(( horcrux destroyers )) — .･✧ regulus & scorpius

Scorpius avait entendu parler de Regulus Black par divers biais. La première fois qu’il avait rencontré son patronyme, c’était au cours d’une discussion avec son père, Drago. Depuis son plus jeune âge, Scorpius avait toujours eu un gout certain pour l’histoire de sa famille. Le père s’était donc chargé de remonter cet arbre avec son fils, mais il ne s’était occupé que de la partie Malefoy. Pour le versant Greengrass, le garçon s’était adressé à sa mère. « Et les Black alors ? » Si Drago avait pu parler de Narcissa, Bellatrix et Andromeda sans problème, pour le reste… Il ne s’y était visiblement pas intéressé lui-même. Puisque les vieilles familles de sang pur étaient sensibles à la généalogie, Malefoy père put fournir à son fils un bouquin dans lequel tout était consigné et que Scorpius avait pris plaisir à étudier. Alors forcément, il avait demandé à Drago s’il avait connu les cousins de sa mère, celui-ci répondit que non, pas vraiment, d’autant plus que Regulus était mort bien avant sa naissance. « Il est mort de quoi ? » Drago avait pris le livre et conclut la discussion en prétextant à Scorpius qu’il n’avait pas besoin de savoir. Le blondinet avait presque fini par oublier Regulus avec le temps jusqu’à ce que son nom revienne dans plusieurs conversations, notamment avec Alphard Black. Scorpius se sentit d’autant plus stupide quand il apprit que depuis tout ce temps, il fréquentait la libraire dans laquelle Regulus travaillait, mais il faut dire qu’il ne s’était jamais vraiment intéressé aux personnes qui travaillaient ici.

Pourquoi Scorpius s’intéressait-il tant à Regulus Black ? D’une part, il avait appris au cours de ses recherches qu’il était le premier à avoir détruit un horcruxe et avoir découvert que Tom en avait fabriqué, mais aussi… parce qu’il en détenait encore un sur l’ile. Tom Jedusor avait attaqué sa boutique une fois, ça ne pouvait être que pour ça… Enfin, ce n’était que des suppositions parce que Scorpius n’était absolument sûr de rien du tout dans cette histoire. Trop curieux, il voulait malgré tout en avoir le cœur net. Comment s’y prendre ? Chaque fois qu’il avait vu Regulus derrière son comptoir, Scorpius fut pris d’une nervosité incontrôlable qui s’exacerba à cause de la certaine froideur qui se dégageait de Regulus. Ayant trop peur de le déranger avec ses questions, dès l’instant où Scorpius s’approchait du comptoir de la caisse pour payer, il se contentait des politesses habituelles et partait sans demander son reste après avoir réglé le montant des bouquins. Ce qui le freinait aussi, c’était la possible non-envie de Regulus de parler de tout ça, de se replonger dans ces histoires. Peut-être que, contrairement à Scorpius, il était passé à autre chose…

Le problème, c’était que son envie de parler avec lui du sujet épineux des horcruxes ne le quittait pas, d’autant plus que Scorpius était lui-même en possession de l’un d’entre eux et qu’il ignorait comment le détruire. Il ne pouvait pas le garder. Parce que ce carnet lui a fait trop de mal, mais… ça pouvait être aussi un moyen de pression contre Tom Jedusor alors, quoi faire ? Parler avec son cousin éloigné devenait donc inévitable et indispensable. Alors, un jour pas fait comme un autre, Scorpius regardait les heures de fermeture de la librairie sur internet et s’y rendait dix minutes avant l’heure-H, histoire d’être sûr que plus personne n’y était. Seuls dans la librairie, la présence de Scorpius avait été annoncée par le tintement de la cloche suspendue au-dessus de la porte. Il trouvait Regulus dans un rayon, occupé surement à ranger le bazar que les clients avaient mis toute la journée en dérangeant les livres. Scorpius signifiait sa présence en se raclant la gorge. « Mh… Bonjour ? » Un discret sourire naissait sur ses lèvres. « Je… Je sais que la boutique ferme dans dix minutes, mais… je… Je viens pas pour acheter. Je… Il faut que je vous montre quelque chose. » Les présentations, ça sera pour plus tard. Autant aller droit au but comme Scorpius ne savait pas comment aborder la chose. Il sortit donc de son sac en bandoulière le carnet de Tom Jedusor et prit aussi un stylo à plume. Il ouvrit le carnet sur une page au hasard. Immaculé, il écrivait dessus : « Salut, Tom. » L’encre disparaissait quasi instantanément, comme absorbée par le papier. Une nouvelle ligne, avec une autre calligraphie, apparaissait la seconde d’après : « Bonjour, Scorpius. Ça fait longtemps. » L’inscription disparaissait au bout de quelques instants, laissant la page vierge. Scorpius reposait son attention sur Regulus, gardant le carnet ouvert dans ses mains. « Je sais que c’est bizarre comme démarche, que vous ne me connaissez pas… enfin, je suis un client régulier, mais… On a un ennemi commun. Et je suis sûr que vous avez deviné qui c’est avec ce que j’ai entre les mains. » Si le cœur de Scorpius palpitait dans l’attente de la réaction de Regulus, son anxiété face à lui s’était aussitôt volatilisée dès qu’il s’était mis à parler de l’horcruxe. Il était même devenu incroyablement sérieux autant dans sa voix que dans son regard. Parce que ce combat lui tenait à cœur et l’aidait à gagner en maturité. C’était une question de vie ou de mort, il n’avait pas le choix avec les choses qui étaient en jeu. « Il a tué quelqu’un de très important pour moi. » disait-il comme pour le convaincre de parler avec lui de ce sujet épineux tout en sachant pertinemment que cette phrase était d’une incroyable banalité quand il s’agissait de Tom Jedusor.

Scorpius avait remarqué la terreur saisir Regulus pendant une poignée de secondes. Il notait également qu’il n’avait pas l’air très confortable sans savoir que c’était à cause du collier qu’il portait sous ses vêtements. Il ne voyait qu’une chaine très commune dépasser, impossible de reconnaitre à ce stade que c’était le médaillon de Serpentard, mais si Scorpius l’avait su… Il se serait montré encore plus insistant qu’il ne l’était déjà avec Regulus. Chaque chose en son temps, pas de précipitation. Son cousin éloigné n’était décidément pas le plus facile à aborder. Autant procéder dans l’ordre : répondre à sa question. « Je… je ne sais pas exactement. De ce que j’ai compris, il est dans ma famille depuis un moment, mais je ne saurais dire depuis quand. Je l’ai trouvé par hasard chez moi, quand j’ai eu besoin d’un carnet pour en faire mon journal intime. Au départ, les écritures restaient, puis… Du jour au lendemain, le sortilège est apparu. Alors, j’ai cherché ce que tout ceci pouvait bien signifier. Parce que ce n’était clairement pas à de la magie blanche. Ça m’a pris du temps, mais j’ai trouvé. » Puisque Scorpius est né après la guerre, on pourrait croire que les gens de sa génération étaient mieux informés sur Voldemort. Dans un sens, ils l’étaient, mais l’histoire officielle avait passé sous silence la course aux horcruxes dans la crainte que des sorciers malhabiles tentent de se renseigner sur le sujet et d’en fabriquer à leur tour. C’était donc par lui-même qu’il avait cherché les informations et contrairement à ce que Regulus prétendait, il savait pertinemment ce qu’il attendait de lui. Scorpius ne se tiendrait pas face à lui sinon.

Il avait bien évidemment remarqué ce mouvement de recul avec ces mains quand il avait voulu se saisir du carnet. « Je ne pense pas, au contraire. » Scorpius fermait le journal et le rangeait précieusement dans son sac avec son stylo à plume. On était jamais trop prudent. Il préférait aborder Regulus sous un autre angle, peut-être moins frontalement pour installer une sorte de complicité (si tant est que ce fût possible) pour qu’il baisse un peu la garde. « On est de la même famille, vous savez. » Il ne savait pas pourquoi il le vouvoyait, mais Scorpius préférait fonctionner ainsi comme il ne connaissait pas son cousin et qu’il était théoriquement plus âgé que lui. « Je suis le petit fils de Narcissa, votre cousine. Elle a épousé Lucius Malefoy qui était un mangemort très proche de Voldemort. Mon père aussi, par la force des choses, a du en devenir un. Vous aussi vous en étiez un et j’ai ouï dire que vous étiez très proche du Seigneur des Ténèbres comme mon grand-père a pu l’être de lui un jour. Alors, même de loin, je sais tout ce que ça implique. Même vos possibles peurs et craintes. Ça a fait des dégâts terribles autant dans ma famille que sur vous. Ma grand-mère s’est dressée contre lui, à sa manière. » Scorpius marquait une pause pour lui laisser le temps d’emmagasiner ce qu’il venait de dire. Il voulait montrer à Regulus qu’en dépit de la proximité d’antan de leur famille avec Voldemort, ils étaient aujourd’hui contre lui. « Je ne comprenais pas pourquoi personne ne parlait jamais de vous au sein de ma famille, même quand j’ai posé des questions à mon père, il était très évasif. Alors j’ai fait mes recherches. Vous êtes morts, jeune, et mystérieusement. Mais en creusant un peu… J’ai su que c’était parce que vous avez découvert l’un des secrets de Voldemort et vous êtes parvenu à le détruire. Vous savez donc ce que j’attends de vous. » Scorpius faisait beaucoup de raccourcis, mais il n’avait pas besoin de relater à Regulus sa propre histoire, ni même besoin d’expliquer qu’il avait obtenu ses informations de la part des acteurs principaux de cette histoire. « J’ai besoin de vous pour détruire l’horcruxe parce que je n’ai aucune idée de comment je dois m’y prendre. » Scorpius était presque implorant. Il ne voulait pas vivre dans un monde où on aurait laissé l’opportunité à Voldemort de retrouver sa pleine puissance. Il avait expérimenté un monde parallèle où le Seigneur des Ténèbres en était à la tête et il était hors de question pour Scorpius de revivre ça. « Vous n’avez pas envie de vivre enfin en paix ? Sans cette menace au-dessus de votre tête ? Vous savez pertinemment qu’il va vous retrouver et chercher à vous anéantir, si ce n’est pas déjà fait. Vous et moi, on sait à quel point il est rancunier et qu’il ne se lasse pas de ses proies tant qu’elles sont vivantes. Et détruire le carnet… Ca aidera grandement à l’affaiblir. » Il évoquait l’air de rien la fermeture temporaire de la librairie après l’incident, si tant est que ce fût bien pour cette raison. « S’il vous plait. » conclut-il sobrement après un long silence.