(abandonné) The fire of Gus Talon | ft. Orson Krennic

“It was the wicked and wild wind. Blew down the doors to let me in. Shattered windows and the sound of drums. People couldn't believe what I'd become. Be my mirror, my sword and shield. My missionaries in a foreign field. For some reason, I can't explain, never an honest word, but that was when I ruled the world.” (viva la vida - when I ruled the world ▴ coldplay)

writing music/theme song: viva la vida ▴ coldplay
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-3 BBY ▴ LUNE DE CORELLIA ▴ RUINES DE GUS TALION

Gus Talon, l’une des lunes du système de Corellia. Des ruines, un spectacle macabre se dresse sous les yeux d’Orson Krennic, directeur de l’un des bureaux les plus prestigieux en matière d’innovation militaire et d’armement. Gus Talon est réputée dans la galaxie pour son université, celle-ci fut même pendant longtemps le seul point d’intérêt de cette petite lune. Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce qu’elle soit littéralement désintégrée sous les bombes. Une terre dévastée se présente à ses pieds. Une myriade de couleurs chaudes, tirant sur l’orange et le beige s’étant jusqu’à perte de vue, sous un léger voile de brume encore fumante. Une terre brûlée, anciennement le lieu d’un petit havre de paix. Un village, peuplé d’habitants insouciants et courageux. Insouciants, parce qu’ils ne pensaient pas que l’Empire viendrait un jour frapper un grand coup. Courageux, parce que la plupart d’entre eux étaient des sympathisants de la résistance, voire des rebelles engagés pour un nouveau monde. Les vestiges de cette ancienne vie sont éparpillés aux quatre coins de ce panorama désertique. Des ossements humains sont enterrés, ici et là, dans le sol, des ruines d’habitations jonchent ce qui ressemble à des morceaux de rues. Orson Krennic s’avance jusqu’aux restes d’un commerce, au vu des bouts de poteries cassées qui s’écrasent sous les semelles de ses bottes. Il pose un pied au-dessus d’un amas de pierres, tout en humant l’air fortement imprégné de vapeurs et de poussière de roche. Le menton fièrement levé en direction de l’horizon, Krennic arrête le bleu océan de ses pupilles dans ce panorama révoltant de cruauté. D’un geste du coude, Krennic rejette l’un des pans de sa lourde cape blanc immaculé, afin de libérer sa hanche, sur laquelle il vient poser sa main. Ses doigts gantés se referment contre le cuir de sa ceinture presque nerveusement. Tant de beauté aveugle tous ses sens. Orson est fasciné par la beauté qui se dégage du symbolisme de ce lieu ; majoritairement détruit sous son ordre, laissant un endroit immense et désert, désormais tranquille. Orson est fasciné par les conséquences de ses frappes. Comment en un simple battement de cil, un village entier fut ravagé sous les bombardements de ses hommes, et réduit à l’état de poussières. Krennic apprécie la beauté dans toute chose, notamment lorsqu’elle succède une explosion de grande ampleur, comme le super laser de son Étoile. Sa Death Star. Il aurait adoré l’utiliser sur l’une des lunes de Corellia. Si seulement elle était fin prête, il aurait même adoré pulvériser l’intégralité de cette lune, afin de réduire au silence toute tentative ou toute envie de rébellion chez les corelliens. Orson Krennic aurait adoré détruire tout espoir de révolution chez eux. Le goût du sang est encore dans sa bouche. Il se délecte de cette vue débarrassée du moindre nuisible, insecte de la résistance, de ce panorama vierge, où seule la nature semble reprendre ses droits. Il imagine pendant instants quoi faire de cet endroit, maintenant qu’il vient de faire raser la ville. Un énième centre de recherches ? Quel intérêt ? Un nouveau complexe d’art culturel au nom du vénérable Empereur Palpatine ? Coruscant City est déjà célèbre pour sa dimension artistique dans toute la galaxie, en plus d’être la capitale de l’Empire. Une prison ou bien un centre de travail pour les otages de l’Empire ? Bonne idée. Un fin sourire se dessine à la commissure de ses lèvres. Ce sont de beaux projets. Orson est un architecte brillant et concentré par son travail, il pense déjà aux moindres détails de cette nouvelle infrastructure. Ses pensées sont en ébullition, pleines de schémas, de calculs mathématiques, de densité, de formes géométriques… Un détail perturbe le cours de ses pensées, comme un grain de sable dans l’engrenage d’une machine bien huilée. Orson repense à ce qui vient de traverser son esprit presque un peu trop naturellement. Vénérable Empereur, vénérable Empereur… L’Empereur est un Sith, à son plus grand déplaisir, mais cela ne retire en rien l’estime qu’il est forcé d’avoir pour cette heure figure de la l’administration impériale.

Le vent souffle fortement de temps en temps, dispersant poussières et traces de vie. Du bout de sa botte, Krennic creuse un petit trou dans le sol entre les pierres sur lesquelles son autre pied est appuyé et les morceaux d’ossements. Comme un archéologue en pleine fouilles historiques, il recherche des preuves de ses réalisations. Ce qu’il vient de faire à la lune de Corellia est comme une ébauche, une simple esquisse de ce qu’il prépare pour le reste de la galaxie. Ce n’est pas encore suffisamment probant pour être considéré comme véritable œuvre d’art. Orson n’attend toutefois que cela. De créer son art. D’épater la galaxie toute entière lorsque cette dernière découvrira qui se cache derrière le génie de l’Étoile de la Mort. Orson Krennic est les mains de la super-arme de destruction massive de l’Empire. Il est l’architecte qui se cache derrière la construction de cette station mobile dévastatrice et terrifiante ; mais Ô combien magnifique et pure aux yeux d’Orson. Les lignes et les courbes sphériques de la station sont parfaites, d’une pureté inégalable, selon lui. La force de son super laser atteindra bientôt son paroxysme. Quant au rayon vert qui foudroiera des villes, villages et des planètes entières… Orson préfère ne pas s’y attarder, les frissons parcourent déjà son corps à cette simple pensée.

Krennic soupire, seul dans cette partie de la lune. Pour une fois, il n’est pas entouré de ces hommes en armure métallique noire. Sa troupe personnelle de death troopers se trouve non loin de là, faisant des rondes de surveillance sous ses ordres. Krennic a souhaité méditer dans un coin, afin de réfléchir aux événements qui ont précédé les fusillades, les interrogations, les bombardements. L’endroit est si désertique et sous possession impériale que Krennic ne s’est pas dit une seule seconde que quelqu’un viendrait s’engouffrer entre les mailles du filet et poser pied sur cette lune. Qui serait suffisamment inconscient pour contrevenir aux ordres d’un blocus impérial ? D’autant plus surveillé avec outrance par des TIE et des pilotes impériaux expérimentés ? Inconscient ou bien… Brillant.


Une voix se met à percer l’air comme un rayon laser, elle vient interpeller l’impérial en cape. Krennic sent un frisson de surprise parcourir sa colonne vertébrale. C’est quelque chose auquel il ne s’est pas attendu. En raison du blocus impérial, aucun autre individu, non membre de l’Empire, n’est supposé se trouver sur la petite lune de Corellia. Qui est-ce ? Cette voix… est masculine, probablement assez jeune. Au vu de l’écho de cette voix, elle est loin, et pourtant, elle semble si proche de l’endroit où il se trouve. Krennic relève sa jambe, afin de descendre de l’immense roche sur laquelle il s’est appuyé quelques minutes auparavant. Il se débarrasse de sa casquette impériale, afin de libérer une courte chevelure châtain clair aux mèches argentées. Pendant quelques secondes, Orson s’en sert comme éventail, afin d’apporter un peu d’air frais à son visage. Cet endroit est une vraie fournaise, et non pas seulement à cause des bombardements. Il déambule entre les roches calcaires et les ruines des maisons, en cherchant à se rapprocher de l’origine de ce cri. Krennic l’identifie rapidement comme un cri désespéré, sans doute le cri d’un survivant. Ses lèvres se retroussent furtivement en un sourire narquois ; il considère que tout espoir est vain, désespéré et risible. Comment survivre après une pareille catastrophe ?

Au bout de quelques minutes, Krennic aperçoit une silhouette masculine, apparemment plus jeune d’une bonne vingtaine d’années, voire un peu plus, qui cherche parmi les ruines et les ossements humains éparpillés dans le sol poussiéreux. « Ce que vous cherchez ne se trouve pas dans ces ruines. » dit-il d’une voix forte, en voulant se faire entendre, tout en restant à bonne distance du jeune homme. Un survivant ? Non, c’est impossible. Mais dans ce cas… d’où sort-il ?  « Je peux très certainement vous aider. » souffle-t-il en souriant. Un sourire qui n’augure rien de bon. Un sourire ironique, mais que le jeune homme est incapable de discerner à cette distance. Krennic garde une expression imperturbable. Krennic se déplace de quelques mètres, sa cape suivant avec une fluidité presque irréelle chacun de ses mouvements, jusqu'à ce qu'il s'arrête.

« Directeur ! » crie un groupe de voix dans son dos. « Vous ! Là-bas ! Restez loin du directeur ! » Cette fois-ci, elles sont reconnaissables entre mille ; il s’agit de des voix de trois membres de sa garde rapprochée, des death troopers armés jusqu’aux dents qui mettent en joue ce qu’ils pensent être un survivant du massacre. « Directeur Krennic, nous avons été pris d’assaut par un Z-95… » Krennic cligne des yeux quelques fois, surpris. Il lui faut au moins une bonne minute pour assimiler cette information. Un Z-95 n’est qu’un vaisseau de marchandises, rien de plus. Ce n’est pas un TIE, un Destroyer, ou un quelconque chasseur... Comment a-t-il pu se faufiler entre les TIE de l’Empire sans y rester ? L’un des death troopers se rapproche, et se met à lui chuchoter à son oreille les détails du combat qui vient d’avoir lieu dans l’orbite de la petite lune. Au fur et à mesure des explications, le regard de Krennic semble s’illuminer d’excitation. Krennic est abasourdi. Sincèrement. Il n’en revient pas, et c’est très certainement grâce à ces prouesses que le jeune homme aura la vie sauve. « Vous plaisantez ? » murmure-t-il, plus pour lui-même qu’à l’attention de l’un de ses gardes du corps. « Intéressant… » Une fois l’effet de surprise passé, l’impérial se reprend. Il plonge alors ses deux orbes glacés dans ceux du jeune homme, tout en restant à sa place, alors que les autres officiers impériaux se rapprochent en s’assurant que le rebelle n’attente rien contre le directeur Krennic. « Laissez, messieurs. Laissez ! » Un ordre. Krennic agite sa main droite, faisant virevolter l’un des pans de sa cape au passage, en leur signifiant de rester en retrait, malgré tout à bonne distance en cas d’attaque contre lui. « Comme vous le constatez… Tout a été ravagé, et vous voilà, malgré le blocus impérial. Très audacieux de votre part. Vous savez qu’il n’est pas donné à tout le monde de mettre à mal nos défenses aériennes… » dit-il sur un ton étrangement serein, trahissant toutefois son émerveillement ; on pressent un léger tremblement dans le son de sa voix en fin de phrase. « Je suis impressionné. » Et il en faut beaucoup pour qu’Orson Krennic soit impressionné. « Vous pourriez faire des merveilles aux côtés des bonnes personnes. » précise-t-il non sans des arrière-pensées. « Vous êtes le grand perdant dans cette histoire, vous m’en voyez navré… » Orson semble faussement impacté par le sort de cette colonie. Il arbore une expression sinistre en espérant apporter un impact dramatique à ses phrases. Comme au théâtre. Orson Krennic est pourtant très mauvais en comédie, heureusement pour lui que son activité professionnelle soit l’architecture et la supervision.

Krennic respire les bourrasques de poussière de roche, celle-ci se dispersant dans les airs à chaque coup de talon de l’une de ses bottes en cuir noir. Il garde en mémoire les circonstances exactes de la chute de la colonie corellienne. Il se souvient de la manière dont certains rivaux sont adressés à sa personne, lui, Orson Krennic, représentant de l’Empereur en ce lieu. Les flashs de ces dernières heures s’agglutinent dans son esprit, comme des piqûres de rappel, lui remémorant la cruauté dont il a fait preuve à l’égard de ces âmes infortunées et innocentes. D’abord, les menaces, les tortures, puis les premières exécutions publiques, enfin, les bombardements. Ses mains sont tâchées de ses péchés, mais elles n’ont fait qu’observer les storm troopers et death troopers mettre un terme aux dizaines de vies humaines. Orson Krennic refuse de salir ses mains de haut dignitaire impérial, il ne le fait que lorsque l’insolence et l’imprudence méritent une intervention musclée de sa part. Ce qui n’arrive qu’en de très rares occasions ; notamment lorsque les choses deviennent personnelles, d’une manière ou d’une autre. Krennic préfère généralement donner des ordres aux membres de sa garde rapprochée, ces fidèles partisans en armure noire faite de métal, ces cavaliers infernaux, annonciateurs de mort et de torture.

Krennic se balance brièvement d’avant en arrière, afin de débarrasser son bras gauche des plis encombrants de sa cape. « Approchez. » dit-il d’une voix forte et autoritaire, pleine d’assurance en lui tendant la main. Une main gantée d’un très beau cuir noir. Une main qui a versé le sang d’un certain nombre d’innocents. « Je peux vous faire une offre. Considérez-là comme… une contrepartie en échange de ces pertes tragiques. » Orson lève son menton, autant qu’il est possible de le faire, sans paraître trop imbu de lui-même. « L’Empire est capable de générosité. » Quelle ironie ? Cette générosité n’est pas absolue. L’Empire est capable de générosité pour certaines personnes seulement… « … Seulement pour des personnes aussi exceptionnelles que vous. » Venant de la bouche d’Orson Krennic, c’est bien évidemment un très beau compliment. Orson ne cherche pas à cacher sa fascination pour le jeune homme, après tout, il est parvenu à défier son armée de TIE et de storm troopers en un clin d’œil. Cela relève de l’exploit, et ce n’est certainement pas la première fois que le jeune homme réalise ce genre de prouesses. D’une certaine façon, il lui rappelle un pilote qu’il a rencontré des années plus tôt, un certain Han Solo. « L’Empire peut vous offrir une maison, une famille… Tout ce que la guerre vous a injustement privé. » Par sa faute, bien entendu, mais cela, Krennic préfère ne pas enfoncer le couteau dans la plaie. « L’Empire peut être votre nouvelle maison. »

“It was the wicked and wild wind. Blew down the doors to let me in. Shattered windows and the sound of drums. People couldn't believe what I'd become. Be my mirror, my sword and shield. My missionaries in a foreign field. For some reason, I can't explain, never an honest word, but that was when I ruled the world.” (viva la vida - when I ruled the world ▴ coldplay)

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Orson Krennic est capable de reconnaître le bon grain de l’ivraie. Il n’est pas complètement dénué de sensibilité. Celle-ci s’exprime de manière sélective, en captant le regard des plus méritants, en s’abreuvant de la sève des plus puissants afin de se hisser au sommet, quitte à les écraser sur son passage. Ce jeune homme représente une belle occasion de tirer profit de ses compétences pour Krennic. Il s’imagine vaguement en train de parader sur ses capacités de persuasion devant d’autres officiers impériaux. Si cet homme n’avait pas été capable de déjouer les défenses de l’Empire, s’il n’avait pas attiré l’œil d’Orson Krennic, il ne serait malheureusement plus de ce monde pour en parler. Il suffit d’un Z-95 avec des blasters... Les hommes qui entourent Krennic se dévisagent longuement à travers leurs casques en vernis noir, apparemment outrés et contrariés par le cynisme du jeune homme. « Respectez le directeur ! » s’exclame l’un d’eux. Krennic lève une fois encore sa main en direction de l’un de ses death troopers pour le faire baisser d’un ton. « Laissez-le s’exprimer. » ordonne-t-il d’une voix claire, autoritaire. « C’est un exploit, quoiqu’on puisse en penser… Ce n’est pas donné à tout le monde, vous me semblez ne pas avoir conscience de vos talents. Ne pensez-vous pas qu’ils seraient bien mieux servis au sein de l’Empire ? » fait-il remarquer, avec cette même lueur dans le regard. Un mélange d’admiration et de convoitise. Krennic veut ce gamin dans son équipe.

Lorsque l’autre homme s’étonne de l’incongruité de sa proposition, le directeur laisse un fin sourire se dessiner sur ses lèvres. Il s’amuse en réalité de la surprise du jeune pilote. Et le voilà qui exprime toute sa colère, sa douleur à travers des qualificatifs ennuyants à mourir aux yeux d’Orson Krennic. Des bons sentiments inutiles, comme il aime les considérer. C’était ici, ma maison ! lui cria-t-il, non sans déclencher chez Krennic un nouveau rictus furtif. Avant que vous la bombardiez ! Krennic hausse les épaules presque comme un automate. Il ne comprend pas ce qu’on lui reproche, ce n’était pas personnel. C’est le prix de la guerre, rien de plus, et il se paie au sang versé et au nombre d’innocents torturés pour ravir la personnalité de l’Empereur. Ils étaient tous exceptionnels ! Krennic soupire. Toujours et encore les mêmes rengaines. « Oui, oui, oui… Bien évidemment qu’ils étaient tous exceptionnels. » rétorque-t-il d’un air faussement affecté. Mensonges. Moqueries. Krennic est capable parfois d’un cynisme puant d’orgueil. « Ne le sont-ils pas tous ? » On possède tous quelqu’un d’exceptionnel dans son entourage, ainsi va la vie, tout comme Orson Krennic en possède, par la force et le chantage. Lorsque le jeune homme refuse sa proposition de lui offrir une maison, Orson ressent cette réponse comme une claque en pleine figure. Comment peut-on refuser ses mains tendues ? Il lève le menton, avec dédain, tout en attrapant les pans de sa cape pour les replacer correctement entre ses jambes, afin d’éviter que les bourrasques de vent noirci par la poudre des canons ne provoquent de faux-plis à son uniforme impeccable. Il attrape son vêtement avec fermeté, en balançant sa cape sur le côté avec hargne, ce qui est une manière d’extérioriser sa déception et son immense colère.

Est-ce… qu’il y a des survivants ? lui demande-t-il. Krennic baisse la tête quelques secondes, il n’arrive pas à dissimuler son amusement. Ses lèvres se retroussent en un sourire furtif, et en l’espace d’un instant, ce jeune homme réussi le miracle de dérider la mine sinistre du directeur. Il n’y a pourtant rien d’amusant dans cette phrase, seul Krennic semble trouver cela particulièrement risible. « Mala, c’est cela ? » la voix de Krennic résonne dans les vestiges de Gus Talon, elle s’entrechoque aux pierres. « C’est le prénom que vous avez crié, tout à l’heure. » Krennic est attentif à tous les détails qui peuvent lui être utile, d’une manière ou d’une autre. Mala… Un prénom à consonance féminine, sans doute une très belle jeune femme. Mala, ce prénom est atypique. Il est capable de se souvenir d’une personne affublée de ce nom. « Joli. Très joli. Un prénom charmant, comme on n’en fait plus dans la galaxie. Je n’ai jamais connu de Mala… » chuchote-t-il, un brin rêveur en repensant à ses années sur Brentaal IV ou dans les soirées impériales à Coruscant City. Krennic donne l’air de rassembler ses souvenirs afin d’apporter une réponse, un mince espoir, au jeune pilote. « Jusqu’à il y a une semaine. » précise-t-il sur un ton dramatique. Cette mièvrerie des débuts prend immédiatement fin pour laisser place à une voix cinglante et sans appel. Mala était l’une des habitantes de Gus Talon, avant que Krennic et ses troupes ne viennent fouler le sol de la petite lune. « Je vois très bien de qui vous voulez parler. Une jeune femme d’une beauté exquise, sa peau était d’une telle pâleur… elle irradiait sous les rayons brûlants du soleil, lorsqu’on a fait fusiller une partie de sa famille. Que dis-je… son père, me semble-t-il, mh ? » Krennic ne sait plus, du moins il fait semblant de jouer avec les nerfs du jeune rebelle. Il se tourne presque mécaniquement vers l’un de ses fidèles death troopers, en faisant mine d'essayer de rassembler ses souvenirs. « Non ? » Ses lèvres s'étirent en un rictus narquois. Orson est d’humeur moqueuse. Une main sur la hanche et l’autre en l’air, il apparaît comme un conquérant, fort de sa puissance et de ses trois coups d’avance. « Elle était de toute beauté… » murmure-t-il, les yeux brillants d’une étrange lueur. Il accentue lourdement la fin de sa phrase, afin d’apporter un peu d’intensité à ses mots. Krennic s’amuse du pilote de façon à le punir d’avoir décliné aussi rapidement son offre. « Eh bien, je ne me souviens plus de ce qu’elle est devenue. Disons qu’elle avait la langue bien pendue. Il me faudrait… un peu de stimulation pour rassembler mes souvenirs de cette terrible journée. » dit-il le plus naturellement du monde, sans une once de pitié à l’évocation du massacre qui s’est déroulé sous ses yeux et sous ses ordres, il y a tout juste quelques jours.

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Orson Krennic ne bouge pas d’un cil, lorsque le gamin se met à s’agiter brusquement, possédé par la colère et la vengeance, en comprenant que ses proches étaient probablement morts des mains, ou plutôt sous les ordres, de l’homme en cape. En regardant de plus près l’expression de son visage, on y découvre un rictus narquois. Krennic donne l’air d’être impassible aux souffrances exprimées par le jeune rebelle, il semble même s’en amuser fortement. En un éclair, l’homme se retrouve dans l’incapacité de lui causer le moindre mal, malmené physiquement par ses death troopers d’élite. Krennic soulève les pans de sa cape pour dégager ses bras afin d’applaudir quelques secondes. Non pas pour saluer la rapidité d’action de ses hommes, leur efficacité n'est plus à prouver depuis le temps qu’ils font partie de sa garde rapprochée. Krennic salue en réalité la bravoure du rebelle, qui vient défier son autorité, aussi aveuglément et avec passion. Cela semble même le fasciner encore plus. « Vous perdrez bien plus que vous ne l’imaginez à ce petit jeu, mon garçon. » dit-il posément, mais avec fermeté. La voix de Krennic s’élève dans les hauteurs des dunes. Elle est froide, aussi tranchante que l’air qu’ils respirent, polluée tout comme l’est ce même air par les cendres et les poussières de roche. Les paroles du jeune homme se répètent dans un coin de sa tête, comme une ritournelle cruelle. Vous mentez ! Vous l’avez tuée ! Tant d’accusations infondées, de propos discriminants qui l’épuisent. « Allons, allons… Calmez-vous. » murmure-t-il avec un ton qui se veut étrangement paternaliste. « Monsieur le directeur ! » s’exclama l’un de ses death troopers à son intention. « Quels sont vos ordres ? On le descend ? » ajouta l’autre. Orson Krennic demeure silencieux pendant quelques secondes, réfléchissant sérieusement à la chose. Ce n’est pas tant que cela le fait de tuer un énième rebelle qui le chagrine, mais bien de faire une croix sur un élément potentiellement utile dans les rangs de l’Empire. Une problématique se pose alors : comment le convaincre, maintenant qu’il a tout perdu, de le suivre aveuglément ? Quel est son prix ? Tout homme peut être acheté, une fois ses faiblesses mises à nue. Krennic vient de comprendre la plus grande faiblesse du jeune homme et compte l’exploiter dans ses intérêts.

Jusqu’à il y a quelques minutes, le calme plat régnait dans les ruines de Gus Talion. Il n’y avait que le sifflement du vent, et parfois des bruits de vaisseaux galactiques entrant et sortant de l’atmosphère de la petite lune qui témoignaient d’un signe de vie. Un bruit résonne dans ces immenses ruines, celle des pas d’Orson Krennic. Ses bottes noires parfaitement cirées marchent d’un pas conquérant jusqu’à rompre les derniers centimètres qui le séparent du jeune homme. Les pans de sa cape blanche virevoltent entre ses jambes sous sa démarche presque surnaturelle pour être seulement humaine. « Je suis sincère. » dit-il avec un sourire ironique. « Je peux vous donner ce que vous désirez, à la condition que vous réétudiez ma proposition. » Le deal est posé. C’est bien évidemment un mensonge, la fille n’étant plus à sa disposition pour le moment, mais ce n’est pas quelque chose que le rebelle est supposé savoir. Orson toise le jeune homme de haut, ce dernier étant toujours maintenu à genoux devant lui. Krennic l’observe avec un regard presque avide, se sentant bouffi d’orgueil et plein d’une arrogance détestable. Il aime plus que tout le fait d’asseoir sa supériorité sur les plus faibles. Orson vient prendre le menton du jeune homme entre ses doigts gantés de cuir, afin de le relever doucement en sa direction pour que leurs yeux entrent en contact. « Cela ne tient qu’à vous de décider de ce que vous voulez vraiment. Les choses peuvent très bien se passer pour vous ou se terminer en tragédie. Vous êtes le seul maître à bord. » C’est à moitié vrai. Krennic a déjà pris cette décision, en lieu et place du rebelle, sans la moindre hésitation. Ce jeune homme travaillera pour l’Empire, de gré ou de force. « Dans ma grande générosité, je vous laisse une dernière chance, ne manquez pas le coche, cette fois-ci. » précise-t-il avec un cynisme désarmant. Sa grande générosité est un bien grand mot pour désigner le fait de forcer les gens à faire ce qu’ils refusent obstinément de faire. On ne refuse rien à Orson Krennic. La volonté du directeur supplante celle de tous les êtres vivants qui pullulent dans l’immensité de la galaxie.

Il y a un contraste saisissant entre les deux hommes. L’un est habillé dans des couleurs sombres, un rebelle se doit d’être avant tout discret, tandis que l’autre est éclatant de lumière, au prix de salissure et d’être repérable à des kilomètres à la ronde. Mais n’est-ce pas ce que Krennic désire plus que tout ? Orson vient croiser les bras contre sa poitrine contre le tissu de son vêtement. Cet uniforme blanc, luxueux, propre aux agents du département de la sécurité intérieure de l’Empire auquel il appartient. Sa fierté. Droit comme un soldat, le menton relevé avec un certain dédain, son regard bleu océan balaie les ruines dévastées comme le radar de l’un de ces droïdes impériaux.

« Emmenez-le dans mon vaisseau. » ordonne-t-il, après une courte de pause, à ses hommes, avant de lâcher le menton de son captif. Krennic agite nonchalamment sa main en direction des death troopers qui se tiennent fièrement à ses côtés. Ce geste simple et arrogant est un ordre, signifiant que la poursuite de ces négociations se fera dans ses appartements à bord du vaisseau. Krennic a surtout envie de quitter cet endroit poussiéreux, qui depuis dix minutes, vient entacher la pureté de son élégante cape.

“It was the wicked and wild wind. Blew down the doors to let me in. Shattered windows and the sound of drums. People couldn't believe what I'd become. Be my mirror, my sword and shield. My missionaries in a foreign field. For some reason, I can't explain, never an honest word, but that was when I ruled the world.” (viva la vida - when I ruled the world ▴ coldplay)

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Orson Krennic est l’un des derniers à quitter les lieux, sous les regards insistants de certains membres de sa garde rapprochée. Il observe une dernière fois ces immenses ruines désertiques, avec un petit sourire presque contemplatif au coin des lèvres. Rares sont les personnes en ce monde qui se réjouissent de la destruction. Orson Krennic est fils du désespoir et de la folie. Son tempérament explosif et ses tendances à l’autodestruction le rendent apte à apprécier un spectacle tragique comme celui de Gus Talon. Orson aime par-dessus tout l’art, seulement celui qui laisse les personnes en feu et qui fait couler le sang des innocents. Pour lui, la destruction d’une planète entière est un véritable chef d’œuvre. « Directeur ? » Une voix inquiète dans son dos le fait hausser les épaules en signe de lassitude. Un peu théâtral, certes, mais n’est-ce pas toute l’histoire d’Orson Krennic ? On s’impatiente derrière lui. « J’arrive. » répond-il enfin à contre cœur. Quelque chose dans ce spectacle… éveille en lui les flammes d’un passé qu’il a longtemps cru révolu. Alors que le vent se met à souffler de plus en plus fort en faisant voler les pans de sa cape entre ses jambes, il se retourne pour faire face aux deux death troopers qui l’attendent derrière. Krennic arpente les quelques mètres qui le sépare du vaisseau de transport avec le pas lourd. Un imposant cargo impérial, très luxueux pour les personnes qui sont autorisées à bénéficier de ce genre de plaisirs.

Une fois à l’intérieur du vaisseau désormais sur le départ, avec tout l’équipage s’afférant autour de lui, l’impérial se fraye un chemin vers la pièce maîtresse de l’engin. Ce qui ressemble à un salon sophistiqué, meublé avec un canapé et des tables. Tous est agréable, mis à part la présence d’une cage en acier où se trouve enfermé le jeune Wedge. Cela ne semble pas perturber Orson outre mesure (non mais comment il n’en a rien à foutre de mettre le pauvre Wedge dans une cage pour animal… JE PLEURE). Bien au contraire, c’est un gage de sécurité et de bonne tenue des négociations à venir. Des officiers se dirigent dans sa direction, en espérant recevoir les prochains ordres. Krennic leur souffle quelques mots gravement, en affichant une mine un peu trop solennelle. Il agite ensuite sa main vers eux pour les contraindre à se pousser de son chemin vers le lieu de repos. « Vous vous donnez beaucoup de mal pour faire du recrutement… » Orson écoute les plaintes du prisonnier d’une oreille distraite, tout en prenant place dans ce gigantesque canapé recouvert de coussins moelleux, cousus de soie. Krennic s’affale entre deux coussins dans un soupir de las, peu convaincu par l’argumentaire de son interlocuteur. « L’Empire a tant que cela de mal que ça pour recruter de bons pilotes ? » En réponse, Krennic ricane chaudement depuis son canapé qui lui sert finalement plus de trône somptueux qu’autre chose. Il remarque que le petit est futé. « C’est un peu plus compliqué que vous ne le pensez, mais vous n’êtes pas loin de la vérité. » souffle-t-il en croisant les jambes. Orson jette des petits coups d’œil discret vers le cuir parfaitement ciré de ses bottes, ou les plis impeccables de son pantalon d’uniforme noir. Tant de détails qui le magnifient. « Disons que… l’autre côté sait se montrer persuasif avec les plus faibles d’esprit. » C’est un fait, et cela le frustre que le jeune rebelle puisse avoir raison sur ce point. Orson, tout comme d’autres officiers impériaux, peinent à dénicher des éléments d’exception qui ne se soient pas déjà embrigadés dans la résistance. « Mais je sais me montrer encore plus persuasif. » affirme Krennic en posant ses deux orbes glacés dans ceux de son otage.

Orson relève finalement la tête pour s’intéresser de près à une ravissante corbeille de fruits frais, disposée à sa droite, sur le petit meuble en bois. Il récupère une grappe de raison rouges, décortiquant cette dernière fruit par fruit, avant de les glisser dans sa bouche (cette scène me fait planer mdr il manque plus qu’un petit spectacle…). « Vous en voulez ? » ironise-t-il en désignant l’une des pommes qui prédominent tous les autres fruits dans la corbeille argentée.  « Tous vos désirs seront comblés, si vous acceptez de coopérer avec nous. » précise Krennic en agitant ses bras avant de les ramener contre son torse, croisés contre le tissu épais de son uniforme blanc. Tous ses désirs... C'est quelque peu exagéré, mais Orson n'a que faire d'extrapoler la vérité. Il est prêt à toutes les fourberies pour obtenir un consentement, éclairé ou non, de la part de ses proies.

“It was the wicked and wild wind. Blew down the doors to let me in. Shattered windows and the sound of drums. People couldn't believe what I'd become. Be my mirror, my sword and shield. My missionaries in a foreign field. For some reason, I can't explain, never an honest word, but that was when I ruled the world.” (viva la vida - when I ruled the world ▴ coldplay)

writing music/theme song: viva la vida ▴ coldplay
notes:


-3 BBY ▴ LUNE DE CORELLIA ▴ RUINES DE GUS TALION

« Vous voulez m’acheter avec des fruits…? » Orson soupire, alors qu’il porte un raisin entre ses lèvres, afin de le croquer sans l’ombre d’une considération pour l’estomac affamé de son otage. Il lui a proposé un accord, mais le pilote rebelle l’a impunément refusé. A quoi bon se comporter comme quelqu’un de civilisé, puisque son otage refuse obstinément son aide ? « Non, bien sûr que non ! » rétorque-t-il en agitant sa main pour faire signe à un officier du vaisseau de s’approcher du divan. Orson baisse alors la main en direction de la corbeille de fruits et la grappe de raisins, espérant que son subalterne l’en débarrassera naturellement. Ce qu’il fait sans protester. Les désirs et caprices d’Orson Krennic doivent être satisfaits. Tout le temps. « Ce que vous dites est grotesque. » renchérit l’impérial, alors que ses deux orbes froids sont plantés dans ceux de son otage d’une manière compulsive. « Je compte effectivement vous acheter, mais avec quelque chose de bien plus symbolique pour vous. De beaucoup plus précieux. » Sur ce dernier point, Krennic demeure énigmatique. Comme… sa chère et tendre, peut-être ?

Krennic laisse ensuite son otage s’exprimer pour déferler toute sa colère, sans doute également sa haine, à son encontre, et à celui de l’Empire galactique sans broncher. Cela l’amuse, en réalité. Le sourire sarcastique qui décore son visage habituellement si sévère s’allonge encore plus, tandis qu’Orosn jauge son interlocuteur de ses cils noirs avec une suffisance écœurante. Il est puant d’orgueil, pétri d’autosatisfaction, et persuadé d’être dans le vrai, dans la justice, parmi les puissants. Rien ne peut l’atteindre. Absolument rien. Sauf, peut-être… le souvenir d’un lointain passé aux origines sociales modestes. « Vous venez de bombarder une ville entière… C’était chez moi. Vous n’avez pas de chez-vous j’imagine, juste des vaisseaux et des divans. Peut-être des grandes fenêtres dans votre villa qui donne sur le Sénat Impérial, mais c’est vide, pas vrai? Vous ne pouvez même pas comprendre ce que vous venez de faire… et vous voulez me recruter? » Krennic adresse en réponse à ces provocations un ricanement moqueur. Une lueur d’amusement cruel scintille dans le bleu océan de ses magnifiques yeux. Wedge Antilles ne fait pas force route. Il est vrai que cela semble absurde, et quelque part, c’est vraiment le cas. Il reste interdit quelques secondes, afin de peser sa réponse. Wedge Antilles l’ignore, mais Orson Krennic a déjà eu, ce qu’il appelle avec tant d’ardeur, un « chez-lui ». Il n’est pas originaire de la capitale. Il est né il y a bien longtemps (bon, pas si longtemps que ça non plus, c’est pas un vieillard) sur la planète Lexrul. Wedge lui rappelle ces enfants, de Sativran City. Des fils de modestes paysans qui aspirent à une vie meilleure et riche, dans une grande ville, quelque part au sein de l’une des plus riches planètes de la galaxie. Coruscant a toujours été la voie royale pour ces enfants. Des enfants… dont Krennic a fait partie, avant son départ à son quinzième anniversaire pour la prestigieuse école de Brentaal IV.

« Je sais ce que c’est. » affirme-t-il d’une voix froide, dangereuse. Il s’opère un glissement entre ses précédents sarcasmes, son sourire méprisant, son timbre de voix cynique, et l’attitude qui est maintenant la sienne. Plus réservée, menaçante, mais terriblement glaciale. Krennic déteste plus que tout devoir repenser à son enfance misérable, loin du faste et du luxe de sa vie actuelle de haut dignitaire impérial. Il est parti très tôt de Lexrul et n’a jamais souhaité y remettre les pieds. Lexrul appartient au passé. Sa vie actuelle le comble bien au-delà de toutes ses espérances. Il y est puissant, convoité, riche et adulé. Un fantasme d’enfant devenu finalement rivalité par la seule force de ses ambitions et de sa détermination. « Lorsqu’on n’a rien, et que l’on aspire à plus. A n’importe quel prix. » précise-t-il, l’intonation légèrement plus élevée. N'importe quel prix… dont celui d’abandonner les siens, un passé encombrant, une planète qui fut la sienne, mais surtout si chère à son cœur. « C’est vous qui parlez de ce que vous ignorez. » Krennic reste très évasif, hors de question pour lui de s’étendre sur son évolution avec un otage, à moins d’y être forcé. « Mon chez-moi, c’est maintenant la capitale. Coruscant City. L’Empire que je sers avec un immense plaisir depuis de nombreuses années. Il m’est loyal et m’offre une vie agréable. Vous pourriez avoir exactement la même chose, en acceptant ses conditions. » L’Empire lui offre exactement tout ce qu’il a toujours désiré, et même plus encore. Wedge est capable d’avoir autant de privilèges, s’il est capable de… sacrifier de choses et de personnes autant que lui dans son ascension vers les étoiles.

« Je suis votre premier prisonnier, pas vrai? C’est pour ça, tout… ça? » Krennic se redresse dans son canapé, épuisé par toutes ces questions. Il a conscience qu’il sera bien compliqué de le contraindre à travailler pour l’Empire, mais il y parviendra. De gré ou de force. « Non, vous ne l’êtes pas. » affirme-t-il. En effet, il y a eu quelqu’un d’autre avant. Il y a longtemps. « Quoi que vous voulez de moi, vous ne l’aurez pas en me gardant ici. Comme un animal et en essayant de me donner des fruits. Ça ne marche qu’avec vos faibles d’esprit, si vous préférez ces termes. Laissez-moi sortir d’ici, discutons, et alors je pourrais vous répondre que je ne travaillerai jamais pour l’Empire qui a détruit ma maison et tué mes amis. » Krennic soupire d’agacement. Le jeune homme vient au bout de sa patience, qui n’est malheureusement pour Wedge Antilles, pas réputée pour être légendaire. « Vous ne faites que vous plaindre, ce qui est offensant. Je vous offre une chance de servir de grands idéaux au sein de l’Empire, d’avoir une carrière et une nouvelle maison, mais vous vous obstinez à préférer la mort. » Une mort qu’il n’a pas tant envie de lui donner, mais il y sera bien obligé. Contrairement à ce que l’on pense, Orson ne tire pas nécessairement de plaisir devant la mort de personnes qu’il juge « utiles » à ses aspirations ou ses quêtes personnelles. Wedge est un excellent pilote, un de ceux capables de faire le poids durant la guerre. « Vous me décevez profondément. » ironise Krennic, en portant la paume de sa main contre son cœur dans une dernière provocation cynique. Il s’y est attendu. Le petit ne cèdera pas, à moins qu’on lui force la main – à ce moment, Orson réfléchit à la meilleure manière d’obtenir de lui plus que des insultes. « Nous n’avons pas tué tout le monde, mais nous le pourrions, si vous m’offensez une nouvelle fois. » Voilà, c’est dit. Krennic abat ses dernières cartes. Il reste des survivants, et leur sort ne dépend que de la collaboration d’Antilles à la noble cause impériale. « Réfléchissez à ça. Réfléchissez bien. » murmure-t-il, d’une voix difficilement audible, mais forte de ses convictions. Krennic a tous les droits, et il en a bien conscience. Il sait des choses que Wedge Antilles ignore. Il éprouve la sensation agréable et grisante d’être comme une divinité, possédant le pouvoir de vie ou de mort sur la tête des pauvres âmes qui croisent son chemin.