For the greater good

feat. Gellert

Albus n’a pas son pareil pour manipuler ses discours à sa guise. Qu’il décide de le faire à bon ou mauvais escient (et tout cela n’est jamais, après tout, qu’une affaire de perspective et rien d’autre), il est évident que ce procédé ne peut être considéré que comme infiniment manipulatoire. Aux yeux du sorcier, il n’y a là rien de grave ni de répréhensible pour autant. Il a appris depuis longtemps que la fin justifiait les moyens et que, pour le plus grand bien, il fallait accepter d’en passer par des mesures que l’on pourrait qualifier d’extrémistes. Oui, le discours qu’il arbore en présence de Credence Barebone est tout à fait mensonger, c’est un fait. Mais au-delà de ce discours, il y a une vérité tout de même. Son intention de prendre soin de lui et de le protéger, par exemple, est tout à fait honnête et sincère. Ils ont besoin de gagner sa confiance, et le statut qu’ils lui promettent est bel et bien privilégié. En revanche, il est fort à parier que ce même statut ne lui garantisse pas une vie bien longue… mais cette dernière est déjà condamnée quoi qu’il en soit.

Le discours de Gellert vient compléter le sien, et comme il fallait s’y attendre, ce dernier se montre tout aussi convaincant qu’il sait l’être en toute circonstance. Si sur ce point – entre autres – ils se rejoignent à coup sûr, Albus n’a que de l’admiration pour le charisme et les talents d’orateur de Gellert. Si petit à petit, leurs projets gagnent en ampleur et qu’ils parviennent à fédérer autour d’eux un nombre de plus en plus conséquent de fidèles, il n’y a pas à en chercher l’explication bien longtemps aux yeux d’Albus, elle est là, juste sous ses yeux. Et Credence, qui petit à petit, semble baisser sa garde, jusqu’à un assentiment tacite, le prouve bel et bien.

Un seul regard échangé l’un avec l’autre leur suffit à se mettre tacitement d’accord. Ils ont obtenu ici et maintenant tout ce qu’ils souhaitaient, il ne leur est plus nécessaire de s’attarder plus longtemps. Oui, Credence n’est pas encore convaincu, mais les quelques doutes qu’il possède encore se dissiperont dans les heures à venir, une fois qu’il aura pris le temps de reconsidérer cette conversation plus longuement, et d’en peser le pour et le contre… Le pour surtout, qui effacera progressivement tout ce qu’il pourrait lui rester de réticence.

« A bientôt, Credence », le salue Albus avec politesse et un sourire confiant, comme s’il savait déjà tout de ce qui allait advenir – parce qu’il le sait. Nul besoin de visions d’un avenir prochain telles que sait en convoquer Gellert : il sait déjà tout ce qu’il doit savoir.

Quand tous les deux quittent les lieux marchent côte à côte dans les rues parisiennes à l’atmosphère grisâtre, Albus éprouve le juste sentiment du travail accompli. C’est une nouvelle étape de franchie.

« Je pense qu’il est plus que temps de nous reposer. La journée de demain promet d’être longue », suggère-t-il alors à l’adresse de Gellert.