J'étais quelqu'un de parfaitement normal au départ. Je ne suis pas né avec des super-pouvoirs comme les mutants par exemple. Enfin... C'est peut-être mutantphobe de dire du coup que contrairement à eux, j'étais normal... Ok, je reprends. Je suis né sans la moindre capacité autre que celle de mon légendaire sens de l'humour. D'après oncle Ben j'avais tendance déjà à faire rire mon entourage alors que mon âge n'avait pas plus d'un chiffre. Je me souviens assez mal de cette période. Toujours papa et maman... Je me souviens à peine d'eux. Juste des odeurs quand ils étaient là. L'odeur de maman qui venait me réveiller le matin. Papa qui avait l'odeur du café noir bien chaud qui l'entourait les premières heures de la journée... J'aurais aimé les connaître un peu plus. Ceci étant dit, oncle Ben et tante May se sont occupés à la perfection de moi. J'ai eu une enfance très heureuse. Au lycée, j'ai rencontré mes meilleurs amis. Mary Jane Watson et Harry Osborn.

Je suis tombé amoureux de MJ dès le premier regard. Harry plaisantait beaucoup à ce sujet. Sans doute parce qu'il pensait que si j'en riais, je serais moins nerveux à la moindre parole que je prononçais devant elle. J'ai toujours pu compter sur Harry, même s'il était très malade. Et j'espère qu'il a toujours pu compter sur moi. Surtout quand sa mère est... Décédée. Il était inconsolable, mais malgré tout, il gardait toujours le sourire pour faire en sorte que je ne m'inquiète pas trop. De mon côté, j'essayais de lui changer les idées. Lui comme moi, on s'était passionné pour la science. J'étais davantage passionné par la physique là où lui, c'était davantage la biologie. Sans doute pour marcher dans les traces de son père et aider Oscorp à avancer. Sa mère était son modèle, mais à sa disparition, son père le devint à son tour. Mon modèle était différent. C'était le Docteur Otto Octavius. Un génie dans son domaine, je l'admirais. Harry et moi, on n'arrêtait pas de se tirer vers le haut avec cette non-compétition fraternelle. On a même visité un laboratoire pour une exposition scientifique. J'avais quinze ans. L'expo était géniale. Les scientifiques étaient brillants, pédagogues. Point important, le buffet était à volonté. Et bon. C'est bien aussi quand c'est bon. Bref, tout était parfait. Si on met de côté la sécurité. Une petite araignée, un poil, radioactive m'a mordu. Comment j'ai su qu'elle était radioactive ? Très bonne question ! À tout hasard parce que les jours d'après je grimpais aux murs, littéralement.


Cela fut une période très compliquée pour moi. J'étais qu'un ado qui découvrait son corps. Ok, dis comme ça, c'est un peu le résumé de la vie de tout ado. Mais en général, les adolescents n'ont pas des supers-pouvoirs qui les inquiètent. Non, en général, ça dort, ça mange trop et ça arrive en retard pour le cours de physique qu'ils adorent... Bon ce genre de soucis, je les avais aussi. Heureusement, oncle Ben était là. Malgré toutes mes bêtises, il restait fidèle à lui-même. Il était sans aucun doute le meilleur héros que j'ai connu. Malheureusement, par ma faute... Il est mort. Assassiné, car lui a pris ses responsabilités alors que moi, je me lamentais sur mon sort. Pourtant, oncle Ben n'avait pas d'autre pouvoir que celui du cœur. J'essaye de faire en sorte de l'avoir à mon tour. C'est ainsi que débuta ma carrière de Spider-Man. Au lycée, cela restait... Raisonnable. J'arrêtais les petits crimes. Les super-vilains n'existaient pas encore. Bien sûr, avec MJ, c'était compliqué, tante May s'inquiétait de mes retards et Harry cherchait à couvrir ses soupçons par des rires. Tout allait bien jusqu'à l'université. C'est là où tout a commencé à me faire voir que ce que j’appelais période très compliquée était en réalité le tutoriel de ma vie.  

Dans un premier temps, il a fallu payer l'université. Et visiblement, ils refusaient que ma bonne humeur soit l'unique contribution que je puisse apporter. Ce fut donc le début des petits jobs. J'ai même bossé pour triple J. Ah ce sacré Jonah. Je crois qu'il était amoureux de Spider-man, mais n'a jamais osé me l'avouer. Cela expliquerait son obsession. Après, j'avoue, la photographie a toujours été ma passion. Il y avait un petit côté narcissique dans ce boulot, mais... Il payait les factures. Ce fut aussi le début des super-vilains. Shocker, Electro, Scorpion, Vautour, Lézard... Autant d'ennemis qui façonneront ma vie. Rhino lui a façonné mon corps et pas en bien. Bref, malgré tout, j'ai réussi à me faire diplômer, je suis allé jusqu'au doctorat en biochimie, et un master en biophysique. Bien sûr, avec ces diplômes, j'ai pu trouver facilement un travail. Oui, facilement. Après... La paye, c'était un autre sujet.

J'ai pu travailler pour le Docteur Octavius. Il ne payait pas très bien contrairement à Oscorp, mais au moins, j'avais un vrai sentiment d'utilité. Et puis durant mon temps libre, qui n'était pas assez conséquent... Je travaillais pour le F.E.A.S.T avec tante May sous la supervision de monsieur Li. C'était une bonne période de ma vie. Si on mettait de côté ma rupture avec M.J. Le départ de Harry. Ainsi que mon début d'affrontement avec Wilson Fisk... Ouais, heureusement, le Doc et le F.E.A.S.T étaient là. Cela me permettait de ne jamais me sentir seul ou limité. Le sourire des gens que l'on aidait... Je pense que ça valait tous les bons salaires qu'on aurait pu m'offrir. Certes, les sourires ne payaient pas le loyer, mais ils me donnaient une raison de continuer. D'ailleurs, cette rupture avec MJ m'a fait côtoyer la Chatte Noire, Felicia Hardy. Cette femme... Je ne peux pas le nier, elle me plaît, m’envoûte. Elle a aussi le don de me mettre très mal à l'aise en appuyant sur tous mes moments gênés. On a eu une aventure... Elle m'a fait me sentir vivant, m'ayant rattrapé après ma chute libre suite à ma rupture. Mais... Felicia n'a jamais été du genre à m'aimer pour qui j'étais. Elle aimait Spider-man sans doute, mais qui j'étais derrière le masque... Je doute que ça l'ait intéressé un jour. Peut-être que je me trompe. J'espère que je me trompe.


Bref, une fois que notre histoire s'est crashée un peu comme la carrière de criminel du Vautour, je me suis donné à fond pour mes trois boulots. Avec de nouveaux alliés comme Yuri, j'ai pu réellement coincer Fisk. Ce fut un boulot monumental, et très difficile. Certains policiers doivent avoir aussi des soucis de loyers vu que lors de l'attaque de sa tour, certains ont chercher à m'arrêter. Et quand je dis arrêté, je veux dire tuer. Bref, le petit Willy a perdu au Monopoly et s'est retrouvé dans la case prison. Une grande victoire. Une victoire qui a signé le début des ennuis... Nan, mais quand je refais l'histoire de ma vie pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je règle un problème, il y en a de nouveaux ? On dirait une vieille canalisation qui a un nouveau trou à chaque fois qu'on a comblé le précédent. Enfin... Au moins, j'avais la possibilité de faire du sport et apprendre de nouvelles cultures. Car aussitôt que Willy fut derrière les barreaux, les démons se sont montrés. Leur boss ? Martin Li, aka Mister Negative. Bon, là, je le dis comme une évidence. Néanmoins, sur le coup, apprendre que quelqu'un qui a fait autant de bien à New-York cachait cette partie de lui et était le responsable de... Toutes les destructions à venir, dont un attentat à la bombe... J'ai du mal à l'accepter. Je ne pardonnerai jamais à monsieur Li, mais en même temps, après tout ce qu'avait fait le maire Osborn... Je comprends son désir de vengeance. Et après Monsieur Li... Ce fut... Le Doc qui vrilla. Lassé des revers face au maire Osborn, encore, et avec un implant neuronal qui peu à peu attaque sa santé mentale... Il décida de reprendre les affaires de monsieur Li en lâchant le souffle du diable, une arme biochimique développée par Oscorp. Bien des New-Yorkais furent touchés, dont tante May. Et malgré une défaite dans la prison où étaient retenus, mais les super-vilains, j'ai réussi à gagner le match retour. En défendant l'homme que je méprisais le plus au monde, qui avait fait souffrir tant d'innocents, j'ai dû affronter celui qui représentait tout ce que je voulais devenir. Malgré toutes ses suppliques, j'arrachai l’antidote aux mains du Doc... J'avais sauvé son ennemi. J'avais fini de briser mon héros... Mais ce n'était pas parce que le Doc avait raison qu'il était juste.

Malheureusement, le temps de faire une production de masse de l'antidote, l'état de tante May se détériora. J'avais le choix entre la sauver ou sauver tous les autres. J'étais tiraillé derrière mon masque. Je me tenais devant elle cherchant à la rassurer comme le héros que je cherchais à être. Et là... Tante May m'avoua qu'elle savait, qu'elle voulait parler une dernière fois à son neveu. Je ne savais pas quoi faire... Certes, je voulais sauver tout le monde, mais mon monde n'avait aucun sens sans elle. Je voulais la sauver. Je devais la sauver. J'étais perdu. Alors que je lui avouais mon doute, elle me rassura, m'affirmant que je savais ce que je devais faire. Ce fut ses derniers mots, après m'avoir dit qu'elle était fière de moi... Dans un accès de rage, je voulus lui donner l'antidote, mais... Je me rendais compte que si je faisais ça, je la sauvais, mais je tuais tout ce en quoi elle croyait. Un pouvoir implique de grandes responsabilités. Tante May devait avoir un pouvoir bien supérieur, car je n'ai jamais connu quelqu'un de plus responsable qu'elle. Elle me manque, même encore maintenant. Parfois, je me dis Jonah n'a pas forcément tort, j'ai sauvé beaucoup de monde, mais ce qui me manque le plus c'est ceux que je n'ai pas pu sauver.

Ceci étant dit, même si sa perte brisa une partie de moi, je ne pouvais m'arrêter de vivre et encore moins d'être Spider-Man. Jamais elle n'avait voulu une telle chose. Je continuais d'avancer. Toutes ses aventures me rapprochèrent de MJ avec qui nous essayions de renouer une relation. J'avais un nouvel ami en la personne de Miles Morales que j'essayais de prendre sous mon aile. Puis... Il y a eu Felicia qui est revenue dans ma vie pour sauver son fils. J'ai eu un petit doute. Fils ? Est-ce que c'était mon... Oui, j'ai des questions existentielles assez importantes. Surtout quand cette dernière s'amuse à me faire tourner la tête. On s'est allié d'une certaine façon, mais finalement, elle m'a trahi. Elle s'est juste servie de moi, pour faire un dernier coup, simuler sa mort. Et visiblement, cette histoire de fils n'était qu'un mensonge de plus pour me manipuler. Meh, rien d'étonnant. Au moins, elle va bien. C'est le principal. Même si j'aimerais assez que mon entourage arrête de me faire croire à leur mort quand elles se sont enchaînées juste avant pour moi... Mais bon, demander à Felicia de penser autrement qu'en grand serait bien mal connaître l'animal.  


Les aventures se sont poursuivies. Miles a géré New-York pendant un temps, même si j'ai dû m'en mêler à un moment. Je suis devenu enseignant à l'université. Enfin... Enseignant... Disons que ça n'a pas duré longtemps. Comment résumer ça... Miles ne savait pas aller aux toilettes seul... C'est tout ce que je dirai. Bref, pour ne pas ennuyer ceux qui ne connaissent pas mon histoire et pour rester dans les très grandes lignes... Je dirai que... Les tempêtes de sables à New York attirent des chasseurs pas très contents. Le tout dans un contexte de retrouvailles avec mon meilleur ami qui... Erm... Disons qu'il avait attrapé un virus transmissible par le contact physique. Non pas ce contact physique. Le chasseur n'a eu aucun mal à frapper l'araignée au point que seule une intervention extra terrestre a pu la sauver. Sauf que rajouter une couche de noir sur l'araignée, ça la rend pas très jojo... Au point de tout détruire autour d'elle. Quand finalement, le protégé électrique de l'araignée raisonne son mentor, avec certains coup de jus pour alimenter la communication, c'est le meilleur ami qui a repris l'ex toxique de la petite araignée. Bref... C'est compliqué d'expliquer une histoire sans tout divulgacher... Disons juste qu'à la fin... Le meilleur ami a fini... Dans un état second... Ce qui a laissé un goût assez amer à toute cette aventure. Juste... J'aurai aimé que les choses soient différentes. J'aurai aimé... Être réellement un meilleur héros... Je pensais que le héros n'était pas celui qui était sauvé. C'est ce que j'ai dit à Miles... Je me rends compte que visiblement je ne suis pas non plus celui qui est sauvé.

Puis cette lune rouge apparut, me faisant venir dans cette ville, cet univers. Sans pouvoir. Au départ, ce fut un choc, il fallait apprendre à vivre sans ces capacités. Puis après quelques semaines... Je me sentis presque soulagé. J'allais pouvoir vivre la vie que tante May avait voulue pour moi, une vie simple. Malheureusement, si l'univers avait changé, mes travers financiers eux avaient continué. J'enchaînais les petits boulots pour me permettre de payer mon loyer. Pourquoi des petits boulots alors que je pourrai travailler dans un grand laboratoire de recherche ? Sans doute parce que les laboratoires ne me laissaient pas assez de temps pour faire du volontariat et aider ceux qui en avaient besoin. Je veux dire... Je suis jeune, en bonne santé, je suis débrouillard. Certains n'avaient pas ma chance. Donc mes difficultés, à payer les factures, sont moins importantes que les leurs. D'ailleurs dans cet univers, je n'ai pas trouvé Tante May, ou MJ. Ni Miles. J'étais seul... J'espérais... Une partie de moi aurait voulu qu'oncle Ben et tante May soient là, qu'ils aient le droit à une nouvelle chance eux aussi. Néanmoins, même ici, je ferai en sorte que leur mémoire soit honorée. Je m'y emploie désormais depuis presque cinq ans. En revanche j'ai trouvé d'autres personnes. Un autre Spider-man que j'essaye d'aider. Même s'il a un autre mentor, j'essaye de le conseiller. D'une certaine façon, si lui s'en occupe avec toute sa volonté... Peut-être que je n'aurai pas besoin d'intervenir. Un pouvoir implique de grande responsabilité... Et chaque responsabilité que j'ai eu a viré au désastre. Ce n'est pas grave, je suis un très bon livre de pizza maintenant que je ne combats pas le crime. Et puis j'adore aidé mes amis. J'ai une autre utilité que celle de Spider-man. Je suis juste... Moi ?