Back to school

feat. Teddy

Comme surgi de nulle part, le château de Poudlard avait nécessairement, dès l’instant où, sur cette île incompréhensible, il s’était rendu accessible à tous les sorciers qui ressentaient le besoin de retrouver leur « foyer » ou de compléter leur éducation, un havre destiné aux sorciers en manque de repères, et ne l’étaient-ils pas tous ? Albus lui-même doit bien reconnaître qu’il ressent un certain réconfort quant au fait de se retrouver entre ces murs. Quelque chose de familier et d’en même temps différent imprègne ces lieux et leur confère un caractère proche de l’inexplicable.

Albus n’a pas mis fin à sa carrière au sein de l’université, en revanche, il prend sur tout le temps qu’il trouve à sa disposition pour venir en aide aux jeunes sorciers qui ont encore besoin d’être guidés dans leur appréhension de la magie, confirmant une vocation qui ne s’est guère perdu sur les chemins sinueux qui ont mené à ce nouveau monde. C’est par ailleurs une nécessité plus grande encore à ses yeux depuis qu’il a retrouvé Ariana. Tout comme il ne renonce surtout pas à la possibilité de lui venir en aide, il veut également apporter le même soutien à tous ceux dont les circonstances accentueraient le désarroi – et ils sont nombreux, en effet, à manquer plus que cruellement de repères.

Cédant à la curiosité, Albus s’était rendu dans le bureau directorial et avait été surpris d’y retrouver nombre d’éléments qui autrefois avaient trôné dans sa salle de classe. Il a beau lui avoir été répété que son destin aurait été de devenir directeur de cette école, ces éléments concrets qui laissent suggérer la place qu’il a tenue en ces lieux parlent davantage que ne sauraient le faire que toutes ces paroles dont l’admiration sous-tendue attisent nécessairement sa méfiance. Le respect et l’admiration que beaucoup lui portent sont un respect et une admiration usurpé par un autre, qu’il n’aura jamais l’occasion d’être à présent… mais dont il peut s’efforcer de se rapprocher autant que possible. Face à la menace grandissante représentée par Lord Voldemort – et, oui, il le sait pertinemment, Gellert également –, être à la hauteur des espoirs qui se sont intuitivement placés en lui n’est pas un luxe, c’est une véritable nécessité.

Passée son exploration nécessaire et ses salutations à l’adresse de chacun des tableaux en présence (pour ceux dont les locataires n’avaient pas décidé de partir faire un tour), il décide de quitter la pièce, mais à peine a-t-il fait un pas à l’extérieur qu’il trouve quelqu’un de l’autre côté, un jeune homme qu’il ne connaît pas, sans doute trop âgé pour être un étudiant en quête d’apprentissage (encore qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre – lui-même est loin d’en avoir fini, d’ailleurs).

« Je peux faire quelque chose pour vous ? »

Back to school

feat. Teddy

« La directrice McGonagall ? » demande Albus avec curiosité, pas tant parce que l’information est neuve pour lui que parce que cela lui permet donc de situer plus précisément l’époque de laquelle peut bien provenir son jeune interlocuteur (et dans un monde tel que celui-ci, c’est une information qui a clairement son importance et qui n’est clairement pas à négliger.

Minerva McGonagall est la sorcière qui lui a succédé (qui lui succèdera ?) au poste de directeur de Poudlard, un poste qu’il n’avait pas eu conscience de devoir occuper un jour ou l’autre. A l’heure actuelle, d’ailleurs, s’il devait revenir à l’époque de laquelle on l’a extirpé, il refuserait sans doute catégoriquement un tel poste. Mais les choses changent, de même que les gens et les situations. Quoi qu’il en soit, donc, ce jeune homme n’avait pas connu Poudlard à l’époque où il en avait été le directeur, et ce n’est sans doute pas plus mal, car il ne faisait pas nécessaire bon d’être élève au sein de l’école magique durant ces périodes troubles qui avaient vu un dangereux mage noir vouloir s’en prendre à toutes les strates de la société sorcière pour n’en faire qu’à sa guise.

Ce jeune homme était peut-être familier des jeunes Scorpius et Albus ? Ou peut-être que non. Pour l’heure, il est impossible de reconnaître en lui le fils dont Remus lui a parlé, au cours de cette longue et édifiante conversation qui avait permis à Albus de mieux appréhender ce futur qu’il ne connaîtra jamais, ainsi que l’image et l’aura qu’une histoire qui ne lui appartenaient pas tout à fait avait fait rejaillir sur lui, immanquablement. Pour le moment, il se laisse seulement gagner par une certaine curiosité, à plus forte raison que même si son interlocuteur n’a pas l’air de le reconnaître (chose qui arrive relativement rarement, quand bien même il s’avère être bien plus jeune que dans le souvenir de beaucoup), même si quelque chose lui dit qu’il a tout de même une intuition, même infime, de savoir en effet qui il est. Il lui pose directement la question, à laquelle Albus consent à répondre de bon cœur.

« Il est vrai qu’il aurait été plus poli de me présenter. Albus Dumbledore. Mon nom vous est peut-être familier ? » Ses yeux naturellement perçants le sondent un moment, comme si cela pouvait suffire à ce qu’il se fasse une idée de l’identité de son interlocuteur. En vérité, ça pourrait presque suffire. « Et à qui ai-je l’honneur ? »