Qui veut épouser mon fils ? [Maman]

Qui veut épouser mon fils ?

feat.    @Walburga Black

« Regulus ? »
« Désolé… j’ai… hum… je n’ai pas compris votre question. »

La journaliste soupire. Elle déploie, depuis de très longues minutes déjà, des efforts monumentaux pour ne pas afficher un mécontentement trop appuyé à l’adresse de celui qui lui donne sérieusement du fil à retordre. Regulus Black ne fait aucun effort… ni n’a l’intention d’en faire. Il n’a pas la moindre envie d’être là… et il n’hésite pas à le montrer, d’une manière sans doute un peu trop appuyée. Malgré tout, la journaliste prend le temps de reformuler. Il est bientôt trois heures du matin, s’ils renoncent maintenant, elle aura définitivement perdu son temps pour rien.

« Comment penses-tu que ta mère réagira quand elle apprendra que tu as éliminé Pansy en sachant que c’était sa favorite ? »
« J’en sais rien, mal, comme d’habitude ? » rétorque Regulus, à bout de patience, lui aussi, avant de prendre conscience de ce qu’il vient de dire.

Regulus se redresse, dans son fauteuil rose fuschia d’un mauvais goût plus qu’assumé. Son regard passe de la journaliste au caméraman dont les objectifs sont braqués dans sa direction. Il a soudainement le sentiment que l’air lui manque, et son cœur bat bien trop fort. Si fort qu’il a le sentiment qu’il s’apprête à exploser violemment dans sa poitrine. C’en est presque insoutenable. Il a envie de partir d’ici. Cette émission était un moyen pratique et efficace pour ses parents de lui trouver enfin la fiancée idéale, mais Regulus ne supporte plus cette mise en scène constante de son quotidien. Par ailleurs, il se sent épuisé. Epié vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans même une minute de répit.

« Ne gardez pas ces images, s’il vous plait », dit-il d’un ton directif. « Et ne gardez pas ça non plus. »

Mais ils ne l’écouteront pas. Ils feront comme bon leur semble. C’est dans le contrat qu’il s’est senti obligé de signer. Il a vendu son image et ses paroles. Et il n’a pas d’autre choix que de l’accepter. Il prend une grande inspiration.

« On va s’arrêter là pour ce soir », soupire finalement la journaliste, déconfite et peu encline à poursuivre. Regulus soupire en retour. De soulagement.

Il n’a plus qu’une envie, maintenant, et c’est de quitter ce fichu confessionnal pour rejoindre sa chambre immédiatement et ne pas penser au lendemain. Quelle émission horrible. Deux semaines qu’il se coltine trois prétendantes correspondant aux critères de perfection de la famille Black (ou presque, la prod a insisté pour qu’une sang-mêlée se joigne à la fête, histoire d’ajouter du piment à l’émission). Pansy était la favorite de sa mère, et pourtant, Regulus avait décidé de s’en séparer en premier… Peut-être par vague esprit de rébellion, ou juste parce qu’il ne la supportait pas… Toujours est-il que cette décision prise dans l’impulsion du moment lui paraît nettement moins bonne à présent qu’il peut y penser à tête reposée… enfin… reposée, c’est vite dit. Il se sent plus épuisé que jamais… si épuisé qu’il lui faut un léger temps pour réaliser, au moment de quitter la pièce, qu’on l’attend de pied ferme.

« Ah maman… tu es là… »

Qui veut épouser mon fils ?

feat.    @Walburga Black

Regulus revient de son interview absolument penaud… déjà qu’il n’était pas bien fier de lui pour commencer, il avait au moins espéré que sa mère manquerait toutes les miettes de son interview… mais bien sûr, elle avait absolument tout vu et tout entendu. Lui qui déjà se sent au plus mal se sent à présent proche de la liquéfaction au moment de devoir se confronter au regard sévère et strict d’une génitrice franchement déçu. S’il est fier de lui ? Pas franchement, non… S’il a pensé à ce qu’on dira de lui… c’est bien le souci, il y pense tout le temps… et pour une fois qu’il a voulu faire quelque chose pour lui-même, il faudra qu’il s’en morde violemment les doigts.

Regulus préfère ne rien répondre pour commencer et se laisse entraîner à l’extérieur, profondément agacé, après une soirée si éprouvante, de devoir en plus se confronter à l’ire de sa mère. Est-ce pour autant qu’il se rebellera ? Non, bien sûr que non. Ce serait bien mal connaître Regulus qui, à la place, se contentera de faire grise mine et d’encaisser les reproches, pour le coup mérités, de sa mère. Il savait bien comment les choses se passeraient… mais ça ne l’avait pas empêché de faire n’importe quoi.

« Les autres candidates sont plus que ravies que je les ai débarrassées de la peste en chef qui crachait du sucre sur leur dos à longueur de journée. » Il soupire, c’est sorti tout seul. « Je sais que tu avais un faible pour Parkinson, mais les autres prétendantes sont très bien aussi. » Ou pas… toute cette mascarade est finalement plutôt absurde, à bien y regarder. « Et peut-être que je ne choisirai personne au final, de toute manière », il ajoute en croisant les bras sur sa poitrine. Il fait mine de se protéger du froid. En réalité, c’est surtout un réflexe physique supposé le préserver de l’ire de sa mère… Il sait ce que peut être l’étendue de sa colère… et il sait qu’il a tout à redouter de celle-ci.

« Si tu veux vraiment que je trouve la femme idéal, alors tu devrais me laisser le temps de me décider et te fier à mon jugement. »

Ses paroles sont hargneuses, mais son ton est penaud… Le contraste est proprement affligeant. Mais c’est seul mode de défense, dans une situation qui lui déplaît profondément, et contre laquelle il ne peut rien.

Qui veut épouser mon fils ?

feat.    @Walburga Black

Regulus se rembrunit immédiatement face aux remontrances – légitimes – de sa mère. Il sait qu’il est allé trop loin. Regulus n’est capable de se rebeller qu’en vague apparence, se velléités d’indépendance, son désir d’élever sa voix ne font jamais long feu face à l’autorité d’une mère qu’il regrette profondément de décevoir. Regulus n’a jamais été et ne sera jamais comme son grand frère. Quand sa mère le met en garde contre le ton qu’il a osé employer à son adresse, il n’en retire aucune fierté mais une honte manifeste, qu’il s’empresse de planquer sous des airs penauds… Au fond, même s’il a su, l’espace d’un instant, aller à l’encontre des décisions de Walburga Black, l’issue de tout ce manège n’en demeure pas moins évidente. A la fin, il fera ce que sa mère lui demandera, parce que l’idée de la rendre malheureuse lui sera insoutenable.

Regulus a peine à soutenir le regard de sa mère, mais il le fait quand cette dernière, menaçante, lui impose son regard le plus sévère, de ceux qui sont capables de lui transpercer le cœur et qui surtout parviennent à faire chanceler sa confiance en lui en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Il le sait, oui, que sa mère ,n’a certainement pas décider d’en venir à cette extrémité, à ce qu’elle appelle une « farce » (et il la rejoint largement sur ce point) juste pour le plaisir ou pour son divertissement. Elle veut seulement qu’enfin, il trouve une femme, s’engage définitivement, et fasse ce qui est attendu d’elle, ni plus ni moins. Regulus ne répond pas, son visage se ferme davantage. Il sait bien qu’il a un devoir à remplir auprès de sa famille – c’est lui qui doit perpétuer leur sang, leur nom… Et même s’il est encore jeune, il n’a pas de temps à perdre.

« Tu n’as pas eu l’air de trouver foi en mon jugement pour le moment, alors puisque tout ceci ne peut avoir qu’une issue, autant que tu choisisses pour moi, non ? »

Dans tous les cas, Regulus sera enfermé dans un mariage qui ne le satisfera pas, et accomplira une destinée à laquelle il ne consentira que pour ne pas devenir la risée de sa famille, pour que son nom ne soit pas effacé, pour rester digne de l’affection de ses parents… Alors… peut-être que le mieux, encore, c’est de ne pas décider lui, mais de la laisser décider, elle… n’est-ce pas toujours ainsi que les choses se sont passées, après tout.