La dernière interaction entre Scorpius et le professeur Dumbledore remontait à plus d’un an et le moins que l’on puisse dire, c’était qu’elle s’était plutôt mal passé. Il n’y a pas eu de dispute ou quoique ce soit de l’ordre du conflit entre eux, mais Albus avait rencontré Scorpius à une époque plutôt trouble pour le garçon. Terrifié à l’idée de recroiser un jour Voldemort et qu’il fasse du mal à sa famille, Malefoy fils s’était retrouvé confronté aux mêmes difficultés que Malefoy père au même âge : faisait-il partie du bon camp ? Qui devait-il suivre ? Qui pouvait lui offrir un monde meilleur et sûr sans cette menace qui planait constamment ? Les mots de Gellert Grindelwald avaient été dans un premier temps très alléchants et avaient trouvé un certain écho chez Scorpius. Mais la sagesse et la pondération d’Albus Dumbledore avaient su aussi se frayer un chemin, nourrissant ainsi toujours plus de doutes. L’apogée de cette guerre et le schisme en lui étaient survenus lors d’un exercice somme tout banal contre un épouvantard en présence de Dumbledore. Scorpius n’avait pas réussi à dépasser sa peur en voyant son père, affreusement mutilé, sur le point de mourir. Le zénith de ce supplice survint au moment où le fils vit que son père était en train de se faire torturer, visiblement par Voldemort en personne, alors qu’il tentait avec peine de sortir de l’armoire. Acculé, Scorpius s’était enfui de la salle en courant. La conversation qu’il eut avec Dumbledore ensuite n’eut strictement aucun effet sur lui. Puis, il n’était plus jamais retourné voir le professeur, trop honteux et en colère contre lui même de ne pas avoir réussi à surmonter ses peurs alors qu’il voulait être un membre actif dans cette guerre. Quel nul ! Vraiment un moins que rien… L’unique chose qui avait rassuré Scorpius, c’était de constater que Voldemort n’était pas sa plus grande peur en ce monde et qu’il avait donc une chance infime de l’affronter sans crainte. Enfin… Entre la théorie et la pratique… Il y avait un monde.
Un an s’était écoulé. Seulement un an ? Scorpius avait vécu tant de choses au cours de ce laps de temps, des événements terriblement violents et destructeurs qu’il avait l’impression que dix années au moins s’étaient écoulées et qu’il en avait prit autant durant son isolement. Une année durant laquelle il avait pleuré quasi quotidiennement la perte de son fiancé, mais une année aussi qui lui suffit à se concentrer sur l’essentiel : sa vengeance et la destruction de Voldemort. L’étude de son journal avait occupé la majeure partie de son temps — des aller-retour entre son lieu d’exil et la bibliothèque de Poudlard pour en savoir plus sur ce mystérieux carnet qu’il avait en sa possession et de nombreuses tentatives, infructueuses, pour le détruire dans la cour de la maison où il avait élu domicile. Il avait appris que c’était un horcruxe et redoubla d’efforts dans ses recherches pour savoir comment en arriver à bout. Ces activités chronophages lui avaient fait redoubler sa première année à l’université, mais elles lui permirent surtout de retrouver un peu de lumière dans cet épais nuage obscur qui l’entourait depuis trop longtemps. Il avait un but, une raison de se battre désormais. Toutefois, il ne pouvait y arriver seul.
Scorpius était certes brillant, mais il manquait cruellement de pratique. Peter Pettigrow l’aider à pallier cette lacune — ce n’était pourtant pas suffisant. En effet, Scorpius restait sur sa faim concernant l’épisode de l’épouvantard. Il devait dépasser ces plus grandes peurs, encore plus si celle-ci impliquait la mort de son père s’il voulait espérer affronter Voldemort un jour. Parce que cela serait la première chose que le Seigneur des Ténèbres chercherait à exploiter chez lui — ses failles, ses doutes, ses craintes — pour le faire flancher de la plus vicieuse des façons. Peut-être que Scorpius était très présomptueux de penser pouvoir battre à la loyale Voldemort, mais sans espoir on n’avait rien. Tant pis s’ils étaient fous. Sa confiance en lui peu à peu regagnée, mais surtout se sentant prêt, il décida qu’il était temps de rendre une nouvelle visite au professeur Dumbledore.
Grâce à une connaissance en histoire à la fac, Scorpius sut où trouver Albus aujourd’hui. Il avait visiblement un de ses cours qui se terminait à quinze heures, pile-poil quand le blondinet finissait sa propre journée. À l’heure dite, Scorpius prit le chemin du bâtiment d’histoire et y retrouva le professeur à son bureau, rangeant ses affaires, tandis que sa classe se vidait de ses élèves. Scorpius n’osait pas concrètement rentrer dans la pièce. Il avait une petite appréhension : Dumbledore lui reprocherait-il son abandon et son silence ? Pour avoir entendu beaucoup de choses à son sujet, Scorpius pensait que ce n’était pas vraiment le genre de la maison, mais il pouvait encore se tromper. Alors, il préférait un entre-deux en s’appuyant contre l’encadrement de la porte contre laquelle il toquait d’ailleurs pour se faire savoir auprès d’Albus. Quand son attention était attirée, Scorpuis lui réservait un sourire timide et discret. Nerveux à cause de sa grande introversion et surtout facilement impressionnable, il triturait l’anse de son sac. Pourtant, cet état général ne l’empêcha pas de dire, sans bégayer : « Je sais… Ça fait longtemps, professeur. » Il marquait une brève pause, un sourire plus malicieux aux lèvres. « Mais il faut savoir se faire désirer parfois. » Puisque ce genre de prétention ne lui ressemblait pas, Scorpius réprima un rire en pinçant ses lèvres et regarda ses pieds tandis que ses joues s’empourpraient légèrement. Quand il observait à nouveau Albus dans les quelques secondes qui suivirent son trait d’humour, il retrouva son sourire, plus doux, voire mélancolique. « Ça fait plaisir de vous revoir, monsieur. » Parce que Scorpius revenait clairement de très loin.
Albus Dumbledore
▿ Ton univers : Fantastic Beasts
▿ Date de naissance : 30/08/1975
▿ Age : 49
▿ Métier : Professeur d'histoire à l'université
▿ Quartier : Hogwarts Place
▿ Côté cœur :
The trouble is, humans do have a knack of choosing precisely those things which are worst for them...
▿ Dons/capacités/pouvoirs :
▿ Baguette magique
▿ Pacte de Sang
▿ Legilimancie
▿ Transplanage
▿ Fumseck
▿ Magie non verbale
▿ Occlumancie
▿ Pensine
Scorpius Malefoy avait laissé sur lui une impression marquante, suffisamment pour qu’Albus, en proie pourtant à ses propres déboires personnels, n’ait jamais cessé d’avoir une pensée pour lui. Que devenait-il ? Comment endurait-il cette peine immense, celle qui vous arrache à vous-même quand vous perdez un être cher et que vous vous estimez responsable de cette perte (une souffrance qu’Albus ne connaît que trop bien) ? Albus l’ignorait, il devinait seulement qu’à certains instants, l’obscurité avait dû gagner le cœur de ce pauvre garçon, quand ce n’était pas un vide immense qui avait fini par prendre toute la place.
Albus aurait probablement pu aller vers lui, il y a songé à quelques reprises, d’ailleurs, mais il n’a pas estimé qu’une telle initiative aurait véritablement le moindre effet sur celui qui ne serait susceptible de lui parler que lorsqu’il s’y sentirait prêt. Le dialogue ne se force pas, c’est ainsi… Albus a donc simplement laissé le temps au temps, et son propre temps était plus que sollicité, de toutes parts, si bien qu’au moment de découvrir le jeune Scorpius dans l’encadrement de la porte de sa salle de classe, à l’heure où tous ses élèves venaient de déserter les lieux, le professeur en était presque surpris. Pas parce qu’il ne s’attendait pas à le revoir… mais peut-être parce qu’il pensait le revoir plus tard encore.
Pourtant, Scorpius l’admet lui-même, cela fait longtemps, environ un an, s’il faut être exact, et il n’y a pour autant aucun reproche dans l’attitude et le regard d’Albus au moment de jauger longuement son interlocuteur, rien d’autre qu’une sincère bienveillance, mêlée d’un soulagement tout aussi sincère au moment de constater qu’en dépit des épreuves endurées et du deuil dont il souffre probablement toujours, il va bien… aussi bien que l’on peut aller dans de telles circonstances. Scorpius Malefoy est un jeune homme courageux, diablement courageux. Qu’attendre d’autre de sa part, au fond ?
Sa réplique fait doucement sourire Albus, qui aurait probablement été capable de prononcer ces exacts mots si les rôles avaient été inversés. Il y a un peu d’embarras dans l’attitude de Scorpius, mais c’est un embarras qu’Albus rejette bien vite d’un revers de la main : il n’a pas lieu d’être en la circonstance et ne doit certainement pas entacher la joie des retrouvailles, c’est même hors de question.
« Je suis heureux de te revoir également, Scorpius. Je t’attendais plus tard, pour être honnête, mais je suis ravi que tu aies su trouver si tôt le chemin jusqu’à ma porte », ajoute-t-il avec une sincérité totale, à toute épreuve.
Il pourrait parler de la pluie et du beau temps, comme il sait si bien le faire, il pourrait lui proposer une tasse de thé, attendre que Scorpius rassemble de lui-même le courage de lui dévoiler ses intentions… mais Scorpius l’a dit lui-même, trop de temps s’est écoulé pour que la tentation de rattraper ce temps immédiatement ne dépasse pas de loin ces préceptes et habitudes.
« Que puis-je faire pour toi ? »
Car, bien sûr, il n’est pas là sans raison.
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Albus Dumbledore
Happiness can be found, even in the darkest of times, if one only remembers to turn on the light.