A la recherche d'un miracle (Aziraphale)

A la recherche d'un miracle

☾☾Assis devant mon verre, contemplant le fond de ce dernier qui dansait entre mes mains, je me perdais vers d’autres horizons… dans un monde lointain ou Annelise était encore vivante. La culpabilité me serrait le cœur et je sentais une boule dans mon estomac dont je ne pouvais me séparer. J’avais échoué ! Une fois de plus, une fois de trop. Je m’étais montré incapable de sauver cette jeune femme pour qui j’avais tant d’affection. J’avais suivi toute son évolution, depuis les pires moments de sa dépression jusqu’à sa reconstruction. Son jeune fils avait mal tourné, devenant un délinquant puis un meurtrier. Elle n’avait que lui dans son monde et ne se trouvait plus aucune raison de vivre. Je l’avais alors aidée à trouver sa voie, poussée à poursuivre ses rêves d’étude en biologie. Elle avait fini par être heureuse et son cauchemar semblait si loin. Alors pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi avait-elle tout abandonner jusqu’à sa propre vie ?

L’erreur venait peut-être de moi. J’avais eu le malheur d’oser franchir cet interdit qui devait existé entre un assisant social et la personne qu’il aidait. J’admirais cette belle rouquine qui s’était ouverte à moi, démontrant un courage et une volonté qui m’avait profondément touché. Je ne lui en avais jamais parlé. Après avoir passé toute une vie à aimer des femmes dans le plus grand secret, j’étais passé maitre dans l’art de dissimuler mes sentiments. Mais elle avait dû le sentir. Il y avait bien un geste ou une parole qui avait dû me trahir. C’est vrai que j’avais imaginer pouvoir construire quelque chose avec elle une fois que ses problèmes seraient enfin réglés. Et je pense que malgré moi notre relation était devenue différente, bien trop dangereuse pour que je puisse exercer mon travail efficacement. Et c’est elle qui avait fini par en payer le prix. C’était injuste… profondément injuste !

Buvant une nouvelle gorgée du breuvage, j’essayais de profiter de la chaleur qui prodiguait à tout mon corps et la liberté qu’il offrait à mon esprit. Mais je me berçais d’illusion. Je le savais très bien. Ce n’était pas la première fois que je tentais de faire de l’alcool mon compagnon d’infortune. Sur Tatooine cela avait été pareil. Après la purge de l’ordre 66, la mort de Padme et de la major partie de ma communauté, la disparition d’Anakin et cette vie misérable qui avait été la mienne durant mon exil… il me fallait un remontant et un moyen d’oublier et je n’avais rien trouvé de mieux que celui-ci. Et voilà qu’aujourd’hui je reproduisais les mêmes erreurs. Cependant, cette fois-ci c’est moi qui m’étais isolé de toutes les personnes qui comptaient pour moi. Sans un mot d’explication, j’avais pris un congé sabbatique de mon travail, confiant mes clients à ma grande amie Raven. Elle n’en savait rien non plus. Je m’étais contentée de lui dire que j’étais parti pour surmenage. Et depuis, j’avais délaissé tout le monde. Luke, Padme, Sabé, Anakin… je n’étais plus que l’ombre de moi-même depuis de longs mois interminables et bien loin de l’image du l’homme droit et exemplaires que je m’étais promis d’être à leurs yeux.

Je me rendais bien compte que je ne pourrais pas continuer ainsi. Qu’il faudrait bien un jour que je cesse de répondre à l’appel de la bouteille. J’en étais incapable ! Les regrets et la culpabilité me rongeais littéralement. J’attendais qu’un miracle survienne dans ma vie, qu’une main vienne à se tendre vers moi. C’est à cet instant que je vis qu’une personne s’était installée à ma table sans permission. Froissé par ce manque de conduite, je prononçais ces quelques paroles du mieux que je le pouvais avec mon verre dans le nez.

« Qu’est-ce que vous fichez-là, vous ? Je ne vous ai pas autorisé à vous asseoir à ce que je sache. »

Comme elle ne bougeait pas, je relevais mon visage de l’avant-bras sur lequel il était appuyé et m’apprêtais à foudroyer du regard l’importun avant de radoucir brusquement.

« Aziraphale. »

J’avais prononcé ce nom d’une manière beaucoup plus douce, quelque part satisfait de voir un visage amical.

« Qu’est-ce que tu fiches ici ? »

A la recherche d'un miracle

☾☾Aziraphale ! J’avais été surpris de retrouver mon ami ici. Je le connaissais suffisamment bien pour savoir que ce n’était pas son genre de fréquenter ce genre d’établissement mal famés. Avait-il des problèmes lui aussi ? J’espérais bien que non. C’était quelqu’un que j’appréciais beaucoup et le savoir malheureux m’aurait réellement fait de la peine pour lui. C’est pourquoi, je ris légèrement lorsqu’il évoqua les talents culinaires du patron de l’établissement. C’était un rire sincère et étrange qui avait surgit de ma bouche sans le moindre effort. Je me demandais d’ailleurs depuis combien de temps je n’avais pas ris.

« Je te reconnais bien là, mon ami. Je l’ignorais moi-même. Tu devrais me le faire découvrir un de ces quatre. »

C’est vrai. J’aimais passer du temps en sa compagnie. Sans que je ne l’explique réellement, je me sentais toujours apaisé lorsqu’il se trouvait à mes côtés. J’espérais qu’un jour nous pourrions nous retrouver comme auparavant. Mais pas aujourd’hui. Il portait déjà un fardeau sur ses épaules. Je me sentirais coupable que ma situation vienne l’alourdir davantage. J’affichais alors sur mes lèvres un petit sourire pour le taquiner.

« Tu sembles toujours avoir le don de surgir toujours au moment où j’ai besoin de toi. C’est ton super pouvoir ? »

Il semblait réellement se faire du soucis pour moi et cela me touchait énormément. Mais comment lui avouer la vérité ? J’avais tellement de mal à parler. Je demeurais toujours sur la réserve et me livrais en général peu. Ce n’est pas parce que je ne lui faisais pas confiance. Aziraphale était sans doute l’un des êtres les plus dignes de confiance que j’avais croisé au cours de ma longue existence. Mais j’avais été un Jedi durant tellement longtemps. Fuir mes sentiments et mes angoisses étaient presque une seconde nature chez moi. Avec les années, je me rendais bien compte que cette attitude, bien loin de me servir, pouvait également s’avérer destructrice dans certaines situations. C’était cela dit plus fort que moi. Faisant tournoyer mon verre entre mes mains angoissé, je relevais mon regard vers lui. Mon sourire m’avait alors quitté et j’observais une attitude bien plus renfermée. J’avais envie de lui parler mais les mots semblaient se perdre dans ma gorge que se serrait de seconde en seconde.

« Je… je… »

Je finis par rabaisser mon regard vers mon verre, me sentant véritablement misérable.

« Il est arrivé quelque chose d’horrible, Aziraphale. Véritablement horrible… et c’est ma faute. »

Je sentais une larme traîtresse perler au coin de mon œil.

« J’ai perdu quelqu’un que j’aimais beaucoup. »

Les mots étaient lancés et je sentais mon cœur se serrer à sa simple évocation. Je bus alors une gorgée pour me donner du courage.

A la recherche d'un miracle

☾☾Les fois où je m’étais retrouvé dans un état pareil était rare. Baisser la garde et admettre que j’avais besoin d’aide n’était pas dans ma nature. Je ne croyais pas même me souvenir que mon ami ait pu un jour me voir dans une pareille détresse. Malgré ma situation, je me sentais véritablement navré pour lui. Ce n’est jamais évident de voir l’un de ses amis dans une telle détresse. Je me doutais bien que ce n’était pas la première fois. Il avait comme il disait lui-même un don, une sensibilité exacerbée qui lui permettait de comprendre mieux que personne la détresse de ses interlocuteurs. Mais je ne tenais pas à devenir un fardeau, surtout pas à ses yeux. Il donnait tellement et j’aurais préféré lui rendre la pareille que de sombrer à mon tour. Qu’est-ce que Qui-Gon s’il était présent avec nous ? Quel regard porterait sur moi Anakin s’il m’avait vu dans ce bar ? Où était passé le véritable Obi-Wan Kenobi ? Tout du moins ce visage dont j’étais si fier et que je tenais à montrer aux autres ? Je pris alors la peine de répondre à ses quelques paroles, me permettant en même temps de reprendre quelque peu contenance.

« C’est vrai et je t’admire de posséder une telle compétence. Je crois que je comprends ce que tu veux dire… merci mon ami d’avoir répondu à cet appel. »

Ce n’était pas un appel à proprement parlé mais je savais qu’être présent au moment où on sent que les autres ont besoin de nous n’était pas évident pour tout le monde. Il est parfois tellement plus facile de fermer les yeux lorsqu’on ne sait pas comment réagir… lorsque nous avons appris à taire nos sentiments mêmes les plus primordiaux et humains. L’air abattu, je le regardais se lever pour prendre place à mes côtés appuyant ses paroles d’un contact réconfortant.

« Je ne pense pas non plus… mais c’est tout le drame de la situation. Je suis humain… et c’est sans doute-là qu’est mon plus gros défaut. Je suis parfois trop arrogant, trop sûr de moi, à tel point que je commets des erreurs et le prix à payer est souvent beaucoup trop cher. »

Avoir la vie de personnes entre ses mains, savoir que nous sommes le seul roc sur lequel elles peuvent s’accrocher et pourtant finir par céder… c’était un cruel sentiment d’incapacité et un échec en soi. Je soupirais lourdement avant de reprendre.

« Lorsqu’on tient entre ses mains des vies humaines, l’échec ne devrait pas être une option. Je ne suis peut-être pas fait pour ce travail en fin de compte. »

J’avais pourtant l’impression qu’aider les gens, les ramener sur le droit chemin était ma vocation. Mais je commençais à en douter fortement. Peut-être que c’était simplement ce que je souhaitais voir et entendre ? Peut-être que m’étais convaincu que je pourrais rattraper mon échec avec Anakin un peu trop rapidement. Je n’avais peut-être pas ce qu’il fallait pour être un bon assistant social.

« Je ne crois même pas t’avoir un jour parlé d’elle. Annelise… je croyais pourtant qu’elle était sur le bon chemin. Cela faisait un bout de temps que je la suivais et j’étais persuadé qu’elle s’en sortirait, qu’elle pourrait avoir un avenir… qu’elle serait le mien. »

Je me passais une main sur mon visage, me rendant subitement compte qu’aussi idiot que cela pouvait paraître je rougissais. Comme si c’était la première fois que j’avouais clairement avoir eu des sentiments pour elle.

« Je n’aurais pas dû m’acharner. J’aurais dû la confier à quelqu’un d’autre. Mes sentiments ont corrompus mon jugement.»

A la recherche d'un miracle

☾☾La confiance et l’empathie des propos d’Aziraphale me touchais énormément. Mai je doutais malgré tout de son objectivité vis-à-vis de moi. Oh bien sûr, je ne pouvais pas lui en vouloir. J’avais toujours été quelqu’un de très secret et j’avais de la peine à me confier. Il y avait encore tellement de choses sur moi qu’il ignorait. Des erreurs dont j’avais honte et dont je portais encore la culpabilité. Je ne lui en avait pourtant pas parlé alors comment pourrait-il savoir que j’étais capable de faire preuve d’une arrogance déplacée ? Je l’avais pourtant été à de très nombreuses reprises… dans ma volonté farouche de respecter la parole faite à mon maître en formant Anakin, dans ma conviction que l’histoire d’amour entre Anakin et Padme n’aurait pas de conséquences, dans ma trop grande confiance en la droiture de mon ancien padawan… j’avais fauté à de très nombreuses reprises et les conséquences pour notre galaxie avaient été plus que dramatiques. Intolérables. Intolérable comme l’avait été le destin d’Annelise qui ne méritait pas ce qui lui était arrivé. Chassant ses idées de mon esprit, je me tournais vers lui avec humilité.

« Comment ? Dis-moi comment je pourrais en faire une force ? Ma confiance en moi est si fragile. Et lorsque les évènements se jouent de moi, elle est totalement brisée. Je ne peux m’empêcher de toujours tout remettre en question. Et si tu as la réponse à cette question, la clé je veux bien que tu me la donnes. »

Je savais qu’il avait raison. On ne pouvait pas sauver tout le monde. Une personne qui refuse d’être guidée, qui préfère s’enfoncer dans la noirceur de son existence, le fera malgré toute l’aide que l’on peut lui apporter. Cette leçon, je l’avais apprise très tôt dans mon existence mais bien sûr cette réalité était plus simple à accepter sans l’attachement que l’on pouvait porter à cette personne.

« J’essaie de les aider, je t’assure. Mais c’est parfois difficile d’accepter que tous nos efforts ont été vains. Comment peut-on se relever d’une blessure pareille ? J’ai l’impression que plus j’avance en âge, plus mes échecs sont durs à assumer. Je ne sais plus comment faire pour passer à autre chose… oublier les victimes. »

Aziraphale me demanda alors ce que j’aurais dit à Annelise si elle était encore présente. Cette réflexion me pinça alors le cœur. Cet exercice était loin d’être évident et ouvrait à vif cette blessure encore trop profonde.

« Je lui dirais que je suis désolé. C’était une personne formidable, magnifique… une femme qui méritait de goûter à ce bonheur qu’elle avait mis tant de temps à reconstruire. Je lui dirais que je regrette profondément de ne pas avoir cherché à mieux la comprendre, d’être passé à côté de cette chose qui aurait pu lui donner le courage et la force de vivre. Je lui dirais aussi à quel point elle comptait pour moi, à quel point je pouvais l’aimer… et que je regrette que mes sentiments aient pu troublés mon jugement. »

Je poussais alors un large soupire, essayant mes larmes d’un revers de main et reprenant une gorgée d’alcool. Ma gorge serrée m’empêchant d’en dire plus.

A la recherche d'un miracle

☾☾Avoir un ami comme Aziraphale était précieux, D’autant plus lors de moments difficiles tels que celui-ci. Il était la voix de la raison que j’entendais parfois en moi, les échos discrets de la sagesse infinie de mon maître Qui-Gon Jin. Je savais qu’il avait raison. Il fallait que je me reprenne et que je poursuive cette lutte incessante qu’était la vie. D’ordinaire, je parvenais à le faire. Mais la tâche me paraissait tellement ardue ces derniers temps. Sans doute parce que mes capacités de réflexion étaient amoindries par la quantité de lites d’alcool que j’avalais sans me poser de question, comme s’ils pouvaient être la source d’un salut quelconque. Une fois encore, je savais qu’il n’y avait rien de plus idiot. D’un geste de lent, j’écartais de moi le verre qui avait été jusqu’ici mon seul compagnon d’infortune. Je plaçais ma tête entre mes mains, et soupirais lourdement. Ma voix à nouveau entre coupée de sanglots.

« Tu as raison, mon ami. Je ne peux pas continuer ainsi. Il faut que j’avance… je vaux mieux que ça. Mais je… je n’ai pas les bons outils pour poursuivre cette lutte. Je pense que oui… je vais avoir besoin de ton aide pour me coacher et m’aider à avancer. Es-tu d’accord de le faire ? Tu serais prêt à supporter cela avec moi ? »

Il confirma mes croyances concernant les fardeaux qu’il fallait porter avec l’âge. Il est certain que plus on les accumulait, plus ils étaient lourds à porter. Je laissais un sourire triste éclairé alors mon visage.

« Tu sais… c’est très étrange. J’aurais pensé que l’âge allait de pair avec la sagesse. Que cette dernière rendrait mon fardeau moins lourd après tant d’années. C’était idiot. »

Il avança que les disparus ne devraient jamais quittés ma mémoire. Je devais apprendre à vivre avec eux. Ne jamais les oublier pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. En entendant ces mots, je ne pouvais m’empêcher de songer à Anakin. Si je ne l’avais pas vu basculer vers le côté obscur, je n’aurais sans doute jamais eu l’idée d’exercer cette profession. C’est grâce à cela que j’avais pu sauver des gens partis à la dérive. Je ne devrais jamais l’oublier.

« Je pense que tu as raison, après tout. C’est cela qui a motivé mon combat. La perte d’une personne très chère à mes yeux. Je t’ai déjà parlé de mon ami, Anakin Skywalker ? »

Je lui avais lancé ceci dans une confidence, prêt à m’ouvrir à lui et à lui parler de mon passé. Oh certes pas grand-chose mais suffisamment pour faire un pas dans sa direction. Il affirma à nouveau que je ne pouvais rien faire. La décision d’Annelise était prise depuis bien longtemps. C’est elle qui aurait le dernier mot quoiqu’il pourrait se passer. J’aurais simplement espéré qu’elle prenne une autre route.

« Ca t’es déjà arrivé à toi ? De tomber amoureux ? De perdre la personne que tu aimais ?"

A la recherche d'un miracle

☾☾e souris à l’adresse de mon ami. Sa loyauté et sa serviabilité me faisait vraiment chaud au cœur. C’était un sentiment que je n’avais pas connu depuis des années. Savoir que l’on pouvait compter sur quelqu’un qu’importe les épreuves que l’on pouvait traverser était si réconfortant. La période où j’étais exilé sur la planète Tatooine était très loin à présent. Et je ne pouvais que m’en réjouir. Je répondis donc à son invitation.

« Tes paroles me vont droit au cœur. J’aimerais te faire croire que je n’aurais pas besoin de ton aide mais ce serait un mensonge. »

Je jetais un œil en direction du verre que je tenais devant moi. A présent, je ne pouvais que ressentir de la honte à ce sujet et lorsque j’y pensais j’avais de la peine à lever mon regard dans sa direction.

« Cela dure depuis bien trop longtemps… il faut que ça s’arrête. Et je vais pas pouvoir le faire seul. »

Je l’éloignais de moi, passant une main sur mon visage avant de relever mon regard dans sa direction. Mon attitude devait réellement faire pitié.

« Tu serais prêt à m’accompagner dans mon sevrage ? Ca ne sera pas évident. »

L’épreuve qui m’attendait serait longue et compliquée mais il fallait que j’en passe par là pour être à nouveau fier de de moi lorsque je me regarderais dans un miroir. Je le devais pour toutes les personnes que j’avais laissées derrière moi. Et soudain, je repensais à Anakin. J’osais me confier alors que j’avais eu jusque là si peu l’occasion de le faire.

« Je suis divisé entre l’amour et… je ne dirais pas la haine. Malgré sa trahison je ne peux pas le haïr. Ca n’a pas été entièrement de sa faute si les choses se sont gâtées. J’ai eu ma part de responsabilité également. Mais je n’ai pas pu l’empêcher de faire les mauvais choix. C’est terrible lorsque l’on retrouve dans cette situation. Il était formé pour être un protecteur et un gardien de la paix et c’est devenu un criminel. Je n’ai rien pu faire et je sais que sa rancune envers moi a été très grande durant des années. Aujourd’hui, je ne sais pas si je souhaiterais ou non le revoir… il ne m’écouterait sans doute pas comme à l’époque où nous étions amis. Alors en attendant je me rattrape avec d’autres. C’est étrange non ? »

Je chassais ces idées pour interroger mon ami, rediriger la discussion me permettait de faire ce que j’aimais le plus au monde. Prendre soin des autres et les écouter. D’autant plus s’il s’agissait d’un ami qui avait tant l’habitude d’observer le même comportement que moi.

« Je crois bien que tu ne m’en avais encore jamais parlé. Qui était cette personne ? »

Je réfléchissais à ses quelques paroles et approuvais d’un mouvement de tête.

« Je comprends ce que tu ressens. Il me semble que depuis que nous sommes dans cette ville, le doute subsistera toujours. Tu ne peux pas savoir de quoi demain sera fait. Peut-être auras-tu la chance de le revoir. »

Je m’avançais alors vers lui, posant mes deux bras croisés sur la table et plongeant mon regard dans le sien.

« Tu disais l’avoir perdu… en partie. Est-ce parce que cette malédiction vous a séparé ? Ou vous êtes vous perdus pour une autre raison ? Remarque si tu n’as pas envie de m’en parler, je comprendrais. »

A la recherche d'un miracle

☾☾J’avais repoussé mon verre d’alcool avec force, bien résolu à ne plus jamais y toucher. Je savais que cela ne se ferait pas du jour au lendemain. Il y avait des jours où la tentation serait grande… pratiquement irrésistible. Mais je savais également que j’avais un ami qui serait prêt à me soutenir dans cette épreuve et à me battre pour atteindre mon objectif. Je lui souris alors affectueusement.

« Je te remercie, mon ami. Cela me touche énormément. Je ne sais même pas ce que je pourrais faire pour te remercier. »

J’étais pourtant bien résolu à trouver un moyen de le remercier et de me montrer aussi bon ami que lui pouvait l’être à mon égard, même si je ne savais pas encore très bien comment m’y prendre. J’écoutais ses sages conseils, essayais d’imaginer cette situation où Anakin et moi pourrions enfin nous revoir. Il y avait cependant énormément d’inconnues. Il fut un temps où je croyais connaître mon padawan, où je pouvais deviner ses réactions à l’avance. Mais cela remontait à si loin aujourd’hui. J’ignorais même si je saurais trouver les mots qui pourraient le toucher. Qui le rendraient attentif à mes paroles et à ma prière sourde de le voir se tenir à nouveau à mes côtés en frère et non plus en ennemi. Mais pouvais-je seulement espérer un tel miracle ? Il y avait-t-il réellement une chance qu’il puisse s’accomplir ?

« Tu as raison. Je ne pourrais pas être certain qu’il ne m’écoutera pas. Mais j’ai si peur qu’il ne le fasse pas. J’ai peur de réaliser que même dans cette vie, avec cette nouvelle chance qui s’offre à nous, il n’y ait rien que je puisse faire pour retrouver notre entente d’avant. Je sais que j’attends énormément de lui. Mais j’ai toujours le fol espoir que cela puisse se faire. Qu’on puisse effacer l’ardoise. Mais si je prononce une seule parole de travers, si je n’arrive pas à trouver les bons mots, alors tous mes espoirs se briseront.»

J’écoutais alors Aziraphale me parler de sa relation complexe avec le dénommé Crowley. Cette relation semblait réellement unique en son genre et faisait plaisir à entendre.

« A entendre ton histoire, il semblait réellement tenir à toi. Une relation qui a pu résister à de telles épreuves et à de telles oppositions vaut vraiment la peine de t’accrocher. »

Il restait la question de la relation amoureuse. Il y avait une différence entre une histoire d’amitié et une histoire d’amour. Elle n’était pas à négliger. Mais j’avais appris à mes dépends qu’il valait mieux se montrer honnête dans une relation. Il fallait qu’il en prenne conscience.

« A ta place, je lui dirais la vérité. Il semble tenir à toi énormément et je suis persuadé qu’il accepterait d’entendre ce que tu as à lui. Qui sait ? Il ressent peut-être la même chose pour toi. Tu ne pourras le savoir qu’en osant lui ouvrir ton cœur. Imagine qu’il puisse réellement désirer que votre relation ait plus loin. Cela te rendrait très heureux et tu te félicitera d’avoir eu le courage de faire le premier pas. »

Je me tus quelques instants avant de reprendre la parole.

« Et si malheureusement lui ne t’aime pas romantiquement, il ne t’en tiendra pas rigueur bien longtemps. Après tout, aucune des menaces de vos camps respectifs a suffit à l’éloigner de toi. Je doute qu’une confession telle que celle-ci puisse le faire. »