Une enfance et une adolescence heureuse!  

Donc mes parents sont morts. Je n'ai jamais réellement su comment, étant bien trop petit pour les avoir connu et eux n'étant pas grand chose pour qu'on s'occupe de leur cas. Des dires, j'ai été déposé devant une église, dans un panier d'osier, d'où mes noms de famille; Exposito, un nom qu'on donne aux enfants trouvés. Iglesias, du fait de mettre retrouvé là, au seuil de la porte de la Cathédrale Santa María de la Sede, à Séville. J'ai rapidement rejoint un orphelinat où j'y ai fait la rencontre de mon fidèle ami, Miguel, ce dernier alors étant un peu plus âgé que moi. Oui, je sais, on ne dirait pas. Pas la peine de me le rappeler.

Nous avons donc été élevés ensembles, battus ensemble où les valeurs catholiques nous étaient bien évidemment enseignées. Personne n'a voulu nous adopter, autant lui que moi avec nos gueules d'anges donc on s'est créés notre propre famille, du nombre de deux.

18 ans, lui... Je ne suis pas vraiment calé sur ça, veuillez m'en excuser. Il fallait bien vivre hein! On nous a toujours traité comme des fripouilles et avons donc fait de ce "talent" notre expertise. On a commencé avec des tours de magie bidons puis nous avons poussé l'arnaque un peu plus loin, jusqu'à ce que notre mascarade ne soit révélé. Oh, je suis certain qu'on aurait pu faire mieux de notre vie mais je ne pense qu'on aurait trouvé cette adrénaline qui nous plaisait tant.

 Les ennuis débarquent, l'aventure aussi  

C'était en 1519. J'avais alors 30 ans. Miguel lui... Bon, ce n'est toujours pas ça. On était déjà recherché pour apparemment de l'escroquerie! Et lors d'une partie un tout petit peu truquée avec des dés, nous avons remporté une carte. Aucune valeur selon moi mais Miguel y tenait. Sauf qu'on s'est fait pincer. On a simulé une dispute pour pouvoir s'en tirer et il s'en est fallu de peu! On a couru, longtemps, jusqu'à se cacher dans des tonneaux et on a atterri sur un bateau. Et pas n'importe lequel! Celui d'Hernán Cortés. Oui rien que ça. On a été fait prisonniers et c'est grâce à son cheval Altivo qu'on a pu s'échapper. Juste pour une histoire de pomme il est resté avec nous dans la barque. Puis nous avons échoué sur une plage. Mon sens rationnel m'a bien fait dire qu'on était foutus mais Miguel, toujours avec sa foutue carte a vu des ressemblances avec les dessins. On avait que ça à faire donc on a suivi la route.

Pour arriver à El Dorado. Du moins à une sorte de totem entouré d'un sombre brouillard. Et c'est là que cette créature nous est apparue. Une belle femme qui semblait fuir, suivie rapidement par des gardes qui se sont stoppés net à notre apparition. Nous n'avons pas vraiment compris sur le moment mais on s'est fait escortés jusqu'à la fameuse cité tant recherchée. De l'or. TOUT en OR. Vous y croyez vous? Il y a de quoi devenir fou! Le chef Tannabok et le prêtre Tzekel-Kan nous ont accueilli. On ne savait plus quoi faire. On s'est disputés, un volcan est entré en éruption et lorsque nous nous sommes calmés, il s'est éteint. On nous a considéré depuis lors comme des dieux.

Ca aurait pu s'arrêter là. On aurait pu vivre notre meilleure vie couvert de cadeaux mais Chel nous a surpris en train de manigancer et nous a fait du chantage. Oui Chel, pardonnez-moi. Le canon qui est venu à notre rencontre. Bref. Un sacrifice humain était au programme mais nous avons tout fait pour arrêter ce foutu prêtre. La vie était belle. J'essayais de trouver un moyen de ramener cet or dans l'autre monde pendant que Miguel jouait aux touristes. Mais il a bien fallu se faire une raison; Cortés arrivait. On a demandé un bateau qui a été construit rapidement. Le chef savait bien notre manigance mais n'a rien dit; cela donnait de l'espoir et de la gaité au peuple mais son prêtre n'était pas du même avis et voulait déjouer le plan, s'étant lié avec le conquistador. Il pensait que c'était le vrai dieu.

Ne m'en voulez pas hein, je passe grand nombre de détails mais on aura toutes les occasions pour en parler. M'enfin. Miguel voulait rester, Chel voulait me suivre mais les soldats arrivant, un plan a été établi : la ville devait briser les colonnes pour fermer l'entrée de la cité. Si seulement ça avait été si facile! Des complications sont survenues et Miguel est arrivé sur le bateau pour nous aider à s'échapper. Sauf que nous avons perdu tout l'or, Miguel n'a pas pu rester à El Dorado. Et en route pour de nouvelles aventures malgré la frustration d'avoir tout perdu.

Et maintenant?

On a un bateau, celui de Cortés récupéré et une femme avec nous, ce qui ne fait généralement pas bon ménage en mer. L'aventure, on ne voulait pas qu'elle s'arrête. Miguel avait entendu parlé de d'autres contrées comme apparemment Atlantide ou que sais-je encore et nous avons décidé d'y aller. Rien. Que dalle. Impossible de mettre la main dessus! Nous sommes donc revenus tous les trois dans la mer des caraïbes, où on s'est établis. On a remarqué qu'Altivo avait encore de l'or sur ses fers et on les a revendu afin d'acheter un commerce. Une taverne. Elle tournait bien, on a vu pas mal de pirates débarqués, on a trinqué avec eux, on a tenté de les arnaquer aussi un peu mais la vie a fait que c'était le coup de trop. Un règlement de compte où je n'ai pu baratiner. Complètement abandonné, sans Chel pour séduire l'adversaire ou Miguel parti je ne sais où. C'était moi et moi seul contre cet homme qui faisait deux fois mon poids. C'est d'un coup de poignard que j'ai été laissé pour mort dans une ruelle qui sentait la pisse. J'avais alors 40 ans.

La foutue lune rouge

Je ne sais donc pas si Dieu s'est bien amusé, si cet évènement était là l'un de ses projets. Mais lorsque j'ai atterri ici en ce sombre janvier 2024, plus rien ne semblait avoir de sens. Les bâtiments étaient laids, j'ai failli me faire écraser par une charriote de fer, des gens étaient coincés dans des boites, la lumière ne venait pas d'une bougie. Et j'ai crié, crié! MIGUEL pour qu'il revienne. Et j'ai pleuré, pleuré! Oh Chel cariña qué y'avait trop de péné!

Et j'ai erré sans but. C'était bien la première fois de ma vie. J'ai vu que les cheveux longs n'étaient plus à la mode. C'est là le seul changement que j'ai effectué en allant chez un barbier. J'ai troqué mes vieux habits contre des vêtements d'actualité mais j'ai encore du mal à m'acclimater. Je ne comprends pas ce monde, cette île bien trop complexe pour moi. Et je vole, car j'ai bien vu dans la ville que c'est une chose qui se pratique encore, à travers le temps. Mais peut-être qu'avec un peu d'aide, je saurais trouver un travail qui me correspond. Une nouvelle taverne?