"Robb… Robb…"
Désespéré, il s’évertuait à attaquer l’arbre face à lui, tentant d’évacuer sa haine et sa tristesse.
"Ton épée sera bonne à jeter."
Comme si cela avait une quelconque importance, elle s'approcha de lui afin de l’enlacer, lui permettre de se lâcher prise, de laisser rouler sur ses joues des larmes de désespoir.
"Je les tuerai tous."
Ils avaient touché à l’homme qui représentait l’honneur, la sagesse et l’unité, son père, son modèle et il ne leur pardonnerait jamais. Il n’avait rien pu faire pour les empêcher, de son jeune âge et de sa position nouvellement acquise. Méritait-il réellement cette responsabilité ? Devait-il être à la tête de Winterfell, le représentant du Nord alors qu’il n’avait même pas pu empêcher la mise à mort publique de son géniteur ?
"Tous jusqu'au dernier."
Alors que sa mère tentait de l’apaiser, caressant les bouclettes que formaient ses cheveux dans sa nuque, il se fit la promesse d’une vengeance. Peu importe combien de temps il devrait attendre, ni dans quelle vie elle aurait lieu.


Et alors que les portes furent fermées, l’orchestre commença à jouer une mélodie mélancolique, annonçant que la soirée prenait désormais une toute nouvelle tournure.
"Votre majesté, j'ai le sentiment d'avoir été négligent quant à mes devoirs. Je vous ai donné de la viande, du vin et de la musique mais je ne vous ai pas témoigné l'hospitalité que vous méritez. Mon roi s'est marié et je me dois d'offrir à ma nouvelle reine un cadeau de mariage..."
Et sans même qu’il ne puisse percevoir le double sens dans les mots de son hôte, le monde s'écroula autour de lui. On poignarda le ventre de sa toute nouvelle femme, assassinant son héritier par la même occasion. L’horreur se déroulant sous ses yeux, il s’efforça de vouloir lui venir en aide mais une salve de flèches vint se loger dans son propre corps. Ils étaient attaqués, trahis en cette nuit qui ne devait être que bonheur, union, amour et festivités.
"Le roi du Nord se lève, s’amusa Frey en observant sa tentative."
Son amour, mourant dans ses bras, l’espoir l’avait abandonné. Il n’entendait même plus les tentatives de sa mère pour le sauver, l’échange censé lui épargner la vie. Ses derniers souvenirs ne furent que le regard vide de Talisa, le visage torturé de Catelyn et cette phrase qui le hanterait à jamais 'Les Lannister vous saluent bien'.


Le réveil fut brutal, douloureux même. La lumière, bien trop claire, lui éblouissait les yeux alors que les douleurs de son corps se manifestaient peu à peu, comme s’il sentait les flèches le transpercer, encore et encore.
Le monde n’était plus Westeros, ni Essos, ni aucune contrée dont il avait entendu parler dans les contes et les légendes. C’était une nouvelle terre, un lieu à apprivoiser où ses questions n’avaient pas toutes des réponses.
Il resta cloîtré plusieurs mois, digérant la perte de ses êtres chers, l’injustice que les Dieux lui avaient fait vivre et cette nouvelle naissance, encore plus perturbante, ne laissant de lui qu’un être traumatisé par la courte vie qu’il avait mené. Puis, petit à petit, Robb fit ses premiers pas à l’extérieur, s’abreuvant de toutes ces nouvelles découvertes, comme pour oublier, tenter d’enterrer ses démons. Sa nouvelle occupation fut rapidement trouvée : lui qui avait été Roi du Nord serait désormais lieutenant de police, un emploi similaire à celui d’un garde, presque d’un chevalier de ce qu’il en avait compris.
Pourtant, une fois la nuit tombée, il restait immobile. Installé sur son lit de fortune, Robb fixait le mur, l’ayant recouvert de coupures, de post-its, de traces de marqueur rouge. Malgré ce nouveau départ, il n’avait jamais oublié la promesse qu’il s’était fait : ses ennemis paieraient, ici ou ailleurs, maintenant ou dans une autre vie.