Albus considère les noms et prénoms inscrits au-dessus de la sonnette sur laquelle il vient d’appuyer. Étrange de se dire qu’un nom qui ne vous est en rien familier est supposé avoir sur votre vie un impact des plus considérables. C’est avec un intérêt certain qu’Albus avait écouté le jeune Remus Lupin lui parler de cette vie que lui-même n’aura jamais l’occasion de connaître, mais qui aurait dû constituer son avenir. Ou une possibilité d’avenir, tout du moins, aujourd’hui bien sûr tout à fait inaccessible.
Bien sûr, ce dernier n’avait pas été en mesure de tout lui apprendre, il ne connaissait jamais qu’un pan de l’histoire, et il se pouvait tout à fait que certains des vides qui demeuraient après son récit, vides qu’il espérait combler en s’adressant au jeune Severus Rogue, demeurent pour toujours insondables, ne serait-ce que parce que personne ne connaît jamais pleinement la vie de ceux qui les entourent, et même celle de ceux dont on se pense les plus proches. A chacun son jardin secret… et en matière de jardin secret, Albus a pour ainsi dire entrepris de cultiver une forêt entière.
Oui, dès l’instant où il a entendu parler de cet individu aux desseins pour le moins ambigu qu’était Severus Rogue, cet homme en qui, semble-t-il, il avait eu aveuglément confiance, cet homme qui, semble-t-il, l’avait trahi, Albus avait été intrigué, et surtout très curieux de le rencontrer. Bien sûr, rien n’avait garanti à l’ancien professeur de Poudlard que cet homme se trouverait ici, mais puisque d’autres protagonistes essentiels de son existence, à l’instar de Gellert, étaient bel et bien présents, il a tenté sa chance. Et au terme de nombreuses recherches, il a fini par trouver son nom, associé à un foyer destiné aux mineurs sans domicile fixe, une entreprise ô combien louable, qui contraste en partie avec ce qu’il a appris de lui, si ce n’est sur un point – les apparences peuvent parfois laisser penser le contraire, mais Albus accorde sa confiance bien rarement, et jamais aveuglément : et, ne vous en déplaise, s’il n’est pas infaillible, il est plus fréquent pour lui d’avoir raison que tort.
Après avoir déniché son adresse, il a donc décidé de lui payer une petite visite. Il ne s’est pas, évidemment, signalé. L’effet de surprise n’est pas toujours le plus acceptable ni le plus accepté, mais en l’occurrence, il semblait préférable à Albus de ne pas donner à Severus des signes avant-coureur de sa présence, qui pourraient éventuellement le précipiter dans des travers ou des dissimulations qui leur compliquerait la tâche à tous les deux. Albus sonne donc, et après un moment, quelqu’un vient ouvrir, un jeune homme qui ne doit pas avoir beaucoup plus de vingt-cinq ans… Bref, il n’a pas l’âge qu’il devait avoir au moment de le tuer… ce qui signifie qu’il n’aura peut-être pas le souvenir de ce sinistre événement. Ce serait presque décevant, mais pas inattendu dans ces circonstances. Qu’importe, il en faudrait plus à Albus pour décider de renoncer à ses investigations.
« Severus, je présume ? » demande-t-il d’un ton des plus amène et jovial. « Oh ne vous reprochez pas de ne pas me reconnaître, je ne me serais sans doute pas reconnu moi-même à votre place. » Il lui tend la main. « Albus Dumbledore. J’ai beaucoup entendu parler de vous. Et bien sûr, je devine que vous en savez tout autant sur moi. Vous me permettez d’entrer ? »
"Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez lui d'abord votre bonne humeur." Spinoza
En ouvrant ce foyer d'accueil, j'aurais du me douter, qu'il m'aurait fallut un travail supplémentaire. Sorcier ou pas sorcier (quoi que ici je n'avais plus ma magie), l'argent ne venait pas par magie. A Poudlard, le financement resté aussi différent, disons qu'il y avait des sorciers, qui avait amplement les moyens de payer. Poudlard était aussi une grande école de sorcellerie, elle était réputée, puis bon, il n'y avait pas non plus des tonnes d'écoles de sorcier dans le monde, alors il était préférable de payer, si on voulait que son enfant aille une bonne éducation. Me concernant, heureusement qu'il existé des bourses d'étude, après en ce qui concerné les fournitures, disons que j'avais toujours de l'occasion, concernant les vêtements, bien ce n'était pas ... Bref ... On pouvait toujours trouver un moyen d'aller à Poudlard, l'école restée riche, ici, le foyer d'accueil qui j'avais mis en marche, était loin d'être riche, j'allais devoir trouver un emploi pour aider au financement, sinon mes idées de secondes chances, je pourrais me les mettre ... Voila que je devenais impoli, à croire que revivre me réussissais pas.
Alors en tout bon citoyen, j'avais pris la journal, et maintenant je "m'amusais" à regarder les petites annonces, tout en priant Merlin, Salazar ou je ne sais qui d'autre, pour retrouver ma magie au plus vite. Les potions, je pouvais dire que ça me manqué, les défenses contre les forces du mal, c'était la même chose, seulement ici, ce n'était pas au programme pour les cornichons moldus de primaire ... Au pire j'avais entendu cette histoire de pudding à l'arsenic, ça resté tout de même un art la cuisine et ... En faite, il faut croire que mon côté mage noir est toujours moi, même plus fort que moi, je ne savais même pas si je devais m'en inquiéter, au point ou j'en étais. Enfin c'est une tasse de café à côté de moi, que je suis en train de lire les petites annonces, tout en me massant le crâne.
Puis j'entendis une sonnerie, ma tasse de café toujours à la main (non même un anglais ne peut lâcher son café de bon matin), j'allais ouvrir la porte, pour me retrouver face un homme qui connaissait mon nom et qui .... Qui me disait quelque chose, ça devait sans doute venir du regard, un regard pétillant, malicieux, oui je connaissais ce regard. Puis aux prochaines paroles de l'homme, je faillis faire tomber ma tasse de café, mais j'eu juste le temps de me reprendre. Déglutissant difficilement, j'hochais la tête, faisant signe à l'homme d'entrer. Oh ... Par ... Merlin ... "Vous dites ... Albus Dumbledore, hum ... Comment me ... Enfin êtes vous le Albus que j'ai connu ?" dis-je plein d'espoir.
Le choc est évident, et on ne s’attendrait pas à moins au regard des circonstances. Il n’est sans doute pas beaucoup plus simple pour ce qui l’on connu à l’automne de sa vie de le découvrir à ce qu’on appellera… son été, peut-être ? Tout comme il n’a pas été aussi évident qu’il le prétend pour Albus que de s’entendre faire le récit d’une vie qu’on l’a vu mener et qu’il ne mènera pourtant jamais, ou pas de cette manière, en tout cas, c’est certain. Au-delà de la surprise, néanmoins, Albus reconnaît une autre forme d’émotion dans la voix de son interlocuteur, et qu’il estime encourageante. Ne serait-ce pas une pointe d’espoir qu’il distingue dans ce timbre ? Il n’a pas le profil de l’assassin déçu qui regretterait amèrement de voir sa victime lui revenir et lui demander des comptes, mais celui d’une personne qui souhaite réellement, en cet instant, retrouver celui qu’il autrefois connu.
« Disons plutôt que je suis le Albus que tu aurais pu connaître », répond tranquillement Albus tout en s’invitant à l’intérieur sans attendre davantage que son interlocuteur le fasse pour lui. « Ce café a l’air excellent », observe-t-il en considérant la tasse que le jeune homme tient entre ses mains. « Je prends le mien avec trois sucres », ajoute-t-il comme si de rien n’était tout en laissant à présent son regard courir sur chaque détail de l’endroit, comme si cela pourrait lui permettre de se faire une meilleure idée de ce à quoi ressemble le caractère du propriétaire des lieux.
L’endroit où vous vivez a souvent le don de vous trahir bien plus que vos pensées ne le feront jamais. Même si, dans le cas d’Albus, les pensées d’autrui étaient à présent sauves puisque le professeur n’a pas retrouvé ses talents de legilimens. Pas plus au demeurant qu’il n’a retrouvé ses pouvoirs, d’ailleurs, même s’il sait à présent que c’est bel et bien chose possible, et que c’est sans doute davantage une affaire de chance et de patience que d’efforts absurdes fournis dans l’espoir de les retrouver. Après un temps d’observation, Albus trouve place sur un fauteuil, dans lequel il s’installe confortablement avant de reporter son attention complète sur son interlocuteur.
« Je reconnais avoir été très curieux de te rencontrer, Severus – tu ne m’en voudras pas de te tutoyer, n’est-ce pas ? » Il ne prend pas la peine d’attendre sa réponse, qu’il ne prendrait sans doute pas en considération en tout cas. « Ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre l’homme supposé mettre fin à nos jours », ajoute-t-il très tranquillement, comme s’il évoquait là la situation la plus naturelle du monde, le genre dont il n’est pas nécessaire de faire tout un plat.
Bien sûr, ce serait aller beaucoup trop vite en besogne que de s’imaginer pour autant qu’Albus ne prenait pas la chose très au sérieux. Dans le cas contraire, il n’aurait pas cheminé jusqu’ici ni ne serait allé frapper à la porte de son interlocuteur. Beaucoup de questions habitent ses pensées, et il espère à présent que Severus y apportera des réponses satisfaisantes.
"Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez lui d'abord votre bonne humeur." Spinoza
Ce Albus que j'aurais pu connaître, sur le moment j'eu les larmes aux yeux, avant de me donner une gifle mental. Albus Dumbledore avait été mon mentor, il avait aussi été un ami, se portant toujours garant du fait que j'avais changé de camp. Au sein de l'ordre du phénix, il y avait toujours eu des doutes, de plus, les maraudeurs en faisaient parti, une raison de plus, pour ne pas m'accepter, heureusement Albus m'avait toujours défendu, il me faisait entièrement confiance et ça m'avait donné un fort respect pour lui, alors entendre que ce n'était pas le "Albus" que j'avais connu, enfin celui qui était de la même époque que moi, brisa cet espoir de retrouver mon ami. Enfin, il était tout de même temps que je me reprenne, ce Albus devant moi avait très vite repris la parole, alors qu'il parlé de café ... Si au début je n'arrivais plus à bouger, je regardais l'homme se déplacer chez moi, tout en m'expliquant comment il aimé son café ... Euh ... Oui ... Revenant à moi, j'allais en direction de la cuisine, pour servir l'homme en question, ajoutant trois sucres, avant de détourner le regard, pour voir celui-ci s'installer. Oh oui ... Pas de doute c'était bien Albus Dumbledore, cet homme était partout chez lui. Je n'eu qu'à revenir auprès de lui, tout en déposant la tasse de café sur la table devant lui, avant d'avoir l'idée de me rajouter quelque chose de plus fort dans mon café, seulement, comme je commencé à avoir une migraine, il était sans doute préférable que j'en reste au café, m'installant face à ... Albus. La façon dont il me regardé, j'avais toujours horreur de ça, des milliers de chose pouvaient lui traverser l'esprit, seulement je ne pouvais jamais savoir à l'avance ce qu'il avait en tête. Oh certes lorsqu'il avait été mortellement blessé, j'avais rapidement compris son plan, mais la, c'était un Albus Dumbledore plus jeune, était-il plus fou que lorsque je l'avais connu ? Ou au contraire, était-il plus sage ? Je n'insultais pas Albus de fou, au contraire, ça pouvait être une grande qualité, mais parfois, il avait des idées qui m'avait souvent fait arquer des sourcils, avant de me donner des envies de me cogner la tête contre un mur, mais, oui le mais était la, le plus souvent, c'était des bonnes idées et il finissait par avoir raison. Aux paroles du Albus plus jeune en face de moi, j'haussais les épaules, tutoyer, qu'importe au stade ou j'en étais, je ne faisais plus attention au "vous" et "tu", puis connaissant aussi l'homme, qu'importe ma réponse, si il avait choisi de me tutoyer, il le ferait. Les dernières paroles de celui-ci, eurent l'effet d'une bombe, je ne pouvais que baisser le regard ... Cette nuit ... Je savais que ça finirait par arriver, mais même en attendant le plus longtemps possible, cette nuit, je n'avais pas été prêt, personne ne pouvait être prêt à tuer un proche, impossible de se préparer à ce genre de situation, c'était quelque chose de douloureux et j'avais tout de même du garder la tête haute, pour jouer mon rôle d'espion à la perfection. Déglutissant difficilement, j'hochais la tête avant de relever celle-ci "Je vois que quelqu'un ici c'est montré bavard me concernant ..." , qu'est ce que cette personne avait bien pu dire d'autre à Albus ? "Pourrais je au moins savoir de qui il s'agit, que je remercie cette personne avec toute ma sympathie ?" dis-je sarcastiquement.
Sitôt que Severus dépose une tasse de café entre ses mains, Albus le sirote tranquillement, non sans cesser ne serait-ce qu’un instant de sonder du regard ce sorcier intrigant dont il est plus que jamais curieux de connaître l’histoire, celle-là même qui l’a mené à des extrêmes que lui-même n’aurait peut-être pas soupçonnés avant d’avoir à les commettre. A l’évidence, Albus n’a pas été trompé au sujet de son interlocuteur. Sans disposer de ses talents de legilimens, ni d’aucune de ses facultés magiques, il est capable de comprendre, immédiatement, qu’à l’inverse de lui, l’âme que renferme ce jeune corps est plus âgée que ce que laisse à première vue paraître son apparence. Il l’a connu jusqu’à son dernier souffle. Et quand il évoque la nuit de sa mort, il sait très exactement de quoi il parle.
Son malaise est palpable… Mais elle ne fait qu’accentuer un trait que le professeur devinait déjà. Il y a plus à dire de ce jeune homme et de ses ambitions que ce que les seules apparences pourraient bien laisser paraître. Et c’est pour ce motif qu’Albus se trouve ici, à la fois pour satisfaire sa curiosité, mais aussi pour comprendre. Qu’est-ce que ce jeune homme – sans doute pas si jeune, mais tout de même plus que lui (en termes techniques) – a eu de si particulier qu’Albus aille jusqu’à lui confier sa vie, que ce soit en parfaite connaissance de cause ou non.
« Oh, je ne crois pas que cette information en particulier soit si importante », répond calmement, en autorisant même un sourire en coin à se déposer sur son visage, alors que Severus réclame l’identité de la personne qui a révélé ce point spécifique de son existence.
Il est tout à fait à même de comprendre la frustration de ce jeune homme, qui estime peut-être que la personne l’ayant « dénoncé » n’avait que de mauvaises intentions à son égard, mais en ce qui le concerne, Albus ne le voit pas de cet œil ni ne l’entend de cette oreille. Il a suffisamment parlé avec le jeune Remus Lupin pour savoir que ce dernier s’est contenté de l’aider, et il s’est d’ailleurs montré très objectif dans son discours, très factuel avant toute autre chose. Il n’a cherché à précipiter personne sous le magicobus, même si Albus pouvait tout de même deviner un ancien fond d’animosité chez lui. « J’ai été très informé du comment », dit-il avant de boire une nouvelle gorgée de café, puis de déposer la tasse devant lui avec une certaine précaution. « En revanche, j’ignore toujours pourquoi. Et c’est pour cette raison que je suis ici. » Il observe son interlocuteur. Aucune vie n’est jamais prise sans raison. Cette raison peut être infame, cruelle, injuste, accidentelle, elle n’en demeure pas moins une raison, au-delà d’une motivation. C’est cette réalité qu’il est venu déterrer ici, et il espère bien obtenir gain de cause. « Pourquoi m’avoir tué, Severus ? »
Voilà, c’est aussi simple que cela, et la question est posée avec le plus grand calme, comme si Albus l’interrogeait seulement sur le temps qu’il fait.
"Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez lui d'abord votre bonne humeur." Spinoza
Fronçant des sourcils, j'eu un soupire de lassitude, les bavards, qui pourrait-être aussi bavard à mon compte ? Une chose était sur, ça avait le don de m'agacer au plus haut point, qu'on parle dans mon dos, certes j'en avais pris l'habitude, mais ici, je voulais juste une nouvelle vie, pas qu'on recommence à lancer des rumeurs sur mon compte. Le passé devait toujours me rattraper, peu importe ou je me trouvais ... C'était écrasant de vivre ainsi. Heureusement, j'avais confiance en Albus, et je pouvais toujours lui prouver, qu'il était préférable de ne pas écouter les autres, celui-ci n'avait plus ses souvenirs, certains allaient en profiter. Tout en voyant Albus m'offrir un sourire en coin, je levais les yeux au ciel, je n'étais pas étonné par sa réaction, ne jamais sous estimer Albus Dumbledore. Faisant en sorte de garder mon calme, tout en sirotant mon café, je regardais le sorcier en face de moi, me dire qu'il savait que c'était moi qui avait mis fin à ses jours ... Me le rappeler était horrible, j'avais tué mon meilleur ami et mon mentor ... J'en avais la nausée rien que d'y penser, d'ailleurs, ça me rendait malade, car je voulais oublier ! j'arquais un sourcil aux paroles de Albus, du comment ... Le sort de la mort, mais Albus était mourant ... Qu'importe, j'avais tout de même lancé un sortilège impardonnable. Prononcer ses mots ... Ainsi, il ignoré le pourquoi, en même temps, c'était "notre" secret, ne pas laisser le jeune Malefoy prononcer ce sortilège, que ce soit moi qui me salisse les mains, je ne pourrais que gagner davantage la confiance du seigneur des ténèbres, ça avait été le cas ... Et il m'avait tout de même tué, celui-ci ne voulant que le pouvoir absolu, celui-ci voulant être maître de la baguette de sureau. Puis la question vint ... "Parce que c'est vous qui me l'avez demandé" dis-je tout en reposant ma tasse de café. Je ne voulais pas m'en rappeler, je ne le voulais pas ... Pourtant ... "Nous avons découvert l'existence des horcruxes, en voulant en détruire un, vous vous mortellement blessé, j'ai réussi à maintenir en vie mais ... Vous alliez mourir et vous connaissiez les plans de Voldemort, un jeune homme, né dans la mauvaise famille devait vous tuez, et pour que je gagne l'entière confiance de Voldemort, je devais vous tuez à la place de ce jeune garçon" . Je me relevais tout en serrant les points "C'est aussi simple que ça, j'ai du vous tuez car vous me l'avez demandé et je l'ai fais ! et ..." je secoué la tête "J'ai perdu mon meilleur ami, j'ai tout, tout perdu". Je regardais l'homme d'un regard noir, car rien que me rappeler cette nuit, ça me faisait souffrir.
Albus écoute son interlocuteur se justifier de son crime sans l'interrompre un seul instant. Peut-il croire dans chaque mot qu'il prononcera ? Peut-être pas, mais il peut du moins y accorder un certain crédit. Il est loin de tout savoir ni de tout comprendre encore de sa vie passée, c'est-à-dire future, et il se laisse le temps d'explorer toutes les interprétations, sans envisager d'en négliger une seule. C'est une chose qu'il estime devoir aux circonstances, à cette situation qui le dépasse plus qu'il ne le voudrait. C'est dans l'accumulation de ces témoignages qu'il trouvera sa réponse, celle qu'il attend, celle qui lui sera nécessaire pour démêler ce qui ne sait, pour le moment, l'être complètement.
Fort heureusement pour Albus, le jeune Remus Lupin lui avait déjà fait un récit détaillé des événements qu'il n'avait pas encore vécus. Dans le cas contraire, et en dépit des analyses tout à fait pertinentes que son esprit vif et alerte était capable de faire à partir d'un rien (n'oublions jamais d'être humbles), il aurait sans doute été bien incapable de donner du sens à ce qui aurait été dit. Les horcruxes, Voldemort... tout ceci appartient à une vie qu'il n'a pas connue lui-même mais que d'autres ont subie dans des proportions telles qu'il se sent naturellement le devoir de retrouver ce rôle que beaucoup lui imputaient vis-à-vis d'un mage noir qu'il n'avait jamais affronté (comme si la présence de Grindelwald en ces lieux n'était pas une raison suffisante de s'alarmer, ils auront peut-être affaire à deux mages noirs au lieu d'un seul. On faisait perspective plus réjouissante).
Ce qu'il résume est en effet "aussi simple que cela", et en même temps très compliqué. Si Severus lui dit la vérité - et de nombreuses choses dans son comportement l'encouragent à le penser bel et bien. Il n'y a rien de plus complexe que d'accepter une demande aussi délicate que celle qu'il a articulée en son nom. Certes, les situations urgentes imposent bien souvent des décisions extrêmes, il a pu l'observer, le constater, à plus d'une occasion au cours de sa pas encore si longue existence. Il sent dans le discours de Severus la détresse et la douleur d'un homme qui a dû consentir à un sacrifice immense... Pour le bien commun, peut-être. "Je regrette de l'apprendre", répond doucement Albus, qui découvre dans son jeune interlocuteur un attachement qu'il ne peut pas lui rendre, lui qui n'a jamais eu l'occasion de le rencontrer avant ce jour. "Les situations les plus extrêmes exigent malheureusement des sacrifices, rares sont ceux qui peuvent espérer en sortir indemnes." Lui-même a subi son lot de sacrifices. Et bien sûr, il pense avant tout à Ariana. "J'aimerais que vous me racontiez votre histoire, Severus", ajoute-t-il alors, très simplement, curieux de tout ce qu'il pourra apprendre à son sujet.