(Halloween) losing your memory || ft. Josh

Lorsqu'elle s'éveilla de ce qui lui sembla être le sommeil le moins confortable de sa vie, Sam se sentit plus déstabilisée qu'elle ne l'avait jamais été. Ou... était ce vraiment le cas ? Instinctivement, son cerveau tenta de trouver un quelconque point de référence mais sans qu'elle ne puisse réellement se l'expliquer, elle se heurta à un mur. Aucune piste ne semblait vouloir mener à quelque chose : rien concernant une potentielle chambre dans laquelle elle pourrait avoir l'habitude de se réveiller, rien concernant une personne auprès de laquelle elle aurait comme coutume de s'endormir. Absolument rien. Pas le moindre détail ne lui était familier et lorsqu'elle tenta de s'initier peu plus loin dans les méandres de son esprit, l'affolement commença à la gagner. Ça non plus, elle n'y parvenait pas. Les moindres choses supposées être inhérentes à chaque individu refusaient de lui revenir à l'esprit. A quoi ressemblait sa famille ? Aucun souvenir. Qui était elle ? Pas la moindre idée. Comment s'appelait elle ? Impossible de s'en rappeler. Qu'est-ce qui pouvait bien être en train de lui arriver ?

Dans un excès de panique, la jeune femme tenta de se redresser avec probablement un peu trop de vivacité. Immédiatement, son bras la rappela à l'ordre et lui fit découvrir par la même occasion qu'elle s'était visiblement blessée au cours de la bataille. La... bataille. C'était la seule chose qui pouvait expliquer l'état de la pièce ainsi que le sien, n'est-ce pas ? Ses yeux se portèrent sur ses paumes ensanglantées. Comment pouvait elle avoir l'air aussi amochée et ne même pas se rappeler de ce qui avait pu la mettre dans un tel état ?

Instinctivement et sans se préoccuper de la salissure qu'elle risquait d'y mettre, l'une de ses mains se porta à l'arrière de son crâne pour vérifier qu'aucune blessure étonnement indolore ne s'y trouvait et, sans surprise, la blonde n'y trouva rien. Désormais encore plus sceptique, son attention se retrouva accaparée par son environnement d'une manière un peu plus globale et la quantité de sang ornant les murs et le sol lui fit écarquiller les yeux. Ce n'était définitivement pas avec sa ridicule petite blessure au bras qu'elle avait réussi à repeindre la pièce de cette manière - c'était une certitude. Quelque chose de sombre avait dû arriver ici et si elle comptait sur sa mémoire défaillante pour réussir à le lui rappeler, elle n'irait probablement pas bien loin. Pourtant, elle ne pouvait pas rester plus longtemps les bras croisés : seul un éventuel témoin de tout ce carnage pourrait l'éclairer et elle ne tenait pas à ce que n'importe qui lui tombe dessus dans ces circonstances. L'idée qu'elle ait pu accomplir cela elle-même lui semblait complètement irrationnelle mais comment pourrait-elle en être véritablement assurée lorsqu'elle ne savait même plus qui elle était ? Bien que l'idée de s'en prendre à quiconque la révulsait au plus haut point en cet instant, peut-être n'avait elle pas pensé de la même manière il y a quelques... quelques quoi, d'ailleurs ? Minutes, heures ? Des journées entières n'avaient probablement pas pu s'écouler mais la tranche horaire en restait tout de même large.

Plus précautionneusement que lors de son premier essai, l'étudiante parvint à se hisser sur ses jambes. Celles-ci semblaient tremblotantes au point où elle se demanda si c'était davantage les courbatures d'être restée installée dans une position inconfortable depuis trop longtemps ou simplement la peur qui les rendaient aussi instables. Un pas, puis l'autre, elle parvint finalement à se mettre en marche. Tentant de se montrer aussi furtive que possible dans le cas où une tierce personne étant responsable de tout ça se trouvait toujours dans les parages, elle eut l'occasion de parcourir plusieurs pièces sans y apercevoir l'ombre d'un chat. Naturellement, ce fut d'ailleurs lorsqu'elle commença à se détendre en songeant que n'importe quel déséquilibré capable d'une telle atrocité ne serait probablement pas resté à proximité de son crime qu'un bruit attira son attention dans une des pièces avoisinant celle où elle se trouvait et aussitôt, son sang se glaça dans ses veines. L'endroit était trop découvert que pour pouvoir s'y trouver une cachette de fortune et compte tenu du bruit qu'elle avait elle-même dû faire en dépit de ses précautions, probablement était-il de toute façon déjà au courant que l'entièreté les personnes supposées être décédées ne l'était pas.

Rapidement, la demoiselle s'empressa de chercher un quelconque objet susceptible de lui servir d'arme si la nécessité s'en faisait ressentir. A défaut de pouvoir opter pour la fuite, il faudrait probablement qu'elle soit prête à se battre. Mettant rapidement de côté ses quelques scrupules, entendre simplement les pas se rapprocher de sa pièce la força à se baisser pour se saisir de l'un des débris de verre traînant au sol pour le brandir en direction de l'unique entrée de la pièce d'où elle pouvait désormais apercevoir une ombre. « Who the fuck are you ?! » s'écria t-elle à l'égard de celle-ci, la manière dont sa voix s'emporta dans les aigus combinée à sa posture défensive prouvant qu'elle était plus effrayée que réellement menaçante en dépit de ses efforts pour paraître intimidante. « Est-ce que... c'est toi qui a fait ça ? »

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La moralité était un domaine particulièrement subjectif. C'était un constat sur laquelle toute personne s'y penchant pouvait s'accorder, mais qui n'avait jamais frappé Sam avec une telle violence qu'à cet instant précis. Si ses souvenirs avaient été présents, elle aurait potentiellement pu avoir la certitude de pouvoir se considérer comme un individu ayant tendance à respecter ses convictions. Lorsque la possibilité de le faire lui était offerte au sein d'un dilemme, la jeune fille était de ceux qui tentaient de prendre la meilleure des décisions — et lorsque ce n'était pas aussi simple, essayait en tout cas de réduire la casse du mieux qu'il lui était possible d'y parvenir. Aujourd'hui pourtant, où simplement se rappeler de son propre prénom lui semblait impossible, il lui était illusoire de réussir à trouver un quelconque point de référence susceptible de lui dire si elle avait déjà été aussi... défaillante. Défaillante parce qu'en cet instant précis, l'envie de se référer à son éthique était plus lointaine qu'elle ne l'avait encore jamais été. Si la possibilité lui avait été offerte de le faire et peu importe le nombre de séances de psychothérapie qu'elle aurait dû prévoir pour tenter de vivre avec le traumatisme, cela ne faisait aucun doute : elle aurait prit ses jambes à son cou et aurait simplement oublié cet endroit. Aucun coup de fil auprès des autorités compétentes dont les conséquences étaient susceptibles de lui revenir dans la figure tel un boomerang, aucune parole prononcée à qui que ce soit vis-à-vis de ce qu'elle venait de voir. Rien. Cela faisait t-elle d'elle une âme peu fiable ? Son cerveau était trop en vrac que pour réussir à le définir et, à cet instant, elle ne pourrait de toute façon pas moins s'en soucier.

Pensant d'abord être le seul être vivant encore animé se trouvant entre ces abominables murs, garder sa panique sous contrôle lui parut difficile mais réalisable. Tout ce qu'elle avait à faire était d'ériger une barrière mentale suffisante pour ne pas réellement voir la barbarie qui se dresserait sur son passage le temps de trouver une issue. Rien de trop compliqué, à priori. D'ailleurs, sa rationalité tenta d'abord de la conforter dans l'idée que les bruits qu'elle entendait tout autour d'elle étaient créés par son imagination uniquement. Pendant un temps, elle y parvint... jusqu'à ce que ceux-ci ne deviennent un peu trop audibles ; un peu trop irréguliers également que pour être uniquement causés par la simple pression exercée sur un objet mal positionné ou quelque chose du style, d'ailleurs. Quelques secondes d'immobilisation dans le but de tendre l'oreille lui suffirent : il y avait bel et bien quelqu'un d'autre. Et vu l'état du lieu, c'était tout sauf une nouvelle rassurante.

S'empressant de ramasser le premier bout de verre aiguisé sur lequel son regard s'attarda, son premier réflexe fut de le tendre dans la direction de l'unique issue de la pièce : ayant déjà précautionneusement inspecté le contenu de celle-ci avant d'y entrer, cela ne pouvait venir que de l'extérieur. Et, plus vite qu'elle ne l'aurait pensé, une voix se fit entendre tandis qu'une silhouette se dessinait lentement sous ses yeux. Farouchement, ceux-ci restèrent ancrés sur l'inconnu dont elle pouvait désormais distinguer les traits et très honnêtement... ce n'était pas davantage sécurisant. Bien qu'il ne soit pas une menaçante masse de muscles comme son esprit en pleine paranoïa s'était aussitôt empressé de l'imaginer, il n'en restait pas moins plus grand et imposant qu'elle. Pas bien difficile, songea t-elle avec amertume sans pour autant le laisser paraître.  « À confusion ? » Un rire sans humour franchit ses lèvres. « Cet endroit ressemble à une véritable scène de crime et nous sommes visiblement les deux seules personnes présentes. Je pense que ça pourrait difficilement être plus clair, au contraire. » Lorsqu'il commença à se rapprocher, sa prise se resserra instinctivement autour du bout de verre qu'elle tenait avec le maigre espoir de paraître un tantinet soit peu menaçante, l'adrénaline lui permettant pour l'instant d'ignorer le péril potentiel que représentait son arme de fortune. « Je ne risque définitivement pas de le poser si tu continues à t'approcher. » Le regard noir, son premier automatisme fut évidemment de reculer en voyant la manière dont la distance entre eux s'amenuisait significativement. Plus que jamais, la blonde comprenait l'attrait d'énoncer dans ce type de situations d'énoncer le type de sports de combat pratiqués comme ils pouvaient le faire dans les films d'horreur excessivement clichés. Manque de bol pour elle, ce n'était pas l'escalade qui allait réellement l'aider à impressionner qui que ce soit. La façon dont ses yeux s'attardèrent sur sa blessure manqua de la faire grimacer : était t-il en train d'évaluer ses faiblesses pour réussir à mieux l'atteindre une fois sa vigilance baissée ?  « J'aimerai tout autant le savoir que toi. » Leurs discours, singulièrement similaires, aurait assurément dû leur mettre la puce à l'oreille quant au fait qu'ils n'étaient que deux victimes de tout cela. Pourtant, l'irréductible psychose liée à cette situation foireuse ne permettait pas à la plus jeune d'être aussi rationnelle qu'elle n'aurait pu et dû l'être. « Est-ce un défi ou une mise en garde ? » Répliqua t-elle face au jugement sceptique qu'il sembla vouer à son précieux bout de verre dont les éclats s'enfonçaient progressivement dans sa chair au fil des secondes. Pour l'instant, l'adrénaline lui permettait de ne pas sentir la douleur —  les prochaines heures, toutefois, seraient certainement bien plus pénibles. « Je n'y comptais pas. » Sa phrase, à double sens évident, prouvait qu'elle ne comptait pas lancer l'offensive sans pour autant reculer si celui-ci décidait de le faire. Durant quelques secondes seulement, son propre regard dériva de l'inconnu à son bras pour en inspecter elle-même la blessure, estimant cette fois que la vérité serait probablement préférable à un mensonge approximatif. « J'en ai pas la moindre idée... je me suis juste... réveillée ici et c'était là. J'ai... aucun souvenir de ce qui a pu se passer avant. » Aucun souvenir tout court, aurait d'ailleurs été plus exact mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir et son angoisse était bien trop prononcée que pour réussir à s'éparpiller de suite sur ce type de sujets. La pression déferlant sur elle ne fit pourtant que de s'accroître davantage lorsque, tout à-coup, elle sentit son dos heurter le mur. Merde. Si ce type se révélait être une véritable menace, elle venait officiellement de se condamner.

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Tout à propos de ce mystérieux homme lui criait de se méfier de lui. Chaque être humain réagissait différemment à une situation de crise : certains se figeaient et devenaient complètement inutiles une fois écrasés sous le poids de la pression là où d'autres se transformaient en véritables machines de guerre prêtes à tout affronter en déployant des moyens qu'eux-mêmes n'auraient pas soupçonné par pur instinct de survie. À titre personnel, Sam avait tendance à être de la seconde catégorie. Ce type, en revanche, ne semblait rentrer dans aucune de celles-ci. Et si, lorsqu'elle n'était pas dans une situation aussi critique, la jeune femme détestait mettre les gens dans des cases... cette fois-ci, cela ne l'aurait pas dérangée de revenir sur ses principes. « Au même titre que j'imaginais une victime moins sarcastique. » Répliqua t-elle du tac au tac, ostensiblement agacée par cette attitude dont elle était pourtant partiellement responsable. Tels deux animaux prêts à se sauter à la gorge, ils se toisaient avec un mélange de défiance et d'incrédulité, chaque mouvement inconsidéré de l'autre étant susceptible de déclencher la fureur de l'autre. « On se trouve actuellement dans un endroit qui pourrait presque passer dans un reportage sur les scènes de crime les plus sordides ayant existé dans cette région et je n'ai aucune idée de qui tu peux être. » Bon sang, je ne suis même pas certaine de qui je suis moi-même, s'empêcha t-elle de rajouter en décrétant qu'il était assurément préférable de lui fournir sur un plateau d'argent davantage d'armes avec lesquelles l'attaquer s'il désirait le faire. « Alors naturellement, tu devrais comprendre que je ne suis peut-être pas au paroxysme de l'aisance. » Et qu'il ne devrait pas l'être non plus, à son humble avis.

Bien que son raisonnement se tenait et qu'une partie d'elle avait envie d'obéir en considérant qu'il l'aurait déjà achevée au même titre que les potentielles autres victimes présentes en ces lieux s'il en avait eu l'intention, cette attitude menaçante qu'il semblait vouloir arborer l'empêchait de le croire au point de relâcher la seule chose susceptible de lui faire office d'arme. Et si, l'espace d'un court moment, la rationalité de son constat parvint presque à la convaincre de se conduire comme une personne disciplinée et prudente, sa manière de hausser à nouveau le ton en semblant vouloir diriger ses actions la fit aussitôt rétropédaler dans sa réflexion. « Non ! » A son tour, sa voix remonta dans une tentative un peu vaine et pathétique de prouver qu'il ne l'effrayait pas réellement — effort pourtant mise à mal par l'ensemble de ses réactions, contrôlées ou non.

Lorsqu'elle se rendit compte de la manière dont il l'acculait patiemment dans un coin de la pièce, il était déjà trop tard. « Qu'est-ce que c'est bien échu... » Marmonna t-elle d'une manière à peine audible alors que son regard émeraude tentait de déceler une part de vérité ou de pure fabulation à ce qu'il prétendait : tentait t-il de s'attirer sa sympathie en prétendant cela pour lui faire croire qu'ils se trouvaient dans le même bateau ou était t-il sincère ? C'était impossible pour elle de le définir, compte tenu du fait qu'il n'était, par la faute de sa mémoire défaillante, qu'un mystérieux inconnu rencontré dans les circonstances les moins opportunes qu'il soit. L'occasion de méditer sur la question ne lui fut pas accordée, celui-ci passant à l'attaque plus rapidement encore qu'elle ne l'eut pensé une fois son dos retenu par le mur contre lequel elle venait inconsciemment de reculer. « NON ! LÂCHE-MOI ! » S'ils n'avaient pas été seuls, ses hurlements furieux auraient probablement réussi à alerter toute âme ayant le malheur de passer dans un périmètre trop proche de ce lieu qu'elle peinait à identifier. Hélas, seule la voix de son geôlier improvisé retentissait dans la pièce lorsque la sienne se taisait et, en dépit de l'adrénaline déferlant dans ses veines, la fatigue certainement liée aux circonstances de son arrivée en ces lieux rendait ses mouvements plus lents et brouillons que souhaités. Sans doute aurait t-elle statistiquement réussi à l'atteindre une ou deux fois, au moins par hasard, dans sa lutte si cela n'avait t-il pas été le cas mais à la place, elle resta aussi impuissante qu'inoffensive.

Les propos raisonnant à ses oreilles auraient certainement pu être suffisants pour faire redoubler son exaltation mais, loin d'être surhumaine, la poigne qu'il parvint finalement à exercer sur ses épaules la contraignit à s'immobiliser complètement et à simplement écouter ce qu'il avait à lui dire. Il y eut un bref instant de flottement durant lequel ils continuèrent à s'observer en chien de faïence et où l'un comme l'autre auraient sans peine pu entendre une mouche voler si l'une d'entre elle avait décidé de venir leur tenir compagnie et, finalement, sa main consentit à relâcher ce foutu éclat. « Merde... » A bout de souffle autant par le combat physiquement mené que par tout le stress ressenti en bien trop  peu de temps, elle laissa mollement sa tête retomber contre le béton sali de la paroi alors que, déjà, la douleur créée par le contact trop appuyé du verre avec sa chair commençait à se faire endurer. Pensive, elle eut brièvement envie de proférer quelques menaces dans le but de le convaincre que désarmée ou non, la moindre tentative mal intentionnée de sa part saurait être dignement accueillie mais finalement, sa raison la contraignit à choisir la diplomatie. « Tout ça ne peut être qu'un cauchemar, n'est-ce pas ? » Chacune des sensations de son corps, passant de la prise qu'il exerçait encore sur elle à la lancinante affliction de sa paume lui prouvait le contraire mais Sam avait toujours été une personne adepte du rationalisme et absolument rien de tout cela ne faisait sens.

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