Facing the past

feat. Ariana

Ariana dissimule élégamment sa déception, mais cette dernière ne peut échapper à Albus, qui devine que sa sœur, quand bien même elle ne plaçait pas trop d’espoir dans cet échange quant au fait qu’il aurait retrouvé leur frère, regrette que ce ne soit pas le cas. Ce n’est pas anormal. Pour des raisons plus qu’évidentes et logiques, Ariana ne saurait être que plus attaché à Aberforth qu’à Albus. Le second l’a négligée, l’a mise en danger et l’a parfois même méprisé quand le premier se serait saigné aux quatre veines pour elle. Si la comparaison n’est même pas possible, la compétition, si elle devait exister, serait remportée d’avance.

Albus souhaite à Ariana qu’elle retrouve leur frère… quant à lui… Il se satisferait de savoir que son cadet est en vie et en bonne santé… mais il n’espère pas voir leurs relations s’améliorer. La rancœur d’Aberforth est trop grande… et pour le moins compréhensible. Albus accepte ce mépris et cette amertume qui ont autant été sa punition que la mort d’Ariana, pour de trop nombreuses erreurs qu’il ne s’était évertué à rattraper que trop tard.

« Ta faute ? » répète Albus, revenant à lui, quand Ariana se reproche sa situation, affirmant qu’elle s’en veut quand, pourtant… elle n’a été que la victime de cette situation.

S’il faut pointer du doigt un coupable, ce dernier est d’office tout trouvé… et de manière légitime. Il est responsable de ce qui s’est passé. Oui, lui aussi aurait voulu que tout cela n’arrive jamais mais… si tel avait été le cas… Il n’y aurait plus rien eu à sauver ni pardonner en lui.

« Ariana… »

Albus se rapproche doucement d’elle et vient enrouler ses bras autour d’elle, alors qu’il la découvre au bord des larmes. Bien sûr, il sait ce qu’elle pense, sans avoir besoin de se servir de ses pouvoirs pour cela. Sa nature d’obscurial aurait selon elle provoqué tous les désastres qui auraient divisé leur famille… Mais Albus n’est pas de cet avis… Elle est probablement la plus innocente de tous les Dumbledore… Il ne peut définitivement pas en dire autant.

« Tu n’es responsable de rien, ni de ta nature, ni des événements qui nous ont accablés. Ne te reproche rien. » Il la serre davantage contre elle, comme s’il pouvait de la sorte absorber sa tristesse pour qu’Ariana n’en ressente plus la moindre. « Ne te reproche rien », répète-t-il.

Facing the past

feat. Ariana

La sentir sangloter ainsi entre ses bras serre son cœur encore davantage. Il ne supporte pas de la voir ainsi, mais il n’est guère surpris. D’Ariana, presque toute sa vie, il n’a contemplé que la fragilité et la détresse… il en avait d’ailleurs cultivé pour la peine un très injuste ressentiment. Parce que c’était cette même vulnérabilité qui l’empêchait d’accomplir ses très hauts objectifs. Il n’avait jamais nourri de rancune vis-à-vis d’elle concernant la mort de leur mère… C’étaient ses ambitions qu’elle tuait dans l’œuf par sa seule existence, et c’était là la source véritable de ses reproches et de son ressentiment… Tout cela lui semble si abstrait, à présent…

Si Ariana se sent suffisamment en confiance pour accepter cette étreinte et afficher ses angoisses et ses larmes, alors il y a peut-être de l’espoir, l’espoir d’arranger les choses dans ce monde, même s’ils partent tous les deux de très loin et que… oui… quelque chose d’inéluctable se tisse irrémédiablement en filigrane de leur parcours. Une tragédie qu’Albus voudrait pouvoir éluder, mais qu’Ariana lui impose de contempler pour ce qu’elle est en prononçant quelques mots seulement, une question aussi concise que cruelle, qui laisse Albus un temps muet, incapable de savoir que répondre à cette sœur qu’il ne saura peut-être pas dignement protéger.

Est-ce qu’elle va mourir ? Il serait tentant de répondre que ce serait le cas tôt ou tard en négligeant ce que cette question suggère de plus terrible et de plus horrifiant… Sans ce combat qui avait coûté la vie d’Ariana, combien de temps aurait-elle vécu encore ? Albus a souvent voulu se convaincre du fait qu’elle aurait pu avoir une vie longue, et peut-être même réussi à s’épanouir. Il se l’était figurée à tous les âges, présentes aux moments les plus importants de son existence, mais la vérité… La vérité, c’est que le mal qui la rongeait alors et finira peut-être par la ronger de nouveau est si puissant qu’il ne laisse pas ceux qui en souffrent indemnes, jamais… Et ceux qui parviennent à survivre le plus longtemps ne sont pas épargnés pour autant.

« Je te promets de tout faire pour l’empêcher », finit-il par articuler après un temps de silence bien trop long. Il le dit d’un ton solennel, comme ces promesses que l’on ne peut briser, comme on formulerait un serment inviolable (ou un pacte de sang).

Il ne peut rien de mieux pour elle, juste lui faire cette promesse et s’y tenir. Il ne sera pas celui par qui le mal adviendra, cette fois. Il la protégera. Il la protégera même si ce doit être la dernière chose qu’il fera.