Mary est morte.

Il faut que la chose soit dite et entendue. Ma femme, le grand amour de ma vie, s'en est allée et rien ne pourra jamais la ramener à sa famille... ni à moi, ni à notre adorable petite fille Rosie. C'est injuste, absolument intolérable, mais c'est la réalité. La froide et dure vérité. Elle est morte et c'est comme si le temps s'était subitement arrêté. Je ne dors plus. Je ne vis plus... et j'ai de la peine à reprendre contact avec la réalité.

J'en ai parlé avec ma psy. Elle m'a conseillé de poser par écrit mes ressenti et mes sentiments. Il me fallait un moyen de pouvoir m'exprimer, de reprendre contact avec ce monde que j'ai laissé derrière moi. Elle n'a peut-être pas tord. Écrire a toujours été pour moi un exutoire. Un moyen d'immortaliser les moments importants de ma vie.

Oh bien sûr, je me doute bien que ce n'est pas ce que vous avez envie de lire, vous. Vous préfèreriez sans doute une histoire relatant les enquêtes incroyables que j'ai vécu au quotidien auprès de Sherlock Holmes. Cette remarquable machine à énigmes qu'était l'un des plus célèbres détective du monde moderne. Et vous n'êtes pas les seuls, je vous l'assure. Me rappeler ma vie à Baker Street me faisait sourire jusqu'à il y a peu. J'aurais voulu que les choses ne changent pas... pas à ce point.

Jamais je ne pourrais oublier les circonstances qui m'avait rencontré cet homme des plus étonnant. Tout juste de retour à Londres, après avoir goûté à l'action aux champs de batailles d'Afghanistan, je ne savais pas vers quels horizons ma vie me conduirait. Je pensais exercé à nouveau la médecine. Le domaine médical m'avait intéressé depuis ma plus tendre enfance. J'avais envie de me rendre utile, de pouvoir soulager les souffrances de personnes malades... pouvoir améliorer leur vie et leur redonner espoir. Ces études s'étaient donc imposées à moi de la manière la plus naturelle qui soit. Je me spécialisais tout d'abord en ophtalmologie avant de me rendre compte que j'avais besoin de plus d'action et d'adrénaline dans ma vie quotidienne. Je devins alors médecin urgentiste et je m'y sentais parfaitement accompli. Lorsque les guerres du Moyen Orient ont secoués notre monde occidental, je décidais même de partir sur le terrain et devenir médecin de guerre.

Cette expérience me transforma à jamais. Rentré avec des souvenirs plein la tête, et surtout cette envie pratiquement imperceptible de goûter à l'action et d'avoir ma dose quotidienne d'adrénaline. Mon rêve secret se réalisé le jour où je rencontrais Sherlock pour la première fois. Ce fut mon ami et ancien camarade de fac Mike Stanford qui nous présenta. L'un comme l'autre, nous recherchions un colocataire et c'est ainsi que nous franchissions pour la première fois la porte du 221B Baker Street. De fil en aiguille, je le suivais dans ses enquêtes qui étaient sans cesse plus passionnantes les unes que les autres. Sherlock Holmes était un colocataire exécrable et lorsqu'il n'avait pas d'enquêtes à se mettre sous la dent, il devenait invivable aussi bien pour notre logeuse Madame Hudson que pour moi. Mais une fois lancé sur la piste d'un criminel, j'oubliais tout ces petits désagrément, me passionnant pour elles.

Notre première séparation, c'est à James Moriarty que nous la devions. Esprit criminel implacable, il fit tout son possible pour nous pourrir l'existence, ne cessant de provoquer mon associé. Il finit même par le pousser au suicide, son sacrifice étant la seule chose qui pouvait sauver ses amis. C'est ce qu'il fit... tout du moins je le crus pendant deux ans et sa mort fut vraiment difficile à vivre pour moi. Heureusement, c'est à cette époque que je fis la connaissance de la femme qui deviendrait plus tard mon épouse Mary Morstan.

Les retrouvailles avec Sherlock furent musclée, mon meilleur ami étant incapable de comprendre mon ressentiment envers lui. Voyez ce que je vous disais une machine à peine humaine... enfin bref ! Je finis par lui pardonner et il m'accompagna dans ma nouvelle vie alors que je poursuivais mes enquêtes avec lui. Il fut mon témoin de mariage et le parrain de Rosie... nous vivions ainsi en trio. Une vie qui semblerait étrange aux yeux de personnes étrangères à notre trio mais qui me convenait tout à fait.

Mais toutes les bonnes choses ont malheureusement une fin. Je finis par apprendre que la femme que j'avais épousé cachait bien plus de secrets que je n'aurais pu l'imaginer. Mary était en réalité une mercenaire et tueuse à gage, qui travaillait secrètement pour l'Etat de Grande Bretagne avant que son équipe ne soit trahie par un agent secret. Cette même femme qui finit par assassiner Mary... mon épouse adorée et la mère de Rosie.

J'en tins Sherlock pour responsable. Je le tiens toujours pour responsable de sa mort. Lui qui avait juré de nous protéger tous les trois n'a rien fait pour empêcher ce qui c'était produit. Pourtant il aurait pu, il aurait dû le faire... mais son orgueil mal placé et sa trop grande confiance en lui ont fini par nous causer beaucoup de tord et priver ma fille de sa mère. Dieu sait ce qu'il devient aujourd'hui. Sûrement enfermé à Baker Street en train de trafiqué dieu sait quoi. En fait, je m'en fiche. J'ai coupé les ponts avec lui il y a plusieurs mois et je ne suis pas prêt à me réconcilier avec lui. A quoi bon ? Aujourd'hui j'essaie seulement d'aller mieux pour Rosie. Car ma fille chérie mérite d'avoir un père capable de veiller sur elle... il ne faudrait surtout pas qu'elle finisse orpheline ou en ait le ressenti. Surtout pas !


En écrivant ces quelques lignes, j'étais loin de m'imaginer ce qui se passerait quelques jours après. Ce fut le jour de la Lune Rouge, un phénomène auquel j'assistais sans comprendre et qui nous mena dans ce nouveau monde étrange.

Fort heureusement, ma petite Rosie resta à mes côtés. Mais ce fut bien la seule. Les personnes que j'avais côtoyées par le passé étaient introuvables. Les connaissances que j'avais par le passé semblaient être restées dans notre monde originel. Serait-ce seulement possible ?

Devant trouvé un moyen de survivre, je travaillais à l'hôpital comme médecin. Cette fois-ci plus de crimes et plus d'aventures. J'ai choisi une vie convenant parfaitement à mes besoins de père célibataire. Je vous mentirais peut-être en prétendant que cela me manque mais j'essaie de faire taire mes instinct. Et si je vous disais que Sherlock ne me manque pas du tout... là aussi je vous mentirais. J'ai beau m'être éloigné de lui, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter. Mais que voulez.vous... il faut croire que je suis irrécupérable.