Run before the Headless Horseman catches you.

feat. Gellert

Oui, il y aura une prochaine fois. Il y en a toujours. Ils ne les provoquent pas, et pourtant, leurs chemins se croisent constamment, attirés l’un vers l’autre à la manière d’aimants. On pourrait parler de destin, le destin n’est pas toujours heureux, il est souvent cruel. On pourrait parler de fatalité, également. Toujours est-il que toutes ces occasions, pour certaines absurdes comme celle-ci, il les attend toujours avec la même impatience fébrile. Et la même appréhension. Albus se fige quelques secondes alors que Gellert lui suggère que le plus simple, si les au revoir sont à ce point douloureux (et Merlin, ce qu’ils le sont), pourquoi les endurer ?

Parce que c’est probablement… la chose à faire. Se persuader du contraire, c’est retarder une inévitable échéance, et fuir leurs évidentes responsabilités. Albus portait jusqu’alors ses choix et ses décisions comme un fardeau, un rappel constant de ce qu’il avait perdu devait l’encourager à faire les bons choix, les meilleurs choix, et admettre que le plus grand bien n’était pas celui qu’ils dépeignaient autrefois. Les paroles de Gellert ont un goût doux-amer… parce qu’elles sont terriblement séduisantes, et dans le même temps lui en font redouter les effets. Leur relation ne pourra jamais redevenir ce qu’elle était, pas au regard de tous les contentieux qui les oppose, mais… Ce mais troublant, constant, persistant, parasite son esprit troublé… Mais il en brûle d’envie, mais il espère que les choses restent possibles… Mais il l’aime toujours. Comme au premier jour.

Albus pourrait décider de seulement partir. Il pourrait faire le choix du lâche, et qui exige pourtant de sa part le plus grand courage. Il pourrait décider de rebrousser chemin, sans plus se poser de questions. Ce n’est pas ce qu’il fait, pourtant… Il ne se le permet pas. Surtout, il n’en a pas envie. Chaque porte laissée entrouverte sur leur histoire lui donne envie de la franchir, presque malgré lui. Il ne peut pas s’en empêcher. Personne ne lui demande en effet de dire au revoir à Gellert, personne, rien, si ce n’est sa conscience, sa rigueur moral, le souvenir de tout ce qui a été détruit au nom de leur relation… et ça, c’est une chose qu’il n’est pas en mesure d’oublier. Ils ne changeront jamais. C’est là tout le problème. Mais leurs sentiments également, par la même occasion, ne semblent guère pouvoir évoluer, dans un sens ou dans l’autre. Pour toujours, ils seront les prisonniers à demi-consentants de ces émotions fortes et puissantes, contre lesquelles il est impossible de lutter.

Contre lesquelles Albus est incapable de lutter. De quelques pas, il avance. Lentement, silencieusement. Il marche à ses côtés sans mot dire, apprécie seulement sa présence, ce moment de douce latence où tout semble encore possible. Alors, le temps d’une impulsion, nécessaire et presque viscérale, ses doigts s’enroulent autour de son poignet. Il ne dit rien, quelques secondes encore, les obligeant seulement tous deux à rester ainsi, debout face à face, suspendant le temps à leurs regard, appréciant le contact de sa peau contre la sienne, avant de finalement écraser ses lèvres sur les siennes.