[Terminé] ((ft. han solo)) ❘ flashback. (pv) ⁂ that was when i ruled the world;

“It was the wicked and wild wind
Blew down the doors to let me in
Shattered windows and the sound of drums
People couldn't believe what I'd become
Revolutionaries wait for my head on a silver plate
Just a puppet on a lonely string
Oh.. who would ever wanna be king”
(viva la vida - when I ruled the world ▴ coldplay)


-9 BBY ▴ CARIDA ▴ ACADÉMIE MILITAIRE.

Carida. Un secteur réputé dans toute la galaxie pour le prestige de son Académie militaire. L’Académie militaire de Carida est la perle de l’Empire Galactique. C’est entre les quatre murs de son école que la jeunesse impériale se forme au maniement des armes, à la conduite de vaisseaux galactiques et à la stratégie militaire. Carida est le lieu de formation d’une jeunesse forte et impitoyablement servile à la cause de l’Empereur Palpatine. Lorsqu’il déclara l’avènement de son ordre nouveau, Carida fut immédiatement réquisitionnée et transformée en un lieu dédié à l’endoctrinement des jeunes recrues, afin de faire d’eux des officiers impériaux dévoués corps et âme à la philosophie de Sheev Palpatine et de Wilhuff Tarkin. C’est une école militaire qui s’est rapidement imposée comme un symbole d’excellence et de compétence. Les élèves qui en sortent ne restent jamais bien longtemps sans emploi. L’Académie militaire existe depuis environ deux siècles, Carida a été choisie comme lieu d’établissement de ce haut-lieu de la stratégie et de la tactique militaire.

Orson Krennic ne sort pas de Carida, mais il entretient malgré cela des relations particulièrement étroites avec les membres du corps professoral d’élite. Qui n’a jamais entendu parler de l’infâme Directeur Krennic ? Un homme habillé en blanc avec une élégante cape. Un commandant respecté et craint dans toute la galaxie. Un architecte. De ses mains, l’Etoile de la Mort, la super-arme de destruction massive de l’Empire, est sur le point d’être une réalité.

Orson Krennic se promène dans les couloirs de l’Académie de Carida, accompagné par deux death troopers en armure noire ébène, consistant en sa fameuse garde rapprochée. Il arpente d’un pas décidé le corridor donnant sur la cour extérieure du prestigieux établissement militaire, les pans de sa longue cape blanche se perdant entre ses jambes à chacun de ses pas. Le bruit des talons de ses bottes en cuir noir produit un écho régulier entre les murs en pierre. Le directeur semble bien luné ce matin, il l’est suffisamment en tout cas pour se montrer serein à l’idée d’assister à la commémoration annuelle de l’avènement de l’Empire sur la planète Carida, et non à Coruscant comme à son habitude. Orson considère cela comme un geste de confiance de la part de l’Empereur Palpatine, au regard de l’importance qu’à l’Académie militaire aux yeux des impériaux. Krennic et son égo. Krennic et son besoin irrépressible, presque maladif d’être de toutes les fêtes. Alors que des officiers impériaux daignent le saluer en le croisant dans l’école, Orson Krennic demeure impassible à leur passage, comme s’ils faisaient partie des murs de l’établissement. Il les ignore, peu concerné par leurs « Bonjour Directeur Krennic ». Qui sont-ils pour savoir s’il s’agit ou non d’un bon jour ? Seul Orson Krennic est capable de l’affirmer. Certains bafouillent d’admiration devant l’aura qui émane de lui, notamment en redécouvrant la fantaisie vestimentaire qui est devenue, en quelques décennies, sa signature. Cette longue cape flotte dans son dos comme un étendard brandissant l’ampleur de sa supériorité. Aucun officier de classe supérieure ou inférieure ne se permet une telle fantaisie à l’exception d’Orson Krennic. Il aime le fait d’être unique.

Krennic s’amuse de cette situation comme un enfant découvrant son premier cadeau de Noël. En jetant de discrets coups d’œil à droite et à gauche, l’impérial se félicite intérieurement de l’efficacité de sa garde rapprochée de death troopers. Ils marchent au pas de l’oie entre les couloirs de l’Académie de Carida, d’une démarche chronométrée et dynamique, entourant la personne du Directeur Krennic. Ces soldats d’élite sont chargés de sa sécurité renforcée, et pour cela, ces pauvres âmes infortunées sont prêtes à donner leur vie au nom du directeur du département de recherche des armes avancées. Orson considère qu’il les a bien formés, du moins, qu’il les a merveilleusement bien sélectionnés parmi tous ceux qu’on lui a proposé.

Il lève l’une de ses mains gantées d’un beau cuir noir en direction d’un groupe de jeunes cadets en position de garde à vous, et par ce simple geste, Krennic leur fait signe de relâcher la pression accumulée ces dernières heures suite aux remontrances de leurs formateurs. Orson Krennic est conscient que les membres du corps enseignant ont certainement dû leur répéter quelques heures avant de se montrer irréprochables et respectueux devant lui. Krennic plante ensuite ses deux orbes bleu océan dans ceux de l’instructeur en chef. Le lieutenant Corso. lLun des membres du corps enseignant qui s’est porté volontaire pour faire son accueil. « Vous êtes en retard, lieutenant. » dit-il avec une assurance à couper le souffle, mais surtout une mauvaise foi. La seule personne qui est en retard dans l’immense cour extérieure de l’Académie de Carida, c’est Orson Krennic.

Krennic jette un regard furtif aux deux death troopers qui sont placés à sa droite et à sa gauche. D’un mouvement, l’impérial signifie qu’ils doivent rester en arrière quelques instants. Krennic désire échanger quelques mots discrètement avec le lieutenant Corso. Ils répondent avec tout le respect dû à la fonction d’Orson Krennic avec une légère inclination de la tête ; elle n’est pas assez basse pour être perçue comme un excès de zèle, mais elle l’est suffisamment pour rassurer le directeur sur la puissance de leur dévotion à son égard. « Directeur Krennic. » le salue respectueusement Corso. L’impérial est un habitué des rassemblements et parades militaires à l’école. « C’est toujours un plaisir de vous inviter à l’Académie de Carida. Surtout pour un évènement aussi grandiose que celui-ci. » Orson crispe sa main contre la boucle en acier de sa ceinture. De l’autre, Krennic rejette en arrière l’un des pans de sa cape fluide et immaculée, afin de dégager suffisamment de place pour installer cette même main sur sa hanche. Son égo est aux anges, on ne peut lui faire de meilleur compliment que celui d’accoler son nom de famille à son titre. Directeur. Directeur Krennic. C’est un signe que toutes les personnes ont conscience de sa place sur l’échiquier politique de l’Empire. Un sourire se dessine sur ses lèvres minces. Il ne cherche même pas à dissimuler cet élan de satisfaction. Orson Krennic arbore une expression faciale détendue, confiante et suffisante. Son menton est fièrement levé comme s’il essayait de toucher le bout du ciel, rien n’entache cette sensation de toute-puissance qui émerge en lui comme l’éclat foudroyant de sa précieuse Death Star. « Lieutenant. J’ai eu vent de certaines… difficultés en matière de surveillance le mois dernier. J’espère que vous avez pu y remédier. Carida est une planète à laquelle l’Empereur tient particulièrement. » Des salutations en bonnes et dues formes, pleines de reproches et d’amertume. « Ces satanés rebelles… Directeur… » gronde le plus jeune des deux officiers impériaux, en sentant ses joues s’empourprer à la fois de gêne et de terreur. Le lieutenant Corso se perd alors dans des explications abracadabresques afin de justifier les failles de sa stratégie militaire. Krennic est loin d’être dupe. Corso a manqué certaines de ses prérogatives, sinon, il n’y aurait jamais eu de fuites au cours du dernier examen de routine. L’impérial laisse toutefois son interlocuteur plaider sa cause, sans l’interrompre, avec une mine grave et sérieuse placardée sur le visage. « Intéressant. » répond-il sur un ton faussement concerné, tout n’est qu’une obscure mascarade. Orson sent ses lèvres se tordre en un sourire inversé, ce qui laisse apparaître sa désapprobation. Lorsque le militaire lui retourne le compliment, Krennic laisse échapper un léger rire. Franc et amusé. C’est une rhétorique habile. « Vous avez fait le mauvais choix de carrière, lieutenant, vous devriez vous reconvertir dans la politique. » Krennic est habitué aux flatteries en tous genres de la part des officiers impériaux. Il hausse les épaules en faisant mine de ne pas être affecté par les compliments, même si ceux-ci gonflent immanquablement ses chevilles déjà surdimensionnées. Orson Krennic est coupable d’un certain nombre de délits et de crimes dans toute la galaxie : des actes de chantage, de tortures, de meurtres et même d’avoir commandité des assassinats et des fusillades. On n’arrive pas au poste de haut dignitaire d’une administration comme l’Empire sans devoir se salir les mains, et encore moins de verser le sang des innocents.

« J’ose espérer que la meilleure recrue de cette promotion va me faire le plaisir de son rapport. » susurre-t-il, grisé par l’excitation d’être la personne la plus importante à des kilomètres à la ronde. Le lieutenant Corso hoche la tête en réponse à la requête de son invité de marque, apparemment gêné par le fait de ne pas réussir à rentrer dans ses petits papiers. Par meilleure recrue, Orson Krennic sous-entend que l’élève le plus prometteur à ses yeux, le cadet Solo, fera partie de la cérémonie. « Directeur… » marmonne le lieutenant. « Sauf votre respect, Directeur Krennic, le cadet Solo est loin d’être suffisamment expérimenté pour vous faire cet honneur. Préférez le cadet Keyne, qui est d’une moralité et d’une discipline exemplaire. » Un rictus se niche à la commissure des lèvres de l’impérial. Visiblement contrarié par les allusions de son interlocuteur, Krennic claque furieusement sa langue contre son palet en signe de désapprobation. « Vous contredisez mes ordres, lieutenant Corso ? Pensez-vous sincèrement qu’il soit judicieux de votre part de jouer à ces petits jeux avec moi ? » susurre-t-il dangereusement, son timbre de voix se muant progressivement en un grognement. L’audace paie souvent, Krennic est le premier à promouvoir ce trait de caractère. Il arrive pourtant que celle-ci devienne agaçante. Corso emploie cette audace d’une manière qui dérange l’éminent architecte de l’Étoile de la Mort. Il n’y a que lui en mesure de l’employer à bon escient. « Allez me le chercher. Maintenant. Lieutenant. » ordonne-t-il d’une voix ferme, à deux doigts de se muer en une explosion de colère. Orson Krennic ne permet pas que l’on s’adresse à lui avec peu de manières. A cet instant, le lieutenant Corso fait écho à l’insolence et la stupidité de ces rebelles, ces ennemis de l’Empire, de vulgaires insectes que l’on écrase sous une botte.

Krennic plonge ses yeux dans les siens en y apportant toute la dureté qu’il est capable de leur faire transmettre. Dans l’intensité de son regard bleuté, le lieutenant Corso sent qu’il est sur le point de mettre son invité dans l’un de ses célèbres accès de colère. « Ce sera fait selon vos ordres, Directeur Krennic. » Une pointe de mépris dans sa voix trahie ses véritables intentions, mais le lieutenant Corso n’a pas d’autre choix que de se plier aux caprices de son supérieur hiérarchique. Corso effectue alors un mouvement de la main vers l’un de ses jeunes officiers, afin de lui faire signe de les rejoindre. Corso s'avança d'un pas décidé dans sa direction, le visage blafard et crispé. « Appelez le cadet Han Solo. Précisez à son aîné que c’est un souhait de ce petit... Je veux dire... du directeur. » maugréa-t-il dans un souffle à l'oreille de son soldat, tout en veillant à ce que l'intéressé ne perçoive pas les bribes de leurs échanges. Une fois son élève parti vers l'intérieur du bâtiment, le lieutenant Corso fit volte-face et revint auprès de Krennic. « Il ne va plus tarder, mais son aîné désapprouvera cet honneur après ce qu’il a encore fait pendant la ronde de la semaine dernière. » Krennic s’éloigne de quelques mètres du lieutenant Corso et des membres de sa garde rapprochée, contrarié par les frasques de son protégé à l’Académie de Carida. Ce n’est pas sans lui rappeler sa propre attitude sur Brentaal IV, même s’il n’a jamais été connu pour des actes de rébellion ou d’irrespect, mais pour des choses bien plus frivoles. « Laissez-moi juger de la situation. » rétorque l’architecte sur un ton aussi glacial qu’une brise d’air en plein hiver. Krennic se met à faire quelques pas sans réellement savoir où aller, avant de retourner au point de départ et de faire face au lieutenant. Leurs visages se trouvent désormais face à face. Krennic croise alors les bras contre sa poitrine, en appréciant tout particulièrement de sentir le tissu épais de son uniforme blanc. Cet uniforme lui rappelle l’importance de ses engagements vis-à-vis de l’Empire, l'engagement d'une vie. Il observe intensément le lieutenant Corso avec un regard plein d’arrogance, en imaginant l’immense plaisir que cela va lui procurer de briser en deux son esprit comme un misérable os. « Je considérerais sa sanction à ma manière, si je la juge légitime, lieutenant. » Corso tremble de colère, mais il essaie de faire bonne figure devant le directeur. Il tremble parce qu’il connaît suffisamment Orson Krennic pour savoir que ce dernier ment comme un arracheur de dents. Il ne compte pas sanctionner le cadet Solo, et ce, quelle que soit l’imprudence dont il est responsable. Cela le frustre au plus haut point, mais le grade hiérarchique lui manque cruellement pour être en position de contester ce haut représentant de l’Empire. Personne ne le peut. Personne le peut pour l'instant.

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-9 BBY ▴ CARIDA ▴ ACADÉMIE MILITAIRE.

« Le voilà, directeur. » grommèle le lieutenant Corso à l’adresse de son supérieur hiérarchique, Orson Krennic, directeur du bureau des armes avancées de l’Empire et membre du corps des forces de la sécurité intérieure. Corso ne peut s’empêcher de sourire niaisement en découvrant l’allure de l’irréductible cadet Solo. Ce sourire dissimule l’ampleur de sa frustration à l’idée de subir une fois encore les foudres d’Orson Krennic. On dirait qu’Han Solo faisait décidément tout pour le provoquer. Voilà, qu’il se présente devant le directeur ainsi vêtu, non sans ignorer les manies de ce dernier sur l’apparence physique des étudiants de l’académie. Corso peste mentalement contre le cadet Solo. Il se doute bien que tout va lui retomber dessus, comme toujours avec le directeur. Krennic risque de hurler. Krennic va hurler. Le lieutenant Corso jette un coup d’œil furtif au directeur, guettant chacune de ses réactions avec inquiétude. Les reproches fuseront quoi qu’il fasse ou quoi qu’il dise. Han Solo est le protégé du directeur, nul besoin d’être devin pour savoir que celui-ci risque de ne pas se montrer particulièrement compréhensif sur un point auquel il apporte énormément d’importance. Krennic est en effet connu pour porter en haute estime l’esthétisme et la beauté des choses, ce qui n’est pas surprenant de la part d’une personne qui s’est spécialisé dans l’architecture. Lorsqu’Orson Krennic aperçoit la silhouette familière de son cadet « préféré », son sang ne fait plus qu’un tour. Lui, qui est si attaché à la beauté des uniformes réglementaires, à la perfection esthétique se trouve horrifié par l’apparence du cadet Han Solo. Son uniforme est en piteux état, recouvert de tâches et de saloperies qu’il n’ose imaginer la provenance, sous peine de vriller pour de bon. « Qu’est-ce… lieutenant, ça ne va pas du tout. Ça ne va absolument pas. » soupire durement Krennic en roulant les yeux au ciel, considérant que le responsable est forcément le lieutenant Corso. Les deux hommes se toisent longuement, avant que Krennic se tourne franchement vers le nouvel arrivant. Alors que le cadet Solo s’approche de ses supérieurs, Krennic décide de rompre les derniers centimètres qui séparent leurs corps, pour le saluer avec une certaine bienveillance. Dans son dos, Corso observe la scène en réprimant difficilement son dégoût. « Cadet Solo ! » s’exclame Krennic. « J’étais attendu à Coruscant, mais j’ai préféré assurer personnellement le bon déroulement des célébrations à Carida. » répond-il en ne cachant pas sa joie d’être accueilli par la jeunesse de l’élite de l’académie de Carida. Ce n’est un secret pour personn qu’Orson porte dans son cœur les académies de formation impériales, selon lui, elles incarnent l’avenir de l’Empire et la chute des forces rebelles.

Cette odeur nauséabonde. Krennic renifle l’air, en cherchant à connaître l’origine de ce qui pince ses précieuses narines. Il comprend assez vite que son cadet est, non seulement recouvert de saletés en raison des basses besognes confiées par le lieutenant Corso, mais qu’en plus, ce dernier n’a pas eu le temps de se doucher. Krennic est fou de rage. Il inspire une profonde bouffée d’air, non sans difficulté, avant de dévisager respectivement le cadet Solo et le lieutenant Corso. L’expression de son visage, d’ordinaire impassible, reflète toute la force de son indignation. Mais le pire reste encore à venir pour le lieutenant Corso. « Lieutenant. » dit-il en adoptant une voix étonnamment calme, même si un léger tremblement se ressent en arrière-fond. Krennic s’efforce de maintenir un timbre de voix relativement posé. C’est le calme avant la tempête, et l’air est particulièrement chargé en électricité. « J’ose espérer que c’est une plaisanterie ? » cingle-t-il en élevant légèrement la voix, celle-ci craque au beau milieu de sa phrase. Les mots se perdent dans l’éclat du rire nerveux qui les succèdent, un rire cynique, qui vient prendre possession d’un air déjà bien chargé. Il n’a fallu que d’un échange de regard entre les deux officiers expérimentés pour que tout vacille violemment entre eux. En un éclair, Krennic explose devant le lieutenant Corso. L’intéressé se mord l’intérieur de la joue pour s’empêcher de se décomposer sur place en sentant le regard foudroyant du directeur Krennic. La réaction de l’architecte impérial n'est pas surprenante, elle est plutôt prévisible en réalité. Corso s’est préparé psychologiquement à subir l’une des crises de colère grondantes, mais surtout gratuites, de la part du directeur, et ce, bien avant que la navette de ce dernier ne se pose sur Carida. Il est en effet rare que Krennic ne se confonde pas en reproches, sermons et hurlements à l’égard de ses officiers, ces moments se gravent dans le marbre. Corso soupire en réponse à l’apparence négligée du cadet Solo, peu concerné par le sort de cet homme qu’il ne porte pas spécialement dans son cœur. Corso ne comprend d’ailleurs pas ce que Krennic trouve au jeune pilote. Han Solo est un énergumène qui défie constamment les règles et la hiérarchie militaire de l’académie, qui prend un plaisir malsain à faire tourner en bourrique ses supérieurs. Ce qu’il va en revanche bientôt comprendre, c’est que les caprices d’Orson Krennic se paient au centuple. Alors que Krennic commence à s’agiter, les mots du cadet Solo viennent d’achever ce qui lui reste de scrupules. « Vous permettez ces négligences, lieutenant, en un jour aussi exceptionnel qu'aujourd'hui ? » s’exclame Krennic en dégageant ses bras furieusement, les pans fluides de sa cape blanche virevoltant quelques secondes sous la violence du geste.

On déconne à plein régime à l’académie de Carida avec des superviseurs comme le lieutenant Corso. Orson n’en revient toujours pas. C’est d’une telle hérésie. Un cadet aussi prometteur, ainsi relégué au rang de nettoyeur des compacteurs, au lieu de s’entraîner en compagnie de ses camarades. Krennic agite nonchalamment sa tête quelques secondes, en la basculant en arrière dans un léger mouvement circulaire, comme pour soulager ses tensions musculaires. Ce satané Corso est en bonne voie de lui faire monter, non seulement son rythme cardiaque, mais également sa tension nerveuse dans les tours. « En corvée de nettoyage des compacteurs d’ordures ? » répète-t-il, hébété par les paroles de l’un des meilleurs éléments de sa promotion. Il cligne des yeux un nombre incalculable de fois en assimilant l’absurdité de la mission confiée par Corso. Krennic se comporte comme si on venait de lui asséner une violente gifle en pleine figure, ce qui n’est sûrement pas l’envie qui manque au lieutenant Corso. L’animosité qui règne entre Corso et Krennic est palpable dans l’air ambiant, électrifiant et lourd, mais l’un possède l’ascendant sur l’autre depuis des années. Corso n’est pas le premier à éprouver autant de mépris pour l’architecte de l’Etoile de la Mort. Orson Krennic incarne une personnalité qui déplaît fortement au sein de l’Empire, ses détracteurs sont nombreux et ses alliés se comptent sur les doigts de la main. Parmi tous les reproches, on retrouve un penchant presque pathologique pour l’autoritarisme, un tempérament colérique et instable, un narcissisme insupportable pour quiconque, sans parler de ses tendances mégalomaniaques et paranoïaques. Quiconque, sauf le cadet Solo à cet instant précis, qui bénéficie des faveurs du puissant et infâme directeur Krennic. « C’est donc le genre de mission que vous confiez aux meilleurs cadets de l’Empire, lieutenant Corso ? Voilà donc votre définition de l’éducation des élites impériales ? Pensez-vous que nos troupes résisteront aux hordes rebelles avec une formation en compactage des ordures ?! Êtes-vous complètement stupide ou bien votre incompétence doit-elle remettre en question votre place au sein de la direction de l’académie de Carida ? » vocifère-t-il en croisant les bras, tout en effleurant le tissu de son uniforme au passage. Levant fièrement le menton en l’air, Orson prouve toute la supériorité qui est due à sa position dans l’administration impériale. « Je suis profondément atterré par vos méthodes. » soupire Krennic avec suffisance, le timbre de sa voix semble plus calme. Orson jauge de haut en bas le cadet Solo, avant de faire volte-face sur Corso, en pensant exercer une pression sur lui.

« Directeur Krennic… » rétorque le lieutenant, protestant tant bien que mal, mais depuis cinq minutes, il ne peut malheureusement prononcer le moindre mot. La peur le tétanise littéralement. Alors que le lieutenant Corso trouve finalement le courage d’argumenter contre Krennic, celui-ci lève sa main dans sa direction pour lui signifier qu’il ne désire pas l’entendre.  Il porte ensuite ses doigts contre son front, qu’il ne manque pas de masser quelques secondes. Krennic souffre d’intenses maux de tête à chaque fois que sa tension grimpe en flèche. Corso s’arrête brutalement en gardant la bouche entrouverte dans une vaine tentative de protestation. « Vous espérez me contredire ? » lâche-t-il avec cynisme, ses lèvres se courbant en un sourire forcé. Orson Krennic déteste plus que tout au monde qu’on lui oppose la moindre contradiction ou résistance. « Dois-je vous rappeler que le cadet Solo est l’une des meilleures recrues de cette année ? Êtes-vous donc complètement dépassé par vos fonctions comme superviseur ? Dois-je vous soulager de certaines de vos tâches, en espérant que vous ferez enfin honneur à votre rang, lieutenant Corso ? » Ce ne sont pas des menaces en l’air, Krennic est vraiment à deux doigts de le rétrograder. « Vous… C’est exact, directeur, mais le cadet Solo manque cruellement d’obéissance. Vous ne le côtoyez pas régulièrement, sans quoi vous vous seriez aperçu de ses difficultés d’intégration. » Les propos du lieutenant le font rire doucement, avant de s’étrangler dans une dernière remontrance : « Vous n’avez aucune excuse pour l’écarter des séances d’entraînement ! » exulte-t-il d’une voix glaciale, aussi tranchante qu’une brise d’air. Qu’on ose répondre à ses remontrances déclenche chez lui un éclat de colère. Krennic inspire bruyamment, puis expire de l’air à pleins poumons en essayant de calmer son rythme cardiaque effréné ; sa poitrine remonte sous l’effort, puis redescend avec une certaine irrégularité. Krennic arbore une expression faciale qui vient de passer de l’indifférence à l’indignation en l’espace d’une fraction de seconde. « Directeur… Je comprends votre position. Je tâcherais que cela ne se reproduise plus en ce qui concerne le cadet Solo. » Corso est contraint de s’aplatir, il en va de ses fonctions et de son évolution dans la hiérarchie militaire impériale. Orson Krennic a tous les droits. Cela semble énormément lui coûter, puisqu’il dévisage le cadet Solo avec des éclairs de haine dans le fond de ses prunelles. L’architecte prend les choses personnellement, compte tenu de ses préférences clairement affichées pour certains élèves de l’académie. Il est persuadé que le lieutenant Corso se venge indirectement de lui en pénalisant les recrues comme le cadet Solo. Les deux officiers impériaux se toisent longuement, l’un se trouve à deux doigts d’éclater dans un orage grondant, alors que l’autre s’efforce de faire bonne figure pour ne pas donner satisfaction à son interlocuteur.

Krennic se retourne dans un bruissement de cape, élégant mais non moins rapide, vers le cadet Solo. « C’est inadmissible, lieutenant Corso. » remarque-t-il sadiquement, comme s’il n’avait pas déjà suffisamment enfoncé le couteau dans la plaie. Krennic prend soin de détacher sèchement chacune de ses syllabes ; le son de sa voix est teinté d’une pointe de despotisme. Orson Krennic désire exprimer ses phrases comme des ordres ou des menaces. Il semble même prendre un plaisir malsain à faire acte d’autorité publiquement. Orson reporte enfin son attention sur le jeune cadet, qu’il couve d’un regard presque paternaliste. « Cadet Solo. Veuillez excuser l’incompétence des membres du corps professoral de cette noble académie. Vous êtes bien évidemment débarrassé de l’ensemble de ces… basses-besognes. Que je ne vous reprenne plus à ces corvées ingrates, loin de mériter toute votre attention. Vos compétences seront bien mieux mises en avant sur le terrain. Vous pourrez retourner en entraînement à la fin de la cérémonie. » Krennic poursuit d’une voix doucereuse, en se refusant d’accorder le moindre regard en direction du lieutenant Corso, après ce qu’il vient de se passer. Krennic soupire bruyamment, un peu sur un ton théâtral, et pose l’une de ses mains sur sa hanche, à quelques millimètres de son précieux blaster DT-29 amélioré, tandis que l’autre attrape l’épaule du jeune Han Solo. Dans un geste qui se veut concerner, Orson donne quelques tapes amicales sur cette dernière. « Quant à cette célébration… Je vous invite à l’observer en ma présence. C’est un privilège que très peu peuvent se vanter d’avoir eu au cours de leur première année de formation impériale. » dit-il en affichant un sourire narquois, ses rides s’accentuant légèrement au niveau des coins de sa bouche. Orson est bien conscient que le lieutenant Corso bouillonne de colère dans leur dos.

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-9 BBY ▴ CARIDA ▴ ACADÉMIE MILITAIRE.

Krennic n’est pas stupide. Il se rend bien compte que la situation a quelque chose de risible, puisqu’elle amuse drôlement le jeune cadet Solo. Il l’écoute répéter ses propres mots – un jour aussi exceptionnel, voyons… – en se moquant ouvertement du lieutenant Corso. C’est une sanction bien amère pour le supérieur du cadet, mais amplement méritée aux yeux d’Orson Krennic. « Je ne dis que la vérité. » répond-il au jeune étudiant de Carida, en adoptant un timbre de voix assez paternaliste. Orson aime beaucoup ce jeune homme. Un bri frivole et désobéissant, tout comme lui-même l’a été dans ses jeunes années à Brentaal IV aux côtés de Galen Erso. « Le cadet Solo est le meilleur élève de sa promotion, n’est-ce pas lieutenant. » s’amuse-t-il en posant ses deux orbes glacés sur Corso. Ce n’est pas une question. C’est un ordre. Ses mots sonnent implacablement comme une affirmation, bien qu’ils soient tournés de manière à supposer l’usage d’une interrogation. Devant tant de sollicitations de la part de l’impérial en cape, le visage de Corso se crispe une fois encore et ses poings se referment dans son dos jusqu’à s’en briser les phalanges. Cela n’échappe pas à l’œil curieux d’Orson Krennic, qui semble s’en amuser fortement. Un léger rictus vient s’installer au coin de ses lèvres, suivi d’un petit ricanement moqueur. Orson enfonce délibérément le couteau dans la plaie en souhaitant humilier encore plus son collègue. C’est vicieux, mais Krennic ne porte guère en très haute estime le lieutenant. Il n’a d’ailleurs jamais approuvé sa nomination au sein du corps professoral de l’Académie militaire. Un choix de bien plus haut que Krennic, un proche de Wilhuff Tarkin. Ce qui est une raison de plus pour s’en prendre à lui, selon Orson.

Orson ne reprend même pas Han, lorsqu’il oublie délibérément d’accoler le titre militaire avant le nom de famille de Corso. Pourquoi commettre une telle folie, alors que le jeune Han Solo lui fournit les balles pour mieux lui tirer dessus ? Orson profite toujours de n’importe quel prétexte lui permettant d’enfoncer le lieutenant – que ce soit en privé ou en public. Orson a toutefois une petite préférence pour les humiliations publiques.

« Directeur Krennic… » Corso élève la voix, une fois que l’étudiant s’en est allé pour se changer dans l’autre bâtiment. « Taisez-vous. » gronde Krennic en balayant Corso du revers de son gant. Il en a plus qu’assez de cet imbécile de Corso. Un incapable qui ne doit sa place qu’à certains contacts haut placés, mais qui, selon Krennic, ne fait que déshonorer le noble et saint Empire galactique jour après jour. [color:6b93=#lightblue]« Directeur, je… Je peux tout vous expliquer. » proteste le lieutenant en tenant tête au directeur, une lueur de détermination luisant dans ses prunelles. Krennic s’agace, et vient enlever un à un ses gants en cuir pour ensuite les serrer compulsivement entre ses doigts dans le mince espoir de calmer sa colère. « Parce que vous pensez que je vais vous laisser le temps de m’expliquer quoi que ce soit ? » l’interrompt-il, un sourcil arqué. Il s’en amuse fortement. Corso est bien naïf de croire pouvoir l’entourlouper par une pirouette de déni ou quelques flatteries. Bien que sensible aux compliments, Orson sait compartimenter les catégories de personnes pour lesquelles il peut éprouver un semblant de considération, comme le cadet Solo, et celles qu’il exècre profondément, comme Corso. « Je vous préviens, lieutenant, s’il me vient aux oreilles des faits de représailles… » Sa voix gronde, menaçante. Le sourire ou la lueur d’amusement cruel précédemment affichée sur son visage se mue progressivement en une expression sévère et glaciale. Orson ne joue plus. Il est las de jouer.

C’est à ce moment précis, que le cadet Solo revient auprès d’eux. Orson observe, derrière l’épaule du lieutenant Corso, la silhouette bien reconnaissable du futur pilote impérial. Un rictus s’installe au coin de sa bouche. « Cadet Solo. » appelle-t-il d’une voix enthousiaste et chaleureuse. Un comportement qui tranche avec celui qu’il a adopté ces dernières minutes passées en tête à tête avec son collègue officier. Krennic contourne alors le corps du lieutenant, en le bousculant légèrement d’un coup d’épaule au passage, sans un regard supplémentaire à son intention. Krennic est désormais focalisé sur l’élève qui arrive, apparemment mieux vêtu pour ces festivités impériales exceptionnelles. « Venez avec moi. Nous avons des choses à nous dire. » D’un simple regard en direction de son confrère, Krennic fait comprendre au lieutenant de les abandonner pour le reste des festivités. Le lieutenant Corso se crispe, mais se force à incliner poliment sa tête vers Krennic. Plein d’hypocrisie, mais Krennic s’en moque. Il a eu ce qu’il a exigé. Corso en profite pour un regard mauvais au jeune cadet Solo, avant de tourner les talons vers l’intérieur de l’académie impériale de Carida. Désormais seuls, les masques peuvent tomber, et les courbettes du cadet Han Solo ne sont plus nécessaires en présence d’Orson, lequel éprouve déjà pour lui une profonde estime. Il conduit Han à le suivre un peu plus loin, en direction de la cour extérieure de l’académie, une main amicale sur son épaule. « Dites-moi tout. Il n’y a désormais plus que vous et moi. Ne craignez pas de faire preuve d’honnêteté. Comment se passe votre formation, en-dehors de ce léger… contre-temps avec le lieutenant Corso ? » Sous-entendu, d’autres formateurs vous font-ils des misères ? Le ton de sa voix est étonnamment doux, calme et presque paternaliste. Elle change, pour la plupart des gens. Selon ses alliés, ses rivaux, ses amis. Orson Krennic peut être une véritable furie, mais capable d’une grande générosité en offrant énormément aux personnes qu’il estime mériter son influence et son solide appui. Comme Galen Erso, comme d’autres. Et aujourd’hui, comme Han Solo. Un élève très prometteur, pour ne pas dire le meilleur de sa promotion. Certes rebelle, mais Orson se dit que le temps fera son affaire en apaisant le tempérament excessif du jeune homme.