Gellert, il se dit également, et sans détour, qu’il ne pouvait tout simplement rien espérer d’autre et surtout de mieux. Gellert est le premier… Et quelque part… il ressent que si Gellert lui pose une telle question, c’est sans doute que la réciproque est également vraie… Il ne lui retourne pas la question néanmoins. Il se moque de savoir. Il pourrait y en avoir eu d’autres, ce moment ne serait pas moins unique pour autant.

Ses lèvres s’étirent en un fin sourire quand Gellert lui affirme ne pas avoir besoin de preuves de sa sincérité. Albus croit sans mal qu’elle doit se lire dans ses yeux en effet… Il est sincère, autant dans ses émotions que dans sa volonté, totale, de le suivre.

« Tu sais ce qui me plaît dans ce chemin-là ? » dit-il, appréciant le contact de ses mains dans les siennes. « C’est qu’on ignore où il nous mènera. »

Dans les grandes lignes, peut-être, au nom des hauts desseins planifiés par Gellert bien avant son irruption dans sa vie, mais ces grands projets tolèrent des parts d’incertitude. Il est cette part d’incertitude.

« On devrait… je ne sais pas, prêter serment ? Rien de grandiloquent, seulement… mettre au clair nos attentes afin de nous promettre de ne pas les trahir respectivement », observe Albus, lucide.

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Gellert

Se fier à l’inconnu est chose dangereuse et compliquée. N’importe qui d’un tant soit peu sensé ne peut que constater qu’un grand nombre de pièges nous attend forcément si l’on choisit d’adopter une telle mentalité… Mais en même temps, l’appel de l’inconnu et la nécessité d’y céder est aussi ce qui permet d’accomplir de grandes choses, cela nous invite à ne pas rester dans les clous, à procéder d’une manière différente, à évoluer, à s’adapter… Pour toutes ces raisons, sauter à pieds joints dans l’inconnu paraît presque aussi exaltant que déroutant ou effrayant… Et quand il est question de Gellert, c’est un peu tout à la fois… Il ne comprend pas vraiment la force des sentiments qui le transportent quand il se trouve en sa présence.

Ça a été si brutal, si immédiat… Ce genre de choses ne s’expliquent tout simplement pas. En revanche elles se vivent, intensément… et elles s’apprécient puissamment. Il n’y a rien, dans la situation qu’ils vivent, qu’Albus échangerait contre quoi que ce soit au monde. Ces sentiments sont inédits, ils sont submergeants, mais ils sont aussi merveilleux, et même si, au vu du caractère singulier de leurs projets, la prudence doit rester de mise, il n’y a définitivement rien qu’il ne se sente capable de faire en présence de Gellert Grindelwald. Par lui et pour lui, Albus se sent véritablement capable de déplacer des montagnes.

« Je pensais plutôt à un serment inviolable », reconnaît Albus en premier lieu quand Gellert évoque la perspective d’un pacte de sang… un engagement sur l’avenir, quelque chose de fort, de puissant et de forcément dangereux… « Mais un pacte de sang nous éviterait de devoir nous fier à un tiers. »

Et par ailleurs, l’idée, symboliquement, lui plaît beaucoup par de nombreux aspects. Il y a quelque chose d’intensément et étrangement romantique dans le concept même de pacte de sang… Quelque chose qui les transcende, et quelque chose qui exige d’eux qu’il s’offrent l’un à l’autre une partie d’eux-mêmes. Ce pacte aurait une valeur forte aux yeux d’Albus, pas seulement pour les garanties qu’il apporterait mais… pour tout le reste. Si l’on décide de faire un pacte de sang avec quelqu’un d’autre, on s’engage avec cette personne pour la vie, quoi qu’il advienne. C’est une décision exceptionnelle… Une décision extrême, également… Une décision dangereuse, par conséquent, et qui ne doit absolument pas être prise à la légère, encore moins à leurs jeunes âges. N’importe qui d’extérieur les en dissuaderait tout naturellement et admettrait que c’est pure folie que de prendre une telle décision… Mais le choix d’Albus est déjà fait. Dès l’instant où Gellert en a fait mention, il a été sûr et certain de ne pas changer d’avis. Il sait ce qu’il veut, et surtout, il sait pourquoi il le veut… Et rien ne serait susceptible de le faire changer d’avis. Il suffit que son regard se pose sur Gellert pour qu’il en soit plus convaincu que jamais. Définitivement, résolument convaincu.

« Tu serais d’accord ? »

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Gellert

Albus hoche simplement la tête, en accord total avec les dires de son interlocuteur, quand ce dernier lui fait remarquer qu’ils ne peuvent se permettre d’accorder leur conversation à qui que ce soit d’autre. Albus est d’accord. Il ne verrait d’ailleurs personne dans son entourage qui puisse tenir un tel rôle. Demander à son frère ? C’est exclu, évidemment, il ne comprendrait pas, il ne comprend jamais rien… Quant à son ami Elphias… clairement, lui non plus ne comprendrait pas… et quand bien même, Albus n’a envie de mêler personne à tout ceci. Bien sûr, à un moment ou à un autre, il faudra bien que, tous les deux, ils s’entourent d’adeptes s’ils escomptent mener leurs projets aussi loin que ne l’exigent leurs ambitions… mais ce n’est pas la même chose… Ils sont les têtes pensantes, et tout ceci, leurs hauts objectifs, n’appartiennent à personne sinon à eux. Albus n’a envie d’ajouter personne à l’équation, ne serait-ce que parce que ce serait courir le risque d’être soudainement moins unique aux yeux de ce jeune homme pour lequel il ne saurait tarir d’affection et d’admiration… Peu importe le temps qui passera, il est convaincu de cela. Leur histoire est unique, elle est précieuse, et il ne veut laisser rien ni personne l’entraver.

« Je suis d’accord », confirme-t-il alors sans même envisager d’opposer le moindre contre-argument à son interlocuteur. Son seul regret est de ne pas avoir pensé au pacte de sang immédiatement, mais à présent que c’est chose faite, il ne nourrit aucune forme d’inquiétude à ce sujet.

Quant au fait que ce pacte les lierait pour la vie… C’est précisément ce que veut Albus. Oui, ils se connaissent depuis un temps infiniment court à l’échelle de ce que leur vie sera probablement, et prendre une telle décision est irréfléchie, il en connaît beaucoup qui monteraient au créneau à cette seule perspective, mais Albus s’en fiche. Il est sûr de lui, comme il n’a jamais été plus sûr de quoi que ce soit au monde. Lier sa vie à lui de manière concrète ne le dérange pas, car il sait déjà que, quoi qu’il advienne, mêlées, intrinsèquement et éternellement, leurs vies le sont. Albus ne pourra jamais l’oublier… Et il est convaincu du fait qu’il ne pourra jamais, non plus, cesser de l’aimer. Qu’en retour, Gellert soit capable de consentir à la même chose est au fond tout ce qu’il lui fallait… Il avait eu besoin de cette confirmation des plus absolues. Afin de sceller leurs destins pour de bon. Et pour qu’ils soient liés pour toujours.

« Je n’ai aucun doute, aucune crainte. Je veux prendre ce risque moi aussi. »

Et Gellert ne se fait pas attendre, il ne leur laisse pas le temps d’y réfléchir ou de changer d’avis – mais en même temps, ce serait complètement inutile. Il se lève et se poste immédiatement en face de lui, un air très sérieux sur le visage, sa baguette à la main. Albus extirpe également la sienne de sa poche et se poste en face de lui.

« Je n’ai pas la moindre idée de la manière dont nous devons procéder », confesse Albus avec un léger sourire.

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Gellert

Que deux êtres si intelligents, si réfléchis et si ambitieux puissent décider de manière si spontanée de lier magiquement leurs destins l’un à l’autre sans aucun retour en arrière possible passerait aisément pour de l’imprudence folle, mais tout intelligents puissent-ils être, tous les deux sont également très jeunes. Il n’y a rien de raisonné ou de raisonnable dans les sentiments qui les animent et les attirent l’un vers l’autre. Ils étreignent pleinement la puissance de leurs émotions de même qu’ils admettent la force de leurs projets et estiment la puissance magique de l’autre. Albus ne veut pas remettre en question leur décision. Il est sûr de lui et de ce qu’il veut, et rien au monde ne serait susceptible de le faire changer d’avis. Plus tard, il ne regrettera pas davantage d’avoir fait ce pacte de sang, même quand leurs chemins se révèleront pour de bon scindés et inconciliables. Ce témoignage puissant et inconséquent d’un amour inaltérable restera la preuve la plus forte et la plus tangible de tout ce qu’ils auront partagé ensemble.

Albus ignore la manière, même s’il sait les effets, heureusement, il peut compter sur Gellert et ses connaissances approfondies en matière de magie noire pour combler ces vides qui à ses yeux demeurent. C’est en toute confiance qu’il accepte de suivre les directives de celui qu’il admire et aime tant, sans poser ni se poser davantage de question. Le regard plongé dans celui de Gellert, bercé par son sourire confiant, il hoche donc la tête tout en acceptant de suivre à la lettre ses directives. Il fait précisément ainsi que Gellert l’exige. Il tend sa main vers lui, et et tous deux coupent une profonde entaille dans leurs paumes respectives avant d’entremêler leurs doigts. Sous l’effet de l’incantation de Gellert, quelque chose se passe qu’il serait difficile d’exprimer en mots, une sensation singulière, particulière, bien réel, qui court le long de ses veines. Il peut sentir comme une décharge électrique saisir son être tout entier.

Gellert se saisit d’une fiole qui contiendra désormais cette unique goutte de leurs sangs mêlés, et qui sera pour toujours – ou le temps que le pacte durera – le témoignage de leur engagement l’un vis-à-vis de l’autre.

« Nous l’étions déjà », répond Albus avec un fin sourire, mais tout à fait sincère dans son propos, tandis qu’il se permet de prendre le pendentif des mains de Gellert afin de l’observer de plus près, comme fasciné par ce point rougeâtre discernable en son cœur. Il le pense, oui. ce pacte en est la preuve, mais avec ou sans lui, ils sont liés à jamais, par la force de ce qui les unit, ce quelque chose contre lequel ils seraient bien incapable de lutter, qu’importe leurs efforts. Après un temps d’observation, il remet à nouveau la fiole entre les mains de Gellert. « Je te la confie. Tu as toute ma confiance. »

Il n’a pas besoin de garder ce pendentif pour se sécuriser. Avoir conscience de sa seule existence lui suffit largement. Après un léger temps, il se laisse rappeler par les picotements au creux de sa paume et se charge d’un coup de baguette de panser sa plaie.

« C’était un jeu d’enfant en effet. »

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Gellert

Albus trouve singulier, mais pas si improbable de la part de Gellert qu’il ne croit pas au destin. Gellert possède le don précieux de lire l’avenir. Par conséquent, il a conscience de ce qui se joue d’avance, et de ce à quoi certains se prédestinent. Mais ces visions peuvent être contrariées si on le décide, et alors, le destin perd de sa superbe pour ne plus être qu’une information, contestable… Tout est affaire d’opinion et de point de vue. Albus, lui, croit au destin. Peut-être avec la naïveté de son âge, va savoir… Il y croit quoi qu’il en soit, et dans une situation comme celle-ci, qui entremêle pour toujours leurs deux individualités pour n’en former plus qu’une, courant vers un seul et même avenir glorieux, le jeune homme ne peut être que convaincu et conquis par l’idée d’une destinée plus grande qu’eux, mais à la hauteur de laquelle ils finiraient par se hisser, à force de volonté et de détermination – et autant dire que la volonté et la détermination, ils en ont à revendre. Albus continuera de croire, oui, que le destin existe, parce qu’il aime à penser que leur rencontre devait être inscrite quelque part, sur le parchemin d’une histoire plus grande encore.

« Je dirais que nous sommes maîtres du chemin que nous décidons d’emprunter, mais que la destination, en revanche, ne nous appartient pas », suggère Albus avec un fin sourire, pas vraiment pour s’engager dans un réel débat philosophique avec son interlocuteur, mais pour le plaisir de lui confier son opinion. « Qu’importe en ce qui nous concerne, puisque la nôtre sera glorieuse. »

Et il y croit, il y croit sans savoir que si leurs chemins étaient peut-être destinés à se croiser, ils ne l’étaient pas à se poursuivre… pas ainsi… pas ensemble. Deux destins étroitement entremêlés, que leurs sentiments respectifs rappelleront constamment, invariablement, l’un à l’autre, sans pour autant qu’ils trouvent un jour un semblant de paix d’esprit ou de résolution. Pour l’heure, Albus dispose de la fougue et de la naïveté de son âge : il ne voit rien venir. Il croit en eux comme en personne, et chaque nouvelle conversation, chaque nouvelle initiative, chaque nouvelle décision les rapproche encore davantage de ce qu’ils ne pourront qu’être à la fin. Dans toute la splendeur de leurs talents et de leurs intellects réunis.

Albus suit les mouvements de Gellert du regard alors que ce dernier range soigneusement le pacte de sang dans sa poche tout en remarquant que la théorie n’est pas si difficile. Se connaître et ne jamais douter de ses capacités… sur ce point, Albus est convaincu de remplir absolument toutes les conditions, et sans la moindre hésitation.

« Dès septembre, nous pourrons partir. Le temps de régler… quelques dernières affaires. » Comprendre le cas Ariana. Aberforth pourrait retourner à Poudlard, mais que faire de sa sœur ? L’abandonner et ne pas se retourner, peut-être… La perspective est tentante… mais il veut tout réussir à la fois, et s’en aller enfin, le cœur libéré de toute contrainte.

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Gellert

L’idée de marquer de leur empreinte l’histoire de la magie n’est pas pour déplaire à Albus. Il ne se qualifierait pas comme quelqu’un de narcissique, pourtant, mais disons qu’il a conscience de sa valeur, et qu’il estime qu’au nom de son talent, de leur talent, de leurs ambitions et de leurs intellects, il est plus que naturel que leurs noms soient retenus. Dans le cas contraire, l’un et l’autre ne pourraient le considérer autrement que comme un pur échec personnel, et ce à juste titre. L’idée que leurs noms seront pour toujours associés, indissociables pour toujours dans l’imaginaire collectif, lui fait un bien fou, il ne peut s’empêcher d’y songer, à bien des égards.

Ce n’est pas seulement l’idée de changer pour de bon le cours du monde qui le plonge dans un tel état d’exaltation, c’est l’idée de le faire avec lui. Il ne veut pas songer à la possibilité que, peut-être, un jour, leurs noms soient opposés, et pour cette raison, ne serait-ce que cela, la nécessité de faire un pacte de sang paraît plus légitime que jamais. Il les sent forts, il les sent convaincus, il les sait légitimes. Bien sûr, c’est la jeunesse qui s’exprime, et l’amour profond et irrationnel qu’il éprouve pour Gellert, mais en cet instant, c’est un fait, Albus se sent comme sur le toit du monde. Il a le sentiment qu’ils ne peuvent être qu’invincibles. Qu’est-ce qui, après tout, pourrait se mettre en travers de leur chemin ? Albus ignore, avec effronterie, le fait qu’il n’est en réalité nul autre que son pire ennemi… et que cela n’ira qu’en se confirmant dans l’avenir.

La gloire est accessoire, elle ira de pair avec leurs ambitions démesurées… qui ne le sont peut-être pas tant, en réalité… Elles ne sont finalement qu’à la juste mesure de leurs ambitions… Pour d’autres, oui, ce serait démesuré, effectivement. Mais pour eux… Ce ne sont jamais que des projets à la hauteur de ce qu’ils sont capables d’accomplir, et ils sont capables du meilleur… et encore au-delà.

Albus est rassuré quand Gellert semble approuver sa décision de partir pour le moins de septembre. Il ne veut pas lui donner l’impression de mettre leurs projets en suspens plus longtemps que nécessaire, mais il ne peut pas se permettre de partir tout de suite, et il est soulagé que Gellert soit capable de le respecter, et même d’admettre que cela leur offrira le temps nécessaire afin de mettre au point leurs projets. De discuter… mais pas seulement…

« J’aime beaucoup ta manière de discuter », répond Albus avec un discret sourire en coin, qui disparaît bientôt contre les lèvres de Gellert après que ce dernier l’ait embrassé.

Oui, leurs grands projets nécessitent du temps et de l’organisation, mais là, tout de suite, bercé par cette étreinte, tout contre ce corps qu’il aime tant, il peut bien reléguer à plus tard ces conversations techniques. Ce qu’il veut est d’un ordre plus intime. Charnel. Viscéral. Il garde son corps au plus près du sien, approfondit leur baiser et s’agrippe au moindre pan de tissu que savent saisir ses doigts. Il le veut si fort. Il le veut plus que jamais.

When two briliant minds are meeting

Gellert

When two briliant minds are meeting

Gellert