(abandonné) (nsfw) AU ❘ the way of love is the way of war ▴ ((gannic))

“You only know what I want you to. I know everything you don't want me to. Oh, your mouth is poison, your mouth is wine. You think your dreams are the same as mine. Ooh, I don't love you, but I always will. I wish you'd hold me when I turn my back, the less I give the more I get back. Ooh, your hands can heal, your hands can bruise. I don't have a choice, but I still choose you. I don't love you, but I always will. I always will.”
(poison and wine – the civil wars)



« Monsieur Krennic, à quoi pensez-vous ? » demande poliment la voix mécanique et glaciale du droide derrière son comptoir, en essuyant un verre à l’aide d’un chiffon blanc. Les deux lampes qui lui servent d’yeux se posent sur le visage sinistre de l’architecte, et scrutent chaque détail de son expression faciale. Il y découvre un mélange d’agacement et de regrets, mais qu’est-ce qu’Orson Krennic peut bien regretter dans sa vie ? « Commandant. » rectifie l'intéressé en sortant brièvement de ses pensées. Depuis la catastrophe sur Malpaz, Krennic s'est vu promu. Bien que ce ne soit pas suffisant à ses yeux. Il aspire à quelque chose de... plus glorieux. Un jour, peut-être. Grand Amiral Krennic... Ou pourquoi pas... Directeur ?

Ses pensées s'agglutinent autour de choses laissées en suspens, ces choses qu’il a laissé dépérir par lâcheté. Ces choses… qu’il refuse de nommer, par crainte d’affaiblir sa volonté. Il n’en a toujours eu que pour son travail. Krennic fait le bilan de son existence, assis sur l’une des chaises du comptoir, désespérément seul au bar. Alors que le vaisseau galactique conduit les membres de l’équipage vers la capitale de l’Empire, Orson a l’impression de voir sa vie défiler sous ses yeux à cause des quelques verres d’alcool fort. Ses pensées sont embrouillées, pleines d’idées noires et de dilemmes. Il y a en quelque sorte un goût d’inachevé dans son existence, quelque chose lui manque désespérément, mais Orson refuse de mettre le doigt dessus. Il n’est pas encore complètement dans le déni du tourment de ses sentiments. La violence qui en ressort lui donne envie de vomir, elle le dépasse, elle est incontrôlable.

« Commandant ? » Krennic ne répond pas. Cette voix désarticulée et sans vie appelle en lui très peu de considérations. Il est ennuyé par la présence du droide, qui exécute ses missions comme le bon petit soldat qu’on a programmé. Orson Krennic ignore quelques secondes les appels du droide, avant de porter finalement ses yeux bleus sur sa carcasse d’acier. Il observe silencieusement son interlocuteur, perdu dans ses pensées, cherchant quelque dans cette créature qu’il désespère de trouver. Yeux dans les yeux, Krennic recherche vainement une lueur d’humanité dans le fond des lumières qui s’échappent des trous oculaires en métal. Un voile traverse les siens, de beaux yeux bleu océan, comme un éclair de lucidité. Orson prend conscience de ses erreurs, la première d’entre elles a même été de prendre son génie pour acquis. Tout comme ses relations. Il s’est persuadé d’avoir pu s’attacher toutes les personnes comme s’ils n’étaient que des marionnettes entre ses mains expertes. Galen Erso, le premier. Galen Erso est même le pire exemple. Krennic a tout fait pour s’attacher sa loyauté et son amitié à n’importe quel prix, quitte à sombrer dans la possessivité et l’égoïsme. Galen, son plus proche ami et collègue, est sur le point de se heurter aux ténèbres qui ressortent des aspirations profondes d'Orson Krennic.

Krennic reste pensif un long moment, faisant tournoyer le contenu de son verre dans le sens des aiguilles d’une montre, lentement mais sûrement. Il semble avoir perdu toute notion de temps, ses pieds se balancent d’avant en arrière dans un mouvement régulier et mécanique. Parfois, le bout de ses bottes noires cogne les pieds de sa chaise avec agressivité, au rythme du tumulte qui se joue dans son esprit. Il a la sensation d’avoir un nuage au-dessus de la tête, qui gronde et envoie des éclairs. Une sensation désagréable. Orson jette un coup d’œil furtif vers l’arrière de la salle et constate que celle-ci est encore très calme à cette heure tardive de la soirée. Personne. Il n’y a plus que lui et ce droide barman dans le bar du vaisseau. Un discret soupir s’échappe de ses lèvres minces, alors qu’il porte une gorgée de son verre. Presque vide. Son visage se mue en une grimace, il lui en faut un autre, maintenant. Krennic a besoin de trouver le courage de sortir de cet état cathartique, c’est ce qu’il fera, seulement après un verre ou deux, ou trois. D’un geste de la main, Orson fait comprendre au barman son besoin d’être resservi ; refusant de perdre son précieux temps en paroles inutiles. Orson joue quelques secondes avec son verre vide, avant de le tendre spontanément en direction du barman qui se trouve derrière le comptoir.

« Si vous me permettez… » dit le droide en observant fixement la silhouette drapée de blanc d’Orson Krennic. L’architecte demeure aveugle et sourd aux demandes du barman, préférant se perdre dans la contemplation de sa liqueur ambrée. « Trois, c’est un chiffre un peu élevé en ce qui vous concerne. » Sa réaction ne se fait pas attendre, Krennic relève violemment son visage vers son interlocuteur, apparemment piqué à vif. Orson le dévisage avec toute l’arrogance et la froideur dont il est capable. De quoi se mêle-t-il, celui-là ? Bien que cette chose soit muée par de bonnes intentions, Orson les interprète comme un dérèglement interne de la machine, un droide barman n’est pas supposé s’étendre sur le plan émotionnel avec ses clients. Il s’agace de ses bonnes intentions, cette chose en métal ne représente à ses yeux qu’un bon exécutant, sans intérêt quelconque, mis à part d’exercer les missions pour lesquelles elle a été programmée. « Sauf erreur de ma part… il ne me semble pas avoir sollicité ton avis. » rétorque-t-il sur un ton cinglant. « Tu outrepasses tes fonctions de programmation. » Krennic signifie sa désapprobation en claquant sa langue contre son palet. Ses réactions déclenchent une vague d’émotions très négatives, s’il y a bien une chose qu’Orson Krennic ne supporte pas, c’est que l’on essaie de le psychanalyser. Cela lui donne presque envie de le démonter sur-le-champ pour vérifier que tout en ordre, et si ce n’est pas le cas, de le remplacer par un modèle beaucoup moins loquace. « Commandant Krennic. Veuillez pardonner cette fantaisie de ma part. Comme nous nous voyions assez régulièrement depuis quelques temps, et que vous avez déjà abordé… la lenteur dans la mise en œuvre de vos projets, je me suis permis de vous prodiguer des conseils, un peu comme un ami. Je constate que j’ai outrepassé mes droits, cela ne se reproduira pas, ayez confiance. » s’excuse le droide en inclinant respectueusement sa tête dans sa direction, avant de préparer un nouveau verre, du même alcool, et de le déposer sur le meuble en marbre du comptoir. « Bien. » dit-il en le remerciant à sa manière de servir ses caprices. Krennic toise alors la machine avec une certaine froideur, tout en récupérant son bien. Une fois s’être assuré de l’obéissance de la machine, Orson s’empare du verre d’alcool plein. Il enserre les gravures géométriques qui parcourent le verre, ses doigts caressent chacune de ces légères crevasses, appréciant cette sensation de profondeur. Un rien comble les attentes de l’architecte, une spécificité dans la manière de concevoir un objet, aussi futile soit-il, attire son œil d’expert. « Santé. » Il lève son verre au-dessus de son visage, faisant mine de trinquer avant de prendre en bouche cette liqueur ambrée et de la laisser couler le long de sa gorge dans une lente agonie, réjouissant à la fois ses papilles et ses pensées. Ces soirées en solitaire lui permettent de se trouver une échappatoire, loin de toutes ces responsabilités qui s’accumulent depuis qu'il supervise le projet top-secret de l'Empereur. En l’espace d’un instant, toutes les frustrations s’évaporent sous les effluves de l’alcool, elles lui font même caresser le doux fantasme que tout ce qu’il touche se transforme en or.

Cela fait des années déjà qu’Orson travaille avec son plus intime ami et camarade de Brentaal IV : Galen Erso. Après maintes tentatives, Orson se félicite d’avoir convaincu, ou plutôt manœuvré, pour que son collègue rejoigne le projet ultime de sa vie. Il porte actuellement le nom de « Celestial Power », mais se fera connaître dans quelques années sous le nom de « Death Star ». Galen Erso a toujours été un idéaliste, ce que Krennic partage ardemment, ce sont même leurs nobles idéaux qui les ont rapprochés au début de leur relation sur Brentaal IV. Il y a toutefois une grande différence dans l’expression de leurs idéaux, c’est que Galen est pacifiste, tandis que Krennic est arriviste. Orson Krennic est même pire que cela, il est prêt à tous les sacrifices afin de parvenir à ses fins, quitte à raser des systèmes entiers et des planètes sous les lasers aveuglants d’une super-arme de destruction massive. Orson s’amuse à faire tourner le contenu de son verre dans le sens des aiguilles d’une montre, tout en repensant aux habiles stratagèmes qu’il a mis en place pour s’attirer la confiance de Galen. Il est parvenu à l’induire en erreur sur les véritables intentions de l’Empereur Palpatine au sujet du projet, ainsi que des siennes, qu’il a dissimulées sous une couche de mièvreries. Il se remémore même ses tournures de phrases, fort d’un pouvoir de persuasion et de magnétisme sans nom. Il a affirmé à corps et à cris que le projet « Celestial Power » représente le rêve de l’Empereur de reconstruire une galaxie dévastée, en apportant une énergie presque illimitée, afin de réduire la pauvreté et d’aider les mondes en développement, au lendemain de la Guerre des Clones. Quelles conneries, lorsqu’il y repense un peu plus sérieusement. Orson se félicite encore une fois de ses talents de manipulation et de charme. Si tout fonctionne pour le mieux, que ce soit pour l’avancée du projet ou dans sa relation avec Galen, qui lui voue une confiance aveugle, alors pourquoi cette mine sinistre, un soir de célébration ? Orson soupire en portant son verre à ses lèvres, maugréant contre les officiers impériaux qui ont eu l’idée de vanter ses mérites à l’oreille de Galen. Ce qu’il s’est passé sur Malpaz est tragique. Ces imbéciles ont propagé par inadvertance des rumeurs laissant sous-entendre que cela n’a jamais été le fruit d’une attaque des rebelles. Comment se dépatouiller après cela ? Krennic est responsable de la destruction du centre de recherches sur Malpaz, de ces explosions titanesques, conséquences d’une batterie de tests du super laser de la Death Star.

Galen doit continuer à être dans l’ignorance de la finalité de leur projet commun, sous peine de perdre les deux choses les plus importantes de sa vie : son projet et… son meilleur ami. Son meilleur ami. Orson cligne plusieurs fois des yeux en répétant cette phrase comme une cruelle ritournelle dans un coin de sa tête. Son meilleur ami. Cette phrase sonne étrangement fausse à ses oreilles, et il ignore si c’est à cause de son troisième verre d’alcool, mais quelque chose le perturbe profondément. Il creuse, il dégaine des trésors de concentration pour en comprendre la raison, il n’y a rien de cartésien qui s’impose à lui, ce qui flotte dans son esprit est plein d’émotions et de sentiments faibles. Galen Erso est son ami. Point à la ligne. Orson acquiesce à ses propres pensées d’un hochement de tête affirmatif, tout en terminant d’une traite son verre, avant d’agripper le comptoir. Il plante alors ses beaux yeux vides de toute expression vers le droide servant de barman, et murmure d’une voix rauque et autoritaire : « Encore. »

Pendant que le droide barman s’exécute, il garde la main en l’air, dans l’attente qu’on lui rende son verre. Orson en profite pour jeter pour la vingtième fois, depuis une heure, un coup d’œil furtif vers les portes d’entrée, en espérant apercevoir une silhouette familière. Cela fait un nombre incalculable de soirs et d’heures qu’il espère tomber en tête à tête avec cette personne, en-dehors de leurs heures de travail. Krennic dévisage les portes de manière compulsive, en se maudissant de ne pas être doué de capacités magiques lui permettant de faire apparaître l’objet de ses tourments. Ses yeux clignent plusieurs fois en voulant détailler le design des murs, mais sa vue se trouble légèrement à cause de la fatigue et de l’alcool qui lui monte au cerveau. Il imagine voir apparaître la silhouette de quelqu’un, en se demandant ce qu'il ressentirait, s’il le voyait enfin… Personne ne vient, malgré la force de son esprit, cela ne le fait pas venir à lui. Il ne viendra pas. Il ne viendra jamais, pour quoi faire, ce n’est pas son genre d’errer seul dans cet endroit, à moins de rechercher quelqu’un en particulier. Le cœur d’Orson se contracte en pensant que ce soit pour lui… que ce soit lui qu’il vienne chercher, avant de se réveiller brutalement, en laissant une terre glacée à la place de ce volcan d’émotions. Non, il fait fausse route, encore une fois. Orson soupire, une pointe de déception dans son souffle met en lumière ses intentions. Et puis… finalement, des bruits de pas résonnèrent dans le couloir adjacent. Krennic plisse alors ses yeux afin de distinguer de manière claire cette ombre qui se dessine dans l’embrasure de la porte. Et voilà qu’enfin, cette personne fait son apparition. Sa personne. Galen Erso. Maintenant qu’il vient de capter son attention, Orson sent les battements de son cœur s’accélérer dangereusement. Il guette chacune de ses réactions, comme un guépard à l’affût de sa proie. Krennic se redresse spontanément afin de faire bonne figure, et porte une gorgée de son verre à ses lèvres. Un sourire furtif se niche à la commissure de ses lèvres, ce qu’il essaie de dissimuler en se noyant dans son verre. Il goûte pour la quatrième fois à la saveur ambrée de son breuvage. Cette situation le rend étrangement nerveux et assoiffé, mais ce qu’il ignore encore, c’est que cette soif est impossible à satisfaire, à moins de sauter dans le grand bain en gardant les yeux fermés.

« Galen. » murmure-t-il en l’accueillant avec un rictus, loin d'être suffisamment représentatif de la force des émotions comprimées en lui. Orson sent que son cœur manque d'exploser en découvrant son ami sur le pas de la porte du bar du Destroyer, laissant libre court à des émotions très contrastées. Il murmure un mot. Un prénom. Le sien. Galen. Galen Erso. Galen est l’être le plus brillant qu’il connaisse dans toute la galaxie, en plus d’être également celui qui accapare son esprit de manière obsessionnelle. Orson Krennic est soulagé. L'infâme Krennic est même comblé, quelqu'un au monde est finalement capable de réaliser ce miracle. Son visage se déride instantanément, et tout l'aspect sinistre et livide de ces dernières heures s'évapore enfin pour laisser place à une certaine sérénité. Une étrange lueur traverse ses deux orbes glacés, alors qu'il se met à analyser l'expression sur le visage de son ami avec un soin méticuleux. Il constate que ses lèvres tremblent en voulant s’étirer pour offrir à son ami un sourire béat. Orson est habitué à réprimer la force de ses émois, tout est dans le contrôle de ses pulsions ou de ses émotions. Il s'est toujours efforcé de camoufler les émotions les plus positives enfouies en lui, en préférant exposer à tout va l'ampleur de ses colères, de ses caprices et de ses déviances. Les sentiments sont une faiblesse, ils l’ont toujours été pour Orson Krennic, et ils causeront un jour ou l’autre sa perte. « Encore debout ? » ironise-t-il, alors que lui-même souffre d'insomnies sévères. Orson essaie de faire la conversation en supposant que Galen vient de sortir le nez de ses recherches. Ils bloquent tous les deux sur une partie spécifique du projet depuis quinze jours. Galen s'acharne avec sérieux, mais Krennic espère trouver l'inspiration en noyant son esprit ; exactement comme au bon vieux temps de Brentaal IV. Malgré certaines de ses frivolités ou attitudes fantasques, Orson est quelqu'un de particulièrement brillant. Son génie est inné. Il a pour habitude de prendre les choses pour acquises depuis toujours. Presque toutes, du moins.

“just tonight, i will stay and well throw it all away, when the light hits your eyes, it’s telling me i’m right, and if, i am through, then it’s all because of you. do you understand who i am, do you wanna know.  can you really see through me, now i have got to go. just tonight, i won’t leave, i’ll lie and you’ll believe. just tonight, i will see that it’s all because of me.” (just tonight ▵ the pretty reckless)




Voir Galen Erso faire une apparition dans l’embrasure de la porte, après cette attente interminable est comme un magnifique arc-en-ciel qui vient après l’orage et la pluie. C’est même quelque chose de miraculeux, d’inattendu. Galen Erso représente à lui seul toutes les caractéristiques de la force majeure. Dans les pensées d’Orson, cette présence est presque trop surnaturelle pour lui. Cela fait longtemps qu’il espère passer une soirée en sa compagnie, deux hommes dans un bar à discuter de tout et de rien, à l’exception du travail qui stagne péniblement. Une soirée sans parler du travail, de la vie de couple ou familiale de Galen, juste pour parler d’eux. De leur futur commun dans l’Empire. De leur avenir… Comment parler d’avenir lorsqu’on sait que l’implication de Galen dans le projet n’est dû qu’à un vulgaire tissu de mensonges ? Krennic ne sait même ce qu’il adviendra lorsque la vérité éclatera. Orson fera en tout cas ce qui est en son pouvoir pour dissimuler la vérité, afin de garder Galen près de lui, dans son sillage, pour la fin des temps. Krennic n’a jamais été aussi heureux qu’en compagnie de Galen. Un portrait d’une grande perfection se dresse dans ses pensées. Idyllique mais désiré avec tellement d’ardeur. Orson et Galen, pour toujours. Sans Lyra, sans l’enfant. Juste eux. C’est ainsi que les choses doivent se passer selon lui. Orson est bien trop possessif et égoïste pour vouloir le partager, même si cela se fait contre son gré.

Malgré les absences de Galen, il espère croiser son visage en-dehors de leurs heures de travail, d’autant plus que leurs recherches collaboratives demeurent toujours infructueuses. Tant de raisons en faveur de l’alcool, non pour célébrer, mais bien pour oublier. Rien qu’un soir. En semaine, en congé, en week-end. Bien que les chercheurs qu’ils sont tous les deux n'ont jamais de temps pour mettre de côté leurs travaux. Ils n’ont pas le temps de dire pause. Ce sont deux bourreaux de travail, et c’est pour cette raison qu’ils s’entendent aussi bien. Ils sont presque faits l’un pour l’autre. Un seul obstacle demeure toutefois. Toujours le même. Lyra. Il n’existe personne au monde que Krennic déteste autant qu’elle ; elle qui essaie toujours d’éloigner Galen de lui, de le rappeler à ses obligations et ses responsabilités familiales. Orson se place toujours comme le bon ami, celui avec qui on décompresse, celui qui écoute et qui conseille sans émettre le moindre jugement, l’exacte inverse de Lyra. Orson séduit Galen par ses promesses sur la comète, profitant des faiblesses qu’il connaît de lui depuis leurs jeunes années à Brentaal IV. Galen est un idéaliste. Un pacifiste né. Orson est également un idéaliste, mais sa version de l’idéal pour la galaxie est beaucoup moins… paisible et honnête. Selon Krennic, même s’il s’agit de quelque chose qu’il n’avouera jamais de vive voix, la paix doit s’obtenir au prix du sang versé, de périlleuses batailles, d’une arme de contrainte militaire et politique comme ce qu’ils sont en train de construire pour l’Empereur. Galen se laisse séduire depuis des années, ce qu’il ignore c’est que le voile qui entoure la personnalité de Krennic est semblable à la tombe qu’il est lui-même en train de creuser. Krennic change son intelligence en arme. Lyra le sait, c’est même pourquoi elle représente une menace pour ses objectifs. Orson a des plans pour elle, qu’il déroulera insidieusement, sans éveiller les soupçons.

La paix galactique n’attend pas, comme Orson aime s’écouter dire avec convictions. Orson éprouve même un plaisir malsain à monologuer sur les objectifs pacifistes de l’Empereur ou des siens. Des mensonges, toujours plus de mensonges pour convaincre son ami de toujours, pour le noyer dans ses belles-paroles, dans ses sourires charmants, dans ses clins d’œil complices, dans ses tentatives de rapprochement amicaux, bien qu’ils soient biaisés par la nature de ses sentiments. Krennic est conscient que ce qu’il espère depuis des semaines est injuste pour son meilleur ami. C’est injuste de vouloir accaparer les pensées de Galen, alors qu’il possède une famille aimante, qui l’attend et qui s’inquiète de certaines de ses fréquentations. Galen Erso n’est pas aussi seul qu’Orson. Contrairement à lui, Galen a une femme et une enfant. Une enfant… Ce mot est pensé avec mépris et s’exprime avec une moue de dégoût. Une enfant. Galen a une vie. Galen n’est pas aussi obsédé par son travail qu’Orson l’est par le sien. Galen ne se dévoue pas encore corps et âme pour la cause qu’ils ont maintenant en commun. Krennic est égoïste, ses pensées sont égoïstes. Krennic est conscient de cet état de fait, mais s’en moque. Il n’obéit qu’à ses pulsions, lesquelles le conduisent à s’attacher la loyauté de Galen.

Orson serait aux pires bassesses afin que Galen n’ait de loyauté que la sienne, à n’importe quel prix, quitte à ce que sa vie de famille se brise en mille éclats sous l’impulsion de ses caprices infantiles. Ce besoin des criant de passion, c’est un besoin viscéral, comme de respirer ou de manger. Galen doit s’attacher à lui. Galen doit voir selon ses yeux. Galen doit vivre au rythme des battements de son cœur. Galen doit confier sa loyauté à une seule personne au monde, et ce n’est ni sa femme, ni son enfant, et encore moins l’Empire. Cette personne, c’est lui-même. Lyra est dans le vrai depuis le premier jour où elle a croisé la route de l’architecte, elle est également dans le vrai lorsqu’elle tente d’anticiper les réactions psychotiques et les déviances de Krennic. Un ami qui oublie toujours le doux prénom de sa fille. Quel ami au monde est capable d’un tel manque de considération pour la vie de l’autre ? Qui, osant se positionner comme meilleur ami, est capable d’oublier les personnes les plus importantes dans la vie de ce dernier ? Toutes ces choses ne sont pas importantes aux yeux de l’architecte, ce ne sont que des détails insignifiants qu’il aspire à balayer de sa cape immaculée. Orson Krennic est un monstre d’égoïsme. Un monstre se dissimulant dans l’ombre, comme un parasite, aspirant toute la sève intellectuelle de son meilleur ami, dans le but de servir les intérêts de l’Empire en élaborant à son insu une arme de destruction massive. Un monstre utilisant l’intelligence de son meilleur ami pour servir ses propres intérêts, sa folie des grandeurs, ses aspirations, notamment ce besoin viscéral d’être là, partout, toujours en première position. En tête de file, devant le cortège, acclamé et envié par les personnalités de l’Empire. Orson Krennic ne considère pas de manière noble les secondes places, c’est la première qui enflamme son palpitant et souffle sur les braises encore chaudes de ses ambitions démesurées.

Krennic est fatigué de ces soirées accoudées au bar de l’un des croiseurs galactiques, à la fin de journées faites d’esquisses, de calculs et de recherches, sans jamais voir le bout du super-projet de station mobile. Ces travaux infructueux ruinent toute la bonne énergie et la gentillesse dont Krennic est capable. D’humeur massacrante, tous ces facteurs le poussent inévitablement à la consommation d’alcool. Un verre, un deuxième, un troisième, un quatrième, et certains soirs lorsque Galen ne vient toujours pas, Orson pousse jusqu’au cinquième, avant que le droïde barman vienne lui dire d’aller s’allonger dans ses appartements, au lieu de déblatérer des idées noires et des délires fantasques. Et s’ils échouaient ? Que dire des attentes très élevées d’Orson Krennic de ce super-projet ? C’est lui, après tout, qui leur a fait miroiter tant de puissance de tir, de précision, de diamètre, de pouvoir de dévastation et de contrainte, à la fois militaire et politique. C’est lui seul, sous sa propre influence et de son propre chef, qui leur a chanté des merveilles, tel un vieux barde venant jouer aux oreilles des monarques. Orson réalise maintenant, après une introspection riche en réflexions scientifiques, qu’il s’agit peut-être bien… d’une erreur. Orson paie maintenant le prix fort pour s’être montré aussi ambitieux ; le poids de ses aspirations est de plus en plus lourd à porter. Comme Héraclès et ses douze travaux, le voilà dépassé par les conflits de son propre égo. Orson sent que ses ambitions commencent à l’asphyxier au point que l’alcool devient alors son refuge, elles le font trembler, elles lui font prendre conscience pour la première fois de sa vulnérabilité. Krennic est juste un homme, contrairement à tout ce qu’il s’est imaginé, ce n'est pas quelqu’un d’invincible, qui n’échoue jamais, c’est même impossible. C’est évident pour tout être en ce bas monde, mais cela ne l’est pas pour l’intéressé, qui s’est longtemps reposé sur son pouvoir de séduction, ses acquis et ses compétences. Brandissant son expérience, sa science et sa culture à tout bout de champ en les pensant comme des armes pouvant ouvrir les portes du pouvoir et de la gloire. Krennic est de toutes les fêtes mondaines et militaires depuis Brentaal IV. Il aime être dans l’effervescence de ces réunions, c’est un homme charmant qui capte les foules comme des papillons de nuit en face d’une lumière fluorescente. Krennic est attirant, par son verbe, ses manières ou son élégance vestimentaire et comportementale. C’est un homme qui a bien compris qu’en matière de manipulation politique, il faut revêtir ses meilleurs atours, mais surtout mentir n'importe où et à n’importe qui. Mentir jusqu’à l’aveuglément, jusqu’à se convaincre soi-même de la véracité de ses propres utopies. Orson s’est laissé prendre au piège depuis des années, croyant en certains de ses idéaux qu’il considère avoir gravé dans le marbre.

Orson est fébrile à l’idée de se confronter aux visages de ses supérieurs, de lire de la déception et du mépris dans le fond de leurs prunelles glacées. Il réalise même que cette apparente fébrilité l’attire inévitablement entre les murs de n’importe quel bar pour consommer n’importe quel type d’alcool, tant que ces courtes pauses lui offrent du répit, loin des personnes qui ont investis dans sa force de caractère et sa capacité monstrueuse de travail. Cette pression l’étouffe au fil des semaines, la peur persistante de rendre des comptes devant toutes les hautes figures de l’Empire est dévastatrice pour sa santé mentale. Orson Krennic affirme qu’il n’a peur de rien et de personne, mais c’est encore une fois, l’un de ses précieux mensonges. Ces gens-là sont lassés et impatients de découvrir l’ampleur des promesses de Krennic. C’est alors comme un étau qui se referme progressivement sur lui, qui lui intime de monter la cadence, de ne pas se permettre le moindre faux-pas, sous peine de sauter de la hiérarchie impériale d’un instant à l’autre. Alors qu’il arrive enfin au bout, qu’il est même sur le point de se voir attribuer le rang de « directeur », tous ses efforts ne peuvent se voir balayés du revers de la noble main de l’Empereur. Orson ne peut se blâmer pour ces excès de zèle, en gardant en mémoire qu’il a toujours gravi les échelons avec une facilité déconcertante depuis Brentaal IV.

Je n’arrive pas à dormir. Orson hausse les sourcils, ce n’est guère surprenant, tous les deux butent sur un problème d’équation depuis quinze jours. Orson est toutefois persuadé qu’il y a une part de « personnel » dans les insomnies de Galen. Du moins, c’est ce qu’il espère. Une part de lui espère qu’entre Galen et Lyra, les choses tournent au vinaigre, afin qu’il puisse lui-même se positionner en héros chevaleresque, en ami compatissant et malsain. « Cette chère Lyra ? » demande-t-il sur un ton monotone, en essayant de prendre un air détaché, alors qu’il bouillonne intérieurement de curiosité malsaine. Un rictus se niche sur ses lèvres, tandis que les muscles de sa mâchoire se crispent. « Vous vous êtes encore disputés ? » Orson brûle d’envie de lui poser cette question. Il est même en train de prier les étoiles pour que la réponse soit positive. Avant même d’attendre que Galen lui confirme que Lyra est bien l’objet de ses tourments, Orson reprend : « Elle comprendra quand on aura apporté la paix. » Mensonges. La paix, vraiment, même lui n’y croit pas. Krennic s’amuse de ses mensonges, s’empêtrant dans ceux-ci, au point de ne plus pouvoir lever la tête hors de l’eau. Une part de lui est mal à l’aise. Ses mensonges l’excitent, tout comme ils l’angoissent. Galen est vraiment tout ce qui lui importe. S’il devait le perdre… Cette idée se bute dans les méandres de ses regrets et de ses remords. Sans tourner son visage dans sa direction, Orson se contente d’observer du coin de l’œil les faits et gestes de son ami. Lorsqu’il voit Galen commander le même poison que le sien au droïde-barman, les lèvres de Krennic se courbent en un mince sourire. Pas un sourire moqueur, malsain ou ironique. Un sourire franc, vrai. Un sourire qui est réservé aux plus proches du commandant, seulement à Galen.

Toi non plus. Quelque chose te préoccupe ? Cette question détruit presque instantanément toute lueur malicieuse dans le fond de ses prunelles bleutées. Un voile traverse ses yeux, quelque chose d’indéchiffrable. Orson a l’impression de s’être pris une gifle. Cette question le renvoie à ses précédents tourments, comme si l’alcool ne suffisait plus à taire ces satanées voix dans sa tête. Orson ignore si c’est l’alcool ou le stress qui s’est accumulé ces dernières semaines ou bien un mélange des deux, mais quelque chose semble libérer ses pensées et dénouer les problématiques insoutenables qui emprisonnent ses capacités émotionnelles. Tout ce qui fait de lui un être humain, et non un bonimenteur sans pitié, explose enfin au grand jour. Orson exprime une vérité qu’il a comprimé profondément en lui depuis quelques mois, en la réduisant au silence comme les nuisibles qui gravitent autour de lui. Mais voilà que celle-ci échappe à toutes ses barrières et vient s’écraser entre ses lèvres sèches, comme une plainte lancinante et déchirante : « Je me sens étouffé. » dit-il d’une voix rauque et faible, presque inaudible pour quiconque, sauf pour Galen. Il n’y a toujours eu que Galen. Personne au monde n’est aussi proche de lui que Galen. Orson n’a jamais laissé entrer personne d’autre dans sa vie depuis Brentaal IV. Tout ce qu’il a toujours fait, c’était pour Galen. Lyra aime poser cette éternelle question : pourquoi ? Elle pose les bonnes questions, mais sous quel angle ? Au fond, que sait-elle des tourments qui se livrent en lui, que sait-elle de cette sensation d’écrasement qui survient à chaque fois qu’il les voit ensemble, filant le parfait amour, tandis que lui, demeure dans l’ombre de leur vie idyllique. Que sait-elle de ces pincements au cœur, de ces pulsions qu’il refoule dignement, de ces douleurs qui lui rappellent à quel point ce n’est qu’un être humain : faible et médiocre. Une vision d’horreur, une vision qui est toutefois la sienne sous les yeux de Galen. Orson a la gorge nouée, anormalement sèche.

Après un court moment de silence à faire tournoyer les dernières gouttes de sa liqueur ambrée dans le fond de son verre, Sa gestuelle démontre une certaine violence, lorsqu’il repose un peu durement le verre sur le vernis du comptoir, sans se soucier de laisser des traces. Ce qu’il vient de dire, ce sont des mots qu’il a longtemps considérés comme inavouables, ces mots déclenchent éveillent en lui un sentiment de honte. Orson se sent pétrifié par ce qui vient tout juste de s’échapper de ses lèvres, par ces bouffées de chaleur et d’angoisse qui remontent le long de sa colonne vertébrale jusqu’à sa nuque, qui embrasent son corps jusqu’au plus profond de sa chair. Une voix en lui est en colère, elle refuse de le laisser extérioriser tant d’amertume et de conflits intérieurs. Orson n’est pas à l’aise avec lui-même, ces peurs sont bien réelles, mais elles sont les siennes. Elles lui appartiennent et elles n’ont pas à être partagées avec quiconque. Que penserait Galen de le savoir aussi… faible ? Ce sont des douleurs qu’il parvient en temps normal, non alcoolisé, à réprimer et enfouir profondément, même à son meilleur ami. L’image qu’Orson reflète à Galen au quotidien est celle d’un homme plein d’assurance, confiant en son avenir et en ses projets. Une image parfaite, une réputation sans failles. Sur le chemin du pouvoir, il ne peut y avoir d’erreur ou d’hésitations, de dilemmes moraux, de cas de conscience. Krennic arbore volontairement une face de sa personnalité qui est extrêmement dure et froide. C’est l’image qu’il souhaite donner aux mondes, à la galaxie toute entière. « Je dois être irréprochable. On attend beaucoup de nous, les échecs ne sont pas envisageables. Je n’échouerais pas et toi non plus. » dit-il simplement. C’est comme ça que je me suis fait. « Tu ne me trahiras jamais, Galen. Tu es le seul en qui je place tous mes espoirs. J’ai confiance en toi, plus que n’importe qui. Tu me connais très bien, depuis toutes ces années, Galen. Tu sais que je n’accorde pas ma confiance facilement, et encore moins à quelqu’un que je n’estime pas capable de réaliser de grandes choses. » Ses lèvres s’allongent en un sourire, qu’il est difficile d’interpréter comme un sourire cynique ou triste. Tout ce qui sort de sa bouche est sincère, il ne s’agit pas de tentatives d’édulcorer la réalité. C’est surprenant en le connaissant. Krennic est incroyablement doué pour envelopper les vérités dans de magnifiques mensonges. Ses vérités sont toujours époustouflantes, comme des récits chevaleresques remplis de force et de passion. On a bien envie de se noyer dans ces dernières, on en a même envie de se noyer dans le bleu océan de ses pupilles, lorsqu’elles brillent avec une fausse sincérité. Orson Krennic est un charmeur né. Mais cette fois-ci, les masques sont tombés, il n’essaie pas de charmer Galen Erso.

Orson lève ses yeux glaciers sur ceux de son ami de toujours, son éternel soutien, son serviteur le plus loyal, son plus honteux et vilain secret, son amour inavoué. Orson porte à ses lèvres ce qu’il reste de son verre en espérant oublier par anticipation ce qu’il s’apprête à dire, il termine d’une traite les dernières gouttes d’alcool. Un geste machinal, sans même avoir y penser, représentant même la fuite de ses responsabilités. Orson n’est pas un homme lâche, il a pour habitude de se confronter aux difficultés, mais lorsque les sentiments sont trop oppressants, il préfère les fuir sous peine de se laisser embarquer dans un gouffre sans fond. Orson refuse de se noyer dans quelque chose qui dépasse l’entendement. Il refuse de se noyer dans ses sentiments, faibles et ridicules, qu’il éprouve pour l’impensable. Il refuse et il s’abandonne quand même au tumulte qui se joue en lui, l’alcool aidant à débrider ses passions, mais ne l’aideront sûrement pas à passer une meilleure nuit. « J’ai besoin de toi. » avoua-t-il finalement, en détachant ses syllabes avec soin, avant d’intensifier son regard. S’ensuit un rire, léger et cristallin, mais celui-ci revêt l’apparence de l’amertume, avec de la douleur en arrière-fond. J’ai besoin de toi. Dans quel sens ? Orson devine très bien l’incongruité de son ami, lui qui est si cartésien, ne comprendra pas le double sens de cette phrase, et c’est ce qui le sauvera de la honte. Galen l’assimilera à une volonté d’Orson de le voir s’impliquer davantage dans leurs projets, mais ce n’est pas que cela. Orson ne désire pas seulement sa loyauté totale, corps et âme, à la réussite de leurs projets ou à ses aspirations professionnelles. Ce que Krennic désire avec autant d’ardeur est encore plus déchirant. Il s’esclaffe doucement en réalisant avoir mis des mots sur ce qui enserre douloureusement son cœur depuis très longtemps. Sûrement depuis le mariage de Galen et de Lyra. « Je peux compter sur toi. » Orson ne le demande pas, il ne fait que l’affirmer. Nul doute ne subsiste en lui quant aux intentions sincères de Galen. Il est persuadé d’avoir déjà sa loyauté. Galen travaille sans relâche jour et nuit pour la réalisation du projet. Galen passe ses journées avec Orson plutôt qu’avec sa propre famille. Cette loyauté existe belle et bien. Elle n’est juste pas encore totale et absolue, c’est ce qui le remue douloureusement, Galen n'est pas complètement à lui. Galen Erso doit être et seulement à lui. « Tu es toujours ailleurs. Je te sens ailleurs en ce moment. » reproche-t-il, se comprenant lui-même. Orson vise encore et toujours Lyra. La force de son animosité est dévastatrice, non seulement en raison de leurs désaccords et méfiances, mais par ce sentiment de jalousie qui le fait vriller à chaque fois qu’il se confronte à elle. « Tu n’appartiens pas complètement au projet. » Encore un sous-entendu de sa part, un aveu déguisé pour lui reprocher de ne pas être sien.

Orson caresse distraitement les bords de son verre élégamment sculpté, en écoutant les propos de Galen d’une oreille attentive. Il donne l’air d’être momentanément ailleurs, mais ce n’est qu’une vague impression. Krennic est toujours concentré sur cette discussion. Il est comme un vautour lorgnant sur les carcasses, sur le point de passer de vie à trépas, les achevant d’un coup de griffe pour se délecter de leurs souffrances jusqu’à satiété. L’instant est unique, l’impérial est convaincu qu’ils sont destinés à faire des choses fabuleuses ensemble. Orson l’a toujours su au fond de lui. C’est pourquoi il lui a accordé sa confiance à Brentaal, c’est encore pour cela que personne ne peut briser le lien profond qui les unis. Sauf elle. Lyra Erso est comme une épine dans le pied de Krennic. Ses rêves sont parfois faits d’image macabres, guidés par l’ampleur de son obsession pour Galen. Chacun d’entre eux commence avec cette même entrée en matière. Lyra est allongée sur le sol, baignant dans son propre sang couleur rouge vin, la peau glacée et les yeux fermés. Une beauté morte. Orson Krennic fantasme sur son corps mort, rêvant même de l’étrangler de ses mains ou de la tuer d’un coup de son vieux blaster. Orson semble y réfléchir sérieusement, en faisant tournoyer sa liqueur ambrée d’une main. Il y pense tellement qu’il ne distingue plus les bruits mécaniques du droïde barman en train d’agiter derrière son comptoir. Ses lèvres se pincent dans une moue et son regard se fait perçant, des éclairs brillent dans ses pupilles. Il pourrait…  Oui, bien évidemment qu’il pourrait très bien régler ce problème, mais Galen ne le lui pardonnerait jamais. Ce serait si simple, ce serait si évident même. Un accident. Tragique. Un accident est vite arrivé en temps de guerre, et toutes les excuses pour justifier de cette terrible perte sont nombreuses. Orson imagine déjà comment manipuler Galen afin d’absoudre ses péchés. Ses pensées sont agitées, insufflant en lui l’espoir de se débarrasser d’une qui cause son désespoir. Plus les secondes passent, et plus Orson réalise surtout qu’il ne tient pas à se salir les mains. Selon lui, ce serait donner une importance qu’elle ne mérite pas d’avoir. Loin d’être dupe, l’impérial sait que l’objectif de Lyra Erso est d’éloigner Galen de lui, notamment en le faisant remettre en question la nature de ses projets. Elle veut pousser Galen à ouvrir les yeux sur la personnalité égoïste et tyrannique de son meilleur ami. Orson Krennic est bien un putain de pervers narcissique, mais il n’en reste pas moins une personne brillante. Lyra insulte ses capacités intellectuelles en se confrontant à lui aussi impunément et régulièrement. Elle essaie de le conduire à commettre une petite erreur qui lui sera fatale. Orson est encore plus ingénieux qu’elle, ce n’est pas sur des soupçons que la confiance de Galen à son égard s’entachera. Galen est un homme dévoué, Galen croit au bien-fondé des paroles de Krennic, alors que ce dernier ne fait que jeter de la poudre de perlimpinpin depuis des mois. Orson pourrait la tuer, d’un claquement de doigt, d’un simple ordre. Il supervise le projet « Celestial Power » après tout, il est légitime pour ordonner une mission de ce genre aux officiers sous son commandement. Cette pensée hante son esprit brillant, elle le fait mettre un genou au sol devant l’impossible : Lyra possède quelque chose qu’il convoite. Quelqu’un. A mesure que leurs échanges progressent, Orson remarque que Galen commande un autre verre. Galen ne tient pas aussi bien l’alcool, quoiqu’au vu du nombre de verres ingurgité depuis le début de la soirée, les deux amis seront probablement à armes égales. Il constate même que cette attitude est la preuve des tourments du scientifique. Lyra lui en fait voir sûrement de toutes les couleurs. Orson veut croire en ce mariage qui bat de l’aile, il se raccroche même à ce doux fantasme comme à l’air qu’il respire. Chaque dispute, chaque réflexion est comme une bouffée d’oxygène qu’il aspire à pleins poumons. Krennic s’abreuve des malheurs conjugaux de son ami, se nourrit de son désespoir de ne pas être épaulé par sa femme. Orson aime lui rappeler à chaque fois qu’il est le seul et unique à réellement comprendre l’inventeur. Galen n'a pas besoin de lui confirmer que la source de ses angoisses porte le doux prénom de Lyra. Il est capable de lire dans les yeux de son meilleur ami, et dans l’ambiguïté de ces non-dits, il se contente d’une intuition prononcée pour se forger un avis. Il eut alors un sourire narquois, les rides autour de sa bouche se tirant vers le haut, ses yeux bleus pétillant d'amusement. Quel plaisir d’être celui qui le console. Quel plaisir d’être celui qui entend ses confidences. Orson n’hésite pas à se jeter sur cette très belle chance. Krennic vise toujours et encore la première place. Il est heureux, d’un côté, d’avoir eu raison concernant Lyra. Si heureux, qu’il ne cherche même pas à dissimuler le rayonnement qui enveloppe son visage. « Tu ne peux affirmer que tu me fais confiance (…). » Lorsque Galen se met à répondre, Orson dévore ses mots avec gourmandise. Quelque chose se fissure dans sa logique imparable. Galen pointe là une contradiction, qu’Orson ne peut nier avec autant d’obstination. Il s’est exprimé quelques minutes plus tôt avec une once de désespoir dans la voix, un timbre lent et peiné, une fracture dans son âme. Une faiblesse qu’il a confiée entre les mains de Galen. « (…) que tu sais que tu peux compter sur moi, pour l’instant d’après, me reprocher de ne pas être assez dévoué au projet (…). » Et… cette faiblesse se retourne contre lui, cruellement mais insidieusement. Orson bredouille quelques mots incompréhensibles, alors qu’il ordonne d’un coup d’œil au droïde barman de remplir son verre. Krennic a cessé de compter ses verres depuis une heure. « De ne pas t’être assez dévoué » Galen a raison. C’était un reproche déguisé. Krennic est familier des techniques de langue de bois quand ses émotions brûlent dangereusement au fond de lui. « Oh, Galen, je t’en prie. Toujours aussi direct… » soupire-t-il lascivement en souriant. Une dévotion parfaite, pure et exceptionnelle. Orson est étrangement excité par cette éventualité. Son cœur se serre dans sa poitrine, Orson constate même que son rythme s’accélère. Son cœur bat tellement fort, les vibrations produites deviennent comme une ambiance de fond et accentuent la dureté de leur conversation. « Qu’est-ce que tu attendrais de moi ? » Une phrase lourde de significations pour Orson Krennic. « Je pense que… » lâche-t-il, avant de s’interrompre, en réalisant que Galen a besoin de s’exprimer sur le fond du problème. Pour une fois, Orson respecte cet élan. Dans un faible grognement, le commandant s’enfonce dans son siège, avec son précieux verre d’alcool dans la paume de sa main. De temps à autres, Orson porte une gorgée de cette liqueur foncée en bouche. Autour de lui, le silence se fit. Krennic a l’impression de n’entendre que les battements frénétiques et irréguliers de son propre cœur. Cette fameuse conversation est en train de se produire, sans qu’il ne cherche à la désamorcer. Orson a la sensation de voler en chute libre. Il se retrouve dans une situation compliquée qui met en évidence toutes ses fragilités. Ce qu’il peut détester être ainsi. Orson refuse d’être faible. En l’espace d’un instant, il en vient à détester Galen. Mais le détester de quoi ? D’exister ? D’être avec Lyra ? « Que je quitte Lyra ? Que j’abandonne Jyn ? » Quand le prénom de Lyra s’échappe de la bouche de son ami, Krennic renifle furieusement de contrariété. Même entendre son prénom le met dans tous ses états. Lyra, sa némésis, son épine. Il porte alors son verre à ses lèvres, sans un mot de plus, mais la force du geste est suffisamment parlante. Orson a envie de ricaner ouvertement mais se retient également, malgré tout le dégoût que cette phrase lui inspire. Krennic est un putain d’égoïste. Une réponse s’insinue dans son esprit. Une réponse terrible si Galen en avait connaissance. Une réponse affirmative. Oui. Oui, Galen. Quitte-les toutes. Tu es la meilleure version de toi-même seulement avec moi. Il a le regard vide pendant quelques secondes, il digère difficilement certaines informations. Krennic a envie de dévoiler toute l’ampleur de son égoïsme, mais se retient juste à temps. Galen n’a pas terminé de parler, alors il décide de l’écouter dans un silence religieux. Les mots de Galen l’aveuglent, à moins que ce ne soit l’alcool qui commence à parler. « Tu sais ce qu’elle m’a dit, tout à l’heure ? » Lorsqu’il se met à évoquer les reproches de Lyra, son sang ne fait plus qu’un tour dans ses veines. « Aaaah ! » exulta-t-il en prenant un air exagérément surpris d’apprendre que Lyra est responsable des insomnies de Galen. C’est évident, ce ne peut être qu’elle, mais Orson aime les démonstrations théâtrales. Une petite voix dans son esprit chuchote, méchamment : marié à une mégère, il n’y a rien de surprenant, même moi, j’en ferais des cauchemars le jour. « Laisse-moi deviner… Elle te reproche tes heures au laboratoire ou bien ta dévotion dans le projet qui t’éloigne d’elle ? » grommèle-t-il en expirant l’air qu’il avait bloqué dans ses poumons, excité par cette révélation imminente. Orson roule les yeux au ciel machinalement, les rides de son front s’étirèrent lorsque son visage se mua grossièrement en une grimace. Krennic se redresse pour être plus confortable, lorsque Galen se met à lui confier ses maux. Il est si intéressé par lui qu’il en ignore le bruit mécanique du droïde barman qui circule ici et là. Cette chose est indifférente à la teneur de leurs échanges, tant mieux pour Krennic. « Lyra… » soupire-t-il durement. Krennic se comporte d’une manière trop dramatique pour simuler correctement une entente réciproque. Dans sa tête, ce ‘Lyra’ sonne comme une insulte. Lorsqu’il prononça le prénom de la femme de Galen, une violente décharge électrique vint même parcourir sa colonne vertébrale. Son palpitant rata un battement, ce qui le fit hoqueter. Orson est excité comme une puce, impatient que Galen abreuve son moulin, le moulin de la haine et des reproches. Il essaie de contenir sa fébrilité, mais c’est difficile depuis qu’il a compris que Lyra avait commis une erreur en le fustigeant. « Même quand t’es avec nous, t’es avec lui. » En un éclair, tout se précipite en lui. Des pensées violentes, contradictoires, passionnelles. « Oh… » Krennic est surpris par cette phrase, elle le frappe de plein fouet. Loin de s’y être attendu, il inspire une profonde bouffée d’air pour calmer les battements qui menacent d’éclater ses tempes. « Je vois… » Orson est déstabilisé. Il s’était davantage attendu à une confidence, du genre, que Lyra reproche à Galen qu’il soit trop impliqué dans les projets de l’Empire. Ses yeux brillent d’une lueur indéchiffrable, son cerveau est en ébullition, de vieux fantasmes profondément enfouis refont surface. Orson est anormalement agité, encore plus qu’à l’accoutumée. « Elle se… trompe. » dit-il avec amertume, en préférant se noyer dans son verre plutôt que de divaguer sur des aspirations irréalisables. Krennic se sent à un point culminant dans leur relation. Un ultimatum, est-ce que ses mots ont vraiment l’air de l’être ? Probablement. Inconsciemment, ses véritables désirs prennent le pas sur sa raison scientifique. Orson est-il seulement quelqu’un de profondément cartésien ? C’est un idéaliste, autoritaire et égocentrique. Un despote entre les murs de ses centres de recherche. Tout le monde parle de lui, souvent en mal. Combien de fois a-t-il surpris des échanges peu glorieux sur son compte, sans sourciller. Krennic nous fait travailler des heures supplémentaires sur son dernier projet. Krennic a encore perdu son sang-froid aujourd’hui après le meeting en salle de communications. Krennic et ses colères… Une plaie ! On est qui pour lui, ses chiens ? Krennic a manqué de m’étrangler pour être arrivé en retard. Krennic ne connaît pas les jours de congés ou les heures libres quand il s’agit de nous, mais lui, il se permet de se saouler tous les soirs au bar de la station. Krennic est un putain de tyran. Orson Krennic ne s’est jamais offusqué, il aime être sur toutes les langues, que ce soit en bien ou en mal, tant que l’on parle de ses exploits. Il considère que les rumeurs et les reproches constituent le premier pas vers le panthéon de la gloire. Krennic intervient cependant toujours lorsque le prénom de Galen est mentionné. Krennic et Erso… Galen Erso est le seul qu’il respecte. Galen a des passe-droits. Un vieil instinct de jeunesse, Krennic a vu rouge. Il se souvient même de toutes les fois où il a incendié ses hommes pendant une vingtaine de minutes, jouissant du plaisir malsain de lire leurs mines embarrassées et terrifiées. Qu’on parle mal de lui est un fait qu’il accepte volontiers, mais pas que l’on manque de respect à son unique ami. « Et elle a raison. » Quatre mots, treize lettres. Quatre mots et treize lettres qui fustigent comme les tirs aveuglants d’un blaster. Des aveux qu’il espère depuis plus de vingt ans. Ces quatre mots et ces treize lettres résonnent dans sa tête comme une plainte lancinante, un écho fantasque. Elle a raison… en réponse à son affirmation : même quand t’es avec nous, t’es avec lui… Galen Erso avoue être avec lui, alors qu’il est avec elles. Krennic brûle de poser une question précise, plus intime. « Dans quel sens ? » Spontané et direct. Tout à fait lui, particulièrement avec quelques coups en trop. Orson ne s’embête pas d’enjoliver ses mots, d’extrapoler ses questions. Il demande les choses simplement, en s’attendant à une réponse simple. Ces mots sonnent en lui comme une révélation sur la nature de ses sentiments. Galen n’est pas seulement son ami. Galen n’est pas que son meilleur ami. Galen est bien plus qu’un simple confrère. Galen est tout, absolument tout, dans la vie d’Orson Krennic, et jusqu’à son dernier souffle, il continuera à représenter son univers entier. « Je suis là. » Non, affirme-t-il avec force en lui coupant la parole. Intraitable. Il pose alors son verre sur le comptoir un peu trop durement. « Je suis constamment avec toi. » Encore une fois non. Orson n’en est pas convaincu.  Galen n’est pas constamment avec lui. Pas tout le temps. Pas à cent pour cent. Son esprit est ailleurs, partagé entre deux personnes, deux vies. Orson sent une fois encore son coeur se contracter dans un mélange de douleur et de plaisir. Il refuse de croiser le regard de Galen à ce moment, préférant lutter contre la gêne qu’il ressent envers ses propres désirs. « Oh… C’est donc ça. » Krennic murmure, en essayant de dramatiser encore plus. « Dis-moi… Tu penses à elle quand tu es avec moi ? » ironise-t-il. Ses propos sont tendancieux, et c’est exactement l’effet qu’il souhaite faire transparaître. Orson est comme un enfant, il a envie de tester Galen et voir jusqu’où il peut se permettre d’aller avant de se stopper. Alors qu’il fixe le comptoir avec intensité, des images de verre brisé se projettent dans son esprit. Toute la tension qui s’accumule se décharge lentement sur ce verre. A force de serrer, ses doigts forment de légères fissures, puis des crevasses. Krennic retient son énervement autant que possible, afin de ne pas exploser devant son ami. Un effort qu’il ne réalise avec personne d’autre. Galen le ravage, et il se sent impuissant pour l’une des rares fois de sa vie. Impuissant et désespéré. Tout comme le ton qu’il a emprunté. Plaintif. Orson repense à son état, il se trouve misérable. Après quelques secondes de déni, puis de tristesse, un nouveau voile traverse ses prunelles glacées. Un voile terrifiant, qui n’augure rien de bon. Rien de sain ou de raisonné. De la colère. Une émotion familière pour lui, presque aussi accueillante que le ventre d’une mère pour un nouveau-né. C’est la seule qu’il connaisse et qu’il estime réellement. Parce que la colère est incontrôlable, puissante et spectaculaire. Orson se plaît à la magnifier chaque jour que Dieu fait. Orson pense que derrière ces émotions agressives se cache une part de sagesse. Comme si Krennic était capable de raisonner ses ardeurs. C’est un impulsif, mentalement instable, fou de ses ambitions et de ses passions. Malgré ces années où il a essayé de museler son tempérament agressif, toutes ces années où il a espéré contrôler ses émotions… le pire de lui s’est toujours libéré de sa cage. Ses colères sont brûlantes, tonitruantes, alors que celles de Galen sont froides et amères. Un doux contraste qui conforte encore plus Orson dans son besoin viscéral de le garder près de lui. Orson est en colère, vraiment en colère. Contre lui-même, contre Galen, contre Lyra, contre cette enfant… Jyn. Orson est à deux doigts de vriller, ses doigts se resserrent contre son verre. Une pression douce. Galen le ruine de l’intérieur en mettant en exergue autant de contradictions, tous ses élans pathétiques d’affection. Galen l’a presque fait supplier pour un regard, un geste tendre de sa part. Un parti pris en sa faveur, contre sa femme et sa fille. Choisis-moi. Des mots qu’il convoite entendre de la bouche de Galen Erso. Qu’il le choisisse, au-delà de toute considération morale ou éthique, qu’il supplante enfin sa vie de famille. Que sa vie, ce soit avec lui qu’il souhaite la conduire, sous son sillage, son aura magnétique et ses belles-paroles. Je ne veux que son parti, sa dévotion. Orson persiste dans son déni, il est persuadé de ne vouloir qu’une loyauté professionnelle, mais la vérité est bien plus cruelle. Aime-moi. Deux mots qui s’imposent dans une infinie douleur. Galen le confronte sans le savoir à la violence de ses sentiments. Malgré cette révélation sur lui-même qui mériterait sans doute une profonde introspection, Krennic refuse de les accepter. Orson Krennic n’aime personne et encore moins Galen Erso. Surtout Galen Erso. L’architecte déploie des efforts surhumains pour ne pas exploser le verre qu’il tient entre ses mains. Il meurt pourtant d’envie de le balancer contre le mur d’en face, ou bien alors de le serrer tellement fort qu’il se brisera sous ses doigts. Ses émotions atteignent rapidement leur paroxysme, comme un couperet final, elles l’emportent dans les ténèbres. Son regard se met à s’assombrir mystérieusement, ses pupilles se dilatent au rythme lancinant des vagues produites par le mouvement répétitif, de va et viens, qu’il produit en faisant tournoyer la liqueur ambrée. « Qu’est-ce que je peux faire de plus ? » Krennic relève finalement la tête. Son regard observe un point fixe situé devant lui, à quelques mètres du droïde barman. Orson hésite à répondre ce qui lui vient spontanément à l’esprit : quelque chose d’interdit. Ses lèvres sont entrouvertes, ses mains tremblent légèrement. Orson entend des choses qui ne lui plaisent pas. Tout son être bouillonne d’une colère sourde et muette. Il se sent frappé par sa propre médiocrité. Galen appellerait cela du courage ou même de la bravoure, mais aux yeux d’Orson Krennic, ce n’est rien de plus que de la bêtise et un aveu criant de faiblesse. Il ne peut y avoir de faiblesse ou même d’échec chez Orson Krennic ; ce sont deux notions bannies de son vocabulaire. On n’atteint pas le sommet du haut commandement impérial en commettant des erreurs aussi bêtes que celles-ci. On l’atteint en se montrant cruel et sans pitié envers quiconque, quelque soient les élans de notre cœur. Ces mots vrillent toutes ses barrières mentales en déferlant en rafale, ces mots qui implorent d’être délivrés. Lorsque sa tête se tourne vers celle de Galen, il laisse transparaître quelque chose de frappant. Orson est dévasté par le poids de sa douleur, mais surtout par ces émotions qui sont férocement comprimées en son être. Celles-ci même qui hurlent, qui implorent d’être enfin verbalisées et exprimées dans leur forme la plus pure. Cela fait des années qu’il ne s’est pas senti aussi vulnérable devant quelqu’un. Orson se sent même suppliant, et il déteste le fait de l’être. Même devant Galen Erso. Surtout devant Galen Erso. « Et si je te demandais de choisir ? » murmure-t-il fébrilement avec une voix basse et douce. « Qu’est-ce que tu dirais ? » Sa voix est chaude, et pour une fois, elle rompt avec l’assurance qui fait la force de sa réputation. Cette voix est pleine de doutes, de fragilités. Son accent est plus marqué, parce qu’il a cessé d’y prêter attention. Orson a cessé de porter un masque. Comme faire attention à sa manière de parler ou se tenir, dans l’espoir de véhiculer l’image d’un officier impérial, originaire de l’aristocratie, ce qu’il n’est absolument pas. « Qui choisirais-tu entre Lyra et moi ? » répète-t-il en déglutissant avec difficulté, tant il est dépassé par cette surcharge d’émotions. Il fait mine d’avoir la gorge asséchée pour dissimuler sa peur grondante d’être repoussé. Comme si ce n’était pas déjà clair, Orson apporte la précision d’accoler le prénom de Lyra au sien. Lyra ou Orson. Orson ou Lyra. Il soupire bruyamment en réalisant l’absurdité de sa question. C’est stupide, aucun autre choix n’est possible. Galen est marié à Lyra, et ils ont un enfant ensemble. Sa loyauté se reportera toujours sur ses responsabilités. Orson sera toujours en seconde position. Une brève flamme scintille cependant au fond de lui, celle-là qui en un éclair est capable de s’embraser comme un feu de forêt.

C’est la première fois qu’il se retrouve dans une situation aussi délicate sentimentalement. Il a toujours pris soin d’éviter toute implication émotionnelle dans ses rapports, par crainte de perdre le contrôle ou que celles-ci le dévient de ses objectifs. Tout en caressant son verre en cristal, les mots de Galen Erso font écho à ces choses qu’il ne peut avoir. Cette douleur assourdissante éclate en lui comme un grain de maïs. Toutes ses barrières sont désormais mises à nu. Ce qu’il vient de sous-entendre est grave. Sa requête porte en elle toute son animosité envers Lyra et ses espoirs d’être la seule personne dans la vie de Galen. Orson est écrasé par le poids de ce silence de plomb. Jusqu’à ce que la voix de Galen ne le ramène à la réalité. « Tu ne peux pas me demander de faire un choix pareil. » C’était inévitable. Orson n’est finalement pas étonné, il est simplement blessé. Mais il n’en montre rien, il ne dit rien, il n’en a pas besoin. Ses yeux bleus expriment toute l’ampleur de sa déception. « Lyra est la mère de mon enfant. » Énième coup de poignard. Lyra est la femme de sa vie, Orson a compris. C’est toujours la même rengaine. Il déteste la sensation d’être inférieur à Lyra Erso. Un second choix, rien de plus. Orson méprise cela. Tous les pores de son corps transpirent de haine à son égard. Il exige d’être le premier choix de Galen. Ses lèvres se pincent dans une moue sévère, alors qu’il commence à grogner de mécontentement en terminant son cinquième ou sixième verre ? Il ne se souvient même plus. « Cela m’arrive (…) de me demander ce qui serait arrivé si je ne l’avais jamais rencontrée. » Brutalement, toute lueur de haine, de mépris, de colère s’évanouit comme un soufflé. Que vient-il de lui dire ? Orson met quelques secondes à émerger et décide d’interrompre ce qu’il est en train de faire. Il cesse de boire ou de jouer avec son verre. Il écoute attentivement son ami, en prenant soin de ne pas lui couper la parole. « Je suis capable d’imaginer ma vie sans elle (…). » Orson est écrasé par ses faiblesses. C’est qu’il en devient si prévisible. Les explications de Galen sont le fruit d’un excès d’alcool, mais elles expriment beaucoup de non-dits. Orson découvre alors un moyen d’accéder à ses fins. Il boit ses paroles comme un très bon vin, sans se lasser et toujours dans la demande. Une étrange tension est palpable dans l’air. Électrique. Toutes ses pensées rationnelles se fondent dans ses désirs les plus secrets. Les confidences de Galen font l’effet d’une véritable bombe. « (…) mais peu importe de quelle façon j’envisage mon existence, je… (…) » L’improbable est sur le point de se produire, Krennic n’est pas préparé aux mots qui vont suivre. Psychologiquement, il n’est vraiment pas prêt. Il est même incapable de penser correctement à cause de l’alcool circulant dans ses veines. Krennic n’a jamais été aussi vulnérable de toute sa vie comme maintenant. Cette vulnérabilité s’exprime dans sa forme la plus pure, sans voile mystérieux, sans mensonges déguisés en jolies vérités. Seulement la vérité pure à l’état brut, comme l’éclat du plus beau diamant de toute la galaxie. Son cœur, mis à nu et déposé entre les mains de Galen Erso. Tous ses mensonges, toutes ses pirouettes de déni, toutes ses manipulations et ses stratagèmes ne vont pas le sauver de la vérité de ses propres tourments affectifs. Ses sentiments pour Galen sont ce qu’il possède de plus cher et les seuls capables de le détruire comme le rayon laser de sa super-arme de destruction massive. En un coup. Un oneshot dévastateur. Orson Krennic n’est plus qu’un désert ardent devant Galen Erso. Des ruines misérables, suppliantes pour un geste d’affection ou une parole de sa part. Orson Krennic n’est suppliant devant personne d’autre. Galen est sa faiblesse. Choisis-moi. Est-ce si difficile à dire ? Non, ce n’est pas le plus dur. Ce qu’il doit assimiler, c’est la raison profonde de cet ultimatum. Cette faiblesse comprimée en lui depuis vingt ans. « (…) je n’arrive pas à imaginer ma vie sans toi. » Et voilà, on y est enfin. Galen tranche son âme comme la lame aiguisée d’un poignard. Ces aveux frappent son palpitant par surprise. Il croit être en plein songe pendant une courte fraction de seconde. Le ciel vient de lui tomber sur la tête. Orson manque de recracher le contenu de son verre, tant il est pris de court. Le sang tambourine dans ses tempes, si bien qu’il devient le seul et unique son perceptible. On viendrait lui asséner une gifle en pleine figure, cela aurait eu exactement le même effet. De l’air, Orson étouffe. Il repose durement son verre sur le comptoir, blanc comme un linge, tout en s’efforçant de contrôler ses émotions. Ce masque d’impassibilité est extrêmement difficile à conserver dans un état d’ébriété et de confusion émotionnelle. Orson ne fait qu’enchaîner les erreurs, trahissant ses émotions vertigineuses. Il vient ensuite écarter doucement le col de son uniforme pour respirer. Cette confidence inattendue a un effet incroyable sur lui, il s’étrangle presque avec cette liqueur qu’il ingurgite une fois encore. Orson lutte de toutes ses forces pour calmer les contractures de son cœur, les nœuds dans son estomac, ainsi que les tremblements de son corps. C’est la réponse. La réponse de sa vie, celle qu’il a attendu avec une grande fébrilité, sans toutefois imaginer un seul instant un pareil dénouement. Des feux d’artifices éclatent dans sa tête, ravageant tout ce qui lui reste de capacité de réflexion, pour laisser sur son visage une expression de béatitude complète. C’est comme le 14 juillet en lui. Il ne réalise pas, il pense même un instant que c’est une plaisanterie.

Orson dévisage son vieil ami avec un drôle d’air, mi-suspicieux et mi-réjouit. Cela le met étrangement en colère. Galen se moque-t-il de lui ? « Quand as-tu compris… » marmonne-t-il sombrement, se trahissant par inadvertance, en pensant que Galen essaie de le piéger. Cela ne peut être qu’un complot, s’insurge une voix dans sa tête. L’alcool n’aidant pas à ce qu’il garde les idées claires. Galen ne peut pas être sincère. Galen joue avec lui, avec ses sentiments. Galen est marié à Lyra. Galen aime Lyra. Galen est… Il est si proche, maintenant. Leurs deux visages sont à quelques millimètres l’un de l’autre et Orson a l’impression de se noyer dans le chocolat de ses yeux. « Je n’aurais jamais eu l’intention de t’en parler, c’est elle, n’est-ce pas ? Elle a tout compris et elle t’a demandé de me confronter ? » bredouille-t-il, confus. Orson est en colère, le ton de sa voix exprime de l’agacement mais aussi une profonde douleur. Orson est triste, dévasté d’être malmené dans sa seule et unique faiblesse. En un éclair, il vient de prendre conscience de son erreur. « Tu es sincère ? » soupire-t-il en ouvrant les yeux grands comme des soucoupes. Cela l’étonne, parce que lui-même n’est généralement sincère sur très peu de choses, il est normal qu’il pense que les autres en font de même. « Galen, tu… Galen. Je ne sais quoi te dire. » Qu’il est touché, au plus profond de sa chair, peut-être ? Qu’il en est ému au point que ses yeux bleu océan s’humidifient pour la première fois entre eux ? Orson a toujours été le plus fort des deux. Fort caractériellement. Fort et impitoyable. Mais une fois confronté à l’amour le plus pur et réciproque, même le plus impitoyable des cœurs ne peut que se laisser fondre et prendre au piège. « Moi non plus. Je ne l’imagine pas. Je ne l’ai jamais imaginé. Je ne l’imaginerai jamais. » En effet, jamais il ne se séparera de Galen Erso. Et il est prêt à en payer le prix, celui du sang, quitte à ce que ce même sang provienne d’innocents. « J’ai besoin de toi. » concède-t-il en déglutissant péniblement. « J’ai toujours eu besoin de toi. » Orson n’arrive plus à interrompre le fil de ses confessions, malgré tous ses efforts. Il s’emporte dans ses confessions alcoolisées, et cette sincérité émanant de lui est désarmante. « Galen, tu représentes tout depuis vingt ans.  Je n’ai besoin de personne d’autre. » Il lutte pour s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, avant que quelque chose de compromettant s’échappe de ses lèvres. La peur de le perdre, de perdre son amitié à cause de l’ambiguïté de ses sentiments l’effraie terriblement. Perdre Galen serait comme perdre l’un des cinq sens. Voire tous ses sens mélangés. « Tu me suffis. » Orson n'a besoin de personne d'autre pour être bien dans sa vie. La seule chose qui lui manque encore pour être parfaitement comblé, c'est sa Death Star. Le projet de toute sa vie d'un côté et l'amour de sa vie de l'autre. Seulement, les deux sont-ils conciliables ?

Je t’aime Galen, pense-t-il avec la force de ses convictions, de toute sa vulnérabilité. Ces mots qui obsèdent ses pensées depuis vingt ans. Ces mots qu’il a toujours voulu entendre dans la bouche de Galen Erso. Ces mots qui résonnent en lui comme l’écho d’une grotte profonde dans l’obscurité, avec un mince halo lumineux. Krennic aperçoit enfin une lumière au bout du tunnel. Galen est sa lumière. Cette lumière, c’est l’espoir d’une certaine réciprocité de ses sentiments. Krennic réalise brutalement que Galen incarne son idéal. L’intelligence, l’humour, la douceur, la dévotion, la pureté d’âme et de cœur, ainsi que l’innocence. Galen Erso est son plus grand amour. Orson en tremble légèrement, ce n’est pas seulement sa voix qui se brise sous le coup de ces mots. C’est également son corps tout entier qui tremble devant le fantasme devenu réalité. Orson a vu et revu cette scène dans ses rêves et dans ses moments d’incertitude. Il a retourné chacune de ses phrases dans un coin de sa tête un nombre incalculable de fois. Il n’espérait même plus qu’une chose pareille lui arrive. Il s’était résigné à porter le poids de ses affections, de ses frustrations. Orson espérait que ce moment arrive un jour ou l’autre. Orson avait presque arrêté d’y croire jusqu’à cette soirée dans le bar du vaisseau. Jusqu’à ce que Galen vienne boire à ses côtés. Cette proximité l’avait perturbée, parce qu’il était déjà éméché. « Qu’est ce qui se passerait ? » Elle tourne en boucle dans chaque recoin de son esprit. Qu’est ce qui se passerait ? Orson ouvre la bouche en voulant dégainer ses dernières cartes pour achever de le convaincre, mais quelque chose l’en empêche. Il se sent trop médiocre ce soir pour espérer parvenir à une quelconque manipulation. Il n’en a même plus envie. Comme s’il en avait vraiment besoin. Galen ne lui est pas déjà acquis ? « Si je te disais, ici et maintenant, que je te choisis au mépris de ma famille. » Choisis-moi, oui. Orson a l’impression d’avoir le cœur au bord des lèvres, prêt à exploser. Une sensation vertigineuse l’assaille, lui broie les entrailles. Orson n’entend plus que les battements frénétiques de son palpitant, ceux-ci résonnent agréablement à ses oreilles. Ce bourdonnement grinçant se transforme peu à peu en symphonie. Orson Krennic n’a jamais été du genre romantique. L’amour, très peu pour lui. Il n’est tombé amoureux qu’une seule fois dans sa vie. Et cette personne se trouve juste sous ses yeux. Cette personne semble même manifester un intérêt qu’il a tant recherché depuis vingt ans. Orson est bien plus qu’un vieil ami, un unique et meilleur ami. Orson est son serviteur le plus dévoué. Une âme en peine ayant jalousé le mariage des Erso avec une violence insolente, plein de contradictions et de remords. Orson ne s’est jamais confessé, sans doute de peur de perdre son amitié à tout jamais. Les raisons sont encore obscures, même pour lui. Il faut dire aussi qu’il n’était pas encore certain de la vraie nature de ses sentiments, il ne faisait que se raccrocher à l’idée de possessivité amicale. Cela n’a jamais été de l’amitié. Cela n’a jamais été seulement de la possessivité. Cela a toujours été de la passion. Orson Krennic est passionné par un certain nombre de choses : son travail, sa carrière, sa réputation et puis… Galen. Lorsque son ami sous-entend clairement qu’il ne peut abandonner son enfant, Krennic n’écoute qu’à moitié. En temps normal, il aurait roulé les yeux au ciel en se muant dans un cynisme écœurant, plaisantant même sur le fait que les enfants doivent apprendre à se débrouiller seuls un jour ou l’autre. Mais pas cette fois-ci. Qu’imagine Galen, qu’ils élèveraient Jyn à deux (BEAU-PAPA KRENNIC) ? Comme… un couple, une famille ? Est-ce qu’il a une tête à élever une enfant ? Est-ce qu’il a seulement du temps à consacrer à l’éducation d’un enfant ? Orson déteste les enfants. Enfin, celui qu’il déteste le plus est l’enfant de Galen et de Lyra. Cette enfant lui rappelle constamment ce qu’il ne peut avoir. Cette enfant est le miroir de l’amour entre Galen et Lyra. Un vestige d’une relation qui l’a chamboulé, qu’il a haïe. Cette enfant lui rappelle douloureusement l’amour de Lyra et de Galen. D’un certain côté, les choses peuvent être prises dans le sens inverse, comme une victoire sur Lyra Erso. Lui prendre son mari et son enfant. Une prise de guerre. Krennic s’agite furieusement dans sa tête, mais son corps reste figé. Il est en réalité toujours bloqué sur les mots précédents. Je ne pourrais pas vivre sans toi. Orson chéris ces mots comme la prunelle de ses yeux. C’est le souffle lourd, écrasé par son excitation fébrile qu’il repense aux moments partagés. Moi non plus, Galen. La vérité est à deux doigts de lui échapper et de lui exploser en pleine figure. Galen, je t’aime depuis toujours. Depuis vingt ans. Tu me hantes, tu me tortures. Orson sort finalement de sa torpeur après avoir avalé sa salive avec difficulté. Son rythme cardiaque n’a jamais été aussi élevé. Il ressent les vibrations de son palpitant en se concentrant sur les veines qui pulsent dans ses tempes. Son visage livide, crispé, se change progressivement. Orson Krennic a presque l’air serein pendant une fraction de seconde. Les rides sur son visage se lissent, un éclat brille dans le fond de ses yeux bleus. Ses yeux s’assombrissent, son excitation n’a jamais été aussi forte.


Comme un automate, Orson s’approche lentement mais sûrement de lui. Sa cuisse droite se frotte à celle de Galen, son coude est contre le sien, et son visage ne se trouve plus qu’à quelques millimètres. « Je pense que... » murmure-t-il chaudement, proche de ses lèvres. « ...tu le sais déjà. » conclut-il d’une voix légèrement enrouée, celle-ci trahit les tremblements de son corps. Sans plus de cérémonie, ses lèvres s’écrasent brutalement contre les siennes, dans une plainte déchirante. Par les étoiles de toute la galaxie, qu’est-ce qu’il vient de faire ? Un léger grognement s’échappe de sa bouche à moitié ouverte, pendant qu’elle s’emboite contre celle de son ami. D’une main, il vient saisir la nuque de son ami pour maintenir sa tête correctement en place dans leurs échanges. Sa peau est si douce, chaude, comme une peau de bébé. Krennic se sent partir, comme lorsqu’une âme s’échappe de son corps pour observer la scène d’en haut. C’est bien trop, beaucoup trop d’émotions. Cela le chamboule en lui tordant douloureusement les entrailles, son estomac hurle de douleur. Krennic retient son souffle. Tout cela n’a pas d’importance. Qu’il meure asphyxié, maintenant, dans la bouche de Galen, c’est même l’un de ses fantasmes. C’est si bon, c’est si doux, c’est si parfait. Des vagues de chaleur caressent sa colonne vertébrale et son bas-ventre dans leur déflagration. Cette chaleur irradie dans son être entier, comme cela ne lui est jamais arrivé de toute sa vie. Orson ouvre grandement la bouche, inspirant deux à trois bouffées d’air au passage contre son gré, mais la douleur est telle qu’il craque. Il respire contre la peau de Galen, tout en se penchant encore plus près. Les yeux fermés depuis la première seconde, Orson vient se coller son corps au sien. Il a tellement besoin de sentir sa peau et son torse, ses jambes se frottant contre les siennes. Il s’agite nerveusement sur sa chaise, cherchant la proximité avec Galen. Alors qu’une main est sur sa nuque, l’autre enveloppe fortement son épaule, au point que ses doigts s’enfoncent dans son uniforme. L’impérial soupire d’aise, ce moment volé est magique. Ce moment est d’une violence passionnelle folle, il exprime vingt ans de contenance, de soumission et de déni. Ses émotions éclatent comme des feux d’artifices, jusqu’à lui faire perdre momentanément le court du temps. Orson s’embarque dans quelque chose dont il n’est pas certain d’être capable de refouler une fois sobre. Qu’importe. Galen est là, maintenant, et il ne peut se passer de lui dans sa vie. C’est tout ce qui compte. Il assumera les conséquences de ses actes après avoir savouré ce baiser inespéré jusqu’à la dernière seconde. Orson cherche sa chaleur et sa tendresse désespérément. Galen est tout pour lui, depuis toujours, et il ne réalise vraiment que maintenant à quel point cette douleur est cuisante depuis trop d’années. C’est puissant, comme un ouragan. Orson est embarqué dans sa tourmente et cherche à emmener Galen. Il n’avait jamais autant voulu embrasser quelqu’un de toute sa vie. Ces émotions comprimées en lui pendant vingt ans explosent enfin au grand jour, et cassent le vernis si lisse et parfait de ses mensonges, de ses duperies. Là est la seule vérité. Son cœur manque un ou deux battements, mais Krennic n’en a cure, celui-ci peut s’arrêter, sa vie est enfin entière. Il peut mourir maintenant, il est enfin satisfait. Il se sent plein, dans tous les sens du terme. Son cœur déborde, ses pensées fusent dans tous les sens et son corps supplie de sentir le poids de celui de Galen s’écrasant sur le sien. Ses lèvres se mouvent pendant quelques secondes avec timidité, puis de manière précipitée une fois la confiance acquise, au rythme de ses passions. Son baiser est exigeant et possessif. Presque impitoyable, et sonne douloureusement comme un ordre. Ne me rejette pas, lui intime-t-il. Sois mien, ici et maintenant. Sois toujours mien. Orson cherche à étreindre sa langue, en s’y appliquant avec tant de dévotion que s’en est bouleversant. Renversant. Orson transmet toute la puissance de ses sentiments dans ce baiser fougueux. Il veut que Galen l’apprécie, qu’il y prenne du plaisir, et en redemande encore et encore. Pour une fois, ses caprices sont placés au second plan. Seul Galen lui importe, seuls ses désirs éveillent en lui un intérêt aussi vif. Depuis le temps qu’il a fantasmé ce baiser, c’est presque beaucoup trop beau pour être vrai. C’est même encore mieux lorsqu’on vit la chose. On dirait qu’Orson s’est entraîné pendant des années. Véritablement embrasser. Avec amour. Ce n’est pas la première fois qu’Orson embrasse quelqu’un, mais c’est tout de même son véritable premier baiser, car c’est la première fois qu’il embrasse quelqu’un dont il est sincèrement et passionnément épris au plus profond de sa chair. Tout bascule alors en lui, il vrille, parce qu’il est en terrain inconnu. Il ignore ce qu’il doit ressentir ou dire, il se contente tout simplement de profiter du présent. Galen lui a dit qu’il ne pourrait vivre sans lui. Cette pensée qui s’impose une fois encore dans sa tête lui fait redoubler d’ardeur. Sa poigne, au niveau de la nuque de son ami est plus forte, il est même assez audacieux pour étreindre sa courte chevelure blond foncé. Orson manque d’air, mais s’en fiche. Ses mains remontent pour prendre le visage de Galen. Il hoquète entre ses lèvres, signe qu’il ne prend plus la peine de respirer depuis un moment, mais il refuse de s’arrêter. Maintenant qu’il s’est libéré de toutes ses barrières, de ses limites. Le masque est tombé. L’amour est plus fort que tout. Orson craint que ce rêve ne s’écrase au vernis impitoyable de la réalité, à l’instant où il ralentira la cadence. Ses lèvres, sa langue, sa bouche, ses faibles gémissements étouffés par la pression du baiser, tous ces gestes expriment à eux seuls l’une des plus belles déclarations d’amour :

D’un coup, Galen éloigne son visage du sien. Orson grogne de mécontentement, mais ne proteste pas davantage. Il plonge alors ses grands yeux bleu océan dans les siens, craignant d’être repoussé. Orson s’apprête à tout entendre, même les choses les plus déplaisantes… Ce qui reste imprégné dans sa mémoire, ce sont les lèvres de Galen qui se mouvent contre les siennes, son odeur légèrement alcoolisée et sucrée. Quoique Galen annonce, c’est trop tard. Krennic est persuadé que l’attirance est mutuelle. Il a senti le désir de Galen si profondément que son corps ne s’en remet toujours pas. Il l’a senti et Galen s’est illustré pendant de longues minutes avant d’être pris d’un sursaut de lucidité. C’est une expérience qui est en mesure d’être réitérée. Orson veut la réitérer plus que tout, et s’imagine déjà monts et merveilles. Des manigances fantasques pour conduire Galen à boire encore de l’alcool, seul avec lui, dans l’obscurité d’un bar au beau milieu d’une planète ou dans ses propres appartements. Krennic ne réalise toujours pas qu’il a eu l’audace de presser ses lèvres contre les siennes avec cette fougue. En se passant doucement la langue sur ses propres lèvres pour les humidifier, il s’ancre dans la réalité, savourant encore le goût de celles de Galen. « Je devrais peut-être rentrer… » Cette phrase lui fait l’effet d’une douche glacée. Orson désapprouve, et cette déception est si immense, qu’elle se lit dans ses rides et dans l’expression de son visage. Plus austère, plus livide. Ses sourcils se froncent sous le coup de l’incompréhension. Orson ne comprend pas, il ne comprend plus. Galen a répondu ardemment à ses avances, se permettant même de presser son dos dans sa main afin de le garder contre lui. Cela l’avait fait frôler le paradis durant quelques instants. Il avait adoré sentir cette main, cette présence, cette proximité. Et là, l’inattendu vient de se produire. Galen est dans les regrets. Son monde vient de s’écrouler sous ses pieds. Orson a caressé pendant quelques secondes la possibilité d’un « plus » avec lui, et le fait qu’on le lui arrache aussi vite est d’une violence insolente. Orson s’y est cru. Il se voyait déjà dans ses bras, cherchant à le débarrasser de tous ses vêtements. Il voulait lui faire l’amour. Passionnément. Sauvagement. Il voulait l’entendre murmurer son prénom, au moment fatidique. Il voulait lire cet abandon dans les yeux marron chocolat de son ami, cette jouissance salvatrice. Il voulait que Galen ait un putain d’orgasme, le meilleur de toute sa vie, à cause et pour lui. Il fallait s’y attendre, après tout, c’est de cette manière que les choses doivent se passer entre eux. Cela ne peut être autrement. Galen ne peut vouloir de lui, et tout ce qu’il a senti durant ce baiser échangé… Tout ce qui a fait battre si furieusement son propre palpitant, ce sont ses fantasmes, tout est dans sa tête. Seulement dans sa tête. Vraiment ? Les pensées d’Orson sont en ébullition. Il craint de perdre Galen à tout jamais à cause de ce moment de faiblesse, d’autant plus que son ami est désormais au courant de la nature de ses véritables sentiments. Ce n’est pas de l’amitié, c’est de la luxure et de l’amour. « S’il te plaît. » S’il te plaît. Ne me juge pas. S’il te plaît. Il craque, le voilà exposé, mis à nu devant lui. Orson n’a jamais été aussi vulnérable de toute sa vie. S’il te plait est un mot qu’il ne prononce pas souvent envers qui que ce soit. Orson le murmure à la manière d’une plainte douloureuse. Galen rend Orson si suppliant, au bord du précipice. « Je t’assure… Galen. J’ignore ce qui m’a pr…» Début de mensonge, il ne l’ignore pas, il cherche simplement à l’occulter en voulant préserver les apparences. Alors qu’il s’apprête à présenter ses plus plates excuses et ses meilleurs mensonges pour sauvegarder leur amitié, Galen le prend au dépourvu en se jetant sur ses lèvres. Orson cligne des yeux, sous le choc. Alors là. Son euphorie vient d’atteindre des sommets. Krennic soupire lascivement contre les lèvres de son amant. C’est bon, tellement jouissif pour lui, il sent son corps brûler encore plus, mais ce plaisir immense de retrouver cette chaleur est de courte durée. Galen le torture, lui fait connaître une joie incroyable avant de l’arracher. Son cœur est comme dans un manège, jouant les montagnes russes. Tout son être tremble pour un effleurement, s’en est même risible, lorsqu’on l’imagine aussi fier et digne, imperturbable devant ses hommes et ses ennemis. Galen est le seul à connaître cette facette de lui, il est même le seul à transformer ce lion impitoyable en un adorable petit chaton bien docile. Cette chaleur emporte chaque fibre de son corps, en le rendant aussi fébrile qu’une brindille et dépendant des allées et venues de Galen dans sa bouche. Les lèvres de Galen sont si accueillantes, ses pensées se muent en des fantasmes obscènes. Il vient de l’embrasser spontanément, avant de quitter ses lèvres la minute d’après. « Ne t’arrête pas. » Non… Il ne vient pas de lui répondre ça ? Il se sent partir, complètement. Défaillir, même. Krennic a le souffle coupé. Son cœur manque de s’arrêter brutalement, comme un arrêt cardiaque. Impossible. Galen est sérieux ? Krennic gémit, enfin, dans sa bouche. Mais le plus beau reste encore à venir. Galen s’abandonne enfin à lui après toutes ces années, c’est même trop beau pour être vrai. Il garde la bouche ouverte contre celle de son partenaire, se mouvant lascivement de haut en bas, ses lèvres se pressant sensuellement contre leurs semblables dans un ballet érotique. « Ne t’arrête jamais. » lui dit-il, entre deux baisers. Orson cligne des yeux de stupéfaction. Cela l’excite encore plus, et très vite, l’impérial se sent fiévreux. Il maintient la tête de Galen proche de la sienne en refermant ses doigts derrière sa nuque. Krennic reprend ses embrassades en redoublant d’ardeur, son baiser est possessif et exigeant et sa langue n’aspire qu’à une chose, c’est ne fait qu’un avec la sienne. Ne t’arrête jamais. Ces mots se répètent en boucle dans chaque recoin de ses pensées. Jamais. Jamais. Jamais. C’est une consécration explosive. Ses sentiments sont partagés, avec la même ferveur et humilité. Orson est profondément troublé par la force de leurs échanges, d’autant que les résolutions de Galen fondent comme neige au soleil au contact de son corps. Les mots sont inutiles, les actes sont beaucoup plus parlants. Orson le sait et Galen aussi. Ils s’embrassent comme si c’était la fin des temps. Ce baiser est un baiser de fin du monde. La fin d’un cycle, d’une dynamique, d’une relation. Pour un renouveau. Orson ne se le fait pas dire deux fois. Sentir Galen aussi près provoque des frissons le long de sa colonne vertébrale. Comme des décharges électriques. Son corps entier est un brasier, chaque zone est dans un besoin de friction et de chaleur corporelle. C’est un besoin qui se transforme peu à peu en une véritable obsession à mesure que les lèvres de Galen se mouvent sur les siennes. Krennic se sent pousser des ailes. Il n’a jamais eu l’occasion d’expérimenter quelque chose d’aussi fort avec une autre personne. Il est étourdi par tant de puissance, se sentant comme un novice dans l’art de l’amour. Ces baisers sont chauds, humides et alcoolisés, mais pour rien au monde Orson ne veut les quitter. Ce qu’il se passe est alors comme figé dans un instant suspendu hors du temps. Galen est le maître des désirs de l’architecte. D’un claquement de doigt, il est capable de faire tout ce qu’il veut de lui, et obtenir tout et n’importe quoi de sa part. Orson est fébrile à la simple idée de ses caresses.

Le sexe, c’est différent avec Galen. Dans ses fantasmes, c’est forcément différent. Orson a eu des soupçons, mais il est maintenant persuadé. C’est différent avec Galen parce qu’il désire prendre son temps. Enfin. C’était son intention première. Lorsqu’il imaginait, et c’est un peu trop souvent arrivé, une pareille scène en sa compagnie, les choses se passaient toujours lentement et calmement. Il apprenait à découvrir le corps tant idolâtré de son meilleur ami. Orson était convaincu que le sexe serait comme une longue partie d’échecs avec l’objet de ses convoitises. Force est de constater qu’il est bien trop impulsif pour s’en tenir à ses bonnes résolutions. Ce débordement de passion obnubilé ses sens, et fait grandement monter la température en lui. En eux. Tout en l’embrassant avec avidité, ses mains se perdent dans les cheveux blond foncé de Galen, pour se trouver un point d’appui. Orson refuse de le lâcher. Jamais plus. Après tout, Galen vient de lui donner son feu vert. Il lui a bien dit de ne jamais arrêter. Alors Orson ne s’arrêtera jamais. Il n’arrêtera jamais ses baisers et ses caresses, de plus en plus pressantes et dirigées de plus en plus bas. Ce n’est pas que du sexe. Pour la première fois, Orson a le sentiment de ne pas extérioriser les frustrations et les tensions musculaires dans n’importe quel partenaire. Ce n’est plus seulement un besoin physiologique, c’est avant tout un acte d’amour. Avec Galen, le sexe est différent, parce que ce n’est pas seulement baiser. Dans son esprit, c’est lui faire l’amour. C’est ce qu’il aspire depuis plus de vingt ans. Il réalise avoir été crédule de croire un seul instant être capable de réprimer ses pulsions pour faire durer cet instant présent. Orson est d’un tempérament trop sanguin pour faire les choses dans le calme, lorsque ses émotions atteignent leur pic d’effervescence. Il veut Galen, ici et maintenant. De toutes les manières envisageables. Il accepte même l’idée d’être possédé par ce dernier, ce qui est en soi un exploit. Lui, qui aime tellement être au-dessus des gens. Mais avec Galen, c’est différent, ce n’est pas une lutte d’égos, de pouvoir ou de domination. C’est une communion des sens et des corps, un accord tacite entre deux adultes consentants, des sentiments comprimés en eux qui viennent éclore sous les yeux d’un stupide droïde barman. Krennic jette un discret coup d’œil à ce dernier, avant de se lever de son siège en toute précipitation. D’un coup, toute la tension accumulée retombe dans ses jambes. Elles sont chancelantes, et ce n’est pas à cause de son état d’ébriété. Galen lui procure l’effet de voler dans les cieux. Enfin debout, Galen toujours assit face à lui, Krennic presse son corps contre le sien. S’étant glissé entre ses jambes, il refuse de quitter ces lèvres sucrées et l’embrasse avec la même dévotion. Sa respiration est haletante, et il hoquète à deux reprises en s’efforçant de récupérer un peu d’air entre deux baisers. Ses mains sont maintenant plus baladeuses, libérées des premières secondes de gêne. Elles se promènent sur les épaules carrées et finement musclées de Galen par-dessus un uniforme qu’il juge beaucoup trop encombrant. Elles savourent cette proximité, l’une vient à remonter pour se refermer dans ses cheveux et l’autre se met à plat contre son torse afin de sentir les vibrations de son palpitant. Krennic attrape un bout d’uniforme du bout des doigts, et d’un mouvement brusque, vient attirer Galen hors de son siège. Lorsque Galen se retrouve brutalement plaqué contre son corps, c’est un mélange extatique entre plaisir et douleur qui s’infiltre en lui. Le plaisir est que rien ne vient entraver ce contact charnel. La douleur, en revanche, est celle de son impatience. Il meurt d’envie de sa peau nue, au point que cette proximité s’apparente de plus en plus à un acte de torture. Ses mouvements sont lascifs mais tremblants. On devine beaucoup d’instabilité dans chacun de ses gestes. Orson vient de perdre le contrôle de ses émotions. Il vient de perdre toute contenance face à Galen. Leurs vêtements sont en trop, tout comme ces meubles qui se heurtent parfois à ses bottes noires ou à ses genoux. Le corps de Galen, debout contre le sien, lui fait lentement perdre toute décence. C’est comme une sensation de brûlure dans tout le corps. Elle irradie le long de sa nuque, vers le bas de son dos, sur ses pommettes, mais surtout dans son bas-ventre. Cette chaleur est insoutenable, d’autant plus qu’elle précède l’apparition d’une tension musculaire bien trop familière, arrachant un gémissement plaintif contre la bouche de son amant.

Sans jamais rompre cette première étape de leurs préliminaires, il vient conduire la danse entre eux, guidant Galen contre le bord du comptoir. Les yeux mi-clos, savourant ce goût d’alcool fort en bouche, il perd toute notion de temporalité ou d’espace. Orson pose ses mains de part et d’autre du métal qui recouvre le mobilier, s’y accrochant comme à la prunelle de ses yeux de manière à piéger le corps de Galen. « C’est vraiment ce que tu veux ? » susurre-t-il. Ces mots sont une invitation à poursuivre ici ou bien ailleurs. Il s’en moque, tant que Galen s’abandonne dans ses bras. « Tu me veux, Galen ? » Orson redoute que Galen ne soit pas certain de ce qu’il veut vraiment. Plus tard, il sera trop tard. Une fois lancé, rien ni personne ne l’arrêtera. Orson en sera bien incapable et extrêmement frustré. De toute manière, il refuse de s’arrêter. La galaxie aura beau s’écrouler autour d’eux, Orson ne s’arrêtera pas. En un éclair, Galen est devenu son univers entier. Depuis leur première rencontre sur Brentaal IV. Et il est resté son univers entier année après année. Cet amour comprimé en lui depuis toutes ces années lui éclate enfin à la figure comme une putain de bombe. « Comment… Dis-moi comment tu me veux. » murmure-t-il suavement, déplaçant sa bouche jusqu’au creux de l’oreille de son amant pour lui chuchoter des obscénités à l’en faire frémir. Sa voix est chaude et rauque, elle se transforme en un léger grognement, s’apparentant presque à un gémissement étouffé. Orson a déjà quelques idées sur la manière dont cette nuit doit se dérouler, mais il tient à connaître les fantasmes de Galen. Afin de mieux les alimenter jusqu’à le fondre complètement dans ses propres pulsions sordides et décadentes. Ses lèvres s’étirent enfin en un sourire amusé, mais sincère. Pas de moqueries. Pas d’hypocrisie. Pas de filtre. Juste eux deux. Juste cet instant précieux, cette explosion passionnelle. L’amour est dangereux, c’est ce qu’a toujours affirmé Krennic, mais dans les bras de Galen Erso, il lui semble enfin à sa place.

Ces baisers ne sont pas suffisants, il désire beaucoup plus. Orson vient agripper les hanches de son amant et le ramène plus près. Il se presse alors davantage, en glissant une jambe entre les siennes, son genou vient se cogner contre le meuble du bar. C’est douloureux, mais ses désirs l’obnubilent suffisamment pour faire abstraction de tout le reste. Dans un grognement d’envie, Krennic soupire lascivement au bord de ses lèvres rouges à cause de la pression exercée. Orson relâche ses lèvres pour embrasser son cou quelques instants. Ses baisers sont nombreux, chauds et passionnés. Il savoure la texture douce de la peau de son amant, en caressant du bout des lèvres sa pomme d’Adam, avant de rencontrer comme obstacle de tissu le col de son uniforme. « Accompagne-moi dans mes appartements. » chuchote-t-il avant de remonter son visage face au sien. D’une voix pleine d’assurance, magnétique et enjôleuse, Krennic donne libre cours à ses fantasmes. Il s’agit d’un moment qu’il a guetté et convoité pendant des années, si bien que la notion d’intimité le rend maintenant particulièrement fébrile. Et s’il ne parvenait pas à emporter son amant dans un tourbillon d’extase ? Orson interrompt ses baisers pour ancrer ses deux orbes froids dans ceux de Galen. Cette proposition parle d’elle-même. S’il l’accepte, il n’y aura pas de retour en arrière possible. S’il persiste sur sa lancée, c’est un engagement pleinement assumé vis-à-vis d’Orson. Une trahison vis-à-vis de sa famille. Après cela, jamais plus Krennic ne le lâchera (STALKER PSYCHO SPOTTED). Il considérera que Galen lui est acquis, d’esprit comme de corps. Orson ne se gargarise pas en mots d’amour ou en déclarations enflammées, même s’il n’est pas suffisamment romantique pour cela, il est évident qu’il envisage son futur avec Galen. Ce n'est pas la présence de ce droïde qui le gêne. Orson s’en moque. Il s’en moque, mais il s’en moque comme du premier officier sous son commandement. Ce qu’il craint par-dessus tout, ce sont les rumeurs. Une réputation se forge dans la dignité et le contrôle de son image. Il n’est pas encore directeur, mais c’est un poste qu’il ambitionne d’avoir un jour. Il veut être perçu au sein de l’Empire comme un homme puissant et autoritaire, et non réputé pour ses frasques sexuelles. Il y a surtout quelque chose d’extrêmement territorial dans le fait de poursuivre leurs ébats dans ses appartements. C’est lui qui décide, qui mène la cadence.

Ses doigts effleurent la ligne de son bas ventre à travers sa veste d’uniforme, dans le but de le convaincre. « Je peux... mh ? » demande-t-il, en arquant un sourcil. Le ton de sa voix est faussement calme. Ce qu’il demande à Galen est bien plus osé. Ce n’est pas juste un baiser. C’est un acte d’abandon qui ne laissera personne indemne. Un acte irréversible. Orson est le tentateur, ou plutôt le salaud, qui vole un mari à sa famille. Il n’en a cure. Il a besoin de Galen. Il aime Galen. Plus que Lyra. Dans sa conception des choses, c’est lui qui aime le plus Galen. Parce qu’il est prêt à faire des choses terribles pour le garder à ses côtés. Tuer, torturer, pourchasser. Que des atrocités. Orson est convaincu que la force d’un amour s’exprime sous une forme violente. Puisqu’il veut avoir Galen, tous les autres n'ont donc pas d’importance pour lui. Orson est d’un égoïsme affligeant, d’une froideur émotionnelle terrifiante. Quant à Jyn… Que faire de l’enfant ? Orson y réfléchira plus tard. Ce n’est pas ce qui importe le plus en cet instant. Dans le fond, si Galen tient à la garder, il n’opposera pas de résistance. Tant que Galen lui appartient, cette enfant sera comme une prise de guerre. C’est même jouissif, en y repensant. Orson approuve pleinement cette possibilité. Lyra aura tout perdu. C’est lui qui gagnera. Cette idée provoque presque chez lui un orgasme. Krennic plonge alors ses yeux sur le visage de Galen, et son regard en dit long sur ses intentions. Une certaine prédation s’en échappe malgré lui. Il donne l’air de dévorer Galen de ses grands yeux glaciers, d’où brille une lueur évoquant le feu sacré. Du désir, de la luxure, de l’impatience. « Galen… » insiste-t-il en désignant d’un coup d’œil son pantalon, qu’il n’ose encore toucher. Il lui faut une réponse, maintenant. Ses yeux l’observent longuement, assombris par le sentiment de luxure et par son envie irrépressible de sentir Galen dans sa chair. L’impatience est ce qui caractérise son comportement à cet instant précis. La fébrilité aussi, celle de sentir les mains de Galen sur chaque partie de son corps. Il attend presque trop sagement l’accord de Galen avant d’aller plus loin. Faussement gentleman. Ses mains tremblent en tirant doucement vers l’avant le pantalon. Ses doigts rêvent de s’engouffrer dans cet endroit inconnu. Il désire tout connaître de Galen. Il est même prêt à se mettre à genoux pour lui plaire. « J’y pense depuis longtemps. » confesse-t-il, sans craindre d’être jugé. Galen ne lui reprochera pas de faire preuve de sincérité. C’est nouveau pour Krennic. Tant d’honnêteté le transporte dans une autre dimension à la manière d’un ascenseur émotionnel. Il est dépassé par cette vulnérabilité touchante qui se révèle dans cet instant aussi crucial.

« Je te veux. » C’est tout ce qu’il voulait entendre, tout ce qu’il avait besoin d’entendre. Une confirmation, celle d’une nuit à deux, et peut-être… Qui sait… d’une vie à deux. Une vie dans laquelle Galen aurait choisi d’aimer et de vivre avec Orson. Une vie idyllique, son plus grand fantasme. Orson est profondément ému, cette émotion se matérialise par un léger rire. Loin d’être moqueur ou mesquin, ce rire est sincère et empli d’une grande sensibilité. Un rire joyeux et soulagé. Galen le veut vraiment. Pour une fois, il n’est pas laissé pour compte. Pour une fois, ses sentiments sont réciproques. S’il avait su, ils auraient pu tous les deux avoir une vie commune bien des années plus tôt. Orson aurait pu se déclarer il y a bien longtemps. Dans ce rire, il y a toutefois une part d’amertume en repensant aux années perdues. Ils auraient pu avoir une vie à deux depuis vingt ans. Orson était simplement terrifié par ses propres sentiments, qu’il a mis par ailleurs des années à admettre. Dans un monde aussi conservateur, l’amour entre deux hommes est une chose compliquée. Orson était terrifié par le jugement des autres, mais surtout celui de Galen. Il avait peur de lui inspirer du mépris, du dégoût ou pire encore, de l’indifférence. Son amitié lui suffisait durant les premières années, jusqu’à ce que Lyra débarque. Cette amitié lui permettait de croire qu’il comptait pour Galen. Il voulait graviter dans sa vie, au prix d’une intense douleur et de sacrifices personnels. Parce qu’il n’y a pas eu un jour sans que son cœur ne se brise devant l’ignorance de Galen. Orson a le cœur brisé depuis plus de vingt ans. De sa faute. S’il avait parlé plus tôt, beaucoup plus tôt… Orson aurait sans doute été moins amer, déçu par la vie. Cela l’aurait certainement rendu moins cynique. Sa cruauté envers le reste du monde n’a d’égale que sa souffrance personnelle. Mais aujourd’hui, les lèvres de Galen lui chuchotent tout près des siennes les plus beaux mots d’amour et de loyauté. Je te veux. Galen Erso le veut. Galen Erso le veut exactement dans le sens qu’il désire si ardemment depuis toutes ces années. C’est exactement ce qu’il veut entendre de sa bouche, et cela lui donne même envie de répondre à sa confession avec l’ardeur d’un amoureux transi. Orson répond soudainement par l’acte le plus symbolique qu’il connaisse : un baiser fougueux. Orson Krennic est un amant merveilleux, tendre et doux, lorsqu’il est épris de son partenaire. Habituellement, ses rapports sont expéditifs, exigeants et dominants. Habituellement, il se moque du plaisir de son partenaire et se focalise principalement sur sa propre jouissance. Galen est la perle rare, l’homme de sa vie, celui dont il est tombé amoureux dans la vingtaine et continue d’aimer à la quarantaine.

« Je veux tout posséder de toi. Chaque parcelle de toi. Ta peau, ton corps… Je veux que tu m’appartiennes pour toujours. » Les mots de Galen pénètrent son âme si profondément qu’il en manque de défaillir sous le coup de cette émotion vive. Ces mots font exploser son palpitant de bonheur. Ces quelques mots suffisent emporter son esprit dans un tourbillon d’émotions violentes. Pour toujours, lui dit-il de sa voix si chaude et désirable. Précisément ce qu’il veut. Orson Krennic désire appartenir à Galen Erso pour toujours. « Je te veux encore plus pour me vouloir autant. » avoue-t-il, en avalant difficilement sa salive sous le coup de l’émotion. « J’ai toujours voulu que tu sois à moi, rien qu’à moi… A personne d’autre, Galen. C’est moi le centre de ton monde. » Sa voix n’est plus qu’un murmure, mais elle déclenche en lui des frissons. Il se sent submergé par le poids de ses confessions, de ses désirs obsessionnels et égoïstes. Galen ne doit être qu’à lui seul. Ce ne sont pas que des mots en l’air, il est capable de tuer pour s’assurer que les choses restent exactement telles qu’elles sont. « Et je le suis du tien. Je veux… t’appartenir Galen. Je veux que tu sois… cette personne. » Par cette personne, il sous-entend son premier. « La première et la dernière qui me… prenne bien plus que mon coeur. » Krennic est fébrile en pensant l’idée d’une jouissance dans les bras de Galen. Il a été clair sur le fait qu’il veuille le posséder. C’est un aveu important pour quelqu’un comme lui. Le symbole est beau et l’intensité de l’instant présent rend leur union encore plus spéciale. Orson accepte de s’abandonner totalement à Galen. De ne pas dominer la situation, comme il le fait toujours. Il accepte de lâcher le contrôle, d’être l’esclave de ses impulsions. A sa merci. « Prends tout. Prends tout de moi, Galen. Tout ce que tu veux. J’irai où tu voudras. Je ferai ce que tu veux. Pour toujours. Je veux mourir de toutes les manières avec toi. » murmure-t-il en intensifiant la lueur dans ses yeux pour apporter de l’impact à sa déclaration. Orson veut mourir dans ses bras et passer le restant de ses jours avec Galen. Prends-moi. Avec quelqu’un d’autre, Orson aurait crié. Orson est le mâle dominant. C’est lui qui prend, qui domine, qui jouit, qui possède. Et là, Galen lui sous-entend une autre possibilité qui provoque instantanément une sensation de brûlure dans son propre entrejambe. Orson ne sait comment réagir autrement qu’avec gêne. Ses joues s’empourprent légèrement, une bouffée de chaleur s’engouffre en lui. Un vrai coup de chaud. Il est surpris, agréablement surpris. Un léger ricanement nerveux sort de ses lèvres, encore plaquées contre celles de Galen. Ce rire vient de trahir son embarras et son excitation. Des frissons lui font courber l’échine, insinuant des pensées décadentes dans son esprit. Bien sûr qu’il veut être possédé par Galen, il en meurt d’envie depuis longtemps. Maintenant que Galen vient de le suggérer, cette envie se transforme en une véritable obsession. Des images sensuelles s’imposent en lui, leurs corps ne faisant plus qu’un, recouverts d’une fine particule de sueur. Son propre corps brûlant, suppliant de subir sans interruption les assauts de son amant. Il se voit agripper les cheveux de Galen d’une main, tout en couvrant son cou et ses épaules de baisers et de morsures. Il se voit marquer son corps pour qu’il lui appartienne pour toujours. Cette idée l’excite fortement. Elle est nouvelle, incongrue et surtout inconnue. Orson est vierge, dans tous les sens du terme. Il n’a jamais été en compagnie d’autres hommes, ayant préféré la solitude, ou de temps à autres, celle de femmes. Aucun homme. Aucun autre que Galen. Galen obsédait ses pensées. Il ne voulait que Galen. Il n’a donc jamais été dans l’intimité avec un homme avant le scientifique. Orson ne se serait jamais laissé posséder par quelqu’un d’autre. L’impérial en cape tient trop à dominer son entourage pour accepter d’être ne serait-ce qu’un instant vulnérable. Avec Galen, c’est différent. Orson accepte d’être vulnérable. Il veut être vulnérable. Ce sont des sensations vertigineuses qui s’imprègnent en lui, et plus jamais Orson ne sera capable d’éprouver autant de plaisir dans les bras d’un autre homme. Galen est celui qu’il lui faut, qui a toujours été une évidence brûlante pour lui. Galen est l’objet de ses fantasmes, de ses convoitises et de ses affections. Il en sera toujours ainsi. Personne au monde ne sera capable de rivaliser avec Galen Erso. Orson Krennic aimera toujours et désirera toujours un seul homme dans sa vie.

Lorsque Galen lui donne son feu vert, c’est l’apothéose. « Ne me fais plus attendre. » dit Galen, sa main dans la sienne. Orson cligne des paupières, il est décontenancé par l’audace de son… amant. Ce n’est pas un ordre, mais cette phrase sonne étrangement comme tel. Orson détecte même une pointe d’autoritarisme dans le son de sa voix. Orson n’aurait jamais permis qu’on lui parle avec autant de fermeté. Jusqu’à Galen. Les gestes de Galen Erso le submergent d’émotions, comme un tsunami d’une rare violence. Beaucoup d’excitation, de désir, de joie comprimée et de sensibilité. Orson se fait petit chaton, obéissant au doigt et à l’œil aux fantasmes de son ami. Seulement, est-ce vraiment un ami ? Non, plus maintenant. Il ne l’a jamais vraiment été ; leurs relations ont toujours été biaisées par les sentiments profonds de nature amoureuse. Orson se laisse guider par la main de Galen, ce dernier est même capable de sentir les tremblements de ses doigts. Orson tremble à la fois d’excitation et de peur à l’idée de toucher ce qu’il a tant fantasmé pendant plus de vingt ans. La réalité prend le pas sur la fantaisie, et cela le terrifie littéralement. Son rythme cardiaque s’accélère lorsque les doigts de Galen se referment sur sa main. Il sous-entend ce qu’il compte faire par la suite. Galen va le conduire jusqu’au centre de son désir. Orson se laisse guider, sans rechigner. Son souffle se fait précipité au fur et à mesure que sa main se dirige jusqu’à son entrejambe. Il vient même nouer ses doigts entre ceux de Galen, appréciant la sensation de sa peau chaude sur la sienne. Orson refuse de lâcher la main de Galen. Orson se laisse conduire, cela ne lui déplaît pas venant de Galen, c’est même au contraire excitant. Il adore le fait d’être dépendant des envies de son amant, et pour une fois, de se laisser vraiment aller. De s’abandonner aux désirs de l’autre, de laisser son corps se faire conduire. L’empressement des débuts se mue progressivement en une pudeur touchante. Orson ne veut pas le blesser, l’offusquer ou mal se comporter. Il veut que Galen se complaise dans leurs rapports, dans leurs baisers et leurs caresses. Il veut l’aimer dignement et respectueusement. Pour la première fois de sa vie. Ses anciennes conquêtes n’ont jamais eu la même saveur que les baisers de Galen, nullement la même euphorie. Elles sont cruellement balayées par les gestes et les caresses de son amant. Rien qu’un baiser, un mouvement de sa lèvre, une étreinte de leurs langues lui font frôler les portes du septième ciel. Une pensée se répète inlassablement : l’orgasme, sera-t-il aussi puissant ? Orson peut-il être encore plus ravagé et chancelant que maintenant ? C’est à peine s’il est capable de ne pas arracher ses propres vêtements, tant la chaleur de son corps qui le fait suffoquer et crier grâce. Il est déstabilisé par l’instant magique qu’ils sont en train de vivre ensemble. Ensemble. Quel plus beau moyen d’exprimer des sentiments réprimés depuis tant d’années ? Orson consent aux dires de son amant d’un hochement de tête discret, la force de son émotion se révèle et s’intensifie à travers son regard. Bien sûr qu’il a envie que Galen lui fasse connaître la jouissance la plus forte de toute son existence. S’il doit s’abandonner en toute fébrilité dans les bras de quelqu’un, ce doit être Galen Erso.

Finalement, il relâche les doigts de Galen pour ne pas le faire attendre davantage. Par des caresses, légères et tentatrices, Orson découvre la courbe bien gonflée de cette intimité tant convoitée. Il la devine parfaite, surtout faite pour lui. Orson s’exécute du bout des doigts par-dessus le pantalon de son uniforme, quelques secondes, avant de remonter vers la ceinture de son amant. D’un geste ferme et impatient, il s’en débarrasse dans un bruit métallique en la laissant retomber sur le sol. « Galen… » murmure-t-il, alors qu’une nouvelle bouffée de chaleur s’infiltre en lui. Cette proximité va la tuer. « Galen… » répète-t-il avant de capturer une dernière fois ses lèvres. Orson ne se lasse pas du goût d’alcool dans sa bouche. Au bout de quelques secondes, il décide de les abandonner à regret pour venir embrasser son cou. Il embrasse et chérit sa peau, morceau par morceau, sans jamais ralentir la cadence de ses baisers. Il embrasse son menton, sa pomme d’Adam, son cou délicat, ses clavicules et le creux de son épaule. En voulant poursuivre son exploration, il commence à déboutonner la veste d’uniforme, puis la chemise de son amant. Orson laisse tomber les vêtements à leurs pieds et s’agenouille progressivement, tout en exposant la poitrine de Galen à une nudité complète. Ses baisers sont pressés, possessifs et humides. Ils expriment cette envie viscérale de le rendre dépendant de ses attentions. Orson l’embrasse fiévreusement avec la bouche à moitié ouverte en voulant savourer le goût de sa peau nue sous sa langue. Il parcoure ensuite sa poitrine, caressant et brossant du bout des lèvres et de ses dents ces délicates pointes de chair rosée avec dévotion. Il s’intéresse alors à ses abdominaux en réalisant qu’il se trouve presque à destination. Il n’ose imaginer ce qu’il s’apprête à faire, tant cela lui semble encore irréel. Comme dans un rêve. Il ne pense qu’à le goûter, le sentir s’abandonner sous son expertise. Entre deux baisers, il réaffirme sa prise du corps de Galen contre son visage en enfonçant ses ongles dans la chair de ses hanches et du bas de son dos. Ce geste symbolise à lui seul son refus de laisser partir son amant. C’est tellement extatique. Il se sent perdre pied dans cette position. L’une de ses mains puissantes et larges caresse son torse, ses avant-bras, ses hanches, alors que l’autre s’affaire sous son pantalon. Ses doigts, d’abord timides, prennent de l’assurance en remarquant le plaisir que ses caresses procurent à Galen. Orson amplifie ses gestes, fiévreux de lui prodiguer du plaisir grâce à ces va et viens lancinants sur sa virilité. Elle est exactement comme ce qu’il a toujours imaginé. Orson peine encore à croire ce qu’ils sont en train de vivre tous les deux dans ses appartements. « Si tu savais… depuis combien de temps j’en rêve. » dit-il en remontant vers le visage de Galen, lui chuchotant d’une voix rauque quelques mots dans le creux de son oreille. Orson confesse ses fantasmes. Il se sent capable de dire toutes les choses honteuses qui ont comprimé son âme pendant longtemps. « Je voulais t’aimer comme tu le mérites. » N’est-ce pas la plus belle preuve d’amour qu’il puisse lui faire ? Orson se sent exploser. Ni son cœur ni son corps n’ont été aussi brûlants et pleins d’ardeurs. Il se sent décéder dans ces vêtements qui le serrent et étouffent sa poitrine, particulièrement son entrejambe, de plus en plus expressif en ce qui concerne le désir qu’il éprouve pour Galen.

Orson illustre ses propos en dirigeant ses mains vers la ceinture de son amant, qu’il déboucle avec habileté, avant de faire glisser le pantalon d’uniforme. Tout en exposant la nudité de Galen d’une main, l’autre s’accroche au haut de sa cuisse, tandis que sa bouche arpente le contour de son nombril. Il vient déposer des baisers sur la ligne de son bas-ventre, puis de plus en plus bas, vers son pubis. Il constate que la peau de Galen est incroyablement douce et sucrée au passage de ses lèvres. Krennic savoure ces sensations inconnues, il se sent confiant dans ses gestes, puisqu’il détient l’aval de Galen. Sous ses lèvres, Orson peut ressentir les frémissements du corps de Galen. Il déploie alors des trésors d’expérience et de self-control pour gratifier son amant de sa dévotion grâce à ses caresses linguales. Il l’embrasse, ici et là, sans jamais véritablement se rendre vers le centre névralgique de son plaisir. Il le tente, le torture, lui donne envie d’aller toujours plus au centre. Orson promène sa langue sur son pubis, son entrejambe, ainsi que le haut de chacune de ses cuisses. Enfin, il vient déposer des baisers à la naissance de son intimité, puis sur tout son long, jusqu’à couvrir la chair la plus gonflée, veinée de celle-ci. De simples baisers, innocents, dans un premier temps. Ces baisers se transforment parfois en caresses du bout des lèvres, et se mettent à effleurer de haut en bas et de droite à gauche le sommet de sa virilité. Il ne fait qu’explorer, sans réellement approfondir. Lui-même se sent dépassé, voire un peu gauche pendant les premières minutes. Cette position lui est inconnue, mais c’est quelqu’un d’intelligent et de perfectionniste, il parvient aisément à trouver ses marques grâce aux signes exprimés par Galen. D’autant plus que pour avoir déjà profité d’attentions sur cette partie charnue et nerveuse de sa propre anatomie, il sait exactement ce qui est agréable et ce qui ne l’est pas. Orson veut faire profiter à Galen de ce plaisir, l’emmener dans un état tel qu’il ne voudra plus jamais en ressortir. Il désire être le seul à disposer de tous les droits sur son corps, particulièrement sur ses plaisirs. Lorsqu’il estime que les frissons sont assez nombreux et que la peau de Galen est aussi brûlante qu’un brasier, il se met enfin à le prendre en bouche. Et dès l’instant où ses lèvres s’écrasent autour de son membre – qui se révèle exactement comme il l’a rêvé –, c’est une chaleur insoutenable qui s’engouffre dans sa bouche. Une chaleur telle qu’il a presque l’impression de suffoquer. Orson s’avance de plus en plus loin, jusqu’à le prendre intégralement en bouche. Il lui fait alors profiter de toute sa passion, de toute sa chaleur et de son humidité. Il savoure pleinement de sentir la partie la plus sensible de l’anatomie de Galen Erso en lui. Ses mains s’accrochent à la courbe bien faite de ses fesses, ses ongles s’enfonçant progressivement dans sa chair, pour maintenir avec fermeté le bassin de Galen contre lui. Ses gestes sont lents mais précis, et désormais, seul le bruit de ses grognements d’aise se fait entendre dans le grand salon de ses appartements. Ses va et viens sont répétitifs, mais alternent entre lenteur et rapidité, en fonction des réactions de son amant. Le goût de la peau de Galen, mêlée à ses propres fluides a quelque chose d’unique, c’est une sensation qu’il refuse de quitter désormais. Il aime recouvrir la partie la plus intime de son amant de sa chaleur, parce que d’une certaine façon, c’est lui apposer son empreinte. Son nom. Sa marque. Sa présence. Son expertise. Sa salive recouvre bientôt sa virilité jusqu’à la garde, et il ne peut s’empêcher d’avoir des pensées de plus en plus territoriales et possessives sur elle. Orson la sent gonfler encore entre ses lèvres, ce qui lui fait accélérer la cadence et redoubler d’ardeurs pour lui faire atteindre le paroxysme. A chaque fois qu’elle se contracte contre les parois de sa bouche, que ce soit sous sa langue ou contre ses joues, c’est un réel plaisir pour lui. Il adore sentir les pulsations de ses veines lorsqu’il les parcourt du dessus de sa langue. Il voit que Galen aime et il constate surtout que c’est à cause de lui qu’il éprouve autant de plaisir. Galen est un diamant brut qu’il traite respectueusement en voulant extirper de lui des frissons et des gémissements sous l’expertise de sa langue, le long de sa verge enflammée et pulsatile. Il adore ces brefs sursauts nerveux qui précèdent les pulsations et les contractions de ses muscles, ce sont autant d’indices qui le laissent penser que Galen s’abandonne peu à peu à la jouissance. De temps en temps, Orson lève ses beaux yeux bleu océan pour les ancrer dans ceux de Galen en voulant lire l’expression de son visage. Il ne ferme pas les yeux, non, il préfère garder le contrôle de ses gestes pour ne pas commettre d’erreur. Orson est tragiquement méticuleux. Il désire voir Galen renoncer à toute retenue ou pudeur pour se laisser aller entre les mains fiévreuses d’un amant passionné et dévoué. Lui. C’est plus qu’un acte banal entre deux partenaires sexuels, c’est pour Orson un acte d’amour et d’abandon. Il lui offre sa loyauté, sous la plus belle forme qui soit. Galen sait sans doute que ce n’est pas quelque chose de familier pour le commandant impérial. C’est loin d’être un acte qu’il est capable de faire avec quelqu’un d’autre. Krennic déteste depuis toujours d’être ou d’avoir l’air inférieur en quoi que ce soit et devant qui que ce soit.

“It's just a little red wine, I'll be fine. Not like I wanna do this every night. I've been good, don't I deserve it? I think I earned it, feels like it's worth it. In my mind, mind. Twisted reality, hopeless insanity. I told you I was okay, but I was lying. I was dancing with the devil. Out of control. Almost made it to heaven, it was closer than you know. Playing with the enemy. Gambling with my soul. It's so hard to say no, when you're dancing with the devil.” (dancing with the devil – demi lovato)



Il dévoile tous ses secrets les plus scabreux, toutes ses fragilités. Ce qu’il dépose aux pieds de Galen Erso, c’est toute son essence. Toute sa subjectivité déformée, perverse et monstrueuse. Ces désirs refoulés ont longtemps fait l’écho d’une masculinité exacerbée, toxique et abusive. Dans une société aussi conservatrice et patriarcale qu’est l’Empire galactique — ses penchants ne peuvent être compris sans faire l’objet de médisances, de moqueries et de mépris. D’une part, pour un homme de sa stature, — un véritable mâle alpha, dominateur et destructeur — il ne peut y avoir d’inversion des rôles. Orson Krennic doit dominer les femmes comme les hommes qui l’entourent. On n’arrive pas à la position hiérarchique qu’il occupe et qu’il rêve de gagner sans écraser toutes les personnes qui se trouvent sur sa route. D’autre part, sa sexualité ne peut qu’être tournée vers un schéma classique, loin de celui qui se joue à l’instant même entre les draps en satin de son grand lit. Orson domine physiquement et sexuellement les femmes. Elles lui donnent du plaisir là n’est pas le problème. Il les en trouve certaines très attirantes — surtout sur le plan esthétique, lui qui est si tourné sur la beauté des choses et des corps. Un architecte de doit d’apprécier les belles plantes et de savoir en jouir de ses fruits. Les femmes sont belles, inutiles certes (MON DIEU), mais sexuellement attractives et surtout compréhensives. Il a recherché pendant des années une douceur qu’il n’a jamais pu avoir dans son enfance troublée, névrosée. Il a eu un certain nombre de maitresses dans sa vie, parfois pour faire simplement jaser ses collègues et renforcer l’idéal ce masculinité dominatrice qu’il s’est forgé. D’autre fois, pour soulager ses tensions. Puis certaines fois, par facilité et dans une dynamique de narcissisme extériorisé — elles sont si fragiles et dociles à la fois, si facilement impressionnables et séduites par sa position hiérarchique. Elles ne peuvent que le conforter dans ses qualités, dans ses privilèges, dans son autorité. Krennic s’en est servi maintes fois comme de simples mouchoirs (mon dieu x10) pour éponger ses dures journées d’intenses frustrations professionnelles, au mieux, des trophées avec lesquels parader en société. Un homme puissant est forcément entouré de femmes admiratives, avec les yeux scintillants comme le plus bel éclat d’un diamant. Krennic a jouit de cette position pendant des années — appréciant leur contact et le goût sucré de leur peau. Les femmes sont douces, si douces. Un homme aussi névrosé que lui ne peut que voir tous ses désirs comblés avec elles. Il n’est toutefois jamais tombé amoureux d’une femme. Il n’est pas non plus tombé amoureux d’un homme. A l’exception de Galen Erso — ses véritables sentiments ont mis un certain temps à éclore, tant ils se sont retrouvés dans la confusion d’une amitié fusionnelle et tactile. Il a cru pendant un long moment ne vouloir que partager des moments amicaux avec Galen, alors qu’une partie de lui a toujours aspiré à autre chose. Orson n’a finalement jamais voulu admettre la dualité de ses propres sentiments. Il s’est borné à ne voir en Galen qu’un meilleur ami. C’est plus simple, moins dangereux pour sa carrière ou pour sa propre psyché plutôt que d’admettre avoir une attirance manifeste et obsessionnelle pour un autre homme. D’autant plus que c’est la première et seule fois. Orson a mis ces désirs sur le compte de la proximité entre eux, de l’intense fusion de leur amitié, de leur complémentarité ardente. La vérité est plus brutale, handicapante même. Il n’est pas fondamentalement et exclusivement excité par les hommes. Il aime les femmes de prime abord. Enfin, il aime Galen Erso en premier lieu. Il aime ensuite le corps magnifiquement dessiné des femmes et leur capacité à lui offrir la jouissance en un claquement de doigt. Il n’aime pas plus que cela ses congénères — qu’il dépeint plutôt comme des rivaux, sur tous les plans de sa vie. Les hommes sont dangereux. Il le sait mieux que quiconque, puisqu’il en est lui-même un. Les hommes sont capables de vices, de manigances et de violence. Il est incapable de faire confiance à ses congénères - lui-même ne cesse de se mettre en point de comparaison suprême dans son jugement des autres. Puisque lui est capable des pires atrocités, puisque lui est capable de mensonges, puisque lui est capable d’autodestruction et d’une très grande toxicité — tous les hommes le sont donc aussi. Tous les hommes sont donc psychotiques, menaçants et fuyants. Orson Krennic est fait d’un narcissisme effrayant. L’amour qu’il porte aux autres est un amour égocentrique. Comme une extension de sa propre personne, les personnes qui reçoivent des affections doivent être modelées à son image — laquelle est forcément parfaite. Orson s’est toujours beaucoup trop soucié de sa propre personne pour être capable de compassion ou d’empathie — sauf pour Galen Erso. Il n’a finalement jamais trouvé d’adversaire à la hauteur de sa démesure, capable de le mettre au supplice, jusqu’à Galen Erso. Lorsqu’il a réalisé l’ampleur de son désir pour son meilleur ami, ce fut comme un coup de tonnerre. Il ne s’en est pas remit pendant au moins quinze jours. Il a refoulé ses désirs pour les remplacer par des prétextes et des mensonges. Il est entré dans une relation abusive, toxique et destructrice avec avec Galen Erso. Il a cherché à nier, les premières années en tout cas. Il s’est bercé d’illusions, avant de s’interroger clairement sur son degré d’attirance pour les autres hommes. La même réponse s’impose à chaque fois dans son esprit. Le corps des hommes ne l’intéresse pas plus que cela — parce qu’il n’y en a qu’un seul qui l’embrase comme un feu de forêt depuis ses vingt ans, et c’est celui de Galen Erso. Il ne peut pas s’intéresser aux autres hommes, il ne peut pas avoir d’amants, parce qu’il est obnubilé depuis toujours par Galen Erso. Aucun autre homme n’est aussi brillant, physiquement attirant, envoûtant — aucun autre ne possède sa voix si froide et capable d’un seul mot de lui déclencher des frissons dans tout le corps, aucun autre ne peut arguer avoir son génie, tout comme sa repartie, aucun autre n’a son odeur ou le goût de sa peau, sans parler de ce souffle chaud qui lui fait frôler les portes du paradis à chaque soupir dans le creux de son cou. Galen Erso est son idéal. Galen Erso est le seul homme de sa vie. Il n’a jamais expérimenté la chose avec l’un de ses congénères jusqu’à maintenant. Galen ne le croira probablement pas, au vu de la facilité avec laquelle il s’est rué sur ses lèvres, à tâtonner chaque parcelle de son corps de ses doigts impatients dans ce bar.  Ce n’est qu’une illusion — un jeu de dupe. Orson prétend savoir exactement ce qu’il est en train de faire, alors qu’il est intérieurement complètement dépassé par les événements. Comme maintenant.

Alors qu’il se tient au-dessus de Galen, en position dominatrice, Krennic l’entend débuter ses menaces implicites. Il devine dans le regard de son amant un changement de direction radicale. Il comprend rapidement ce dont il est question. Galen Erso n’est pas rebuté par ces fantasmes, qui bien au contraire, lui donne envie de les exécuter maintenant. Un lueur brille alors dans les yeux d’Orson Krennic. Une lueur d’envie tellement forte, une envie qu’il ne l’a jamais éprouvé de toute sa vie. Cela le comble, de savoir que Galen accepte ses aveux scabreux, et qui plus est, s’apprête à réaliser tous ses désirs. Il a alors le cœur qui bat la chamade, se contractant de temps en temps, parfois même, il rate un battement tant il se trouve dans une course effrénée. Orson n’arrive pas à calmer les élans de son cœur – quand bien même, il refuse de le faire, il aime bien trop cette impression de se sentir enfin… vivant. En un clin d’œil, le voilà retourné sous le corps nu et musclé de Galen. La bouche mi-close, un soupir s’en échappe. Un soupir d’aise. Galen le maintien au-dessus de lui, dominant tout son corps. Orson en profite pour détailler de près les pores de son visage parfait, chaque ride au coin de ses lèvres ou de ses yeux, chaque étincelle d’excitation dans le regard, chaque frémissement qui lui fait hérisser les poils des bras. Les yeux de Galen sont durs, le voilà qui revêt enfin l’habit de l’impérial autoritaire, du mâle Alpha, du dominant dans le tango qu’ils se livrent ensemble depuis une heure. Le voilà dans toute sa superbe, qui le rembarre, qui lui donne des ordres, qui lui rappelle que dans le plus simple appareil, il n’est plus l’effroyable et autoritaire « Commandant Krennic », mais un homme esclave de ses propres désirs comme n’importe qui d’autre. Galen Erso n’a jamais été aussi attirant que maintenant. Il est irrésistible lorsqu’il le domine physiquement et en paroles. Orson savoure pleinement de sentir leurs virilités qui s’effleurent – moites et érigées comme des colonnes fabriquées dans un très beau marbre. Il s’exprime alors, d’une voix claire, posément, avec une phonétique parfaite – une voix douce mais avec une pointe… de quelque chose qu’il n’arrive pas à identifier dans l’immédiat. Krennic ne se laisse pas duper par le timbre de voix de son amant à cet instant, car ses yeux expriment tout l’inverse de sa bouche – il y a une autorité presque naturelle qui s’exprime dans sa voix, malgré son apparente douceur. Un ton autoritaire qui éveille son sexe de plus belle, qui déclenche des frissons le long de sa colonne vertébrale. Orson éprouve alors une envie inouïe, celle de « dire oui » sans discuter. Il est incapable de se souvenir de la dernière fois où il a déjà ressenti une envie de se soumettre à la volonté de quelqu’un. Probablement que ce n’est jamais vraiment arrivé. « Drôle ? » rétorque Krennic en haussant les sourcils. Il fait mine de ne pas comprendre. « N’est-ce pas ce que j’ai toujours fait, Galen ? » souffle-t-il en adoptant exprès un timbre de voix suave. « Prendre… » C’est effectivement ce qu’il a toujours fait. Prendre encore et encore, souvent sans demander l’autorisation de ses proies. Orson Krennic prend toujours, mais aujourd’hui, la roue vient de tourner, une personne va lui rendre la monnaie de sa pièce – le prendre encore et encore. L’idée d’être pris, de quelle que manière que ce soit par un homme – d’autant plus par Galen – imprègne en plus une grande fébrilité. Krennic se fait encore plus provocateur en désirant plus de lui – plus d’autorité, plus de masculinité, plus de domination, plus de menaces, plus de tortures, plus de sanctions. « Ce n’est pas toi qui décides, Orson » Une phrase qui se répète dans chaque recoin de son esprit – Krennic s’en délecte avec gourmandise. A chaque fois qu’il y repense, son cœur rate un nouveau battement, avant de s’emballer de plus belle. Une chaleur volcanique entre ses cuisses et des décharges électriques le long de son dos succèdent à cette course cardiaque frénétique. C’est surprenant pour lui de se découvrir dans la position de la victime, de l’entravé. Il se surprend à jubiler dans cette position. Lui, Orson Krennic, qui met toujours un point d’honneur à montrer sa supériorité se découvre une nouvelle passion – une part de sa personnalité inconnue qui fait l’écho de rêves sales et humides. Orson Krennic est celui qui doit se taire et subir tous les sévices sexuels et romantiques qui soient. Il jauge Galen de ses cils noirs qui s’affaire à l’emprisonner aux barreaux du grand lit. Orson se retrouve rapidement avec les poignets recouverts du métal glacé de ces menottes. Pendant toute la durée de l’effort, il n’émet aucun signe de résistance. « Ce n’est pas toi qui décides, Orson » Une mélodie qui se répète encore et encore. Bien sûr que si, Galen. Je décide toujours. J’ai toujours tout décidé dans notre relation. Pour une fois, les rôles vont s’inverser et prendre la forme d’un jeu sexuel. Prouve-moi que j’ai tort, Galen. Vas-y. Décide pour moi. Punis-moi. Ose me punir. Putain, Galen. Je te veux tellement. Il se remémore chaque mot en voulant que son amant ne s’arrête jamais de le faire sien, et de le marquer par sa suprématie. Il ne peut le constater par lui-même, mais ses propres yeux brillent comme l’éclat d’un diamant. Krennic s’amuse à gigoter ses mains pour s’assurer de la solidité des menottes – efficaces, puisque le métal lui enserre doucement la peau tendre des poignets et laisse quelques lignes rouges sous ces dernières. Une grimace vient se dessiner sur son visage, mais au lieu de se plaindre, ses lèvres se retroussent en un large sourire de satisfaction. Il adore ça. C’est fou comme il adore ça. Être la victime de Galen Erso est un fantasme qui devient réalité. « J'aime quand tu prends les devants, mon cher Galen... » souffle-t-il d'une voix provocante, sensuelle. Il plante ses iris dans les siens pour le défier de plonger dans ce jeu de rôle des plus excitants. Il désire subir Galen plus que tout au monde. Krennic ferme les yeux, en savourant la nouvelle autorité de son amant comme un enfant qui découvre un nouveau jouet sensationnel.

Lorsque Galen l’interroge sur son passif sexuel, une réaction tout à fait naturelle pour un nouvel amant, mais qui le transperce d’une étrange excitation. « Ne réponds pas. » Orson a envie de lui répondre — vraiment très envie. Combien de fois a-t-il joué à ce jeu de domination ? Tellement de fois. Avec des femmes, toujours. Galen est le premier homme à découvrir ses perversions et les caresser du bout des doigts, mais est-il prêt à l’entendre ? Orson a toujours gardé la même position supérieure et dominatrice avec toutes ses conquêtes – un jeu répétitif, qui ne l’a jamais dérangé jusqu’à ce que Galen accepte de jouer enfin avec lui. C’est ainsi qu’Orson Krennic prend son pied – en dominant, avec des menottes ou des coups de bassin bien placés. Dominant mais jamais dominé. « En fait, je t’interdis de dire quoi que ce soit » C’est même un besoin qui pulse jusque dans son bas-ventre. Cette nudité le gêne, parce qu’elle met en évidence tous ses secrets et toutes ses impulsions. Il ne peut rien cacher à Galen sur l’ampleur de ses émotions, ou de son excitation. Et cela l’excite encore plus fortement de deviner une pointe de jalousie dans le timbre de voix de son amant. Il se sent même vouloir être insolent avec Galen. « Il n’y a eu que… » commence Orson, avant de s’interrompre en découvrant une dureté dans le regard de Galen qu’il n’a jamais expérimenté auparavant. Il sent que ses lèvres s’allongent en un sourire narquois. Tu veux jouer l’autoritaire avec moi, Galen ? Il est à deux doigts de lui envoyer une réplique en pleine figure – moqueuse et froide. « Tu penses que tu peux me faire taire ? » renchérit-il en détachant chaque syllabe, chaque mot avec la ferme intention de le rendre fou – tout cela n’est qu’une énième tentative de pousser le vice encore plus loin. Et puis, il se met à rire. Ce rire est léger, chaud. Quelle arrogance, elle ressort dans chaque éclat de son rire. L’impérial veut que Galen le domine, le fasse gémir et crier jusqu’à en perdre l’usage de la voix – qu’il s’en brise même les cordes vocales. Qu’il le frappe et le fouette, qu’importe – il désire ardemment ressentir les choses dans sa chair, le plus profondément possible, qu’il en frôle l’autodestruction. Il lui offre fièrement son menton légèrement relevé — fier, ainsi qu’un regard irrésistiblement arrogant. Krennic sait comment être sexy, même dans le détestable. Si tu savais comme ça m’excite quand tu fais ça avec moi. Galen le sait. Il le sait déjà. Il ne peut que le constater lui-même. Tu le vois, tu me sens. Orson ne camoufle pas la force de son excitation – mélangée aux légers frottements du corps de Galen contre son intimité, alors qu’il se déplace au-dessus de lui pour entraver ses moindres mouvements. Son excitation est si grande, que s’en est atrocement douloureux. Ce n’est pas une douleur vive, c’est une douleur lente et pulsatile. Une douleur lancinante, qui impulse des contractions le long de cette verge enflée et fièrement dessinée, la faisant se dresser jusqu’au point de non-retour. Une certaine humidité, chaude et translucide, lui rappelle même cette faiblesse comme une claque en plein visage. Elle recouvre légèrement son prépuce, comme un appel à plus de sollicitude. Les prémisses de sa semence lui font frôler la démence. Quelle torture exquise que d’être dans l’attente d’une caresse, ou même d’un simple effleurement sur une peau chauffée à blanc. Orson est écrasé par le poids de la chaleur de leurs corps, des draps autour de lui et du désir qui brûle en son bas-ventre. Lui-même est capable d’une grande force de résistance - en temps normal. Quoiqu’il a toujours été particulièrement sauvage et impatient. Mais avec les femmes, c’est bien plus facile de se contrôler. D’être le maître du jeu. Le seul dieu vivant en l’espace d’une nuit pour elles. Devant Galen Erso, c’est une autre histoire. Il a désiré ce moment depuis tellement d’années, qu’il ne parvient pas à garder le contrôle de son corps et encore moins de ses pensées indécentes. Là, maintenant, il n’est que l’ombre de son désir. Un désir qui menace d’exploser, de déborder et de le faire hurler s’il n’est pas rapidement soulagé. Orson est dévoré par l’envie de se ruer sur les lèvres de Galen pour les étreindre si fortement qu’il vienne à en manquer d’air. Il veut s’emparer de son avant-bras d’un coup ferme et vigoureux pour le conduire jusqu’à son intimité enflée afin de la satisfaire. Il se retient si férocement de faire un mouvement pour le contraindre à l’aider à exulter toutes ses tensions. Krennic a désespérément besoin d’être soulagé. Maintenant. Il plante alors ses deux orbes glacés dans les siens, en quête de réponses. Jusqu’où est-il possible d’aller ? Jusqu’où Galen est-il prêt à s’abandonner à ce petit jeu de domination et de soumission ? Orson est perplexe, tous ses sens sont en éveil. Il est prêt à tout, vraiment à tout. Il garde les lèvres closes, conformément aux désirs de Galen de ne plus l’entendre prononcer de mot. L’envie est irrépressible et gronde en lui comme un volcan sur le point d’entrer en éruption. Galen exprime alors une possessivité qui met k.o l’impérial. Un besoin d’appartenance qu’il ne lui a jamais connu jusqu’à maintenant et qui l’emporte dans un tourbillon d’émotions violentes. « Je me fiche de ceux qui auront été dans ton lit avant. Ils n’étaient pas moi » Krennic garde le silence, pendant que Galen extirpe un foulard en soie de son précieux tiroir aux merveilles, dans le but de recouvrir ses yeux bleu océan. Orson ne peut masquer une certaine appréhension, à moins que ce ne soit une excitation fébrile d’être complètement entravé. Il ne peut que se laisser faire, comme un pantin devant un marionnettiste sadique. Galen a bien raison. Le passé n’a que peu d’importance – seul l’instant présent compte. Seuls les gestes de son amant qui s’affairent autour de son visage lui importe. Progressivement, sa vue faiblit à mesure que le bandeau s’enfonce sur son visage. La précision des détails, des formes se fait plus floue, tandis qu’un voile sombre l’empêche de deviner les formes grossières qui se trouvent face à lui. Lorsqu’enfin, l’obscurité vint recouvrir ses prunelles, c’est avec un étrange papillonnement dans le ventre qu’il accueille ce boost d’adrénaline et de sensations inconnues. « Je suis le seul » C’est un avertissement qu’Orson Krennic chérit particulièrement, ce dernier fait l’écho parfait de ses propres névroses. Orson a ses défauts et ses obsessions, mais le but ultime de sa relation avec Galen Erso a toujours été de lui faire partager certaines d’entre elles. Et voilà que Galen Erso désire se l’appartenir, de force qui plus est – cela le fait le désirer encore plus. Lentement, ses lèvres se mouvent pour répéter cette phrase – silencieusement et comme un mantra : « Tu es le seul. Ici et maintenant. » Orson ne parle pas. Il n’en a pas le droit. Il ne retient pas en revanche l’expression de son plaisir. Il pousse un gémissement, lorsque son amant parcoure son oreille, en la lui mordillant. C’est si soudain et touchant de sincérité. Aussitôt, il se sent traversé par une sensation de chaleur dans ses joues — de la honte. Il s’y refuse. Il refuse de se montrer aussi faible. Les femmes gémissent, les hommes comme lui gardent le silence et intériorisent leur degré de satisfaction. Orson crispe sa mâchoire pour se retenir de signifier plus que nécessaire son plaisir. Il ne résiste pas plus longtemps au besoin qui enflamme ses entrailles de se montrer plus expressif. Au lieu de faire acte de retenue, il s’entend souffler un second gémissement malgré lui. Galen lui procure beaucoup de bien, et des vertiges à des endroits qu’il considère comme inattendu. Il adore, il tremble presque, alors que la chaleur déferle en lui comme un raz-de-marée, et devient rapidement étouffante. Une charge nerveuse vient s’emparer de lui, et son cœur s’emballe déraisonnablement. Il ouvre la bouche pour demander encore, pour le supplier d’embrasser son lobe, le mordiller, le lécher — tant il adore la sensation que sa bouche procure à son corps d’une simple caresse bien placée. Il ouvre donc la bouche, mais aucun mot ne sort – Orson est comme extérieur devant sa propre soumission, incapable d’anticiper les gestes de son amant à cause du foulard à ses yeux. « Il n’y a que moi. Il n’y aura plus que jamais que moi. » Galen ne peut deviner avec plus d’exactitude les désirs profonds de l’impérial en cape. Il approuve de concert, d’un sourire sincère, ces propos proférés avec tant de passion et de possession. Lui aussi ne veut personne d’autre dans son lit. Il n’a besoin que de la chaleur corporelle et des soupirs de Galen Erso pour être parfaitement comblé, jusqu’à la fin de sa vie. Ce qui peut le ravir encore plus, c’est l’acte ultime d’amour – cette fusion tant attendue, qui éveille en lui une douleur lancinante dans son bas-ventre. Un désir impatient et tremblant, si puissant qu’il en a des vertiges en imaginant leurs corps ne faire plus qu’un. Orson brûle de sentir cette virilité puissante en lui, qui le possède implacablement jusqu’au dernier centimètre de chair enflée.

Et pendant une fraction de seconde, il s’interroge sur les possibles sanctions d’une désobéissance. Une lueur de défi brille dans ses pupilles. Le bleu océan qui les recouvrent se voile alors d’un éclat de malice qui occupe tout l’espace. Après un court silence, il lâche enfin : « Que des femmes… » Faible et entrecoupé de grognements. Il insiste pour revenir sur la question que Galen a précédemment posée, avant de lui bander les yeux. « Il n’y a toujours eu que des femmes dans mon lit. » Galen ne peut se méprendre sur la sincérité qu’il exprime à demi-mot. Orson est entravé, certes physiquement, mais son esprit ne l’est pas, et pour une fois, il trouve que la vérité est plus belle encore qu’un mensonge joliment enveloppé. Alors, ces menottes, ces foulards, ces produits corporels, ces huiles, ces encens, ces bougies (non mais c’est un sex shop son tiroir, vas-y on va lui faire en ouvrir un sur Lexrul ou Lah’mu MDR) ne sont que pour elles et personne d’autres. Personne ne l’a non plus dominé. « Elles ne m’ont jamais… » Étrangement, il n’ose le dire à haute voix, alors qu’il s’est montré si loquace quelques minutes plus tôt. « Tu es le premier à me traiter de la sorte. » Un sous-entendu clair. C’est lui qui a dominé ces femmes tout le long de leurs rapports. La position de maître et de l’esclave ne s’est jamais inversée. Orson a toujours refusé d’être soumis à une femme — aussi belle soit-elle. Elles étaient, de plus, beaucoup trop impressionnées ou timides pour oser prendre les devants et lui donner tort — et si elles l’avaient fait, elles auraient découvert une autre facette de sa personnalité, et elles auraient surtout entr’aperçu tout le plaisir qu’il a dans une position de soumission totale. « Tu es le premier… » répète-t-il avec plus de difficulté, au fur et à mesure de la descente de son amant, jusqu’entre ses jambes. Lorsqu’il vient mordiller l’intérieur de ses cuisses, ce sont de nouvelles décharges qui assiègent son bas-ventre, jusqu’au bas de son dos. Krennic soupire lascivement en essayant de se tenir tranquille, alors que l’envie de gesticuler pour faire signifier son besoin d’être soulagé le tourmente, autant de corps que d’âme. Il réalise que son corps est parcouru de marques rouges – celles des dents de Galen. Il est recouvert de traces rouges à certains endroits, des marques de possession laissées par les lèvres et la langue de Galen. Orson savoure la texture des lèvres de son amant sur ses muscles, son torse, sur la peau tendre et sensible de ses hanches, de son ventre. Lorsque Galen arrive à son ventre, les frissons s’amplifient dans le bas de son dos. Comme des petites décharges électriques contre lesquelles il ne peut pas lutter, il ne peut qu’y succomber. Krennic grimace, non pas de douleur mais d’impatience et de plaisir. L’impérial savoure ces caresses qui lui semblent alors d’une intensité exceptionnelle. Il est incapable de voir ce que Galen lui fait, mais ce handicap laisse entrevoir des possibilités plus réjouissantes encore. Krennic comprend que tous ses autres sens s’éveillent en étant privé de l’un d’entre eux. Il a l’impression de les redécouvrir – de sentir pour la première fois de sa vie l’odeur du sexe, de salive, de chaleur mêlées aux effluves d’eau de Cologne. Il a presque l’impression d’entendre pour la première fois la voix de son amant, et d’en apprécier chaque intonation, chaque petite phrase insidieuse et autoritaire. Quand soudain, la langue de son bourreau vient se glisser le long de sa virilité comme dans une chaude étreinte, c’est pour lui, l’apothéose de l’extase. Nulle sensation n’est aussi sulfureuse et décadente qu’une caresse langoureuse, nulle ivresse n’est en mesure de rivaliser avec la montée fulgurante de plaisir qui s’engouffre en lui, alors qu’une vague presque caniculaire vient implacablement envelopper son entrejambe. C’est si bon, mais insuffisant à la fois. Ce n’est qu’une simple caresse, après tout. Galen n’a pas encore emprisonné son sexe entre ses lèvres — c’est ce qu’il désire avec plus d’ardeur, maintenant qu’il a goûté au début de son supplice. Ce qui suit est une réaction si naturelle qu’elle en est déconcertante – il éclate de rire, mais cette fois-ci, c’est un rire sincère et euphorique. Orson Krennic est euphorique. « Oh, putain. Galen. » Soupirant d’aise sous cette délicieuse friction linguale, Orson rejette violemment sa tête en arrière, contre l’une des taies d’oreiller en satin. C’est si bon qu’il a envie de rire jusqu’à s’en briser les cordes vocales. Orson est parcouru de sensations si extatiques et vertigineuses, au point qu’il a envie de se taper l’arrière du crâne contre l’oreiller jusqu’à l’évanouissement. « Galen, oui… Merde, oui. J’attends ça depuis… » Depuis quand exactement ? Une demi-heure ? Plus que ça, beaucoup plus que ça. Sa seule frustration est d’être privé de la vue exquise de Galen entre ses jambes. Il imagine alors le visage de son amant descendre sur son pubis, l’intérieur de ses cuisses, pour venir longer sa verge de sa langue. Il l’imagine si distinctement, qu’il sent que de nouvelles contractions le mettent au supplice. D’un coup, tous ses muscles se détendent, et relâchent enfin la tension accumulée depuis une heure. Un sourire béat décore ses lèvres minces, qu’il parcoure spontanément du bout de sa langue pour les humidifier doucement – rêvant d’embrasser Galen après qu’il l’eut goûté. Il espère pouvoir presser les lèvres sucrées de Galen contre les siennes, mélangées à l’amertume de leurs fluides. « G—Galen ? » s’exclame-t-il en réalisant brutalement que le rêve vient de tourner au cauchemar. Lorsque la bouche de Galen s’écarte du bout de sa verge, c’est un véritable sacrilège. Orson grogne, peste, furieux. Il s’est senti transporté par cette chaude étreinte mouillée, la douceur de sa langue le long de son membre tremblant, parcourant ses veines palpitantes, jusqu’à ce qu’elle vienne recouvrir le bout rougeâtre et innervé. Le paradis existe et il prend ce soir la forme de Galen Erso. Son premier réflexe est alors de tirer sur ses poignets, avec l’intention d’attraper les cheveux de son amant pour le ramener sur-le-champ entre ses cuisses. Il ne peut pas le laisser dans cet état — de fébrilité et d’excitation telle qu’il peut jouir maintenant avec quelques caresses. Merde. Il tire, mais rien n’y fait – un grognement de frustration s’échappe de sa bouche mi-close. Il est entravé, et cela le frustre tout en décuplant son excitation – encore plus que d’être privé de la vue. Il ne peut qu’imaginer, fantasmer, deviner le prochain mouvement de Galen dans son cerveau en pleine ébullition, tapissé d’obscénités. « Supplie-moi » ordonne Galen. Exactement comme dans ses rêves — et c’est bien plus exquis en réalité. Bien plus difficile à supporter aussi, les sensations n’étaient que chimériques dans le cadre de ses songes. « Galen… Je t’en prie… » marmonne-t-il entre ses dents. Non, il n’y a plus de pudeur. Il veut sentir encore cette langue le parcourir, si insidieusement, qu’il veut en gémir fortement. Orson s’est montré frileux, mais plus maintenant. Il a terriblement faim de cette sensation. Il est prêt, sans doute, à s’oublier dans sa propre ascension — d’oublier toutes ses règles, ce s’il ne doit pas dire, ce qu’il doit se permettre, et s’abandonner véritablement à une jouissance de cette intensité. « Galen, reprends la dans ta bouche. Ne me fais pas attendre, je t’en prie. J’ai envie… très envie de toi. Fais-moi… » Krennic s’interrompt naturellement et inspire une profonde bouffée d’air pour se donner le cran de continuer. Il s’apprête à le supplier, lui, qui a pourtant l’habitude d’être l’homme que l’on supplie et que l’on implore pendant des heures. Déglutissant péniblement, Krennic contracte les muscles de sa mâchoire en articulant un petit : « Pitié. » moyennement audible. Ce « pitié » sort difficilement de sa bouche. Galen en est témoin. Il sort comme un marmonnement entre ses dents. Presque comme un gémissement. « Fais-moi jouir. » Oh oui, c’est qu’il y est presque. Il en est capable. Cette jouissance l’obsède.  

“You only know what I want you to. I know everything you don't want me to. Oh, your mouth is poison, your mouth is wine. You think your dreams are the same as mine. Ooh, I don't love you, but I always will. I wish you'd hold me when I turn my back, the less I give the more I get back. Ooh, your hands can heal, your hands can bruise. I don't have a choice, but I still choose you. I don't love you, but I always will. I always will.”
(poison and wine – the civil wars)



Lorsque Galen affirme ne pas vouloir entendre ses explications, Orson n’en croit pas un mot. Il a décelé assez tôt une pointe de jalousie dans son discours. Galen veut savoir avec qui il a pu coucher. Qui a bien pu serrer ses draps, mouiller ses housses ou bien encore s’endormir à ses côtés d’épuisement. Personne en réalité. Orson n’a jamais accepté que qui que ce soit s’endorme avec lui après le sexe. Il a toujours congédié ses maîtresses. Elles ont été peu nombreuses, mais toutes des femmes. Orson Krennic n’a jamais couché avec un homme, jusqu’à Galen Erso. Galen est son premier, et probablement son dernier. Il ne s’imagine nullement dans les bras d’une autre personne que lui. C’est d’un sentimentalisme profond, presque larmoyant. Quelque peu obsédant et malsain.

Krennic supplie intérieurement, sans formuler clairement ses intentions. Son corps en sueur et moite exprime à lui seul ce qu’il désire avec tant d’impatience. Il veut sentir les lèvres de Galen Erso autour de sa virilité. Elle est gonflée, bien rouge et charnue. Sa peau est lisse, douce et parcourue de veines plus ou moins exubérantes. Orson se sent sur le point d’exploser tout son plaisir. Il a même l’impression qu’une seule caresse de la langue de son amant aura raison de toutes ses résistances. Cela fait incroyablement longtemps qu’il imagine se retrouver dans cette situation avec Galen Erso. C’est la première fois qu’il a l’impression de pouvoir toucher son rêve du bout des doigts. Enfin, voilà que l’objet de toutes ses convoitises s’apprête à enserrer sa virilité de sa bouche pour l’emprisonner dans une cage chaude et humide, exactement comme dans ses plus inavouables fantasmes. Orson ne veut pas s’échapper de cette chaude étreinte. Il ne veut pas en rester là. Bien évidemment, sa conscience lui rappelle parfois que Galen a une famille. Galen a une femme. Galen est marié. Marié avec Lyra. Galen a une enfant, une certaine Jyn. Galen a une vie…

Galen Erso a une vie, mais Orson Krennic s’en moque. Orson Krennic veut Galen Erso pour lui tout seul. Sans concessions. Sans pitié. Il espère, au fond de lui, que Galen aura un déclic et remettra tout son mariage en question. Que Galen lui déclarera sa flamme et le choisira pour seul amant. Qu’il enverra valser Lyra et Jyn. Cette pensée est d’un égoïsme froid et cruel, mais Orson Krennic aime de manière égoïste. Il ne s’en cache pas et n’éprouve aucune once de pitié ou de remord à cela. Il prend, il domine, il accapare sans le moindre état d’âme. La volonté d’Orson Krennic est inébranlable.

« Prends… Prends-là en bouche. » supplie Krennic d’une voix plaintive, si lancinante. Il ferme alors les yeux si fort, au point que les plis dans leur coin se renforcent. Galen le tente, logé entre ses jambes. Il effleure du bout de sa langue mutine le flanc de sa virilité, et caresse son sommet rougeâtre sans pour autant le soulager en l’enveloppant dans la chair tendre de ses joues. Orson soupire longuement, impatient. Il se sent si fébrile, que s’en est époustouflant. Ce grand commandant, cet illustre notable, cet officier impérial qui ne cesse de gravir les échelons depuis des années, en proie à obtenir le titre de directeur de son bureau, se voit réduit à ses plus bas instincts primaires, obsédé par une simple caresse de langue. Il accompagne les gestes de Galen, Ô combien superficiels, de ses mouvements de bassin en voulant toujours plus de sensations, toujours plus de proximité, toujours plus de sensualité. Orson dépérit. Il émet de longs râles, et des soupirs d’aise par moments.

« Je t’en prie, Galen. » Krennic insiste avec tant de charme, que s’en est remarquablement érotique. Même dans une position de pure soumission, il demeure le maître du jeu. Il se trouve dans une phase de marchandage sordide. « Prends-là. Ne me fais plus attendre. » Il n’en peut plus, vraiment plus. « Je veux te sentir. » Il fantasme déjà les longs va et viens de sa verge dans le fond de sa gorge, allant toujours plus loin, jusqu’à l’étouffement. Ces fantasmes et ces visions d’extase le font durcir davantage, se contracter. Il sent sa verge pulser dangereusement et ses veines gonfler encore plus. « Je veux que tu me goûtes. Entièrement. Je veux que tu prennes ma semence. » Qu’il l’avale intégralement même, qu’il reçoive toute l’ampleur de son excitation et l’engloutisse sans pudeur, sans retenue. Il veut que Galen se libère avec lui, pour lui, de toutes ses inhibitions. Orson en rêve. Il imagine de manière très distincte l’acte d’abandon qu’il s’apprête à commettre, une fois que les lèvres de Galen Erso se seront occupées de sa verge.

Enfin… Alors enfin… Galen exauce ses prières. Il cesse ses caresses superficielles du bout des lèvres ou de la langue pour enfin prendre en bouche sa virilité frémissante, brûlante. C’est alors une sensation vertigineuse qui prend forme en lui, comme lorsque l’on marche sur des charbons ardents. Il se sent brûler de tout son être, sans répit. Orson exalte sa joie en poussant un violent râle de plaisir. Il rejette alors sa tête en arrière, cognant cette dernière contre le moelleux de ses oreillers en plumes. Il soupire, se cambre contre le visage de Galen en voulant que ce dernier accélère le rythme de ses va et viens. Orson se sent comme partir à l’instant même où les lèvres humides de Galen se sont refermées autour de sa verge. Comme dans un étau. Il souffle son bonheur. Il exulte. Plus aucun filtre. Plus aucune pudeur. Plus aucune retenue. Orson Krennic s’abandonne à la folie, en accompagnant les gestes de va et viens de Galen avec son bassin. « Oui… Oui… Oui… » supplie-t-il en gémissant de plus en plus fort. Il parle doucement, dans un souffle chaud. Orson se sent venir. Tout va extrêmement vite, tout va même beaucoup trop vite. Il ne réalise pas, et le voilà déjà au bord de l’extase. « Putain, oui… Galen, oui… Oui ! » crie-t-il enfin, alors que sa virilité se contracte, en annonçant sa libération prochaine. Il se sent parcouru de spasmes agréables, ces petites décharges électriques rapides, qui se déclenchent à la seconde, mais qui creusent une sensation de plaisir longue, lancinante ensuite. Ils restent dans sa chair et sensibilisent tous ses nerfs.

Orson refuse de lâcher son orgasme. Il s’y accroche désespérément, et il le sent monter de plus en plus, jusqu’à bientôt accaparer toute son attention et le faire littéralement exploser. Il jouit, très fort. Plus fort que dans toute sa vie. Il ferme les yeux, tout en crispant ses muscles. Orson projette sa tête en arrière plus fortement, pour contenir ses gémissements, alors que le plaisir submerge son être tout entier.