tw: langage cru, mentions de meurtres sur enfants et troubles dépressifs.

Tu avais une vie tranquille, une famille aimante et le boulot de tes rêves, qui aurait mis des étoiles dans les yeux du gamin que tu étais. Tout n’était pas parfait, car rien ne l’est dans ce monde, mais t’étais heureux – ça oui, tu l’étais. Ton ambition et tes efforts t’ont mené vers le haut et t’as réussi à te faire un nom dans la police, on a même fini par te confier une équipe quand t’es devenu inspecteur chef. Enquêteur de renom, on te respectait dans le milieu – tu étais parmi les meilleurs de la région et tout te souriait. Au travail comme à la maison, car sans le soutien des deux femmes de ta vie, tu ne serais pas allé bien loin. D’abord Daisy, ta petite fille chérie et prunelle de tes yeux, pour qui tu braverais tous les dangers possibles afin de la protéger. Et Tess, la femme qui a changé ta vie pour le meilleur comme pour le pire. Tu l’as rencontré sur le terrain, collègue de boulot et le courant est très vite passé entre vous – t’es tombé sous le charme, ce qui est rare venant de toi. Elle avait de la répartie, un fort caractère et tu étais moins cynique à l’époque, plus réservé que froid. Vous étiez jeunes, même pas trente ans que tu lui mettais déjà la bague au doigt, scellant ainsi votre amour. Tu filais droit et tu n’étais peut-être pas parfait, mais t’essayais. Enfin, du moins tu le pensais. Tu avais tout et un beau matin, tu t’es réveillé sans rien.

C’est drôle comme une seule mauvaise décision peut tout faire basculer et détruire plusieurs vies, la tienne y compris. Aussi fragile qu’un château de cartes, ton monde se serait effondré un jour ou l’autre, mais on voulait que tu assistes à sa chute. Tu n’as rien vu venir et c’est peut-être ça, le pire. C’était au cours d’une triste affaire de disparition et de meurtre sur deux jeunes filles, des cousines, dont l’une qui avait l’âge de Daisy ; la plus jeune, Pippa, n’avait que douze ans. Tu ne l’oublieras jamais, car c’est toi qui l’as retrouvé dans cette rivière et ramenée sur la rive… pâle et froide, sans vie. Elle hante encore tes cauchemars, parfois même avec le visage de ta fille. Et ça te ramène toujours vers cette sombre époque qui t’a pourri la vie, sur tous les aspects. Car alors que vous aviez enfin trouvé la preuve irréfutable pour arrêter le principal suspect, un pendentif, vous la perdiez aussitôt. C’est Tess ta femme, qui étais chargée de ramener cette preuve à bon port pour analyse, mais hélas, elle a préféré s’arrêter en chemin pour fêter cette trouvaille en compagnie de son amant. Sa voiture fut braquée alors qu’elle prenait son pied à l’hôtel et la preuve fut volée – complot ou malchance ? Si vous aviez eu toutes les cartes en mains ce jour-là, cette erreur aurait pu être évitée ; un complice du crime avait suivi Tess et attendu le bon moment pour frapper, et pour une putain d’histoire de cul, l’affaire allait être classée sans suite. Celui que tu désignais coupable avec une certitude proche des cent pour cent, fut relâché et les familles des victimes ont vu leur justice leur être volée. Faute à qui ? La tienne.

Tu as tout assumé et pris le blâme à la place de ta femme, sans jamais mentionner son nom ou sa présence sur les lieux. Alors même que tu découvrais son adultère après qu’elle ait eu l’audace de t’appeler, toi, t’as choisi de la protéger. Tu lui en voulais, mais pour tes supérieurs et surtout la presse : c’est toi, l’imbécile qui as perdu la preuve et ruiné l’affaire. Ta réputation en a pâti et l’opinion publique t’a détestée, mais t’as pris sur toi. On t’a désigné comme “le pire flic de Sandbrook”, patelin dans lequel tu faisais ton bout d’chemin et que t’allais bientôt quitter, pour éviter plus de scandales. La raison à tout ça ? Tess était sous tes ordres et c’était ton devoir d’assumer la responsabilité de ses actes. La vérité ? C’est que tu ne voulais pas que votre fille apprenne l’adultère de sa mère, et tu savais que cette dernière verrait sa carrière foutue pour une telle faute. Toi, tu pouvais rebondir et tu l’as fait, mais à quel prix ? Ca t’a coûté ton mariage, ton foyer, une réputation de merde et même une arythmie cardiaque dans le lot. Tout ce stress, même si tu prétendais en supporter chaque pic, te bouffait la santé et tu le laissais faire. C’était ta pénitence. Tu te sentais coupable envers les victimes et leurs familles, mais aussi envers la tienne. T’as eu l’impression d’avoir échoué dans ton rôle de mari et surtout de père. Tu n’étais déjà pas très présent à la maison pour ta fille, mais après ça, t’allais agrandir le fossé entre vous malgré toute l’affection que tu lui portes. T’as jamais été doué pour montrer tes émotions et ça n’allait pas s’arranger avec ces histoires et ton mental bousillé.


Broadchurch. C’est le nouveau patelin tranquille que t’as choisi pour t’éloigner de ton passé et tu pensais arriver dans un endroit sans histoire, mais il a fallu que ton premier cas soit la mort d’un enfant… Daniel Latimer dit Danny, onze ans. C’est l’univers qui se foutait de toi ? Parce que t’étais à deux doigts du malaise tant ça réveillait le traumatisme de ton affaire à Sandbrook. La réaction de la police locale et de ta future partenaire d’enquête, ont confirmé que c’était la première fois qu’un crime pareil était commis dans cette ville. Et on a jugé bon de te nommer capitaine de ce département novice… toi, le pire flic du coin. Forcément, on ne t’a pas très bien accueilli, mais il était hors de question que tu laisses filer le coupable une fois encore. Tu n’allais pas laisser un seul élément t’échapper, non, pas deux fois ! Mais ça t’a rendu exigeant et froid, nerveux parfois et agressif envers tes subordonnés. Tu n’as pas laissé tes sentiments entraver cette nouvelle affaire de meurtre, quand bien même au fond de toi, tu partageais la peine et la souffrance des parents. Quand bien même tu rêvais d’une certaine rivière la nuit et que le doute t’assaillait chaque jour un peu plus, car l’horloge tournait. Ton acharnement a failli te coûter la vie alors que ton cœur t’a fait défaut lors d’une course-poursuite, mais tu ne pensais qu’à l’enquête et au temps qui t’était compté. Ta santé se dégradait, mais tu craignais qu’on te retire l’affaire si tu en parlais, alors t’en as fait ton secret. Tu te fichais bien de ton sort, tu voulais retrouver le coupable avant tout et offrir une justice méritée aux parents de l’enfant. Les aider, comme tu n’as pas pu aider ceux de Pippa. Le karma pourrait bien s’occuper de toi plus tard ! Hélas ou heureusement pour toi, tu avais à tes côtés, une coéquipière attentionnée. Ellie Miller, une femme gentille, passionnée et un lieutenant doué que tu as toujours respecté, même si tu l’as souvent malmené. Tu te fichais bien de lui plaire les premiers temps, loin de vouloir sympathiser avec tes collègues, mais tu ne peux nier t’être attaché à elle par la suite. Tu ne l’appelleras sûrement jamais par son prénom, mais elle est sans doute, ce qui se rapproche le plus d’une meilleure amie pour toi, à présent.

Alors, quand il s’est avéré que le meurtrier de Danny était le mari de Miller, ça t’a touché. Tu l’as accompagné comme t’as pu durant cette épreuve, mais c’est toute la ville qui fut secouée par cette révélation. Miller fut accusée de complicité, à tort et par colère, face à son ignorance ou juste parce qu’elle était l’épouse d’un meurtrier. On s’est acharné sur elle comme on s’était acharné sur toi, deux ans auparavant et ça rapproche, en quelque sorte. Même si vos chemins se sont séparés après l’enquête, en partie à cause de ta maladie dénoncée et des mesures prises à ce sujet, t’es tout de même revenu à Broadchurch pour le procès. Ton cœur allait de pire en pire, mais tu refusais l’opération et pour la peine, on t’a mis sur le banc de touche. T’es passé du terrain à la théorie, d’inspecteur à formateur et bon sang que tu détestais ce poste, ennuyeux à souhait, mais tes supérieurs étaient catégoriques : pas de pacemaker, plus de nouvelles enquêtes. Ca ne t’a pas empêché de repartir sur les traces d’une vieille affaire lorsque de nouveaux éléments sont parvenus à toi, mais t’as tout fait dans la discrétion. Rien d’officiel et pour cause, c’était l’affaire de Sandbrook qui a précipité ta chute aux enfers, classée et destinée à le rester, mais c’était sans compter sur ta détermination. Cette enquête continuerait de te bouffer l’existence si tu ne la résolvais pas une bonne fois pour toutes, et alors que le présumé coupable était venu te narguer jusqu’à Broadchurch, tu n’as pas hésité à lui faire payer son insolence. Avec l’aide de ton ex coéquipière et amie, t’as fini par démêler les nœuds de cette affaire sordide et coincer les coupables derrière les barreaux. Une page se tournait enfin dans ta vie et ton nom fut lavé, d’une certaine façon, même si tu en garderas les cicatrices à jamais.

Entre-temps, t’as finalement accepté l’opération pour soulager ton cœur malade, mais tu étais aussi certain que t’y passerais. C’est pourquoi tu retardais l’échéance, mais cette phase d’hésitation entre peur et résignation, t’a fait prendre conscience que ta famille te manquait. Tu regrettais l’époque heureuse où tu vivais avec Daisy et sa mère. C’est con, mais quand tu t’es réveillé dans cette chambre d’hôpital, en vie, tu ne t’y attendais pas. T’étais changé et la fatigue mentale que tu ressentais constamment, persuadé qu'elle finirait par te tuer, s’est changée en hargne. Tu voulais recoller les morceaux de ton couple brisé et t'as essayé de réunir ta famille à nouveau, de toutes tes forces, mais ça n'a pas marché. Tess ne voulait plus de cette vie et contre toute attente, alors que les disputes se multipliaient entre mère et fille, Daisy a choisi de vivre avec toi. Une chance pour toi de renouer des liens solides avec ta fille et de l'accompagner dans sa vie d'adulte, à défaut de l'avoir regardé grandir. Tu t'en voudras toujours pour ça, mais t'as compris la leçon. Ainsi, t'es reparti t'installer à Broadchurch pour de bon cette fois - plus de demi-mesures et surtout, tu redevenais optimiste. Tout allait enfin mieux dans ta vie, tu avais presque retrouvé tout ce que t'avais perdu, une famille et ton poste d'inspecteur. Mais… un soir, la lune a renvoyé une lueur écarlate dans ton salon et la boucle a continué.


Quatre ans que t'es reparti de rien, sur une île où tu détestes à peu près tout, mais surtout sa plage. Elle te rappelle d'où tu viens et les personnes que tu as perdu, encore et peut-être pour toujours. Daisy n'était pas avec toi quand t'es arrivé et tu l'as cherché à travers ce monde, mais c'est à croire qu'elle est restée là-bas ou qu'une force mystérieuse vous sépare. Alors tu vis avec tes souvenirs et tu essaies de ne pas sombrer à nouveau, mais ce n'est pas toujours facile. Tu fais des efforts pour ne pas trop t'isoler et le meilleur moyen pour toi d'avancer, c'est de te réfugier dans ton boulot. T'es le genre de type qu'on dit marié à son travail, et ça te convient ainsi. Tu n'as pas perdu ta passion ni ta détermination et tu n'es pas totalement paumé - tu t'habitues à cette ville et ses travers, même si t'as encore du mal à accepter que la magie existe. T'as un peu de mal avec les trucs mystiques, mais s'il te faut affronter un vampire pour rendre justice.. bon, t'en serais peut-être pas capable, mais ce ne serait pas ta première folie.